A travers le monde - 1895

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si limpide que dùb6rd on voit passer à plusieurs mètres dé profondeur, -emportés .par: lé courant, les polypes violacés, les actinies aux reflets dorés; d'énormes mé-' duses aux teintes,blanches ou rosées,les poissons aux

écailles étincelantes, des .milliers d'animalcules multicolores, aux bords frangés, comme-la charmante corolle du chrysanthème,.1e kikou sacré du Japon. Les sampans se'hâtent d'accoster le navire français; dont les couleurs flottent bien rarement dans ces mers; -nous voyons arriver les marchands de fruits, de légumes, de poissons, de bibelots, toujours polis et souriants; les représentants de l'autorité, heureux sans doute de se faire' valoIr et prêts à nous faire les honneurs de leur ile.

des profanes. C'est la' sacristie, le trésor oùsont les riches ornements du temple étoffes d'or et de soie, bouddhàs dorés sabres ornés de pierreries, hallebardes rehaussées d'or et de vermillon, enfin tous les objets du culte et lés cadeaux des pèlerins. Après avoir hautement loué la richesse de tous ces.objets, nous prenons congé des bonzes'gardiens' du teinple en les remerciant de leur grande amabilité. Pùis;sou~ la conduite biélwéillànte de M. le ministre. de France, notre hôte à bord du `i~ôlta, qui désire nous offrir une distraction des plus intéressantes, nous montons par un pittoresque sentier vers une charmante tchaïa,. perchée, au bord d'un ravin, à l'ombre

d'arbres superbes.

Noussommesd'ail-

Nous sommes introduitsdans une- jolie salle tapissée de nattes propres et souples, bien rembourrées de coton, qui forment un moelleux parquet. Il faut naturellementquitter nos chaussures

leurs tout aussi pressés de satisfaire leurs vœux. Au bas de la ville,de la'bourgade

plutôt, sur la droite du débarcadère,une petite crique dé-

coupe la côte, et c'est tout au fond de cette anse que s'élève le temple, fa-

f.

t5~n..y..

v.1

et les é!:hanger pour de légères

menx rendez-vous

des pèlerins et des touristes. Cet édifice très vaste se compose de plu'sieurs corps de bâ2iments, aux toits tourmentes et or-

CUÉCIiAS ET DANSEUSES D'1TSIOU (J.PON~ ~LeLlnnc. ~D'apres uee photographie comrituniquée par,Bl. le D'

nés'de tuiles ver-

Il

nissées, les pointes et les angles ornés de monstres

grimaça!1ts en faïence. Deux vastes ailes s'avancent sur Ha mer, bâties sur pilotis, ouvertes à l'extrémité qui fait face' au 'large ce sont des débarcadères lors des grandes solennités ou pour les hauts dignitaires: Nous traversons d'abord un long couloir, sur les côtés duquel sont exposées d'antiques peintures de prix, tigres monstrueux, sin'ges ,grimaçants, oiseaux fantastiques,

d'illustres pinceaux. Les boise-' ries'sculptées attirent aussi l'attention. Deux énormes fracles'sans 'doute par

planches de camphrier ciré se font remarquer par.leurs vastes propo'rtions; elles forment à elles seules le parquet massif d'une galerie. Au bout de celle-ci, sur 'la mer,:de sùperb~s '¡¡ans d'llI1'bronze verdi Par le temps dressent leurs têtes 'féroces.' Puis dans une autre galérie nous admirons les Œuvres de patience des artistes bois bambous -taillés, racines transformées en

sur vieillards difformés, serpents enroulés

sur des bran-

ches, grenouilles posëés sur une feuille de lotus, haliotides' finement sculptées; le tout aimablementprésenté, surtout -par certaine~marchande rose ,et fraîche, gentillé ét souriante, aux traits purs et réguliers. Nos guides nous conduisent' maintenant par un de 'ces ponts>a'rrondis "qu'affectionnent,les, Japonais, difficiles à franchir, mais dont le passage rapporte une' sommes multitude d'un édicule.soigneuse'ment:séparé' par: dés 'barrières' et gardé

-Nous.

près

sandales de paille de riz. Tout un panneau de la salle, formé de cloisons glissantes, s'ouvre sur le ravin, où la vue est des plus

agréa~bles. Une

massive table en bois de camphrier' est établie a:u milieu de la salle; haute à peine de 3o centimètres, et nous nous plaçons autour, à la japonaise, les jambes croisées et bientôt entre chacun des convives vient s'installer une gen~ tille musiciènne bu danseuse. Toutesontvéritablement espiègle si un gai minois, cette ph3~sionomie..rieuse et souvent décrite par les voyageurs. Quelle-variété pourtant'dans leurs traits '(:ùne,' grande et brune, nous laisse admirer u:~ long cou d'une remarquable pureté de ligwes' et de grands yeux noirs langoureux; l'autrE! est rose et fraîche, comme une fille de France, avec une minuscule bouche ronde, diminuée encore par un dessin rouge plaqué sur les lèvres celle-ci, d'un tout autre type, est grosse' et ronde, et moins jolie; deux autres,. presque des enfants, à l'œil, malin et éveillé. Ce sont des guéchas -et- des. danseuses;: très -vertueuses, dit-Ón,. sortes de vestales de la musique et de la danse. Elles chantent sur une mélodie bizarre, traînante et nasillarde, monotone, s'accompagnant d'une sorte de violon à trois cordes, dont elles jouent avec une palette d:ivoire"amincie à l'une des extrémités,: Cependant une collation purement japonaise nous est sen-ie. 'Dans un grand ,plat de porcelaine, décoré d'un beau poisson, on nous présente une sorte de dorade, crue et tailladée, en tranches 'minces- Chacun pourtant golite ce mets peu ordinaire en nos pays, et vraiment ce poisson cru, bien arrosé de certaine sauce


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