ActuSoins n° 11 - Décembre 2013

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N°11

Toute l’actualité infirmière DÉCEMBRE 2013

Vie professionnelle

SoignantS autrement

Salaire infirmier

L’humanitaire… et après ?

La France en queue de peloton

Retour et reconversion

A LA UNE

Antiseptiques

Réflexions et alternatives ActuSoinS  1  Numéro 11  DÉCEMBRE 2013



PRATIQUES

4 12

- Le défi des soins aux sourds - R éussir ses ponctions artérielles

8 32

- L ’antiseptique est-il systématique dans le soin des plaies ? Réflexions et alternatives

-S alaire infirmier : la France en queue de peloton

30

-S ecret professionnel : les règles à respecter

VOS DROITS - L es badges nominatifs sont-ils obligatoires à l’hôpital ?

SOIGNANTS D’AILLEURS

- P hilippe Collin, de la seringue au bistouri

32

SOIGNANTS AUTREMENT - L’EPRUS, l’humanitaire diplomatique - L’humanitaire…et après ?

-N icaragua : les infirmières, autres victimes d’un système de santé défaillant

SE FORMER - Prendre en charge le deuil

46 AGENDA 46 DOSSIER SPECIAL EMPLOI

EDITO

tous concernés

Il y a quelques mois, nous avions démontré dans ces colonnes que de nombreuses données médicales ou administratives de patients étaient facilement accessibles sur le net. Nous avions volontairement choisi de n’évoquer que les établissements de santé et leurs prestataires. Il n’en demeure pas moins que la plupart des entorses au secret professionnel proviennent bien souvent des soignants eux-mêmes, qu’ils en soient conscients ou non. A l’occasion d’un tournage pour un magazine d’investigation, nous avons ainsi établi ces dernières semaines que plusieurs médecins ou des infirmières libérales stockent parfois leurs données sur des serveurs non sécurisés, permettant ainsi de retrouver en quelques clics prescriptions, bilans biologiques ou compte-rendu de réunions pluridisciplinaires d’oncologie… Mais bien plus que ces erreurs manifestes, les conversations et les photos publiées sur Twitter, Facebook ou Instagram permettent souvent d’identifier un grand nombre d’éléments pouvant aboutir à l’identification de l’hôpital, du service, voire du patient ! Nous sommes toutes et tous capables d’identifier notre hôpital ou notre service sur une photo à son lino défraichi ou à ses portes abimées. Les patients et leur famille aussi… n

- De l’importance d’un bon CV - Se trouver, s’épanouir

Éditeur : ActuSoins SARL - 57 Rue de L’Ouest - 75014 Paris - R.C.S. PARIS 520180688 Directeur de la publication : Kamel Boudjedra • Numéro de commission paritaire : 0613 W 90939 ISSN : 2256-6260 Dépôt légal : à parution • Rédacteur en chef : Thomas Duvernoy

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A LA UNE

(tduvernoy@actusoins.com) • Ont collaboré à ce numéro : Florence Ambrosino, Delphine Bauer, Cyrienne Clerc, Olivia Dujardin, Caroline Guignot, Laurent Klein, Laure Martin, Laurence Piquard, Ariane Puccini, Malika Surbled. • Photo de couverture : © BSIP • Graphiste : www.lacommunautedesgraphistes.com

ActuSoinS  3  Numéro 11  DÉCEMBRE 2013

Thomas Duvernoy – Rédacteur en chef ActuSoins

• Illustrations : Nawak • Impression : Rotocayfo - Sta. Perpetua de Mogoda 08130 Barcelona • Routage : Routage Catalan • Contact rédaction : 09 72 40 47 17 - redaction@actusoins.com • Contact annonces d’emploi / publicité : 09 54 53 45 45 annie@actusoins.com • Tirage : 102 000 exemplaires


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L’antiseptique est-il systématique dans le soin des plaies ?

Revue de la littérature et alternatives…

Le questionnement d’un soignant face à une plaie, quelle que soit son étiologie, est de s’interroger sur le choix de l’antiseptique à utiliser. Question légitime face à la crainte de l’infection. Cependant le soignant d’aujourd’hui ne devrait-il pas se demander si l’antisepsie est justifiée dans la prise en charge des plaies ?

E

n effet, une étude récente, multicentrique, menée en milieu de soins sur l’usage et la connaissance des antiseptiques, montre que le respect des règles d’utilisation est peu rassurant. Une utilisation plus raisonnée devrait permettre de limiter les résistances bactériennes et d’optimiser les prises en charge. L’antiseptique, créé au 18ème siècle, est un médicament aujourd’hui très utilisé mais banalisé dans nos pratiques. Bien qu’utilisé incontestablement dans l’asepsie de la peau saine avant un geste chirurgical, son application dans le traitement des plaies semble être plus restrictive.

Revue de la littérature

Une analyse de la littérature montre de nombreuses controverses. Aucune certitude sur l’utilité des antiseptiques n’est mise en avant dans la prise en charge des plaies (ni sur leur inutilité...). On retrouve de nombreuses mises en garde quant

à leur utilisation sur leur effet caustique et leur toxicité cellulaire. A l’image des antibiotiques, la résistance aux antiseptiques existe. La pression de sélection induite par les antiseptiques est avérée. Il est donc indispensable de respecter les conditions d’utilisation et leurs indications. Il n’existe pas «d’antiseptogramme» mais un tableau du spectre d’activité des antiseptiques est établi. On peut ainsi mener une action ciblée sur une catégorie de germes, champignons, virus... et ainsi s’apercevoir que certains antiseptiques sont peu efficaces sur notre cible. D’ailleurs certains produits sont considérés à tort comme des antiseptiques (colorants, eau oxygénée..) La sensibilisation aux antiseptiques a été mise en évidence dans de nombreux articles. Cependant on note que dans la pratique courante, l’utilisation de produits antagonistes, les dilutions obligatoires (la Bétadine® dermique se dilue dans le soin des

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plaies,...), les temps de pose (5 à 10 minutes parfois), les délais de conservation ou encore la nécessité d’enlever sang ou éléments organiques avant application ne sont que peu souvent respectés. Ce qui pose un réel problème est l’interaction entre les antiseptiques d’usage courant et les dispositifs de couverture d’une plaie. En effet certains antiseptiques, après séchage complet, gardent pendant un temps donné une action sur l’écosystème bactérien (effet rémanent). D’ailleurs sur les notices d’utilisation, on remarque que le recouvrement de certains antiseptiques par un pansement est déconseillé (Biseptine®, Hibitane®, Dakin®, dalibour). Ces mises en garde sur la causticité des produits soulèvent les problématiques suivantes : - Devons-nous rincer certains antiseptiques avant l’application d’un pansement secondaire ? - L’effet rémanent d’un antiseptique empêche-t-il la couverture d’une plaie par un pansement secondaire ? 3- Les antiseptiques sont des médicaments puissants. Ils ont pour la plupart un effet cytotoxique sur les kératinocytes et les fibroblastes indispensables au processus de cicatrisation. Il est donc impératif de cibler leur utilisation pour ne pas entraver le renouvellement cellulaire.

Quels sont les recommandations actuelles ?

En pratique on trouve de nombreuses contradictions sur ce sujet. Il n’y a pas de consensus internationaux quant à l’utilisation des antiseptiques. Toutefois des documents de référence ont été établis par l’E.W.M.A (European Wound Management Association) sur la prise en charge des plaies infectées et les critères de diagnostic. Plaies chirurgicales : Il n’existe pas de recommandations éditées.

Crédit : © Furgolle / BSIP

“ Ce qui pose un réel problème est l’interaction entre les antiseptiques d’usage courant et les dispositifs de couverture d’une plaie.

Une plaie suturée est-elle encore une plaie ? Si elle ne présente pas de risques d’infection, d’écoulement ou de saignement, l’antisepsie est-elle indispensable ? Des études ont montré que l’étanchéité suffisait pour empêcher la pénétration des germes dans la cicatrisation de première intention. En 1964, Thomeret.G écrivait un article dans la Presse Médicale : suppression totale des pansements post-opératoires ! Le C.L.I.N du Sud-Ouest a établi sur ces postulats une classification des plaies post-opératoires. En fonction du niveau de risques, l’utilisation des antiseptiques a été protocolisée. Cette réflexion est une base intéressante de réflexion quant à la systématisation fréquente de l’utilisation des antiseptiques. Plaie à faible risque infectieux (plaies suturées, agrafes, cœlioscopie...) : pas d’antiseptiques. Plaie à risque infectieux modéré (fixateur externe, drain, lame..) : antiseptiques pendant 48 Heures puis 2 fois/ semaine. Plaie à haut risque infectieux (plaies chirurgicales avec multiples portes d’entrée, plaies infectées...) : antiseptiques tous les jours puis selon l’évaluation clinique.


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Plaies aiguës : il n’existe pas de documents de référence. Sur une plaie aiguë d’apparition nouvelle, les bactéries sont présentes et se développent très rapidement. Leur cinétique de multiplication est estimée à un doublement du nombre de germes toutes les 18 minutes. L’utilisation d’antiseptique peut-être recommandée. Cependant on ne trouve pas de données évoquant la supériorité des antiseptiques au nettoyage simple à l’eau et au savon ou solution saline. Plaies chroniques : il existe deux documents de référence édités par l’E.W.M.A5. L’utilisation des antiseptiques dans le soin des plaies chroniques n’est pas recommandée en première intention. En effet, les experts recommandent d’utiliser l’antiseptique uniquement devant la preuve clinique d’infection. Le nettoyage à l’eau/savon ou avec une solution saline est préconisé. La plaie chronique peut très bien être douchée. On remarque que les plaies chroniques sont colonisées et qu’elles présentent dans 60 % des cas la présence de biofilm. L’action de lavage à l’eau et le débridement des plaies permettront de réduire la charge bactérienne et souvent d’éviter l’infection de la plaie. L’ensemble de ces données nous indique qu’il faut utiliser, de facon très restrictive, les antiseptiques dans le soin des plaies. Leur utilisation doit être ciblée et dans le respect des

“ Au lieu de s’ingénier à tuer les microbes dans les plaies, ne serait-il pas plus raisonnable de ne pas en introduire ?

Louis Pasteur

préconisations d’utilisation. Ils sont indiqués dans le traitement des plaies infectées jusqu’à disparition des signes cliniques. Une évaluation régulière du patient est donc nécessaire. Un degré élevé de suspicion clinique d’infection de la plaie sera particulièrement appliqué chez les patients à risque (diabète, troubles auto-immuns, hypoxie, mauvaise perfusion tissulaire, immunodépression...) Même si nous n’utilisons que tardivement la molécule antiseptique, des gestes élémentaires d’hygiène, de débridement des plaies et de respect de la cicatrisation en milieu humide contrôlé sont nécessaires pour maintenir un écosystème propice au processus de cicatrisation.

Des alternatives aux antiseptiques ?

Ces «nouveaux» produits peuvent intervenir dans nos actes de nettoyage, d’hygiène et de prévention. Certains sont également actifs sur la réduction des débrits cellulaires (fibrine, tissus morts) ou dans la gestion de l’infection.

Action sur la fibrine et les débris tissulaires

Bibliographie 1 - Lorsqu’une plaie s’infecte… quels recours pour le soignant ? Doi : SOI - S-08-2006-00-707-0038-0814101019-200606310 Isabelle Fromantin 2 - stratégie thérapeutique - Les produits antimicrobiens locaux disponibles pour le soin des plaies Doi : SOI -S-01-02-2010-55-742-0038-0814101019-200909735 Christine Faure-Chazelles 3 - www.woundsinternational.com

- Les laboratoires nous informent que L’Aquacel® extra (CONVATEC), l’Urgoclean® (URGO), l’Algostéril® (Brothier) et autres alginates ont une action sur la détersion et le captage de bactéries. - L’Hydroclean Active® (HARTMANN), pansement irrigo-absorbant permettant de nettoyer une plaie avec du Ringer et de réabsorber ce liquide contenant les débrits tissulaires. Le laboratoire nous informe que ce dispositif peut-être indiqué dans le traitement des plaies infectées. - La larvothérapie comme méthode de détersion en respectant les tissus sains. (...)

Traitement des plaies infectées

- La T.P.N ( thérapie par pression négative) est indiquée dans le soin des plaies infectées grâce à l’irrigation associée à l’aspiration. On peut instiller du sérum physiologique. Certaines équipes intègrent du PHMB ou des solutés de RINGER. - Les pansements à l’argent. Depuis le déremboursement de cette classe thérapeutique, on ne trouve sur le marché que peu de dispositifs. La gamme du laboratoire Urgo reste remboursée uniquement dans la prise en charge des ulcères infectés pour une durée de 4 semaines ainsi que Flammazine® (SINCLAIRE PHARMA) et Laluset +® (GENEVRIER) pour la gestion des brûlures. Certains laboratoires ont retiré du marché leur produit mais on trouve encore notamment de l’Aquacel Argent® (CONVATEC) - Les pansements au PHMB du laboratoire COVIDIEN - L’utilisation du Miel de Thym pour ces propriétés antiseptiques naturelles. - Les pansements Sorbact® à base d’une molécule antibactérienne : diacylcarbamoyle (INRESA). Le laboratoire indique une action sur le biofilm (...) n

- Le Protonsan® et l’Octenilin® existent en forme gel. Les laboratoires indiquent que les tensio-actifs présents dans leurs hydrogels permettent de lever la fibrine par une hydratation augmentée.

