ANALYSE
Bilans des interventions sur le patrimoine génétique bovin du Maroc de l’Indépendance à 2015 : Quelles réalisations et quelles perspectives ? Pr. Mohamed Taher SRAÏRI, IAV Hassan II mt.srairi@iav.ac.ma
L’élevage bovin au Maroc est un important secteur d’activités. Outre ses contributions significatives à la Production Intérieure Brute Agricole (PIBA) et à la création d’opportunités de travail dans un pays marqué par un sévère sous-emploi, il est responsable de l’approvisionnement des marchés en viandes et en lait. A tel point que le Maroc, à la différence de nombreux pays limitrophes, n’importe quasiment pas ces produits. Les choix récents en matière d’élevage bovin au Maroc ont été dictés dès l’Indépendance du pays, en 1956, par les plans mis en œuvre par les pouvoirs publics et qui ont été inspirés des conclusions des travaux de recherche des autorités coloniales. Ces dernières ayant très tôt pressenti les augmentations des besoins liés à une démographie vigoureuse et aux évolutions de la société (urbanisation et montée en puissance des individualismes) ont impulsé des politiques visant à satisfaire par une offre locale les aspirations de la population. Cela a donc impliqué des options radicales de changement dans la structure du patrimoine génétique bovin du pays, avec à la clé des interventions dont il convient de mesurer les impacts. Cet article se propose d’en faire un bilan critique et d’esquisser une réflexion sur les perspectives qui s’annoncent pour le secteur. L’article se structure en trois parties : i) la première est dédiée aux interventions qui ont affecté les bovins, ii) la deuxième est consacrée à leur bilan critique, et iii) la troisième se propose de réfléchir aux enjeux futurs qui guettent le secteur bovin dans son intégralité.
Vaches de type croisé alimentées avec de la luzerne (région du Tadla)
Vaches de race Holstein importées au Maroc
Interventions sur le cheptel bovin au Maroc de l’Indépendance à nos jours
Les effectifs du cheptel bovin sont restés quasiment inchangés depuis l’Indépendance, oscillant autour de
3 millions d’individus. Les évolutions annuelles montrent les effets des aléas du climat et leurs incidences sur les disponibilités alimentaires et, plus récemment, les retombées des politiques volontaristes mises en œuvre par les pouvoirs publics dans le cadre du
« Plan Maroc Vert » (tableau 1). Toutefois, la relative stagnation des effectifs ne doit pas voiler un bouleversement marqué dans la structure génétique du cheptel : la substitution progressive d’une partie importante des bovins de races locales par des animaux avec des
Tableau 1. Evolutions des effectifs du cheptel bovin au Maroc (en millions) Année
Effectifs
1970
1975
1980
1985
1990
1995
2000
2005
2010
2015
3,6
3,6
3,4
2,5
3,2
2,5
2,6
2,7
2,9
3,2
)Source : FAO STAT (2014) et MAPM (2015 22
Agriculture du Maghreb N° 82 / 2015