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MISE AU VERT

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GRANDE RANDONNÉE UCCLOISE

PHILIPPE BERKENBAUM

Parmi les nombreux sentiers de grande randonnée (SGR) balisés qui parcourent l’Europe, il en est un qui relie Paris à Amsterdam en passant par Bruxelles. Particularité : le GR12, c’est de lui qu’il s’agit, traverse Uccle de part en part. Nous l’avons emprunté entre Drogenbos et Forest pour découvrir certains des sites remarquables qui en jalonnent le parcours(1) .

© Philippe Berkenbaum

On part de la jolie stadhuis de Drogenbos pour enfiler la rue de la Brasserie et traverser le quartier du Melkriek. Un nom qui évoque l’ensemble de plus de 200 logements sociaux construits dans les années 70 sur le modèle des citésjardins chères aux urbanistes anglais de la fin 19e, avec une majorité de maisons unifamiliales et quelques immeubles à appartements. Un nouvel ensemble assez remarquable d’habitations sociales esthétiques et écologiques y a été bâti dans les années 2000, préservant partiellement l’environnement naturel connu pour abriter de nombreux terriers de renards... Plus récemment, la commune a installé appareils de fitness et tables de ping-pong dans ce quartier où les enfants aiment jouer à l’extérieur.

Un bel itinéraire de promenade permet de cheminer en pleine nature entre les bois, les potagers, les clairières sauvages et les zones marécageuses bordant le Geleytsbeek. Ce ruisseau qui prend sa source au parc Fond’Roy, a jadis façonné la vallée de Saint-Job avant de rejoindre la Senne. En partie voûté, il s’écoule à l’air libre le long de ce bucolique itinéraire de promenade. Un petit pont le traverse pour permettre au sentier de s’enfoncer dans la partie forestière et humide du Keyenbempt, gérée par BruxellesEnvironnement pour favoriser la biodiversité.

Ce moulin à eau constitue un exemple typique de l’architecture rurale brabançonne du XVIIe siècle. Il a exercé une multitude de fonctions (moulin à grain, à huile, à papier…) avant de cesser toute activité au lendemain de la 2e guerre mondiale. Occupé à l’époque par le ferronnier d’art Jean Seydel, il fut racheté par la commune, classé en 1971 et rénové en 2011 par le bureau d’architectes Metzger & Associés. On peut aujourd’hui y louer des espaces.

Longtemps restée en friche et connue pour avoir accueilli pendant des années le chapiteau du cirque Pauwels, elle abritait jadis un quartier populaire disparu pour laisser place… au ring. Propriétaires expropriés, bâtiments rasés mais, heureusement pour l’environnement, tracé autoroutier déplacé de quelques kilomètres ! Vestige de l’époque, la brasserie datant du 19e siècle sur le coin entre les chaussées de Saint-Job et d’Alsemberg. La friche accueille depuis 2012 des logements (en partie publics), des commerces, une séniorie et un espace vert formant un maillon de la promenade verte régionale où le Geleytsbeek a également été remis à découvert.

Mise en service en 1873, ce bâtiment de style néorenaissance flamande doté de pignons à redents n’accueille plus de guichet depuis 2013 et semble abandonné. On le dit à vendre par la SNCB... Les Ucclois se plaignent du passage glauque et mal éclairé sous les voies, mais un nouveau tunnel cyclo-piéton est évoqué « pour bientôt ». À suivre, donc.

Le GR12 emprunte ensuite le tracé du Dieweg, cette ancienne voie romaine devenue artère résidentielle qui ne se distingue pas seulement par l’architecture de plusieurs de ses villas cossues, mais aussi par une succession d’arbres remarquables. Épinglons le pin arolle et le robinier fauxacacia pluri centenaire plantés à hauteur du n°28, un majestueux hêtre des bois au tronc dépassant les 3 m de circonférence au n°47 et un cèdre du Liban au n°58. Plus une collection de marronniers impressionnants.

Avant d’arriver au parc Wolvendael, un crochet s’impose par le haut de l’avenue Vanderaey pour admirer la maison Bloemenwerf. Reconnue œuvre capitale des débuts de l’Art Nouveau, elle est la première réalisation du précurseur Henry Van de Velde. Classée en 1981, elle a été vendue en 2013 et est aujourd’hui en voie de restauration à l’identique, avant de devenir une résidence d’artistes selon le souhait de ses nouveaux propriétaires. Qui annoncent son ouverture aux visites lors des Journées du Patrimoine.

