Magazine architectes.ch N°5 - printemps/ été 2015 - ARCHITECTURE - ART - DESIGN

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architectes.ch revue d’architecture suisse I numéro 5 I printemps / été 2015 I CHF 22.--

architectes.ch revue d’architecture suisse I numéro 5 I printemps / été 2015 I CHF 22.--

A R C H I T E CT U R E

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A R T

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D E S I G N

MAGAZINE

Reportages

Atelier d’architecture Brodbeck-Roulet

Carnal Hall, Le Rosey, à Rolle Luciano Dell’Orefice, designer

Portfolio

Exposition au mudac « Le verre vivant II »

FRANÇAIS ANGLAIS


Natural Look

Best Protection

Easy Care

B-Protect®

Protection invisible, surface naturelles La nouvelle finition B-Protect® est unique. Elle présente les qualités de protection propres à un verni apprécié pour sa facilité d’entretien, tout en étant parfaitement invisible et en préservant l’aspect et le toucher naturels du bois. Avec cette nouvelle finition, Bauwerk impose les nouvelles références en matière de vitrification de parquets. Découvrez la diversité de nos parquets en grandeur nature, une atmosphère unique, une ambiance confortable et profitez du service compétent de nos conseillers spécialisés. www.bauwerk-parkett.com Lausanne: Bauwerk Parquet SA, Avenue du Mont d’Or 91 1007 Lausanne T 021 706 20 50 lausanne@bauwerk.com

Genève: Bauwerk Parquet SA, Route de Ferney 211 1218 Le Grand-Saconnex T 022 788 45 12 geneve@bauwerk.com


IMPRESSUM

ÉDITO

Le magazine suisse bilingue français-anglais d’architecture, d’art et de design. The Swiss French-English bilingual magazine on architecture, art and design. N° 5 – printemps/été 2015 / No. 5 - spring/summer 2015 Tirage / Print run 12’000 exemplaires Parutions / Issues 2 numéros par an (printemps/été et automne/hiver) 2 issues per year (spring/summer and autumn/winter) Editeur / Publisher Edition suisse, CRP Sàrl Rue du Bugnon 42, 1020 Renens T +41 21 635 16 82, F +41 21 634 30 09 contact@architectes.ch, www.architectes.ch

Laura Carro, rédactrice en chef et Bettina Tschumi, conservatrice du mudac (portfolio page 51).

Editeur délégué / Directeur général Executive publisher / Managing director Laurent Guillemin

« Dieu, toujours, fait de la géométrie », affirmait Platon, philosophe grec, il y a près de vingt-cinq siècles. On pourrait compléter la formule « … les hommes, plus rarement. » Pourtant, quand un créateur réussit à maîtriser la forme, à la métrer – pour reprendre l’origine du mot géométrie –, il approche les canons de la beauté, il se rapproche du ciel. Quelques exemples. La « soucoupe volante » installée à Rolle à l’école du Rosey par Bernard Tschumi en est une première preuve. L’architecte suisse installé à Paris et à New York a conçu un dôme recouvert d’acier dont la courbure douce s’inscrit dans le paysage (page 34). A Delémont, le bureau Comamala Ismail Architectes signe un immeuble résidentiel aux formes arrondies. Revêtu de bardeaux de sapin blanc, il est remarquable tant par son isolation, son refus des produits synthétiques que par son indépendance de toute forme d’énergie extérieure. A l’exception du soleil et des calories terrestres (page 63). A Paris 13e, deux bureaux travaillent en workshop sur un ensemble asymétrique comportant deux tours sur une base commune. Un double défi : socialement, créer une mixité propriétaires-locataires. Mais aussi établir une rupture urbanistique dans l’alignement conventionnel des immeubles institutionnels de l’avenue de France (page 90). Enfin, l’artiste valaisanne aux dons multiples, Chantal Moret, démontre par ses œuvres « une géométrie réfléchie composée de strates superposées laissant entrevoir les passages de constructions, comme une épaisseur du vécu » (page 79).

Directrice de la publication / Rédactrice en chef Publishing director / Editor-in-chief Laura Carro Directeur des annonces / Advertising director Cédric Martin Régie publicitaire / Advertising agency Edition suisse, CRP Sàrl Rue du Bugnon 42, 1020 Renens T +41 21 635 16 82, F +41 21 634 30 09 magazine@architectes.ch, www.architectes.ch Rédaction / Editorial staff Mary-Luce Boand Colombini, André Jaunin, Ignaz Miller, Renzo Stroscio Relecture et correction / Proofreading and correction Marina Kimmeier Jaunin Traductions / Translations AVK TRAD, Saint-Maurice Renzo Stroscio, Jérôme Ferry Photographies / Photography Adrian Barakat, Rainer Sohlbank, Régis Colombo, Christian Richters, Takumi Ota, Mauren Brodbeck, Alexandar Kortus Maquette / Artwork Zebra3Design, Echandens Sabrina Tarchini, Anouchka Chervet Impression / Printing Vogt-Schild Druck AG, Derendingen Ont participé à ce numéro Contributors to the present issue GB-Marketing d’espaces publicitaires Gabrielle Burnand Sàrl, François Bertin, Atelier de numérisation de la Ville de Lausanne, true design.srl, Nicolas Genta Responsable internet / Internet director Aline Pignat Abonnements pour la Suisse Subscriptions in Switzerland 3 numéros : 50.- CHF (frais de port inclus) au lieu de 66.- CHF (vente au numéro) 6 numéros : 92.- CHF (frais de port inclus) au lieu de 132.- CHF (vente au numéro) 3 issues: 50.– CHF (including shipment) instead of 66.– CHF (sales copy) 6 issues: 92.– CHF (including shipment) instead of 132.– CHF (sales copy)

Toute reproduction de textes ou photos, même partielle, est interdite. ©architectes.ch. Les textes et photographies non commandés par CRP Sàrl ne sont pas retournés. Any reproduction of the articles or photos contained herein, even partial, is prohibited. ©architecture.ch. Articles and photographs not ordered by CRP Sarl will not be returned.

Géométrie

Bonne lecture. Laura Carro

Geometry «God always creates in geometric shapes», asserted the Greek philosopher Plato some 25 centuries ago. We could add «and so do people, but more rarely». When an artist succeeds in mastering and measuring shapes – which is the original meaning of the term ‘geometry’ -, he or she is close to the canons of beauty and approaches the sky. Here are a few examples. The «flying saucer», installed at Rolle at the Rosey School by Bernard Tschumi, is striking proof of this. The Swiss architect, who is based in Paris and New York, has designed a steel-covered dome whose gentle curves blend in with the surrounding landscape (page 34). At Delémont, the firm of Comamala Ismail Architectes built a round-shaped residential building. Covered in white pinewood panels, its insulation system, the refusal of the architects to use synthetic materials and its self-sufficiency in energy, are particularly noteworthy. The sun and heat from the earth are exceptions (page 63). In the 13th district of Paris, two firms of architects have joined forces to propose an asymmetrical housing project involving two towers based on the same design model. The challenge they faced was two-fold: to provide a social mix of private owners and tenants and to break from the previous style of institutional buildings that line the Avenue de France (page 90). Finally, Chantal Moret, the multi-talented Valais artist, demonstrates in her works «a well thought-out geometry comprising overlaid strata that offer glimpses of constructive transitions, like a layer of experience » (page 79). We hope you enjoy our latest issue. Laura Carro

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Edito

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Eiffel Tower, Paris, France

A mark of true design

Commander Caliber 80 Chronometer Mouvement chronomètre automatique (officiellement certifié par le COSC), jusqu’à 80 heures de réserve de marche, boîte acier inoxydable, verre saphir, fond transparent vissé, étanche jusqu’à une pression de 5 bars (50 m / 165 ft).

www.mido.ch

o f f i c i a l pa r t n e r o f t h e international union of architects


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ARCHITECTURE

SOM MAIRE

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Portrait architectes

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Une équipe – deux ateliers Atelier d’architecture Brodbeck-Roulet et BR architectes associés

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FIPOI La FIPOI met en construction deux gros projets à Genève

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Crans-Montana : Chetzeron, un joyau d’altitude

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Rolle : une soucoupe volante mélodieuse

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Delémont : revêtu de sapin blanc et exempt de tout produit synthétique

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La plateforme www.architectes.ch fait peau neuve

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Le carrelage fait la foire

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Strehl SA : la maison se modernise et se diversifie

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Les concours d’architecture et d’ingénierie : une garantie de qualité

84 90

Designer Claudio Colucci : univers technicolor Paris : les fausses jumelles du projet Home

51 60 79

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ARCHINEWS

UPIAV

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Architecture d’ailleurs

PORTFOLIO

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Le mudac présente son exposition : le verre vivant II

ART Claude Augsburger : couleurs et bâtiments Chantal Moret : lignes artistiques et constructives

DESIGN Portrait design

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Luciano Dell’Orefice : l’esthétique du sens

24 26 28

La géométrie à l’honneur Interview Daniel Riedo, CEO de Jaeger-LeCoultre Hublot : l’art de la fusion

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ARCHItime

En couverture Gilbert Crugnola, Objets, 1987, verre fusionné, taillé et poli. Photo © Régis Colombo architectes.ch 2012 architectes.ch II N.0 N.0 II mai mai 2012

Portrait architecte architecte Portrait

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© Rainer Sohlbank

POR TRAIT

architectes Une équipe – deux ateliers : atelier d’architecture Brodbeck-Roulet, BR architectes associés. Texte : Mary-Luce Boand Colombini l Photos : Mauren Brodbeck, Alexandar Kortus l Traduction : AVK TRAD

Culture constructive au faîte. L’atelier d’architecture Brodbeck-Roulet mène chaque projet d’envergure au sommet en appliquant sa propre culture constructive. Depuis sa fondation en 1978, l’atelier d’architecture genevois Brodbeck-Roulet nourrit une culture constructive pour chacune de ses réalisations, attentif à l’historique du site pour mieux appréhender son interprétation. Forte de domaines diversifiés, l’équipe mène des projets d’envergure – bâtiments publics, administratifs, logements ou réalisations urbanistiques – en abordant chacun de manière individuelle pour trouver une solution originale adaptée et donner la meilleure réponse aux problèmes rencontrés. Rino Brodbeck, né en 1934, et Jacques Roulet, né en 1945, se sont rencontrés au sein de l’agence Jean-Marc Lamunière dans les années septante. Aujourd’hui, épaulés d’une trentaine de collaborateurs, ils étudient chaque projet dans sa globalité, de la mise en œuvre aux finitions, de l’aménagement intérieur à la création de mobilier sur mesure, pour offrir aux maîtres de l’ouvrage qualité, excellence, valeurs de développement durable, toutes valeurs qui constituent leur carte de visite. Ils sont appuyés dans leurs tâches par deux sous-directeurs, Marcel Hart etAlexandar Kortus, et quatre collaborateurs nommés.

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Portrait architectes

Raising construction culture to new heights The architecture firm of Brodbeck-Roulet has raised each of its major projects to new heights by developing its own construction culture. Since it was founded in 1978, the Geneva-based architecture firm of Brodbeck-Roulet has developed its own construction culture that respects the history and identity of each of its project sites. Its team of architects conduct large-scale projects for administrative or residential buildings or for urban infrastructures that offer their clients innovative and customized solutions as well as optimal responses to problems encountered on site. Rino Brodbeck, born in 1934, and Jacques Roulet, born in 1945, met at the office of Jean-Marc Lamunière in the 1970s.Today, supported by a team of some 30 employees, they study each new project in its entirety, from the construction phase to interior finishes , from the layout of the interior to the design of customized fittings and fixtures, so as to offer


Rino Brodbeck, qui affectionne la création de mobilier, a créé, l’an dernier, la montre collector Astar fabriquée dans une manufacture vaudoise. Après la parution en 2008 du livre «The Master Architect Series», aux éditions The Images Publishing Group, l’atelier planche actuellement sur la publication de projets non réalisés de 1978 à nos jours à travers une série de dessins et croquis. Depuis 2008, Rino Brodbeck et Jacques Roulet ont créé, sous le même toit, la société braa, br architectes associés sa, (lire page 10) pour assurer la pérennité et la qualité de l’atelier. n Pour plus d’informations >>> www.brodbeck-roulet.com

their clients quality, excellence and sustainability, values which are the studio’s hallmark. They are aided by two assistant managers, Marcel Hart and Alexandar Kortus, and by four dedicated staff members. Rino Brodbeck, who likes to design objects, last year created the Astar watch collection which was produced in a Vaudois factory. After the publication in 2008 of a book entitled «The Master Architect Series» released by The Images Publishing Group, the studio is now planning to issue a further publication of its unfinished projects from 1978 to the present in the form of drawings and sketches. In 2008, Rino Brodbeck and Jacques Roulet set up BRAA, BR Architectes Associés SA, a company (see page 10) housed under the same roof and intended to ensure the studio’s future and maintain its high standards. ■

>>> Find out more on www.brodbeck-roulet.com

Projets en cours

Centre de Pédiatrie du Développement, HUG, Genève Transformation de l’ancien amphithéâtre de l’Hôpital des Enfants en Centre de Pédiatrie du Développement. Le projet rétablit les façades d’origine en supprimant la surélévation provisoire, afin d’évincer les structures porteuses visibles. Il s’inspire de l’appellation « les papillons multicolores », de la conception à l’organisation des espaces, tout en soulignant la composition originale en axes rayonnants. Les différentes strates sont l’accueil, l’attente et la consultation, qui sont reliés par des éléments de connexion dont un triple volume. L’architecture reflète ainsi le travail de métamorphose du Service du Développement et de la Croissance.

THE HUG Paediatrics Centre, Geneva This project aims to transform the former amphitheatre of the Children’s’ Hospital at the Paediatrics Hospital in Geneva and to restore the Hospital’s original facades by removing the temporary roof penthouse, thus allowing the elimination of the corresponding supplementary load bearing elements. The project, nicknamed «multicoloured butterflies», entails designing and laying out the different areas while emphasizing the original configuration along radiating axes. The reception area, waiting room and Outpatients unit are linked by connecting elements, including a triple volume space. The new architectural plan reflects the transformation carried out in the Hospital’s Development and Growth Department.

MEGARON, Centre associatif, sportif et culturel, Lancy L’actuel secteur Mégaron se situe au cœur d’un croisement d’axes routiers aériens et souterrains conséquents. Le futur centre offrira des infrastructures dédiées au sport et à la culture ainsi qu’aux quartiers d’habitations existants régissant leur intercommunication. Le défi urbanistique constitue une géométrie significative de ces différentes fonctions avec une échelle conforme, complétée d’une zone végétale valorisée par des aménagements paysagers, où la mobilité douce s’imposera naturellement, permettant aux résidents de se réapproprier l’ensemble du site tout en profitant des transports.

MEGARON, the NGO, sports and culture centre, Lancy The current Megaron district is located at the heart of a major overground and under-ground road junction. The future NGO, Sports and Culture Centre will contain facilities devoted to sport, art and culture and will communicate with the existing residential neighbourhoods.The challenge in this urban planning project was to perform these functions in a geometric layout and on a suitable scale and to add a green-planted area to enhance the landscaping features, facilitating the mobility of local residents who can take advantage of the public transport services available.

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Projets réalisés

Pont de liaison Hans Wilsdorf, Genève

The Hans Wilsdorf bridge, Geneva

La Ville de Genève s’est vu offrir ce pont par la Fondation Hans Wilsdorf. Il relie la Cité et le secteur Praille Acacias Vernets, PAV. Avec la ferme intention d’unifier et d’identifier ces deux quartiers, l’atelier propose une structure contemporaine en acier à la fois elliptique et linéaire. Sa portée atteint 85 mètres sans appui intermédiaire, à l’image d’un pont poutre traditionnel minutieusement élaboré avec des spécialistes en ingénierie et construction. Son poids atteint, lui, 3000 tonnes.

This bridge was donated to the City of Geneva by the Hans Wilsdorf Foundation. It joins the city with the Praille Acacias Vernets (PAV) district. The Brodbeck-Roulet studio sought to join these two neighbourhoods via a contemporary steel structure that is both elliptical and linear and that reaches a height of 85 meters without intermediary supports. It resembles a traditional girder bridge that has been scrupulously designed by engineering and construction experts. It has a total mass of 3,000 tones.

Cette réalisation permet de circuler sur deux voies y compris des bandes cyclables et de larges trottoirs construits sur un tablier de 15,5 mètres de largeur. Ce choix qui s’inscrit à l’échelle du quartier et qui rehausse l’ensemble des aménagements alentour, permet aux pendulaires de traverser l’Arve dans les meilleures conditions.

The project is designed to allow traffic to flow in two lanes. Cycle paths and wide pavements are also provided on a 15.5 m wide platform. The solution proposed, which fits the scale of the district and which enhances all the surrounding infrastructures, enables commuters to cross the Arve River efficiently and quickly.

Ecole Place, Grand-Saconnex Depuis sa construction en 1934, l’école Place a vu un pavillon adjacent s’ériger dans les années soixante, puis des transformations successives avant sa rénovation complète voilà trois ans. La redistribution et l’augmentation des volumes respectent le caractère d’époque du projet initial. La partie neuve, très contemporaine est pourvue d’une structure légère et d’une enveloppe homogène; son unique matériau translucide génère une belle lumière naturelle le long des circulations et dans les espaces sanitaires. Cette construction rompt volontairement avec l’existant. A travers une démarche pédagogique, les aménagements extérieurs portent au faîte le choix d’implantation des éléments constitutifs de cette réalisation labellisée Minergie.

The Place School, Grand-Saconnex constructed in 1934, the place school has since added an adjoining pavillon, has undergone successive conversions and was fully renovated three years ago. The re-allocation and enlargement of available space respect the traditional character of the initial project. The new and very contemporary wing features a lightweight structure and a uniform outer frame while its unique translucent material diffuses a pleasant natural light along the corridors and in the toilets and bathrooms. This building deliberately breaks from past tradition. Its outside structures, which are Minergie certified, fully justify and enhance the chosen layout of its constituent parts.

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Portrait architectes


Projets réalisés et concours Unités de production horlogère Rolex SA, Plan-Les-Ouates. Horlogère Rolex SA production plants, Plan-Les-Ouates.

Siège de l'Organisation météorologique mondiale, OMM, Genève. Headquarters of the World Meteorology Organization (WMO), Geneva.

Abri de la Madeleine, Genève. Abri de la Madeleine Arts Centre, Geneva.

Bâtiment de stockage Givaudan Suisse SA, Plan-Les-Ouates. The Givaudan Suisse SA storage building, Plan-Les-Ouates.

Concours. Quartier d'habitations, Vernet / 4e prix. Competition. Residential neighbourhood, Vernet / 4th prize.

Hôtel style design, Carouge. Design Hotel, Carouge.

