Gharb
Ravageurs du feuillage de la betterave à sucre Une montée inquiétante en pullulation et agressivité Nadif Abdelmajid, ORMVAG/CTCS BP/79 kénitra Malgré l’utilisation d’un arsenal chimique de plus en plus efficace et diversifié, les ravageurs du feuillage de la betterave à sucre dans le Gharb ont toujours constitué une vraie menace tout au long du cycle. En effet, plusieurs espèces d’insectes peuvent se succéder sur la parcelle, et anéanttir complètement le couvert végétal. La période allant de mars à mai, très importante pour le développement des racines et leur maturité, est aussi la plus propice pour le développement et la prolifération des ravageurs dont les arrivages deviennent plus massifs et plus intensifiés.
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a casside figure toujours au premier plan des ennemis réppertoriés. Depuis les opérations de traitement du cléone, dont les pullulations étaient très inqquiétantes dans les années 90, et qui ont réussi à baisser significativement ses infesttations, la casside a pris le relais et a survvécu aux différents traitements appliqués, bénéficiant d’un climat favorable et d’une gamme étendue de plantes cultivées et adventices offrant de larges possibilités de protection et de refuge. Les noctuelles, limmaces et escargots ont aussi leur part dans les dégâts occasionnés sur le feuillage pendant la même période. A noter égalemment l’apparition pendant la précédente campagne (2010-2011), en fin de cycle, d’une chenille similaire à celle connue sous le nom de noctuelle gamma et qui a provvoqué des pertes importantes de feuilles, laissant des champs entiers complètement ravagés. Face à ces ennemis, l’ORMVAG a
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Agriculture du Maghreb N° 58 - Mars 2012
installé au niveau de sa zone d’action des observatoires visant à suivre de très prés l’état des infestations. Des avis de traitemment incitant les agriculteurs à traiter sont lancés à temps et chaque fois que le seuil d’attaque est atteint. Ces observatoires sont suivis par des phytiatres spécialisés offfrant aux agriculteurs conseils et expertise en matière de choix des produits, moments et modalités des traitements.
La Casside
Destructrice du feuillage La casside de la betterave (Cassida vittata Vill) est une espèce répandue dans toute l’Europe tempérée et méridionale ainsi que dans le Proche-Orient et l’Afrique du Nord. Cependant, les dégâts sont plus spectacullaires dans la zone euro-méditerranéenne, notamment en Italie, à Malte, en Espagne, en Grèce et en Turquie. Sa gamme d’hôtes est relativement étendue. En effet, en plus de la betterave à sucre, le ravageur peut colloniser et trouver refuge dans de nombreusses autres plantes et espèces. Cependant, dans le Gharb, la canne à sucre reste le principal refuge de la casside en hiver. Une étude réalisée par le Centre Technique des Cultures Sucrières a montré qu’une tige de canne à sucre peut héberger facilement 4 à 5 adultes. Un champ de canne à sucre cultivé à proximité de celui de la betterave offre ainsi un impressionnant potentiel d’infestation. La vigne, le maïs, la menthe
et la luzerne peuvent aussi représenter des sites nourriciers et des refuges pour les adultes, leur servant de base pour infester la betterave. Sa polyphagie et la diversité des plantes colonisées lui permettent de se maintenir dans la nature et de s’adapter facilement aux conditions du milieu. Au Maroc, le cycle biologique de la casside est monovoltin. Juste après l’émergence, les jeunes adultes rentrent en diapause qui touche 93 à 97% de la population imaginnale et dure 9 mois environ (à partir de juin jusqu’à mars). Pendant toute cette période, les cassides restent immobiles et enfouies dans la plante refuge. Dans le cas de la canne à sucre, ils sont localisés surtout enttre la gaine et la tige vers la partie basale. Juste avant leur retour vers les champs de betterave, ils migrent vers la partie apicale de la canne et restent exposés au soleil pendant quelques jours avant leur envol. Les départs vers les champs de betterave sont échelonnés dans le temps avec un maximum au cours de la première décade de janvier. Les femelles commencent à pondre les œufs 10 à 15 jours après leur arrivée. Une femelle pond en moyenne 10 à 15 œufs par jour sur une durée de 2 mois. Le dévelloppement larvaire s’étend sur 3 mois envviron (mars-mai) et passe par 5 stades. Les larves restent fixées sur la face inférieure des feuilles. L’intensité des dégâts est liée au climat de l’année. Par exemple, les fortes précipitattions réduisent le niveau de populations, c’est la raison pour laquelle les attaques sont généralement plus faibles pendant les périodes pluvieuses. La température est aussi d’une importance primordiale. Les recherches ont défini un seuil thermiqque de développement de la casside voissin de 10°c. La somme des températures nécessaires à son développement est de 326 degrés jours. Les températures les plus élevées favorisent son développement et, pour chaque stade, la durée de développemment est d’autant plus courte que la temppérature est plus élevée.
Les feuilles attaquées se transforment en véritable passoire (photo 2). Les perforattions apparaissent à la face inférieure et les dégâts commenccent à l’endroit Photo 1 : Adultes de la casside artificiellement déposés sur un plant de la betterave à sucre: Quand le seuil (2 à 3 adultes/ plant) de colonisation est largement dépassé, les traitemmême où les œufs ments deviennent indispensables Photo 2: En cas de forte infestation, les feuilles peuvent être entièrement criblées (plant sont déposés. Les droit comparativement au plant gauche) larves s’alimentent Photo 3 : Champ entièrement dévasté par la casside : ces cas sont rencontrés quand les traitements ne sont pas respectés ou quand les conditions climatiques empêchent les du parenchyme agriculteurs d’intervenir à temps Photo 4 : les gastéropodes peuvent causer des perforations des feuilles des feuilles et laiss-