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Laurent Klein, D.U. Plaies et cicatrisation Créateur de l’application iPansement®



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La

ponction

artérielle :

Petit tour d’horizon !

Acte sur prescription médicale, la ponction artérielle est un geste fréquent dans le quotidien de l’infirmière. Pourtant, le cadre juridique est imprécis concernant les divers sites de ponctions possibles et plusieurs interrogations restent en suspens.

Rappel d’un point de vue réglementaire L’acte de ponction artérielle par l’IDE est prévu par l’article R. 4311-7 36e du Code de la Santé publique. « L’infirmière est habilitée à accomplir sur prescription médicale écrite quantitative et qualitative, datée et signée, les actes et soins infirmiers suivants, à condition qu’un médecin puisse intervenir à tout moment ». © DR

Le site de ponction fait généralement débat et la question est de savoir si l’IDE est autorisée à ponctionner une artère autre que l’artère radiale. Aucun texte réglementaire n’est venu éclairer ce sujet. L’IDE est amené à prélever la voie radiale afin de réaliser une gazométrie. Cette voie a l’avantage d’être sécurisée par le test d’Allen, ce qui n’est pas le

cas pour les autres. La prise de risque de l’IDE, en ponctionnant d’autres sites n’est pas nul. Cette initiative pourrait conduire le juge à s’intéresser sur le choix du site en cas de dommage. Il ne faut pas perdre de vue qu’il sera toujours demandé à l’IDE, s’il avait l’habitude de ponctionner les autres artères, la charge de la preuve revenant à celui-ci. En résumé, il parait opportun de réaliser les ponctions artérielles par voie radiale afin de minimiser les risques de fautes. Cette approche de la ponction artérielle est conforme au référentiel infirmier, particulièrement la compétence 4 (mettre en œuvre les actions diagnostiques et thérapeutiques) et de l’unité d’enseignement EU 4.3 S2 S4.

Indications

La ponction artérielle est un prélèvement de sang artériel à visée diagnostique. Elle permet essentiellement une analyse des gaz du sang artériel mais aussi le prélèvement de bilans sanguins chez des patients dont le capital veineux est très pauvre. Les sites de ponction sont variés : le plus commun est l’artère radiale, l’artère fémorale, l’artère humérale (très rare) ou temporale superficielle chez le nouveau-né (acte médical). L’analyse des gaz du sang a pour but d’évaluer la qualité et l’efficacité des échanges gazeux pulmonaires et l’équilibre acido-basique. Il permet de détecter des troubles respiratoires (décompensation respiratoire, patient sous ventilation artificielle) et métaboliques (coma, intoxications…). Un incontournable de la ponction radiale : le test d’Allen. Il a pour but de vérifier la suppléance de l’artère ulnaire

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(cubitale) en cas de thrombose ou de spasme de l’artère radiale suite à la ponction, afin d’assurer la vascularisation de l’arcade palmaire, conformément à la réglementation prévue par l’arrêté du 28 décembre 2009 relatif à la ponction artérielle. Après fermeture de la main afin de chasser le sang, les deux artères (radiale et ulnaire) sont comprimées simultanément pendant une minute environ. Après réouverture de la main et après décompression de l’artère ulnaire, la paume doit se recolorer en rouge en moins de 5 secondes, témoin d’une bonne circulation collatérale. Autre variante du test d’Allen, l’utilisation d’un oxymètre de pouls permet aussi d’évaluer la perméabilité des artères de la main après compression de celles-ci. La courbe de SpO2 ( pléthysmographie) va s’applatir lors de la compression des deux artères, lors de la levée de la compression de l’artère cubitale, la courbe va de nouveau se redessiner, témoin d’une circulation collatérale efficace.

Le prélèvement

L’installation du patient et du soignant est un facteur de réussite. Les règles d’asepsie sont très rigoureuses avec l’utilisation de gants stériles et d’antiseptiques. Le patient est installé confortablement, le bras en supination, tout en maintenant une dorsiflexion modérée du poignet grâce à un petit billot placé sous le poignet.

“L’installation du patient et du soignant est un facteur de réussite. ” ce geste à plusieurs reprises. En l’absence d’expérience, l’encadrement par un médecin est recommandé, la ponction étant plus profonde et la compression étant maintenue plus longtemps.

Le prélèvement

Plusieurs paramètres peuvent venir perturber les résultats de la gazométrie. *Il faut éliminer les bulles d’air de la seringue immédiatement (PaO2). *Il faut homogénéiser le prélèvement pour éviter la formation de petits caillots (même si la seringue est héparinée). *il faut noter la température du patient. *Il faut acheminer le prélèvement rapidement car le métabolisme cellulaire continue et les hématies risquent de s’hémolyser (↑K+).

D’un point de vue pratique …

Après repérage des pulsations de l’artère radiale, la ponction peut débuter. L‘aiguille est orientée selon un angle de 45° par rapport au plan de la peau, la pointe de l’aiguille face au courant artériel. Un retour franc et pulsatile de sang rouge doit être obtenu, la seringue à gaz du sang se remplissant toute seule. D’autres tubes à prélèvements sont connectés au besoin. Une fois l’aiguille retirée, une compression immédiate et franche de l’artère pendant 5 min avec une compresse est réalisée. Celle-ci est maintenue plus longtemps en cas de traitement anticoagulant. Un pansement compressif non circulaire est mis en place en absence de saignement.

Quelques mots sur la ponction artérielle fémorale La contre-indication absolue est la présence de matériel prothétique vasculaire (pontage aorto-fémoral…) et une pathologie vasculaire périphérique sévère. En cas de thrombose, il n’y a pas de circulation collatérale. De plus, il existe un risque plus élevé d’infection de la région du pli de l’aine très contaminée. Le repérage de l’artère fémorale est plus aisé, l’artère étant plus grosse. Elle est entourée du nerf fémoral (en externe) et de la veine fémorale (en interne). Une aiguille IM est utilisée de préférence (ponction plus profonde). Ce site de ponction sera réservé aux infirmiers ayant déjà effectué

• L a collaboration du patient est indispensable à la réussite de la ponction. • L’utilisation d’Emla (1 h 30 avant le geste) est recommandée pour les ponctions itératives. • Attention à l’utilisation de Kalinox ou Méopa (mélange équimolaire d’azote/oxygène), spécifier l’apport de 50% d’O2 sur la demande d’examen. • Lors d’un test de sevrage en oxygène, réaliser celui-ci 15 minutes avant le prélèvement. • Le débit d’oxygène en l/mn ou la FiO2 et la température sont notés sur la demande d’examen.

Laurence Piquard, infirmière anesthésiste – formatrice

Bibliographie Arrêté du 28 décembre 2009 relatif aux modalités de prélèvements par ponctions artérielles au niveau de l’artère radiale ou de l’artère fémorale en vue d’analyses de biologie médicale par le pharmacien biologiste 6 janvier 2010 - Journal Officiel de la République Française. Manuel Pratique d’anesthésie E. Albrecht, J.-P. Haberer, E. Buchser Edition Masson

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Atlas de poche d’anesthésie N. Roewer, H. Thiel - MédecineSciences Flammarion Réalisation d’une gazométrie pour les patients adultes – CHU Saint Etienne Dec 2008 La ponction artérielle : technique et prévention de la douleur C. Legrand, H. Guerrini Réanimation pédiatrique et néonatale – Hopital de Bicêtre - Nov 2003


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Le défi des soins aux

sourds

Poser un diagnostic, proposer un traitement, interpréter des résultats d’analyse, c’est bien compliqué quand le patient ne parle pas la langue des soignants. C’est le cas face aux personnes sourdes, qui représentent environ 8 % de la population. Pour répondre à leurs besoins de santé parasités par un fossé linguistique et culturel, des unités hospitalières spécialisées proposent un accueil spécifique.

C

«

ertains patients que nous recevons n’ont pas vu de médecin depuis 15 ans », constate le Dr Laetitia Esman, responsable de l’unité d’accueil et de soin en langue des signes au CHU de Toulouse. C’est dire si leur appréhension à consulter est forte. Ils ont souvent vécu des expériences douloureuses avec le monde de la santé : « certains ont été traités comme des objets ou ont subi une médecine quasiment vétérinaire », souligne le Dr Alexis Karacostas, psychiatre et responsable de l’Unité d’information et de soins des sourds à la Pitié Salpêtrière (Paris).

Il aura fallu l’émergence d’une épidémie aussi grave que celle du sida pour que la question des soins apportés aux personnes sourdes soit posée. « Elle touchait les sourds de plein fouet alors que les traitements et les messages de prévention de les atteignaient pas », se rappelle le chef de l’unité parisienne, la première consultation destinée à la population sourde, ouverte en 1995. D’autres ont suivi : il en existe 13 en France. Pas encore une par région ou inter-région comme le préconisait pourtant le rapport Gillot de 1998... Sur place, les patients rencontrent des équipes dont une des particularités réside dans leur capacité à communiquer en langue des signes (LSF). Dans ces unités, c’est la langue de travail, celles des consultations et des réunions. Soit les professionnels de l’unité disposent déjà d’un bon niveau

dès leur arrivée (c’est rare), soit ils doivent suivre des formations complémentaires. Une démarche bien compliquée car la formation est longue, observe Laetitia Esman, et qu’il s’agit là d’apprendre une langue aussi différente du français, finalement, qu’une langue étrangère basée sur des idéogrammes... La composition des unités se recoupe peu ou prou d’un lieu à l’autre. Outre les médecins, elles regroupent des professionnels paramédicaux, infirmières et aides-soignantes, des personnels d’accueil, des interprètes diplômés et parfois des dentistes, des assistantes sociales... Au moins l’un d’entre eux doit être sourd. Ces personnes sourdes, professionnels de santé ou non, remplissent une fonction absolument essentielle d’intermédiation. « Elles font le lien entre deux cultures, entendante et sourde, et permettent aux patients de s’approprier les soins et la thérapeutique », explique le Dr Esman. La seule « traduction » du langage médical en LSF par les médecins ou les interprètes ne suffit pas toujours. Les intermédiateurs assistent aux consultations les plus délicates ou en cas de grandes difficultés de communication. Ils reformulent les notions, vérifient si les patients les ont bien comprises, « sentent » mieux, du fait de leur expérience si un message est aussi bien reçu que ce qu’affirment les patients et montrent qu’on peut poser des questions aux médecins...

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En matière de contraception, de traitement du diabète, de prise de médicaments dans les pathologies cardio-vasculaires, comme dans bien des domaines, la compréhension est essentielle. Or le seul renouvellement d’une ordonnance ne relève pas de l’évidence quand on n’est pas à l’aise avec l’écrit. Et une sérologie négative est parfois accueillie de manière... négative ! Qu’elles soient linguistiques, culturelles, sociales, « il existe un univers de carences à prendre en compte », observe Alexis Karacostas. A la Pitié Salpêtrière, certains spécialistes (gynéco, diabéto...) ont ouvert des créneaux aux personnes sourdes, qui mobilisent également des interprètes et intermédiateurs. Ils se rendent aussi aux consultations organisées auprès d’autres spécialistes. Une organisation millimétrée assurée par l’infirmière de l’unité : elle doit faire coïncider les plannings du spécialiste, de l’interprète, de l’intermédiateur, d’un des médecins soignants de l’unité, parfois. Une prouesse ! Au moindre retard du spécialiste, tout est à reprogrammer... Une telle organisation et une telle complexité « demandent aussi de la bonne volonté de la part des médecins car cela bouscule les habitudes », souligne le Dr Karacostas.

“Certains sourds ont été traités

comme des objets ou ont subi une médecine quasiment vétérinaire

Si une hospitalisation doit être prévue les unités essaient d’anticiper. La présence de l’interprète et d’un intermédiateur est programmée environ deux fois par jour, notamment pendant le tour du médecin. Et les équipes sont briefées : « il ne faut pas surprendre les patients en entrant dans la chambre, par exemple. Frapper ne sert à rien, explique Laetitita Esman, mais on peut allumer la lumière, faire un signe de la main avant de s’approcher et s’adresser à eux de face. » Des précautions toutes simples, évidentes mais aussi un travail de sensibilisation important qui implique souvent les infirmières.n Olivia Dujardin

© BSIP


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Salaire infirmieR La France reste en queue de peloton Les chiffres du Panorama de la santé 2013 établi par l’Organisation de Coopération et de Développement Économiques établissent que le salaire infirmier en France a diminué par rapport au salaire moyen du pays.