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POR TRAIT

architectes

Une équipe – deux ateliers : atelier d’architecture Brodbeck-Roulet, BR architectes associés. Texte : Mary-Luce Boand Colombini l Photos : Mauren Brodbeck, Alexandar Kortus l Traduction : AVK TRAD

Continuité et pérennité. En parallèle et pour perpétuer leurs compétences, Rino Brodbeck et Jacques Roulet se sont associés à trois partenaires pour fonder le bureau braa en 2008. Rino Brodbeck et Jacques Roulet se sont associés à Mathias Buchi, Emmanuel Charpié et Hervé Fournier. Logée à la même adresse, l’équipe compte deux collaborateurs nommés et une dizaine de collaborateurs qui développent parfois les mêmes mandats avec la première raison sociale; chacun partage ses compétences, notamment dans le domaine de l’urbanisme. Un point d’honneur est mis sur la nature et sa place au sein de chaque projet. «Nos bâtiments et espaces urbains s’intègrent dans la ville; le paysage et l’environnement naturel font écho à leurs contraintes de base, leur attribuant caractère et identité propres, sans vouloir suivre les tendances du moment», précise Jacques Roulet. Chaque démarche place le futur utilisateur au centre des préoccupations avec une approche pragmatique tenant

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Portrait architectes

Continuity and sustainability In 2008, in parallel with their existing firm and to perpetuate their know-how and expertise, Rino Brodbeck and Jacques Roulet founded the BRAA studio with three other partners. In 2008, Rino Brodbeck and Jacques Roulet teamed up with Mathias Buchi, Emmanuel Charpié and Hervé Fournier.The team, located at the same premises as the architecture firm of Brodbeck-Roulet, comprises two associates and a dozen other colleagues who occasionaly work on the same projectsas Brodbeck-Roulet. Both firms share their expertise, notably in the field of urban planning. Particular emphasis is placed on the natural environment and on role within each project. «Our buildings and urban spaces fit within the city; the landscape and natural environment reflect their main constraints, forging their own specific


compte du programme, du lieu, de la fonction, du budget, du temps, de la dimension constructive et du développement. De nature synergique, la collaboration des associés est menée par le dialogue, l’efficacité et la réactivité, qui leur permettent d’affiner l’évolution de chaque projet et de répondre de manière optimale aux maîtres de l’ouvrage. n

character and identity, without bowing to current trends», explains Roulet. In each project, the future user is placed centre stage by following a pragmatic approach that is in phase with the project’s schedule, location and function, its allocated budget, its deadlines, its construction and its development. The partnership is based on dialogue, efficiency and responsiveness, which enable it to fine-tune each project and to offer their clients optimised solutions. ■

Pour plus d’informations >>> www.braa.ch

>>> Find out more on www.www.braa.ch

Projets en cours

Rénovation des façades de Rive-Centre, Genève Pour offrir une nouvelle identité au bloc Rive-Centre et conformer les façades aux normes actuelles, parti est pris de concevoir une double peau pour les façades sur rue, composée de grands modules de verre de 3 mètres sur 3. «Traitée avec des plans différents, la modénature «plissée» de la façade décompose et dématérialise l’image reflétée de la ville, en préservant la composition et la lecture de la façade originelle», précise le coassocié Mathias Buchi. Réalisé au cœur de la cité par l’architecte Fritz Jenny en 1962, le bâtiment est implanté dans un quartier protégé par un plan de site. De nuit, il sera illuminé de l’intérieur pour révéler modularité et rythme donnés par les ouvertures initiales.

Renovation of the facades of the Rive-Centre apartment block, Geneva In order to give the Rive Centre apartment block a new identity and make the facades compliant with current standards, it was decided to insert a double curtainwall with large 3 x 3 meter modules in the facades that overlook the street. The folded multi-plane surface of the facades breaks down and dematerializes the reflected image of the town while preserving the layout and appearance of the original facades», explains Mathias Buchi, a partner in the firm. Built at the heart of the city by architect Fritz Jenny in 1962, the building is located on a protected site. It will be lit at night from the inside to reveal the modular design and rhythm created by the initial openings.

Le Clos de Pinchat, Carouge Le programme constructif des trois immeubles de logement se répartit sur six niveaux et comprend 113 appartements en PPE de 3 à 8 pièces, dont le prix est contrôlé par l’Etat de Genève. Orientés est/ouest, tous les logements sont traversants. Les façades bénéficient de larges balcons continus qui s’ouvrent sur un vaste parc arborisé inscrit sur le coteau oriental de la commune. Elles dominent le Vieux-Carouge et offrent une vue dégagée sur la ville et la chaîne du Jura à l’horizon. L’implantation tout en finesse des bâtiments dans la réserve, crée des espaces extérieurs semi-privés et feutrés, réservés aux résidents.

Le Clos de Pinchat, Carouge The three apartment blocks of Le Clos de Pinchat are spread over six levels and comprise 113 three to six bedroom PPE apartments that are price-controlled by the State of Geneva. The apartments fully traverse the building from East to West. The facades feature large continuous balconies, which open on to a large tree-planted park on the western slope of the district.They overlook the old town of Carouge and offer an uninterrupted view of the town and the Jura mountains on the horizon. The subtle layout of the buildings creates an exterior, partly private and muffled space reserved for residents.

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Projets réalisés

Bâtiment administratif des Pléiades, Champel - Genève

The Pleiades administrative building, Champel, Geneva

Le bâtiment est implanté dans un petit parc à Champel. Le programme administratif définit des plateaux modulables. La volumétrie de la construction et le verre en façade caractérisent l’identité du bâtiment qui s’associe à un « prisme dans un écrin de verdure ». Ce dialogue entre la construction et le paysage est mis en évidence par la transparence des façades qui permet d’établir un rapport privilégié entre les espaces et la végétation. Nous avons développé, pour une banque, un concept d’aménagements intérieurs inédit pour recevoir la clientèle, conçu des espaces de travail privilégiant la convivialité et l’échange. La transition entre intérieur et extérieur est assurée par une bande linéaire implantée en périphérie, en continuité des espaces de travail. Le mobilier de cet espace provient de l’univers de l’habitat, offrant aux employés le moyen de s’extraire de l’ambiance du bureau tout en travaillant.

The building is located in a small park in Champel. The layout plan is divided into scalable sections. The surface area of the building and the glass facades liken the building to a «prism in a green jewel-box». The interaction between the structure and the landscape is highlighted by the transparency of the facades, which creates a close link between the building and the surrounding vegetation. Our firm was commissioned by a bank to develop an original concept of interior fixtures that could host clients in work areas that focus on congeniality and sharing. The transition between the interior and exterior is provided by linear band around the periphery that extends from the workspaces. The furnishings reflect a home environment, offering employee the chance to get out of their office environment while continuing to work.

The LMI Parc Hentsch apartment block, Charmille - Geneva Lauréat sur concours, braa a construit cet immeuble de logements à mixité intégrée dans un vaste complexe organisé autour du futur Parc Hentsch. Les espaces jour traversants et les balcons continus s’approprient l’extérieur verdoyant. Rationnels et économiques, les logements de qualité s’élèvent sur huit niveaux, le rez-de-chaussée est pourvu de six entrées distribuant 96 logements à la location et 44 en PPE. Plus d’un tiers dispose d’une pièce autonome destinée à héberger un adolescent, une personne âgée, une fille au pair ou une activité professionnelle sans nuisances (informatique, paramédical), prééquipée pour accueillir une kitchenette, elle comporte des sanitaires. L’accès est indépendant, cette cellule a pour but de suivre l’évolution du groupe familial.

Immeuble LMI Parc Hentsch, Charmilles - Genève The prize-winning firm of BRAA built this integrated mixed apartment block in a vast complex that surrounds the future Parc Hentsch Park. The transversal open spaces and continuous balconies appropriate the green exterior. The high-grade apartments are rationally and economically designed and occupy the eight-story block. The ground floor comprises six entrances that lead to 96 rented apartments and to 44 PPE apartments. More than one third of the apartments include an independent room intended to house a teenager, an elderly person, an au pair girl or an office (computer room or paramedic’s room). It is pre-fitted with a kitchenette, a toilet and washroom and is accessed independently. This room meets the changing needs of families.

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Projets réalisés Loge d'accueil VIP, Givaudan, Vernier. VIP welcome lodge, Givaudan, Vernier.

Monte-lit, EMS Charmilles, Genève. bed elevator, EMS Charmilles, Geneva.

Table d'orientation, Bernex. Viewing table, Bernex.

Agrandissement villa, Conches. Villa extension, Conches.

Ligne de trames, Lancy-Bernex. Lancy-Bernex tram line.

Nouvelle ligne de tram, Lugano (étude en cours). New tram line, Lugano (study in progress).

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FIPOI

Extension du siège de la FIPOI (immeuble IAV à la rue de Varembé). © Frei-Stefani

Texte : FIPOI I Traduction : AVK TRAD

Genève : la FIPOI met en construction deux gros projets La Fondation des immeubles pour les organisations internationales (FIPOI) a pour mission d’assurer la construction et l’hébergement des organisations internationales qui font la réputation de Genève. Fondation de droit privé associant la Confédération et le Canton de Genève, elle met en œuvre des projets d’envergure. Actuellement, deux sont sur les rails, l’un en cours, l’autre prêt à démarrer. Extension du siège de la FIPOI (immeuble IAV à la rue de Varembé) C’est en prolongation du siège de la FIPOI, à la rue de Varembé, que les travaux ont débuté pour l’érection de l’Immeuble administratif de Varembé (IAV). Il s’agit d’un bâtiment de forme ovoïde monté sur une base de forme plus conventionnelle. Il est destiné à accueillir des institutions internationales officiellement reconnues par la Suisse. Il pourra également servir d’extension au bâtiment actuel

de la FIPOI dont les étages supérieurs abritent la mission suisse auprès de l’ONU. En plus de ces objectifs principaux, la partie inférieure de l’immeuble permettra une réorganisation du centre de conférence qui n’est plus adapté dans le bâtiment actuel et l’ouverture d’une crèche de 54 places, réservées prioritairement aux enfants des collaborateurs des institutions internationales domiciliés ou travaillant sur la Commune de Genève. La première idée avait été d’accoler, classiquement, une aile au bâtiment existant. Le résultat était aléatoire vu la proximité des immeubles du voisinage et conduisait à une implantation urbaine trop massive. L’architecte Jean-Pierre Stefani proposa alors la forme ovoïde d’un projet totalement vitré et connecté partiellement à l’immeuble existant.

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FIPOI

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Le résultat offre une surface de bureaux de près de 6'000 mètres carrés répartie sur six étages. Un étage sur deux est susceptible d’être relié à l’ancien bâtiment en fonction des besoins. Chaque étage pourrait être subdivisé en deux parties séparées, bénéficiant chacune de sa propre entrée et de ses propres locaux de service. Au rez-de-chaussée et au rez supérieur, cinq salles de conférence compléteront celles existantes dans l’ancien bâtiment. Elles feront l’objet d’un équipement de très haut standing. En effet, la mission suisse auprès de l’ONU les utilisera à l’occasion de réceptions de chefs d’Etat et d’hôtes VIP pour lesquels il faut disposer d’un accueil et de moyens techniques up-to-date.

Geneva : FIPOI launches two major construction projects The aim of the Fondation des Immeubles pour les Organisations Internationales (FIPOI) is to construct buildings to accommodate international organisations for which the city of Geneva is reputed. FIPOI is a private entity in which the Swiss Confederation and the Canton of Geneva are partners. The FIPOI is currently conducting two large-scale projects: one is in progress, the other is about to be launched.

Techniquement, le bâtiment a nécessité l’implantation de micro pieux pour stabiliser son assise. L’étage en sous-sol offre quinze places de parking. Enfin le bâtiment est labélisé Minergie P, c’est-à-dire qu’il répond, pour l’essentiel, à de hautes performances énergétiques et à des exigences quant à l’isolation de son enveloppe (un vitrage à double peau), une économie dans la production de chaleur en utilisant les calories de l'eau du lac grâce au réseau GLN.

The extension of the FIPOI headquarters on the rue de Varembé coincided with the construction of the Varambé Administrative Building (IAV).This ovoid-shaped, MORE conventionally designed building is intended to accommodate international institutions officially recognized by Switzerland.The building could also serve as an extension to the current FIPOI building in which the upper stories house the Swiss mission to the United Nations.

Les travaux ont débuté début 2015 et le bâtiment sera mis en service au milieu de 2016 avec une livraison anticipée de la crèche pour organiser un aménagement qui a fait l’objet d’un accord avec le Service genevois de la petite enfance.

The conference centre, located in the lower part of the building and no longer adapted to the needs of the present building, will be revamped. In addition, a nursery will be opened with 54 places reserved for the children of staff who work for international institutions domiciled in the district of Geneva.

Extension of the FIPOI Headquarters (the IAV building on the rue de Varembé).

It was initially planned to add a wing to the existing building. The somewhat random outcome, given the proximity of adjoining buildings, was an overconcentration of the urban layout. To overcome the problem, architect Jean-Pierre Stefani proposed an ovoid-shaped, totally glass panelled building that is partly connected to the existing structure. The result was 6,000 sq. m. of available office space spread over six stories. One story out of two may be joined to the former building to meet demand for office space. Each story can also be subdivided into two separate parts, each with its own entrance and service areas. On the ground and upper floors, five conference rooms will be added to those that already exist in the former building. The conference rooms will be fitted with leading-edge technology.The Swiss mission to the United Nations will use these rooms for official receptions with heads of state and VIP guests for whom it is important to provide up-to-date hosting and technical facilities. The building is fitted with micro-piles to stabilise its foundations.The basement offers 15 parking spaces. The building is Minergie P certified, which guarantees energy efficiency and effective insulation (double glazing). The building, which also features an economical heat production system using the heat from the lake water through the GLN network. Work began at the beginning of 2015.The building will be opened in mid 2016, while the nursery will be delivered ahead of time so as to organize its refurbishment, as agreed with the Geneva Department of Infants.

Etage type © Frei-Sefani

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FIPOI

Work began at the beginning of 2015.The building will be opened in mid 2016, while the nursery will be delivered ahead of time so as to organize its refurbishment, as agreed with the Geneva Department of Infants.


FIPOI © De Giuli & Portier Architectes SA

Nouvel immeuble de la Fédération de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge est logée actuellement dans un immeuble construit à deux époques différentes. Le plus ancien est dans un état qui évoque plus l’abnégation des successeurs d’Henri Dunant que les conditions de travail habituelles sous nos latitudes. De plus, faute de place, il est flanqué de plusieurs bâtisses provisoires qui ne méritent pas de perdurer. Il a donc été décidé de démolir l’ancien bâtiment et les pavillons provisoires et de ne maintenir que la partie la plus récente qui sert d’entrée et de distribution des circulations. Ce dernier bâtiment, signé par l’architecte De Giuli, père, fera l’objet d’une rénovation et d’une adaptation. C’est le bureau De Giuli (fils) & Portier architectes SA, qui est chargé du nouveau projet dont la première difficulté a été de reloger 350 collaborateurs pendant la durée des travaux estimée à deux ans. Une solution a été trouvée à Vernier dans le bâtiment d’un grand distributeur de meubles en kit. Ce sera fait dès la fin de l’année 2015. Le coût global du nouveau projet, y compris le relogement provisoire, est estimé à 60 millions de francs et fera l’objet

New building for the International Federation of Red Cross and Red Crescent Societies The International Federation of Red Cross and Red Crescent Societies is currently housed in a building that was built at two different periods. The older section of the building suggests more the selfabnegation displayed by the successors of Henri Dunant (founder of the Red Cross) than a contemporary work environment.The building, located on a cramped site, is flanked by several temporary buildings which do not deserve to last. It was therefore decided to demolish the older building and temporary pavilions and to retain the most recent part which serves as an entrance and a hall from which various corridors lead off. The latter building, designed by architect De Giuli senior, will be renovated and reconfigured. De Giuli (junior) & Portier architectes SA has been appointed to manage the new project. The immediate concern was to house 350 employees during the work which is expected to last two years. A solution was found at Vernier in the building owned by a leading furniture kit retailer.The relocation will take place at the end of 2015. The estimated cost of the new project, including the temporary relocation, is 60 million CHF.The project will benefit from a FIPOI loan granted by the Swiss Confederation. The State of Geneva will allow the Federation to occupy its land free of charge. The Federation will be the contracting authority and the future owner of the new building, which aims to be unostentatious, will comprise two underground levels, four upper levels, a ground floor and a glass-panelled top floor with greater headroom.The building will be

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FIPOI

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© De Giuli & Portier Architectes SA

d‘un prêt gratuit sur 50 ans de la FIPOI, octroyé à cette dernière par la Confédération. L’Etat de Genève accordera un droit de superficie gratuit à la fédération pour la mise à disposition du terrain qui lui appartient. La Fédération sera le maître d'ouvrage et le futur propriétaire de ce nouveau bâtiment. Ce dernier, qui se veut sans ostentation, comportera deux niveaux souterrains, quatre niveaux sur un rez-de-chaussée et, enfin, un dernier étage vitré de plus grande hauteur. L’entrée se fera dans l’ancienne partie accolée à la nouvelle construction. Les quatre étages principaux seront essentiellement consacrés à des bureaux tandis que le dernier offrira des espaces de réunions et de service en plus de quelques bureaux plus spacieux. Au cinquième niveau, on prévoit un potager urbain. La surface utile dépassera les 15'000 mètres carrés. Alors que le bâtiment actuel est totalement fermé au public, le nouveau sera ouvert aux visiteurs au niveau du rez-dechaussée. Seuls les étages seront protégés par badge. Cette volonté d’ouverture va plus loin puisque, en collaboration avec la Ville de Genève, tous les cheminements piétonniers et cyclables seront revus pour rapprocher la nouvelle construction du centre historique du bourg. Enfin le jardin de la propriété sera ouvert au public pour créer le Saconnex Parc. Comme tous les immeubles financés par la FIPOI, le bâtiment de la Fédération de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge fera l’objet de toutes les mesures nécessaires à la protection de l’environnement. Il portera le label Minergie P + Eco qui indique qu’en plus des qualités énergétiques citées pour l’immeuble IAV ci-dessus, on se préoccupe d’un éventuel changement d’affectation, de l’économie d’énergie grise au moment de sa construction et du recyclage des matériaux au moment de sa démolition. Le nouveau bâtiment devrait être rendu à ses occupants au début 2018. n >>> Pour plus d’informations www.fipoi.ch

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FIPOI

accessed via the former part of the building, joined to the new structure.The four main floors will mainly comprise offices, while the top floor will offer meeting rooms, services and a few more spacious offices. An urban vegetable garden is planned on the fifth floor. The available surface area will exceed 15,000 sq. m. Unlike the current building, which is totally closed to the public, the new one will be open to visitors on the ground floor.The upper floor can only be accessed with an ID badge. With a view to making the new building more accessible, the project managers are working with the City of Geneva to revamp the surrounding pedestrian and cycle paths to bring the new structure closer to the city’s historical centre. Finally, the building’s garden will be turned into a public park and will be called the Saconnex Park. As with all buildings financed by FIPOI, the building of the Federation of the Red Cross and Red Crescent will respect environmental codes and standards. It will be Minergie P + Eco certified, which means that in addition to the energy efficiency measures taken for the IAV building, as mentioned above, attention will be paid to re-assigning the building, if needed, to saving grey energy during the construction phase and to recycling materials when the building is demolished. The new building is expected to be delivered to its occupants at the beginning of 2018. n

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ARCHI tecture

Direction des travaux: SD Construction

Texte: André Jaunin I Traduction: AVK TRAD

Crans-Montana: Chetzeron, joyau d’altitude Une gare de téléphérique transformée en hôtel. Une gare de télécabine, c’est grand, c’est froid, c’est bruyant: le royaume des courants d’air. En faire un hôtel chaleureux, accueillant et doté du plus beau panorama dont on puisse rêver, c’est la gageure qu’Actescollectifs Architectes et l’entreprise SD Construction ont tenue à Crans-Montana.

