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RENTRÉE LITTÉRAIRE 2014

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Petit guide de référence à l’usage du lecteur curieux


L’ÉVÉNEMENT MURAKAMI EN LIBRAIRIE LE 4 SEPTEMBRE 2014

23 € – 384 pages

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Disponible en eBook

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ÉDITORIAL

E

lles s’appellent Laurence, Anne, Kaoutar, Marie-Sabine.... Ils s’appellent Grégoire, Peter....

Ils sortent en cette rentrée de septembre leur nouveau roman, le deuxième, le troisième ou plus, quelquefois le premier.

Mais ils ont tous un point commun : les les ont lus et les ont aimés. Ils nous racontent des histoires de femmes, des tranches de vie, des histoires dures, des histoires teintées de la couleur bistre du souvenir et de la nostalgie, des histoires loufoques de quelques malédictions familiales, des histoires noires qui nous brûlent et qui nous hantent. Pourtant ces histoires se ressemblent, elles nous emmènent, elles nous élèvent, elles nous font rêver et grandir. Bonheur de la littérature, plongez dans cette rentrée littéraire qu’ENSEMBLE nous allons partager.

Jean-Michel BLANC Librairie RAVY à Quimper, Président du groupement

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SOMMAIRE

Éditorial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Rentrée littéraire : trouver sa place. . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Romans français. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Premiers romans. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Romans étrangers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Essais. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Index des auteurs cités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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RENTRÉE LITTÉRAIRE

Trouver sa place

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our un auteur, pour un livre, trouver sa place est une question de survie. Trouver la juste voix pour raconter la juste histoire, figurer en bonne place sur les tables des librairies et trouver le bon lecteur, le destinataire ultime et idéal… En cette rentrée littéraire, les auteurs parlent aux lecteurs plus directement encore qu’à tout autre moment et le lecteur, qui lui aussi a une place à trouver au cœur de la société, est sans doute plus attentif… Et la littérature peut l’aider à la trouver. En premier lieu parce que les livres parlent de nous. Ils sont le reflet de nos préoccupations. Et celles de l’année 2014 semblent marquées par le besoin de trouver une place dans ce monde qui nous est de plus en plus étranger. Dans notre histoire d’abord : la Seconde Guerre mondiale, et surtout ses prémices, - cette période de décadence, d’attente, en résonnance avec la nôtre qu’est la fin des années 1930 - intéressent la nouvelle génération d’écrivains qui a besoin de trouver dans le passé un sens à aujourd’hui. On pense à Beigbeder avec Oona et Salinger, mais aussi à Gonzague Tosseri avec Le Bal des hommes… On ressent aussi le besoin de faire le point sur l’état de notre planète, son urbanité grandissante, notamment dans L’Aménagement du territoire, d’Aurélien Bellanger, ses dégâts irrémédiables et la nécessité d’agir, clamée par Alice Ferney dans Le Règne du vivant. Doit-on recréer un cocon personnel, se replier sur soi et les siens, dans sa « tribu », voire sa bande d’amis ? Certains romans comme Le Bonheur national brut de François Roux ou Retour à Little Wings de Nikolas Butler mettent l’accent sur cette valeur, plus ou moins sûre, qu’est l’amitié. Doit-on plutôt s’évader dans un autre monde, pour porter un regard plus pointu sur le nôtre, sur celui qu’il est en train de devenir ? Une autre particularité de cette rentrée 2014 est l’entrée en littérature de textes teintés de science-fiction ou de fantasy, comme Incidents voyageurs de Dalibor Frioux ou Le Clan suspendu d’Étienne Guéreau. Ou se battre dans notre monde hostile, comme le font, cette année plus encore que les précédentes, les héroïnes de ces romans ? Car si la société est cruelle pour l’individu, elle l’est plus encore pour les femmes, de plus en plus aptes à se protéger, à prendre les armes, à lutter. Kaoutar Harchi, Siri Hustvesdt, Sophie Brocas ou Lydie Salvayre nous le démontrent si bien, ainsi que Marie-Laure Susini, dans son essai La Mutante, qui revient sur les destins extraordinaires de quatre femmes battantes. 2014 : l’année des femmes ? Peut-être bien…

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DES LIVRES QUI DONNENT ENVIE

DE RENTRER


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Un secret du docteur Freud Éliette Abécassis Pourquoi Freud resta à Vienne Vienne, mars 1938. Sigmund Freud convoque la société psychanalytique composée d’élèves et de disciples pour les persuader de quitter l’Autriche devant la menace nazie. Lui-même, âgé et souffrant, ne se décide pas à l’exil. Sa santé fragile, ses travaux en cours, son attachement à la ville et l’abandon de ses sœurs sont autant de justifications à ses atermoiements. Marie Bonaparte, ancienne patiente devenue la plus fidèle disciple du psychanalyste, met tout en œuvre pour le sauver des griffes du mystérieux Anton Sauerwald, commissaire zélé aux Affaires juives. Mais une lettre au lourd secret bloquée dans une banque sous contrôle nazi se révèle être le véritable motif du refus de Freud de quitter Vienne. Grâce à une construction rigoureuse, l’auteure nous dévoile un aspect méconnu de la personnalité de Sigmund Freud et de son entourage. >>Flammarion - 208 pages - 18 €

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Peine perdue Olivier Adam Azur, foot et agression Antoine, joueur de foot amateur, repeint des mobilhomes sur la Côte d’Azur, entre Cannes et Nice. Un jour, après s’être fait tabasser par des individus, il est déposé par quelqu’un devant l’hôpital. Est-ce une vengeance de l’équipe adverse suite à un match où Antoine avait maltraité un joueur ? Ou faut-il chercher ailleurs, du côté des connivences politiques, qui sur la Côte sont toujours présentes ? À partir de cet événement, chaque chapitre porte le prénom d’un personnage lié de près ou de loin à Antoine. Pendant ce temps, une tempête s’est déclarée qui aura des conséquences tragiques sur les protagonistes. Avec ce beau roman à l’écriture sans fioriture qui va direct au cœur, Olivier Adam change de lieu, mais garde une continuité dans la fine analyse de notre société et du malêtre de nos contemporains. De livre en livre, il construit un univers contemporain réaliste avec l’espoir d’une vie meilleure quand les personnages se donnent la peine et

les moyens d’y arriver. >>Flammarion - 416 pages - 21,50 €

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Oona & Salinger Frédéric Beigbeder Rendez-vous manqué 1940 : dans une boîte de nuit new-yorkaise, Oona O’Neill, héritière du plus grand auteur de théâtre d’alors, rencontre le jeune écrivain Salinger. Il tombe amoureux d’elle, mais la guerre a tôt fait de les séparer, même si, du front, Salinger écrit à Oona. Dans un style moderne et malicieux, Fréderic Beigbeder nous raconte cette histoire d’amour manquée, mais féconde à sa manière. Il est à son meilleur quand il narre la guerre de Salinger, du débarquement à Utah Beach à la libération des camps, sondant le traumatisme de ce romancier génial qui le poussa sans doute à se retirer du monde. D’un amour courtois à un amour réciproque, d’un mal d’amour à un mal de guerre, Beigbeder esquisse les portraits émouvants d’êtres blessés en quête de renaissance, rend hommage à la grâce irrésistible et farouche des jeunes filles. Il laisse l’histoire d’Oona et de Jerry résonner avec la sienne avec délicatesse et profondeur, nous régalant au passage des échanges savoureux entre Salinger et Hemingway, dont l’amitié prit naissance dans le tumulte des combats de la Libération. >>Grasset - 336 pages - 19 €

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L’Aménagement du territoire Aurélien Bellanger Complexes ramifications L’installation d’une ligne de TGV à proximité d’un petit village perdu a de quoi réveiller les passions. Les opposants et les partisans, ennemis de toujours sans réellement s’être affrontés auparavant, vont enfin se déchirer autour de ce projet qui fait débat. Les ambitions secrètes percent, l’histoire éteinte du village pourra enfin être réveillée. Entre un industriel aux dents longues, un noble aux idées étranges, un activiste enthousiaste, une société secrète et un archéologue, la tension est présente avant même l’installation des câbles électriques et les complots se fomentent. Avec ce roman ambitieux qui entrechoque modernité et France endormie, Aurélien Bellanger évoque la fin du terroir français au profit du politique et du capitalisme. Il nous parle de la terre et de la Terre, de ses changements inéluctables et de son renouvellement inévitable,

quoiqu’en fassent les hommes qui la peuplent, décidés à briser sans cesse tout équilibre naturel. >>Gallimard - 480 pages - 22 €

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Orphelins de Dieu Marc Biancarelli Road-movie dans la Corse du XIXe siècle Avec une écriture, forte et somptueuse, Marc Biancarelli nous transporte au XIXe siècle entre la Corse et l’Italie. Vénérande, jeune montagnarde orpheline, souhaite venger son frère, battu à mort par des voleurs de troupeaux. Pour ce faire, elle s’adresse à L’Infernu… personnage haut en couleurs, précédé par une réputation féroce de mercenaire et de tueur à gage. Il est cependant dépassé par le doute, les douleurs de l’âge et l’alcool qui lui permet d’oublier cette vie. La jeune fille et l’homme terrible vont s’enfoncer dans la montagne pour accomplir cette dernière mission, L’Infernu en profitera pour se confier à Vénérande et lui conter sa vie, la violence de ces hommes embarqués dans la guerre et oubliés par Dieu. C’est une forme de rédemption que recherche notre héros tandis que Vénérande se rapprochera de l’enfer. Pour un premier livre écrit directement en français – Marc Biancarelli écrit d’ordinaire en corse – c’est un coup de maître : des personnages rudes et émouvants, des descriptions inoubliables de la Corse, un roman entre violence et beauté qui restera dans les mémoires. >>Actes Sud - 240 pages - 20 €

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L’Île du Point Némo Jean-Marie Blas de Roblès Embarquez pour l’aventure Il est d’usage dans les fabriques de cigares cubaines qu’une personne fasse la lecture aux ouvrières pendant qu’elles roulent les feuilles de tabac. Laissez-vous emporter par ce récit, raconté par un « liseur » dans cette ancienne usine de cigares périgourdine transformée en fabrique de liseuses électroniques. Dans son château écossais, Martial Canterel reconstitue la bataille de Canterel quand son ami John Shylock Holmes l’entraîne dans une enquête rocambolesque : Lady MacRae s’est fait voler son célèbre diamant, l’Anakè. Au même moment échouent sur la plage qui borde le manoir trois pieds droits chaussés de baskets de marque Anakè. Les compagnons, Lady MacRae et sa fille montent aussitôt dans le Transsibérien à la recherche de l’Enjambeur Nô. Dans ce roman d’aventures steampunk, complètement fou et truffé de références, Jean-Marie Blas de Roblès entremêle histoire, high-tech et rebondissements dignes de Dumas et Jules Verne et renouvelle le genre d’une façon jubilatoire. >>Zulma - 464 pages - 22,50 €

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Le Dernier tango de Kees Van Dongen François Bott La fin d’un beau voyage Alors qu’il est sur le point de mourir à quatre-vingt-onze ans, à Monaco en 1968, Kees Van Dongen se remémore avec un sentiment d’urgence ce que fut son existence. La peur de la mort, peur de quitter cette vie qu’il croquait à pleines dents et dont chaque jour constituait une nouvelle toile à peindre, le pousse à parcourir à nouveau, par la pensée, les trottoirs et les bars parisiens, tous les lieux où il imagina et peignit ses plus belles toiles. Dandy, soucieux de son apparence, personnage excentrique, ce grand amoureux connut les plus belles femmes et fréquenta des artistes tels que Picasso, Braque ou encore Matisse. Dans ce portrait original et touchant d’un artiste qui marqua l’art et le début du XXe siècle d’une empreinte sensuelle et colorée, François Bott nous entraîne dans la course folle de l’existence, qui passe si vite hélas, et qu’on a tous du mal à quitter quand en vient la fin. >>Le Cherche-Midi - 144 pages - 13,50 €

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Le Testament de Descartes Christian Carisey Peut-on apprendre à mourir ? En 1650, le philosophe René Descartes se trouve en exil à la cour de Suède. Protégé par la reine mais détesté de ses sujets et des jésuites, le philosophe de la raison n’a plus beaucoup de temps à vivre. Il lui faut donc à tout prix dire la vérité et écrire ses mémoires, sorte de « testament ». Il se souvient de son enfance, de son instruction, revient sur les livres qu’il a écrits et les théories qu’il a fondées et évoque les grands penseurs qui ont traversé ce début de XVIIe siècle avec lui : Pascal, saint Vincent de Paul ou encore Galilée. Mais surtout, Descartes revient sur la tragédie de sa vie : la mort de sa fille. Dans ce roman captivant et d’une agréable accessibilité, l’auteur de La Maladie du roi nous peint ici le portrait sombre, torturé, d’une figure de la philosophie dont on connaît mal la vie. Un homme qui a dû combattre ses passions et sa douleur. Un homme dont les idées philosophiques lui ont valu l’exil et la haine. >>Le Cherche-Midi - 248 pages - 16,80 €

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L’Affaire des vivants Christian Chavassieux Splendeur et misère d’un industriel au XIXe siècle Charlemagne Persant naît en 1850 dans la campagne lyonnaise. Son grand père qui avait choisi ce curieux prénom lui avait prédit : « Tu seras roi un jour. » Il ne s’est pas trompé ! Aîné d’une famille de paysans sans ressources, nous allons le suivre tout au long de sa vie aux aventures multiples, ponctuées de nombreux rebondissements marqués par des rivalités familiales et des tabous sociaux. Industriel devenu riche, il gravit tous les échelons avec détermination, froideur et un grand sens du commerce. Une réussite donc, pour combler de nombreux manques et échecs. Et à vivre sans amour, même avec la force des bâtisseurs, on ne fabrique que des chimères et des murs sans ciment. Plus dure sera la chute !

Tout est foisonnant dans cette saga historique et familiale, portrait d’une époque en mouvement perpétuel jusqu’à l’aube de la Première Guerre mondiale. Il y a du Zola, du Maupassant mais aussi du Hugo chez Christian Chavassieux. C’est une vraie réussite romanesque, sans compter qu’il agrémente son style de mots délicieux et oubliés. >>Phébus - 352 pages - 21 € S’il n’en restait que

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Une éducation catholique Catherine Cusset L’amour : une recherche de la divinité ? Tandis que la mère de Catherine Cusset était absolument athée, son père, catholique, l’emmenait souvent à la messe. Entre ces deux parents aux idées opposées, son éducation religieuse s’est faite cahin-caha. Il est bon, lorsqu’on arrive à l’âge mûr, de revenir sur son passé et de voir en quoi cette éducation nous a formés, a influencé

notre façon de vivre et d’aimer. Ayant rejeté le dieu de son père, Catherine Cusset a tenté de le retrouver dans les personnes qu’elle a désirées, hommes ou femmes, qui l’ont fait souffrir ou qu’elle a fait souffrir, voire crucifiées. Entre désir de l’autre, charnel, de possession ou d’appartenance, désir de bénédiction - divine ? parentale ? - et peur du châtiment, peur d’avoir à payer son bonheur en somme, elle examine ses histoires amoureuses à travers le prisme de sa recherche de la divinité. >>Gallimard - 144 pages - 15,90 €

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Le Triangle d’hiver Julia Deck Nouveau nom, nouvelle vie Mademoiselle habite au Havre. Sa vie est compliquée : pas de travail, des comptes fortement dans le rouge… La solution ne serait-elle pas de changer de vie et de prendre un nouveau départ avec un joli nom d’emprunt ? C’est ainsi que Bérénice Beaurivage, personnage de Rohmer, débarque à Nantes et va faire la connaissance de l’Inspecteur, brillant jeune homme en charge des vérifications des grands paquebots. Une histoire d’amour s’installe malgré les trous de plus en plus flagrants dans la vie et les dires de Bérénice. De Nantes à Paris en passant par Marseille, le couple va se déliter et nous allons suivre cette Mademoiselle tout aussi attachante qu’agaçante ! Réalité ou fiction : Julia Deck laisse-t-elle au lecteur le choix de décider ? Après Viviane Élisabeth Fauville, premier roman qui présentait une jeune femme au bord de la folie, l’auteure revient avec une nouvelle héroïne tout aussi fragile et sensible. De son écriture fine et intelligente, elle nous livre ici un roman psychologique très bien construit dans lequel elle joue habilement avec nos impressions. >>Éditions de Minuit - 176 pages - 14 €

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On ne voyait que le bonheur Grégoire Delacourt Conte de la banalité ordinaire Le héros de cette histoire a vécu une enfance tristounette, entre un père sans panache et une mère qui se réfugie dans les romans de Sagan et qui contemple le monde à travers la fumée de ses cigarettes. Un jour, à la mort d’une de ses filles, elle part, abandonnant mari et enfants. Étaitelle faite pour être mère ? Désormais adulte, il est expert en assurance. Il doit fixer un prix sur chaque objet volé ou cassé mais résiste mal à la détresse des gens, en dépit des intérêts de son entreprise. Il n’a pas revu sa mère depuis des années, son père se meurt d’un cancer, il perd son emploi, la femme qu’il aime l’abandonne, sa sœur, traumatisée par la mort de sa jumelle, tente maladroitement de le soutenir. Il est temps, pour son propre fils, d’entreprendre l’histoire triste et banale de sa vie.

