Arboriculture
Le noyer
arbre fruitier et forestier Mohamed Serrar, Ingénieur en chef
Le noyer est à la fois un arbre fruitier et forestier, producteur de bois d’une valeur exceptionnelle. De l’avis des professionnels, la production de noix a un avenir économique important en raison d’une demande croissante sur les marchés marocain, arabe et européen. Au Maroc, le noyer commun (juglans regia) est planté le long de certaines vallées du Haut Atlas (Ourika, Amezmiz, Azilal, Asni, Imilchil, Rich…), à des altitudes allant de 800 à 1800m. Il est également cultivé au Moyen Atlas et au Rif, soit en arbres isolés soit en petits bosquets familiaux. Le noyer demeure parmi les sources de revenu pour les montagnards qui vendent leur récolte dans les souks à des prix de 0,2 à 0,3 DHS la noix ainsi que le bois en grume (très recherché). La production nationale est estimée de 7.000 à 8000 tonnes de noix/an. Les plantations sont majoritairement issues de semis d’où l’importante variabilité génétique quelles offrent pour une éventuelle sélection variétale. Les prospections qui ont été menées par l’ENA et l’INRA ont permis de repérer certains clones performants, mais qui doivent être testés in situ. Pour le moment, les plantations en verger avec des variétés sélectionnées sont rares. Après avoir fourni des fruits pendant des années, le noyer peut également être exploité pour son bois précieux très rémunérateur. A noter que le ministère de l’agriculture (Direction des eaux et forets et de la conservation des sols à l’époque) avait procédé au cours des années 80 et début des années 90 à l’importation de plants du noyer de Bulgarie qui ont été distribués à titre de subvention en nature aux agriculteurs des zones de montagne. Ces arbres appartenant aux variétés Cheinovo Drianovo, Djinovo et Izvor, sont actuellement en pleine production dans plusieurs régions du pays. Cinq pépinières forestières à l’échelle nationale avaient entamé en 1993 un programme de production de 60.000 plants greffés de noyer, et les plants réussis (greffés ou non) ont été distribués gratuitement aux agriculteurs. Mais ce programme n’a pas été poursuivi vu plusieurs considérations,
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notamment le désintérêt des agriculteurs de cette spéculation.
LE NOYER ARBRE FRUITIER
En 2012 la production mondiale de noix en coque a atteint 3,28 millions de tonnes et la Chine a amélioré remarquablement sa production pour atteindre 1,7 millions de tonnes (plus de la moitié de la production mondiale) suivie de l’Iran : 450.000 t et les USA : 425.000t. La Turquie occupe le quatrième rang avec 194.000t. La France est le premier producteur européen avec 36.000 tonnes de noix/an. Le marché mondial de la noix est dominé par les Etats Unis d’Amérique qui exportent environ la moitié de leur récolte. L’Union Européenne absorbe plus de 75% des exportations américaines de noix en coque. En plus de ses qualités gustatives, la noix présente un réel intérêt pour la santé par sa richesse en acides gras poly insaturés dont les bienfaits sur la santé cardiovasculaire ne sont plus à démontrer. Les noix peuvent également être utilisées pour la production d’huile. Les feuilles du noyer ont des rôles pharmaceutiques importants, tandis que le brou de la noix (enveloppe externe) est utilisé en teinturerie. (NB : l’écorce = souak)
Agriculture du Maghreb N° 78 Septembre/ Octobre 2014
Exigences edapho-climatiques
Les feuilles et les racines contiennent une substance toxique, la juglone, qui inhibe la croissance des autres arbres, y compris les jeunes noyers. Il s’agit d’un moyen pour préserver un maximum d’espaces, car le noyer est exigeant en lumière pour fleurir et fructifier. Le noyer est très sensible à l’excès d’humidité atmosphérique et est assez exigeant en chaleur au cours de la saison de végétation. On estime qu’il lui faut une température supérieure à 10°C pendant au moins 6 mois. La majorité des variétés de noyer ont besoin d’une moyenne de 800 heures de froid (inférieure à 7°C) pour produire normalement. Cette espèce peut supporter les grands froids, mais redoute particulièrement les gelées printanières et les vents violents. La pluviométrie souhaitable pour cette culture est de 650 à 700mm, bien repartis. Le noyer préfère les sols de type limono argileux, profonds, bien aérés, légèrement acides et calcaires. Les sols bien alimentés en eau, très perméables, qui se réchauffent rapidement conviennent à cette culture. Les sols argilo calcaires riches en matière organique sont aussi favorables au noyer à condition que le taux de calcaire actif
reste inférieur à 6% pour éviter la chlorose.
Techniques culturales
Le greffage demeure la seule méthode pratique de production de plants de noyer. Le porte-greffe le plus utilisé est le franc du noyer commun (juglans regia) qui a fait ses preuves. On peut seulement lui reprocher d’être sensible aux maladies des racines et d’induire une mise à fruit tardive. Le franc du noyer noir (juglans nigra) est résistant au pourridié, mais il induit aussi une mise à fruit tardive et a une faible longévité. Densité Etant donné que le noyer a besoin d’espace pour bien se développer, la densité de plantation définitive doit aboutir à des distances de 10mx10m à 12mx12m, soit 70 à 100 arbre/ha. A noter qu’en Chine, les nouveaux vergers sont installés avec des variétés précoces à fortes densités allant de 3mx3m jusqu’à 8mx8m en fonction de la variété et des conditions. Le système le plus utilisé est l’axe central ou l’axe central modifié, qui est le plus recommandé pour le noyer. Il consiste à l’étêtage du plant dès la plantation en favorisant la formation de 4 à 6 charpentières bien distribuées sur l’axe du plant. La taille d’entretien consiste à éliminer le bois mort et