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ARCHITECTURE

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Au départ, une gare d’arrivée d’une télécabine désaffectée à 2100 mètres d’altitude, équipée d’un restaurant. Dans un premier temps, le propriétaire transforme le restaurant en un établissement de haut de gamme, puis il décide de compléter l’équipement en créant un hôtel d’une quinzaine de chambres. Les démarches administratives sont longues puisque seule la volumétrie existante a permis à la commune de Lens d’accorder le changement d’affectation : élever un édifice neuf à cet endroit n’aurait pas été autorisé. Techniquement ensuite, il a fallu rendre le bâtiment étanche avant de pouvoir y travailler en hiver. Sans compter le problème de logistique puisque les accès sont réduits à leur plus simple expression. Véhicules tout-terrain en été. En hiver, les hôtes du restaurant et de l’hôtel qui vient de s’ouvrir sont « condamnés » aux skis, à une marche à pied de quinze minutes depuis la télécabine de Cry d’Er ou aux chenillettes affrétées par l’hôtel. Cabane, mais de luxe La transformation respecte la répartition des espaces et exploite au mieux les volumes existants. Sur la partie est, seize chambres et, sur la partie centrale, le lobby et la réception de l'hôtel. Sur la partie nord, une extension a permis l'implantation de nouveaux sanitaires pour le restaurant et l'hôtel ainsi qu'une salle de conférence et un espace wellness comprenant hammam et sauna. Sur le toit, une piscine s'implante au milieu du panorama alpin. L'espace de l'ancienne gare de télécabine respecte le caractère du lieu en conservant les grands portiques en béton. Au sud, l’ancienne ouverture où entraient les cabines est fermée par une grande baie vitrée. La fosse est devenue le lieu du petit déjeuner. Les murs extérieurs sont réalisés avec de la pierre sèche qui évoque inévitablement les cabanes alpines et contribue à asseoir le bâtiment dans le paysage. Sous l’habillage de pierre, l’isolation thermique est un des éléments qui permet à l’ensemble de bénéficier du label Minergie qui garantit que le bâtiment est autonome en matière d’énergie. Si un énorme travail a été réalisé pour conserver les volumes d’origine de la gare, un défi encore plus grand a été de rendre chaleureux et accueillant cet ensemble où les structures de béton dominaient. C’est au bois que les décorateurs d’intérieur ont recouru en priorité pour transformer la froideur du béton en un ensemble chaleureux où il fait bon vivre. Planchers, murs, plafonds et meubles, le bois clair réchauffe, enrichit les volumes et fait contraste avec le gris des structures porteuses héritées du passé câblé. A l’extérieur – et c’est là qu’on jouit du panorama le plus large – des terrasses sur trois niveaux accueillent les visiteurs avec une vue à couper le souffle sur la vallée du Rhône et les Alpes, du Cervin au Mont-Blanc. Chetzeron, en patois valaisan, la crête ronde, n’a pas volé son nom, il se situe sur la crête tant par sa situation que par son offre hôtelière. n >>> Pour plus d’informations www.chetzeron.ch


ARCHITECTURE


Crans-Montana: high altitude luxury at Chetzeron A ski lift station converted into a hotel A ski-lift station is typically a large, cold, noisy and drafty place. The firms of Actescollectifs Architectes and SD Construction have ingeniously converted it into a warm and cosy hotel with outstanding views over the ski resort of Crans-Montana.

with its large concrete girders has been preserved. To the south, the former entrance of the ski-lift station has been closed off by a large bay glass window. The cable car trench has been turned into a breakfast room.

The site was originally a disused cable car terminal and restaurant located at an altitude of 2,100 meters. The owner first converted the restaurant into a fine cuisine eatery and then decided to add a hotel with fifteen guest rooms.

The outside walls are built with dry stone in the style of local alpine chalets and contribute to blending the building into the surrounding landscape. The building has received the Minergie quality label thanks to its heat insulation system under the stone clad structure, thereby guaranteeing its self-sufficiency in energy.

It took a long time to complete the administrative formalities since the Lens District Council only authorised the re-use of existing surface areas but not the construction of a new building. The next step was to make the building air and leak tight to be able to carry out the conversion work during the winter months. Logistics was the next concern since access to the site is very limited. While all-road vehicles can reach the site in summer, the restaurant and hotel, which recently opened, are «cut off» in winter and are only accessible on skis, by walking fifteen minutes from the Cry d’Er ski-lift or via tracked vehicles chartered by the hotel. A mountain cabin with a touch of luxury The conversion respects the distribution of space and maximizes the use of existing volumes. Sixteen guest rooms have been built on the eastern side while the hotel lobby and reception areas are located in the central section. In the northern part, an extension wing includes new toilets and wash-rooms for the restaurant and hotel, a conference room and a wellness centre fitted with a hammam and sauna. A rooftop swimming pool offers broad views over the Alps. The style of the former ski-lift station

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ARCHITECTURE

Major work was undertaken to preserve the original structures of the skilift station. However, the real challenge facing the architects was to make the building, with its mainly concrete structures, warm and friendly.The interior decorators chose wood to transform the impersonal concrete structures into a hospitable and inviting environment.The floors, walls, ceilings, furnishings and light-coloured reheated wood all enhance the building’s existing volumes and contrast with the supporting structures of the original cable car station. Visitors can enjoy outside terraces on three levels which offer stunning views over the Rhone Valley and Alps, from the Matterhorn to Mont Blanc. Chetzeron, which means round summit in the Valais Canton dialect, fully lives up to its name since it lies at the top of a mountain and includes a top-grade hotel. n

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L’heure

ARCHI time

Texte: Ignaz Miller Traduction: Jérôme Ferry, AVK TRAD

est à de nouvelles formes… … car une montre ne doit pas forcément être ronde. En effet, de grandes créations comme la Tank ou la Reverso sont l’illustration que d’autres formes conviennent également. Voici une sélection de six modèles de montres à la géométrie particulièrement innovante. New watch designs. A watch does not necessarily have to be round-shaped. Breakthrough creations such asTheTank or Reverso are proof that other designs can be equally suitable. Below is a selection of six timepieces with particularly innovative geometric features.

▼ La solution «bridge» C’eût été dommage pour l’esthétique de ne pas reprendre le fameux mouvement baguette vertical, spécifique à la marque Corum. Choisir la Golden bridge c’est choisir un style, une forme, mais aussi jeter son dévolu sur une prouesse technique devenue légende et dont la mise sous verre est plus que méritée. The solution «bridge» From an aesthetic standpoint it would have been a pity not to have chosen the famous vertical housing movement specific to the Corum brand. To choose the Golden Bridge is to choose a distinctive style and design, but also legendary technical expertise. Its glass casing is more than deserved.

▲ Une concavité exclusive

Le Lucernois Bucherer a tout pour plaire car ce très compétent concessionnaire de montres est aussi un excellent horloger et remarquable orfèvre et créateur. Le modèle dames Alacria en est un exemple. Il se distingue par l’originalité de la forme: concavité des flancs du boîtier et une lunette surélevée. Les diamants et saphirs ajoutent au charme irrésistible de cette montre. The Lucernois Bucherer watch has an exclusive concave shape and has all the qualities to attract customers, coupled to the fact that this highly skilled watch dealer is also an excellent watch maker, outstanding goldsmith and creator. The Alacria ladies’ model is an example. It stands out through its original design: the concave shape of the case and a raised bezel. The diamonds and sapphires add to the irresistible charm of this timepiece.

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▲ «Amérique, merci!»

La Tonneau de Cartier est l’incarnation même du rectangle. Lancé il y aura bientôt cent ans, ce modèle est une icône. Que vous optiez, selon vos goûts, pour la version américaine, française ou anglaise, la forme reste la même (rectangulaire). «Thank you America!» Cartier’s Tonneau embodies a rectangle. Launched almost one hundred years ago, this timepiece is an icon. Whether you opt for the American, French or English version, the rectangular shape remains the same. The American version, which is a vibrant tribute to the great liberator of the First World War, features a very elegant cambered dial.


▲ Le charme des «ailettes de refroidissement»

Karl-Friedrich Scheufele, codirecteur de la maison Chopard, voue aux montres – et aux bons vins – une véritable passion, notamment à l’Engine One, dont il apprécie tout particulièrement le côté high-tech. Une montre attractive aussi par sa géométrie, rectangulaire et curviligne. The appeal of the «cooling vanes» Karl-Friedrich Scheufele, co-director of Chopard, devotes true passion to watches– and to good wines – particularly to Engine One, whose high tech design is one he particularly likes.The appeal of the watch also lies in its rectangular and curvilinear geometry.

La forme épouse la fonction

Cette règle d’or de l’architecture moderne aurait aussi pu être édictée par le manufacturier Jaeger- LeCoultre, au moment où il conçut la Reverso, en 1931. Car, étant basculant, monté sur charnière, le boîtier de celle-ci se devait d’être rectangulaire. La partie mécanique étant rectangulaire elle aussi, cette montre est un archétype de rectangularité. Design embraces function This golden rule of modern architecture could have been advocated by manufacturer Jaeger-LeCoultre when it designed the Reverso in 1931. The swivel, hinge-mounted case was designed to be rectangular. The mechanical section is also rectangular, making this watch an archetype of rectangularity.

▲ Le choix des individualistes

La maison Parmigiani reste axée sur l’excellence. Une maison qui n’hésite pas à prendre des chemins de traverse pour réaliser des modèles de montres allant au-delà de nos attentes. Comme, par exemple, la très esthétique Kalpagraph, dont la forme se situe entre celle du rectangle et celle du tonneau. A souligner aussi, ses imposantes attaches, propres à la marque. Un concert de formes! Chosen by individualists Parmigiani continues to focus on excellence. The company does not hesitate to design innovative timepieces that exceed our expectations, such as the highly aesthetic Kalpagraph which is partly rectangular, partly barrel-shaped. Its impressive attachments are specific to the brand. A symphony of shapes and forms!

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Daniel Riedo,

CEO de Jaeger-LeCoultre Interview réalisée par : Ignaz Miller I Traduction : AVK TRAD

La Reverso est un succès mondial et en même temps une montre dotée d’une identité forte malgré le fait qu’elle se décline sans cesse. Le format comme le contenu changent en permanence. Comment JaegerLeCoultre arrive-t-elle à garder la balance entre tradition et innovation esthétique? C’est un équilibre subtil. Si la Reverso a présenté plusieurs visages et complications depuis 1931 – jusqu’à trois cadrans avec la Reverso Grande Complication à Triptyque! –, elle a toujours conservé son apparence caractéristique. Le style Art déco, les trois godrons sur le boîtier et le cadran épuré sont parmi les éléments esthétiques qui la rendent identifiable.

Au début de sa carrière, la forme de la Reverso n’était-elle pas la conséquence d’une nécessité technique (pour renverser la boîte) au lieu d’une volonté de forme? Nécessité technique et volonté de forme sont étroitement liées. La Reverso a été créée suite à la demande des officiers de l’armée britannique qui jouaient au polo en Inde. Ils souhaitaient une montre capable de survivre sans dommage à un match de polo. A l’époque le verre saphir n’existait pas, la protection du verre était donc la priorité. Pour la conception du boîtier, Jacques-David LeCoultre s’est adressé à l’ingénieur Alfred Chauvot qui a développé ce système permettant à la montre de pivoter sur elle-même tout en coulissant dans son support. On peut penser que le retournement était plus facilement concevable sur un boîtier rectangulaire plutôt que rond. Le modèle Reverso incarne également le style Art déco dont il synthétise les valeurs fondamentales avec sa forme rectangulaire, ses lignes simples et géométriques.

INTER VIEW

Au début, la Reverso fut l’expression d’une ambition sportive. Aujourd’hui, par contre, elle est tellement classique qu’elle fait partie des icônes. Comment s’explique cette métamorphose? Après sa création en 1931, la Reverso a rapidement conquis d’autres univers que celui du polo et du sport. Du fait de la variété des modèles proposés, elle s’est vue adoptée par une clientèle plus large, plus urbaine, internationale et plus féminine. Chacun peut trouver la Reverso qui lui correspond en fonction de l’usage qu’il en fait. Une personne qui voyage souvent préférera sans doute une Reverso Duoface munie de deux cadrans, l’un affichant l’heure du pays d’origine, l’autre celle du pays où elle se trouve. Une femme qui recherche une montre-bijou se tournera vers une Reverso sertie, tandis qu’un collectionneur sera davantage séduit par la Grande Reverso Tourbillon Squelette de la collection Hybris Artistica.

En général, les montres rectangulaires séduisent tout le monde mais sont rarement un succès commercial. Comment expliquez-vous ce phénomène ? La Reverso se caractérise d’abord par une personnalité unique et une esthétique intemporelle. Les multiples déclinaisons ont permis de séduire à la fois les hommes et les femmes, les passionnés d’horlogerie comme les amateurs de beaux objets. La personnalisation de la Reverso par nos maîtres sertisseurs, émailleurs ou graveurs renforce la relation émotionnelle déjà forte qui lie le détenteur à sa montre.

Selon votre jugement, quelle est l’importance d’un mouvement rectangulaire pour une montre rectangulaire ? C’est là toute la philosophie de la marque: l’harmonie entre la forme et le contenu. Chaque montre a son propre mouvement, développé pour elle en fonction de son design et de ses fonctions. Le contenant et le contenu forment un tout intégré. C’est ce que nous appelons l’intégrité du produit.

Pourriez-vous vous imaginer d’autres montres rectangulaires dans la collection Jaeger-LeCoultre?

Non, pas vraiment. n

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The Reverso is an international success. It is also a watch with a strong identity despite undergoing frequent extensions. Its form and content change constantly. How does Jaeger-LeCoultre manage to maintain a balance between tradition and aesthetic innovation ? This is a subtle balance. While Reverso has undergone various changes and has added more complex features since 1931 – up to three dials with the Reverso Grande Complication à Triptyque ! –, but it has always retained its distinctive appearance. The Art deco style, the three gadroons on the case and the minimalist dial are all distinctive aesthetic features.

When the Reverso was first launched, was its design driven by a technical requirement (to turn over the case) rather than by a deliberate choice of form ? The need to meet a technical requirement and a deliberate choice of form are closely linked. The Reverso was created at the request of British army officers who played polo in India. They wanted a sturdy watch that could withstand damage during a polo match. The sapphire watch glass did not exist at that time; protecting the watch glass was therefore the priority. For the design of the case, Jacques-David LeCoultre called on engineer Alfred Chauvot who developed a system that enabled the watch to swivel on its axis while sliding inside its mounting. It was thought that it was easier to rotate the watch in a rectangular case rather than in a round one. The Reverso model also embodies the Art deco style with its rectangular design and simple and geometric lines.

Initially, the Reverso addressed a need in the world of sport. Today, however, it has become such a classic that it has become an icon. How to you explain this transformation ? After its inception in 1931, the Reverso rapidly became popular not only in the world of polo playing and sport. Owing to the variety of models proposed, it has won over a clientele that is wider, more urban, international and feminine. The Reverso has something for everyone, depending on its use. A person who travels will probably prefer the Reverso Duoface with its two dials, one that displays the time in the country of origin, the other the time in the country where one happens to be. A woman who seeks a jewel watch will opt for a Reverso with its set precious stones, whereas a collector will be more drawn to the Grande Reverso Tourbillon Squelette in the Hybris Artistica collection.

In general, everyone is attracted by rectangular watches but they are rarely a commercial success. How do you explain this phenomenon ? The Reverso has a unique personality and a timeless aesthetic. Its many extensions attract both men and women, timepiece enthusiasts as well as lovers of beautiful objects. The customization of the Reverso by our master jewel setters, enamellers or engravers strengthens already strong emotional relationship between the watch and its owner.

In your opinion, how important is a rectangular movement for a rectangular watch ? This is the very ethos of the brand: achieving harmony between form and content. Each watch has its own intrinsic movement according to its design and functions. Form and content are part of an integral whole. We refer to this as the product’s integrity.

Can you imagine including other rectangular timepieces in the JaegerLeCoultre collection ? No, not really. n


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Texte et photos : Hublot SA l Traduction : AVK TRAD

l’art de la fusion En 2007, Hublot ouvrait sa première boutique à Paris, à la place Vendôme, naturellement! L’an dernier, à Zurich, à la Bahnhofstrasse, naturellement! Entre-temps, c’est plus d’une septantaine de nouveaux points de vente de la marque – un par mois en moyenne –, tous idéalement placés, qui ceinturent le monde. Chacun bénéficie du nouveau concept d’aménagement qu’Hublot réserve à ses boutiques.