Grégoire Delacourt opère un changement fondamental dans ce roman plutôt nostalgique, d’une noirceur lumineuse, où un homme s’interroge sur le sens de la vie. >>JC Lattès - 360 pages - 19 €

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Viva Patrick Deville Dans le bouillonnement du volcan mexicain Le Mexique : destination ultime, même s’il ne le sait pas encore, pour Léon Trotsky. Accueilli par Diego Rivera et Frida Kahlo, l’ancien chef de l’armée rouge, en exil depuis 1929, n’a pas dit son dernier mot à Staline et, en riposte à son procès, fonde la IVe Internationale. Le Mexique est alors, et depuis dix ans, un chaudron d’idées et de personnalités révolutionnaires et artistiques. Malcolm Lowry, en écrivant Au-dessous du volcan, crée un véritable choc littéraire. Il admire énormément Trotsky, qui lui aussi écrit, mais a choisi la politique. Dans ce roman extrêmement documenté, rythmé par de courts chapitres très visuels, Patrick Deville retrace l’histoire du Mexique, plus vivant que jamais, des années 1930 à 1940. Il nous révèle des anecdotes inédites

et nous fait croiser, au fil des pages, des personnages aussi fous que géniaux, tels André Breton et Antonin Artaud ou encore le fascinant B. Traven. >>Le Seuil - 224 pages - 17,50 €

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Ce sont des choses qui arrivent Pauline Dreyfus À l’abri ? De Cannes, en zone libre, la guerre est tout de même plus facile à supporter pour le prince et la princesse de Sorrente. Issus tous deux de nobles lignées, ils tentent comme ils peuvent de se divertir loin de Paris. On parle un peu du conflit, du maréchal. On évite le sujet tabou et gênant des juifs. Suite à une aventure, Nathalie tombe enceinte. Ce sont des choses qui arrivent, et qu’on étouffe sous les conventions, les faux-semblants. Le prince reconnaît bien entendu l’enfant. Mais le monde de Nathalie vacille quand, à la suite du décès de sa mère, elle se retrouve confrontée au secret de sa propre naissance : son père biologique était juif et tout le monde – sauf elle – le savait ! Ses repères, si bien ancrés, volent en éclats. Elle abuse de la morphine, décline et meurt prématurément en 1945. Dans une langue surannée, à l’accent très pointu, Pauline Dreyfus dresse un portrait sans concession d’une aristocratie française indifférente à l’histoire et aux tourments de l’une des leurs. >>Grasset - 234 pages - 18 €

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Le Roi disait que j’étais diable Clara Dupont-Monod Convictions, pouvoir… et amour Avant de devenir reine d’Angleterre, Aliénor d’Aquitaine fut reine de France pendant quinze ans. Destinée aux plus hautes fonctions dès son plus jeune âge, elle épouse Louis VII à treize ans. Fière, courageuse, guerrière, volontaire, elle a reçu l’éducation adéquate dans une Aquitaine qui donnait une large place aux femmes et à la poésie des troubadours. Louis VII se destinait à entrer dans les ordres, mais la mort de son frère le pousse sur un trône dont il ne veut pas. Le mariage royal éloigne Aliénor de ses terres, et si la découverte de Paris la fascine, cela ne suffit pas à combler son ennui, sa frustration de ne pas gouverner, de ne pas décider. S’engage alors un jeu de pouvoir : plus Aliénor, toujours en désaccord avec les conseillers royaux et l’église, manipule Louis VII, fou amoureux, plus elle le méprise.

Dans ce roman historique à deux voix, contée par une belle écriture, Clara Dupont-Monod s’empare de deux figures du Moyen Âge – le guerrier, Aliénor et le religieux, le roi – et imagine leurs caractères si différents à la tête d’un pays entier. >>Grasset - 240 pages - 18 €

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L’Ordinateur du Paradis Benoit Duteurtre Transparence Les portes du paradis ressemblent à s’y méprendre à une administration nébuleuse dans laquelle il faut prendre son ticket pour la file d’attente, patienter des heures durant, remplir des formulaires, fournir des justificatifs… C’est ce que découvre l’homme fraîchement décédé qui attend la décision de saint Pierre sur sa destination pour l’éternité à venir : enfer ou paradis ? Sur terre, Simon Laroche est un haut fonctionnaire, rapporteur à la commission des libertés publiques, un intellectuel qui mène une vie douce et confortable. Mais une simple boutade lancée hors antenne lors d’une interview radiophonique va précipiter sa chute et le livrer en pâture à la presse friande de ce genre de dérapage. Benoit Duteurtre nous dépeint de sa plume bien affûtée un monde dans lequel la vie privée n’existe plus, un monde où tout doit être su au nom de la transparence, un monde pas si différent du nôtre. >>Gallimard - 240 pages - 17,50 €

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La Dévoration Nicolas d’Estienne D’Orves Délicieusement dérangeant Nicolas Sevin, auteur qui chaque année sort un roman avec une régularité de métronome, se voit contraint, par son éditrice, de changer de style, de sujet. Deux événements vont venir l’aider à trouver une nouvelle voie littéraire... Il se passionne pour l’affaire Morimoto – Issei Sagawa – ce Japonais qui en juin 1981 à Paris, tue et dévore une étudiante néerlandaise. En parallèle, son père, passionné de généalogie, dévoile à Nicolas qu’il est le descendant depuis 1278 d’une longue lignée de bourreaux. Commence alors une expérience totale, véritable descente aux enfers pour cet écrivain, où fiction et réalité s’entremêlent. Peut-on maîtriser son écriture sans se faire dévorer par elle ?

Nicolas d’Estienne d’Orves signe ici un roman puissant, provocateur, efficace, très documenté qui peut devenir terrifiant avec quelques passages dérangeants. Comme dans son précédent livre Les fidélités successives, on y retrouve une écriture à la fois riche et très fluide qui nous emporte jusqu’à la fin. >>Albin Michel - 320 pages - 20 €

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Photos volées Dominique Fabre Instantanés d’une vie Après la perte de son emploi, Jean, un sexagénaire parisien et célibataire, prend le temps de vivre en renouant avec des amies de jeunesse perdues de vue et surtout avec sa grande passion : la photographie. Commence alors une charmante investigation dans ses archives photographiques. Patiemment, il plonge dans ses images et reconstruit son passé. Des amis parfois oubliés à la famille qui l’a abandonné, en passant par ses déambulations dans les villes qui le fascinent tant. La photo devient l’empreinte fixe du temps qui passe. Le lecteur se laisse envahir par une douce nostalgie et partage ces moments de plénitude. La photo participe alors à cette mélancolie lumineuse qui donne toute son intensité à ce récit car tout sonne juste dans ce texte vibrant d’émotion et de sincérité. Avec Photos volées, Dominique Fabre nous livre une jolie réflexion sur ces gens ordinaires qui peuplent les rues, les immeubles, les villes et qui deviennent pendant quelques pages personnages de fiction pour notre plus grand bonheur. >>Éditions de l’Olivier - 320 pages - 18,50 €

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Le Règne du vivant Alice Ferney Écologie : le choix de l’action Gérald, photographe et reporter, décide de faire un sujet sur Magnus, fondateur de l’association GAIA, qui protège le monde animal et plus particulièrement le milieu sousmarin. Certains le voient comme un défenseur, d’autres comme un fou, allant à l’encontre des idées écologiques car trop extrémiste dans son mouvement. Gérald embarque donc sur la prochaine campagne de mer de Magnus, pour filmer et se faire sa propre opinion sur ce personnage qui s’interpose physiquement entre les chasseurs et les baleines. Il va voir et éprouver les conflits entre politiques, braconniers et lois, s’immerger dans leur cause pour qu’il reste une trace, une preuve des délits causés sur les baleines, requins et autres animaux marins. Alice Ferney met ici sa magnifique plume au service de ce sujet fort qu’est l’écologie et rend hommage à Paul Watson, écologiste activiste. Elle nous interpelle sur la valeur intrinsèque de l’animal et la nécessité de prendre conscience sur notre capacité à nous prendre en charge écologiquement… et d’agir. >>Actes Sud - 208 pages - 19 €

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Charlotte David Foenkinos Comment peindre une vie si courte ? Qui est Charlotte Salomon ? Jeune fille juive allemande confrontée très tôt au suicide de sa mère, à l’internement de son père en camp et à l’exclusion insidieuse, progressive, de par sa judéité, Charlotte utilise le dessin comme refuge. Élève aux Beaux-Arts, elle quitte Berlin précipitamment pour fuir dans le Sud de la France chez ses grands-parents. Charlotte connaîtra deux camps de concentration : Gurs et Auschwitz, où elle meurt, enceinte, à l’âge de vingtsix ans. Elle laisse derrière elle une œuvre picturale autobiographique faite de portraits et de paysages qui lui étaient chers, conservée au musée juif d’Amsterdam. Écrit dans une écriture sans fioritures, presque scandée (l’auteur s’est imposé de ne pas dépasser les soixantetreize signes par phrase), Charlotte est, sinon le plus autobiographique des romans de David Foenkinos, sûrement le plus personnel car il raconte l’histoire d’une quête. En effet, Charlotte Salomon est revenue à maintes reprises, sans prévenir, discrètement, dans la vie de l’auteur : il fallait lui rendre cet hommage. >>Gallimard - 224 pages - 18,50 €

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Incident voyageurs Dalibor Frioux Le RER : science-fiction ou future réalité ? Dans le ventre de Paris, sur la ligne A du RER, un train s’est arrêté entre deux stations, suite à un incident voyageurs. Cela fait cinq ans. Depuis, tous restent suspendus dans le temps dans ce métro bondé. Trois personnages racontent leur histoire. Kevin était un employé stagiaire du Pôle (anciennement le Pôle Emploi), enchaînant les boulots bizarroïdes. Vincent se rendait à l’aéroport pour rejoindre sa maîtresse à Buenos Aires. Pourvu d’un poste à responsabilité, il était tenu « d’employer ». Il avait donc à sa suite plusieurs mères de substitution et deux oncologues. Anna, avec son étrange petit garçon toujours tranquille, était mère célibataire. Dans ce roman étrange, surréaliste, Dalibor Frioux dépeint une société absurde où le RER accueillerait plusieurs millions d’individus, où les riches seraient obligés d’employer les plus démunis pour des tâches inutiles, où le virtuel et la substitution viendraient systématiquement combler nos manques. Un voyage inquiétant où, malgré l’univers de science-fiction, l’on retrouve des sensations étrangement familières. >>Le Seuil - 336 pages - 19 €

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La Belle de l’étoile Nadia Galy Retour à la vie en milieu hostile Comment survivre quand son amant se suicide devant et pour vous ? Après un séjour en hôpital psychiatrique, la narratrice, contrôleuse aérienne, décide de partir pour Saint-Pierre-et-Miquelon. Une punition pour elle, qui ne prendra fin que lorsqu’elle aura relu entièrement les lettres de son compagnon et y aura répondu. Cette correspondance, elle se la fait envoyer au fur et à mesure de Paris. L’auto-flagellation ne s’arrête pas là : pour se détruire totalement, elle s’interdit de manger, devient alcoolique et sort nue dans la neige. Mais en milieu hostile comme l’est cette terre retirée, naît souvent un étrange comportement : la solidarité. Dans ce climat aussi violent que le sont les sentiments qui l’assaillent, la narratrice observera que le salut vient des autres, ces êtres loufoques mais bons, ces exilés que

le vent n’a pas su abattre. Dans une langue pleine de vie, de passion et parfois de rage, Nadia Galy explore tout aussi admirablement l’autodétestation et la bienveillance chaleureuse. >>Albin Michel - 240 pages - 18 €

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Les Nouveaux monstres 1978 - 2014 Simonetta Greggio Sous les ruines de l’Italie contemporaine Après Dolce Vita 1959 - 1979, Simonetta Greggio continue d’écrire son roman de l’Italie. Avec Les Nouveaux monstres 1978 - 2014, elle s’attaque à Silvio Berlusconi, étudiant les causes de son succès dans le monde des affaires et de son arrivée en politique, pile au bon moment. Car le terrain était gangréné depuis longtemps, et travaillé pour accueillir au mieux la mauvaise graine. D’où vient la cause de cette histoire contemporaine de l’Italie désastreuse, du moins en ce qui concerne

cet aspect politique ? L’auteur va chercher loin, dans les archives intimes des familles, où les « mystères » demeurent entiers sur certains sujets et les questions, restées sans réponses, sont elles-mêmes tombées dans l’oubli ou enterrées profondément, pour ne pas réveiller l’eau qui dort. Simonetta Greggio dénonce aussi avec rage la mafia, qui a détruit les valeurs de son pays, la dignité, l’éthique, par sa corruption systématique. Là où l’on préfère ne pas savoir, elle creuse, pose les questions avec une grande bravoure. >>Stock - 408 pages - 21,50 €

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Aucun souvenir de Césarée Marie-Ange Guillaume Souvenirs perdus et retrouvés De son enfance, de sa jeunesse, on oublie tout ou presque. Seuls restent quelques sentiments tenaces, quelques vagues impressions : l’ennui, le ressentiment, la peur. À la mort de sa mère, Marie-Ange s’attaque au rangement du grenier. Car c’est ici que se trouve sa mémoire : consignée dans de multiples cahiers écrits par ses parents puis par sa mère seule, amassée dans des monceaux de lettres qu’elle a écrites et dont elle ne se souvient plus. Grâce aux notes de sa mère, elle retrouve – ou réinvente – son passé : ses premiers mots, ses maladies infantiles, ses voyages et ses amitiés. Marie-Ange, qui s’était construite en dépit de ses géniteurs qui l’avaient selon elle cassée en mille morceaux, grâce aux copains, au rire, retrouve avec ces cahiers une identité perdue. Il est peut-être temps, alors, de pardonner à sa mère qui a tout noté d’elle, et de l’aimer à nouveau, enfin. Avec l’humour et la simplicité qui la caractérisent, MarieAnge Guillaume signe ici une lettre d’amour filiale très poignante. >>Le Passage - 192 pages - 17 €

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À l’origine notre père obscur Kaoutar Harchi Femmes debout, malgré tout Dans la « maison des femmes » sont enfermées des femmes mises à l’écart par un frère ou un mari et supposées fautives, selon les lois patriarcales. Toutes sont isolées psychologiquement et, même si elles peuvent sortir de la maison, prisonnières de la loi. Toutes attendent le pardon de l’homme, la levée de leur punition. Seule la Mère n’y croit pas. Sa belle-famille, riche et puissante, a interdit à l’époux de venir les libérer. Elle se laissera mourir sous le regard de sa fille, qu’elle refuse d’aimer. Devenue grande, la fille analyse ce qu’elle a enduré dans cette « maison des femmes » : l’enfermement et l’indifférence de la Mère, l’absence et le manque d’amour du père puis les mensonges, les calomnies et la jalousie d’un demi-frère. À travers le thème de la féminité, on ressent le poids et la violence des traditions dont ces femmes ne veulent pas, ainsi que leur aspiration à devenir libres et libérées, à rester debout.