Désaffecté depuis 50 ans, l’ancien cimetière d’Uccle constitue un ensemble remarquable classé « Monuments & Sites » en 1997. Tous les styles architecturaux y sont représentés en matière d’art funéraire, avec une nécropole juive particulièrement importante. Sa situation sur un terrain en pente donnant sur la vallée de Saint-Job offre une vue jusqu’au Kauwberg et son abandon relatif pendant des

2 Geleytsbeek et Keyenbempt

3 Le moulin du Nekkersgat 5 La Gare de Calevoet

© Philippe Berkenbaum

6 Le Dieweg

7 La Villa Bloemenwerf

© MA 2

4 La plaine du Bourdon

© Wikimedia

8 Le Cimetière du Dieweg

décennies a permis à une flore particulièrement diversifiée de s’y développer. De nombreuses personnalités y reposent, à commencer par Hergé. Cherchez les autres…

Nous vous avions parlé du Crabbegat dans un précédent numéro (WM676), rien ne vous empêche d’y passer si vous suivez le GR12 avant de traverser une partie du parc Wolvendael vers la rue Rouge puis le Parvis. Mais empruntez d’abord la rue Kamerdelle pour admirer d’autres « arbres remarquables » (selon la classification régionale), dont un mûrier noir au n°83 ou un pin buissonnant au 64.

Cœur battant d’Uccle-Centre, il vaut autant pour l’architecture néo-classique de son église classée – et de son presbytère devenu Maison des Arts de la commune au 102 de la rue du Doyenné – que pour son histoire. C’est le premier hameau rural autour duquel la commune a commencé à se structurer à la fin du 19e siècle, mais l’on sait qu’il abritait déjà un sanctuaire religieux depuis le 12e siècle. L’église actuelle date de la fin du 18e .

De lui aussi, nous vous avions déjà parlé longuement dans un précédent numéro (WM672), mais ce discret ensemble architectural de style moderniste bâti dans les années 30 n’en reste pas moins incontournable. Des architectes renommés y ont attaché leur nom. À vous de les découvrir.

Invisible depuis la rue Joseph Bens où se dissimule son entrée (via le carré Tillens), ce vaste espace vert cerné d’immeubles bâtis est un véritable poumon qui résiste depuis des décennies aux assauts des promoteurs. Lieu de promenade ou de ressourcement, il abrite aussi de nombreux potagers exploités par les riverains et même les élèves d’une école voisine. L’endroit idéal pour reprendre des forces avant d’aborder la suite de notre parcours – et peutêtre du GR au-delà de la commune, vers Bruxelles. Deux magnifiques exemples de ces carrés dont il subsiste une vingtaine de représentants de charme à Uccle. Ces impasses paysagées incarnent un type très particulier d’habitat social de la fin du 19e siècle, réunissant un ensemble d’habitations mitoyennes modestes alignées en intérieur d’îlot et interdites à la circulation automobile. À Uccle, certains carrés ont été construits pour accueillir une partie de la population ouvrière des Marolles expulsée pour la construction du Palais de Justice.

On doit au même Joseph Poulaert la construction d’une autre cité-jardin destinée à reloger des locataires des Marolles, entre les avenues Brugmann et Coghen et les rues Vanderkindere et Messidor. Le nom de ce quartier, dit « du Chat », proviendrait de l’auberge « In de Catte », citée dès le XVe siècle dans ce qui n’était encore qu’un hameau. Un joli parc public aménagé par la commune donne aujourd’hui de l’air à ses riverains et un espace de jeu à leurs enfants. Un petit havre de tranquillité au cœur d’un quartier qui reste populaire, malgré une plus grande mixité sociale depuis quelques années.

Nous avons quitté Uccle pour rejoindre Forest, son point culminant (et en même temps celui de Bruxelles), ses huit artères en étoile et sa célèbre église de style byzantin. Mais c’est un autre tronçon et déjà une autre histoire…

(1) Cet article puise en partie son inspiration d’une brochure éditée en 2006 par l’échevinat de l’Urbanisme et de l’Environnement, toujours disponible au service environnement de la commune. L’itinéraire n’a pas changé, les descriptions méritent, elles, une sérieuse mise à jour.

9 Le Kamerdelle

10 Le Parvis Saint-Pierre

11 Le Square Coghen

12 L’Îlot Tillens

© Philippe Berkenbaum

14 Le Chat

© Philippe Berkenbaum

15 L’Altitude 100

La chronique de Tiers-Paysage: trucs et astuces de Cécile pour vous aider à lancer votre propre jardin nourricier urbain et gagner en autonomie.