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La surface idéale se situe entre cinquante et septante mètres carrés, organisés de telle façon que, dès l’entrée et pour inviter la clientèle à franchir le pas de l’univers Hublot, on puisse mettre en place un large écran plasma qui diffuse les images des nombreux événements et partenariats de la marque. Une fois dans la place, le visiteur est accueilli dans une ambiance qui réinterprète le concept de fusion chère à la marque, mais avec une nouvelle combinaison de matériaux: bois de chêne brossé et argenté, laine pour les sols, panneaux matelassés de fibre soyeuse pour habiller les parois, éléments de bois noir et d’acier chromé pour souligner les vitrines. L’art de la fusion ne s’applique pas qu’aux matériaux, Hublot le réserve aussi au style. Dans les endroits plus confidentiels, réservés aux clients, le velours doré est combiné avec un autre tissu pour une réinterprétation contemporaine des moulures du XVIe siècle. Des faisceaux de lumière ciblés font miroiter les vitrines et mettent en valeur les montres, les mouvements et les pierres précieuses. Les nuances de noir et de gris, valorisées par du mobilier contemporain, des canapés et fauteuils en cuir pleine fleur et fabriqués tout spécialement pour Hublot, contribuent à créer une ambiance chaleureuse et feutrée. Art de la fusion et fusion de l’art. C’est à Murano qu’Hublot a fait réaliser une ligne d’éclairage sur mesure. Elle comprend des lampes de table, des appliques murales et des chandeliers. C’est aussi d’Italie que proviennent des plaques de verre spatulées et argentées produites spécialement pour les boutiques. Pour caractériser les parois d’une touche moderniste, des tableaux pop art valorisent les modèles phares de la marque. Enfin, pour boucler la boucle, c’est-à-dire mettre en évidence les montres exposées – ce qui est finalement le but premier de cet écrin – les vitrines ont fait l’objet de traitements tout particuliers. A l’intérieur, des moteurs spatiaux permettent de visualiser les montres dans toutes les positions. Quant aux vitrines, elles sont équipées de verre LCG (liquid crystal glass) qui possèdent des caractéristiques uniques: il est en effet capable de s’obscurcir et de s’éclaircir sur une des quarante-cinq surfaces prédéfinies qui le composent et qui peuvent être pilotées individuellement par un système de séquenceurs indépendants, et cela sans aucun fil ou autres éléments visibles. Haute technologie horlogère et subtilité d’un aménagement qui allient classe et ambiance chaleureuse, c’est tout l’art de la fusion. n >>> Pour plus d’informations www.hublot.com

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Hublot and fusion art In 2007, Hublot opened its first boutique in Paris on the Place Vendôme, where else? Last year, it opened another outlet on the Bahnhofstrasse in Zurich, another natural choice. Since then, over seventy new flagship stores – an average of one per month, all in prime locations around the world, have opened.The new layout concept that Hublot has introduced in its boutiques has proved a win-win solution. The ideal in-store surface area is between fifty and seventy square meters. From the entrance, a wide plasma screen projecting images of promotional events and partnerships that the Hublot brand is involved in, can be installed to woo customers into the Hublot world. Once inside, the visitor enters a world which re-interprets the concept of fusion to which the brand adheres, but in a new combination of materials: brushed and silvered oak wood, wool floors, silk fiber padded panels covering the walls and black and chrome steel sections to emphasize the windows. Hublot does not only apply the concept of fusion art to materials; it also uses it to create style. In hidden alcoves reserved for customers, gold velvet is combined with another fabric that re-interprets 16th century mouldings in a contemporary finish. Pinpointed shafts of light are reflected on the windows and set off the timepieces, movements and

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precious stones. The shades of black and grey, emphasized by the contemporary furnishings, sofas and floral patterned padded leather armchairs, custom-made for Hublot, contribute to creating a warm and plush atmosphere. Fusion art and art fusion. In Murano, Italy, Hublot ordered a customized range of lighting, including table lamps, wall brackets and chandeliers. The spatulated and silver-coated glass panels were specially produced for its boutiques. In order to give the walls a modernist touch, pop art pictures give the branded products added impact. Finally, in order to make the display of timepieces stand out, which is, after all, the main aim of this jewel case layout, the windows have been specially decorated. Inside, motors rotate the timepieces in all positions.The windows comprise liquid crystal glass (LCG) which has unique properties. LCG can darken and lighten one of its forty-five predefined surfaces and can be powered by a system of independent sequencer units that are wireless and have no other visible fixtures. Fusion art can best be summed up as leading-edge watch making technology that combines subtle designs and elegance that create a warm and inviting atmosphere. n

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UPIAV Photo : © Projet Pôle muséal, Lausanne/Studio Barozzi&Veiga, Barcelone l Traduction : AVK TRAD

Les concours d’architecture et d’ingénierie : une garantie de qualité Vient d’être annoncé un concours d’architecture lié à la deuxième phase du Pôle muséal de Lausanne. Au sein du jury vont notamment figurer deux architectes internationalement connus, soit Sir David Chipperfield et Kengo Kuma, respectivement britannique et japonais. Ce futur concours aboutira à finaliser le principal centre culturel de Lausanne. C’est le plus récent d’une très longue série puisque le concours fait partie de la pratique publique helvétique de la construction depuis plus de cent ans et conduit à un environnement architectural de première qualité. Les constructeurs cantonaux y recourent très régulièrement pour leurs principaux chantiers (musées, parlement, hôpitaux, etc.). L’UPIAV insiste pour que l’on pratique également le concours dans le cadre de la réalisation de constructions de moindre envergure notamment au niveau des communes (collèges, administration publique, etc.). Pour les architectes, pour les ingénieurs et pour les groupes multidisciplinaires,

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UPIAV

ARCHITECTURE AND ENGINEERING COMPETITIONS : A GUARANTEE OF QUALITY An architecture competition as part of the second phase of the city of Lausanne museums project was recently announced. The jury will include two internationally acclaimed architects, Sir David Chipperfield, who is British, and Kengo Kuma, who is Japanese. The future competition will finalize Lausanne’s main arts centre. It is the most recent of a very long series of competitions since this particular competition reflects the popularity of architecture and construction with the Swiss public for over one hundred years and helps to create a top-quality architectural environment. The canton’s construction firms regularly use competitions for their key projects (museums, parliament, hospitals). The UPIAV also promotes competitions for smaller-scale buildings at communal level


c’est une manière de se faire une place dans le monde de la construction. Pour tout un chacun, c’est l’assurance de constructions de très grande qualité, durables, dans le cadre d’une procédure qui est intégrée dans la législation vaudoise sur les marchés publics. La règlementation du concours est concrétisée dans le cadre du Règlement SIA 142 des concours d’architecture et d’ingénierie. Dans la mesure où une collectivité n’a pas encore de concept au niveau du projet à réaliser, c’est bien par la voie du concours qu’il faut procéder, même pour une construction de moindre importance, un appel d’offres n’est en effet pas conçu pour la mise sur pied d’idées architecturales ou d’ingénierie, mais pour une confrontation de prestations essentiellement financières. Il est regrettable de constater que parfois un constructeur évite le concours qui n’est en réalité pas plus compliqué, pas plus cher et pas plus long qu’un appel d’offres. A relever que les conditions formelles du concours peuvent se réduire à un minimum pour simplifier le processus et qu’heureusement, des constructeurs privés pratiquent également les concours sans avoir à tenir compte des marchés publics.

(colleges, public administration). For architects, engineers or multidisciplinary groups, competitions are an opportunity for them to make their mark in the construction industry. For everyone, it is a guarantee of high quality sustainable buildings under a procedure written into public contracts legislation in the canton of Vaud. The rules of the competition were set out in the SIA 142 regulations on architecture and engineering competitions. When a local authority does not yet have a concept for a future project, a competition is a natural option, even for a smaller building, also because a public invitation for bids is not designed to trigger architectural or engineering ideas but to compare essentially financial proposals. It is regrettable that a construction firm sometimes avoids competitions that, at the end of the day, are no more complicated, expensive or long-winded than replying to an invitation for bids. The formal requirements of the competition can be reduced to a minimum to simplify the process. Fortunately, private construction firms also use competitions without having to follow public contracts procedures. We are strong advocates of the competition, not just because of the financial aspect but also only because we adhere to the architectural or engineering concept. n

Donc, s’il y a matière à la mise sur pied d’un concept architectural ou d’ingénierie, et pas seulement à la présentation d’une offre financière, nous préconisons fermement la perspective du concours ! n

Secrétaire général UPIAV General secretary UPIAV

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© Rainer Sohlbank

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ARCHI tecture

Architecte (projet): BernardTschumi Architects Architecte (exécution): Fehlmann Architectes SA

Texte : André Jaunin l Photos : Christian Richters l Traduction : AVK TRAD

Une soucoupe volante mélodieuse Carnal Hall, Le Rosey à Rolle. A musical performance in a flying saucer Carnal Hall at the Rosey School in Rolle

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Architecture


Au mois d’octobre dernier, le Royal Philharmonic Orchestra, dirigé par Charles Dutoit, inaugurait, par un concert, le Paul & Henri Carnal Hall à l’Ecole du Rosey, installée depuis 1880 à Rolle. Signé par Bernard Tschumi, un architecte d’origine lausannoise mais de réputation mondiale et Fehlmann Architectes, à Morges, le bâtiment – que l’école désigne sous le nom de Learning Center – est surnommé la soucoupe volante. Il est remarquable à plus d’un titre. Du point de vue architectural, le bâtiment se présente comme un dôme de 92 mètres de diamètre, offrant une surface au sol de l’ordre de 5'000 mètres carrés. Recouvert d’acier inoxydable, le dôme, à la courbure douce, s’inscrit dans le paysage et réfléchit les arbres de la propriété, faci-

litant l’intégration d’une forme résolument moderne dans un bâti historique plutôt conservateur. L’élément marquant du dôme est la salle de concert, cœur du bâtiment pour lequel les architectes se sont faits aider par l’acousticien Alban Bassuet et l’entreprise jurassienne Schwab System, spécialisée dans la conception d’auditorium. Habillé de bois aux formes géométriques engravées, équipé de trois conques acoustiques, aménagé pour accueillir 900 à 1000 auditeurs installés confortablement, l’espace musical à l’acoustique remarquable passe pour une des meilleures salles de concert de Suisse. Il est prêt à accueillir concerts, conférences, ballets ou comédies musicales. Un certain nombre de manifestations sont ouvertes au public.

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© BernardTschumi

Au service de la création Du point de vue fonctionnel, le bâtiment se présente comme un grand espace avec un système de soutien simple qui facilite la distribution des locaux. Hormis le cocon de bois de la salle de concert, les cloisons sont de verre transparent, opaque ou translucide qui assurent une large diffusion latérale de lumière naturelle. Un système de circulation d’air complexe garantit la ventilation. Dans le cahier des charges de l’Ecole du Rosey, le Learning Center avait pour mission de constituer un espace de travail extérieur aux classes vouées à l’enseignement traditionnel. Il devait faciliter la recherche personnelle des élèves, le travail en équipe et la rencontre avec de nouvelles disciplines. Le défi consistait à mettre à disposition des élèves des outils au service de la création, de la culture, des arts et de la communication. Donc, au-delà de la salle de concert, le dôme abrite de nombreux autres locaux. Pour la musique, seize studios dédiés aux percussions, au rock et au jazz. Pour les arts graphiques cinq ateliers pour le dessin, la sculpture, la photographie. Enfin des espaces réservés au travail de la terre, du verre, des tissus et de l’impression 3D, au théâtre, à la gastronomie, à la danse. La synthèse entre la volonté de l’école d’inciter ses élèves à la créativité et l’imagination créatrice des architectes Bernard Tschumi et ses collègues morgiens ont fait de l’ovni de Rolle un objet parfaitement identifié : une soucoupe bien intégrée qui réjouit tant la direction et les internes de l’Ecole du Rosey que les musiciens et mélomanes résidents ou invités. n >>> Pour plus d’informations www.rosey.ch


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Last October, the Royal Philharmonic Orchestra conducted by Charles Dutoit performed a concert to inaugurate the Paul & Henri Carnal Hall at the Rosey School, established in the district of Rolle since 1880. The building or Learning Centre as the school calls it was designed by Bernard Tschumi, an architect originally from Lausanne and who has gained world acclaim, and by the firm of Fehlmann Architectes based in Morges, and is nicknamed the flying saucer. The building is outstanding in more ways than one. From the architectural standpoint, the building features a 92-meter diameter dome and 5,000 square meters of floor space. The gently curving dome, which is covered in stainless steel, blends in with the surrounding landscape and reflects the trees in the school grounds, facilitating the integration of a deliberately modern design into a rather conservative historical structure. The distinctive feature of the dome is the concert hall located at the heart of the building and for which the architects were assisted by the acoustician Alban Bassuet and the Jura-based firm Schwab System specialized in the design of auditoriums. Covered in wood with engraved geometric shapes and fitted with three acoustic shells, the concert hall is designed to house 900 to 1,000 spectators, all comfortably seated. The building, with its excellent acoustics, is regarded as one of the finest concert halls in Switzerland. It can host concerts, conferences, ballet performances and musicals. A number of events are open to the general public.

An example of creative architecture From a functional viewpoint, the building contains a large space with a simple supporting system, which facilitates the layout of the different rooms. Besides the wooden cocoon of the concert hall, the partitions are in transparent, glass or translucent glass which diffuse natural light laterally across a wide area. The building is ventilated by a complex airflow system. As stated in the list of specifications of the Rosey School, the Learning Centre in intended to be a workspace outside classrooms devoted to traditional learning. It was meant to facilitate private study by students, teamwork and access to new disciplines.The challenge was to offer students tools that favour creation, art, culture and communication. Hence, beyond the concert hall, the dome houses many other facilities. For music, there are sixteen studios devoted to percussion, rock and jazz. For the graphic arts, five workshops for drawing, sculpture and photography have been planned. Finally, there are areas devoted to work with clay, glass, fabrics and 3D printing, theatre, fine cuisine and dance. For the graphic arts, there are five workshops devoted to drawing, sculpture and photography. The synthesis between the school’s aim to encourage creativity among its students and the creative imagination of architect Bernard Tschumi and his Morges-based colleagues have turn the unidentified flying object in Rolle into a perfectly identified one: a well integrated saucer which delights the school’s head teachers and students as much as resident or guest musicians and music-lovers. n >>> For more information, consult www.rosey.ch

Carnal Hall architectes.ch I N.5 I printemps / été 2015

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L’ ARCHITECTE BERNARD TSCHUMI

L’ ARCHITECTE, BERNARD TSCHUMI

BernardTschumi, fils de l’architecte JeanTschumi, francosuisse, est né à Lausanne. Après des études à l’Ecole polytechnique fédérale à Zurich, il se lance dans un parcours atypique combinant, pendant quinze ans, enseignement et recherche. Il professe à Londres, puis à New York aux universités de Princeton et Columbia dont il est le doyen de la Faculté d’architecture entre 1988 et 2003. Il signe de nombreux essais théoriques majeurs.

Bernard Tschumi, the son of Franco-Swiss architect Jean Tschumi was born in Lausanne. After studying at the Federal Polytechnical School in Zurich, he began an atypical career combining teaching and research over a period of fifteen years. He lectured London, then in New York at the universities of Princeton and Columbia of which he was the dean of the Faculty of Architecture between 1988 and 2003. He has written many major theoretical essays.

En 1983, il remporte le concours international de la Villette à Paris et prouve qu’il sait passer de la théorie à la pratique sur les cinquante hectares d’un nouveau parc culturel. En 1996, le Grand Prix National d’Architecture lui est décerné pour une œuvre déjà très riche et qui va se poursuivre par des réalisations marquantes dont, par exemple, la Blue Tower, à New York, (2007) ou le nouveau Musée de l’Acropole, à Athène, (2009). En Suisse, il a notamment signé le siège de Vacheron Constantin, à Genève, (2001-2003) et son extension (2011) ainsi que le bâtiment de l’ECAL, à Renens, (2005-2007).

In 1983, he won the La Villette international competition in Paris and proved that he can switch from theory to practice on the 50-hectare site of a new culture park. In 1996, he was awarded the Grand Prix National d’Architecture for his already extensive opus and which continued with major projects including the Blue Tower in New York, (2007) and the new Acropolis Museum in Athens (2009). In Switzerland, he designed the Vacheron Constantin headquarters in Geneva, (2001-2003) and its extension (2011) as well as the ECAL building in Renens, (2005-2007).

Avec une agence à Paris et une autre à NewYork et le concours d’une trentaine d’architectes, Bernard Tschumi est l’auteur de très nombreuses réalisations prestigieuses et d’interventions en matière d’urbanisme à Pékin, Shenzhen, NewYork, Montréal, Lausanne (interface des transports du Flon).

With an agency in Paris and another in NewYork and with the support of some thirty architects, Bernard Tschumi has signed his name to many prestigious urban planning projects in Beijing, Shenzhen, New York, Montreal and Lausanne (the Flon transport interface).

En 2014, il a honoré ses citoyennetés française et suisse en signant, à Paris, la rénovation du Zoo de Vincennes et, à Rolle, le Paul & Henri Carnal Hall, alors que le Centre Pompidou organisait une première rétrospective de son œuvre en Europe.

In 2014, he honoured his French and Swiss citizenships by renovating the Vincennes Park Zoo in Paris and the Paul & Henri Carnal Hall in Rolle. In the same year, the Centre Pompidou organized the first retrospective of his work in Europe.

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ARCHI NEWS

© Rainer Solhbank

De gauche à droite : Cédric Martin, Laurent Guillemin, Alexandre Santi

La plus grande plateforme de références en Suisse

www.architectes.ch fait totalement peau neuve.

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Le Centre d’information Architecture et Construction met en service sa nouvelle plateforme www.architectes.ch qui bénéficie de nouvelles fonctionnalités. Le directeur général de l’entreprise, Laurent Guillemin, nous explique ses nombreuses spécificités. La première, c’est la richesse de la plateforme. Trente ans d’expérience, 3’500 projets réalisés référencés, le contenu de tous les produits du Centre d’information Architecture et Construction, magazine, plaquettes de références, fiches techniques pour les entreprises, soit près de 8'187 bureaux d’architecture, d’ingénierie et entreprises, dont une bonne partie profite d’une présentation individualisée sous forme d’un portrait. Avec ses 17 millions de pages vues chaque année, c’est la plateforme la plus riche et la plus consultée, dans le secteur, en Suisse romande.

Pour le graphisme et la présentation, c’est une remise au goût du jour. Pour la navigation, c’est une simplification et une diversification. Les quatre mille visiteurs quotidiens qui fréquentent la plateforme sont soit des professionnels, soit des particuliers. Leurs besoins sont différents. Elle leur offre donc des approches qui matchent leurs critères de recherche.

La seconde spécificité est fonctionnelle : architectes.ch est une plateforme nationale d’échanges spécialisée dans l’architecture et la construction. Elle est devenue un réseau de partenaires : ouverte tant aux professionnels qu’au public, elle est bien plus qu’un annuaire puisqu’elle offre informations écrites et illustrations sur tout type de réalisations et les intervenants qui les ont mises en œuvre ; elle permet les références croisées entre les projets et leurs réalisateurs.

Pour les professionnels, la plateforme est prioritairement un instrument qui facilite la recherche d’autres professionnels et les échanges. Pour les particuliers, elle constitue une sorte de magazine permanent consacré à la construction, une forme de boîte à idées concrétisées par des milliers de réalisations. Donc, ils s’orientent d’abord sur les objets présentés qui les conduiront aux divers intervenants qui les ont réalisés. Ils pourront ainsi déterminer leur choix.