E

n 2007, le salaire infirmier représentait 1,1 fois le salaire moyen en France. Il est désormais égal à celuici, sur les données de 2009 analysées par l’OCDE. Et chez nos voisins ? Le salaire infirmier représente 1,2 fois le salaire moyen en Espagne ou en Allemagne. Les IDE de Hongrie de République Slovaque touchent eux un salaire inférieur de 20 % au salaire de l’ensemble des travailleurs de ces pays. Un autre tableau d’analyse confirme cette tendance et la place médiocre de la France en matière de salaire infirmier : Afin de fournir une indication du « bien-être économique relatif des infirmiers comparativement à leurs homologues à l’étranger », le niveau de rémunération brut dans chaque pays a ainsi été converti en dollar américain, corrigé par les parités de pouvoir d’achat (PPA). Là encore, la France occupe la fin du classement, derrière ses voisins proches comme l’Italie, les Pays-Bas ou l’Allemagne. Il est délicat de se livrer à une analyse précise des différents indicateurs compilés tous les deux ans par l’OCDE, dans la mesure où les pays analysés ne sont pas tous les mêmes, et où les années de référence diffèrent entre Etats. De plus, la politique pré et post-crise de certains pays ont fortement influencé les salaires infirmiers. Ainsi, confrontés soit à une pénurie soit à une répartition géographique inégale, certains comme l’Italie, la République slovaque, la République tchèque ou la Hongrie ont significativement augmenté les salaires infirmiers entre 2005 et 2008. Passé cette période et face aux premiers effets de la crise économique, d’autres ont procédé à un gel des salaires des fonctions publiques, voire à une baisse de plusieurs points, comme en Grèce.

Toutefois même si la complexité socio-économique de chaque pays rend difficile toute comparaison fondée sur les quelques critères OCDE, on relève toutefois un effritement constant du salaire infirmier en France par rapport au salaire moyen. n Thomas Duvernoy

1,4 1,4 1,3 1,2 1,2 1,2 1,2 1,1 1,1 1,1 1,1 1,1 1,1 1,1 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0 1,0 0,9 0,8 0,8

Luxembourg Israël États-Unis Grèce Espagne Australie Allemagne Pologne Canada Belgique Irlande Japon Danemark Rép. tchèque Italie Norvège Slovénie Estonie Pays-Bas Finlande France Royaume-Uni Rép. slovaque Hongrie 0,0

0,5

ActuSoinS  12  Numéro 11  DÉCEMBRE 2013

1,0

1,5

Rémunération des infirmiers à l’hôpital par rapport au salaire moyen, 2011 (ou année la plus proche) – OCDE

2,0



Actusoins • vie professionnelle

Secret

professionnel : quelles sont les règles à respecter ? Si à l’origine la loi faisait référence au secret médical, le respect de ce secret a rapidement été étendu à l’ensemble des professionnels de santé.

L

e secret professionnel, défini par la loi, s’applique aux infirmiers et étudiants en soins infirmiers, qui ont eu connaissance d’informations concernant leurs patients. Il se rapporte à tout ce qui leur a été confié, à ce qu’ils ont lu, entendu, constaté et compris. « La définition est donc très large », rapporte Nicolas Gombault, directeur général du Sou Médical de la MASCF. « Il s’agit d’une obligation générale et absolue, qui concerne même ce qui n’a pas été confié de manière expresse. Cela exige énormément de prudence de la part des professionnels de santé. » Derrière le secret professionnel se cache un objectif de santé publique car « si le patient n’est pas certain que ce qu’il va confier ne sera pas divulgué, alors le risque est qu’il ne se confie plus », souligne-t-il.

“ L’obligation de secret professionnel ne connait aucune limite dans le temps. ”

A ce jour, très peu de contentieux sont dirigés à l’encontre des infirmiers. Mais ils doivent rester prudents et, en libéral, ne pas oublier de toujours demander l’accord du patient avant de transmettre des informations aux autres professionnels de santé. D’ailleurs, souvent, le Conseil national de l’Ordre national des infirmiers est amené à leur faire des

rappels à la loi. Face à la complexité de l’application des règles relevant du secret professionnel, Karim Mameri, secrétaire général de l’Ordre infirmier, et Yann de Kerguenec, directeur juridique, font le point sur le comportement que doivent adopter les infirmiers afin de le respecter au mieux.

Que se passe-t-il en cas de violation du secret professionnel par l’infirmière ? La violation du secret professionnel est un délit donc une infraction pénale. Le code pénal prévoit que « la révélation d’une information à caractère secret par une personne qui en est dépositaire, soit par état, soit par profession, soit en raison d’une fonction ou d’une mission temporaire, est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende ». Cette sanction ne se limite pas à celui qui transgresse le secret lié à sa profession, elle peut également s’appliquer à ceux qui incitent à cette transgression. Il s’agit également d’une faute disciplinaire au regard de la déontologie de l’infirmière et des obligations du fonctionnaire si l’infirmière exerce dans le secteur public. En droit du travail, la violation du secret professionnel peut constituer une cause réelle et sérieuse de licenciement. Enfin, la révélation par un infirmier d’une information couverte par le secret professionnel peut aussi revêtir la

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qualification de faute professionnelle appelant une sanction de la chambre disciplinaire de l’Ordre : avertissement, blâme, interdiction temporaire avec ou sans sursis, radiation du tableau, sont prévus par le code de santé publique.

Quelles sont les obligations des infirmières lorsqu’elles sont tenues informées, par leur patient, que celui-ci a commis un crime ou un délit ? La loi autorise l’infirmier à révéler certaines informations normalement couvertes par le secret professionnel, mais il n’en a pas l’obligation. Ainsi, le secret professionnel n’est pas applicable à celui qui informe les autorités judiciaires, médicales ou administratives de privations ou de sévices, y compris lorsqu’il s’agit d’atteintes ou mutilations sexuelles, dont il a eu connaissance et qui ont été infligées à un mineur ou à une personne qui n’est pas en mesure de se protéger en raison de son âge ou de son incapacité physique ou psychique. Idem pour celui qui informe le préfet du caractère dangereux pour elles-mêmes ou pour autrui des personnes qui les consultent et dont ils savent qu’elles détiennent une arme ou qu’elles ont manifesté leur intention d’en acquérir une. La révélation est une obligation, sauf pour les personnes tenues au secret, parmi lesquelles les professionnels de santé. Toutefois, la liberté dont dispose l’infirmier pour décider de faire un signalement n’est que relative puisque le code pénal prévoit que quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un délit contre l’intégrité corporelle de la personne, et qu’il s’abstient de le faire est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende.

Dans le cadre d’une procédure judiciaire où l’infirmière est citée à comparaître, comment savoir ce qui relève du secret professionnel et ce qui peut être communiqué à la Cour ?

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Toutes les informations que l’infirmière a pu acquérir au cours de l’exercice de sa profession sont couvertes par le secret professionnel. Elles

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ne peuvent lui être demandées en témoignage devant une juridiction. Interrogée ou citée comme témoin, l’infirmière doit certes se présenter, prêter serment mais doit refuser de témoigner en invoquant le secret professionnel. L’accord ou la demande du patient ne saurait la délier du secret. En revanche, l’infirmière peut témoigner dans des affaires de sévices à mineurs ou personnes vulnérables qu’elle a constatés. Enfin, une infirmière peut estimer devoir témoigner en justice si son témoignage peut empêcher de condamner un innocent mais elle n’y est aucunement tenue puisque le code pénal exonère les personnes tenues au secret professionnel.

Quelle est la règle pour le respect du secret professionnel concernant un mineur face à ses parents ? Dans ce domaine, la place de l’infirmier n’est pas précisée, mais le CNOI considère que l’infirmier ne peut pas faire le contraire de ce que la loi impose au médecin. Il est prévu que le médecin peut se dispenser d’obtenir le consentement du ou des titulaires de l’autorité parentale sur les décisions médicales à prendre lorsque le traitement ou l’intervention s’impose pour sauvegarder la santé d’une personne mineure, si jamais cette personne s’oppose à la consultation du ou des titulaires de l’autorité parentale afin de garder le secret sur son état de santé. Toutefois, le médecin doit dans un premier temps s’efforcer d’obtenir le consentement du mineur à cette consultation. Dans le cas où le mineur maintient son opposition, le médecin peut mettre en œuvre le traitement ou l’intervention à l’égard du mineur qui se fait alors accompagner d’une personne majeure de son choix.

santé, les informations la concernant sont réputées confiées par le malade à l’ensemble de l’équipe. Les informations concernant une personne prise en charge par un professionnel de santé au sein d’une maison ou d’un centre de santé sont réputées confiées par la personne aux autres professionnels de santé de la structure qui la prennent en charge, sous réserve du recueil de son consentement exprès, et de l’adhésion des professionnels concernés au projet de santé. La personne, dûment informée, peut refuser à tout moment que soient communiquées des informations la concernant.

Est-ce qu’une fois à la retraite, l’infirmière est toujours tenue au respect du secret professionnel ? L’obligation de secret professionnel ne connait aucune limite dans le temps. Par exemple, le secret perdure après le décès du patient si bien que la loi a fixé limitativement les dérogations au secret professionnel concernant le patient décédé. Ainsi, le secret médical ne fait pas obstacle à ce que les informations concernant une personne décédée soient délivrées à ses ayants droit, si elles leur sont nécessaires pour leur permettre de connaître les causes de la mort, de défendre la mémoire du défunt ou de faire valoir leurs droits, sauf volonté contraire exprimée par la personne avant son décès. Par ailleurs le code de procédure pénale prévoit que la prescription d’un délit est de trois ans. De ce fait, l’infirmière qui a révélé des informations couvertes par le secret professionnel ne peut plus faire l’objet de poursuites au-delà de trois ans révolus à compter de la révélation. Mais cela ne l’affranchit pas de sanction disciplinaire. n

La coopération entre les professionnels de santé et le partage d’informations qui en résulte ne risquent-ils pas de mettre à mal le respect du secret professionnel ?

Propos recueillis par Laure Martin

Selon le code de la santé publique deux ou plusieurs professionnels de santé peuvent, sauf opposition de la personne dûment avertie, échanger des informations relatives à une même personne prise en charge, afin d’assurer la continuité des soins ou de déterminer la meilleure prise en charge sanitaire possible. Lorsque la personne est prise en charge par une équipe de soins dans un établissement de

Attention à vos propos sur les réseaux sociaux ! Cela peut paraitre une évidence et pourtant, des infirmiers se sont déjà faits sanctionnés pour avoir parlé d’un patient sur Twitter ou même pris une patiente en photo et l’avoir diffusée sur Facebook. Petit rappel : il est possible de parler des patients sur les réseaux sociaux mais la règle d’or à respecter : ANONYMAT du patient. L’infirmier est responsable de ce qu’il publie.

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Accro au café ? Continuez !

Alliés indispensables des petits matins ou des breaks quotidiens, le petit noir et l’allongé nous rendent souvent accro. Et le terme ne doit pas être pris à la légère : car le café est bien une drogue. Heureusement dotée de nombreuses vertus…

L

e café a beau être au pied dans l’échelle des addictions, dominé par l’héroïne, il doit être considéré comme une drogue. En cause, son principal constituant : la caféine. « Comme toutes les substances addictives, la caféine stimule le circuit cérébral de la récompense » explique Jean Costentin, professeur émérite de pharmacologie et auteur du livre « Café, thé, chocolat : les bienfaits pour le cerveau et pour le corps ». En clair, « la caféine provoque la libération de dopamine au niveau du cerveau, véritable molécule du plaisir et du bien-être ». L’addiction s’explique par la volonté du sujet à reproduire cette sensation. « La seule chose qui le différencie des autres drogues, c’est le mécanisme responsable de cette décharge et son intensité ». Voilà pour la dépendance physique. Quant à la dépendance psychique, elle existe, même si les symptômes de l’abstinence sont généralement discrets. « Le mal de tête ou l’humeur maussade du dimanche matin ne sont pas toujours liés aux excès de la veille, mais s’expliquent souvent parce qu’on n’a pas bu autant de café la veille que le reste de la semaine » prévient le spécialiste. Il suffit donc de “reprendre” sa dose habituelle et d’attendre 20 à 30 minutes (à jeun) pour en ressentir les effets durant 4 ou 5 heures. Et que les buveurs effrénés de thé ne se sentent pas étrangers à la question : théine et caféine ne font qu’un… La force du café (même léger) ne tient pas seulement à ce pouvoir addictif. La caféine a des effets physiologiques reconnus : elle stimule la vigilance, l’éveil, la réactivité, l’attention… jusqu’à un seuil au dessus duquel, des effets moins agréables peuvent survenir : troubles du sommeil, anxiété. « Mais généralement, le buveur de café connaît intuitivement sa dose optimale et ne va pas au-delà » souligne Jean Costentin. Reste quelques inconvénients : « la caféine augmente légèrement la calciurie, ce qui suggère de modérer le café chez

les femmes ayant de l’ostéoporose, à moins d’en compenser l’effet par un produit laitier. Elle provoque aussi un léger effet hypertenseur et tachycardisant. Enfin, les effets psychotropes de la caféine demandent à en limiter la consommation chez le sujet psychotique ou anxieux. »

Des vertus non caféinées

On fait grand cas de la caféine, mais le café est un mélange de plus de 400 composants. Parmi eux, d’autres ont aussi des effets sur la santé. Il y a d’abord les huiles qui irisent les cafés turcs ou autre cafés non filtrés : les deux

“ Que les buveurs effrénés de thé ne

se sentent pas étrangers à la question : théine et caféine ne font qu’un… terpènes en cause, la cafestol et le cahweol, ont un léger effet hypercholestérolémiant. Mieux vaut donc passer aux cafés filtrés ou aux expressos quand la dyslipidémie n’est pas normalisée. Il y a ensuite les polyphénols qui, comme dans le thé, captent les radicaux libres, agissent contre le vieillissement cellulaire et auraient un léger effet protecteur contre les maladies neurodégénératives. Au final, le café semble bien plus bénéfique que néfaste pour la santé. Alors, comment prendre sa dose ? En préférant l’arabica au robusta, et le café filtre à l’expresso. « Ce dernier concentre les arômes et la couleur, mais pas la caféine qui est lentement extraite » rapporte le pharmacologue. n

Caroline Guignot – Pharmacienne – Journaliste

© fotolia

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S’auto-défendre contre les agressions Les infirmières et les soignants doivent de plus en plus affronter des situations violentes. C’est le constat que fait Alain Perrier, directeur de Scope Santé Sécurité qui propose une formation au self-défense.