La permaculture (permanent – agriculture) est une philosophie qui dépasse la sphère agricole. Elle utilise le bon dans tous les domaines pour construire des systèmes résilients, respectueux du vivant et va ainsi piocher dans de nombreuses disciplines (écoconstruction, énergies renouvelables, démocratie participative etc). Ce n’est pas un ensemble de techniques agricoles.

L’étape de création du jardin (qu’il soit en pleine terre ou hors-sol) est fondamentale en début de saison. C’est ce qu’on appelle « design » en Permaculture, un mot qui signifie à la fois conception, création et aménagement. Bill Mollison en donne la définition suivante : il s’agit de la “mise en relation judicieuse d’éléments entre eux”.

PROCESSUS

DE DESIGN 1 2

Imaginez votre projet

Vous souhaitez végétaliser un balcon, créer un espace très productif (qui demande du temps), un jardin ornemental ou un mélange de tout cela? Êtes-vous seul.e sur ce projet ou travaillez-vous en collectif?

Identifiez les ressources du terrain

Topographie : La mise en place de cultures surélevées nécessite de calculer la portance du bâtiment. Un bac potager de 30cm de haut pèse environ 150 kg/m² si la terre est sèche et peut dépasser 400 kg/m² si elle est humide, des charges supérieures à ce qu’un balcon traditionnel peut supporter (entre 250 et 350kg/m²). Exposition : Identifiez les zones exposées au vent, au soleil ou au gel (les poches de froid où l’on évitera d’installer des plantes gélives). On qualifie de zone ensoleillée celle qui bénéficie de plus de 6h d’ensoleillement par jour. Eau : Bénéficiez-vous d’apports naturels d’eau ou devez-vous installer un système d’irrigation ? Notez que les plantes sèchent moins vite quand elles sont regroupées. Réduisez l’évaporation du sol en le couvrant systématiquement avec un paillage et utilisez des oyas. Sol : En ville, la pollution des sols provient des activités antérieures (usage de pesticides et d’insecticides, trafic routier, résidus de constructions…) et implique de faire attention lorsque vous y cultivez vos aliments. Une analyse de sol est conseillée.

© Tiers Paysage

Exemple : Une oasis sur le balcon

J’ai un balcon exposé plein sud et je souhaite créer un petit espace nourricier dans le but de partager des instants de contemplation avec mes enfants. La portance du bâtiment m’indique que je ne dois pas dépasser quelques pots en terre cuite et xx sacs en géotextile car un sac de 20L rempli de substrat pèse 6 à 8kg sec et 15 à 20kg humide. Par manque de place, je cultiverai des plantes au

développement vertical ou les conduirai comme tel

(cornichon, concombre, fêve, quinoa, tournesol) et des variétés grimpantes (pois, haricot à rames, courge coureuse, cyclanthère). Les variétés précoces (radis, mesclun, pourpier, oignons jeunes) et naines (tomates cerises, carottes grelot, piment, aubergine & poivron) sont idéales pour mes pots en terre cuite. Je les associerai à des fleurs annuelles et des aromatiques vivaces (capucine, bourrache, aneth, camomille, calendula, basilic, persil, cerfeuil, tagete, ciboulette, thym, origan, sarriette). Je rejoindrai un compost de quartier pour amender ma terre ou créerai un vermicompost dans ma cuisine.

3Esquissez votre projet en prenant en compte tous les éléments listés ci-dessus. Conseil : Misez sur les associations de culture pour un jardin biodiversifié et plus résistant face aux ravageurs 4 Naviguez sur le site de semenciers engagés pour commander vos graines (avant les ruptures de stock) Faites un tri dans votre grainothèque : certaines et aux maladies. Cette année je vous livrerai des semences perdent leur capacité de germination après recettes de purins et d’infusions en cas d’attaque. quelques années (de 1 à 7 ans en fonction des espèces). Un test de germination est possible à l’aide de papier absorbant maintenu humide dans lequel on sèmera quelques graines. 5 Semez ! En intérieur : aubergines, poivrons, piments. Sous serre froide : choux-fleurs, épinards, poireaux, laitues, brocolis. Semez en place mesclun, fèves, pois, radis, persil. Couvrez d’un voile de forçage.

www.tiers-paysage.com