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Une refonte totale Chacun sait qu’internet est en perpétuelle évolution, ne pas la suivre, c’est se condamner à l’obsolescence. Le but de cette mise à niveau est donc, tout à la fois, de rester dans le trend et d’améliorer présentation et fonctionnalités pour rendre la plateforme à la fois plus conviviale et plus efficiente pour les partenaires.


Le regard des partenaires Globalement, les partenaires portent un jugement très positif sur l’offre du Centre d’information Architecture et Construction. Les entreprises apprécient la plateforme d’échanges et ne négligent pas la visibilité que leur donne architectes.ch. D’ailleurs, un certain nombre d’entre elles profitent de cette plateforme pour se présenter plus en détail sous la forme de portraits. Un autre avantage pour les intervenants, c’est l’efficacité d’architectes.ch pour leur référencement. De nombreuses entreprises bénéficient de leur propre site internet mais il est difficile pour elles d’apparaître en bonne position dans les moteurs de recherche. Leur présence sur architectes.ch leur assure un excellent référencement qui, par ricochet, renvoie sur leur propre site internet. Enfin, la mise à jour continuelle de la plateforme assure aux hôtes du site une actualisation en continu de leurs réalisations, ce qui n’est pas toujours facile pour les sites individuels qui ne bénéficient pas des services d’un webmaster présent en permanence. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter www.architectes.ch.

Améliorations La première adjonction est certainement l’affinement des méthodes de recherche. Toutes les entreprises sont taguées en fonction de leur secteur d’activités et de leurs zones géographiques – comme auparavant – mais aussi et, c’est la nouveauté, en fonction de leurs spécificités. Un exemple : vous vous intéressez aux panneaux solaires ; la première recherche vous amène tous les intervenants, architectes, fournisseurs, spécialistes de la pose de votre région ; une seconde vise uniquement les panneaux photovoltaïques ; et la dernière réduit les adresses aux seuls fournisseurs de la région concernée. Trois clics pour une réponse à un besoin spécifique. Efficace, non ? La seconde amélioration est l’élargissement de la plateforme à sa consultation sur tous les supports mobiles, tablettes, téléphones et autres, quel que soit leur système opératif. Enfin, architectes.ch sera sur les réseaux sociaux, avec, pour conséquence, l’obligation de consacrer un poste de gestionnaire de réseaux.

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ARCHI NEWS

Texte : Architectes.ch I Photos : Gétaz-Miauton I Traduction : AVK TRAD

Mode et recherche esthétique

Le carrelage fait la foire.

Chaque année, à l’automne, Bologne accueille la plus grande foire mondiale consacrée à la céramique et aux produits sanitaires, Cersaie. C’est là qu’est mis en valeur ce que les Anglo-Saxons appellent stoneware, ou objet de pierre, et les francophones grès: un matériau céramique caractérisé par une très grande dureté et une excellente résistance aux agressions chimiques ou climatiques. C’est là aussi que se dessinent tous les nouveaux produits et les tendances qui habilleront sols et murs des futurs logements, mis en évidence par les quelque mille exposants venus du monde entier.

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Chaque année, les fournisseurs suisses se rendent donc à Bologne pour faire leurs achats et humer le vent de la nouveauté. Le groupe Gétaz-Miauton – qui propose plus de cinq mille références pour le carrelage – y envoie une délégation composée des responsables produits, mais aussi des représentants des diverses régions linguistiques dont les goûts divergent fortement selon qu’on habite d’un côté ou de l’autre des Alpes ou de la Sarine.

Comme la mode

L’habillage des sols et des parois ne fait pas exception aux mouvements de mode. Comme la longueur des jupes, les carreaux s’agrandissent ou rapetissent d’une année sur l’autre. A l’automne dernier, deux tendances s’opposaient, ou plutôt se complétaient : d’une part les très grandes pièces (3 m sur 1.50, 6 mm d’épaisseur) auxquelles répondait le retour des petits carreaux (20 sur 20 cm) ornés de décor à l’ancienne. Au vu des délais qu’impose la construction, c’est avec une bonne année de retard que ce type de choix, répercuté par les architectes qui sont aussi nombreux à visiter la Cersaie, se posera aux futurs bâtisseurs.

La barrière des Alpes et de la Sarine

Outre l’opposition des dimensions, les différences de goûts sont aussi liées aux régions. Si Romands et Tessinois peuvent se retrouver dans leurs choix en privilégiant les couleurs chaudes, ou en utilisant encore de la faïence comme revêtement mural, les goûts des Alémaniques les conduisent à plus de rigueur, soit dans les formats, soit dans les teintes. Des divergences, toutes à l’avantage du client, qui obligent le fournisseur à multiplier les offres!

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Au-delà des variations liées à la mode, des tendances de fond se dessinent aussi dans le choix des matériaux et les types de pose des carrelages. Les grands formats attirent beaucoup par leur effet majestueux mais leur coût et les frais de pose sont des freins puissants – plus du double des coûts de pose habituels – d’autant plus quand il faut des grues pour les amener à bon port. Donc, pour revenir à la réalité, ce sont bien souvent des carrelages de dimensions plus modestes qui sont choisis : la dimension 30 cm sur 60 est encore la plus vendue en Suisse. La diversité se fait plutôt au niveau des surfaces qui se différencient par style.

Retour au naturel

Le retour au naturel, une tendance qui s’impose dans plusieurs facettes de la vie – nourriture, écologie – s’impose aussi dans le bâtiment. Dans ce même numéro, nous présentons une habitation collective qui a éliminé tout produit synthétique (voir en page 63). Ce trend conduit les producteurs de carrelages à proposer des imitations de pierre naturelle, de bois, de béton, de marbre qui ont une bonne cote, d’autant que, sur la durée, les planchers de bois cèdent peu à peu la place au grès dont la durée de vie et la facilité d’entretien sont de gros atouts. Au mur, on ne va plus forcément jusqu’au plafond. Le carrelage se combine avec des stucs qui réchauffent le caractère parfois froid du grès. Au sol, on ne se limite plus aux surfaces internes: le carrelage se poursuit sur la véranda, le balcon ou la terrasse avec des carreaux en épaisseur de 2 cm, que l’on pose sur des taquets comme des dalles béton, et dont le visuel est identique à celui de l’intérieur.


ARCHINEWS Ceramics on display. Each autumn, the Italian city of Bologna hosts the Cersaie trade fair, the world’s largest ceramics and bathroom products fair. The show exhibits what English speakers call stoneware and what French speakers call grès, an extremely hard ceramic material that is highly resistant to chemicals and climate.The Bologna fair gives some one thousand exhibitors from all over the world the opportunity to showcase the latest ceramics that will cover the floors and walls in future homes.

Il y a des milliers d’années, les Egyptiens et les Chinois décoraient déjà leurs palais et leurs tombes de carrelage. Rien n’a changé si ce n’est que la succession des Cersaie permet de relever que, dans un passé récent, après un usage plutôt utilitaire, la tendance actuelle va très certainement – comme les Egyptiens et les Chinois, mais avec d’autres goûts – vers une recherche prioritairement esthétique. C’est pour mieux y répondre que la délégation du groupe Gétaz-Miauton fait à Bologne le tour de ses fournisseurs habituels et des nouveautés propres à embellir nos maisons. n >>> Pour plus d’informations www.getaz-miauton.ch

Each year, Swiss suppliers travel to Bologna to fill their shopping bags and discover the latest innovations.The Gétaz-Miauton group, whose catalogue includes over 5,000 listings of ceramic products, sends a delegation of product managers and regional representatives from different Suisse language communities in whose tastes vary considerably depending on which side of the Alps or Sarine River they live on.

Fashion trends

Trends in floor and wall coverings vary over time. Just as the length of skirts can be in fashion one year but not the next, so tiles can be larger or smaller depending on the year or season. Last autumn, two opposing or rather complementary trends stood out: on the one hand, very large tiles (3m x 1.50m x 6 mm thick), on the other small, old-style decorated tiles (20 x 20 cm). Given the time constraints in the construction industry, these are choices that future building firms and the growing number of architects who visit the Cersaie fair will be making a year from now.

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Different tastes in different regions

Tastes, and not just size, differ according to regions.The French-speaking Swiss or Romands and the Italian-speaking people in the canton of Ticino in Switzerland’s Alpine regions prefer warm colours, using earthenware to cover their walls, while German speakers in the canton of Sarine are more demanding as regards formats and colour. Suppliers are forced to increase their product offerings to meet these diverging tastes, to the benefit of customers. Beyond fashion-related variations, key trends in the choice of materials and in the way tiles are fitted can be identified. Large formats are very popular owing to the grand and imposing effect they create, but their price and cost of assembly are strong deterrents: the cost of assembly is more than double the standard cost of assembly), especially when cranes are needed to bring them on site. For practical reasons, smaller sized tiles are very often preferred: 30 x 60 centimetre tiles are the most widely sold in Switzerland. The diversity of products lies more in the surfaces covered, which differ according to styles. Back to nature The “Back to nature” trend is not just growing in the food industry and in the environment: it is also spreading among builders. In this same issue, we present a multi-purpose building that has eliminated the use of all synthetic products (see page 63).This trend leads tile producers to propose imitations of natural stone, wood, concrete and marble, all of which are popular choices, especially since wooden floors are being gradually replaced by stoneware which offer major benefits in terms of their durability and easy maintenance. Wall tiles do not necessarily spread to the ceiling.Tiling is combined with stuccos that warm the sometimes cold appearance of sandstone.Today, tiled floor stretch beyond internal surfaces: they continue out on to verandas, balconies or terraces with 2 cm thick tiles laid on pawls like concrete slabs whose visual appearance is identical to interior tiling. Thousands of years ago, the Egyptians and Chinese decorated their palaces and tombs with ceramic tiles. Nothing has changed since then, other than the fact that the Cersaie trade fairs have revealed that after the recent utilitarian uses of ceramics, the current trend will most certainly move towards largely aesthetic products, as among the ancient Egyptians and Chinese, but with different tastes.To cater to the new trends, the delegation from the Gétaz-Miauton group will be visiting its usual suppliers in Bologna and checking out the latest innovations suited to decorating our homes. n

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PORT FOLIO Le mudac présente

Le verre vivant II

Tomas Libertiny,The Seed of Narcissus, 2011. Cristal soufflé et poli et cire d’abeille. Image © Atelier de numérisation de la Ville de Lausanne.


Daniela Schönbächler, Kubus, 2013. Verre et graphite. Image © Arnaud Conne, atelier de numérisation de la Ville de Lausanne.


Yoichi Ohira, Cristallo Sommerso N°60 – Scolpito, 2008. Auteur technique : Vetreria Anfora, Verre. Image © Atelier de numérisation de la Ville de Lausanne.


Maxime Bondu, L‘ Ampoule de Livermore. Verre soufflé, métal, azote, cordon en caoutchouc, 2011-12. Image © Maïna Loat – atelier de numérisation de la Ville de Lausanne.


Philip Baldwin et Monica Guggisberg, Headed RoundThe Cape. Verre soufflé, verre inciso, verre battuto, 2010. Image © Arnaud Conne – atelier de numérisation de la Ville de Lausanne.


Simon Klenell, FriggerTactics, 2011. Cristal taillé. Image © Atelier de numérisation de la Ville de Lausanne.


Formafantasma (AndreaTrimarchi et Simone Farresin), Jug. Verre soufflé et os, 2011. Image © Arnaud Conne – atelier de numérisation de la Ville de Lausanne.


PORT FOLIO

Entre les premiers usages de l’obsidienne – un verre naturel d’origine volcanique – que nos ancêtres taillaient, il y a cent mille ans, pour en faire des pointes de flèche et la pièce Tomas Libertiny, The Seed of Narcissus, que présente Mme BettinaTschumi, conservatrice au mudac, le verre a passé par tous les états. Mais ce n’est qu’aux cinquante dernières années de création verrière que le Musée de design et d’arts appliqués contemporains consacre sa deuxième exposition Le Verre vivant II, qui a été inaugurée le 18 mars à Lausanne. Dans les années soixante, une famille d’esthètes – Peter etTraul Engelhorn – s’installe sur la Riviera vaudoise et prend l’initiative, en collaboration avec le Musée des arts décoratifs de Lausanne – devenu mudac en 2000 – d’acquérir une collection d’une trentaine d’œuvres créées à partir d’un matériau qui renouvelle l’art contemporain, le verre. Mécènes, ils en font don à la Ville de Lausanne. Depuis cette date, et malgré le décès de Peter Engelhorn, la famille poursuit sa collaboration avec le Musée de design et d’arts appliqués contemporains.

© Rainer Sohlbank

Le verre vivant II

BettinaTschumi (à droite) et Laura Carro (à gauche).

Le verre vivant II Between the early uses of obsidian, a natural glass of volcanic origin, that our ancestors cut 100,000 years ago to make arrow tips, and the Tomas Libertiny creation, The Seed of Narcissus, presented by Madame Bettina Tschumi, curator at the Mudac, glass has taken a multitude of different shapes and forms. The Museum of Design and Contemporary Applied Arts, however, has devoted its second exhibition, Le Verre vivant II, inaugurated on 18th March, to only the last fifty years of glass creation.

C’est à partir de cette base que le mudac a développé son département verre. Le premier ensemble était composé de verre soufflé. Baptisé La Fucina degli Angeli (La Forge des Anges), elle trouvait sa source dans les créations d’artistes connus (Jean Cocteau, Max Ernst, Pablo Picasso, Jean Arp) dont les esquisses étaient réalisées dans l’atelier vénitien d’Egidio Costantini, à l’origine de ce projet.

In the 1960s, a family of aesthetes, Peter andTraul Engelhorn, moved to the Vaudois Riviera and decided, in cooperation with the Museum of Decorative Arts of Lausanne, which became the Mudac in 2000, to purchase a collection of some thirty works created from glass, a material which breathes new life into contemporary art. As patrons of the arts, they donated their works to the city of Lausanne. Since then and despite the death of Peter Engelhorn, the family has continued its partnership with the Museum of Design and Contemporary Applied Arts.

Mais au-delà du verre soufflé, sous la pression des créateurs, les techniques se sont largement diversifiées en de nombreuses variantes – moulage, coulage, thermoformage, pâte de verre – qui toutes permettent ensuite la taille, le polissage et le dépolissage, la gravure, les émaux.

The Mudac developed its glass works department from this basis.The first series of objects were made of blown glass. Called La Fucina degli Angeli (The Forge of the Angles), this work was inspired by the creations of well-known artists (Jean Cocteau, Max Ernst, Pablo Picasso, Jean Arp) whose sketches were produced in the Venetian studio of Egidio Costantini, who was behind this project.

L’exposition Le Verre vivant II qui vient de s’ouvrir offre un large panorama de toutes les tendances en puisant dans le riche fonds du musée (près de six cents œuvres), parmi les acquisitions les plus récentes (2012 - 2014). La vue d’ensemble présentée est en adéquation avec la politique muséale qui tient à montrer tant les tendances du studio glass – l'utilisation du verre comme un médium pour produire des œuvres en trois dimensions –, que les objets design et ceux représentatifs de l’art contemporain. Les pièces proviennent des horizons géographiques les plus divers mais le mudac se fait un devoir de permettre aux verriers suisses de se présenter.

Beyond blown glass, under the pressure of designers, techniques have greatly diversified in many different variants – moulding, casting, thermo-forming and glass pasting - all of which enable cutting, polishing and frosting, engraving and enamelling.

Sous les chevrons d’origine de la Maison Gaudard dont certaines parties datent du Moyen Age, face au porche des apôtres de la cathédrale de Lausanne (XIIe – XIIIe siècle), la confrontation du talent d’artistes, de designers et d’artisans modernes au sommet de leur art, œuvrant en solitaires ou en collaboration, tous « contraints » par un matériau unique aux déclinaisons infinies, est une assurance sur la pérennité du génie humain dans la recherche du beau. n Le Verre vivant II, mudac, place de la Cathédrale 6, Lausanne, >>> www.mudac.ch Du 18 mars au 1er novembre 2015 Ouvert du mardi au dimanche, 11h – 18h.

The exhibition Le Verre vivant II, which has just opened, offers a broad sweep through a myriad of art trends by reaching into the rich collection of the museum (some 600 works), among the most recent acquisitions (2012 - 2014). The overview presented is in line with the trends of Studio Glass: the use of glass as a medium to produce three-dimensional works and to design artefacts representative of contemporary art.The works come from a wide range of geographic origins but the Mudac fulfils its duty to give Swiss glassmakers the opportunity to exhibit their works. Under the original rafters of the Maison Gaudard, some parts of which date back to the Middle Ages, opposite the Apostles Entrance of Lausanne Cathedral (XII – XIII century), the confrontation between artists, designers and modern craftsmen at the summit of their art, working alone or in partnership, all bound by the constraint of working with a single material in infinite extensions, is a guarantee of the durability of human genius in its search for beauty. n Le Verre vivant II, MUDAC, Place de la Cathédrale 6, Lausanne, >>> www.mudac.ch From 18 March to 1 November 2015. Open from Tuesday to Sunday, 11 am to 6 pm.


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ARTCHI Mise en couleur du quartier du Rôtillon, Lausanne. Architecte Ivo Frei.

Texte : Mary-Luce Boand Colombini l Photos : Claude Augsburger l Traduction : AVK TRAD

Couleurs et bâtiments Maîtriser la mise en couleur d’un bâtiment pour rehausser sa géométrie relève du savoir du peintre plasticien lausannois Claude Augsburger. Autant l’architecture importe dans sa forme et sa fonction, autant certains maîtres d’ouvrage vont plus loin, tout en nuances! Si les Lausannois sont habitués aux tons lumineux du quartier du Rôtillon, mis en couleur par Claude Augsburger, ils apprécient les nombreux lieux d’utilité publique: gare, garderies d’enfants, EMS, chapelles, etc., réalisés par ce dernier. Il compte à ce jour plus d’une cinquantaine de mise en couleur de bâtiments en Suisse comme à l'étranger. « Je cherche à créer un réel dialogue et une étroite relation avec les architectes et maîtres d’ouvrage. De cette riche expérience naît alors une palette que je transpose en façades colorées », précise le peintre plasticien lausannois. Dans les écoles d’art, savoir-faire ancien et nouvelles technologies sont enseignées, suscitant la curiosité des jeunes et répondant aux besoins actuels. L’ Ecole d’Arts Appliqués (EAA) à La Chauxde-Fonds a été encore plus loin en adhérant au projet personnel de Claude Augsburger qui y enseigne depuis quinze ans. Parti sur les traces de Le Corbusier durant un congé sabbatique de six mois, il a pu étudier l’élaboration de la trame en damier, du plan urbanistique et des bâtiments emblématiques de la ville de Chandigarh en Inde. Sur le thème de la couleur de l’Orient à l’Occident, en opposition et en relation, l’artiste et ses élèves ont monté une exposition

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Colours and buildings Lausanne painter and graphic artist Claude Augsburger is a master in the use of colours for buildings that enhances their geometry. The form and function of architecture are particularly important when developers become bolder and more daring. While Lausanne’s inhabitants have become used to the bright colours that Claude Augsburger created in the Rôtillon district, they also appreciate the colours that the artist has created for many of the city’s public buildings, such as the railway station, the children’s day care centre, the EMS (nursing home) and the chapels. Claude Augsburger has coloured over fifty buildings in Switzerland and abroad. «I seek a dialogue and close relationship between architects and developers. This enriching experience offers a pallet that I turn into coloured facades», explains the Lausanne painter and graphic artist. Timeworn know-how and new technologies are taught in art schools that arouse the curiosity of young students and meet current needs. The School of Applied Arts (EAA) at La Chaux-de-Fonds has partnered Claude Augsburger, who has taught at the school for fifteen years, in one of his projects. During a six-month sabbatical leave, the artist followed the footsteps of Le Corbusier, studying the latter’s chequered designs, urban development plan and iconic buildings in the Indian city of Chandigarh. On the theme of op-


© François Bertin Mise en couleur d’un vitrail, EMS La Rozavère, Lausanne. Boschetti architectes.

