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Le grenadier
Oussama Hamza Consultant externe, Caliplant-Pomgenesis
Conduite adaptée aux nouvelles variétés
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Al’échelle mondiale, la culture de la grenade a connu un véritable boom ces deux dernières décennies. Cette expansion s’est aussi accompagnée par l’essor de nouvelles variétés issues de programmes d’hybridation, appelées à répondre à diverses problématiques à savoir l’amélioration du rendement, de la qualité interne et externe des fruits, de la qualité organoleptique… Cet engouement pour la grenade en tant que produit est le fruit d’une campagne de recherche et de Marketing qui a été financée par une multinationale mondialement connue et qui a fait du produit grenade son emblème. En effet les maintes propriétés anti cancérigènes découlent des recherches entreprises, ses propriétés bénéfiques continuent à faire l’objet de découvertes et de publications. Choix variétal Il existe actuellement deux marchés de commercialisation de la grenade : - Le premier est celui des variétés classées comme « sucrées ». Ce marché répond à la demande du consommateur du sud du bassin méditerranéen et a eu tendance à se stabiliser en termes de volume et de valeur au cours des deux dernières décennies. - Le second marché est celui des variétés rouges considérées comme semi-acides ou acides. Ce marché ne pouvant être délimité géographiquement, il continue de croître au fil des années. L’un des points forts de la grenade est son important taux d’exploitation du produit ainsi que de ses sous produits. En effet les fleurs sont utilisées dans l’industrie cosmétologique afin d’en extraire les huiles essentielles, les fruits peuvent être vendus pour le marche du frais ou pour l’industrie (jus, arilles) et en fin l’écorce des fruits peut être utilisée dans l’industrie pharmaceutique. Le choix variétal doit être conditionné en premier lieu par le marché vers lequel l’agriculteur désire écouler sa production. Ce marché doit être compatible avec le terroir dans lequel il se trouve, c’est pour cela que dans les zones arides ou semi arides la tendance est de privilégier des variétés précoces alors que dans les zones littorales ou en altitude il serait préférable d’opter pour des variétés de saison et/ou tardives. Comme évoqué précédemment l’avènement de nouvelles variétés issues d’hybridations naturelles ont permis de répondre aux exigences du consommateur final et ce en déplaçant progressivement les variétés classiques qui sont dans la plupart des cas des variétés populations et dont il existe plusieurs dizaines ou centaines de clones. Le grenadier en tant qu’espèce commerciale demeure une variété qui est utilisée comme franc de pied. Jusqu’à présent l’usage de variétés Cultivée depuis l’antiquité et mondialement connue pour ses vertus médicinales et anti cancérigènes, la grenade, fruit du grenadier (Punica granatum, famille des Lythracées anciennement Punicaceae) se place en deuxième position en termes de concentration en composés antioxydants derrière le Goji et devant la myrtille.

greffées demeure marginal pour la simple raison qu’il n’existe qu’un seul porte greffe officiellement recensé et patenté en Israël, sa principale vertu étant de réduire considérablement l’émission de rejets. Dans des pays comme l’Iran ou la Turquie, les instituts de recherche agronomique se sont attelés à trouver des solutions concrètes face aux contraintes édapho-climatiques. Ceci a été réalisé en utilisant les caractéristiques génotypiques de certaines variétés recensées qui ne produisent pas des fruits de bonne qualité mais dont les traits de résistance aux contraintes abiotiques sont toutes avérées (résistance à la sécheresse, moindre sensibilité à la chlorose ferrique, résistances à certaines maladies telluriques…). ainsi sa très forte sensibilité aux attaques de Phytophtora (une des problématiques majeures sur grenadier). C’est pour cette raison que l’on recommande d’éviter la création d’un milieu

humide avoisinant à la zone du tronc qui est en contact avec la superficie du sol. La démocratisation de l’irrigation localisée a permis de réduire considérablement cette problématique. Néanmoins
Conduite technique du grenadier L’expression du potentiel génétique variétal requiert une gestion culturale qui répond aux spécificités intrinsèques de la variété mais aussi aux conditions edapho-climatiques. La conduite culturale du grenadier n’est pas aussi aisée que certains peuvent le penser, l’obtention d’une production de qualité implique l’adoption de techniques culturales bien définies.
La fertirrigation Le grenadier est une espèce dont les besoins en eau sont assez conséquents. Les besoins hydriques de la grenade varient de 5.000 à 6.500 m 3 /ha/an et peuvent dépasser ce chiffre dans des zones désertiques à semi-désertiques. Cependant la gestion des apports hydriques sont déterminants quand à la pérennité commerciale du verger en premier lieu mais aussi par rapport à la qualité des fruits obtenus. En effet le grenadier est une espèce qui est plantée franc de pied (dans 99% des cas), expliquant



