Percy jackson and the lightning thief

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commençais à me rendre compte que cette créature ne connaissait qu'une seule vitesse : la marche avant. Entretemps, Grover s'était mis à gémir sur l'herbe. Je voulais lui hurler de se taire, mais ballotté comme je l'étais, si j'ouvrais la bouche, je risquais de me couper la langue avec mes propres dents. — Manger ! a gémi Grover. L'homme-taureau s'est tourné d'un coup vers lui, a martelé le sol de nouveau et s'est préparé à charger. J'ai repensé à la façon dont il venait d'étouffer la vie de ma mère, de l'anéantir dans un éclair de lumière, et la fureur m'a empli comme un carburant à indice d'octane élevé. J'ai empoigné une de ses cornes à deux mains et tiré de toutes mes forces. Le monstre s'est tendu, a émis un grognement de surprise, puis... crac ! L'homme-taureau a hurlé et m'a projeté en l'air. Je suis retombé dans l'herbe à plat dos. Ma tête a heurté une pierre. Lorsque je me suis redressé, ma vision était floue mais j'avais une corne à la main, une arme en os déchiqueté, grande comme un couteau. Le monstre a chargé. Sans réfléchir, j'ai roulé sur le côté et je me suis relevé à genoux. Quand il a déboulé, je lui ai enfoncé la corne brisée en plein flanc, juste en dessous de sa cage thoracique couverte de fourrure. L'homme-taureau a rugi de douleur. Il a titubé, tenant sa poitrine à deux mains, puis il a commencé à se désintégrer. Pas comme ma mère, dans un éclair de lumière dorée, mais comme du sable qui s'effrite, emporté par paquets par le vent, de la même façon que Mme Dodds quand elle avait explosé. Et il a disparu. La pluie avait cessé. L'orage grondait toujours, mais au loin seulement. Je sentais le fauve et mes genoux flageolaient. Ma tête me faisait mal comme si j'avais le crâne ouvert. Je me sentais faible, j'avais peur et je tremblais de chagrin. Je venais de voir ma mère disparaître. J'aurais voulu m'allonger par terre et pleurer, mais il y avait Grover et il avait besoin de mon aide, alors, vaille que vaille, je l'ai hissé jusqu'au pin puis traîné dans la vallée, vers les lumières de la ferme. J'étais en larmes, j'appelais ma mère, mais je tenais fermement Grover : pas question de le perdre, lui aussi. La dernière chose dont je me souvienne, c'est de m'être effondré sur une véranda en bois, d'avoir vu un ventilateur qui tournait au-dessus de ma tête, des papillons de nuit voletant autour d'une ampoule jaune et les visages graves d'un homme barbu à l'air familier et d'une jolie fille aux cheveux blonds bouclés comme ceux de Cendrillon. Ils me regardaient tous les deux et la fille a dit : —C'est lui. Ce doit être lui. —Silence, Annabeth, a rétorqué l'homme. Il est encore conscient. Emmène-le à l'intérieur. Je joue aux cartes avec un cheval J'ai fait des rêves bizarres, pleins d'animaux de ferme. Pour la plupart, ils voulaient me tuer. Les autres réclamaient à manger. J'ai dû me réveiller plusieurs fois, mais ce que j'entendais et voyais n'avait aucun sens, alors je sombrais de nouveau dans l'inconscience. Je me souviens que j'étais allongé dans un lit moelleux et qu'on me faisait manger à la petite cuillère un truc qui avait un goût de pop-corn au beurre, mais une consistance de crème. La fille aux cheveux blonds bouclés était penchée sur moi et elle souriait d'un air satisfait en retirant des petites éclaboussures de mon menton avec la cuillère. Lorsqu'elle a vu mes yeux s'ouvrir, elle a demandé : — Que se passera-t-il au solstice d'été ? J'ai réussi à éructer : —Quoi ? Elle a regardé autour d'elle, comme si elle avait peur que quelqu'un entende. —Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est-ce qui a été volé ? Nous n'avons que quelques semaines ! —Je suis désolé, ai-je bafouillé. Je ne... On a frappé à la porte et la fille s'est empressée de me fourrer une cuillère de crème dans la bouche. Quand je me suis réveillé la fois suivante, la fille était partie. Un grand blond à la dégaine de surfeur me surveillait, debout dans un coin de la chambre. Il avait des yeux bleus - une bonne douzaine - sur les joues, le menton, le dessus des mains. Lorsque j'ai enfin repris conscience pour de bon, le cadre où je me trouvais n'avait rien de bizarre, si ce n'est qu'il était plus beau que tout ce à quoi j'étais habitué. J'étais allongé dans un transat, sur une immense terrasse avec vue sur une prairie et un horizon de collines verdoyantes. Le vent était chargé d'un parfum de fraises. J'avais une couverture sur les genoux, un oreiller sous la nuque. Tout ça était super, sauf que j'avais la bouche sèche comme si un scorpion y avait fait son nid. Ma langue était désagréablement râpeuse et chacune de mes dents me faisait mal. J'ai aperçu, posé sur ma table de chevet, un grand verre d'une boisson ambrée - du jus de pomme, sans doute - avec une paille verte et une ombrelle en papier plantée dans une cerise confite.


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