Un roman fort sur la quête d’amour, écrit dans une écriture simple mais exigeante et talentueuse. >>Actes Sud - 176 pages - 17,80 € S’il n’en restait que

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La Trace du fils Gaspard-Marie Janvier Cache-cache entre père et fils Le petit Abel s’est enfui de chez lui. Il court droit devant, seul, dans les Alpes du Sud. Le père d’Abel est mort quand il était tout jeune dans les Alpes suisses. Il revient donc à Cecil, son beau-père, de partir à sa recherche. Ce qu’un père aurait fait. Tandis que les recherches officielles se mettent en marche, Cecil part sur les traces de ce fils qui n’est pas le sien, cet enfant qui semble savoir, mieux que personne, comment fonctionne la montagne et quelles personnes pourront l’aider dans sa fuite. Peu à peu, au fil de la marche, un nouveau sens au mot « père » naît dans l’esprit de Cecil. Après les cartes au trésor dans Quel trésor ! en 2012, Gaspard-Marie Janvier fait un nouveau clin d’œil à Stevenson, qui a traversé les Cévennes sur son âne, et entraîne son lecteur dans une aventure intérieure, une quête intime : celle d’un adulte et d’un enfant chez lesquels vont poindre de nouveaux sentiments. C’est

aussi une ode à la nature menacée par l’urbanisation, qu’on doit apprendre à réapprivoiser. >>Fayard - 224 pages - 18 €

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L’Audience Oriane Jeancourt Galignani La femme perdue de l’Amérique Deborah Aunus, mère de trois enfants et professeur de mathématiques à K., est jugée pour avoir eu des relations sexuelles avec quatre de ses élèves, ce qui, même s’ils étaient majeurs, équivaut à un délit au Texas. Debbie a filmé et mis en ligne ses ébats pour son mari, soldat appelé en Afghanistan. Pendant ces quatre jours, toute sa vie, sexuelle, familiale, intime, sera disséquée par le système judiciaire et dévoilée à la vue de tous : les journalistes, le public, l’Amérique, même un petit garçon malade qui a bravé l’interdiction de regarder la télévision le jour du jugement : son propre fils. Face à l’opprobre de l’Amérique, cette femme, mise au pilori par des valeurs puritaines, ne se défend pas, ne se justifie pas, s’emmure dans le silence : Deborah Aunus n’est ni une criminelle, ni une victime. Dans ce livre oppressant, Oriane Jeancourt-Galignani dresse le portrait d’une société violemment paradoxale à la fois rigide et voyeuse, qui condamne et se nourrit d’histoires où le sexe

est au premier plan. >>Albin Michel - 304 pages - 19 €

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L’Écrivain national Serge Joncour Bienvenu, jusqu’à quel point ? Un couple de vrais libraires, une bibliothécaire et des lecteurs attentifs se font une joie de recevoir en résidence pendant un mois, dans leur petit village du Morvan, un « écrivain national » qui veut prendre un peu de recul face à son « inutilité » et qui acceptera d’animer des rencontres et des ateliers d’écriture. Dès son arrivée, il apprend qu’une enquête est ouverte sur la disparition de Commodore, un vieux militaire très riche vivant dans une forêt hostile et malveillante. Serge, l’écrivain, va malgré lui et en dépit des injonctions des villageois s’impliquer et essayer de résoudre l’énigme de cette disparition, quitte à intriguer et provoquer la méfiance. Ses investigations vont le mener à Dora, une jeune néo-rurale, suspectée d’avoir un rôle dans ce fait divers. On est tendu et happé jusqu’à la fin de ce « presque » roman policier angoissant, tant par les descriptions de la

forêt sournoise et inhospitalière, que par ses mésaventures clandestines et ses portraits tumultueux. Serge Joncour en profite pour nous faire réfléchir sur le rôle de l’écrivain dans la société contemporaine. >>Flammarion - 396 pages - 21 €

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La Loi sauvage Nathalie Kuperman Relation fusionnelle en plein chaos mental « Camille est une catastrophe. » Voici ce qu’assène la maîtresse de sa fille à Sophie, entre deux portes, à la veille des vacances. À cause de cette simple phrase, Sophie, rédactrice de mode d’emploi d’appareils ménagers, s’effondre. Si ce mot « catastrophe » la déstabilise à ce point, c’est qu’il est lié à un souvenir d’enfance : son institutrice, parce que Sophie avait bousculé une petite fille qui l’avait traitée de « sale juive », lui avait ordonné de monter sur l’estrade et de se gifler en public. Voyant sa mère sombrer dans la folie et rédiger des notices de plus en plus fantaisistes, la petite Camille tente de l’apaiser. Mais ses moyens sont eux-mêmes loufoques… Leur magnifique relation fusionnelle – elles ne vivent que toutes les deux ensemble –, tout en restant attachée aux détails les plus tangibles de la vie quotidienne, dérape vers l’irrationnel à l’image de leur communication.

L’amour de Sophie pour sa fille la sauvera-t-elle ? Épargnerat-elle Camille ? >>Gallimard - 224 pages -17,90 €

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Joseph Marie-Hélène Lafon Presque invisible Marie-Hélène Lafon nous livre dans ce court récit le portrait de Joseph, ouvrier agricole dont la vie est ponctuée par les travaux des champs et l’entretien d’une ferme dans le Cantal. Avec un sens aigu de l’observation, elle dépeint une existence obscure, discrète et laborieuse, entièrement dévouée à ses patrons comme le fut celle de Félicité dans un Cœur simple de Flaubert. Malgré l’apparence ténue du sujet, « presque invisible » – terme employé par Flaubert – c’est avec pudeur et retenue que l’auteur évoque la disparition du monde paysan. On lit ce roman comme on découvre un documentaire filmé par Raymond Depardon ou bien comme une nouvelle de Maupassant. La beauté de la langue, la mélancolie qui s’en dégage n’occultent pas les problèmes de cette société rurale confrontée à l’isolement, au célibat subi, à l’alcoolisme, au conflit des générations et à la difficulté de survivre dans une économie mondialisée.

Marie-Hélène Lafon construit ici une œuvre d’une grande authenticité dans laquelle le lecteur est persuadé d’avoir déjà croisé ses personnages. >>Buchet Chastel - 144 pages - 13 €

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Bain de lune Yanick Lahens Le roman d’Haïti Une jeune femme agonisante échoue sur le rivage haïtien. Que fait-elle ici et pourquoi ? Elle-même aimerait le comprendre. Son histoire a-t-elle un lien avec la malédiction qui lie les Lafleur et les Mésidor, deux familles ennemies depuis trois générations ? Dans ce roman choral scandé par le monologue de cette jeune fille, on suit la vie d’un village et de deux familles, des années 1920 aux années 2000. À travers la mésalliance d’Olmène et de Tertulien, sorte de Roméo et Juliette allant à l’encontre des valeurs de leurs familles pour s’aimer, ce sont les calamités politiques ou climatiques, la culture haïtienne avec ses croyances vernaculaires et son réalisme magique que raconte magistralement Yanick

Lahens. L’écriture est magnifique, concise, métissée de créole, on sent la terre d’Haïti, les odeurs, à fleur de peau. Et l’énergie de ceux qui veulent vivre, résister, malgré toutes les difficultés. >>Sabine Wespieser - 280 pages - 20 €

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Les Tribulations du dernier Sijilmassi Fouad Laroui Comme une envie de se poser Adam Sijilmassi a tout pour être heureux, à commencer par son métier d’ingénieur à l’Office des bitumes du Talda qui fait de lui un homme important et respecté à Casablanca. Mais lassé d’une vie à toute vitesse, Adam décide de mener une existence plus proche de ses convictions philosophiques forgées par son éducation à la française. Sa femme tente tout ce qu’elle peut pour ne pas perdre son confort et son statut social mais rien n’y fait ! Adam part dans une « déambulation hallucinée, constellée de mots » qui le mène jusqu’au riad familial, dans lequel il se retire pour méditer. Son attitude hors normes le rend suspect aussi bien pour son entourage que pour les autorités : serait-il fou ? Avec une verve formidable, dans un style enlevé et truffé d’humour, Fouad Laroui met son personnage dans des situations désopilantes et étonnantes. Il nous fait pouffer puis éclater de rire mais mène aussi une réflexion plus profonde qu’il n’y paraît sur le Maroc d’aujourd’hui, empêtré dans ses contradictions. >>Julliard - 342 pages - 20 €

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Œuvres vives Linda Lê Hommage à l’artiste maudit Un jeune journaliste parisien, de passage au Havre, découvre les écrits d’un écrivain nommé Antoine Sorel. Il est fasciné par le texte et part à la recherche de cet homme originaire du Havre mais dont il apprend la mort prématurée. Il décide alors de rendre hommage à cet auteur et à cet homme méconnu en rupture avec le monde. Jour après jour, il tentera de comprendre ce personnage en crise avec sa famille, isolé, souvent incompris qui trouve son réconfort dans la littérature et les mots.

On est emporté par le récit dès les premières pages tant le style est envoûtant et maîtrisé. Rares sont les auteurs qui possèdent un univers et une plume capables de nous ravir et de nous étonner à chaque écrit. Linda Lê est née au Viêtnam, mais conserve peu de souvenirs de sa langue d’origine. Aujourd’hui, elle joue avec la langue française comme un passeur de mots pour notre plus grand plaisir. Chacun de ses textes creuse un sillon dans l’intimité d’une langue qui devient une alliée de nos solitudes et de nos quêtes personnelles. >>Christian Bourgois - 336 pages - 17 €

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L’Histoire d’un amour Catherine Locandro Passion secrète Luca, professeur de philosophie et père de famille romain, découvre dans le journal un article qui le replonge trente ans en arrière... En 1967, alors jeune figurant pour la RAI, il fit la connaissance de la Chanteuse, célébrissime diva brisée par le suicide de son compagnon. Une diva, qui fait écho à une artiste à la longue carrière internationale, jamais nommément citée, mais reconnaissable grâce à cette aventure brève, sulfureuse et passionnée avec un jeune homme quand elle « avait deux fois dix-huit ans ». Catherine Locandro s’empare des silences dans la biographie de cette icône et imagine l’histoire de cette passion qui donna naissance à une fameuse chanson. Un amour douloureux, secret et fulgurant qui a laissé des traces indélébiles dans la vie des deux amants. >>Héloïse d’Ormesson - 128 pages - 15 €

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Sauf quand on les aime Frédérique Martin L’auberge toulousaine Lors d’un voyage tumultueux dans le train qui les amène à Toulouse, Claire fait la connaissance de l’indomptable Tisha et l’invite chez elle. Elle vit en colocation avec Juliette, qui travaille dans une maison de retraite, et Kader, qui trime sur les chantiers. Très vite, Tisha et Claire tombent amoureuses et les quatre jeunes gens, mais aussi M. Bréhel, le voisin, vont découvrir à leurs dépens les mystères de l’amour, de la haine et de l’amitié. Frédérique Martin, l’auteure du Vase où meurt cette verveine, nous dresse ici, à la manière d’un Cédric Klapisch, un portrait sans prétention d’une génération : celle de vingtenaires attachants, en quête de liberté et de

fraternité, qui se débrouillent comme ils peuvent pour vivre une vie décente en assurant un boulot, en assumant les galères et en partageant les moments de joie et de peine, et qui vont se heurter à la vie réelle, faite de veulerie et d’incompréhension. >>Belfond - 221 pages - 18 €

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Visible la nuit Franck Maubert Roman « glam rock » L’artiste Robert Malaval se suicide dans son atelier

à l’âge de quarante-deux ans. Fasciné par les artistes maudits, morts jeunes, il ne se voyait pas finir autrement. Il a contribué grâce à des œuvres originales et contrastées à faire avancer l’art contemporain des années 1960 à 1980. C’était un peintre entier et torturé, adepte des mouvements artistiques et musicaux marginaux et révolutionnaires (le pop art, le punk, le glam rock),

mais aussi des substances psychotropes et illicites qui accompagnaient souvent les soirées parisiennes en l’honneur de ceux-ci. L’auteur se crée un double fictif, Momo, pour partir à la découverte de la vie foisonnante et mouvementée de cet artiste, mais aussi de cette époque proche dont on commence à peine à saisir les traces qu’elle laisse encore aujourd’hui. Un roman original et enlevé, tantôt drôle, tantôt touchant à l’image de ce créateur sensible et habité. >>Fayard - 208 pages - 17 €

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Autour du monde Laurent Mauvignier Déferlante Au moment terrible où le tsunami balaye le Japon, instants de terreur et d’effroi si bien décrits dans ce roman, la vie se joue aussi ailleurs sur la planète. À travers l’évocation de plusieurs destins et personnages, le récit nous emmène autour de ce monde : à Moscou, à Dubaï, en pleine savane de Tanzanie, à Rome, mais aussi, bien entendu, au Japon. Le cataclysme reste le fil rouge qui vient s’infiltrer dans chaque histoire, chaque destin personnel émaillé de photos. Les personnages suivent les événements de loin mais chaque jour, avec la même intensité, comme s’il provoquait en eux, en nous tous, un remous intérieur. Construit comme un reportage subtil et sensible, ce roman qu’on ne lâche pas et qui laisse une empreinte profonde dans nos mémoires, invite à penser que nous faisons tous partie de ce même monde. >>Éditions de Minuit - 384 pages - 19,50 €

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La Ballade d’Ali Baba Catherine Mavrikakis Vacances avec papa Érina et sa sœur, qui vivent avec leur mère au Canada, passent la fin d’année 1968 avec leur père. Direction Key West en voiture, pour passer le jour de l’An. Puis Las Vegas, où Érina sert de porte-bonheur à son père autour des tables de jeu, normalement interdites aux mineurs, et enfin Kalamazoo, où il les laisse une semaine et promet de venir les chercher…. Sans jamais tenir parole. Bien plus tard, alors que son père est mort depuis neuf mois, elle le retrouve dans les rues enneigées de Montréal, prêt à passer sous un chasse-neige. Vient l’heure des explications, mais pas de la surprise : avec ce pèrelà, on n’en est jamais au bout. Érina, en spécialiste de Shakespeare, est habituée aux fantômes. Dans ce roman kaléidoscopique, Catherine Mavrikakis nous conte en mille éclats la personnalité d’un homme baroque, grandiloquent dans le sens noble du terme. Un père aux

nombreux défauts, mais qui dévorait la vie. >>Sabine Wespieser - 200 pages -18 €

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Pétronille Amélie Nothomb Amélie et sa « convigne » Le mot compagnon a pour sens premier « quelqu’un avec qui partager le pain ». Mais comment appeler quelqu’un avec qui partager le champagne ? Car pour Amélie, boire du champagne ne se fait pas n’importe comment et depuis longtemps l’auteure est à la recherche de l’être idéal avec lequel partager une coupe, voire plus volontiers une bouteille. L’aurait-elle trouvé en la personne de Pétronille,

une étudiante en littérature anglaise du XVIe siècle aux airs de garçonne, aux convictions très à gauche et au caractère franchement rock and roll ? Autant dire le contraire parfait d’Amélie, son double obscur. Pétronille et Amélie partageront des moments de grâce alcoolisée relativement surprenants pour des personnes normales : un jour de l’An politisé chez les parents de Pétronille, une nuit à Londres après une rencontre mémorable avec Vivienne Westwood, un séjour au ski inoubliable... jusqu’à ce que, peu à peu, leur relation prenne un tour malsain, voire tragique. Une tranche de vie méconnue d’Amélie Nothomb, racontée avec une tonicité et un humour jubilatoires. >>Albin Michel - 180 pages - 16,50 €

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Blond cendré Éric Paradisi Coiffeur en camp de concentration Maurizio est un coiffeur juif romain. En octobre 1943, une rafle dans le ghetto juif de Rome conduit à l’arrestation de sa famille, tandis qu’il dort auprès de la belle résistante Alba. Pendant un an, il lui coupera chaque jour la pointe des cheveux, jusqu’à leur capture en 1944. Alba est emprisonnée, il est déporté. Maurizio devient le coiffeur et barbier du camp. Un métier précieux pour les nazis qui récupéraient les cheveux des prisonniers pour en faire du textile. Son statut lui permet de voler du papier pour son ami peintre, qui veut dessiner toute l’horreur des camps, et qui lui offre le portrait d’Alba, que Maurizio lui a décrite. Ce portrait, c’est Flore, sa petite-fille, qui le possède à présent. Soixante-dix ans après la mort de son grand-père, elle se réconcilie avec ce drame qu’elle porte en elle en le confiant à son amant. Dans ce roman poignant, Éric Paradisi s’empare d’un emblème humain magnifique et ténu, la chevelure, pour décrire toute l’horreur des camps. >>JC Lattès - 205 pages - 18 €

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L’Enfant des marges Franck Pavloff Errance dans Barcelone Depuis la mort de son fils dans un accident, Ioan s’est retiré de la vie. Autrefois grand photographe spécialisé dans les désastres post-guerre, il vit à présent dans une vieille maison au cœur des Cévennes. Mais un événement imprévu va le ramener à la civilisation, malgré lui : un jour, sa bru l’appelle pour lui demander de retrouver son petitfils, disparu à Barcelone. Commence alors une errance dans les rues de la cité catalane à la recherche de ce jeune homme qu’il ne connaît que très peu. Celui qui fuyait la ville l’arpente en long et en large, traînant dans les lieux louches, branchés ou artistiques, dans les squats où se retrouvent sanspapiers, peintres et jeunes révoltés. Dans ce roman hommage à Barcelone, l’auteur de Matin brun et du Pont de Ran-Mositar nous parle de fuite, de perte, mais aussi de retrouvailles et de transmission. >>Albin Michel - 240 pages - 18 €