L’univers de Claude Augsburger, ici dans son atelier lausannois.

Travail personnel.

chapeautée par l’Alliance française, à l’occasion du 125e du Corbu. Elle présentait une trentaine de leurs travaux tirés sur papier photo qui ont eu un écho très positif. Brillant d’inspiration, Claude Augsburger, qui fait partie de nombreuses collectivités culturelles locales, aime transmettre son savoir aux jeunes en devenir. Entre 1983 et 1989, il a enseigné la couleur et les arts visuels au Département d’architecture de l'EPFL et depuis 1998, également au Gymnase Auguste-Piccard à Lausanne. Formé à l’ECAL auprès du peintre Pierre Chevalley aujourd’hui décédé, il a tissé des liens étroits tant professionnels que privés. «J’ai poursuivi mes études au Whitney Museum of American Art et suis influencé par les peintures abstraites de Barnett Newman et Robert Mangold. Mon travail relate autant la «colorfield painting» américaine, que le courant «néo-géo» des années quatre-vingts et l'art concret suisse», aime-t-il préciser, animé par la simplification maximale des formes et des couleurs qu’il distille en figures géométriques depuis plus de vingt ans dans son atelier de la ville de Lausanne, qu’il doit quitter, situé dans les anciennes écuries du Parc de Mon-Repos. A découvrir sa prochaine exposition à la galerie Carrespace à Vallorbe au printemps 2015. ■ >>> Pour plus d’informations www.augsburger.eu.com

posing and related colours in the East and West, Claude Augsburger and his students staged the 125e du Corbu exhibition, directed by the Alliance Française, that marked the 125th anniversary of the birth of Le Corbusier. This exhibition, which received very positive feedback, featured some thirty of their works printed on photographic paper. Claude Augsburger contributes his remarkable inspiration to the Art and Culture Departments of many local authorities, offering young people his know-how and experience. Between 1983 and 1989, he has taught colour and graphic arts at the Department of Architecture of the EPFL and since 1998, at the Gymnase Auguste-Piccard in Lausanne. Trained at the ECAL under the painter Pierre Chevalley, who is today dead, he forged close ties with professional and private sectors. «I pursued by studies at the Whitney Museum of American Art and am influenced by the abstract paintings of Barnett Newman and Robert Mangold. As he explains: my work expresses American colorfield painting’ as much as the »neo-geo» trend of the 1980s and of Swiss concrete art ». He is driven by the maximum simplification of forms and colours that he has been creating for over twenty years in his Lausanne studio, located in the former stables of the Mon-Repos Park, and that he had to leave. Discover his next exhibition at the Gallery Carrespace in Vallorbe this spring. ■

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ARCHI tecture Comamala Ismail, architectes - Delémont

Texte : André Jaunin I Photos : Adrien Barakat I Traduction : AVK TRAD

Revêtu de sapin blanc … et exempt de tout produit synthétique. Le premier immeuble locatif du Jura répondant au label Minergie P, « Les Vergers », à deux pas du centre de Delémont, marque sa différence tant par son aspect extérieur que par les techniques mises en place pour le rendre autosuffisant en matière d’alimentation électrique et de chauffage. Enfin, les créateurs ont choisi des matériaux naturels et garantissent qu’aucun produit synthétique – hormis les joints d’étanchéité – n’a été utilisé.

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Les bardeaux qui l’emballent sur trois étages (voir l’encadré) recouvrent une structure dure pour le noyau et des piliers métalliques en retrait des façades pour soutenir les dalles. Les façades, partiellement montées sur place, sont constituées de bois et de laine de verre qui assurent une très bonne isolation. Les angles du bâtiment sont arrondis pour assurer l’étanchéité de la couverture de sapin qui souffrirait d’angles aigus, sources d’humidité. Enfin, au nord, la cage d’escalier est fermée par un lattage de bois ajouré. Ce volume non chauffé, qui, éclairé le soir, fait lanterne chinoise, comporte ascenseur, rampe d’escalier et, au rez-de-chaussée, un garage à vélos. AUTONOMIE Outre la qualité de l’isolation, c’est dans un local situé en sous-sol que réside l’appareillage qui assure l’autonomie de l’immeuble. Pour le chauffage et l’eau sanitaire, une pompe à chaleur va puiser les calories par deux sondes qui descendent à 150 mètres. Une telle profondeur permet de n’utiliser

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ARCHITECTURE

que de l’eau comme élément de transfert de chaleur alors qu’une moindre profondeur aurait nécessité l’ajout de glycol. La circulation d’air à double flux est couplée à un puits canadien qui assure fraîcheur en été et chaleur en hiver. Enfin, tous les besoins électriques de ces appareils, ainsi que ceux des futurs locataires, sont couverts par des panneaux photovoltaïques installés sur le toit végétalisé. L’électricité produite en toiture couvre la totalité nécessaire à la technique du bâtiment et au besoin des trois ménages. QUALITÉ DE VIE ET PRODUITS NATURELS Les trois appartements de l’immeuble occupent chacun un étage entier. Ils sont donc éclairés sur les trois côtés et bénéficient soit d’une terrasse au rez-de-chaussée, soit de balcons d’angle dans les étages. La disposition des pièces de grandes dimensions et très lumineuses bénéficie du retrait des piliers de soutènement : ainsi la pièce principale de vie peut s’ouvrir par des parois coulissantes sur deux chambres dont la fonction peut ainsi répondre à divers besoins.


ARCHITECTURE Les logements sont de haute qualité et permettent aux locataires de faire face, si nécessaire, aux aléas de l’âge : les circulations sont suffisamment larges – ainsi que l’ascenseur – pour permettre le passage de chaise roulante et les douches sont à l’italienne. Pour ce qui concerne l’équipement, les plans de cuisson sont à induction, le meuble de cuisine est recouvert de pierre naturelle et habillé de métal. Tous les éléments électriques sont à basse consommation et chaque chambre est équipée de stores électriques, équipée aussi de prises de téléphone et de prises multimédias. Enfin, tous les éléments en bois, planchers, encadrements de fenêtre, armoires sont en bois plein traité avec des produits naturels.

subvention du canton du Jura. Mais, en fait, elle aurait pu bénéficier également d’autres labels Minergie tels que A (active) et Eco (écologique) que les responsables n’ont pas demandé pour ne pas prolonger les démarches administratives. Le bâtiment peut en effet se targuer de ne recourir qu’à des énergies renouvelables, de bénéficier d’équipements à faible consommation, de n’avoir recouru qu’à des artisans locaux pour réduire l’énergie grise (celle nécessaire à la construction elle-même), d’avoir choisi uniquement des matériaux naturels et, par-là, en cas de démolition, de ne produire que des résidus réutilisables. Mais à la démolition, les futurs locataires installés sur leurs balcons surmontant la vallée de Delémont et le Val Terbi, jouiront du soleil et de la vue et n’y penseront pas. n

LABELS DE QUALITÉ « Les Vergers » est une construction labélisée Minergie P, comme passif, puisqu’elle est autonome du point de vue électrique et calorique. A ce titre, elle a bénéficié d’une

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White pine roofing … with no synthetic materials. «Les Vergers» is the first rented building in the Jura to be awarded the Minergie P label. Located close to the centre of Delemont, capital of the Jura, its exterior appearance and the technology used to make it self-sufficient in electricity and heating are particularly noteworthy. The designers have chosen natural materials for the building and guarantee that no synthetic products are used, other than the sealing joints. The panel boards fitted on the building‘s three stories (see insert) cover a hard central structure and steel pillars which are set back from the facades to support the slab stones. The latter, which were partially assembled on-the-spot and comprise glass wool, provide excellent insulation. The corners of the building are rounded off to make the pine wood roof leak tight and to avoid sharp angles which could cause damp. In the northern section of the building, the stair well is closed by slit wood lathing work.This unheated surface area, which is lit up in the evening, resembles a Chinese lantern. It comprises an elevator and a garage for bicycles on the ground floor. SELF-SUFFICIENCY IN ENERGY A room in the basement contains the different machinery and controls that ensure the self-sufficiency of this high-quality insulated building.To supply heating and bathroom and toilet water, a heating pump extracts heat via two probes, which descend to a depth of 150 meters. At this depth, it is possible to use only water to transfer heat, whereas at a lesser depth glycol would have to be used. A dual flow airflow system is connected to a Canadian well, which keeps the building cool in summer and heated in winter. Finally, the entire electricity needs of the building and its tenants are met by photovoltaic panels, which are installed on the garden roof. The electricity produced on the roof meets all the technical needs of the building and of the three families who live in it. QUALITY OF LIFE AND THE USE OF NATURAL MATERIALS The building’s three apartments each occupy an entire story.They are lit on three sides and feature either a terrace on the ground

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ARCHITECTURE

floor or corner balconies on the upper stories. The layout of the large-size and brightly lit rooms benefit from the supporting pillars which are set back: as a result, the main living room may be opened by the sliding walls of the two bedrooms and can perform a range of functions. The apartments are designed to meet high quality standards and cater to the needs of elderly tenants: the corridors and elevator are wide enough to accommodate a wheelchair, while the bathrooms feature Italian showers. Regarding the appliances fixtures, the cooker has electric induction hot-points and the kitchen storage cupboard is covered with natural stone and clad with metal. All the electrical fixtures are low in consumption and all the bedrooms are fitted with electrically controlled blinds, telephone sockets and multimedia power points. All the wooden parts, floors, window frames and cupboards are made of solid wood, which is treated with natural materials. QUALITY CERTIFICATIONS «Les Vergers» was awarded the Minergie P quality label. It is selfsufficient in electricity and heating. As such, it has received a grant from the Canton of the Jura. It could also have received other Minergie labels such as Minergie A (active) and Eco (environmentfriendly) that the building’s operators did not request so as not to drag out the administrative procedures. The building boasts using only renewable energy, to be fitted with low-consumption appliances, to using only local craftsmen to reduce consumption of grey energy (required for the building) and to have selected only natural materials. As result, any demolishment of the building will produce only reusable waste. However, at the time of demolition, the building’s future tenants will be able to sit out on their balconies that overlook the Delemont Valley and the district of Val Terbi and to continue to enjoy the sun and the view. n


ARCHITECTURE Les derniers bardeaux L’immeuble « Les Vergers » est habillé de bardeaux de sapin blanc qui suscitent un grand intérêt quand on sait que l’arc jurassien a perdu pratiquement ses derniers « tavillonneurs ». Il y a quelques années, l’architecteToufiq Ismail-Meyer avait dû s’occuper de la toiture du Musée rural jurassien aux Genevez dont l’un des bâtiments date de 1515. A cette occasion, il avait fait la connaissance d’un « tavillonneur » et avait pu apprendre les techniques qui assurent longue vie à ce type de recouvrement: fendre le bois en couches minces sans casser les fibres pour éviter moisissures et champignons et faciliter le séchage, superposer les couches, poser les tavillons le plus verticalement possible pour éviter l’eau stagnante et la neige, éviter les arêtes vives, assurer une aération sous couche. Pour « LesVergers », l’architecte a retrouvé le dernier « tavillonneur » octogénaire qui, en deux hivers, a préparé le bois nécessaire pour habiller l’immeuble en respectant toutes les règles. Avec le temps, la couleur du bois virera au gris argenté. Durabilité estimée : soixante ans.

The last traditional roof shingles «Les Vergers» is covered with white pine wood which today generates keen interest since almost all traditional roofers or «tavillonneurs» have disappeared from the Jura region. A few years ago, architect Toufiq Ismail-Meyer was commissioned to design the roof of the Jura Rural Museum, one of whose buildings dates back to 1515, in the Geneva district. During the project, he met a «tavillonneur» who taught him how to extend the life of the roofing: to split the wood on the roof into thin layers without breaking the fibres, to prevent mildew and fungus, to facilitate drying, to superimpose the layers of shingles, to assemble the shingles as vertically as possible to prevent the build-up of stagnant water and snow, to avoid sharp edges and to provide ventilation under the layers. In order to build «Les Vergers», the architect found the last «tavillonneur», an octogenarian who spent two winters preparing the wood needed to cover the building in accordance with existing rules and regulations. Over time, the colour of the wood will turn silver grey. Projected service life: sixty years.

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Toufiq Ismail-Meyer

Diego Comamala

> BIO EXPRESS

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Comamala Ismail, architectes

Comamala Ismail, architectes

D’origines diverses mais réunis par une même vision de l’architecture, Diego Comamala et Toufiq Ismail-Meyer ont ouvert récemment leur bureau à Delémont après s’être rencontrés chez un confrère. L’un s’est formé à Córdoba (Argentine) et à Barcelone, l’autre a profité d’une formation de charpentier avant de se lancer dans l’architecture.

Diego Comamala andToufiq Ismail-Meyer, who come from different backgrounds but who share the same vision of architecture, recently opened an office together in Delemont after meeting at a colleague’s house. Diego Comamala studied in Cordoba (Argentina) and Barcelona, whileToufiq Ismail-Meyer trained as a carpenter before embarking on a career in architecture.

Tous deux, très complémentaires, cherchent de nouveaux cheminements urbanistiques – mieux intégrer la construction dans son environnement –, accordent une attention particulière à l’espace et la lumière et cherchent à offrir la meilleure qualité de vie dans un habitat respectueux de ses occupants. L’immeuble « Les Vergers » en est la démonstration. Le bureau participe avec succès à de nombreux concours.

Both these architects complement one another: they search for new approaches to urban development to more fully integrate buildings into their surrounding environment, pay special attention to space and light and seek to improve the quality of life in an occupantfriendly habitat. The «Les Vergers» building is proof of this. The Delemont office successfully takes part in many architecture competitions.

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Le designer industriel lausannois Luciano Dell’Orefice s’inspire du comportement humain pour créer des objets qui ont du sens.

Texte : Mary-Luce Boand Colombini I Photos : © Luciano Dell’Orefice Studio I Traduction : AVK TRAD

L’esthétique du sens Appréhender le comportement des gens et créer des objets esthétiques qui ont du sens, tel est le créneau du designer industriel Luciano Dell’Orefice.

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Portrait design

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C’est dans son atelier lausannois que Luciano Dell’Orefice nous reçoit, entre ses prototypes, maquettes, projets. Il aime y analyser nos modes d’habitat, nos automatismes, nos besoins quotidiens pour pouvoir concevoir du mobilier et des accessoires résolument justes et avec une âme. Pour mieux comprendre le modus operandi du designer formé à l’ECAL et ex-assistant de la designer Patricia Urquiola à Milan: démonstration. Tous ses objets sont des vecteurs de nos comportements, dont Luciano Dell’Orefice s’inspire avec un regard très critique, pour ensuite mettre en œuvre un projet. Avant de concevoir son Porte-manteau, il se met dans la peau de l’utilisateur. «Je rentre chez moi, vide mes poches, enlève ma veste, pose mon parapluie, etc. J’interprète ce cheminement pour déterminer des composantes qui me permettront d’élaborer un objet cohérent», nous explique-t-il. Pour sa série d’accessoires de bureau Home-Works encore au stade prototypique, il se base sur les exigences humaines et sur la théorie de l’évolution de Charles Darwin. Ses pièces dévolues aux besoins de chacun caractérisent l’espèce petite, moyenne et grande. Un serre-joint en bois maintient ces objets à hauteur d’homme adaptée, chacun ayant une fonction précise. Le designer a besoin de comprendre le pourquoi du comment de et dans chaque situation; d’ailleurs, il se compare volontiers à un cuisinier qui analyserait l’appétit de l’humain pour choisir une thématique, déterminer les ingrédients pour créer ou revoir les «recettes d’objets industriels». Autre exemple, l’abri Chanterelles, contre le soleil et la pluie. Luciano Dell’Orefice est mandaté par le Service des Parcs de la Ville de Lausanne, dans le cadre du projet ECO46. Le concept de l’abri se base sur une réflexion de fabrication en série.

Avec son regard d’auteur, son sens de la responsabilité, une bonne dose de créativité et une touche ludique, le designer a permis à Chanterelles d’entrer naturellement en fonction! Polyvalent, Luciano Dell’Orefice aime aussi la scénographie et la mise en lumière, qu’il a entièrement conçues lors de la sixième édition des Design Days en automne dernier, dans les anciens ateliers industriels Mayer & Soutter à Renens.

Design et horlogerie

Approché par la Manufacture Jaeger-LeCoultre, le toucheà-tout a créé un dispositif mécanique nommé Rotor. Ce dernier est inspiré de la collection UT 1907 - Répétition Minute -Tourbillon, dont les codes constructifs constituent masse oscillante, tourbillon, jeu de pleins et de vides. Ceuxci se retrouvent dans ce module en mouvement qui a animé le stand du fabricant suisse d’horlogerie de luxe au Salon International de la Haute Horlogerie 2014 à Genève/Palexpo. Luciano Dell’Orefice a également conçu deux mobiles destinés aux deux éditions précédentes, dont Outline en 2012. Ce support didactique de cinq mètres de diamètre raconte les particularités de la montre à tourbillon sphérique et reprend le concept du dispositif mécanique de précision, incluant le mouvement de précession si caractéristique à la marque. Sous le signe du «son», la rentrée 2015 du designer annonce un projet «acoustique», sur le thème de la pause et du travail, en partenariat avec un éditeur italien. Ce projet a été présenté en avant-première à l’occasion du dernier salon du mobilier de bureau Orgatec 2014 à Cologne en Allemagne. n

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Collection de canapés collectifs. Wrap family / sofa et armchair EditionTrue design 2013, Padoue (IT). Photo © true design. srl

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Portrait design


Collection de canapés collectifs. Slight family / sofa low et armchair EditionTrue design 2013, Padoue (IT). Photo © true design. srl

Porte-manteau. Prototype / bois, acier. Photo © nicolas genta

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Portrait design

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Recherche accessoires de bureau. Home-work / family. Photo © Luciano Dell’Orefice Studio

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Portrait design


Recherche accessoires de bureau. Home-work / paper clip. Photo © Luciano Dell’Orefice Studio

theme and decide on recipes of ingredients to create or revisit.This is what he calls «recipes of industrial objects». Another example is Chanterelles, a sun and rain proof shelter. Luciano Dell’Orefice was commissioned by the Parks Department of the city of Lausanne as part of the ECO46 project. The shelter’s design is based on the concept of mass production. The designer’s perception as a creator, his sense of responsibility, great creativity and playfulness naturally led to the Chanterelles shelter project.

