Recherche
Les moyens de lutte contre la EL HASSAN ACHBANI, Directeur de Recherche, INRA Meknès
Abdelaaziz BOUAICHI, Faculté des Sciences Kenitra
Tuberculose de l’olivier La tuberculose de l’olivier est répandue dans tous les pays oléicoles et s’attaque également à d’autres plantes comme le laurier rose (Nerium oleander), le frêne (Fraxinus excelsior), le troène (Ligustrum japonicum thunbi), le jasmin (Jasminum spp.), le forsythia (Forsythia intermedia zab) et Fusain (Euonymus japonicus). La tuberculose de l’olivier, causée par Pseudomonas savastanoi pv. savastanoi (PSS), est une maladie qui se manifeste par la présence de tumeurs parenchymateuses de forme irrégulière. Au début de leur apparition, elles sont molles, de couleur verte et de surface lisse. Elles augmentent de volume en fonction du temps, se lignifient, brunissent et durcissent. Ces tumeurs s’observent généralement sur les rameaux, les brindilles et les branches charpentières, mais il est possible de les trouver sur le tronc des jeunes arbres (Fig.1). Le développement de ces tumeurs dépend de la production de phytohormones telles que l’acide indole-3- acétique (AIA) et les cytokinines. En plus des phytohormones, qui jouent un rôle crucial, d’autres facteurs de virulence sont impliqués dans le développement de la maladie.
Problématique
La maladie de la tuberculose de l’olivier est répandue dans tous les pays oléicoles de par le monde, notamment ceux du bassin méditerranéen où les conditions climatiques sont souvent favorables
à sa propagation. Elle est considérée comme une contrainte importante au développement de la culture à cause de ses impacts sur la croissance végétative, le rendement en olives ou encore sur la qualité organoleptique de l’huile. Au Maroc il n’existe pas d’estimation précise des pertes causées par cette maladie. En revanche, en Espagne les pertes liées à cette maladie atteignent presque 1,3% de la production oléicole annuelle. Par ailleurs, la lutte chimique à base de cuivre est la méthode la plus utilisée par les agriculteurs, mais elle engendre des toxicités résiduelles, le développement des résistances, la pollution de l’environnement et des problèmes sanitaires chez l’Homme et les animaux. Une lutte alternative en utilisant des produits biologiques s’impose.
Moyens de lutte
Comme pour la plupart des maladies bactériennes, les méthodes prophylactiques restent l’essentiel de l’arsenal mis à disposition pour lutter biologiquement contre l’agent pathogène. Les risques de dommages sur les oliviers
Fig.1 : Symptômes engendrés par Pseudomonas savastanoi pv. savastanoi; développement des tumeurs sur le tronc et les rameaux d’olivier (INRA, URPP-Meknès)
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Agriculture du Maghreb N° 104 - Mai / Juin 2017
atteints par cette bactériose peuvent être potentiellement réduits en veillant à la bonne exécution des différentes mesures suivantes :
Gestion générale
- Eviter de blesser les arbres et bien entretenir le verger car les arbres correctement nourris sont moins sensibles à la maladie, - Eviter l’excès en éléments fertilisants qui donne lieu à un arbre fragile et sensible, - Eviter de cultiver des plantes hôtes à côté du verger telles que le laurier-rose (Nerium oleander), le frêne (Fraxinus excelsior), le troène (Ligustrum japonicum), la Forsythia (Forsythia intermedia zab), le jasmin (Jasminum spp.), le fusain (Euonymus japonicus) et autres espèces de la famille des Oléacées, - Eviter la taille durant ou avant un climat humide. Il est préférable de tailler en été. Les taux d’infection sont élevés en hiver, au printemps et faibles en été. Les blessures peuvent rester sensibles pour plus de 14 jours. En climat humide, la tumeur libère les bactéries qui vont infecter les blessures, - Les tumeurs ne doivent être ôtées durant les périodes pluvieuses de l’hiver et du printemps, car les blessures engendrées par cette opération servent comme support de nouvelles infections. Les blessures provoquées par la taille au cours des mois secs d’été ne sont pas sensibles à l’infection, - Eliminer les rameaux montrant les premiers symptômes par la taille en fin d’hiver, - Contrôler les parcs à bois des pépinières, - Pratiquer la bonne hygiène pour minimiser la dissémination de la maladie : les outils doivent être désinfectés après la taille des arbres suspects ou commencer