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L’Amour et les forêts Éric Reinhardt Femme en quête de liberté D’ordinaire, Éric Reinhardt ne rencontre jamais les personnes qui lui écrivent. Mais la lettre de Bénédicte Ombredanne, qui lui avoue à quel point son livre a changé sa vie, pique sa curiosité. Se doute-t-il de ce qu’est en réalité l’existence de cette lectrice ? Bénédicte est une femme soumise. Elle est sous l’emprise d’un mari harceleur, ou pervers narcissique. Jean-François Ombredanne, banquier à Metz, sait depuis deux ans de quel mal il souffre. Mais, s’il a au début cherché à le contenir, rien ne peut plus l’arrêter à présent dans le mécanisme de destruction de son épouse. Bénédicte aussi a tenté de se soustraire à la maltraitance. Telle une Emma Bovary, elle a tenté de fuir, de s’émanciper, notamment lors d’une folle journée. Mais, atteinte d’un cancer, cette femme détruite peut-elle à présent sortir du tunnel ? Comme dans ses précédents romans, Éric Reinhardt se met en scène uniquement pour rendre hommage à la femme, qu’il peint de son écriture baroque, au fil de son œuvre, sous toutes ses facettes : les plus belles comme les plus douloureuses. >>Gallimard - 368 pages - 21,90 €

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Trente-six chandelles Marie-Sabine Roger Pas de projet de vie La famille de Mortimer Decime est frappée d’une étrange malédiction : les hommes meurent tous le jour et à l’heure de leur trente-sixième anniversaire. Difficile dans ces conditions de faire des projets, de s’engager. Aussi, Mortimer se laisse-t-il porter par le courant, laissant filer l’amour qu’il porte à la belle et décalée Jasmine, mais nouant tout de même une tendre amitié avec le couple que forme Paquita, la crêpière ambulante, dont le camion est devant le lycée, et son mari, le sage Massardine. Mais le destin n’est finalement jamais écrit d’avance, et ce 15 février à 11 heures ne marquera pas la fin de la vie de Mortimer. Plutôt le commencement d’une nouvelle. Et, comme tout un chacun, Mortimer va devoir apprendre à se construire au jour le jour un programme auquel il n’est pas habitué. Que fait-on de notre vie ? Dans un style plein d’humour, Marie-Sabine Roger, nous offre et nous ouvre de très belles pages. >>Le Rouergue - 288 pages - 20 €

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Ne pars pas avant moi Jean-Marie Rouart Itinéraire d’un jeune homme pas si raté Dans ce roman autobiographique, Jean-Marie Rouart pose un regard amusé et romantique sur son enfance et sa jeunesse. Aurait-il pu imaginer, lui l’éternel raté, qui manqua son bac à de multiples reprises, qui côtoya la misère sociale, devenir académicien, évoluer dans les hautes sphères de la société ? Ce jeune homme idéaliste et pur, aimant une fille qui ne le fit que souffrir, qui essuya de même les refus des éditeurs pour ses écrits, se voyait-il devenir lauréat des prix Renaudot et Interallié ? Pourquoi et comment le coup du sort s’est-il inversé ?

Quand le destin a-t-il cessé de s’acharner contre lui pour le privilégier ? Les mystères du destin sont bien insondables, mais JeanMarie Rouart va plus loin et analyse avec recul ses amours, ses moments marquants et son idéal, sa volonté de ne pas être « rien » qui ne l’a jamais vraiment quitté. >>Gallimard - 240 pages - 17,90 €

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Pas pleurer Lydie Salvayre Deux témoins de la Guerre d’Espagne Deux langues se croisent et s’entremêlent dans ce roman qui a pour sujet la Guerre d’Espagne. Celle, magnifique, de Georges Bernanos, d’abord. Il s’en sert comme d’une arme, d’un outil, pour condamner cette guerre injuste et inégale, les exactions des nationalistes, sous la bénédiction de l’Église. L’autre voix est davantage « de guingois ». Elle appartient à une Espagnole émigrée en France. Une femme qui, soixante-quinze ans après la guerre, ne se souvient que des premiers jours d’insurrection, de liberté, dans son petit village catalan non loin de Barcelone. Le reste, elle a tout oublié. Dans ce roman fort, Lydie Salvayre rend hommage : à l’écrivain engagé qu’a su être Bernanos, mais aussi à sa mère, Espagnole débarquée seule en France, âgée

de seize ans à peine. L’auteure s’efforce, comme Marina Tsétaïeva dans une lettre à Pasternak, qui écrit simplement « Pas pleurer » lorsqu’elle évoque ses sentiments, de ne pas tomber dans un pathos mais de garder dignité et droiture, tout comme ses « personnages ». >>Le Seuil - 228 pages - 18,50 €

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Avis à mon exécuteur Romain Slocombe Espion malgré lui En février 1941, on retrouve dans un petit hôtel de Washington le cadavre d’un homme. À ses côtés repose un pistolet. Malgré certaines bizarreries, la police conclut à un suicide. Ce mort n’est autre que Victor Krebnitsky, un des plus grands espions soviétiques, à l’origine du pacte germanosoviétique. Il fait partie de ces premiers communistes, entrés en 1917 dans la révolution avec enthousiasme. Recrutés en 1920 dans les services secrets pour leur sincérité idéologique, ils ont dû, par idéal, renoncer à leurs valeurs les plus intrinsèques : ne pas voler, ne pas tuer. Ces hommes cultivés, sensibles, généreux, ont été les premiers à comprendre l’horreur du stalinisme. Pour les garder dans ses rangs, Staline ne pouvait que menacer de tuer leur famille. Dans ce roman noir très personnel où tout est vrai, sauf le nom de Krebnitsky, Romain Slocombe dévoile les plus grands secrets du stalinisme tout en rendant hommage à ces personnages historiques qui ont cru au bonheur de l’humanité avant d’être frappés par la désillusion, se

sacrifiant tout de même pour les générations à venir. >>Robert Laffont - 504 pages - 21 €

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Une vie à soi Laurence Tardieu Voir sa vie dans le miroir de l’art Lors d’une rétrospective au Jeu de Paume en 2011 sur Diane Arbus, Laurence Tardieu retrouve, dans les photos, les lettres et les éléments biographiques attenant à l’exposition, un peu d’elle-même : la même enfance privilégiée et trop protégée dans une riche famille bourgeoise, le même sentiment de solitude, le même regard, la même expression de docilité, d’irréalité, la sensation « d’être et de ne pas être ». Après avoir été au bord de l’effondrement, ce qu’elle raconte dans La Confusion des peines, l’auteure trouve un réconfort auprès de ses deux filles qu’elle élève seule, auprès de son éditeur, mais aussi auprès de Diane Arbus avec laquelle elle trouve des similitudes et

des résonances étonnantes de vies : dans leur vie d’artiste, mais aussi de femme, de mère et d’écrivain, elles ont suivi le même chemin de descente sociale. Pour notre bonheur, Laurence Tardieu revit et revient à l’écriture avec un texte profond, courageux et lumineux. >>Flammarion - 192 pages - 18 €

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Voyageur malgré lui Minh Tran Huy Déplacés Albert Dadas était un dromomane, un fugueur compulsif en voyage perpétuel. Il fut la première personne, au XIXe siècle, à être atteint officiellement d’automatisme ambulatoire, sorte de « voyageur malgré lui ». En découvrant ce personnage dans un musée new-yorkais, Line s’interroge enfin sur sa famille. Son père, son oncle devenu fou, sa cousine Hoai : tous ont connu l’errance, le déracinement, l’exil. Il est peut-être temps pour son père de mettre des mots sur la souffrance de sa vie passée, au Vietnam, qu’il a toujours tue. Line tente de comprendre l’histoire de sa famille, intimement liée à celle de leur pays natal, les raisons de leur départ, leur impossible arrivée. Pour la première fois dans un de ses romans, Minh Tran Huy aborde le Vietnam de façon directe, frontale. À travers le personnage de Line, son double de papier, elle analyse avec finesse et pudeur les thèmes de l’exil, de l’errance et de l’accueil. >>Flammarion - 240 pages - 18 €

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L’Incertitude de l’aube Sophie Van der Linden Prise d’otage vue par un enfant Le 1er septembre 2004, à Belsan, est le jour de la rentrée des classes. La petite Anushka retrouve toute contente son amie Miléna. Mais à l’école, les choses ne se passent pas comme prévu. Des séparatistes tchétchènes regroupent les enfants dans le gymnase. C’est le début d’une prise d’otages qui va durer trois jours et dont la fin sera tragique. Mais Anushka est une enfant. Elle ne comprend pas les tenants et aboutissants politiques et conflictuels. Elle a faim, soif, peur et n’a pour se réfugier que sa mémoire et son imagination. Sophie Van der Linden, auteur de jeunesse, s’est glissée dans la peau d’une enfant pour relater ce fait divers qui a eu lieu il y a dix ans et qui a fait près de deux cents

morts. Dans ce livre fort et cruel, l’innocence prend tout son sens et la poésie de l’enfance est mise à l’honneur. >>Buchet Chastel - 160 pages - 13 €

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Tristesse de la terre Éric Vuillard La terre est triste, le corps est seul Éric Vuillard nous conte l’histoire de Buffalo Bill Cody, inventeur du premier reality-show, bien avant l’apparition des Luna Park. Les représentations du Wild West Show vont rencontrer un immense engouement, non seulement aux États-Unis mais aussi dans les grandes villes d’Europe, réunissant à chaque fois vingt mille spectateurs. Le secret de ce succès : l’histoire de la jeune Amérique avec ses pionniers, ses cow-boys et surtout de véritables Indiens, tout droit venus des Grandes Plaines. Une succession de batailles, d’actions glorieuses, d’actes héroïques… mais aussi une falsification de l’Histoire. Dans un style acéré, l’auteur nous invite à regarder l’envers du décor : la vie du héros de ce spectacle et de ses comparses, Sitting Bull et les rescapés de Wounded Knee, bien éloignée de la légende. >>Actes Sud - 176 pages - 18 €

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ROMANS FRANÇAIS

Jacob, Jacob Valérie Zenatti Mort pour la France Jacob est un juif de dix-neuf ans venant de Constantine. En juin 1944, il est enrôlé pour libérer la France. Envoyé en Alsace, il y meurt des suites d’un combat. Sa famille, loin du front, ne sait pas grand-chose de la guerre. Modeste et ignorante, elle magnifie le soldat et attend son retour. Sa mère s’inquiète, part à sa recherche dans les casernes algériennes, mais la vie quotidienne continue. Pourtant, pour eux comme pour Jacob, le déracinement va bouleverser leur existence. La guerre éclate en Algérie et, en 1962, la famille doit fuir pour la France, ce pays inconnu dans lequel est mort leur « petit dernier ». Exil, choc des langues et des cultures, violence de la guerre s’entrechoquent avec ces personnages que Valérie

Zenatti décrit avec une immense tendresse. Elle a puisé pour écrire ce roman dans l’histoire douloureuse de sa famille. Un texte personnel, d’une grande beauté et d’une superbe simplicité. >>Éditions de l’Olivier - 168 pages - 16 €

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COUP DE CŒUR de la rentrée littéraire

« Un premier roman éblouissant. » Publishers Weekly « Lisez ce livre et préparez-vous à être envoûté(e) ! » Library Journal « Malgré un sujet extrêmement sérieux, l’histoire déborde d’une gaieté évidente et d’un optimisme passionné. » Kirkus Review

Traadu Tra d it dui it de l’an ’angla glais gla laiss (Éttat ats-U Unis nis)) parr Fréd Fré rédér dériqu iq q e Dab aber abe eett G Gab abrie iellee Me Merch erch c ez e 208 8 pa p ggess / 18, 1 50 €

Aux États-Unis, un détenu attend dans le couloir de la mort, observant en silence le monde carcéral. Un beau jour arrive la Dame, décidée à sauver la vie d’un prisonnier ayant choisi de mourir. Un roman coup de poing, qui réussit le pari fou de traiter un sujet difficile avec beaucoup de poésie.

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PREMIERS ROMANS

Constellation Adrien Bosc Vies fauchées en plein vol Le 27 octobre 1949, l’avion Constellation, qui transporte entre autres parmi ses passagers la violoniste Ginette Neveu et le boxeur Marcel Cerdan, s’écrase sur le mont Redondo, dans les Açores. Il n’y a aucun survivant. Adrien Bosc entreprend non seulement de nous raconter la chronologie précise du drame, mais également de s’arrêter sur chacune de la quarantaine de vies auxquelles cet accident a mis un terme. Il interroge ainsi les diverses raisons qui ont mené les passagers du Constellation à emprunter ce vol pour rejoindre, de France, les ÉtatsUnis. Sous sa plume, chaque destin devient unique et singulier, chaque vie, quelle qu’elle soit, prend sens dans le tragique. Tous ces destins réunis illuminent d’un

ciel particulièrement raffiné et émouvant cette rentrée littéraire 2014. >>Stock - 198 pages - 18 €

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PREMIERS ROMANS

Le Cercle des femmes Sophie Brocas De mère en fille Quatre générations de femmes se retrouvent dans la grande maison familiale des Landes pour l’enterrement d’Alice, la plus ancienne. Alice, qui était un modèle de droiture et d’honnêteté, devint veuve très jeune mais resta toute sa vie fidèle au seul homme qu’elle a jamais aimé. C’est en vidant la maison que Lia, l’arrière-petite-fille, découvre un carnet, sorte de journal intime tenu par Alice et qui recèle un lourd secret remettant en cause toute la mythologie familiale. En découvrant la vérité sur sa famille, Lia va tenter de s’inventer une vie différente de celle qui semblait toute tracée. À travers une galerie

de personnages hauts en couleur, c’est l’histoire de cette famille de femmes, où les hommes n’ont pas leur place, qui nous est contée. Dans ce premier roman très réussi, Sophie Brocas décrit avec beaucoup de justesse et de subtilité le poids de l’héritage familial. >>Julliard - 196 pages - 18,50 €

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PREMIERS ROMANS

Retour à Little Wing Nickolas Butler

Trad. anglais (États-Unis) Mireille Vignol

Home sweet home Hank, Kip, Ronny et Lee, quatre amis d’enfance, ont grandi ensemble dans la même petite ville du Wisconsin, en plein cœur du Midwest américain. Arrivés à la trentaine, ils ont chacun suivi un chemin différent, mais une chose les unit encore : leur attachement indéfectible à la terre d’où ils viennent. À l’occasion d’un mariage, ils se retrouvent à nouveau. Frères de cœur, ils prennent soin les uns des autres, se soutiennent ou se titillent et oublient ensemble les désarrois et désillusions qui ont marqué leurs vies. Musique, complicité et paysages à perte de vue sont au rendez-vous dans ce premier roman d’une grande humanité. Roman choral à cinq voix entièrement guidé par des émotions, Retour à Little Wings est un chant magnifique à l’amitié et aux racines profondes que chacun porte en soi, un texte fondamentalement sain et généreux

qui pousse à réfléchir au sens de la vie. >>Autrement - 448 pages - 22 €

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PREMIERS ROMANS

Prières pour celles qui furent volées Jennifer Clement

Trad. anglais (États-Unis) Patricia Reznikov

Pour survivre, vivons cachées Mexique, montagne du Guerrero : depuis la construction de l’autoroute, la ville a été désertée par les hommes. Ils sont partis chercher du travail au loin. La région est tombée aux mains des narcotrafiquants et des proxénètes qui enlèvent toutes les fillettes un peu jolies. Étrangement, tous les enfants de ce village sont des garçons… Les filles sont grimées, enlaidies. Elles bandent leur poitrine, noircissent leurs dents, se coupent les cheveux. Et dès que les jeeps arrivent, elles courent se cacher dans un trou. Ladydi vit ici. Son vœu le plus cher est de retrouver son père, qui habite quelque part aux États-Unis. En attendant, avec ses amies – Maria, affublée d’un bec de lièvre et Paula, si belle que sa mère refuse de la grimer – elle rêve de liberté, d’amour, d’un monde où respirer ne serait pas dangereux.