Aesthetic objects that convey meaning Industrial designer Luciano Dell’Orefice analyzes human behaviour to create aesthetic objects that convey meaning. In his Lausanne studio surrounded by prototypes, mock-ups and project drawings, designer Luciano Dell’Orefice explains that he probes human behaviour and automatic reflexes in order to design furniture and accessories that meet the daily needs of people and that have a soul. We interviewed the designer, who trained at the ECAL and who was a former assistant of designer Patricia Urquiolo in Milan, to understand his approach and intentions. All these objects are reflections of human behaviour that inspired Luciano Dell’Orefice and that he analyzed with his critical eye. Before designing Porte-manteau, he put himself in the place of the user. «I return home, empty my pockets, take off my jacket and place my umbrella in the umbrella rack»«. I interpret this process to determine which components I will use to develop a coherent object. For his series of office accessories Home-Works, which is still in the prototype phase, he drew on people’s needs and wants and on Charles Darwin’s theory of evolution. His objects, which aim to meet the needs of each individual, are small, medium or large sized. A wood attachment adjusts the position of the objects, each of which performs a specific function, to the height of the individual.The designer seeks to understand why each system was chosen and how it works. He readily compares himself to a chef who analyzes food tastes to choose a

Luciano’s many skills include stage design and lighting. He entirely designed the lighting system at the sixth edition of Design Days last autumn in the former industrial workshops of Mayer & Soutter in Renens. Design and watch making Luciano Dell’Orefice, who is a Jack-of-all-trades, was approached by Jaeger-LeCoultre to design a mechanical device called Rotor.The latter was inspired by the UT 1907-Répétition-Minute-Tourbillon collection whose constituents are an oscillating mass, a vortex, and a series of solids and empty spaces.They were included in a rotating module that was displayed at the Swiss luxury watch maker’s booth at the 2014 International Luxury Watch Show (SIHH) at Geneva’s Palexpo Exhibition and Congress centre. Luciano Dell’Orefice has also designed two mobile fixtures for two previous editions of the SIHH, including Outline in 2012. This educational tool, which has a diameter of 5 meters, explains the particularities of the spherical tourbillon wristwatch and describes the precision movement that characterizes the brand. For the new 2015 season, the designer has announced the launch of his «acoustics» project on the theme of work breaks and work space, in partnership with an Italian publisher. This project was previewed at the last 2014 Oragtec office furniture show in Cologne, Germany. n

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Portrait design

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Portrait © Felix Imhof

Séparés acoustiques Pincettes family / Orgatec 2014. EditionTrue design 2014, Padoue (IT). Photo © true design. srl

> BIO EXPRESS Luciano Dell’Orefice • Né en Suisse en 1976. • Approche de l’architecture auprès de l’EPFL. • Diplôme de designer industriel et produit auprès de l’ECAL en 2005. • Junior Designer chez Patricia Urquiola à Milan. • Ouverture de son studio à Lausanne en 2007. Luciano Dell’Orefice • Luciano Dell’Orefice was born in Switzerland in 1976. • The architecture partnership with EPFL. • Luciano Dell’Orefice graduated in industrial and product design at ECAL in 2005. • He worked as a junior designer with Patricia Urquiola in Milan. • He opened his design studio in Lausanne in 2007.

Abri Chanterelle / projet d’aménagement Eco 46. Commissionné par le SPADOM, Lausanne (CH). Photo © noe caudrey

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Portrait design

Mobile Rotor / Stand Manufacture Jaeger Le-Coultre. SIHH 2014 Geneva Palexpo. Photo © nicolas genta


L’amiante est dangereux pour la santé. Contrôlez la présence d’amiante dans les ouvrages construits avant 1990.

les: Infos vita te h/amian .c a v u .s www En cas de danger, stoppez le travail. Pensez à votre famille. Bien que l’amiante soit aujourd’hui interdit en Suisse, on en trouve encore souvent dans les ouvrages construits avant 1990. Evitez la libération d’amiante en cas de travaux de transformation. L’inhalation de fibres d’amiante peut avoir des conséquences mortelles, même en très faible quantité. Aucun travail ne vaut la peine de risquer sa vie.


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Géographie intérieure.

ARTCHI

Texte : Mary-Luce Boand Colombini I Photos : Chantal Moret I Traduction : AVK TRAD

Lignes artistiques et constructives La peinture, l’écriture, la scénographie sont autant de trames constructives dans la vie de Chantal Moret, dont elle s’est servie pour concevoir son antre. Throughout her life, Chantal Moret has applied her talents to painting, writing and stage production. She also used them to design her rural retreat. architectes.ch I N.5 I printemps / été 2015

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© Laura Carro

croisillons de bois typiques du Valais, récupérées dans un mayen. Des objets, des souvenirs reçus ou rapportés de voyages animent la grande pièce lumineuse. L’étage dans les combles est entièrement dévoué à l’art. Son atelier sur deux niveaux ouverts offre des perspectives et des reliefs aux couleurs de ses toiles et de ses sculptures. Adjacente à la partie habitation, la galerie du Tilleul, inaugurée voilà vingt-deux ans, investit entièrement cet immense espace dont le faîte atteint plus de dix mètres et qui revêt principalement du bois. Entrelacs de poutres, de colombages, de sols d’origine et supports d’exposition voient défiler les œuvres d’artistes, créateurs, amis et élèves.

Après un passage aux Beaux-Arts de Lausanne, l’artiste d’origine valaisanne présente sa première exposition personnelle en 1984. Depuis, ses œuvres sont exposées en Suisse comme à l’étranger et apparaissent dans des collections privées internationales. Elle exerce ses talents en région rurale où elle a entièrement conçu sa maison, sa galerie et son école de peinture il y a plus de vingt ans. Désireuse de quitter le paysage urbain en devenant maman, Chantal Moret s’installe d’abord dans une maison villageoise, puis la troque contre une grande et vieille ferme décrépie à Champtauroz/VD. Elle conçoit et réalise avec son mari des transformations lourdes. Par ailleurs, son papa, tailleur de pierres, est une bonne source d’inspiration. En conservant au maximum les matériaux d’origine, le bûcher, le fumoir et les écuries se sont mués en lieu de vie et de travail, à l’image de sa créativité artistique. «Il en émane, comme dans mes œuvres, une géométrie réfléchie composée de strates superposées laissant entrevoir les passages de construction, comme une épaisseur du vécu», explique-t-elle. A l’intérieur, des objets de récupération détournés, des objets chinés, des livres, des tableaux et sculptures, mille fleurs animent les pièces sobres où le blanc et le bois sont maîtres. Le rez de plain-pied abrite une série de pièces de jour en enfilade aux portes volontairement absentes, une salle d’eau toute en courbes. Le hall du premier dessert une série de chambres aménagées dans le même esprit que les pièces à vivre. L’antre des propriétaires, légèrement en retrait, héberge pas moins de dix-huit fenêtres à

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ARTCHI

Des rencontres indélébiles Il y a des rencontres qui ne trompent pas. Celle avec l’écriture grave de ses mots les toiles de Chantal Moret. Nous sommes en 1990, l’écrivain vaudois Jacques Chessex, touché par l’expression de ses tableaux, l’approche pour une collaboration atypique. Deux expositions et le recueil de poèmes Le Rire dans la Faille naîtront de cette association. «Les phrases me renvoient à mes propres préoccupations, à mes doutes, à mes interrogations, fortement ancrés à l’humain. Je les insère comme un plan schématique à mes toiles, monotypes et sculptures, à travers des compositions où la géométrie a sa place. Cadrages, signalétiques, structures architecturales accompagnent parfois des individus», interprète-t-elle. En 2010, Chantal Moret réalise une grande exposition personnelle à la Galerie lausannoise de l’Univers, sur le thème du livre Pierre de patience de l’écrivain Atiq Rahimi qui a remporté le prix Goncourt 2008. De grands personnages longilignes marquent son passage vers la création sculptée. Elle publie également un coffret de douze gravures avec les poèmes du poète-essayiste suisse Philippe Leignel. Depuis plus de quinze ans, l’artiste crée des décors d’opéras rock, de comédies musicales et de spectacles de danse Bécassine veille au Grain et Les Aventuriers du Chat Perdu au Théâtre Barnabé à Servion, The Blues Brothers, La Petite Boutique des Horreurs et Cyrano, présentés par l’Association suisse Art et Comédie. Cette activité met en évidence son désir et sa capacité à «créer grand». Elle crée aussi «vite», preuve en est une toile de 2 mètres sur 2, réalisée en une demi-journée, face au public du Street Painting, Flon Event. Ce challenge lui vaut le premier prix, accompagné d’une exposition personnelle à l’Espace Flon à Lausanne en 2008. Elle remédie en 2014 et crée une œuvre de 6 mètres de longueur en l’espace d’une heure et quart.


© Laura Carro

Son goût de l’enseignement des arts débute à l’Université Populaire de la Broye dès 1988, puis dans sa propre école de peinture à Moudon, avant de s’installer à deux pas de sa maison. Pour elle, qui a effectué de nombreux voyages, l’Afrique est une première. Il y a quelques semaines, Chantal Moret était invitée à un séjour artistique de deux mois de résidence à Harare au Zimbabwe, un challenge de plus à son arc et une expérience humaine indélébile. Prochaine exposition à la Galerie du Tilleul: peintures de Catherine Zumkeller de mi-mai à mi-juin 2015. n >>> Pour plus d’informations www.chantalmoret.ch

> BIO EXPRESS Chantal Moret d’origine valaisanne est née à Genève en 1955. Formation aux Beaux-Arts de Lausanne. Expositions personnelles marquantes dans les galeries Mazzoleni Bergamo Italie, Krisal Genève, Amsterdam Whitney Gallery New York, Gora Montréal Canada, l’Univers Lausanne, Schüra Fribourg . Expositions collectives marquantes dans les galeries Castel Monastero Sienne Italie, Exhibitalia Art Basel Miami USA, Bergamo Arte Fiera Italie. Elle aime l’être humain, le travail, transposer ses émotions, cette citation de Paul Klee : « L’art ne reproduit pas le visible. Il rend visible ». Elle n’aime pas la bêtise, l’hypocrisie.

Au Fil de l’Eau.

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After studying at the Fine Arts School in Lausanne, the artist, who originates from the Swiss canton of Valais, staged her first exhibition of her own works in 1984. Since then, her works have been exhibited in Switzerland and abroad and appear in international private collections. She exercises her in the heart of the countryside where she entirely designed her house, art gallery and painting school over twenty years ago. Keen to leave her rural location when she became a mother, Chantal Moret first moved into a village house, then exchanged it for a large and old run-down farm in Champtauroz/VD. She planned and carried out major conversion works on the farm with her husband. Her father, a stone cutter, was a strong source of inspiration for her. Preserving as much as possible the original fittings and fixtures (the woodshed, smokehouse and stables) were converted into a living space and a work environment that reflect her artistry. «This resulted, as in my works, in a carefully planned geometry, as in all my work, that consists of overlaid strata that offer glimpses of constructive transitions, like a layer of experience», she explains.

Galerie duTilleul.

Création sculptée.

Inside, recycled objects, artifacts discovered in antique fairs, books, paintings, sculptures and numerous flowers enliven the dark rooms where white and wood predominate. The single-story of the house contains a series of aligned day rooms where the doors are deliberately missing, and a curving washroom. The hallway on the first floor leads to series of bedrooms laid out in the same design as the living rooms. The owners’ retreat features no less than eighteen lattice wooden windows typical of the Valais region, recovered in a summer and autumn pasture. Artifacts and souvenirs received or brought back from various trips, enliven the large brightly lit room. The eaves of the roof are fully devoted to art objects. Her two-story work studio offers views and coloured reliefs of her canvases and sculptures. Adjoining the living quarters, theTilleul gallery, twenty-two years ago, fully occupied this huge space in which the mostly wooden roof is more than ten meters high. The works of artists, designers, friends and students adorn the cross-beams, half-timbered structures, original floors and exhibition walls. Unforgettable encounters Some encounters continue to linger in the memory. The canvases of Chantal Moret, influenced by her writing, are a case in point. In 1990, the Vaudois writer Jacques Chessex, moved by her paintings, approached her to propose an unusual partnership.Two exhibitions and a collection of poems, Le Rire dans la Faille, sprang from this alliance. «The phrases used reflect my own concerns, doubts, questions, which are strongly rooted in people. I insert them, like a layout plan, in my canvases, monotypes and sculptures through compositions in which geometry plays its part. Frames, signage and architectural features sometimes accompany individuals», she explains.

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architectes.ch I N.4 I automne / hiver 2014

ARTCHI

© Laura Carro

In 2010, Chantal Moret produced a large exhibition of her own works at the Univers Gallery in Lausanne on the theme of the book, Pierre de patience, by writer Atiq Rahimi, which won the Goncourt Prize in 2008.


Large and slender characters mark her transition towards sculpture. She also published a book of twelve engravings with poems by the Swiss poet and essayist Philippe Leignel. For the last fifteen years, the artist has created stage decors for rock operas, musicals and dance shows such as Bécassine Veille au Grain and Les Aventuriers du Chat Perdu at the Théâtre Barnabé in Servion, The Blues Brothers, La Petite Boutique des Horreurs and Cyrano presented by Art et Comédie, the Swiss NGO. This work highlights her wish and ability to «create on a grand scale». She also creates «quickly», as evidenced by a 2 by 2 meter canvas produced in half a day, facing the public at her Street Painting exhibition at the Flon Event. This project earned her first prize and the chance to stage an exhibition of her own works at the Espace Flon in Lausanne in 2008. In 2014, she found a solution by creating a six meter long work in only one hour and fifteen minutes.

Pierre de patience.

Her taste for teaching art began at the Université Populaire de la Broye in 1988 and continued in her own painting school in Moudon before she moved into her own home nearby. For Chantal Moret, who has travelled extensively, Africa was a new adventure. A few weeks ago, she was invited to spend two months as an artist in residence in Harare, Zimbabwe, which give her an additional bow in her artistic arrow and proved an unforgettable human experience. The next exhibition at the Tilleul Gallery, from mid May to mid June, will feature paintings by Zumkeller. n

>>> Find out more on

www.chantalmoret.ch Fonte des glaciers.

> BIO EXPRESS Chantal Moret, who originates from Swiss canton of Valais, was born in Geneva in 1955. She studied at the Fine Arts School in Lausanne. Noteworthy exhibitions of her own works include those at the Mazzoleni Gallery in Bergamo Italy, the Krisal Gallery in Geneva, the Amsterdam Whitney Gallery New York, the Gora gallery in Montreal Canada, the Univers Gallery in Lausanne and the Schüra Gallery in Fribourg. Noteworthy exhibitions staged jointly with other artists include those at the Castel Monastero Gallery in Siena Italy, the Exhibitalia Art Basel Gallery in Miami USA and the Bergamo Arte Fiera Gallery in Italy. She enjoys people, work, transposing her emotions and Paul Klee’s quote: «Art does not reproduce the visible, it makes it visible». She dislikes stupidity and hypocrisy.

Géographie intérieure.

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ARTCHI

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MADE

IN SUISSE

Univers technicolor

Le design de Claudio Colucci bien que pop reste très intemporel.

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Projet réalisé


MADEINSUISSE Texte et traduction : Renzo Stroscio l Photos :Takumi Ota

Passion et savoir-faire Il est LE designer du bout du lac du moment. Son travail inspiré, structuré et sensuel se traduit par des objets qui se laissent découvrir comme des gourmandises. Claudio Colucci est avant tout un homme posé. Chemise blanche, blazer, le ton jovial, sa voix respire la Méditerranée. On fixe notre rendez-vous durant l’édition genevoise des Design Days où ce touche-à-tout dirige un workshop dans l’idée de revisiter le coucou helvétique. De mère autrichienne et de père italien, le designer flirte aussi bien avec le gigantisme qu’avec la miniature.

Un parcours riche Ame cosmopolite, Claudio Colucci a bien roulé sa bosse. Encore étudiant à l’Ecole des arts décoratifs de Genève, il rejoint la capitale française pour suivre des cours puis Londres pour parfaire sa formation de designer industriel. Il est aujourd’hui diplômé de la HEAD et de l’ENSCI. On est dans les années quatre-vingt-dix, retour à Paris, où il co-fonde les Radi Designers, « un groupe un peu dissident » déclare-t-il. Lors d’une exposition à la galerie Perrotin, la fondation Cartier les repère. Elle leur donne carte blanche et le groupe imagine une trentaine de luminaires sur le thème « feuille-caillou-ciseau-papier ». Ces lampes sans teint créent une forêt magique. La carrière de C. Colucci est lancée. Il crée en même temps du mobilier pour l’éditeur Idée, des pièces uniques ou éditées en série limitée, et de l’architecture d’intérieur. En parallèle, en 2000, il fonde son enseigne CCDesign et laisse derrière lui les Radi Designers après huit années de fidèle collaboration. Déjà installé au Japon, il a alors la chance de réaliser une série spéciale pour Philippe Starck, l’une des pointures du design français: une collection d’objets pour une chaîne d’épiceries nippones.

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MADE IN SUISSE

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Dans l’Empire du Soleil levant c’est l’immersion totale, Claudio Colucci s’imprègne du tissu social et urbain. Il continue sa collaboration avec P. Stark, alors qu’en parallèle il promeut son nouveau label. L’aventure japonaise lui permet de voir le design autrement et les commandes ne se font pas attendre avec des projets en vases communicants entreTokyo et Paris. Pour Christofle, par exemple, il crée des couverts et pour le glacier suisse Mövenpick un nouveau bar mobile. Quant à l’hôtel parisien Lumen, il lui assigne une commande spéciale: la décoration du mobilier au style baroque et contemporain et le graphisme. Une chaise longue en tatami, avec sa ligne sobre, invite au voyage et fait mouche. Une geisha en tombe (peut-être) amoureuse et confie alors au designer la rénovation de son bar à vin le Chika au cœur deTokyo, auquel elle rêve d’ajouter un twist contemporain. Emballé par le projet, C. Colucci a imaginé un morphing très géométrique où le bambou et le tatami de riz ont leur place. On voit d’ailleurs ses yeux briller lorsqu’il parle de cette réalisation.

