Figure 3. Larves de Dasineura oxycoccana à différents stades
Figure 2. Larves de 3ème stade avec détail de la spatule sternale (flèche rouge)détail de la nervation des ailes (a) et de l’ovipositeur étalé de la femelle (b)
3- Répartition géographique
La Cécidomyie du Myrtillier également appelé Cécidomyie du Bleuet est une espèce indigène à l’Amérique du Nord et est largement distribuée à travers le monde. On la trouve dans la plupart des régions de culture de bleuets et de Canneberges au Sud-est et à la Côte-ouest. La Cécidomyie du bleuet se nourrit des bourgeons de l’espèce Vaccinium (bleuets et canneberges) et constitue un ravageur potentiel pour les deux cultures. Ce ravageur a été identifié pour la première fois en Europe identifié sur des Myrtilles en Italie en 1998.
4- Cycle de vie
Aux Etats-Unis (exactement en Floride), la Cécidomyie du bleuet passe l’hiver sous forme de pupe dans le sol sous les plantes. Les adultes émergent tôt dans la saison, de la fin janvier au début février. Les adultes ont généralement une vie de très courte durée. La plupart peuvent seulement vivre un jour ou deux, juste le temps pour s’accoupler et pondre. Une femelle peut déposer entre 10 et 15 œufs par bourgeon du Myrtillier, et un bourgeon peut contenir des œufs de plus d’une femelle lorsque le niveau d’infestation est élevé. La larve (Il y a 3 stades larvaires) (Figure 3.) de la Cécidomyie du bleuet se nourrit des tissus des bourgeons de l’intérieur ce qui provoquent des nécroses et l’avortement des bourgeons. Dans des conditions idéales, la Cécidomyie du bleuet prend de deux à trois semaines pour compléter son cycle de vie, et par conséquent, chaque année, plusieurs générations peuvent se développer et chevaucher. Le climat influence le nombre de générations. Sur les bleuets Rabbiteye (Vaccinium ashei Reade) en Floride, il y a cinq à six générations de Cécidomyie chaque année. D’autres auteurs ont signalé jusqu’à 11 générations par an dans le sud-est du Mississippi.
5- Les dégâts
La figure 4 montre les dégâts des premiers stades larvaires qui sont transparents d’apparence ; l’enroulement des extrémités des bourgeons floraux ainsi que le noircissement sont des dégâts caractéristiques de cette Cécidomyie. Les boutons floraux s’assèchent et se désintègrent au bout de deux semaines après l’infestation. Des taux élevés d’avortement des boutons floraux peuvent survenir en hiver et au début du printemps. La gravité des dommages varie d’année en année et a tendance à être pire après les hivers doux et dans les endroits plus au sud. Les méristèmes végétatifs peuvent également être infestés et tués ou endommagés, ne laissant que des pousses très courtes avec quelques feuilles très déformées. En Floride, peu de dommages sont constatées après la mi-mai, même si les nouvelles pousses de croissance se poursuivent tout au long de l’été. La gravité des dommages varie également www.agri-mag.com
d’un champ à l’autre.
6- Lutte contre la Cécidomyie du Myrtillier a- La surveillance
La surveillance est un élément important de tout programme de lutte efficace contre les ravageurs. La Cécidomyie du Myrtillier peut être difficile à détecter précocement. De ce fait, certains auteurs ont testé des plaques collantes dans certaines plantations pour attraper les moucherons adultes, mais se sont révélés inefficaces. Les méthodes efficaces de surveillance de la Cécidomyie de myrtille comprennent essentiellement la collecte et la dissection des bourgeons. La technique consiste à recueillir les bourgeons, à les maintenir dans une chambre de croissance (10 à 14 jours) et à observer les larves ou adultes émergeants. Cette technique s’est avérée la plus efficace pour détecter les adultes, cependant, cette technique nécessite beaucoup de temps d’observation et de comptage des larves, et ce n’est pas pratique pour les producteurs, en plus il y a un délai pour détecter l’infestation de la Cécidomyie par les producteurs en attendant que les larves ou les adultes émergent. De ce fait, l’utilisation d’un piège d’émergence capable de détecter les adultes sur le terrain à un stade plus précoce est très utile; ainsi les producteurs auront plus de temps pour mettre en œuvre un programme de lutte avant que les populations de Cécidomyies n’atteignent le seuil de nuisibilité. Pour la détection des œufs, la seule méthode efficace est la dissection des bourgeons.
b- La gestion des attaques de la Cécidomyie
• Contrôle chimique
A travers la littérature internationale, trois principaux pesticides ont été utilisés principalement pour lutter contre la Cécidomyie du bleuet sur les bleuets: le diazinon, le malathion et le spinosad. En fait, pour être efficaces, les insecticides doivent être appliqués tôt. Les femelles pondent des œufs peu de temps après l’émergence et les œufs sont déposés dans des endroits qui sont à l’abri des insecticides. Egalement, les larves se nourrissent des bourgeons en développement et sont à l’abri des insecticides. Le contrôle des larves peut être possible en utilisant des insecticides systémiques, mais reste inefficace en cas de fortes populations. Il y a également à indiquer que le problème de la résistance aux pesticides peut se poser avec acuité vu le cycle de vie très court de l’insecte et la présence d’une multitude de générations par an. Agriculture du Maghreb N° 119 - Avril 2019
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D’autres produits chimiques ont été utilisés ; les résultats obtenus sont en moyenne intéressants mais parfois variant pour la même matière active en fonction des conditions pédo-climatiques de la région, des itinéraires techniques et des caractéristiques des variétés. En fait, il n’y a pas une tendance claire pour un produit donné. Un produit chimique peut être efficace pour une variété donnée et par pour une autre, pour un itinéraire technique donné et par pour un autre, donc ceci est conditionné par les caractéristiques aussi bien du site (climatique, technique, etc.) que celles de la culture (caractéristiques intrinsèques).
• Contrôle biologique
Selon la littérature internationale consultée, les ennemis naturels indigènes de la Cécidomyie du Myrtillier comprennent dans presque la totalité des cas des prédateurs de larves comme l’espèce Toxomerus marginatus (Say.) qui est un Diptère Syrphidae et des hyménoptères parasitoïdes du genre Aprostocetus sp. (Hyménoptère: Eulophidae), Aphanogmus sp. et Ceraphron pallidiventris Ashmead (Hyménoptères: Ceraphronidae). D’autres parasitoïdes ont été identifiés dans le sud des États-Unis parmi les familles Eulophidae (Aprostocetus sp. et Quadrastichus sp.) et Platygastridae (Synopeas sp. et Platygaster sp.). La plupart des parasitoïdes de la Cécidomyie du bleuet n’arrivent pas assez tôt dans la saison pour protéger les bourgeons floraux des dommages. Un traitement insecticide précoce peut être nécessaire pour réduire les populations de Cécidomyies du bleuet jusqu’à ce que les parasitoïdes puissent atteindre un nombre suffisant. Cependant, les applications insecticides après la floraison pourraient, cependant, stimuler les infestations de Cécidomyie en supprimant les parasitoïdes et autres ennemis naturels. Une stratégie de lutte intégrée contre la Cécidomyie du bleuet devrait donc comprendre d’abord la surveillance, la lutte culturale, la préservation et l’augmentation des ennemis naturels et la synchronisation précise et efficace des insecticides. Figure 4. Premiers stades larvaires à l’intérieur d’un bourgeon et dégâts