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«

ne infirmière peut se servir d’un chariot, d’un pied de perfusion ou même d’un porte-manteau pour se défendre physiquement, chercher à neutraliser l’agresseur, se protéger le temps d’attendre que les forces de l’ordre ou des vigiles interviennent », explique Alain Perrier, fondateur de Scope Santé Sécurité, infirmier pendant plus de vingt ans et désormais formateur. Il enseigne le secourisme, le soin en milieu isolé ou hostile à des alpinistes ou randonneurs de l’extrême, l’oxygénothérapie,… mais aussi une méthode de self-défense qui s’inspire notamment du krav-maga israélien. Cette formation d’une journée – ou plus selon les besoins – inclut un rappel sur la légitime

“ Les directeurs d’hôpitaux ont peur que les

urgences se transforment en ring alors qu’il s’agit d’apprendre à se protéger. © Scope Santé Sécurité

défense. Les trois formateurs sont infirmiers en psychiatrie et instructeurs en self-défense. A Albertville, en Savoie le 9 novembre, à Marseille, au mois d’août,… La violence envers les soignants augmente. « Les soignants qui m’appellent pour se renseigner ont souvent été eux-mêmes victimes ou ont assisté à une agression»,

affirme Alain Perrier qui a mis cette formation au programme depuis la création de la société, en 2010. « Les demandes de devis explosent depuis un an. Ce qui ne veut pas dire que cela se concrétise. Les directeurs d’établissements sont très réticents et ont tendance à privilégier le dialogue pour désamorcer les tensions. Ils ont peur que les urgences se transforment en ring alors qu’il s’agit d’apprendre à se protéger. Ils ont tendance à oublier qu’ils sont responsables de la sécurité du personnel », indique-t-il.

Une forte demande des soignants

Mais sans la caution de la hiérarchie, cette formation ne peut se faire « car nous travaillons sur le terrain, en prenant en compte la particularité de chaque service et la configuration des locaux. C’est également nécessaire afin que le soignant n’ait pas peur de se défendre, d’être ensuite désapprouvé. L’avantage est également psychologique : le fait d’être face à quelqu’un qui n’a pas peur inhibe l’agresseur. Le contraire favorise le passage à l’acte », ajoute ce formateur. Dernièrement un hôpital s’est décidé en vingt-quatre heures. « Il y a probablement eu une forte pression, un événement déclencheur », souligne Alain Perrier. Plus étonnant : un hôpital militaire a récemment fait appel à ses formations ! A Limoges, la recette est appliquée depuis plusieurs années et 90 % du personnel est formé par un médecin, le Dr Dominique Grouille et un infirmier et professeur de karaté, François Smolis. Certes, ce n’est pas la solution aux agressions, juste une parade. « La solution, tout le monde la connaît mais elle n’est pas appliquée. Il faudrait que les urgences ne soient plus l’interface entre l’hôpital et l’extérieur, que les problèmes se règlent en amont avec une vraie régulation », estime Alain Perrier. n Cyrienne Clerc

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Se spécialiser une plus-value en manque de reconnaissance De plus en plus d’infirmières se spécialisent par passion comme Isabelle Fromantin, spécialiste des plaies tumorales à l’Institut Curie. Reconnues sur le terrain, elles attendent encore une reconnaissance et un statut.

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«

e ne voulais pas faire de thèse, mais de la recherche », se souvient Isabelle Fromantin. Cette autodidacte a finalement soutenu en 2012 une thèse de sciences, vingt après avoir décroché son diplôme d’infirmière. C’est la « révolte » qu’elle ressent face à une femme atteinte d’une plaie tumorale du sein qui donne l’impulsion à son parcours. La passion du métier et son engagement auprès des patients la conduisent à développer une véritable spécialisation dans le traitement des plaies et cicatrisations, et plus particulièrement celles du cancer du sein. En 2000, forte de cette expertise, elle tient à Curie l’une des premières consultations infirmières mises en place en France. « J’ai commencé par des sujets de recherche simples à partir de mes observations en consultation, à partir de l’échange avec les professionnels du service. Le fait que la recherche fasse partie du quotidien de l’institut Curie a certainement facilité les choses », admet-elle. Car ni les médecins, ni les chercheurs, ni les autres infirmières n’ont mal vécu ou critiqué cet engagement. C’est même un praticien et un directeur de l’établissement qui lui suggèreront de pousser jusqu’à la thèse. « Cela m’a demandé beaucoup de volonté pendant trois ans car j’ai dû faire un master 2 puis concilier la recherche avec mon activité de soins », ajoute Isabelle Fromantin.

Quelle reconnaissance sur le terrain ?

Isabelle Fromantin n’est pas un cas isolé. « On voit une vraie émergence de la spécialisation des infirmières », reconnaît Chantal Aymard, infirmière et maître de conférences en

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© Alexandre Lescure/Institut Curie


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sciences de l’éducation à l’université Aix Marseille. Pour beaucoup, l’expertise s’acquiert sur le tas à partir de l’expérience, même si les diplômes universitaires, thèses, masters,… sont des alternatives de plus en plus prisées. Mais ces expertes doivent ensuite gagner leurs galons sur le terrain. « Cela dépend beaucoup des personnes et des établissements. Si de plus en plus d’hôpitaux reconnaissent cette plus-value, c’est loin d’être généralisé et dans certaines équipes, le clivage est réel entre médecins et infirmières autour d’expertises partagées », regrette l’enseignante. « A titre personnel, j’ai fait évoluer mon approche de la recherche et mon expertise reste reconnue en interne », souligne Isabelle Fromantin qui ne tire aucune fierté particulière de son parcours, si ce n’est celle d’être investie au plus près des patientes. Il n’existe en effet pas de reconnaissance statutaire ou pécuniaire pour des profils comme le sien. Si cette thésarde a passé le pas, c’est par passion pour son métier et par souci d’apporter des réponses aux impasses rencontrées par certains de ses patients : « je ne suis pas une super infirmière, je suis juste une infirmière hyperspécialisée. Nous sommes de plus en plus dans ce cas, et j’espère que ce mouvement va se poursuivre ».

Des freins persistent

Pour Irène Kriegel, anesthésiste réanimateur qui côtoie Isabelle Fromantin à l’institut Curie, « l’expertise acquise au côté de l’équipe médicale s’intègre sans doute plus facilement dans le quotidien qu’une expertise portée par un diplôme. La légitimité des infirmières expertes se fera sur le terrain. Mais il faudrait l’accélérer, par exemple en mettant en place des bonifications ou des postes pour celles qui ont des expertises spécifiques », estime-t-elle. Plus largement, « c’est un changement de mentalité qui fait passer l’infirmière d’une position où elle applique la consigne d’un médecin à celle où chacun occupe une place complémentaire », ajoute Irène Kriegel. La révolution

des mentalités n’est pas encore faite. La France est, sur ce point, un peu en retard par rapport à des pays comme le Canada ou la Suisse. « Notre principal handicap, ajoute-t-elle, est l’absence d’universitarisation de la profession. Cela dit, la France a fait un grand pas vers la reconnaissance de l’expertise infirmière ces dernières années ». Des rapports récents – comme le rapport Berland – ont mis en lumière la nécessité de passer à des modèles de transferts de tâche et de coopération interprofessionnelle. L’élan porté par les programmes hospitaliers de recherche infirmière ou encore la masterisation ont déjà permis l’émergence de l’infirmière de pratiques avancées (IPA). Si l’expertise infirmière est généralement reconnue dans l’environnement où elle est née, elle manque encore d’une reconnaissance officielle : « nous avons un système rigidi-

“ C’est un changement de mentalité qui fait

passer l’infirmière d’une position où elle applique la consigne d’un médecin à celle où chacun occupe une place complémentaire.

fié par une législation coercitive qui permet difficilement de faciliter des évolutions de pratiques et de mentalités », regrette Irène Kriegel. Au niveau juridique, l’absence de statut spécifique entraîne des interrogations sur les responsabilités effectives dans le cadre de tâches déléguées à une infirmière experte. Pour Chantal Aymard, « tant que l’incertitude liée à ce statut persistera, les choses n’évolueront probablement pas suffisamment ». n

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Caroline Guignot



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Faire fonction de cadre : Continuez ! Faire fonction : un passage obligé avant de devenir cadre ? C’est souvent un argument avancé lorsqu’un tel poste est proposé… et par bien des infirmières qui les acceptent. Cette étape, si elle est bien encadrée, leur permet souvent d’affiner leur projet professionnel. Exemples.

A

urélien nourrit le projet de devenir cadre depuis ses études à l’IFSI, en 2006-2009. Il était attiré par le management, l’organisation... « Mais c’est arrivé plus vite que je le pensais, seulement quatre ans après mon DE », commente-t-il. Au début de l’année, quand il postule pour changer de service, sa cadre lui propose de faire fonction dans une autre unité, en long séjour. Elle avait sûrement remarqué qu’il faisait partie de tous les groupes de travail et de plusieurs commissions... « Je me suis donné quasiment un mois pour me décider, poursuit Aurélien. Je craignais de ne pas avoir encore assez d’expérience. » Marie, cadre depuis mars 2013, n’a pas hésité lorsqu’on lui a proposé un tel poste. « J’étais en période de mutation et j’aspirais à orienter ma carrière vers un poste de cadre », raconte-t-elle. Le défi se révèle important : il s’agissait de faire fonction de cadre dans le service où elle travaillait déjà... pendant un déménagement, imminent, et une fusion avec une autre unité ! « J’avais envie de ce poste... et aussi de vérifier que c’était bien l’orientation que je voulais prendre. Je ne me voyais pas tenter le concours sans connaître les réalités de la fonction », ajoute-t-elle.

Pour beaucoup, faire fonction est donc un moyen de « tester » la fonction avant de choisir, ou pas, de préparer le concours d’école des cadres. Cela permet de se frotter aux questions administratives, aux réalités financières, aux nouveaux rapports avec les autres soignants (et avec les cadres !)... Marie ne faisait pas partie du service depuis longtemps : son changement de fonction n’a pas modifié ses relations anciennes avec ses collègues. Idem pour Aurélien, faisant

“ Pour beaucoup, faire fonction est donc un moyen de « tester » avant de choisir. ”

fonction dans un nouveau service. Il joue la carte de la proximité et se rend disponible en cas de besoin. Comme Marie : « Je reste infirmière, affirme-t-elle. J’ose mettre un tablier et une paire de gants pour aider à faire une toilette si l’équipe est en difficulté. On me demande encore parfois de perfuser un patient. » Financièrement, ils y ont perdu, malgré une petite prime. Mais l’expérience a de toute façon décidé Marie et Aurélien, soutenus par leur hiérarchie, à passer le concours de l’école des cadres. Elle a intégré une prépa, puis l’IFCS et obtenu son diplôme fin 2012. Lui se prépare seul, comme pour l’IFSI, au prochain concours d’entrée. Ni l’un ni l’autre ne regrette d’être passé par une étape intermédiaire. « Cela permet de se rendre vraiment compte de ce qu’est le travail du cadre, explique Marie, de ce que c’est d’être entre les équipes et la direction et de se positionner. » Aurélien se rappelle : « quand on est infirmier, on se demande ce que peut faire un cadre dans son bureau. Maintenant je sais qu’on n’arrête pas une minute et que monter un projet, ça prend du temps. ». n

© BSIP

Olivia Dujardin

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Actusoins • vie libérale

Convention la politique des petits pas Cotisations, envoi dématérialisé des ordonnances… Après deux mois de négociations, les infirmières libérales ont obtenu de petites avancées.

