A travers le monde - 1895

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Dans l'Ile de Bornéo (1894) Les Docteurs Büttikofer PhotographieJonker,

à Legde.

Bornéo n'a grande Lencore explorée île de

pas été complètement. La pénétration l'intérieur, en dehors des voies naturelles fournies par les rivières, est extrêmement difficile. Il faut se frayer un chemin à travers des forêts où les lianes forment d'inextricables réseaux. Le sol, souvent ma-

récageux, émet des miasmes insalubres. Enfinlesindigènesdel'intérieur,

les Dayaks,bien différents des Malais de la côte, sont restés des sauvages dangereux, et même on les accuse encore de canniba-

lisme.

En somme, personne encore n'a réussi à traverser Bornéo de l'ouest à l'est, ou inversement.

C'était le but que se proposaient M.M. Büttikofer et Molengraaff, et nous verrons qu'ils ont 'dû légèrement modifier leurs projets, et qu'un seul d'entre eux a pu persévérer dans l'entreprise. Ce n'est pourtant ni l'expérience ni le courage qui leur faisaient défaut, car ni l'un ni l'autre n'en sont à leurs débuts. Suisse de naissance, NI. J. Büttikofer montra de bonne heure de grandes dispositions pour les sciences naturelles et devint assistant au musée zoologique de Leyde. En 1880, il partit pour le continent noir avec un Hollandais, chasseur émérite, 1\1. Sala. l~endant plus de deux ans, ils explorèrent les territoires dépendant de la République de Libéria, en étudiant la faune et la flore. nI. Büttikofer fut enfin forcé, par l'insalubrité du climat, la mort de son compagnon, et l'hostilité des indigènes, de retourner en Europe, où il rentra, épuisé par les fièvres, au printemps de 1882. Il retourna cependant dans l'État de Libéria en 1886, pendant huit mois, pour compléter ses observations antérieures et prendre des photographies du pays et des habitants. Il rapporta de ces deux voyages un ouvrage plein de renseignements précieux qu'il publia sous le titre de Reisebil~ier- aus Liberi~. De retour à Leyde, il s'adonna I. Nous devons la plupart des renseignements sur l"expédition et la carrière scientifique de bllt. Büttikofer et Molengraaff zi l'obligeance du professeur R. HORST., de Leyde. Nos lecteurs l'en remercieront avec nous A TRAVERS

LE MONDE.

5' LIV.

et Molengraafil1

surtout a l'ornithologie et étudia particulièrement la faune des Indes néerlandaises. Cette spécialité le désignait tout naturellement pour faire partie de la mission

organisée en 1893 par le gouvernement hollandais pour une exploration scientifique à l'intérieur de Bornéo.

C'EST

à

titre de géologue que M. G. A. T. Molen-

graaff fut appelé à se joindre à cette même expédition. Elève de l'université de Leyde, il avait accompagné, en 1885, ses maîtres, les professeurs Suringar et Martin, dans un voyage aux îles CuraçÜo, Oruba, Buen-Aire, Saint-Martin el Saint-Eustache. Il passa un mois dans cette dernière île, d'ailleurs fort petite il l'explora méticuleusement pour y compléter les investigations géologiques de Sainte-Claire-Deville en 1847. Il devint, peu après, professeur de géologie à Amsterdam. A l'automne de 1890 il se rendit dans le Transvaal, où il fit une étude sérieuse des terrains aurifères, notamment du fameux Witwatersrand, où

sont exploitées aujourd'hui tant de mines d'or, tout autour de Johannesburg. L'expédition hollandaise dont AIAI. Büttikofer et Moleng-raaff étaient les chefs scientifiques les plus autorisés se réunit à Pontianah, sur la côte occidentale de l'île, au mois de février 1894. Elle commença par remonter en bateau à vapeur le 1,apoeas et son affluent, le Mandai, jusqu'à Nanga-Iialis. Il fallut ensuite recourir aux sampans des indigènes pour atteindre Nang.1Raoen, près du in ont Tiloeno-(i1I2m.), IrAul. rars der Ila~deu, où l'on arriva le 4 mars. o, dnrstrrdnrn. Ce village de Nanga-Raoen, comme la plupart des villages dayahs, se compose de deux- uniques maisons, mais d'une longueur considérable. La plus grande repose sur 568 pieux, ['élevant à 5 mètres c,u-dessus du sol. Elle a environ 1.5o mètres. de long et abrite 39 boxes, où habitent D' :\10LENGRAAFF. autant de familles. Le ID mars, le D, Büttikofer se dirigeait vers le Lyang 11-loelono, auquel il trouvait une hauteur de i 135 mètres, sensiblement inférieure à celle que lui assignent les cartes. Il y découvrit une N° 5.

février

1895.


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