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MADE IN SUISSE


MADEINSUISSE Sa matière: le corian Quelques années plus tard, il troque l’Empire du Soleil levant pour l’Empire du Milieu et s’établit à Shanghai. Contaminé par la démesure chinoise, il voit grand et continue à réaliser des objets en corian qui reçoivent un écho international. L’engouement pour cette matière le pousse à créer la lampe Squeeze ou des enceintes dessinées pour la marque Kenwood. Adepte à la matière il va jusqu’à lui créer un musée. Pourtant, la dernière création de Claudio Colucci est dans un autre registre. Une étonnante éolienne écologique baptisée l’Arbre à Vent. L’œuvre colorée et poétique est un objet qui marie l’esthétisme et la technique. Un premier modèle devrait arriver à Genève dans le courant de l’année, on l’attend avec impatience! n


«Technicolor Universe» Passion and know-how.The design of Claudio Colucci, although pop, is very timeless. IHe isTHE designer of the Geneva area at this time. His inspired work, structured and sensual, exposes objects like delicacies. Claudio Colucci is primarily a calm and serene man. Dressed in a white shirt and blazer, he has a jovial tone of voice which exudes a Mediterranean spirit. We fix our appointment during the Geneva edition of the Design Days where this jack of all trades is leading a workshop with the idea of revisiting the Swiss cuckoo. Of an Austrian mother and Italian father, the designer also flirts equally well with both gigantism and miniaturization. A rich career A cosmopolitan soul, Claudio Colucci has been about a bit. Student at the School of Decorative Arts in Geneva, he then went to the French capital to follow some courses before moving to London where he completed his training as an industrial designer. Today he is a graduate of the HEAD and ENSCI. We are in the 90s, back to Paris, where he co-founded the Radi Designer, "a little dissident group," he says. During an exhibition at the Perrotin gallery, the Cartier Foundation spotted them. The gallery gives them carte blanche and the group conceives thirty lamps on the theme "paper-stone-scissors." These lamps without color create a magical forest. The career of C. Colucci is launched. At the same time he creates furniture for the Idée editor, unique pieces or produced in limited series while, at the same time, doing interior design. In parallel, he founded his ensign CCDesign and leaves the Radi behind him after eight years of loyal collaboration. Already instal-

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MADE IN SUISSE


MADEINSUISSE led in Japan, he then has the opportunity to produce a special series for Philippe Starck, one of the big French designers: a collection of objects for a chain of Japanese grocery stores. In the land of the Rising Sun it’s a total permeation, Claudio Colucci immerses himself in the social and urban fabric. He continues his collaboration with P. Starck, while in parallel he promotes his new label. The Japanese adventure allows him to see design differently and orders begin flowing in for projects in communicating vessels between Tokyo and Paris. For Christofle, for example, he created cutlery, and for the Swiss ice-cream brand MÜvenpick he created a new mobile bar. As for the Parisian hotel, Lumen, it assigned him a special order: decorating the hotel using baroque and contemporary furniture as well as graphic design. A lounge chair made of mat, with sober lines, invites one to travel and becomes a huge hit. A geisha falls in love with the designer’s work and then offers him the project of renovating her Chika wine bar in the heart of Tokyo, in which she dreamed of adding a contemporary twist. Excited by the project, C. Colucci conceived a very geometric form where bamboo and rice mats have their place. You see his eyes shine when he speaks of this achievement. His material: Corian A few years later, he exchanged the land of the Rising Sun for the Middle Empire and settled in Shanghai. Contaminated by Chinese excess, he sees great opportunities and continues to produce objects using Corian which receives international attention. The infatuation for this material led him to create the lamp Squeeze, and speakers for the Kenwood brand. A fan of this material he even creates a museum for it. However, the latest creation of Claudio Colucci is recorded elsewhere, an astonishing ecological wind turbine called the WindTree. The colorful and poetic work is an object that combines aesthetics and technology. A first model should arrive in Geneva this year, and we impatiently look forward to it! n


ARCHI tecture D’AILLEURS

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HOME

LES FAUSSES JUMELLES DU PROJET

Texte : Architectes.ch I Photos :Takuji Shimmura, Milène Servelle I Traduction : AVK TRAD

PARIS : un immeuble dual avec deux tours et deux catégories de logements. Paris, 13e arrondissement, avenue de France au sud de la gare d’Austerlitz : un immeuble à la morphologie inhabituelle rompt la série de façades très institutionnelles de ministères ou de grandes sociétés. Cet ovni architectural a une double origine. La première, c’est la décision du Conseil de Paris, en novembre 2011, de rompre avec le baron Haussmann et de déplafonner les hauteurs constructibles – habituellement de 37 mètres – en les portant à 50 mètres pour les logements et 180 mètres pour les immeubles de service dans le secteur Massena-Bruneseau où le Paris historique se délite entre périphérique et voies de chemins de fer. La seconde est la décision du maître d’œuvre de réaliser un ensemble comprenant à la fois des logements mis à la vente et des logements sociaux.

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Architecture d’ailleurs

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C’est donc ce printemps qu’est mis en service l’immeuble double baptisé Home qui est le premier immeuble d’habitation de 50 mètres de hauteur construit à Paris depuis 1970. Il est le fruit de la collaboration entre deux bureaux d’architecture, Hamonic + Masson & Associés (architectes mandataires), installé à Paris, épaulé par le bureau niçois Comte Vollenweider. Le programme consistait à réaliser 188 logements, dont 96 en accession à la propriété et 92 en logements sociaux. Commerces et parking complétaient la réalisation. Hamonic + Masson & Associés et Comte Vollenweider souhaitaient rompre la rigidité formelle de l’avenue de France. Ils ont atteint leur but en imaginant deux tours de 16 et 13 étages. L’une, destinée aux logements sociaux, habillée d’une peau métallique aux reflets changeants, marque sa différence par des balcons aux formes et dimensions variables, agrémentés d’écrans vitrés de couleur orangée. L’autre, dont les logements sont destinés à la vente est une tour en gradins dont chaque niveau se voit appliquer un degré de torsion qui évite la répétition et modifie la perspective dont jouissent les habitants. Mixité Les deux tours reposent sur un socle commun de plusieurs niveaux qui unifie l’ensemble d’un point de vue spatial et évite toute ségrégation: une double entrée commune à l’arrière du bâtiment donne accès au hall qui distribue les flux

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Architecture d’ailleurs

sur deux cages d’ascenseurs. La base abrite également parking et commerces. Ce sentiment d’ensemble n’est pas limité à la morphologie du bâtiment. Les créateurs insistent sur leur volonté d’harmoniser les 188 logements, tout en évitant « les logements identiques en tous points ». Tous bénéficient de larges volumes, de terrasses ou de balcons généreux, de perspectives incroyables sur Paris. Bien sûr, les aménagements sont de meilleure qualité dans la tour mise en vente où le retrait de chaque étage génère une diversité dans l’implantation des appartements et des terrasses aux surfaces variées. Mais les logements sociaux présentent des plans de logements plus diversifiés dont les séjours sont disposés alternativement au centre ou en angle et des espaces extérieurs aux dimensions diverses. Les architectes mettent en avant leur volonté de concevoir un immeuble en hauteur comme « une superposition de maisons », de donner à chaque habitant l’impression qu’il vit dans un logement individualisé. Dans le projet Home, la mixité sociale, ce débat très politisé en France, s’exprime en termes très pragmatiques : les architectes ont apporté une réponse duale qui évite de traduire la diversité sociale en termes de hauteur : les acquéreurs installés au-dessus des locataires. L’entrée commune qui distribue sur deux parties dont la plus haute est celle réservée aux logements sociaux est une réponse dont le succès se mesurera dans la durée. n


ARCHITECTURE D’AILLEURS architectes.ch I N.5 I printemps / été 2015

Architecture d’ailleurs

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Architecture d’ailleurs


ARCHITECTURE D’AILLEURS A dual-purpose building comprising two towers and two categories of apartments In Paris’s 13th district on the Avenue de France south of the Austerlitz train station, an unusually shaped building breaks from the very institutional facades of the ministries and multinational companies that have moved into the area. The project, an architectural UFO, stems from a decision taken by the Paris City Council in November 2011 to break from the Baron Haussmann style of architecture and to raise the maximum authorised height of buildings from 37 meters to 50 meters for residential buildings and to 180 meters for service buildings in the Massena-Bruneseau district is this decaying part of historical Paris between the city ring road and the railway tracks. It also originates from the decision taken by the Project Owner to build a series of private and social apartment blocks. This spring, the dual-purpose building called Home, the first 50meter high residential building built in Paris since 1970, will be unveiled. It is the outcome of a partnership between two firms of architects: Hamonic and Masson & Partners (contracted architects) based in Paris and supported by Comte Vollenweider, a firm of architects based in Nice. The project involved the building of 188 apartments, 96 of which are being sold on the private market while the other 92 are being rented as council flats. Shops and a car park complete the project. Hamonic + Masson and Comte Vollenweider were keen to break from the formal rigidity of the buildings that line the Avenue de France. They succeeded by developing two tower blocks, one 16 stories high, the other 13 stories high. One of the towers, which will comprise council flats, is covered with a metal cladding that changes

colour with the reflection of the light. It features different sized and shaped balconies decorated with orange-coloured glass screens. The other tower, which is terraced, comprises private apartments. Each level has a degree of curvature that avoids repetition and allows the occupants to enjoy different views over the city. Social mix Both towers are built to a common multi-level design which offers a unified space and avoids segregation: a common entrance at the rear of the building leads to a central hallway where the occupants take two different elevators.The ground floor includes shops and a car park. This sense of unity is not limited to the shape of the building. The project designers were keen to harmonise the 188 apartments while avoiding «totally identical apartments». All the apartments are largesized, have spacious terraces or balconies and offer splendid views over the city of Paris. The fittings and fixtures are of high quality in the private apartment tower where each receded story creates architectural diversity both in the layout of the apartments and on the different sized terraces. The council flats are more diversified in layout: their living-rooms are located either at the centre or in the corner of the properties, while their outdoor areas differ in size. The architects have emphasized their wish to build a residential block that resembles «overlaying houses» and to give each occupant the impression of living in a custom-built apartment. Social diversity, a highly political issue in France at present, is reflected in the Home project in a very pragmatic way: the architects have offered a dual response which avoids reflecting social diversity in terms of height, i.e. by locating private apartments above tenant flats. The common entrance leads to two different parts of the building, the highest of which is reserved for council flats.Time will tell if this solution will work or not. n

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Architecture Projet d’ailleurs réalisé

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ARCHITECTURE D’AILLEURS

Agence Comte Vollenweider

Hamonic + Masson & Associés

> LES CONCEPTEURS Le projet Home a été conduit par deux bureaux d’architectes. Mais, si la réalisation est duale, le travail a bien été unique. Les bureaux ne se sont pas répartis les tours mais ont mis leurs forces en commun dans l’élaboration du projet, travaillant en workshop, puis se donnant du temps pour réfléchir au programme avant de confronter leurs idées jusqu’à leur fixation. Hamonic + Masson & Associés – Fondé en 1997 par Gaëlle Hamonic et Jean-Christophe Masson, le bureau compte une quinzaine de collaborateurs. Nominé au prix Mies van der Rohe en 2001, il se fait connaître en 2003 par la conception de la Maison de métal exposée au parc de la Villette. Réputé pour sa rigueur et son sens urbanistique, connu également pour son intérêt à tisser des liens entre art et architecture, le bureau a reçu de nombreux mandats pour des réalisations en milieu urbain dense et des équipements culturels. Avec une quinzaine de bâtiments livrés, le bureau, installé à Paris, développe ses projets partout en France. Comte Vollenweider – A Nice, l’Agence Comte Vollenweider réunis deux architectes, Pierre-André Comte et Stéphane Vollenweider, qui se sont connus à l’Ecole d’architecture de Paris Belleville puis ont volé séparément avant de se retrouver en 2002. En 2005, ils remportent le concours de la Cité artisanale de Valbonne. En 2009, le projet est sélectionné pour le Mies van der Rohe Awards et révèle l’agence au public à travers de nombreuses publications. En 2013, la première phase du Pôle d’aviation d’affaires de l’aéroport de Cannes, le H-16, est un autre projet emblématique de l’agence qui dénombre une dizaine de réalisations publiques et privées et une cinquantaine de concours dont on qualifie l’architecture de sobre et puissante. L’agence compte une dizaine de collaborateurs.

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Architecture d’ailleurs

> A joint effect between two firms of architects The Home project was conducted by two firms of architects. While the design was a joint effort, the work itself was carried out individually. The architects did not separate the towers but worked together, taking the time to reflect and to compare and finalise their ideas. Gaëlle Hamonic and Jean-Christophe Masson founded the firm of Hamonic and Masson & Partners in 1997. It currently employs fifteen staff. Nominated for the Mies van der Rohe Prize in 2001, the firm gained a reputation in 2003 for its design of the Maison de Métal exhibited at the Parc de la Villette. Reputed for its thoroughness, sense of urban planning and interest in forging links between art and architecture, the firm has secured many contracts for projects in concentrated urban environments and for cultural facilities. The firm, which is based in Paris, has already delivered some fifteen buildings and is developing other projects throughout France. The Comte Vollenweider agency based in Nice employs two architects, Pierre-André Comte and Stéphane Vollenweider. They met at the Paris Belleville School of Architecture. They went their separate ways before meeting up again in 2002. In 2005, they won the Cité Artisanale de Valbonne Competition. In 2009, the project was selected for the Mies van der Rohe Awards and revealed the agency to the general public through numerous publications. In 2013, the agency conducted its flagship project, H-16, the first phase of the Business Aviation Centre at Cannes Airport. The agency has already developed a dozen public and private projects and has entered some fifty competitions with architectural offerings that have been described as sober and powerful. The agency currently employs twelve staff.



©Rainer Sohlbank

STREHL SA

Alexandre Sauvageat, Directeur et administrateur de Strehl SA

Texte :Thierry Brandt

STREHL SA

La maison se modernise et se diversifie L’entreprise de menuiserie et ébénisterie fondée en 1915 par Albert Strehl, installée rue du Maupas, en plein cœur de Lausanne, se développe. Elle propose désormais ses compétences en matière de décoration et d’architecture d’intérieur. Services qui s’adressent aussi bien aux particuliers qu’aux autres clients comme les banques, les compagnies d’assurance, les restaurants et les gérances d’immeubles. Cette année, Strehl SA célèbre le centenaire de la fondation. Cent ans d’existence pour une entreprise familiale spécialisée dans la menuiserie et l’ébénisterie, ce n’est pas rien. Cette PME, qui emploie à l’heure actuelle dix-huit collaborateurs, est parvenue à pérenniser ses activités et à fidéliser sa clientèle grâce à son savoirfaire, en constante évolution, et à la passion de tous ses collaborateurs. Aujourd’hui, grâce à l’impulsion de son nouveau directeur, Alexandre Sauvageat, Strehl SA a décidé de se moderniser et de se diversifier. D’une part, elle a entièrement rénové ses bureaux de la rue du Maupas. D’autre part, en lien direct avec ses activités traditionnelles de travail du bois, elle a choisi d’étendre ses compétences à la décoration et à l’architecture d’intérieur.

«Les ébénistes et les menuisiers que nous sommes ont une sensibilité particulièrement développée. Nous travaillons des matières très diverses, nous avons des idées sur l’organisation de l’espace et la conception de la décoration. Pourquoi ne pas mettre toutes ces idées au service de projets plus globaux? C’est ce genre de réflexions qui ont alimenté notre décision», explique Alexandre Sauvageat, lui-même maître menuisier et architecte d’intérieur diplômé. Désormais, Strehl SA est donc en mesure de proposer à ses clients un service personnalisé de ce type. Mais ce n’est pas tout. Elle peut en faire encore beaucoup plus: l’entreprise est organisée de manière à pouvoir gérer l’ensemble d’un dossier de création ou de rénovation, en collaboration avec tous les partenaires concernés: «Depuis des années, sur les chantiers, je remarque que nos clients déplorent le fait d’avoir à discuter avec une multitude de fournisseurs. Cela ajoute à leur confusion et génère un certain gaspillage de temps. Nous avons les capacités de résoudre ce type de contraintes en nous instituant interlocuteur unique. On nous

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architectes.ch I N.5 I printemps / été 2015

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confie un projet et nous nous chargeons de le piloter de A jusqu’à Z! A nous de négocier avec nos sous-traitants habituels», explique Alexandre Sauvageat. Quels sont les principaux atouts de Strehl SA en la matière? Ils sont au nombre de sept: qualité du travail, savoir-faire, confiance, écoute, compréhension, respect de l’environnement et réactivité. «De nos jours, le client veut tout, et tout de suite. C’est notre job de répondre aux exigences en question. Nous en sommes parfaitement capables car nous nous sommes réorganisés dans ce but. C’est notre plus-value, notre manière à nous de nous distinguer, de nous montrer modernes, performants et efficaces sur un marché de plus en plus concurrentiel», conclut Alexandre Sauvageat. n >>> Pour plus d’informations www.strehlsa.ch - www.atelierdureve.ch

L’ENTREPRISE EN QUELQUES CHIFFRES STREHL SA Menuiserie et ébénisterie Architecture d’intérieur et décoration Rue du Maupas 8 bis 1004 LAUSANNE Raison sociale:

Société anonyme

Année de fondation:

1915

Chiffre d’affaires:

3 millions de CHF

Nombre de collaborateurs: 18 Métiers:

Menuisiers, ébénistes personnel administratif

Bureau technique:

1 technicien, maîtrise fédérale en menuiserie, 1 technicien, contremaître en menuiserie 1 employé de commerce


Natural Look

Best Protection

Easy Care

B-Protect®

Protection invisible, surface naturelles La nouvelle finition B-Protect® est unique. Elle présente les qualités de protection propres à un verni apprécié pour sa facilité d’entretien, tout en étant parfaitement invisible et en préservant l’aspect et le toucher naturels du bois. Avec cette nouvelle finition, Bauwerk impose les nouvelles références en matière de vitrification de parquets. Découvrez la diversité de nos parquets en grandeur nature, une atmosphère unique, une ambiance confortable et profitez du service compétent de nos conseillers spécialisés. www.bauwerk-parkett.com Lausanne: Bauwerk Parquet SA, Avenue du Mont d’Or 91 1007 Lausanne T 021 706 20 50 lausanne@bauwerk.com

Genève: Bauwerk Parquet SA, Route de Ferney 211 1218 Le Grand-Saconnex T 022 788 45 12 geneve@bauwerk.com


architectes.ch revue d’architecture suisse I numéro 5 I printemps / été 2015 I CHF 22.--

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