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uvertes le 18 octobre dernier, les négociations entre l’assurance maladie et les syndicats d’infirmiers libéraux concernant l’avenant n°4 de la convention libérale se sont conclues par deux mesures qui contentent le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil). En revanche l’Organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux (Onsil) a refusé de signer le texte. « L’Uncam a refusé de discuter de la suppression de la démarche de soins infirmiers (DSI) et de la mise en place de la consultation infirmière », explique ce syndicat. Principale avancée : dorénavant, sur les cotisations Urssaf, les infirmières libérales bénéficieront de la généralisation du paiement de 0,11% de charges sociales pour tout acte, qu’il soit remboursé au patient, réalisé en tiers payant ou effectué au sein d’une structure d’Hospitalisation à domicile (HAD), de Services de soins infirmiers à domicile (Ssiad) ou d’ Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD),.. Jusqu’à ce jour, les infirmières libérales réalisant des actes au sein de ce type de structures étaient redevables de 9,81 % de cotisations sociales. Mais certains points n’ont pas été éclaircis, précise l’Onsil.

Deuxième petit pas : à l’instar des masseurs-kinésithérapeutes, orthophonistes, orthoptistes et sages-femmes, l’avenant n°4 prévoit la mise en place d’une expérimentation de scannérisation et d’envoi dématérialisé des ordonnances, un projet vise le « zéro papier ».

Vers le zéro papier Indemnisée à hauteur de 300 euros, cette expérimentation pourrait concerner près de 5 % de la population des IDELs ; elle prend effet dès maintenant. Au terme de l’expérimentation, la commission paritaire nationale se prononcera sur sa généralisation. « Les infirmières libérales percevront alors 90 €/an pour la dématérialisation des pièces justificatives liées à la facturation », indique le Sniil. Cette disposition est

“ la mise en place d’une expérimentation de

scannérisation et d’envoi dématérialisé des ordonnances, un projet qui vise le « zéro papier » déjà opérationnelle depuis longtemps chez les pharmaciens « Nous fixer les mêmes tarifs d’aide à la télétransmission que ceux accordés aux autres professionnels de santé serait inéquitable, car nous avons beaucoup plus de feuilles de soins à télétransmettre », estimait Annick Touba, présidente du Sniil, lors de l’ouverture des négociations. Pour Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), «la transmission par scannérisation n’est pas l’idéal, contrairement à la dématérialisation de la prescription à la source c’est-à-dire par le prescripteur. Néanmoins, le projet de l’assurance maladie peut faire gagner du temps si les infirmières disposent d’un bon scanner ». De son côté, l’Onsil estime que « les infirmières qui ne télétransmettront pas seront les plus sanctionnées parmi toutes les professions de santé ». n Cyrienne Clerc et Laure Martin © shironosov

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Actusoins • vie libérale

DASRI

comment les supprimer ?

Producteurs de Déchets d’activité de soins à risques infectieux (DASRI), les infirmiers libéraux sont responsables de leur élimination. Mais quelles sont les étapes à respecter ?

L

e code de santé publique impose aux infirmiers libéraux d’assurer la bonne élimination des déchets solides et liquides qui résultent de leurs actes professionnels sinon, ils peuvent encourir deux ans d’emprisonnement voire plus, ainsi qu’une amende de 75 000 euros.

libéraux (Onsil). Ils peuvent sinon les amener à des points d’apports volontaires (centres de regroupement) regroupant et entreposant les déchets de soins provenant de producteurs multiples. « Mais tous les infirmiers libéraux n’en ont pas à côté de chez eux », précise la présidente.

Les DASRI regroupent les « déchets issus des activités de diagnostic, de suivi, ou de traitement curatif, préventif, ou palliatif dans les domaines de la médecine humaine ou vétérinaire ». Ils présentent un risque infectieux et de contamination pour l’homme et l’environnement, et nécessitent de ce fait un traitement particulier.

Contrairement aux sociétés spécialisées, les apports volontaires (laboratoires, déchetteries habilitées, hôpitaux, pharmacies) ne se déplacent pas au domicile pour collecter les DASRI. Les libéraux peuvent y apporter leurs déchets dans leur propre véhicule uniquement si le poids ne dépasse pas 15 kg.

Il existe deux catégories de DASRI. Les Piquants, Coupants, Tranchants (PCT) comme les seringues, aiguilles, lames de rasoir ou bris de verre, qui doivent être collectés dans des « boites jaunes » ou mini collecteurs pour déchets perforants, à usage unique certifiés NFX 30-500. Les déchets mous comme les pansements, les compresses ou encore les cotons, doivent quant à eux être collectés dans des sacs normalisés. Les autres déchets non-souillés, considérés comme étant sans danger, sont assimilables aux ordures ménagères, sauf en cas de contact avec des DASRI, ils devront alors être traités de façon identique.

La corvée de l’élimination

“ Pourquoi ne pas faire en sorte que

chaque commune mette à disposition des poubelles pour ces déchets ? Problème : « Nous transportons ces déchets dans nos voitures personnelles, celles-là même où ensuite nous mettons nos courses et les jouets de nos petits-enfants, dénonce Béatrice Galvan. Et l’été, avec la chaleur, l’odeur peut être insupportable. Il faudrait envisager un autre système. Pourquoi ne pas faire en sorte que chaque commune mette à disposition des poubelles pour ces déchets ? » n

Si la production des DASRI est inférieure ou égale à 5 kg/ mois - ce qui est le cas de bon nombre de cabinets puisque les infirmiers libéraux en produisent entre 15 et 50 kg par an - ils peuvent simplement entreposer leurs conteneurs fermés dans un endroit tenu à l’écart des sources de chaleur pour une durée maximale de trois mois.

Laure Martin

Pour des quantités supérieures à 5 kg/mois, les conteneurs doivent être entreposés dans une zone réglementée. Les infirmiers peuvent confier leurs déchets à une société spécialisée dans la charge de la collecte, du transport et de l’élimination de ces déchets. « Une solution qui coûte environ 50 euros par mois », fait savoir Béatrice Galvan, présidente de l’Organisation nationale des syndicats d’infirmiers

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Actusoins • vos droits

Je travaille dans un service d’Urgence réputé «difficile». Après des incidents, toute l’équipe soignante a décidé de changer les badges nominatifs pour des badges en bois affichant seulement le prénom et la fonction. Notre DRH nous ordonne de reporter notre identité complète. Est-ce réellement une obligation ?

Cette question aborde à la fois le devoir d’obéissance hiérarchique et la levée de l’anonymat des fonctionnaires. En application des dispositions de l’article 28 de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires : «Tout fonctionnaire, quel que soit son rang dans la hiérarchie…. doit se conformer aux instructions de son supérieur hiérarchique, sauf dans le cas où l’ordre donné est manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public…» Dans le cas présent, la demande tendant à faire apparaître l’identité complète n’est pas illégale et ne compromet pas gravement un intérêt public. Il a en outre été jugé que la contestation des consignes d’accueil et de l’organisation mise en place par la direction d’un établissement public se heurtait nécessairement au principe d’irrece-

vabilité des recours des agents du service public contre une mesure d’organisation du service (Conseil d’Etat, arrêt du 26 oct. 1956). Par ailleurs, la volonté d’améliorer la transparence administrative, ces dernières années, a non seulement conduit le législateur à faciliter et étendre l’accès aux documents administratifs mais également à lever l’anonymat des agents publics. Si cette levée de l’anonymat concernait initialement les services de l’État (décret 28 novembre 1983), elle a ensuite été étendue aux collectivités territoriales, aux établissements publics administratifs et aux organismes de Sécurité sociale. Désormais, selon la circulaire DSS n°2002-56 du 30 janvier 2002, « toute personne en relation avec un établissement public à caractère administratif a le droit de connaître le prénom, le nom, la qualité et l’adresse administrative de l’agent chargé d’instruire sa demande ou de

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traiter l’affaire qui la concerne ». L’absence de ces indications ne pourra être justifiée que par des motifs tirés de la « sécurité publique » ou de la « sécurité des personnes », toutes notions qui demeurent soumises à l’appréciation du juge. La circulaire d’application rédigée à l’attention des directeurs d’établissements ajoute d’ailleurs : « Au-delà des obligations expressément prévues par l’article 4, je vous invite à examiner les autres modalités pratiques, notamment en matière d’accueil téléphonique, de signalétique des locaux, d’identification des agents en contact avec le public, que la mise en oeuvre de cet article pourra appeler, en fonction des caractéristiques propres aux services relevant de votre domaine de compétence ». n

Gilles Rivallan, juriste MACSF



Actusoins • Portrait

© DR

CHAPO

Philippe Collin de la seringue au bistouri ActuSoinS  32  Numéro 11  DÉCEMBRE 2013


Actusoins • Portrait

« Quand on veut, on peut, et quand on peut, on doit ». Philippe Collin répète souvent cette devise à ses quatre enfants. Et pour cause, il se l’est appliqué à lui-même tout au long de son parcours professionnel. A force de travail et de passion, ce bachelier littéraire est ainsi devenu infirmier puis chirurgien.

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e son propre aveu, rien ne le prédestinait à un tel parcours. Le bac L en poche, Philippe Collin a d’abord tatonné, cherchant sa voie autour du sport : « j’ai passé le concours de professeur de sport, que j’ai raté. J’ai donc pensé rester en contact avec ce milieu en devenant kiné ». A l’époque, l’AP-HP proposait un concours commun à plusieurs spécialités paramédicales : « je voulais kiné, mais j’ai eu infirmier ». Pas de déception, pourtant. Au contraire, une véritable découverte de l’univers du soin. « C’était vraiment une très bonne expérience, le métier m’a beaucoup plu ». Mais en troisième année arrive le déclic. «J’étais en stage aux urgences et j’ai demandé à assister à une opération de chirurgie orthopédique. Ça a été une révélation. Dès cet instant, j’ai commencé à penser à devenir médecin, tout en restant persuadé que ce serait impossible : je me souvenais des bacheliers scientifiques qui avaient raté le concours alors que je n’avais qu’un bac littéraire ». Philippe Collin change pourtant d’avis quelques semaines plus tard, à l’occasion d’un cours donné aux externes en médecine dans le service où il est en stage. « J’ai demandé à y assister, et je me suis rendu compte que le contenu était compréhensible, accessible ». La faculté de Bobigny propose alors un parcours de formation médicale expérimentale dans lequel le concours est aménagé pour accueillir les paramédicaux, avec peu de cours de maths ou physique, mais des cours d’anthropologie, de sociologie... et un système de points prenant

en compte la pratique professionnelle. Philippe Collin se donne un an pour réussir. Il enchaîne les cours à la fac la journée et le métier d’infirmier la nuit. Et il décroche le concours. Plus tard, c’est avec la même volonté qu’il décrochera facilement l’internat et choisira la chirurgie orthopédique. Aujourd’hui, il exerce à la clinique rennaise Saint Benoît en tant que spécialiste de l’épaule ; une spécialité dans laquelle il côtoie beaucoup de sportifs professionnels. Il conserve aussi une activité de recherche clinique pour laquelle il a été récompensé par un prix décerné en début d’année au Congrès international de chirurgie de l’épaule. Au cours de son parcours, le spécialiste reconnaît que tout le monde a été bienveillant : « durant les quatre premières années de médecine au cours desquelles je continuais de travailler, mes collègues infirmiers m’ont vraiment aidé et soutenu, notamment lorsque j’étais fatigué. Les médecins aussi étaient très compréhensifs ». Aujourd’hui de l’autre côté de la barrière, il n’exprime qu’une déception : celle de n’avoir pas réussi à rompre la barrière qui sépare le corps médical du paramédical.

“Il enchaîne les cours à la fac la journée et le métier d’infirmier la nuit ”

« Mais je reste très disponible, je fais en sorte d’instaurer un dialogue avec les infirmiers, et de toujours expliquer. Je veux vraiment démystifier l’aspect médical, le rendre clair et accessible comme cela m’a été donné de le voir. En réalité, j’ai rencontré beaucoup d’infirmiers qui avaient la capacité de devenir médecin. C’est un parcours difficile, mais il ne faut pas se fermer de portes si on en a vraiment envie ». Certains ont d’ailleurs franchi le pas, avec succès.

De son parcours soignant, Philippe Collin se sent-il plus proche de ses patients que les autres chirurgiens ? « Ce n’est pas à moi de le dire. C’est vrai que plus le métier est technique et moins le spécialiste est bavard ! Mais je pense que mon parcours infirmier dans des services comme la gériatrie ou la psychiatrie m’a apporté une certaine expérience de l’approche des patients »... et la preuve que « l’émerveillement et l’épanouissement sont les deux vrais moteurs pour avoir envie de bosser et réussir ». n

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Caroline Guignot


Actusoins • soignants d’ailleurs

Infirmières au,

NICARAGUA,

les autres victimes d’un système de santé défaillant Deuxième pays le plus pauvre d’Amérique centrale après Haïti, le Nicaragua possède un système de santé en déliquescence, et très mal réparti sur l’ensemble du territoire. Miriam Ortiz Alvarado, 57 ans, est la seule infirmière du pays spécialisée en rééducation. ActuSoins l’a rencontrée à Managua, la capitale.

