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Deux rééditions

Le Docker noir

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Sembène Ousmane (nouvelle édition enrichie d’un important appareil critique) Marseille, années 1950. Diaw Falla, docker sénégalais, vit à Belsunce, le «petit Harlem marseillais», et travaille sur le port en compagnie de nombreux ouvriers africains. Menant une existence précaire, il rêve d’écrire et de publier son premier roman, Le Dernier voyage du Négrier Sirius. Son existence bascule le jour où il confie son manuscrit à une amie écrivaine.

Publié en 1956, ce premier roman de Sembène Ousmane est un déchirant cri d’amertume qui fait écho aux romans marseillais de Claude McKay dans sa soif de liberté, sa défense des luttes sociales et son refus d’accepter l’étroitesse des préjugés raciaux.

Meursault, contre-enquête

Kamel Daoud

« Un certain goût pour la paresse s’installe chez le meurtrier impuni. Mais quelque chose d’irréparable aussi : le crime compromet pour toujours l’amour et la possibilité d’aimer. J’ai tué et, depuis, la vie n’est plus sacrée à mes yeux. Dès lors, le corps de chaque femme que j’ai rencontrée perdait très vite sa sensualité, sa possibilité de m’offrir l’illusion de l’absolu. À chaque élan du désir, je savais que le vivant ne reposait sur rien de dur. Je pouvais le supprimer avec une telle facilité que je ne pouvais l’adorer – ç’aurait été me leurrer. J’avais refroidi tous les corps de l’humanité en en tuant un seul. D’ailleurs, mon cher ami, le seul verset du Coran qui résonne en moi est bien celuici : “Si vous tuez une seule âme, c’est comme si vous aviez tué l’humanité entière.” »

Le silence des dieux

Yahia Belaskri

Aux portes du désert, le village de la Source des Chèvres se retrouve un matin coupé du monde, l’accès à la route bloqué par des soldats. Entre le café et la mosquée, sur la petite place où résonnent encore la voix du porteur d’eau et le passage des nomades, on cherche un coupable pour s’en débarrasser comme d’une malédiction.

Face aux luttes de pouvoir qui s’engagent, s’élève la voix de Ziani le Fou. Pieds nus, cheveux hirsutes, il clame ses prophéties mais reste celui dont on se moque et se méfie. D’où naîtra l’espoir sinon de celles qui œuvrent en silence contre l’oppression et la convoitise, contre l’obscurantisme et la résignation ? Avec les femmes, le vent de la révolte se lève enfin.

Une magnifique allégorie sur la liberté et la réconciliation.

Un article dans Le Monde