FOCUS
SHOW DEVANT
UN MATÉRIAU À TRAITER AVEC DÉFÉRENCE
OÙ VOIR DU NÉON ?
Nathalie Talec est une artiste protéiforme (photographies, vidéos, peinture, performances...). Dans son travail à l’esthétique épurée, profondément inspiré par les motifs du froid, le néon trouve tout particulièrement sa place. A découvrir en ce moment « GIMME SHELTER », une œuvre installée à Saint Etienne, place d’Armes, devant la Cité du design. Conçue avec Alexandre Nossovski, architecte DPLG et Stéphane Dwernicki, designer, l’installation mixant néon, verre, métal et béton, renvoie aux travaux de Le Corbusier et de Charlotte Perriand dans leurs recherches sur l’architecture idéale. Un projet initié par le Musée d’Art Moderne de St Etienne Métropole. © Hélène Aulagner
Plus festif, le néon s’invite dans les campagnes publicitaires, on se souvient de celle pour Kenzo imaginée et photographiée par Jean-Paul Goude. On l’aperçoit également au détour des clips et même dans les émissions musicales télévisées. Regardez bien lors de la prochaine diffusion de The Voice... Les noms des 4 coachs qui ponctuent l’étroit couloir de 20 m menant du foyer au plateau sont réalisés en néon ! Joséphine Gad, scénographe, en a habillé le mur pour donner un look urbain au décor. Ces coulisses font partie intégrante du show car les caméras y filment l’arrivée des talents. « Fixés sur le caillebottis métallique qui laisse voir la paroi de béton brut, les noms se détachent en néon d’un blanc froid, choisi pour accentuer le côté angoissant de ce que nous appelons entre nous le ‘couloir de la mort’ ». A chaque personnalité correspond une typographie : carrée, plutôt Broadway pour Garou, très similaires à celles figurant sur leur album respectif pour Florent Pagny et pour Mika, et un lettrage manuscrit pour Jennifer. « Avec le néon on peut tout faire. Net, sans effet de pointillé, il se prête particulièrement bien au lettrage. L’installation est reliée à un gradateur, pour faire varier l’intensité lumineuse des tubes néons selon les besoins des caméras. Il est essentiel de pouvoir la baisser afin qu’elle n’éclate pas sur le visage des gens et ne concurrence pas le reste de l’éclairage », nous apprend Joséphine Gad.
© Martin Argyroglo / MacVal 2008
Seule ombre au tableau, la fragilité des tubes. Un néon cassé c’est une poussée d’adrénaline pour le client comme pour l’entreprise qui l’a fourni. Artistique ou télévisuel, le spectacle doit continuer, « c’est pourquoi, explique Jean-Pierre Ménétret, nous devons être très réactifs et pouvoir faire fabriquer, livrer et remplacer un néon dans les plus brefs délais ». Un service et une relation de confiance qui s’inscrivent dans le prolongement des nombreux échanges nécessaires à la réalisation de chaque objet lumineux. « Faire comprendre avec exactitude ce que j’ai en tête à ceux qui façonnent le néon implique de beaucoup communiquer. Cela crée forcement une certaine complicité » confie Fanny Allié. La fragilité du néon participe probablement à l’attachement qu’il provoque. S’il réclame une attention particulière lorsque l’on s’active autour de lui, comme c’est le cas sur un plateau de tournage, en revanche, un conditionnement spécifique de transport conjugué à quelques précautions, et une création peut voyager pour briller dans des expositions, des vitrines, ou sur des défilés de par le monde. L. BdC.
A voir aussi, dans le cadre d’une exposition personnelle à Beauvais, espace culturel François Mitterrand, du 24 janvier au 5 avril 2014, KAYAK, pièce majeure de l’œuvre de Nathalie Talec dans laquelle le néon développe toute la force de sa présence sur 250 x 50 x 60 cm.
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