Différents systèmes de palissage du Grenadier il est fortement recommande d’éloigner les porte rampes des la première année afin de favoriser l’enracinement mais aussi d’éviter l’installation du champignon. Les apports hydriques doivent être également bien rationnalisés afin d’éviter les déficits (plus forte sensibilité au sunburn) ou les excès (attaques de phytophtora) ou l’alternance des deux phénomènes (recrudescence du phénomène de cracking). L’optimisation de la ressource hydrique peut aussi s’effectuer à travers la mise en place de la toile hors sol, le grenadier s’y adaptant d’une manière remarquable. L’usage de la toile hors sol peut être considéré comme faisant partie intégrante de l’agriculture de conservation. Elle consiste en le déploiement sur la ligne de plantation d’une membrane géotextile poreuse permettant l’aération, l’oxygénation et les échanges gazeux. On réduit ainsi considérablement l’évapotranspiration mais aussi la concurrence entre l’espèce exploitée et les plantes adventices pour l’eau et les éléments nutritifs apportés, en d’autres termes grâce à cette technique on optimise les apports hydriques et nutritifs. On estime que dans ce cas, l’économie d’eau et en engrais est de l’ordre de 30 à 40 % surtout lorsque la gestion de l’irrigation est accompagnée par la mise en place de tensiomètres ou de sondes. En termes nutritionnels, le calcium et le potassium jouent un rôle de premier ordre afin de réussir un fruit dont le calibre est conforme aux normes mais surtout réduire les problèmes liés au sunburn et au cracking, le sunburn pouvant être un catalyseur du cracking.
L’éclaircissage Un taux de nouaison élevé peut être considéré comme une contrainte pour le grenadier dans la mesure où son bois est élastique et qu’il a tendance à se rompre facilement sous le poids des fruits. Par ailleurs, et afin d’obtenir des fruits en adéquation avec le calibre commercial recherché mais aussi afin qu’ils soient dépourvus de défauts esthétiques (forme parfaite, absence de cicatrices …), il est primordial de recourir à l’éclaircissage. L’éclaircissage peut aussi être un moyen de diminuer l’impact de la principale contrainte physiologique chez cette espèce à savoir le coup de soleil ou sunburn et ce en éliminant les fruits exposés au rayonnement direct ou ceux dont l’exposition est la plus à risque (exposition directe en deuxième moitie du jour durant les mois de fort rayonnement solaire). Ceci permettra l’obtention d’un calibre qui répond le mieux aux critères commerciaux mais aussi de maintenir un équilibre entre la végétation et le grossissement des fruits. L’éclaircissage concerne aussi les fleurs, le grenadier étant une espèce dont le nombre de vagues florifères est compris entre trois et quatre (en fonction de l’âge du verger et de la charge des arbres). Les fruits de qualité sont issus de la première et deuxième floraison, les fruits issus des floraisons suivantes se distinguent par une mauvaise qualité et l’impossibilité de leur commercialisation. C’est pour cette raison qu’il est primordial de supprimer la troisième et quatrième vague florifère et ne pas permettre qu’elle noue étant donné que les fruits qui en découleront constitueront une concurrence directe avec les fruits en cours de maturité mais aussi que le cout énergétique qui en découle peut être très élevé pour l’arbre.
Le palissage Comme mentionné précédemment, la typologie du bois du grenadier implique une grande fragilité. C’est pour cette raison que cette espèce requiert une structure de support qui peut être de plusieurs types (en bambous, en V, en T…). La mise en place d’une structure métallique permet d’amplifier la masse foliaire de l’arbre et par conséquent induire un plus grand nombre de structures fructifères. La structure permet l’ouverture de l’arbre à un angle déterminé et la mise en place des étages fructifères qui faciliteront aussi les opérations culturales telles que l’éclaircissage, la taille ou la récolte. On compte généralement 3 étages fructifères, le troisième pouvant être utilisé comme «parapluie » et

ainsi créer l’ombrage nécessaires aux deux étages inferieurs et ce afin de minimiser l’impact du sunburn sur les fruits. La taille d’un verger conduit avec une structure de palissage diffère de celle d’un verger classique dans le sens ou l’objectif recherché est l’obtention d’un maximum de superficie foliaire qui garantira une floribondité plus importante ainsi qu’un nombre de fruits final. Pour cela lors de la taille certains gourmands pourront être arqués et ce dans le but de les leur induire la mise à fruit.
Culture sous filet Largement diffusée sur d’autres espèces, la culture du grenadier sous filet a fait son apparition afin de répondre à deux principales problématiques à savoir le sunburn et l’obtention d’un calibre commercial convenable pour les variétés extra précoces.

Le choix des caractéristiques du filet est crucial dans la mesure où il doit être capable de filtrer les longueurs d’ondes nocives pour la plante mais aussi pour le fruit. Le filet fait également office de protection anti-grêle dans les zones pouvant être considérées comme à risque. A l’intérieur du filet se crée un microclimat caractérisé par une température moyenne inferieure à la température extérieure, permettant à l’arbre de maintenir une activité soutenue sans souffrir d’aucun type de stress qui pourrait résulter des conditions climatiques.
Le maintien d’une activité physiologique optimale durant la phase de grossissement du fruit permet au végétal de canaliser toute son énergie au profit de l’organe fructifère et de réussir à obtenir le calibre commercial recherché.

Protection Phytosanitaire Le grenadier est sujet à divers ravageurs et maladies, on citera principalement :
Les ravageurs - Pucerons (Aphis punicae Passerini, Aphis gossypii Glover) - Thrips - Acariens (Tenuipalpus punicae Prit. And Baker, Eriophyes granati Canestrini ) - Cicadelles - Certaines espèces de lepidoptères (Cryptoblables gnidiella Milliere Ectomyelois ceratoniae Zelle) - La cochenille australienne (Planococcus citri Risso ) - La cératite (Ceratitis capitata wied) - Nématodes (Meloidogyne spp; Helicotylenchus spp)
Les maladies - Alternaria spp. - Phytophtora spp.