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ans son petit bureau à la peinture passée et mal éclairé, rafraîchi d’un simple ventilateur - l’électricité coûte très cher dans le pays -, Miriam Ortiz Alvarado, discute avec le médecin du service. Elle exerce à l’hôpital de rééducation de Managua, qui accueille seulement 54 patients à la fois. “Que ce soit des handicaps ou des accidents, on s’occupe de tout type de patient, d’amputations, de déformations...  ”, explique-t-elle, des dossiers à remplir, manuellement, sous les yeux. Comme beaucoup d’infirmières spécialisées, elle occupe un poste administratif, laissant plutôt les infirmières auxiliaires sur le terrain, auprès des malades. Son métier d’infirmière est un sacerdoce. “Petite, j’ai toujours aidé mes huit frères et sœurs ; ensuite j’ai cherché à apprendre des connaissances médicales de base grâce à une vieille voisine, se souvient l’infirmière cadre. Mais quand je me suis rendu compte que les études d’infirmières seraient inaccessibles car trop chères pour mes parents aux revenus très modestes, j’ai décidé de procéder autrement”, se souvient-elle. Elle opte donc pour une formation

d’infirmière auxiliaire, en neuf mois, mais garde en tête son rêve. Car ce n’est qu’avec la révolution sandiniste de 1979 qu’un système de santé gratuit - pourtant inscrit dans la Constitution - sera établi, avec une volonté de former mieux le personnel médical. Avant cette date, les infirmières étaient principalement des religieuses dévouées aux malades. Par un système d’équivalence, Miriam devient infirmière générale, puis gravit les échelons pour devenir infirmière chef. Il faut dire que son envoi, au tout début de sa carrière, dans l’une des zones les plus reculées du pays, l’a bien aguerrie : infirmière d’un centre de santé isolé, elle a dû assurer accouchements et accidents en tout genre. Seule. A l’échelle du pays, il n’existe que trois écoles et Miriam précise qu’il “existe un déficit important en infirmières, car l’Etat - principal employeur - ne réussit pas à embaucher toutes les diplômées.” D’où un taux important de chômage. Beaucoup d’entre elles accumulent emploi dans le service public et privé, pour s’en sortir. Des coupes budgétaires dans la santé peuvent être à l’origine de la fragilité du

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Actusoins • soignants d’ailleurs

© Delphine Bauer

système de santé actuel, loin des idéaux révolutionnaires dont il ne reste plus rien aujourd’hui, lorsque des “brigadistes de santé” partaient construire des centres de santé et réaliser des campagnes de vaccination à travers le pays dans les années 80. Au Nicaragua, tout confondu (médecins, sage-femmes et infirmières), il y a 1,4 personnel médical pour 1 000 habitants, contre 8,5 infirmières pour 1 000 habitants en France. La spécificité de Miriam ? Sa formation, dont elle a bénéficié lors d’un séjour étudiant à Cuba, en rééducation, et qui en fait l’unique infirmière du pays dans cette spécialité. “Ce n’est pas la priorité du gouvernement, donc il n’existe pas de spécialité possible dans ce secteur au Nicaragua ”, explique-t-elle. C’est peut-être ce qui explique son salaire relativement bon d’environ 450 euros, contre une moyenne de 200 à 300 euros pour une infirmière “classique”. “Mais je suis en fin de carrière, et ce salaire, avec le coût de la vie, ne me permet ni d’acheter une voiture ni d’accéder à une maison dans un quartier plus sûr”, précise-t-elle.

Miriam Ortiz Alvarado, infirmière au Nicaragua

trale, c’est le cas également des médecins (avec des salaires environ 3 fois moins importants qu’au Costa Rica). Un rééquilibrage des salaires est, entre autres l’une des revendications des infirmières nicaraguayennes (qui se battent aussi pour ne pas payer leur uniforme de leur poche...), au sein de la FETSALUD, le syndicat de santé le plus important du Nicaragua.

“ Infirmière d’un centre de santé isolé,

elle a dû assurer accouchements et accidents en tout genre. Seule. Après plus de 37 ans de bons et loyaux services, Miriam est à deux ans de la retraite... et aucune de ses deux filles n’a envie d’embrasser le même corps de métier qu’elle : avec un manque de reconnaissance et un salaire en berne, être infirmière ne fait pas rêver les jeunes Nicaraguayens. Miriam, elle, garde l’espoir d’un hôpital qui pourrait accueillir la longue liste d’attente de patients en besoin. n

Au Nicaragua, les personnels soignants sont en effet très mal payés comparativement au reste de l’Amérique cen-

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Delphine Bauer


Actusoins • initiative

Sécuriser le

parcours de soins des patientes opérées en ambulatoire : L’exemple d’un réseau de santé en PACA. Malgré un progrès ces cinq dernières années, la chirurgie ambulatoire reste en France insuffisamment développée (seulement 40 % des chirurgies en France contre 80 % aux États-Unis) alors qu’elle constitue un apport réel en terme de qualité pour les patients et de réduction des coûts pour les établissements de santé et l’assurance maladie.

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ans son rapport du 17 septembre 2013, la Cour des comptes pointe une économie potentielle de 5 milliards d’euros par an, si une amplification dans la conversion ambulatoire était plus volontariste. L’objectif fixé par le ministère de la santé est d’atteindre les 50 % à l’horizon 2016. Dans une logique de parcours de soin et de décloisonnement du système de santé, la liaison hôpital-ville doit être renforcée. Le retour au domicile du patient nécessite une coordination effective afin de garantir la qualité et sécurité des soins prodigués, assurant également une parfaite articulation de tous les acteurs essentiels au confort du patient. Les professionnels de santé libéraux sont au cœur de ce système de santé basé sur la réduction des temps d’hospitalisation et ils constituent un puissant levier pour contribuer au rééquilibrage de l’ONDAM. Pourtant, des freins subsistent quant à l’articulation avec la médecine de ville. Situé à Marseille et intervenant sur la région PACA depuis 13 ans, le RSP ILHUP (Réseau de Santé Polyvalent - Inter-

venants Libéraux et Hospitaliers Unis pour le Patient) coordonne des parcours de soins, organise la liaison hôpitalville, est en lien avec le médecin traitant du patient, les structures du secteur médico-social, les différents acteurs du parcours de soins, dans un système patient-centré. Il fluidifie et sécurise la trajectoire du patient, que son lieu de vie soit proche ou éloigné d’un établissement de santé. Un des deux centres de lutte contre le cancer de la région, l’Institut Paoli-Calmettes (IPC) est un partenaire important du RSP ILHUP. Toutes les patientes sortant après une chirurgie mammaire (de la tumorectomie à la mastectomie voire la reconstruction mammaire) sont signalées au RSP ILHUP qui assure le lien avec l’IDEL déjà en place, ou se charge d’en rechercher un si besoin.

La coordination du parcours de soins

La chirurgie sénologique en mode ambulatoire est en augmentation (bien que toujours inférieure de 30 % au total de la chirurgie du sein) : la plupart des patientes entrant pour une tumorectomie, une zonectomie, une biopsie du

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Actusoins • initiative

ganglion sentinelle ou un curage axillaire sont éligibles à ce type de prise en charge. On note également une progression des mastectomies réalisées en ambulatoire. Depuis 2 ans, le RSP ILHUP coordonne la sortie de ces patientes. Un fax est envoyé par l’IPC au réseau dès que l’intervention est programmée et les infirmier(e)s coordinateurs (trices) du réseau (IDEC) contactent les IDEL désignés par la patiente. Le protocole transmis à l’IDEL porte sur le type d’intervention, la nécessité du passage dès le lendemain matin pour la surveillance des constantes post opératoires (pression artérielle, pulsations, état de conscience, saignements, douleur,…), la possible présence de drains (de plus en plus fréquent). Une information est donnée sur la sécurisation du parcours et l’accès offert à des consultations avec un psychologue: l’IDEL peut ainsi contacter sa patiente et programmer sa visite avec elle. Le réseau est l’interlocuteur identifié en cas de besoins, en dehors d’un contexte d’urgence médicale.

Quelle rémunération pour les infirmières libérales dans ce cadre ?

Sachant que le contexte de ces interventions (oncologie, curatives ou à visée diagnostique) entraîne de nombreux questionnements et peut générer de l’anxiété chez la patiente, le passage de l’IDEL dès le lendemain se résume rarement à une « simple » prise de tension artérielle… Beaucoup de questions quant à la suite du parcours, à la reprise d’activité (vie quotidienne ou professionnelle), à la douleur, à l’image corporelle altérée, au devenir, au pronostic, voire à la mort… L’équipe du réseau s’est penchée sur le mode de rémunération le plus juste de cette prise en charge holistique, pour laquelle le temps consacré peut aller au-delà de la demiheure. Selon le contexte environnemental, psychologique ou poly-pathologique de la patiente, ce parcours peut également se révéler complexe. L’IDEL doit assurer une surveillance clinique infirmière, comportant le contrôle des principaux paramètres servant à la prévention et à la surveillance de l’état de santé du patient. Elle évalue la connaissance de la patiente sur sa pathologie, l’observance du traitement, contrôle les conditions de

© DR

confort et sécurité, dépiste les vulnérabilités, remplit la fiche de surveillance et assure la transmission des informations au médecin traitant. Elle met à jour le dossier infirmier au domicile. Une prescription de DSI (Démarche de Soins Infirmiers) est donc établie par le médecin de l’IPC, et l’infirmière peut facturer un AIS4, ( séance hebdomadaire de surveillance clinique infirmière et de prévention ), une seule fois, le lendemain de l’intervention.

Une valorisation du rôle propre de l’infirmière. L’évaluation du dispositif se fait grâce à la mesure de la satisfaction du patient, du professionnel libéral, et des professionnels du service de chirurgie ambulatoire. Mis en oeuvre depuis un an, le système ne remonte pas de dysfonctionnement à ce jour. Par cette action, l’équipe du réseau ILHUP favorise la fluidité du parcours de soin des patientes suite à une chirurgie

“ Les professionnels de santé libéraux sont au

cœur de ce système de santé basé sur la réduction des temps d’hospitalisation. ambulatoire, sécurise le segment du retour au domicile et promeut la rémunération du rôle propre de l’infirmière. Cette initiative témoigne d’une collaboration possible et efficiente entre l’hôpital et la ville. n Florence AMBROSINO – Infirmière en pratique avancée en coordination de parcours complexe de soins au RSP ILHUP – Marseille

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Actusoins • soignants autrement

humanitaire…

L’

et après ?

Une expérience dans l’humanitaire, forte émotionnellement, riche et intense professionnellement, peut faire basculer la carrière d’une infirmière. Le retour à la vie « ordinaire » peut s’avérer délicate et amener à une reconversion professionnelle. Un chemin à anticiper.

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oussés par la vocation ou une envie de donner un sens à leur métier, ils sont chaque année plusieurs milliers d’infirmiers à partir en mission humanitaire. Pour ceux qui s’engagent sur plusieurs années, après avoir enchaîné les missions, le retour à la vie ordinaire peut être compliqué. Chaque année, près de 3 000 humanitaires reviennent de mission. « Dans 99 % des cas, les infirmières qui décident de s’arrêter le font pour des raisons personnelles. Soit elles tombent amoureuses, soit elles veulent fonder une famille », assure Justine Martinais, responsable du pool infirmier de Médecins Sans Frontières. Pour certaines, les circonstances de la fin de leur engagement humanitaire peuvent être plus douloureuses : burn out, choc traumatique sur des terrains très difficiles,… certains humanitaires retournent à la vie civile dans un état psychologique fragilisé. « Ils peuvent vivre une chute narcissique : lors de leurs missions, ils ont occupé des postes à responsabilité, étaient impliqués à 100 % », décrit Nicolas Veilleux,

© Frida Lagerholm/MSF (Burundi)

psychologue et référent gestion du stress à Médecins Sans Frontières. « A leur retour, ils peuvent se rendre compte qu’ils n’ont pas sauvé le monde. Ils questionnent alors le sens de leur engagement. Ces personnes peuvent traverser des périodes de déprime », observe-t-il. D’autres, face à des situations humaines trop difficiles peuvent présenter une fatigue compassionnelle et, comme blindés, « ne ressentent plus trop d’émotions ». Pour ceux-là, la reprise de la vie normale s’impose. Impossible pour eux de repartir en mission sans se mettre en danger. « Au retour, il faut se poser trois mois pour prendre une décision importante », recommande Nicolas Veilleux. Trois mois pour se reposer en priorité, puis entreprendre les démarches administratives, réintégrer la sécurité sociale, retrouver un logement… et commencer à réfléchir à un « après » professionnel.

