A travers le monde - 1895

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quelque commission: Vous pourrez voir un bureau de poste, une cour de justice, peut-être même une prison, dont les occupants cependant seront dehors à réparer les routes sous la surveillance d'un policeman, bien entendude la même couleur que ses prisonniers. » Tel est le tableau que AI. johnston trace d'un établissement anglais de l'Afrique Centrale. On serait tenté de le trouver idyllique, n'était le trait final qui indique suffisamment comment on obtient tant de zèle au travail de ces indig~ènes, si paresseux de.leur nature.

M.

M

Georges Patinot

Paris le 20 juillet, à de cinquante et un ans. Peu d'hommes ont

GEORGESPATINOT est mort à

l'àge

rendu autant de services que lui à la cause coloniale, et ont contribué pour une aussi large part au mouvement d'expansion de la

et comme il fut, en matière de 'politique africaine, un ouvrier de la première heure. M. Patinot ne pouvait être insensible à cette chaleur communicative dont tous ceux qui ont connu Alis ont gardé un si vivant souvenir dès les premières expéditions qui furent tentées, il leur fut vite acquis, et il les soutint, celle de M. de Brazza et tant d'autres, de toute l'autorité de son journal. Mais, quelque confiance qu'il eût dans l'influence de la presse, il ne lui paraissait pas que, dans cette conquête d'un continent où tant de concurrents se précipitaient en même temps que la France, des articles suffisent, si documentés ou si éloquents qu'ils fussent; il sentait qu'il fallait agir aussi, avant même que le Con:ité de l'.4frique Fran~zise ne fùt foridé, prenait-il avec Harry Alis l'initiative d'une souscription pour l'expédition Crampel et lançait-il l'un des premiers dans le public cette idée, qui a fait son chemin depuis, de la réunion en un seul tenant de nos possessions de l'Algérie, du Sénégal et du golfe de Guinée. Pour donner à leur idée une plus

vaste extension, les promoteurs

France. Entré fort jeune, après la il guerre, dans l'administration,

de l'expédition Crampel crurent devoir fonder un comité; M. Patinot en fut, avec Alis et le prince

devint, en 1884, à la suite de son mariage avec la nièce des Bertin, directeur du journal des Débats, et c'est en cette qualité qu'il eut presque aussitôt à prendre position dans la question coloniale qui se dessinait dès lors. M. Patinot avait une intelligence trop nette pour ne pas comprendre la nécessité qui s'imposait à la

d'Arenberg, un

des

premiers

membres; leur nombre augmenta bientôt, et celui des souscripteurs en même temps: le Comité Crampel devint le Conaité de l'Afriqi~e Fra~tçaise; c'est lui, on le sait, qui envoya les ¡pissions Dybowski et Maistre, et depuis 1890 il ne se fit guère en Afrique d'expédition française importante à laquelle il France, en présence du mouven'ait donné de larges subsides. ment d'expansion extra-euroM. Patinot demeura, tant péenne des autres puissances, de se munir elle aussi et de reque ses forces le lui permirent, prendre ses grandes traditions un des membres les plus actifs M. GF;ORGES PA TlNOT. colonisatrices d'autrefois. Aussi, du Comité sa parole incisive et Photographie Nadar. dès que la question du Tonkin claire était toujours écoutée; il '"] fut posée, le Jonrnal des Débats, sous son inspiration, eut notamment une part considérable dans l'organisation de la seconde mission Nlizon. se montra-t-ilrésolument colonial mais autre chose était, à la vérité, de défendre le principe d'une expédition et de Ce sont ses rares qualités qui le firent choisir soutenir les procédés dont usa le gouvernement nulle pour l'un des administrateurs du canal de Suez, et part la politique des « petits paquets fut critiquée c'est à un voyage en Égypte pour le règlement des plus de continuité et de passion que dans l'organe avec difficultés. qui s'étaient produites entre la Compagnie dirigé par M. Patinot; nulle part, non plus, après la et ses ouvriers, qu'il consacra ses dernières forces. fin des hostilités, l'indécision dont on fit preuve ne fut Il eut l'occasion, durant le séjour prolongé qu'il fit au plus de vigueur. Ce sont ces polémiques attaquée avec Caire en novembre dernier, d'étudiersurplace la quesardentes qu'il dirigeait toujours, si jamais il ne les soution d'Égypte, où le Jour~tal des Déb~zts a toujours été tenaitlui-même, sesenantle patriotisme ardentet clairl'un des plus ardents à soutenir les droits de la de l'homme qui craint de voir faivoyant manquer par France. blesse le but si grand et si utile que l'on s'était proposé. 11 revenait à Paris, plein d'idées nouvelles et Si la politique indo-chinoise d,e la France réserva de projets qu'il voulait mettre à exécution, quand la à M. Patinot des déboires, notre politique africaine fut maladie le frappa après six mois de lutte, elle eut heureusement pour lui donner de vives satisfactions; raison de son énergie et l'emporta, mettant à néant c'est d'ailleurs la part considérable qu'il y a prise qui les espérances que tant d'amis avaient fondées sur lui lui assure une grande place parmi nos coloniaux ». et privant le pays d'un homme qui lui avait rendu L'un des -collaborateurs les plus assidus des tant de se'rvices et pouvait lui être si utile encore. Débats, et l'un des plus écoutés de leur directeur, était, R. KOECHLIN. ces dernières années, Harry Alis on sait de quel enthousiasme il était animé pour les choses d'Afrique

ne


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