Jennifer Clement signe, dans une écriture sobre et percutante, un livre où s’entrechoquent superbement misère et poésie, drame et humour. >>Flammarion - 272 pages - 20 €

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PREMIERS ROMANS

Toute ressemblance avec le père Franck Courtès L’éternelle présence paternelle Quand Jacques meurt brutalement, les membres de sa famille tentent de survivre à cette disparition. Mireille, sa veuve, est incapable de refaire sa vie après cet homme à femmes qui lui a causé tant de souffrance mais qu’elle a préféré magnifier. Vinciane, leur fille, choisit l’exil et part faire des fouilles archéologiques à l’autre bout du monde. Mathis, le fils, se réinvente un monde par le biais de la photographie, tout en s’identifiant à cette figure paternelle. Comme son père, il accumule les conquêtes, mais est-il vraiment fait pour cela ? N’est-il pas temps pour lui de réfléchir à ce qu’il est vraiment ?

Même dans l’absence, la présence de Jacques est finalement assez encombrante : c’est le problème de l’éternelle présence qui est posé ici en clair-obscur, et à travers elle, la nécessité de sans cesse se reconstruire, se réinventer. Franck Courtès, écrivain du drame intime, du fil invisible, comble avec une rare délicatesse le vide apparent dans la fêlure, comme il l’avait fait dans son recueil de nouvelles Autorisation de pratiquer la marche à pied. >>JC Lattès - 390 pages - 19,50 €

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PREMIERS ROMANS

En face Pierre Demarty Il y a une vie après moi Jean Nochez fait partie de ces hommes sur lesquels tout semble glisser. Indifférent au monde qui l’entoure, il quitte sa femme. Seule une petite maquette de bateau retient son attention. Dans cet objet transitionnel, il place ses rêves d’évasion, de voyage. Mais un jour, installé en face de son ancien appartement, il aperçoit sa femme… avec un autre. La vie continue, sans Jean Nochez, qui a décidé de lui tourner le dos. C’est un pilier de bar fantasque et beau parleur, qui a rencontré Jean Nochez au bar des Indociles heureux, qui nous raconte son histoire. Mais au fur et à mesure qu’il la déroule, alors même qu’il ne se passe rien puisque le héros s’est retiré du monde, le suspense, implacable, s’installe, ainsi qu’un sentiment de vertige : le narrateur racontet-il vraiment la vérité ? Et si oui, Jean Nochez lui-même n’aurait-il pas affabulé ? Qui croire ? Dans ce premier roman extrêmement prometteur, Pierre Demarty nous entraîne dans une histoire délicieusement nébuleuse où la notion de vie se vide peu à peu de son sens et où l’absurde prend le dessus. >>Flammarion - 192 pages - 17 €

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PREMIERS ROMANS

En ce lieu enchanté Rene Denfeld

Trad. anglais (États-Unis) Frédérique Daber, Gabrielle Merchez

Mort ou perpète Dans cette prison qui regroupe quartiers de haute sécurité et couloir de la mort, un rayon de soleil vient régulièrement en éclairer les murs. On nomme ce rayon la Dame. Cette enquêtrice spécialisée choisit un cas parmi tous ces désespérés et cherche le plus petit détail dans son dossier pour renverser le jugement. Parfois, elle y parvient. La Dame a choisi York, mais lui veut mourir. Pupille de la nation, maltraité dans son enfance, il ne parle pas, mais lit tout ce qu’on lui donne à lire. Le directeur de la prison ne comprend pas que la Dame s’obstine à s’occuper de York puisqu’il a décidé de ne plus faire appel. Un prêtre déchu qui essaie de se racheter a bien plus besoin d’elle. Ponctué par le quotidien de la prison – brutalité, viols, meurtres – l’humanité naît entre la Dame et le condamné

qui préfère encore la mort à la « chambre des perpètes ». Ce récit sombre, humaniste mais féroce, dans lequel le son et la lumière sont étouffés, a valeur de document. L’auteur nous plonge dans un univers où l’émotion réussit tout de même à percer. >>Fleuve Éditions - 208 pages - 18,90 €

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PREMIERS ROMANS

La Prophétie de Jonas Joshua Max Feldman

Trad. anglais (États-Unis) Marc Amfreville

Lutte contre le vide de l’existence Jonas Daniel Jacobstein, trente-deux ans, est avocat d’affaire à Manhattan. Il est ambitieux, travaille beaucoup et est partagé entre deux femmes radicalement opposées. Ses préoccupations sont essentiellement matérielles, et il ne prend jamais le temps de regarder le monde. Sa rencontre avec un juif hassidique, un jour d’orage, sera déterminante. Des visions commencent à le hanter et toute sa vie en sera bouleversée. Tout réussit à Judith Bulbrook, issue d’un milieu aisé, entourée d’amour et d’attentions. Le 11 Septembre 2001, l’avion qui transporte ses parents s’écrase sur le Pentagone. Judith ne s’en remettra jamais et tentera d’exister à travers une vie pleine d’expériences professionnelles, artistiques et sexuelles. Ces deux personnages tourmentés vont se rencontrer, puis se retrouver à Las Vegas. L’entrecroisement de ces deux destins donne un roman saisissant sur la foi et la difficulté d’être soi-même dans le vide de la vie moderne. >>Plon - 464 pages - 21,50 €

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PREMIERS ROMANS

Deep winter Samuel Gailey

Trad. Anglais (États-Unis) Laura Derajinski

Instincts bestiaux Au fin fond de la Pennsylvanie se trouve la petite ville de Wyalusing qui vit tranquillement et où tout le monde connaît tout le monde. Quand le corps sans vie de Mindy, serveuse au café-restaurant, est retrouvé, tout semble accuser Danny, « idiot du village » et coupable idéal. Or, Mindy était la seule à apporter un peu d’attention et d’amitié à Danny. Ce dernier décide de ne pas se laisser faire. Une véritable chasse à l’homme, particulièrement violente, s’engage entre Danny guidé par des voix et ses poursuivants : l’adjoint du shérif et les deux frères de Mindy d’une part, menés par une forme de bestialité, et d’autre part le vieux shérif et un flic venu de la ville qui tentent d’enrayer le rouleau compresseur. Dans ce premier roman d’une force et d’une noirceur formidables, Samuel W. Gailey nous fait plonger au cœur de la violence humaine, quand les plus bas instincts prennent le dessus sur la raison.

>>Gallmeister - 320 pages - 23,40 €

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PREMIERS ROMANS

Le Clan suspendu Étienne Guéreau « Libres, nous sommes libres » Ismène et Hémon vivent avec leur peuple dans le Suspend, un village de cabanes perchées dans les arbres et reliées les unes aux autres par des passerelles. Le clan, dirigé par Claude, vieillard muet, est régi par d’implacables rituels et d’ancestrales traditions, dont celle de connaître par cœur et répéter sans cesse Antigone de Sophocle. Il est en outre interdit de descendre du Suspend, car sur la terre ferme règne Anne, l’ogresse qui a pris la parole de Claude. Leur vie sauvage est rythmée par les saisons, les rares incursions des chasseurs pour ramener du gibier et l’attente de la pluie. Mais la seconde génération, à laquelle appartiennent Ismène et Hémon, ne risque-t-elle pas de mettre en péril cette organisation dont le sens secret leur échappe ? Hémon, amoureux d’Ismène, tente d’arracher le pouvoir à Claude tandis que celle-ci essaie d’échapper à son destin, tout comme Antigone. Dans cette dystopie, dont le cadre rappelle les chers Ewoks des anciens Star Wars, on assiste aux remises en questions, aux volontés rebelles, à la quête de sens qui accompagnent l’adolescence. >>Denoël - 480 pages - 20 €

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Entre frères de sang Ernst Haffner

Trad. allemand Corinna Gepner

Gamins des rues dans le Berlin des années 1930 Berlin, 1930. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, des milliers d’enfants abandonnés à eux-mêmes sillonnent les rues de Berlin où, dans un conteste de dépression économique grave, ils affrontent le froid, la maladie et la faim. Un petit groupe de ces âmes errantes se forme, les Frères de sang, instaurant dans cette microsociété leur propre morale et leurs propres règles. Ensemble, plus forts, moins démunis, moins seuls, ils essaient de s’en sortir comme ils le peuvent.

Les enfants, chargés chacun d’une histoire personnelle lourde, tentent malgré tout de grandir dans cette société dont ils sont exclus. Un roman dur, réaliste et bouleversant, paru en 1932 et victime des autodafés nazis, qui témoigne d’une époque sombre sous la plume d’un auteur qui lui-même s’est trouvé mystérieusement «effacé» après la sortie de son livre. >>Presses de la Cité - 272 pages - 20 €

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Une constellation de phénomènes vitaux Anthony Marra

Trad. anglais (États-Unis) Dominique Defert

Le pouvoir de l’humanité en pleine guerre De la forêt où elle s’est réfugiée, à l’orée de son petit village de Tchétchénie, Havaa, fillette de huit ans, assiste à l’arrestation de son père, accusé de soutenir les rebelles, par les soldats russes et à l’incendie de leur maison. Akhmed, le voisin d’en face, est lui aussi témoin de la scène. Inquiet pour Havaa, qu’il retrouve une valise à la main dans les bois, il décide de s’enfuir avec elle pour la protéger. Les deux réfugiés progressent dans la neige jusqu’à un hôpital tenu par une seule personne : Sonja, chirurgienne russe restée en Tchétchénie pour retrouver sa sœur disparue. Entre incursions dans le passé et projections, le récit s’allume peu à peu d’une lueur ténue mais brillante : l’espoir. Ce premier roman extrêmement maîtrisé, déjà traduit en treize langues et couronné de prix, est un livre somme porteur de sens : comment la guerre peut réveiller la bonté, l’amour, la solidarité chez les individus afin que l’humanité puisse renaître de ses cendres. >>JC Lattès - 450 pages - 22 €

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PREMIERS ROMANS

Les Mots qu’on ne me dit pas Véronique Poulain Née dans une famille de sourds-muets Ses parents sont sourds-muets. Elle pas. Elle parle, beaucoup, elle entend, très bien, trop bien parfois. Par le biais de ce témoignage sur la différence, Véronique Poulain nous fait découvrir avec humour l’univers des malentendants et nous raconte la confrontation de deux mondes.

Car il peut être tout aussi difficile de naître sourd que de vivre en entendant lorsque sa famille ne le peut pas. Elle décrit des instants de vie, quelquefois cocasses, dans lesquels on aborde une nouvelle langue, celle des signes, et une nouvelle culture, où la communication peut ressembler à une épreuve quotidienne. À travers ses yeux d’enfant, elle exprime son désarroi face à ses parents, se moque d’eux, d’elle, de nous, de leur place dans la société. Mais aussi, elle les protège, les admire et les aime. Un hommage tour à tour drôle, émouvant, féroce ou sensible, à la manière d’un Jean-Louis Fournier, pour ne plus les côtoyer sans les comprendre un peu. >>Stock - 144 pages - 16,50 €

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PREMIERS ROMANS

Le Bonheur national brut François Roux Génération Mitterrand À travers ce roman choral et générationnel qui se déroule en Bretagne, de l’élection de Mitterrand à celle de François Hollande, l’auteur fait une radiographie de la France en évoquant quatre destins de jeunes qui viennent de passer leur baccalauréat. Tous prennent des chemins différents, et se retrouvent en 2009. Paul, issu d’un milieu bourgeois, faute d’intégrer la faculté de médecine voulue par son père, deviendra comédien et collectionnera les amants. Rodolphe, fils d’ouvrier communiste, s’investira en politique et se propulsera sur le devant de la scène publique, mais les scandales et les magouilles financières auront raison de lui. Tanguy réussira dans une entreprise de parfums, mais l’égérie de sa maison sera impliquée dans un trafic de stupéfiants. Et Benoît réalisera son rêve de devenir photographe. Quatre protagonistes attachants, dépeints avec une intelligence remarquable. Cette fresque sociale et politique analyse aussi les révolutions personnelles et repose sur le sort que le destin nous réserve et sur la notion de bonheur, qui,

d’après l’auteur, « s’il est le fruit du hasard… ne serait pas une affaire sérieuse ». >>Albin Michel - 704 pages - 22,90 €

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PREMIERS ROMANS

Le Ravissement des innocents Taiye Selasi

Trad. anglais Sylvie Schneiter

Les multiples formes d’un amour familial À la mort de Kawu, chirurgien réputé d’origine ghanéenne et victime d’une injustice professionnelle, les membres de sa famille prennent conscience de la place qu’il a tenue dans leurs vies et de sa présence dans la construction même de celle-ci. Le décès paternel est l’occasion pour eux de se retrouver, mais aussi de tenter de survivre aux drames, de cicatriser les blessures de cette famille, et de leur permettre de s’envoler ensemble vers de nouveaux cieux, sur les traces de Kawu, au Ghana. À travers flash-backs et projections, comme des spirales tournant autour du moment présent, Taiye Selasi donne la parole à tous ses personnages et approche ainsi au plus près de la condition de l’esprit. Elle aborde dans une langue poétique, musicale, incroyablement rythmée et sonore, l’amour marital, filial, fraternel, sous toutes ses coutures - sa recherche, sa perte, son incompréhension - mais traverse aussi histoire et cultures avec une facilité surprenante et un véritable émerveillement. >>Gallimard - 372 pages - 21,90 €

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PREMIERS ROMANS

Les Femmes de Lazare Marina Stepnova

Trad. russe Bernard Kreise

Un grand roman russe À son arrivée à Moscou, Lazare Lindt, scientifique autodidacte de génie, est pris sous l’aile protectrice de Sergueï Tchaldonov. Lorsque celui-ci lui présente sa femme, le jeune homme en tombe aussitôt éperdument amoureux, mais en vain, puisqu’elle n’éprouvera pour lui qu’un amour purement filial. À la mort de celle-ci, alors qu’il est devenu un atomiste reconnu, il croise le chemin d’une jeune assistante du département de chimie qu’il décide d’« enlever ». Galina ne lui pardonnera jamais, lui vouera toute sa vie une haine féroce et n’éprouvera qu’indifférence à l’égard de leur fils, Boris. Des années plus tard, la mort brutale de la femme de ce dernier oblige Galina à s’occuper de leur petite Lidia. Mais comment grandir sans attention, ni amour ? Marina Stepnova, saluée unanimement par la critique russe, signe ici une incroyable fresque familiale. On y retrouve tous les ingrédients qui font les grands romans : tragédie, amour et personnages hauts en couleur.

Un vrai bon moment de lecture. >>Les Escales - 448 pages - 21,90 €

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PREMIERS ROMANS

La Malédiction du bandit moustachu Irina Teodorescu Famille maudite Quand on s’enrichit malhonnêtement, il faut en assumer les conséquences… C’est ainsi que suite aux malversations de leur ancêtre Gheorghe au siècle dernier, tous les fils aînés de la famille Marinescu seront condamnés à mourir, et ce jusqu’aux années 2000. Heureusement que certaines femmes de la famille essaieront de sauver leurs hommes ! Dans ce roman rapide et envoûtant, on a à cœur de connaître cette famille, dont les membres deviennent au fil de la lecture aussi proches que notre propre famille ! On en aime certains, d’autres nous feront pitié ou nous inspirent de la haine, mais surtout, cette vraie fiction bien construite nous fait voyager de la Roumanie à Jérusalem en passant par Paris. Un premier roman frais, généreux, picaresque… addictif ! >>Gaïa - 160 pages - 17 €

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PREMIERS ROMANS

Price Steve Tesich

Trad. anglais (États-Unis) Janine Hérisson

Le difficile passage à l’âge adulte Premier roman de Steve Tesich, l’auteur du magnifique Karoo, Price nous donne à voir un jeune Américain des années 1960 aux prises avec ses contradictions, ses désirs, ses peurs et qui, le temps d’un été, connaît le

meilleur mais aussi le pire. Adolescent comme les autres, Daniel Price vient d’obtenir son diplôme de fin d’étude. L’avenir s’ouvre à lui, mais que faire quand on vit dans la banlieue industrielle de Chicago ? Devenir ouvrier comme son père et finir par en mourir ? Le monde des adultes n’a rien d’attrayant. Pourquoi devenir l’un d’entre eux ? Sa rencontre avec Rachel est déterminante : un premier amour qu’il veut exclusif et qui le fait passer malgré lui à l’âge adulte. Mais la maladie de son père et surtout la découverte de l’écriture et la force qu’elle peut donner sont aussi importantes. Les errances de Daniel finiront par lui montrer le chemin à suivre. Steve Tesich capte le lecteur, son écriture nous hypnotise et le personnage de Daniel ne peut que nous faire penser à l’adolescent(e) que nous avons été. Ce voyage intérieur est tout simplement sublime. >>Monsieur Toussaint Louverture - 544 pages - 21,90 €

