HISTOIRE.
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Aux bons offices et aux remontrances des résidents généraux, le premier ministre oppose d'abord l'inertie; puis, sous l'inspiration de quelques étrangers, il refuse catégoriquement de souscrire aux clauses formelles du traité de 1885 sur la question de l'exequatur. Enfin, en 1890, il perd toute réserve et rouvre brusquement l'ère des vexations et des difficultés de toute
sorte. De tous les points de l'île, on signale, contre la vie et les biens des Français, des attentats qui restent toujours impunis. A Tananarive même, le neveu de la reine, Rakotomena, et ses aides de' camp attaquent et blessent
grièvement un soldat de l'escorte. Vainement, les résidents généraux font entendre des protestations énergiques; il paraît de plus en plus évident qu'une intervention armée est nécessaire pour châtier définitivement l'insolence des Hovas. Cependant, le gouvernement français veut donner encore une fois la preuve de son esprit de conciliation et charge M. Le Myre de Vilers de tenter, auprès du gouvernement de l'île, un dernier appel à la raison ; mais celui-ci se dérobe aux explications franches et va jusqu'à exiger l'annulation du traité de 1885, que nous lui demandions d'appliquer avec toutes ses conséquences. En présence de cette attitude, M. Le Myre de Vilers procède à l'évacuation de la colonie française sur Tamatave et à celle de l'escorte sur Majunga; il quitte, le dernier, la capitale de l'Imerina. Dès lors, le gouvernement de la République se résout à agir; après un exposé magistral des causes de la guerre fait par M. Hanotaux dans plusieurs discours aux Chambres, les crédits nécessaires à l'expédition de Madagascar sont votés. Telles sont les origines de la campagne de 1895, quia doté notre domaine colonial d'une de ses plus riches possessions.
PRÉPARATION DE L'EXPEDITION Dans la première quinzaine de novembre 1894, le gouvernement décidait de confier au département de la guerre la direction supérieure de l'expédition, en laissant à celui de la marine le soin de pourvoir aux transports maritimes, ainsi qu'à la direction du port de Majunga. Ce dernier département devait, en outre, assurer la surveillance des côtes et le commandement, des établissements créés en dehors de la zone d'opérations du corps expé-
ditionnaire. Le général Duchesne fut appelé à exercer le commandement du corps expéditionnaire. Le général de Torcy lui fut adjoint comme chef d'étatmajor. Le corps expéditionnaire fut constitué sur les bases suivantes ;