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Conférence internationale du travail sur fond de double crise

Monde Droit à la sécurité et à la santé au travail: vers une norme universelle?

©Marcel Croizet/ILO

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L’objectif principal de la 110e conférence annuelle de l’Organisation internationale du travail (OIT), qui se déroule du 27 mai au 11 juin 2022 à Genève, consiste à faire du droit à la sécurité et à la santé au travail une norme de

travail universelle. I C.S et S.G, adapt. D.Mo I En 2019, année des 100 ans de l’OIT, une commission spéciale, dont faisait partie Luc Cortebeeck, président honoraire de la CSC, a préparé une «Déclaration du centenaire» sur l’avenir du travail et lancé le concept de la garantie universelle du travail: tous ceux qui travaillent, où qu’ils soient dans le monde, devraient avoir droit à un salaire adéquat, à une limitation de la durée du travail et à la sécurité et la santé au travail. L’objectif était d’ajouter ces trois droits à l’ensemble des normes fondamentales du travail de l’OIT. La valeur ajoutée de cette reconnaissance, en tant que norme fondamentale, est que tous les pays qui adhèrent à l’OIT doivent respecter ces droits. De plus, il y aura un contrôle plus strict des éventuelles violations de ces droits. Les syndicats ont adhéré à la proposition de la commission. Les employeurs estimaient le projet trop ambitieux, mais ont néanmoins concédé une ouverture au droit à la sécurité et la santé au travail. Trois ans plus tard, cette question est à nouveau à l’ordre du jour, afin de franchir officiellement le pas vers la reconnaissance en tant que norme fondamentale du travail. Stijn Gryp, à la tête du service entreprise, représente la CSC dans ces discussions.

Vers un 5e principe fondamental?

Les syndicats, les employeurs et les gouvernements discuteront de la question de savoir si et comment la sécurité et la santé au travail doivent être reconnues comme un principe fondamental de l’OIT. Elles deviendraient ainsi le cinquième principe fondamental de la Déclara-

tion relative aux principes et droits fondamentaux au travail de 1998, en plus de la liberté d’association et la reconnaissance effective du droit de négociation collective, l’élimination de toute forme de travail forcé ou obligatoire, l’abolition effective du travail des enfants et l’élimination de la discrimination en matière d’emploi et de profession. La reconnaissance de la sécurité et de la santé au travail comme principe fondamental serait une confirmation importante de l’importance cruciale d’un environnement de travail sûr et sain pour tous les travailleurs, où qu’ils soient dans le monde. Un travailleur ne devrait jamais avoir à craindre pour sa santé ou sa vie, lorsqu’il exerce son métier. Malheureusement, la réalité est encore trop souvent différente aujourd’hui. Il importe que les syndicats, employeurs et gouvernements du monde entier érigent la sécurité et la santé au travail en principe fondamental. Cette reconnaissance contribuera à ce que l’OIT soit obligée d’aider ses membres à accroître la sécurité et la santé au travail.

Les syndicats ont adhéré à La proposition de La commission.

Responsabilité des employeurs

De nombreuses déclarations et conventions de l’OIT soulignent déjà l’importance de la sécurité et de la santé. Le travail à Genève se poursuivra dans cette lignée. La CSC veillera à ce que les accents adéquats soient donnés, par exemple, sur l’importante responsabilité des employeurs dans la création d’un environnement de travail sûr et sain pour leurs travailleurs.

Bonus

Dans l’app de L’Info Pour en savoir plus sur cette conférence et l’OIT.

Pour Margaux et toutes les autres

Margaux travaille comme aide-ménagère. Elle réalise un travail important et lourd pour lequel elle n’est payée que 12 euros de l’heure. Brut. Les appels de Margaux et de ses collègues pour un meilleur salaire, pour une reconnaissance, pour le respect, sont ignorés par sa société de titres-services. Margaux et ses collègues se battent pour une minuscule augmentation maximale de 0,4% pour 2021 et 2022. Pour Margaux, cela signifierait une augmentation de 8,5 euros brut par mois. Réponse de son employeur: pas possible, c’est trop élevé. Pourtant, selon la Banque nationale, de nombreuses entreprises se portent extrêmement bien et les dividendes pleuvent sur les actionnaires. La hausse des prix de toute une série de denrées au niveau international génère des bénéfices excessifs pour certaines entreprises, notamment celle du secteur de l’énergie. Margaux et ses collègues doivent donc s’accrocher à l’indexation automatique de leur salaire. Pourtant, personne ne s’enrichit grâce à cette indexation. Celle-ci corrige simplement la perte de pouvoir d’achat liée à l’inflation. Comble du cynisme, certains employeurs aimeraient également se débarrasser de ce mécanisme, c’est-à-dire négocier des réductions de salaires. Il faut changer les choses! À commencer par la loi sur les salaires qui empêche de négocier librement des hausses de revenus. Alors que s’est ouverte la Conférence internationale du travail, rappelons que la possibilité pour les syndicats de négocier librement les salaires et les conditions de travail est l’une des normes fondamentales de l’OIT. Mais elle est restreinte en Belgique. Margaux participera avec ses collègues à la manifestation nationale, le 20 juin prochain, pour rappeler qu’elle n’est pas un simple outil et qu’elle mérite, comme toutes les travailleuses et tous les travailleurs, de recevoir un salaire décent.

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