Dure routine hospitalière Quand Bénédicte Mallié, infirmière, décide de se lancer pleinement dans l’humanitaire au côté de la Croix Rouge Française en août 2010, « démissionner » n’était pas une inquiétude. « Il y a tellement de choix à Paris », se souvientelle. Elle trouva en effet très rapidement des vacations en septembre 2011, après sa mission. « Le marché du travail est plus tendu », note cependant Justine Martinais qui observe depuis plusieurs années le retour à la vie civile des infirmières de MSF. « Elles mettent peu de temps à trouver un emploi mais aujourd’hui elles ne peuvent plus choisir là où elles exerceront. » Le vrai challenge qui attend les infirmières humanitaires, c’est la reprise de la routine professionnelle. Pour Vincent Kaufmann, infirmier, ex-MSF, le quotidien à l’hôpital a été

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Actusoins • soignants autrement

© Frida Lagerholm/MSF (Burundi)

très pesant : « je me retrouvais face à une surveillante qui me prenait la tête pour deux minutes de retard mais qui ne me remerciait pas quand je restais une heure de plus sur un arrêt cardiaque ». Un difficile retour à la normalité après une mission au Tchad où il avait coordonné près de 80 personnes dans le cadre d’une campagne de vaccination contre la méningite. Mêmes aspirations chez Bénédicte Mallié qui, avait très vite été propulsée coordinatrice : « J’ai vu que j’étais capable d’être chef, de nouer des partenariats avec des autorités locales, de tenir un budget, gérer une équipe… Après cela, je ne pouvais plus être simple exécutante. » Pour Eric Gazeau, président de Résonances Humanitaires, la seule association en France qui accompagne les humanitaires dans leur reconversion professionnelle, ces témoignages n’ont rien d’anormal. En reprenant les postes qu’ils occupaient avant leur départ, « c’est comme si on leur demandait de faire le deuil de leur expérience dans l’humanitaire. A leur retour, ils ont l’impression de rentrer sur une voie de garage. »

Faire reconnaître son expérience

Pour le président de cette association financée à 50 % par des ONG, deux ans sur le terrain représentent déjà une rupture. « Au-delà, vous risquez de perdre vos compétences. On rentre alors dans une logique de reconversion », estime-t-il. « En France, le métier d’infirmier n’intègre pas ces dimensions managériales et de relations publiques que leur confient les ONG », regrette Eric Gazeau. D’où une certaine frustration au retour. « Le premier travail qu’ils trouvent est rarement celui dont ils rêvent mais ils leur permet de regagner leur autonomie. Il faut en moyenne 18 mois pour trouver sa place », ajoute-t-il. L’association avec ses coaches et sa centaine de bénévoles aide ainsi chaque année quelque 200 humanitaires à retrouver le chemin d’un emploi satisfaisant : 50 % retourneront dans les ONG pour travailler au siège et non sur le terrain, 50 % prennent une autre voie notamment dans le secteur de l’économie sociale et solidaire. Mais pour gagner leur place au sein d’une entreprise ordinaire, les ex-humanitaires peinent à

“ Pour gagner leur place au sein d’une entreprise ordinaire, les ex-humanitaires peinent à faire reconnaître leur expérience.

faire reconnaître leur expérience. « Certaines entreprises voient parmi ces gens un potentiel de cadre supérieur », tente de tempérer le président de Résonances humanitaires.

Le chemin de la reconversion

Après quatre ans aux ressources humaines de MSF, à organiser les départs en urgence des volontaires, Vincent Kaufmann qui ne détenait qu’un diplôme d’infirmier a dû repasser par la case formation pour occuper un poste à responsabilité. Après un master « Gestion et politique de santé » à Science Po Paris, il est enfin recruté par une fondation hospitalière en tant que chargé de mission développement. « Je n’ai pas l’impression que mon parcours soit incroyable, il me semble logique ; mais ce n’est pas simple d’évoluer professionnellement », constate-t-il aujourd’hui. Pour Bénédicte Mallié, le réseau des anciens humanitaires passés par Résonnances Humanitaires lui a permis d’orienter ses recherches d’emploi. Après avoir écouté les témoignages d’autres adhérents et bénévoles, elle s’est décidée et a postulé à une offre pour un poste hors du contexte hospitalier. Elle est aujourd’hui infirmière coordinatrice pour l’association des Cités du Secours Catholiques. « Il ne faut pas rester dans son coin », conseille-t-elle. Vincent Kaufmann recommande – et c’est l’ancien responsable des ressources humaines qui parle- de soigner son CV et de mettre en avant l’expérience humanitaire. « Il faut reprendre les mots des ressources humaines pour donner des repères aux chargés de recrutements », martèle-t-il. Mais le retour ne marque pourtant pas la fin d’une première vocation. « Quand les enfants grandissent, beaucoup reviennent dans l’humanitaire », assure Justine Martinais. n

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Ariane Puccini


Actusoins • soignants autrement

L’Eprus, l’humanitaire diplomatique L’organisation gouvernementale d’urgence sanitaire organisait une simulation de mission. L’occasion de découvrir cet établissement étatique, où les volontaires en mission doivent « représenter la France ».

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a catastrophe s’est produite il y a trois jours, un tremblement de terre de magnitude de 8,2 au Pérou. Il est encore trop tôt pour estimer le nombre de victimes. Certainement plus d’une dizaine de milliers de blessés. Le camp de l’Eprus (Etablissement de préparation et de réponse aux urgences humanitaires) a été établi à quelques kilomètres de Lima, capitale péruvienne, près de l’épicentre, dans une ville perchée dans les hauteurs andines. Au petit matin, les premiers blessés ont été déjà pris en charge et les volontaires de l’organisation gouvernementale s’activent malgré ces premiers jours déjà éreintants. Contactés en début de semaine pour intervenir en Indonésie suite à un autre tremblement de terre, ils ont finalement été envoyés au Pérou sur cette catastrophe qui s’est pro-

“ A la différence des ONG, l’Eprus est un établisse-

ment public, dirigé par un préfet et qui agit sur arrêté du ministère de la santé

duite peu après. Hier soir, à peine arrivés dans la ville sinistrée, ils installaient la base-vie et les tentes pour accueillir les victimes. Réveillés aux aurores pour un premier briefing, cette courte nuit a fini de mettre à l’épreuve les 40 volontaires mobilisés sur cette mission. L’un d’eux manquait à l’appel. Il a été enlevé pendant la nuit.

Des conditions de travail extraordinaires

Le scénario a été pensé dans les moindres détails. On s’y croirait presque si ce n’était le crachin qui trahit ces matinées typiques d’un mois de novembre à Paris. Car en réalité, nous ne sommes pas à Lima, mais dans un camp

militaire en région parisienne et assistons à une simulation de mission de réservistes de cette organisation gouvernementale. L’Eprus, c’est cette organisation placée sous l’autorité du ministère des affaires étrangères et missionnée par le ministère de la santé en France à l’étranger en renfort des structures sanitaires pour secourir les ressortissants français mais aussi les populations locales. « On leur apprend à exercer leur métier dans un milieu ou contexte qui n’est pas le leur », explique le Dr Bertrand Le Roux, encadrant sénior de cette mission fictive. Parmi les volontaires, 90 % de soignants dont une majorité d’infirmiers, deux chirurgiens, un dentiste, des médecins urgentistes ainsi que des logisticiens et deux pharmaciens. Aujourd’hui, les 40 réservistes dont six encadrants juniors, qui apprennent à gérer et sécuriser le groupe de volontaires, circulent entre les tentes où se tiennent des ateliers de formation : poste médical avancé, cellule d’urgence médico-psychologique, dispensaire, atelier de radio-télécommunication. Sur leur dos, le paquetage de survie dont ils ne doivent jamais se séparer, comprenant une bouteille d’eau, leur ration alimentaire et leur passeport. En fin de matinée, une alerte chimique est déclenchée : lors du tremblement de terre, une usine a déversé des produits toxiques et les premiers contaminés arrivent jusqu’au campement de l’Eprus. Dans le calme, les réservistes se dirigent vers la grande tente réservée à la décontamination et revoient ensemble la procédure de prise en charge. La majorité des participants ont déjà vécu un départ en mission, certains le printemps dernier en Guyane pour appuyer l’hôpital de Cayenne pendant une épidémie de dengue. Grégory Prévost, 36 ans, infirmier au centre hospitalier de Dunkerque, faisait partie de l’expédition. Comme tous les réservistes salariés,

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Actusoins • soignants autrement

l’hôpital où il travaille a signé une convention avec l’Eprus lui permettant de partir jusqu’à 45 jours par an, en étant payé normalement. Le jour où l’Eprus l’a contacté pour lui demander s’il souhaitait partir en mission, ses supérieurs ont pu donner leur feu vert en moins de 30 minutes pour un départ dans les 3 jours suivants. Ce départ au pied levé n’a semble-t-il pas stressé ce père de deux enfants. « Au moment du départ, il faut avoir un stress de base minimum. Lors de notre formation, on nous a prévenus : si vous n’êtes pas prêts à partir, refusez ! ». Il est revenu satisfait de cette première expérience où il a découvert des maladies qu’il ne connaissait pas, dans un territoire d’Outre Mer comptant près de 70 ethnies différentes.

A la recherche de nouveaux volontaires

Chrystel Poux, infirmière au CHU de Toulouse, a pris le virus de l’humanitaire depuis longtemps. Depuis 1996, elle réalise des missions d’urgence pour Médecins sans frontières. Elle a ainsi rejoint l’Eprus en 2009. Elle est aujourd’hui en formation en tant qu’encadrante junior. Sa dernière mission avec l’Eprus était en mars 2012 après l’explosion d’un

© Juliette Robert

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Actusoins • soignants autrement

dépôt de munition au Congo-Brazzaville qui avait causé la mort de 300 personnes. « Cela m’intéresse de travailler en mode dégradé et de parvenir malgré cela à préserver mon éthique professionnelle », explique-t-elle évoquant ces missions de 15 jours très intensives, aux horaires extensifs. Et d’ajouter : « Mais l’Eprus, c’est étatique, ministériel, nous n’irons pas là où va MSF. » Car à la différence des autres ONG, l’Eprus est un établissement public, dirigé par un préfet et qui agit sur arrêté du ministère de la santé. Ses réservistes sont ainsi soumis à un devoir de réserve : ils sont tenus au secret auprès de leur proche sur leurs dernières missions. « Ils agissent au nom de la France », insiste Marc Meunier, préfet et directeur général de l’Eprus. « Le secours aux ressortissants français mais aussi aux populations locales en cas de catastrophe fait partie de la diplomatie française », ajoute Marc Meunier. Créée en 2007, cette « réserve sanitaire » compte aujourd’hui 700 volontaires, mais une campagne de recrutement est lancée pour que les effectifs puissent être déployés sur 2 ou 3 crises sanitaires à l’étranger et une en France simultanément. D’ici 2014, l’Eprus voudrait compter 2 000 à 3 000 réservistes dans ses rangs, parmi lesquels retraités, ou étudiants en fin d’études. n Ariane Puccini

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© Juliette Robert



Actusoins • se former

Se former à la prise en charge

du

deuil

Le Diplôme Universitaire Deuil et travail de deuil propose un enseignement théorique et clinique interdisciplinaire sur le thème du deuil ainsi qu’une formation pratique autour de l’accompagnement des endeuillés. Il se dispense à la faculté de médecine du Kremlin-Bicêtre. Améliorer la prise en charge de la mort et de l’accompagnement des familles endeuillées Selon un rapport de l’IGAS sur la mort à l’hôpital, publié en novembre 2009, 58 % des français mourraient en établissement de soins. Et pourtant, le document signale que la prise en charge du deuil et de la mort ne fait pas partie des missions reconnues à l’hôpital. Pour les acteurs hospitaliers, la mort serait vécue comme « une incongruité et un échec » et donc occultée. Alors que le sujet même de la mort est tabou, les soignants rencontrent des difficultés à accompagner le deuil qui s’en suit. « L’approche du deuil se fait de plus en plus dans une situation professionnelle. Les soignants se sentent démunis et ne savent pas comment réagir face à la mort dans un contexte où la société s’est aseptisée de ses rites », explique Emmanuel Hirsch, directeur de l’espace éthique de l’AP-HP et responsable pédagogique du D.U Deuil et travail de deuil. Pour pallier cette prise en charge insuffisante, le rapport de l’IGAS préconise, entre autres, la prévention du deuil pathologique, la formation et le suivi des soignants confrontés régulièrement à la mort.

« L’accompagnement des familles ne doit pas s’arrêter avec le décès de leur proche comme c’est trop souvent le cas dans les établissements. D’une part parce que le décès ne signifie nullement la fin des relations de la famille avec l’établissement mais aussi parce que la qualité de l’accompagnement des familles dans les plus proches instants qui suivent la mort est déterminante pour prévenir les deuils pathologiques. Elle participe également à l’image que l’institution hospitalière laissera d’elle-même » souligne le rapport.