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PREMIERS ROMANS

Le Bal des hommes Gonzague Tosseri Le gay Paris 1934. Le zoo de Vincennes vient à peine d’être inauguré qu’on recense un fait divers : certains fauves ont été tués et émasculés. Tout de suite, les soupçons se portent sur le milieu homosexuel parisien : la semence des félins pourrait être utilisée comme aphrodisiaque. L’inspecteur Blèche, de la brigade mondaine, est chargé de surveiller la société gay, qui était admise mais restait sous contrôle. Doté d’une intelligence, d’une capacité de mémorisation hors normes, Blèche est de même amené à enquêter sur l’assassinat d’Oscar Dufresne, directeur du Palace. Les deux affaires sont-elles liées ? Dans une atmosphère à la Tardi ou à la Bove, Gonzague Tosseri – dont le nom cache en réalité deux identités – dresse un portrait très documenté de cet univers de la nuit florissant et débridé, à la fois magique et extrêmement dur, violent, dans cette période – l’entredeux-guerres – où la folie des grandeurs s’effrite, où l’on prend peu à peu conscience de la décadence. Le

début d’une série ? On l’espère, tant les personnages sont attachants ! >>Robert Laffont - 288 pages - 18,50 €

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PREMIERS ROMANS

La Vie amoureuse de Nathaniel P. Adelle Waldman

Trad. anglais (États-Unis) Anne Rabinovitch

L’archétype du néomacho branché Nathaniel P., alias Nate Piven, est un jeune écrivain qui a la cote. Auprès de la presse, mais aussi auprès des femmes. Ce jeune homme, dont la vie depuis son enfance a toujours été rangée et sérieuse, a décidé de profiter de son statut de star. Quitte à traiter la gent féminine de façon plus que légère. Entre Elisa, qui laisse les hommes bouche bée, Juliet, dont le métier de reporter impressionne et Hanna, « gentille et intelligente », qui soutient une conversation comme personne, Nate a su s’entourer. Mais que faire si cela devient sérieux avec l’une d’entre elles ? Car notre héros, jeune homme moderne, intellectuel, habitant Brooklyn, compte aussi quelques défauts : une très haute image de lui-même et une peur inavouée du sexe opposé. En pénétrant dans la psychologie masculine, Adelle Waldman réussit le tour de force de faire comprendre les obscurs mécanismes de pensée d’un homme d’aujourd’hui, voire de nous le faire aimer. « Faire son

Nathaniel P. » est même devenu une expression à la mode aux États-Unis. >>Christian Bourgois - 336 pages - 19 €

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S’il n’en restait que

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PREMIERS ROMANS

Wash Margaret Wrinckle

Trad. anglais (États-Unis) Anne-Laure Tissut

Esclave de sa virilité Richardson, propriétaire terrien, vient de faire l’acquisition de Mena, une esclave noire. Enceinte, Mena donne naissance à Washington, un magnifique fils auquel elle transmet les valeurs ancestrales de son pays d’origine, qui lui permettront de résister au mieux dans sa condition d’esclave. En grandissant, Wash présente de nombreux atouts : en plus d’être beau, il est doté d’une puissance surhumaine. Pour Richardson, bon maître mais couvert de dettes et patron avant tout, Wash est une source de gains certaine : il le louera comme « étalon » reproducteur aux propriétaires voisins, afin que leurs femmes esclaves donnent naissance à une future main d’œuvre de qualité supérieure. Dans ce premier roman somptueux, Margaret Wrinckle aborde un sujet méconnu de l’histoire américaine : l’utilisation des esclaves comme reproducteurs pour améliorer la qualité des générations d’esclaves

suivantes. Dans un style atemporel, elle ramène à la vie un passé que l’on préfère oublier et permet au lecteur d’aujourd’hui de se poser les questions sur sa propre évolution. >>Belfond - 432 pages - 21,50 €

S’il n’en restait que

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ROMANS ÉTRANGERS

Marina Bellezza Silvia Avallone

Trad. italien Françoise Brun

Un amour, deux idéaux Dans un petit village du Piémont, autrefois prospère mais qui subit la crise de plein fouet, deux jeunes gens s’aiment d’un amour impossible. Andrea est fils de bourgeois mais renie les valeurs de son père. Son vœu le plus cher est de reprendre la ferme de son grand-père, là-haut dans la montagne et de vivre au contact de la nature avec ses bêtes et son amour. Marina n’imagine pas une seule seconde cette vie-là. Fille d’un flambeur qui les a abandonnées, elle et sa mère, elle veut prendre sa revanche et forcer l’admiration de ce père idolâtré. Elle a une voix, une présence, elle a la beauté du diable, elle deviendra star, elle est déterminée. Les deux amants, à la fois semblables et totalement opposés, s’aiment et se déchirent. Silvia Avallone peint admirablement l’incompréhension, dans les rapports filiaux, dans un monde en pleine mutation qu’il est impossible de maîtriser, la blessure profonde du manque d’amour, et la détresse face à une société qui n’offre aucun espoir. Un magnifique roman sur la jeunesse, l’abandon, le désir d’être compris et aimé à sa juste valeur. >>Liana Levi - 544 pages - 23 €

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ROMANS ÉTRANGERS

La Lumière des étoiles mortes John Banville

Trad. anglais (Irlande) Michèle Albaret-Maatsch

Quand les souvenirs brillent encore Alex, acteur de théâtre célèbre en pleine reconversion cinématographique, se replonge dans ses souvenirs : ceux de l’été de ses quinze ans au cours duquel il vécut une folle passion avec la mère de son meilleur ami ; et ceux plus tragiques qui le ramènent au suicide de sa fille Cass, dix ans auparavant. Il partage ses souvenirs avec une jeune et brillante actrice, elle-même en situation de deuil, qui l’accompagnera dans son séjour en Italie – où tous deux doivent tourner leur film – pour trouver les réponses à ses questions. L’auteur déploie une multitude de sensations vives, d’émotions, d’impressions dans une langue d’une grande sensualité et d’une belle élégance, pour parler du sentiment d’amour intimement lié à la mort. On y retrouve les mêmes interrogations que dans La Mer, Booker Prize 2005 : qu’est-ce qui sépare la mémoire de l’imagination ? Qu’est-ce qu’aimer, souffrir, vieillir ? Mais si John Banville entraîne le lecteur dans un labyrinthe de questions, il ne cherche jamais à lui indiquer le chemin. >>Robert Laffont Pavillons - 348 pages - 21,50 €

S’il n’en restait que

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ROMANS ÉTRANGERS

L’Homme provisoire Sebastian Barry

Trad. anglais (Irlande) Florence Lévy-Paoloni

Un seul être vous manque… Jack McNulty a eu une vie extraordinaire. Irlandais, soldat pour l’armée britannique durant la Seconde Guerre mondiale, ingénieur et observateur pour l’ONU, il a sillonné le monde. Mais en cette année, 1957, à Accra, capitale du Ghana où il réside, Jack ressasse son passé sans pouvoir s’en libérer et sans y trouver de sens. Cet « homme provisoire » décide alors d’écrire son histoire. Intimement liée à la grande histoire du monde, sa vie a été cependant surtout marquée par un amour extrêmement fort : celui qu’il porte à Mai, la plus jolie fille de Sligo, qu’il a épousée pour son malheur. Fragile et dangereuse à la fois, Mai finira par partir et le laissera seul. Comment a-t-il pu la laisser s’échapper ? Malgré la vie tumultueuse qu’il a menée, n’est-ce pas le plus grand des échecs ? Dans ce livre ambitieux et très prenant, Sebastian Barry retrace en une existence, et surtout dans ce qu’elle a de plus intime, un bout de l’histoire mondiale. >>Joëlle Losfeld - 256 pages - 21 €

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L’Été des noyés John Burnside

Trad. anglais (Écosse) Catherine Richard

De l’onirique à l’hallucinatoire Dans une région septentrionale de la Norvège, où l’hiver est sombre et enneigé et l’été doux et radieux, Liv vit avec sa mère. Elle est l’amie d’un vieil homme qui lui raconte des histoires de trolls, de sirènes et surtout de la huldra, une créature surnaturelle qui apparaît sous les traits d’une femme irrésistible pour séduire les jeunes gens et les conduire à affronter les dangers et la mort. Un été, deux camarades de classe de Liv meurent noyés, par des nuits calmes et claires, puis c’est le tour d’un troisième homme, avant qu’un quatrième ne disparaisse sans laisser de trace. Cet été-là, la huldra pourrait bien prendre les traits de Maia, une amie de Liv et des deux jeunes lycéens noyés. Ces jeunes gens ont-ils été poussés par un esprit malfaisant ? Liv observe tout cela et tente de comprendre. Peu à peu, l’irréel prend le pas dans l’esprit de la jeune fille.

Ce livre d’une intense poésie, à la fois féérique et dérangeant, donne la part belle aux regards, celui du peintre, ceux de Liv. Au fil des pages, l’inquiétude grandit et le sujet s’affirme : l’incapacité de Liv à vivre dans le monde réel et à accepter les autres. >>Métailié - 324 pages - 20 €

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Cataract city Craig Davidson

Trad. anglais (Canada) Jean-Luc Piningre

L’âme des hommes Non loin des mythiques chutes du Niagara se trouve Niagara Falls, petite ville industrielle sur le déclin, surnommée « Cataract City ». Y sont nés Owen et Duncan, deux amis liés par un terrible passé : à l’âge de douze ans, ils ont été kidnappés par un déséquilibré. Malgré ce traumatisme, les deux garçons ont grandi, cahin-caha, oubliant peu à peu leurs rêves d’ailleurs, prenant chacun des chemins différents. Owen, qui aurait pu prétendre à une belle carrière sportive, s’est engagé dans la police et Duncan, fou de combats de boxe clandestins, a peu à peu sombré et fait un passage en prison. Un coup magistral l’attend à sa sortie, qui mettra inévitablement son ancien ami, à présent dans l’autre camp, sur son chemin. Dans ce roman sombre, l’auteur d’Un goût de rouille et d’os, adapté au cinéma par Jacques Audiard, explore l’identité masculine dans ce qu’elle a de plus virile à travers le corps, le sport, la violence, sans laisser de côté les sentiments tels l’amitié ou les relations au père. >>Albin Michel - 496 pages - 22,90 €

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Nos disparus Tim Gautreaux

Trad. anglais (États-Unis) Marc Amfreville

Jazz, Mississipi et kidnapping Sam Simoneaux, démineur dans l’armée, n’a connu de la guerre que le désarmement en France en 1918, mais cela lui suffit à prendre la mesure de l’horreur du conflit. Il sauve une petite fille, qui le surnommera Lucky, et rentre à la Nouvelle Orléans retrouver sa femme et une vie plutôt confortable de responsable dans un prestigieux magasin. Alors qu’une enfant est enlevée pratiquement sous ses yeux, il se retrouve licencié. Rongé par la culpabilité, il se consacre à retrouver la petite Lily et se fait embaucher sur un vieux bateau à aube, dancing flottant, qui remonte le Mississippi à la belle saison. Quand Sam parvient à retrouver la trace des kidnappeurs, il se trouve confronté à un cas de conscience. Dans cette ambiance de musique jazz et de prohibition, Sam va suivre la piste de cette enfant disparue. Au fil du temps et des rencontres – orphelins inoubliables et personnages (d)étonnants – l’absence des siens commence à être de plus en plus obsédante. Ce roman un peu nostalgique est une quête d’identité rythmée par la musique et la violence. >>Le Seuil - 544 pages - 23 €

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La Chute des princes Robert Goolrick

Trad. anglais (États-Unis) Marie de Prémonville

Vivre vite, trop vite Un roman de Robert Goolrick est une rencontre, une expérience de lecture intense. Et La chute des princes n’échappe pas à la règle. À New York dans les années 1980, des jeunes vont vouer leurs vies au billet vert. Aveuglés par le sexe, l’argent, les fêtes, les jolies filles, ils vont brûler leurs ailes à vouloir voler trop vite, vivre trop intensément… Survivront-ils à cette course effrénée ? Car le côté sombre de ces années ne tardera pas à donner une ombre au tableau : derrière le sexe et la drogue se cache la mort, avec le sida et les overdoses. Derrière l’incompréhension des parents, encore porteurs de valeurs, il y aura le dégoût de soi-même, la conscience d’une décadence, d’une chute. Après Féroce, Robert Goolrick nous livre ici un roman magistral, un portrait de l’Amérique comme seuls les grands écrivains savent le faire. C’est cruel, incandescent, indécent, avec un seul but cependant, celui de toucher la beauté d’un monde qui semble perdu. >>Anne Carrière - 256 pages - 20 €

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L’Homme sans maladie Arnon Grunberg

Trad. néerlandais Olivier Van Wersch-Cot

Espion sur un malentendu Samarandra Ambani, dit Sam, est suisse, d’origine indienne. Après ses études d’architecture et un stage dans une agence renommée, il ouvre son propre cabinet avec un ami. Il vit une histoire heureuse et tranquille avec Nina, tout en prenant soin de sa mère et de sa soeur handicapée. Lorsqu’il répond à un concours pour construire un opéra à Bagdad, ce jeune homme, bien sous tous rapports, ne se doute pas que cette décision audacieuse scellera son sort. Jouant de malchance, ou de naïveté, il se retrouvera au cœur d’une conspiration, d’un grand malentendu, qui le feront passer pour ce qu’il n’est pas : un espion ou un terroriste. Et l’histoire est loin de s’arrêter là... Ironique et mordant, Arnon Grunberg nous offre un roman original sur notre monde corrompu et violent, où un passeport, même suisse, ne garantit pas une porte de sortie en cas de problèmes. Une comédie kafkaïenne où notre héros, pauvre cafard, subira sans ménagements les revers, parfois absurdes, de son idéalisme naïf. >>Héloïse d’Ormesson - 256 pages - 18 €

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Enon Paul Harding

Trad. anglais (États-Unis) Pierre Demarty

L’Amérique, entre nature, drame et trip Dans le petit village d’Enon, en Nouvelle-Angleterre, Charlie Crosby, détruit par la mort accidentelle de sa fille Kate à l’âge de treize ans, et séparé depuis de sa femme, sombre dans un état dépressif profond. Il s’enfonce dans une dépendance aux médicaments, à la cigarette, à l’alcool qui le poussera aux actes les plus vils pour obtenir sa dose quotidienne. Un brouillard chimique qui transforme les jours en nuits et inversement, anesthésiant sa douleur. Mais le chagrin est de plus en plus fort, les hallucinations de plus en plus présentes et la sortie du tunnel se fait de moins en moins claire. Il faut parfois toucher le fond pour trouver une étincelle qui nous guide dans l’obscurité.

Dans une langue somptueuse, Paul Harding nous livre un roman familial universel et bouleversant. Un récit fragmenté, constitué de souvenirs, d’impressions, d’images dans lequel le narrateur s’interroge sur le temps qui passe. Comme dans son précédent roman Les Foudroyés, prix Pulitzer en 2010, il ressuscite une Amérique originelle, une Amérique de nature et de spiritualité : celle d’Emerson et de Thoreau. >>Le Cherche-Midi - 288 pages - 17,50 €

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Un monde flamboyant Siri Hustvedt

Trad. anglais (États-Unis) Christine Le Bœuf

Peut-on être artiste quand on est femme ? Peu de temps après le décès d’Harriet Burden, l’universitaire I. V. Hess décide de lui consacrer ses recherches. Débute alors une véritable enquête, étayée par des témoignages et les propres carnets d’Harriet, pour comprendre la personnalité complexe de cette artiste méconnue. Car Harry, comme on l’appelle, malgré un charisme fou et un réel talent, a toujours vécu dans l’ombre de son mari, riche marchand d’art new-yorkais, se fondant dans le milieu mondain auquel il appartenait. Seule la mort de celui-ci permettra sans doute à Harry de s’affirmer, ouvrant sa maison aux artistes incompris et aux marginaux de toutes sortes. Mais dès lors, jamais plus elle n’exposera sous son nom : ses œuvres seront présentées comme ayant été créées par des hommes. Siri Hustvedt explore ses thèmes de prédilection : le processus de création et la féminité, ici vue comme un obstacle à la vie d’artiste, métier dominé par les hommes.

