Ramdam n°125 mars-avril 2017

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Il aura fallu plus de 15 ans pour que le fondateur du Musée international des arts modestes accepte de faire l’objet d’une exposition dans ce lieu pensé pour combler son insatiable curiosité artistique. Et encore, est-ce à la lumière d’œuvres qui ne sont pas les siennes. Modeste, vous dit-on !

H E RV É D I R O S A , EN TOUTE MODESTIE Pourquoi n’avez-vous quasiment jamais exposé vos oeuvres au MIAM ? J’ai créé le MIAM comme une alternative, en réaction au milieu assez fermé des musées. Je voulais y montrer une forme d’art, que j’ai nommé les arts modestes, qu’on ne voyait pas ailleurs. J’ai toujours veillé à être peu représenté entre ces murs : pour moi, l’œuvre c’est le musée, une oeuvre à plusieurs nécessairement. L’équipe du MIAM a mis des mois à me convaincre de faire cette exposition, elle voulait pour une fois montrer mon travail aux gens de Sète ; profiter de l’effet de l’exposition qui m’a été consacrée cet hiver à La Maison rouge à Paris pour faire de la publicité au MIAM. Je me suis fait violence avant d’accepter.

Finalement, cette exposition-portrait présente très peu de vos propres œuvres… Cette exposition parle des artistes qui m’ont inf luencé, de mes rencontres, de jeunes artistes qui entretiennent des rapports avec mon travail, pour dessiner à travers cette filiation une sorte de portrait en creux. Julie Crenn, qui assure le commissariat de l’exposition, a sélectionné les œuvres de 70 artistes choisis parmi les milliers d’artistes dont je me sens proche et aussi parmi d’autres que j’ai découvert à cette occasion. Pourquoi n’avez-vous pas choisi vous-même les artistes et les œuvres présentés ? J’ai accepté l’idée de cette exposition à condition d’en confier le commissariat à une personne extérieure au MIAM. Ce qui m’intéresse, c’est d’avoir le regard d’une génération jeune, qui ne m’a pas connu dans les années 80. Julie Crenn a 35 ans et a fait son doctorat sur les arts textiles contemporains, elle entretient des affinités avec ma démarche. Elle a choisi des artistes auxquels je n’aurais pas forcément pensé, mais elle porte un regard neuf sur mon travail et me force à la réflexion. Ça rejoint finalement ce que je recherche en permanence, notamment quand je voyage autour du monde : remettre en question ma pratique à la lumière des pratiques artistiques que je découvre Propos recueillis par Maëva Robert

En toute modestie – Archipel Di Rosa. Jusqu’au 17 septembre, MIAM, Sète. page 47

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