Un D.U adapté pour les infirmières

Le Diplôme universitaire Deuil et travail de deuil est ouvert à tous les professionnels engagés dans l’accompagnement des endeuillés. L’équipe d’intervenants se compose de médecins, de psychologues, d’infirmières, de sociologues de philosophes, d’aumôniers ainsi que d’autres professions spécialisées sur le sujet.

“ La qualité de l’accompagnement des familles

dans les plus proches instants qui suivent la mort est déterminante pour prévenir les deuils pathologiques. « C’est une transmission de savoirs, assurée par des gens de terrain. On s’associe également à des travailleurs du funéraire » pointe Emmanuel Hirsch. Le programme proposé est riche. Approches cliniques, psychologiques, anthropologiques, culturelles et religieuses ponctuent l’année de formation. La durée de l’enseignement s’étend sur une année universitaire - d’octobre à juin - et comprend 12 journées de travail de 8 heures, organisées sur 2 jours consécutifs (jeudi/vendredi ou vendredi/samedi). La validation du diplôme est obtenue à partir de l’assiduité, de la participation et de la présentation d’un mémoire en fin d’année. Les participants peuvent ensuite poursuivre vers un master. n Malika Surbled

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Actusoins • se former

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Actusoins • agenda

18ème Conférence Nationale des Plaies et Cicatrisations DU 19 au 21 JANVIER 2014 Derniers schémas de prise en charge des plaies, outils de télémédecine., mais aussi décharge du pied diabé-

tique, plaies et obésité ou compression des membres inférieurs… De nombreux ateliers et conférences seront proposés lors de cet événement.

Lieu : Paris, Palais des Congrès Informations et inscriptions : www.mfcongres.com

Congrès de la Société de Réanimation de Langue Française DU 15 au 17 JANVIER 2014 Comme chaque année, les ateliers et sessions d’enseignement à destination des infirmiers alternent apports techniques, comme le choix des catécholamines ou la ventilation du patient en SDRA, et principes d’organisation des soins et de gestion des risques. Lieu : Paris, Palais des Congrès Informations et inscriptions : www.srlf.org

Vous êtes organisateur et souhaitez voir apparaître votre prochain événement sur l’agenda ActuSoins ? Contactez-nous par mail : agenda@actusoins.com

Congrès francophone sur les dispositifs intraveineux de longue durée DU 24 au 25 JANVIER 2014 Comme lors des précédentes éditions, les bonnes pratiques de pose et d’utilisation ainsi que la gestion des complications seront largement abordées au cours du congrès. Les nouvelles recommandations concernant les indications, la manipulation et la prévention des complications liées aux dispositifs veineux de longue durée seront présentées au cours de ces journées.

Lieu : Paris, Espaces Cap 15 Informations et inscriptions : www.divld.org

17èmes rencontres infirmières en oncologie 22 MARS 2014

Depuis 17 ans, les rencontres des infirmières en cancérologie sont un rendez-vous incontournable des soignants d’oncologie.Entièrement gratuites, ces rencontres sont l’occasion pour les professionnels de confronter leurs expériences et d’échanger autour des dernières recommandations professionnelles. Lieu : Paris, Maison de la Chimie Informations et inscriptions : www.afic-rencontres.org

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Dossier • Spécial Emploi

De l’importance d’un bon

CV

Alors que la plupart des régions de France recrutent en masse, d’autres enregistrent des infirmières inscrites à pôle-emploi. Pour obtenir un poste digne de ses aspirations, il faut savoir se distinguer et mettre en valeur son parcours et sa personnalité. Le Curriculum Vitae est le premier élément qui va retenir l’attention des directeurs de soins chargés du recrutement. État des lieux : une conjoncture pas si simple « L’été dernier, nous avons eu à recruter 20 infirmières pour des besoins ponctuels de remplacement. On a eu plus de 100 candidatures et il a donc fallu trier. Chaque jour, dans mon courrier, je reçois 5 à 6 nouvelles demandes ». Dans un pays où l’emploi est plutôt favorable aux infirmières, ce témoignage, recueilli auprès de M.Cadillac, directeur des ressources humaines du Centre hospitalier de La Rochelle semble étonnant. Pourtant la situation est bien réelle. En France, contrairement aux idées reçues, il n’est pas toujours facile pour les soignants de trouver un poste. Certes, le métier d’infirmier figure sur la liste des 10 professions les plus recherchées*. Certaines

On récapitule : Pour faire un bon Curriculum Vitae La forme et le fond : - Simple, une page suffit, pas de photo - Etat Civil et coordonnées. Il n’y a ni règle ni usage en ce qui concerne la situation familiale, l’âge et la nationalité - Un objectif défini : le plus simple est de donner un titre à votre CV : métier, diplôme puis en dessous le nombre d’années d’expérience et votre spécialité. - L’expérience professionnelle : sauf pour les débutants, cette rubrique est en général la plus importante du C.V. Pour chaque poste occupé, elle comprend : dates, poste, nom de l’hôpital et localisation. - Formation : Date de l’obtention du D.E. Formations continues en rapport direct avec le poste que vous sollicitez (D.U, formations internes…). Éventuellement une ou deux formations complémentaires non relatives à votre métier. Pour les jeunes diplômés, mettre en avant les modules optionnels.

régions ou certaines villes n’ont pourtant pas de mal à trouver leur personnel. La Rochelle (17), Lens (62) ou encore Limoux (11) n’éprouvent aucune difficulté à recruter*.

Le Curriculum Vitae : le premier élément de conquête

Que ce soit pour se démarquer ou pour obtenir le poste de ses rêves, le curriculum vitae est essentiel pour postuler. « On fait un premier tri sur C.V, en fonction de ce que l’on recherche. Puis on reçoit en entretien les personnes qui semblent correspondre à nos attentes » explique M.Cadillac. Sur la forme, il est préférable d’être classique, ordonné et concis. « Comme le préconisent tant de guides pédagogiques que vous pouvez facile-

- Compétences et connaissances spécifiques : Vous n’êtes pas obligé de créer une rubrique supplémentaire pour vos D.U. S’ils constituent un de vos points forts, ils s’intégreront dans la rubrique Formation. En revanche, vous pouvez évoquer d’autres compétences, comme les langues étrangères ou l’informatique. - Loisirs : traditionnellement placée à la fin du CV, cette rubrique doit être brève. Elle apporte une dimension supplémentaire à votre CV. Les recruteurs de tous domaines s’en servent souvent comme sujet de conversation pendant l’entretien. Ordre : - Pour les personnes déjà expérimentées, il est préférable de construire un CV dit « anti-chronologique », c’est à dire un CV qui remonte le temps et qui valorise votre dernière expérience. Commencez donc par le titre et l’objectif, les expériences, puis les formations et les loisirs ; - Le CV de débutant peut énumérer tout d’abord l’objectif professionnel sous forme de titre, puis la formation, les compétences et les expériences professionnelles.

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ment trouver sur le net : sur une page et sans photo car nous ne sommes pas une agence de mannequins » explique Jean-François Zimmermann, directeur des soins du CHU de Toulouse. Sur le fond, il faut se démarquer. « On va analyser le profil du candidat. Il faut donc mettre en valeur son parcours professionnel qui doit être cohérent » ajoute-t-il. Pour lui, un infirmier doit pouvoir montrer qu’il s’est intéressé et a suivi des formations dans le cadre de la formation continue. Si le postulant est un jeune diplômé, il devra mettre en avant ses choix de modules et de stages optionnels. Enfin, et afin de montrer que le soignant est en parfait accord avec ces choix, il est préférable d’exposer son projet professionnel de façon très nette. « Il faut qu’il y ait une logique et une cohérence par rapport au poste demandé. Si l’infirmier n’est pas explicite dans son projet, on pourrait mal interpréter ses motivations. Par exemple, d’une façon générale, j’aurais tendance à proposer un poste en réanimation lourde à quelqu’un qui a de l’expérience et qui a les épaules solides, plutôt qu’à un jeune diplômé qu’il ne faudrait pas esquinter. En revanche, si ce jeune diplômé expose clairement son projet professionnel et fait cette demande explicite, je comprendrai mieux son choix » souligne Jean-François Zimmermann. Quels que soient le profil et les aspirations, les directeurs de soins accorderaient davantage leur confiance aux soignants curieux et flexibles. « Je n’aurai pas la même exigence envers un infirmier qui sort du D.E qu’envers un infirmier qui a 10 ans d’expérience. Si l’infirmier expérimenté n’a occupé qu’un seul poste et qu’il n’a prouvé aucune mobilité même en interne, je serai inquiet. Je suis pour une mobilité raisonnable et raisonnée » conclut le directeur des soins. n Malika Surbled


Dossier • Spécial Emploi

Emploi infirmier : Se trouver, s’épanouir

Que ce soit pour un premier poste ou pour un changement en cours de carrière, les infirmiers expriment parfois des difficultés pour choisir un service. À l’hôpital, il existe en effet de multiples possibilités. Les différents stages proposés pendant les études ou les expériences variées que peuvent connaître les soignants ne suffisent pas toujours à se trouver professionnellement. Comment savoir où travailler ? Pour quel épanouissement et avenir professionnels ? Éléments de réponse avec Madame Françoise Zantman, directrice des soins et de l’activité paramédicale de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris. Quels conseils donneriez-vous aux jeunes diplômés quant au choix de leur premier service ?

la fin de vie ou de la mort, il doit pouvoir lui-même accepter qu’il serait insupportable de travailler dans des services où l’on gère ces situations au quotidien.

Les jeunes professionnels infirmiers qui sortent de leurs trois années de formation ont effectué de nombreux stages. Ils ont ainsi pu déterminer leurs appétences à travers la prise en charge de patients, à une discipline et aux différentes organisations médicales. Si malgré ces stages, ils sont encore hésitants quant à leur choix professionnel, je leur conseillerais de mesurer ce qui les intéresse vraiment et de faire un premier bilan sur leur parcours. Sont-ils davantage attirés par des aspects techniques ou par des aspects relationnels ? Quelles sont les compétences qu’ils ont déjà su développer et quelles sont celles qu’ils cherchent à compléter ?

Ces jeunes diplômés peuvent-ils facilement se diriger vers des services qu’ils ne connaissent pas encore ? Le Diplôme d’Etat ouvre presque toutes les portes. Néanmoins, je conseillerais aux jeunes diplômés, mais aussi à tous ceux qui souhaitent changer de service au cours de leur carrière de ne pas vouloir vivre la prise de poste comme un challenge. Il faut éviter d’aller dans des services par défi ou par défiance pour ne pas se sentir démuni face à des situations trop difficiles, autant sur le plan humain que sur le plan technique. Par exemple, si un professionnel a des difficultés avec la prise en charge de

Sur le plan pratique, l’organisation générale diffère d’un service à l’autre. Faut-il également prendre cela en considération ? Bien sûr. Il faut avant tout être vigilant à la bonne articulation entre la vie personnelle et la vie professionnelle : prendre un poste avec des horaires de travail qui correspondent à ses

“ Il faut éviter d’aller dans des services par défi

ou par défiance pour ne pas se sentir démuni face à des situations trop difficiles. contraintes extérieures pour ne pas se mettre en difficulté par rapport à un exercice dans lequel on ne pourrait pas continuer à travailler.

Quels sont les moyens mis à disposition des soignants pour mener une réflexion sur leur parcours professionnel ? Il y a d’abord l’entretien professionnel annuel. Le soignant va pouvoir échanger avec son cadre hiérarchique. Cela lui

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Dossier • Spécial Emploi

permet de formuler des attentes mais aussi de déterminer des objectifs. Dans les organisations hospitalières il pourra aussi, si nécessaire, se diriger vers les responsables de formation, les conseillers en ressources humaines, les directeurs de soins. Il faut savoir que ces derniers reçoivent spontanément les professionnels pour accompagner une réflexion sur leur parcours et sur leur évolution de carrière. De multiples sources d’information sur les formations sont aussi disponibles pour les soignants.

Avec le remaniement des services et la diversification des compétences, comment vont évoluer ces accompagnements de soignants dans les prochaines années ?

coordinateurs de soins, d’infirmières d’annonce. Avec l’ouverture de l’hôpital sur la ville, il y aura certainement aussi des maillages à faire. Il va donc falloir répondre à ce besoin de compétences nouvelles. Certains professionnels seront intéressés par ces pratiques. Aujourd’hui, nous devons donc construire des accompagnements dans des parcours professionnels. Nous les appelons « parcours professionnalisant ». Ces parcours, encore à l’état embryonnaire, se mettent en place et répondront aux besoins des institutions et aux attentes des professionnels. n Propos recueillis par Malika Surbled

En effet, avec la création des pôles mais aussi le développement de la coopération entre professionnels de santé, l’organisation hospitalière va avoir besoin de nouveaux métiers. Je pense entre autres aux emplois d’infirmières cliniciennes, de

© DR

Françoise Zantman, directrice des soins et de l’activité paramédicale de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris

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