On se laisse happer par ce roman comme s’il s’agissait d’un thriller, dont le but ultime est de découvrir une personnalité. >>Actes Sud - 416 pages - 23 €

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La Beauté du diable Radhika Jha

Trad. anglais Françoise Nagel

La perfection au prix cher Kayo est en proie à une très grande addiction : elle achète de manière compulsive des vêtements de luxe. De ce fait, elle dit appartenir au club des passionnées de beauté, ce qui semble assez anodin. Mais la folie guette cette jeune femme mariée trop tôt, mère au foyer à Tokyo, dont la vie est réglée, plutôt terne et toute tracée. Tout commence un jour lorsque Kayo retrouve Tomoko, une amie d’enfance, toujours aussi belle et lumineuse. Contrairement à Kayo, c’est une office lady, impeccable et richement vêtue. Tomoko va lui entrouvrir la porte des magasins, des codes vestimentaires et de la beauté. Lorsque Tomoko se suicide, Kayo se jette à corps perdu dans les achats jusqu’à faire un pacte avec le diable qui signe le début d’une véritable descente aux enfers. Ce beau roman, fascinant dans la description de la recherche frénétique de la beauté dans un monde entièrement codifié par le paraître, nous plonge au cœur d’un Japon dont la société semble soudée mais où l’individu reste désespérément seul. >>Philippe Picquier - 288 pages - 19,50 €

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Nous sommes l’eau Walli Lamb

Trad. anglais (États-Unis) Laurence Videloup

Secrets de famille Annie et son mari vivent dans une maison, où, autrefois, un jeune noir, peintre au talent inné, fut trouvé noyé dans le puits de la cour. Crime raciste ou passionnel ? Grâce aux tableaux de ce peintre et à sa présence impalpable, Annie va oublier les blessures de l’enfance en se consacrant elle aussi à l’art. Après des années de mariage et trois enfants, elle quitte son mari pour épouser une femme, sa galeriste. À l’occasion de ce mariage, les secrets enfouis vont refluer. Les rapports avec ses enfants, compliqués depuis toujours, vont encore se complexifier. Son mari, pourtant psychologue, n’a jamais soupçonné les failles de sa femme, qu’il a toujours aimée et idéalisée. Dans ce roman ample, bouleversant et profond, Wally Lamb dévoile des tranches de vie ; des personnages attachants et complexes qui peinent à s’affranchir des fêlures du passé. >>Belfond - 720 pages - 23,50 €

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La Couleur du lait Nell Leyshon

Trad. anglais (Royaume-Uni) Karine Lalechère

Tragédie pastorale En 1830, dans la campagne anglaise, Mary, une jeune fille de quinze ans, aide son père, sa mère et ses trois sœurs à la ferme. Nul besoin de savoir lire l’heure, il suffit de faire confiance au soleil et aux animaux pour savoir quand traire les vaches ou préparer la soupe. Dotée d’un fort caractère, d’une spontanéité et d’un franc-parler qui la font passer pour stupide ou impertinente, elle sait aussi se faire discrète lorsqu’elle observe les personnes qui l’entourent et découvre leurs secrets. La santé déclinante de la femme du révérend du village le pousse à engager Mary pour aider la bonne. Le pasteur se prend d’affection pour elle au point de la prendre sous son aile et de lui apprendre à lire. Mais le bonheur est éphémère : suite au décès de son épouse, le pasteur devient dominateur, faisant subir à la jeune fille les pires humiliations. Un texte émouvant, d’un lyrisme hors du commun, souvent bucolique, sert cette destinée fatale. La

confession sera éprouvante pour cette jeune femme illettrée. >>Phébus - 176 pages - 17 €

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La Route sombre Ma Jian

Trad. chinois Pierre Ménard

Fuir pour donner naissance Kongzi et Meili vivent dans un village chinois. Il est instituteur, elle travaille dans les champs. Ils ont donné naissance depuis peu à une petite fille. Mais Kongzi, qui tient à tout prix à avoir un garçon, met à nouveau Meili enceinte. Or, le contrôle des naissances chinois interdit d’avoir des enfants d’âges trop rapprochés. Lorsque les agents de contrôle débarquent, il faut fuir pour pouvoir garder l’enfant. Commence une véritable traversée des ténèbres, vers le sud de la Chine, pour cette famille qui va vivre de mendicité, de petits travaux et qui doit se cacher à tout prix. Ma Jian, écrivain dissident chinois, souligne dans ce livre bouleversant la violence des contrôles des naissances chinois et le sentiment de dépossession du corps, pour une femme. En effet, Meili devra se battre deux fois plus pour s’affranchir de la loi, mais aussi du joug, sexuel et psychologique, de son propre mari. >>Flammarion - 448 pages - 22 €

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Dans les avions, l’horizon n’existe pas Agustín Fernández Mallo

Trad. espagnol (Espagne) Gabrielle Lécrivain

Roman geek Quel genre de livre peut bien se cacher sous un titre pareil ? Un ovni littéraire, bien sûr ! En cent douze chapitres, l’auteur nous embarque auprès de Marc, qui vit dans une cabane sur le toit d’un immeuble, de John Smith, ancien soldat reconverti en cuisinier à Bassora, en Irak, du grutier Ernesto, de Sandra qui étudie les T-Rex et qui écrit régulièrement à Marc, mais aussi d’Albert Einstein, Björk et autres personnages réels. On passe d’un continent à l’autre, on pénètre dans des monuments ou des abris aussi étranges qu’un immeuble en verre en pleine toundra entièrement dédié au parchis, une sorte de jeu de petits chevaux. Peu à peu les liens se tissent – ou pas – entre les lieux et les personnages. Mais le style, très direct, urbain, truffé de références scientifiques et d’anecdotes proches de la science-fiction, mérite qu’on s’arrête sur ces destins éclatés, symboles de l’existence actuelle ou en passe de l’être de par le monde. Un roman nouvelle génération. >>Allia - 224 pages - 12 €

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L’Homme de la montagne Joyce Maynard

Trad. anglais (États-Unis) Françoise Adelstain

Les derniers sursauts de l’enfance Patty et Rachel, deux sœurs de onze et treize ans, profitent de la liberté laissée par leurs parents, en cet été 1979. Au rythme des tubes de l’époque, elles font les quatre cents coups et se promènent à leur gré dans la campagne, non loin de San Francisco. Leur soif d’aventure est plus que rassasiée lorsque l’on retrouve successivement plusieurs cadavres de jeunes femmes dans la forêt. Un tueur en série, qui étrangle ses victimes au crépuscule, rôde dans la montagne. Et les deux sœurs vont se retrouver face à lui. Plus de trente ans ont passé et Rachel, devenue écrivain, relate la vaine traque de cet assassin, menée par leur père, inspecteur de police. Dès lors, elle décide de reprendre l’enquête. Avec L’Homme de la montagne, Joyce Maynard rend hommage à ce soubresaut d’enfance et d’insouciance pure, sur le point d’être perdue lorsqu’on a treize ans

et que l’on est confrontée à l’horreur. C’est aussi une magnifique histoire d’amour entre deux sœurs, face à une situation familiale compliquée et un secret de famille sur le point d’éclater. >>Philippe Rey - 320 pages - 20 €

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La Femme d’en haut Claire Messud

Trad. anglais (États-Unis) France Camus-Pichon

Un élève pas comme les autres Nora est une institutrice de quarante-deux ans. Célibataire et sans enfant, elle pratique son métier avec passion et patience, regrettant toutefois que les jeunes d’aujourd’hui se préoccupent plus des pop-stars que de leur avenir. Lors d’une rentrée scolaire, elle accueille dans sa classe Réza, un élève étranger qu’elle trouve fascinant. Malgré une timidité liée à la barrière de la langue, Nora décèle vite chez Réza une grande créativité et une curiosité hors du commun. Elle fait la rencontre de la mère de l’enfant, Sirena, une femme belle, accomplie, artiste, tout ce que Nora aurait rêvé d’être. Claire Messud est de ces auteurs qui, discrètement et avec délicatesse, touchent à l’intime et la sensibilité de chacun. Ses personnages sont justes, décrits avec finesse et précision et, même s’ils ne vivent pas des aventures extraordinaires, leur façon d’imaginer le quotidien en fait une aventure en soi. >>Gallimard - 384 pages - 21,50 €

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Le Fils Philipp Meyer

Trad. anglais (États-Unis) Sarah Gurcel

Un empire américain Eli McCullough, enlevé et élevé par les Comanches qui ont massacré sa famille quand il avait douze ans, est une véritable force de la nature. Doté d’un caractère ambitieux et tenace, il s’engage dans la guerre de Sécession, prend part à la conquête de l’Ouest et construit un véritable empire, grâce à ses terres qui s’étalent à perte de vue. Comment exister, pour Peter, son fils, face à ce père charismatique et célèbre, en ce début de XXe siècle ? S’engager dans la révolution mexicaine ? Et pour JeanneAnne, petite-fille de Peter et héritière de cette immense fortune familiale, mais aussi d’un nom et d’un passé au poids lourd à porter ? Avec un talent de conteur exceptionnel, Philip Meyer réinvente le « grand roman américain » et balaie l’histoire de son pays, des années 1850 à nos jours.

Self-made man, conquête, grands espaces, politique et modernité : tous les grands thèmes sont là, réorganisés sous forme de fresque familiale pour donner un sens à cette Amérique d’aujourd’hui. >>Albin Michel - 688 pages - 23,50 €

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Le Printemps du loup Andrea Molesini

Trad. italien Dominique Vittoz

La fin de la guerre vue par un enfant Nous sommes au printemps 1945 en Italie, près de Venise, dans un couvent hébergeant des réfugiés juifs. Il y a Dario, un garçon de dix ans, silencieux et fort en maths, ainsi que deux sœurs d’un certain âge. Il y a également Pietro un jeune orphelin, notre joyeux narrateur, qui nous fait partager, avec une grande sensibilité, ses soucis d’enfant, atténués par son compagnon de voyage, un loup imaginaire. Et il y a Elvira, seconde narratrice du récit, une religieuse trop belle pour être vraie, qui nous révèlera son secret au fil des pages. Ces réfugiés devront fuir devant les Allemands, se réfugiant dans les montagnes du Trentin. Ils trouveront une Italie à feu et à sang, où fascistes, résistants comme Allemands sont dans l’attente du débarquement américain et

trouveront leur salut grâce à des personnages atypiques et sincères… Dans un style résolument enfantin, l’auteur assure force, sensibilité et poésie à son message. >>Calmann-Lévy - 288 pages - 19,50 €

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L’Incolore Tsukuru Tazaki et ses années de pèlerinage Murakami Haruki

Trad. japonais Hélène Morita

À part Tsukuru est ingénieur des chemins de fer à Tokyo. Ce trentenaire solitaire rencontre un jour une femme qui pourrait être celle qu’il lui faut. Mais quelque chose profondément enfoui en lui bloque ses rapports aux autres et empêche sa relation d’aller plus loin. Une vieille histoire, liée à son passé à Nagoya : adolescent, Tsukuru faisait partie d’une bande de cinq amis. Le nom de chacun d’eux évoquait une couleur, sauf le sien, si bien que les camarades s’appelèrent par leur couleur totem et Tsukuru fut nommé l’incolore. Mais, du jour au lendemain, ce dernier fut exclu du groupe, sans qu’il n’en sache jamais la raison. Pour pouvoir avancer dans sa vie, le jeune homme doit résoudre le mystère de sa mise à l’écart et retourner sur les pas de son enfance. Avec ce nouveau roman, toujours imprégné d’onirisme et de temporalités flottantes, Murakami renoue avec la veine réaliste de La Ballade de l’impossible. Mais à travers la musique, la beauté des paysages, il donne à son œuvre un nouveau tournant : celui de l’apaisement. >>Belfond - 384 pages - 23 €

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Le Ruban Ogawa Ito

Trad. japonais Myriam Dartois-Ako

Un oiseau volage et fidèle Un jour qu’elles trouvent un œuf tombé d’un nid, Hibari et sa grand-mère Sumire le ramassent. Sumire, passionnée d’oiseaux, le place au chaud dans son chignon. À sa naissance, la petite perruche est appelée Ruban, car elle relie la petite-fille et la vieille femme. Mais un jour, l’oiseau s’enfuit. Il passera d’histoire en histoire pour accompagner et consoler des personnages qui passent par des moments plus ou moins difficiles. On le retrouvera dans un refuge pour le plus grand bonheur d’un jeune soigneur, ou encore sur l’épaule d’une vieille illustratrice. Et chaque page, comme chaque destin, sera sublimée par la présence de l’oiseau, souvent silencieux mais incroyablement apaisant.

Entre roman et recueil de nouvelles, touchant par sa simplicité et sa beauté, ce petit bijou de littérature dans la plus pure tradition du style littéraire japonais est à savourer, à picorer par petits morceaux. >>Philippe Picquier - 288 pages - 19,50 €

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Hérétiques Leonardo Padura

Trad. espagnol (Cuba) Elena Zayas

Liberté chérie En 1939, Daniel Kaminsky attend sur le quai que sa famille débarque du tristement célèbre bateau S.S. Saint-Louis. À son bord, neuf cents juifs qui ont fui l’Allemagne sont dans l’angoisse la plus totale, mais le gouvernement cubain ne donnera pas au navire l’autorisation de débarquer les réfugiés, qui seront tous envoyés dans des camps allemands. Pourtant, le débarquement avait été chèrement acheté par la famille de Daniel : grâce à un petit tableau de Rembrandt, représentant le Christ, appartenant aux Kaminsky depuis plusieurs siècles. Soixante-huit ans plus tard, le fils de Daniel tombe sur ce même tableau à une vente aux enchères chez Sotheby’s. Il est temps de faire la lumière sur cette histoire et l’homme parfait pour mener l’enquête n’est autre que Mario Conde, devenu libraire. Les amateurs de Leonardo Padura retrouveront avec plaisir Mario Conde, dans un roman, peut-être le plus ambitieux de l’auteur, qui relève ici plutôt du roman noir. Un magnifique texte sur le libre-arbitre, cette liberté totale

considérée comme hérésie par la société de Rembrandt à aujourd’hui. >>Métailié - 608 pages - 24 €

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Rouge ou mort David Peace

Trad. anglais (Grande-Bretagne) Jean-Paul Gratias

Foot toujours Ce roman ovni, résolument inclassable, raconte l’épopée de Bill Shankly, entraîneur qui forgea la légende du Liverpool Football Club entre 1960 et 1974. Auteur de romans noirs, David Peace nous propose cette fois une véritable chanson de geste scandée dans un style lyrique, brut et hypnotique, qui charrie la sueur et l’espoir, le sang et les larmes, les chants du Kop et les cris

des supporters. C’est l’histoire d’un homme entièrement consumé par sa passion pour le football, pour une équipe, pour un peuple de supporters. Un leader charismatique et solitaire, fort de sa générosité, de son humanité, de son abnégation. Qu’on aime le foot ou qu’on n’y entende rien, on peut se laisser fasciner, émouvoir et emporter par ce livre comme par une quête du Graal. Saison après saison, à travers la neige et le vent, l’amertume des défaites et l’ivresse des sommets, entrez dans la légende d’une équipe et d’un coach qui remuèrent l’âme de tout un peuple, au fil d’un roman dont la force et la singularité ne peuvent laisser indifférent. >>Rivages - 800 pages - 24 €

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Et rien d’autre James Salter

Trad. anglais (États-Unis) Marc Amfreville

La vie, l’amour Revenu des batailles au large d’Okinawa lors de la Seconde Guerre, Philip Bowman devient éditeur à New York. Dans ce monde fait de rencontres, de dîners, de sexe, Bowman colle parfaitement à cet univers. Mais en dépit de son succès, ce qui lui échappe, c’est l’amour. Son premier mariage va mal, l’autre ne parvient pas à se produire, et finalement, sa rencontre avec une femme qui le fascine le place sur un parcours qu’il n’aurait jamais pu imaginer pour lui-même. Romantique, envoûtant, Et rien d’autre explore un monde sur le point de changer. James Salter nous livre, ici, un roman éblouissant, tendre, fragile, où l’amour peut s’avérer être aussi dévastateur que l’ambition. Un conte

férocement intime sur les grands chocs et les grands plaisirs d’être en vie. >>Éditions de l’Olivier - 368 pages - 22 €

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Big Brother Lionel Shriver

Trad. anglais (États-Unis) Laurence Richard

L’obésité : un problème de poids Pandora vit dans l’Iowa avec son mari et les enfants de ce dernier. Tout va pour le mieux dans sa vie, malgré une certaine monotonie. Alors, lorsque son frère Edison, pianiste de jazz, l’appelle pour lui demander de l’héberger quelques jours, elle accepte sans hésitation. À l’aéroport, cependant, elle ne le reconnaît pas parmi les passagers, et pour cause : il a pris 150 kg. Ce frère imposant va perturber l’équilibre familial de Pandora. Car sous cette carapace adipeuse, ce n’est pas un simple laisser-aller mais bien une réelle souffrance qui est en cause. En dépit de l’opposition de son mari, elle prend une décision radicale: elle va faire maigrir son frère, quitte à s’occuper de lui à plein temps ! Lionel Shriver aborde de manière frontale et sans détour, comme à son habitude, un problème de société et nous amène à revoir notre rapport aux autres. Elle nous donne à lire un roman fascinant sur l’addiction, la vie de couple, les relations fraternelles. La fin est sidérante, à un point tel que la vision du livre est totalement bouleversée. >>Belfond - 448 pages - 22,50 €

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Tous les jours sont des nuits Peter Stamm

Trad. allemand Pierre Deshusses

Sous les apparences Gilian est présentatrice de télévision. Reconnue et appréciée, la vie lui sourit jusqu’à cet accident de voiture qui détruit son corps et lui enlève une partie de son visage. Traumatisée et anéantie, toute sa vie s’envole, sa beauté réduite à néant la laisse seule en face du miroir comme étrangère à elle-même. Elle qui était toujours admirée, sollicitée, découvre la solitude et l’absence de vraie amitié. Elle s’isole alors dans le silence et le noir, des alliés nécessaires pour se reconstruire. Temps de réflexion pour cette femme qui se rend compte que sa vie n’a été qu’un jeu fondé sur l’apparence. Peter Stamm compose un récit en trois parties qui explore le passé, image flatteuse du succès, le temps de la reconstruction et du jugement cruel et l’étape de la guérison qui impose un nouveau choix de vie à Gilian.

Meurtrie dans sa chair, elle devra résoudre ce conflit entre l’image que l’on veut donner de soi et la liberté qui a toujours un certain prix. Un texte hors du commun ! >>Christian Bourgois - 210 pages - 17 €

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Les Réputations Juan Gabriel Vasquez

Trad. espagnol (Colombie) Isabelle Gugnon

Oublis nécessaires Javier Mallarino est un célèbre caricaturiste politique colombien, mais surtout une légende vivante qui grâce à la force de ses dessins s’est fait une réputation d’incorruptible, même s’il reçoit régulièrement des menaces de mort. À soixante-cinq ans, après avoir divorcé et s’être isolé du monde, il s’apprête enfin à recevoir un hommage national. Mais lors d’une interview, il rencontre une jeune femme qui le ramène vingt-huit années en arrière, à une triste soirée que Mallarino préfèrerait oublier. Qu’avait fait ce soir-là le député Adolfo Cuellar et qu’avait vu exactement Javier Mallarino ? Deux questions qui conduisent le dessinateur à un douloureux examen de conscience. Cette réflexion autour du passé et des oublis nécessaires relève du grand art. L’analyse autour du pouvoir des médias et de leur influence est magistrale. Ce texte court, d’une efficacité redoutable car la tension et l’émotion sont omniprésentes, est porté par l’une des grandes voix de la littérature latino-américaine. >>Le Seuil - 192 pages - 18 €

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La Mécanique des fluides Lidia Yuknavitch

Trad. anglais (États-Unis) Guillaume-Jean Milan

Vivre avec rage ou rage de vivre ? Pour fuir un père incestueux et alcoolique et une mère suicidaire, Lidia nage. Une éventuelle participation aux Jeux olympiques représenterait pour elle la victoire ultime sur cette existence absurde. Grâce à une bourse sportive, elle intègre une université du Texas, dont elle est renvoyée pour avoir consommé de l’alcool et de la drogue. Ses rêves sportifs s’effondrent mais une autre passion a pris le relais, par le biais d’un atelier d’écriture avec l’écrivain Ken Kesy : devenir auteur. Tandis qu’elle s’enfonce dans la drogue et explore avec emportement sa sexualité, couchant soit avec des hommes soit avec des femmes, Lidia se confronte à l’autodestruction, mais aussi au monde qui l’entoure avec une force de vie paradoxalement puissante : celle

de la jeunesse, que l’auteur décrit avec une grande justesse de ton et de rythme. Une époque qui s’apaisera avec la confirmation de son talent d’écrivain, et grâce à l’amour de son mari et de son fils Miles. On ressort pris de stupeur de ce roman aux forts accents autobiographiques qui célèbre la vie, avec rage. >>Denoël - 336 pages - 22 €

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BOUQUINS

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DES NOUVEAUTÉS ET DES CLASSIQUES

« LA BIBLIOTHÈQUE IDÉALE DE NOTRE TEMPS. » Jean d’Ormesson, de l’Académie française

Du 1er octobre au 30 novembre, pour l’achat de deux volumes BOUQUINS, votre libraire vous offre un carnet collector BOUQUINS*.

BOUQUINS


ESSAIS

>>ESSAI

La Mutante

Marie-Laure Susini

À quoi ressemble la femme d’aujourd’hui ? À travers le portrait de six femmes emblématiques, la psychanalyste Marie-Laure Susini analyse le long chemin qui aura été nécessaire pour remettre en cause le modèle patriarcal tel qu’on l’a connu et voir naître une nouvelle forme de matriarcat. Mais la route est encore longue pour qu’enfin advienne le moment où l’homme et la femme sauront vivre sur un pied d’égalité sans ressentiment. Une réflexion passionnante et éclairante.

>>Albin Michel - 304 pages - 19 €

>>ESSAIS LITTÉRAIRES

À la lecture

Véronique Aubouy, Mathieu Riboulet

Les lecteurs retrouvés À partir d’un projet de la cinéaste Véronique Aubouy, qui a filmé des lecteurs, dans le monde entier, lisant À la recherche du temps perdu à voix haute, les auteurs ce livre à deux voix sont partis à la recherche de ces gens qui lisent et qui ont pour seul point commun leur amour de l’œuvre de Marcel Proust. Cette galerie de portraits hétéroclites forme une sorte de roman des lecteurs. Un bel hommage aux livres et à ceux qui les aiment.

>>Grasset - 240 pages - 18 € - À paraître le 10/09/2014

Dictionnaire Rimbaud Jean-Baptiste Baronian

État des lieux rimbaldiens Construit autour de quatre axes : les noms, les lieux, les œuvres et les thèmes, ce dictionnaire est sans aucun doute le nouveau livre de référence sur Arthur Rimbaud, l’un des grands emblèmes littéraires français, et sûrement l’un des poètes sur lesquels on a le plus écrit. Émaillé de documents, dont certains personnels, il nous permet d’approcher au plus près de l’œuvre et de la vie de Rimbaud. Une véritable bible pour les amateurs, mais aussi un excellent outil pour s’initier à la poésie rimbaldienne.

>>Robert Laffont, Coll. Bouquins - 768 pages env. 30 € - À paraître le 18/09/2014 S’il n’en restait que

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ESSAIS

>>ESSAIS LITTÉRAIRES

Splendeurs et misères de l’aspirant écrivain Jean-Baptiste Gendarme

Bienvenue dans la littérature Jean-Baptiste Gendarme, auteur et rédacteur en chef de la revue Décapage, retrace en trente chapitres le parcours du combattant que peut être la vie d’un jeune auteur. À travers un montage de citations d’écrivains et d’éditeurs, diverses anecdotes truculentes et pas mal de conseils avisés, il esquisse avec amusement le portrait d’un monde dans lequel beaucoup aimeraient être intronisés : le petit monde du livre.

>>Flammarion - 176 pages - 13 €

Houellebecq économiste Bernard Maris

Extension au domaine économique L’œuvre de Houellebecq est riche. C’est assurément une œuvre à clés. Jusqu’à pouvoir y étudier l’économie d’aujourd’hui ? C’est ce que propose le journaliste et économiste Bernard Maris, qui nous invite à voir notre rapport au monde à travers le prisme de ses romans, dans lesquels l’auteur souligne une « intelligence du monde contemporain, imprégné d’économie ».

>>Flammarion - 160 pages - 14 €

>>BIOGRAPHIES

Je suis fou de toi Dominique Bona

Quand la passion enflamme le poète À soixante-six ans, le grand écrivain, poète et philosophe Paul Valéry laisse pour la première fois ses sentiments prendre le pas sur son travail et sur sa vie. Elle s’appelle Jeanne Voilier, c’est une femme libre et battante. Devant elle, le grand homme est dévoré par la passion. À l’appui de très nombreux documents, lettres et poèmes, Dominique Bona nous raconte, dans un style délicat, l’histoire de cet amour méconnu.

>>Grasset - 304 pages - 20 € - À paraître le 06/09/2014

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ESSAIS

Kafka, poète de la honte Saul Friedländer

Trad. anglais (États-Unis) Nicolas Weill

Kafka sans censure Dans cette biographie nourrie de nombreux documents, Saul Friedländer s’inscrit en faux contre la figure d’un Kafka prophète, mystique, catastrophiste, qui nous a depuis toujours été dépeinte. Pour l’historien de la Shoah, lui aussi d’origine pragoise, Franz Kafka était un poète qui « suivait des rêves », hanté par la honte du corps et secrètement attiré par les hommes et le sadomasochisme. Une interprétation osée et ambitieuse.

>>Le Seuil - 256 pages - 19,50 €

>>AUTOBIOGRAPHIES

Lady B

Maya Angelou

Réconciliation mère/fille Maya Angelou, qui a de nombreuses fois dévoilé des parties de sa vie, dont « l’abandon » – vécu comme tel par elle – par sa mère Vivian Baxter, alors en pleine séparation, qui a dû la confier enfant à son frère. Mais elle ne s’était encore jamais penchée sur les retrouvailles, lentes et difficiles, la réconciliation et le retour à l’amour entre la fille et sa mère, qu’elle a toujours appelée Lady. Un texte bouleversant sur les difficiles relations entre mères et filles.

>>Buchet-Chastel - 192 pages - 18 € À paraître le 11/09/2014

Et dans l’éternité je ne m’ennuierai pas Paul Veyne

La vie d’un grand historien Paul Veyne, l’un des historiens préférés des Français, revient avec élégance sur sa vie, ses souvenirs, ses célèbres amis intellectuels, sa vision du XXe siècle qu’il a traversé. De son enfance provinciale au collège de France, puis à son retour dans un village isolé, Paul Veyne s’est toujours consacré à l’Antiquité, mais confie son goût prononcé pour la poésie et se livre sur son caractère solitaire et droit.

>>Albin Michel - 272 pages - 19,50 € S’il n’en restait que

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INDEX

A

Abécassis Éliette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 7 Adam Olivier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 8 Angelou Maya . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.111 Aubouy Véronique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 109 Avallone Silvia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 80

B

Banville John . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 81 Baronian Jean-Baptiste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 109 Barry Sebastian . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 82 Beigbeder Frédéric . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 9 Bellanger Aurélien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 10 Biancarelli Marc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 11 Blas De Robles Jean-Marie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 12 Bona Dominique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 110 Bosc Adrien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 59 Bott François . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 13 Brocas Sophie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 60 Burnside John . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 83 Butler Nikolas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 61

C

Carisey Christian . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 14 Chavassieux Christian . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 15 Clement Jennifer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 62 Courtès Franck . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 63 Cusset Catherine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 16

D

Davidson Craig . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 84 Deck Julia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 17 Delacourt Grégoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 18 Demarty Pierre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 64 Denfeld Rene . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 65 Deville Patrick . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 19 Dreyfus Pauline . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 20 Dupont-Monod Clara . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 21 Duteurtre Benoit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 22

E

Estiennes d’Orves Nicolas d’ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 23

F

Fabre Dominique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 24 Feldman Joshua Max . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 66 Ferney Alice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 25 Foenkinos David . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 26 Friedländer Saul. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 111 Frioux Dalibor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 27

G

Gailey Samuel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 67 Galy Nadia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 28 Gautreaux Tim . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 85 Gendarme Jean-Baptiste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 110 Goolrick Robert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 86 Greggio Simonetta . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 29 Grunberg Arnon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 87 Guéreau Etienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 68 Guillaume Marie-Ange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 30

H

Haffner Ernst. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 69 Harchi Kaoutar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 31 Harding Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 88 Hustvedt Siri . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 89

J

Janvier Gaspard-Marie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 32 Jeancourt-Galignani Oriane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 33 Jha Radhika . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 90 Joncour Serge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 34

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Kuperman Nathalie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 35

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L

Lafon Marie-Hélène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 36 Lahens Yanick . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 37 Lamb Walli . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 91 Laroui Fouad . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 38 Lê Linda . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 39 Leyshon Nell . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 92 Locandro Catherine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 40

M

Ma Jian . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 93 Mallo Agustín Fernández . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 94 Maris Bernard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 110 Marra Anthony . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 70 Martin Frédérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 41 Maubert Franck . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 42 Mauvignier Laurent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 43 Mavrikakis Catherine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 44 Maynard Joyce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 95 Messud Claire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 96 Meyer Philipp . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 97 Molesini Andrea . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 98 Murakami Haruki . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 99

N

Nothomb Amélie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 45

O

Ogawa Ito . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 100

P

Padura Leonardo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 101 Paradisi Éric . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 46 Pavloff Franck . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 47 Peace David . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 102 Poulain Véronique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 71

R

Reinhardt Éric . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 48 Roger Marie-Sabine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 49 Rouart Jean-Marie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 50 Roux François . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 74

S

Salter James . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 103 Salvayre Lydie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 51 Selasi Taiye . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 73 Shriver Lionel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 104 Slocombe Romain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 52 Stamm Peter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 105 Stepnova Marina . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 74 Susini Marie-Laure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 109

T

Tardieu Laurence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 53 Teodorescu Irina . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 75 Tesich Steve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 76 Tosseri Gonzague . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 77 Tran Huy Minh . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 54

V

Van der Linden Sophie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 55 Vasquez Juan Gabriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 106 Veyne Paul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 111 Vuillard Éric . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 56

W

Waldman Adelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 78 Wrinckle Margaret . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 79

Y Yuknavitch Lidia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 107

Z

Zenatti Valérie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 57


REMERCIEMENTS

Ont participé à la réalisation de ce catalogue : Attitude - Frédéric Lassale Bisey - Michel Bisey, Mathilde Meyer, Laetitia Vonau, Luc Widmaier Broglie - Patrick Bagyoni, Rémi Bénard Cap Culture - Amandine Goujard Chalemagne Toulon - Virginie Cabrera, Camille Fénérol, Christine Lechapt, Gaëlle Nohant Develay - Aurélie Farinet, Jennifer Oden, Elsa Simonnet, Claire Vaquier Doucet - Marie-Adélaïde Dumont, Nathalie Pelletey, Linda Pommereul Espace-Temps - Corine Girard, Marc Flament, Marine Gely Garin - Laurence Quenard Goyard - Simone Pacchiana Labbé - Cécile Aubert, Merryl Métais, Béatrice Pierre Lecut - Sophie Foulon Librairie du Marche - Daniel Cuny Madison - Valérie Mizzi Maison du Livre - Caroline Herbeck Martin-Delbert - Anne-Laure Ducamp, Aurore Nani, Christine Salazar Page et Plume - Aurélie Janssens Planet’R - Nicolas Blier, Paul Rey-Dorène Privat - Rachid Akhmoun, Carine Bastié, Madeleine Fabrègue Ravy - Christine de Kermadec, Valérie Le Bras, Jean-Michel Blanc Richer - Nicolas Auvinet, Antoine Boussin, Jackie Hoareau

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Abbeville : TERNISIEN-DUCLERCQ Agen : MARTIN-DELBERT Angers : RICHER

Angoulême : COSMOPOLITE Bergerac : MONTAIGNE Blois : LABBÉ

Bourg-en-Bresse : MONTBARBON Caen : PLEIN

CIEL

Castres : COULIER

Challans : ESPACE

DESPRET

Chalon-sur-Saône : DEVELAY Chambéry : GARIN Colmar : RUC

Égly : ESPACE

TEMPS

Ermont : LECUT

Fontainebleau : LIBRAIRIE DU MARCHÉ Fréjus : CHARLEMAGNE

Hyères : CHARLEMAGNE Lavaur : ATTITUDE

La Seyne-sur-Mer : CHARLEMAGNE La Valette-du-Var : CHARLEMAGNE

Le Havre : CAP

CULTURE/PLEIN CIEL

Le Mans : DOUCET

Libourne : MADISON

Limoges : PAGE

ET PLUME

Mulhouse : BISEY

Nîmes : GOYARD

Paris 12e : LE

POINT

Périgueux : MARBOT Quimper : RAVY

Rennes : FORUM

DU LIVRE

Revel : ATTITUDE

Rodez : LA

MAISON DU LIVRE DES CHAMPS Saint-Denis de la Réunion : GÉRARD Saint-Quentin : COGNET Saint-Lô : PLANET R Saint-Pol-de-Léon : LIVRES IN ROOM Sarlat : LIRE EN MAJUSCULE Strasbourg : BROGLIE Toulon : CHARLEMAGNE Toulouse : PRIVAT Vannes : CHEMINANT Villefranche-sur-Saône : DEVELAY Saint-Brieuc : FORUM

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2€


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