Iqbal Masih, Pakistan

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NOMINÉ • Pages 16 – 20

Iqbal Masih POURQUOI IQBAL A-T-IL ÉTÉ NOMINÉ ? Iqbal Masih, Pakistan, a été nominé a titre posthume (après sa mort) au titre de Héros des Enfants pour la Décennie du WCPRC 2009 pour son combat en faveur des droits des enfants esclaves pour dettes. Iqbal était esclave pour dettes chez un propriétaire de fabrique de tapis qui l’a revendu. Iqbal ne devait avoir que 5 ou 6 ans quand il a commencé à travailler dans la fabrique de tapis. Il travaillait du matin tôt jusqu’au soir et était maltraité. Cinq ans plus tard il s’est libéré de l’esclavage. Il a commencé l’école du Bonded Labour Liberation Front (BLLF, Front de libération contre le travail forcé des enfants ) Iqbal parlait à ses amis, noueurs de tapis et lors de réunions et a donné à beaucoup d’enfants le courage de quitter leurs patrons. Les patrons ont menacé Iqbal, qui après avoir reçu un prix aux États-Unis, a été assassiné le 16 avril 1995. Il est dans le monde entier, le symbole de la lutte contre le travail des enfants.

Tout petit, Iqbal Masih est devenu esclave pour dettes dans une fabrique de tapis, au Pakistan. Cinq ans plus tard il s’est libéré. Il a donné à d’autres enfants, le courage de quitter leur propriétaire. Iqbal a été menacé par les fabricants de tapis et a été assassiné le 16 avril 1995. Il est un symbole de la lutte contre le travail des enfants et en 2000, il a reçu à titre posthume (après sa mort) le premier Prix des Enfants du Monde, qui porte aussi un autre nom à la mémoire d’Iqbal : le Prix Iqbal Masih.

A

cinq ans, Iqbal accomplit son premier jour de travail dans la fabrique de tapis. Lorsque Anayat, sa mère, un peu plus tard, a besoin d’argent pour une opération, elle demande une avance au fabricant de tapis, Ghullah. L’avance qui s’appelle « peshgi » est inscrite au nom d’Iqbal. Cela veut dire qu’Iqbal doit à Ghullah, 5.000 roupies, le prix de l’opération de sa mère. À présent Iqbal est esclave pour dettes et Ghullah a tout pouvoir sur lui.

Quand, le soir, Iqbal rentre de la fabrique de tapis, il s’écroule sur le lit et s’endort aussitôt. Parfois, Ghullah vient le réveiller en pleine nuit. – Nous avons une livraison à faire. Lève-toi, vite ! À cause du peshgi (dette) Iqbal doit suivre Ghullah qui traîne Iqbal, à moitié endormi par les ruelles, jusqu’à la fabrique de tapis. Si Iqbal s’endort pendant le travail, on le réveille à coups de peigne à tapis. Iqbal prenait souvent la parole dans les réunions devant des enfants et des adultes.

Iqbal s’enfuit Un jour, un petit garçon de la fabrique de tapis est frappé par une forte fièvre. Ghullah, le propriétaire, lie les pieds du garçon et l’attache, la tête en bas, au ventilateur du plafond. – Ici, c’est moi qui décide quand vous travaillez ! beugle Ghullah. Iqbal en a assez ! Chaque fois qu’il le peut, il s’échappe. Quand Ghullah n’est pas là, Iqbal et ses camarades tentent leur chance et s’enfuient. Ils jouent toute la journée sans se préoccuper de ce qui les attend. Le lendemain matin, Ghullah va les chercher à la maison. Il est très fâché et bat les garçons avec lale peigne à tapis ou avec ce qui lui

– Les enfants doivent avoir une plume à la main, pas des outils, disait Iqbal.

En 2000, Iqbal reçut le premier Prix des Enfants du Monde, qui porte désormais et pour toujours un autre nom ; Le Prix Iqbal Masih.

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Iqbal voulait devenir avocat et libérer les enfants des fabriques de tapis.

tombe sous la main. Ensuite il les enchaîne. Il peut se passer plusieurs jours avant qu’ils les relâche. Enfin libre ! Un matin d’octobre 1991, Iqbal s’enfuit de son travail. Il saute sur la plate-forme d’un tracteur où il y a déjà pas mal d’enfants et d’adultes. Une heure plus tard, ils assistent à la réunion du BLLF (Front de

libération contre le travail forcé des enfants) C’est la première fois qu’Iqbal voit Ehsan Ullah Khan, le leader du BLLF. Il est très intéressé par ce que Eshan dit sur les lois contre l’esclavage pour dettes. Ehsan prie Iqbal de raconter ses expériences aux autres enfants. D’abord, Iqbal n’ose pas, puis il s’approche du microphone.

Iqbal, en Suède, avec l’un de ses nombreux amis.

Ehsan donne à Iqbal un « acte de liberté » qui contient les lois interdisant l’esclavage pour dettes et les peines auxquelles est condamné celui qui exploite les esclaves pour dettes. Le problème est, qu’au Pakistan, les lois ne sont pas respectées et que la police comme le tribunal ne sont pas du côté du pauvre, mais de celui du propriétaire. Ghullah refuse de laisser Iqbal quitter la fabrique de tapis. Mais Ehsan n’oublie pas le petit garçon et charge quelques collaborateurs de se renseigner et d’aider Iqbal à retrouver la liberté. Iqbal est fou de joie à l’idée de commencer à « Notre école » comme sont appelées les écoles du BLLF pour les enfants ex esclaves pour dettes. Il dit à ses camarades et aux enfants des autres fabriques de tapis qu’ils ne sont pas obligés de rester chez leur propriétaire. Dans la région de Muridke, des centaines, puis des milliers d’enfants quittent les fabriques

Iqbal est menacé Iqbal vit à Lahore dans la maison du BLLF. La première fois qu’il revient en visite chez lui, Ghullah, le propriétaire de la fabrique de tapis, lui dit : – Tu dois revenir travailler. Comme ça, les autres enfants viendront aussi. Mais Iqbal refuse. Un autre fabricant de tapis menace la mère d’Iqbal de l’enlever, elle et Iqbal si Iqbal ne reprend pas le travail ou si elle ne paie pas la dette qui la rendu esclave. Un troisième fabricant dit à Sobia, la petite sœur d’Iqbal : – Ton frère se promène dans les ruelles comme un juge. Mais nous l’aurons un jour. – Taisez-vous, Monsieur ! dit Sobia, elle qui n’avait jamais osé parler ainsi à un adulte. – Fais attention qu’on ne te tue pas, toi aussi, répond le fabricant de tapis.

 TEXTE: MAGNUS BERGMAR PHOTO: ANDERS KRISTENSSON & MATS ÖHMAN

de tapis. Iqbal parle dans des meetings. Ses discours se terminent par l’injonction : – Nous sommes…. A laquelle tous les enfants répondent : – LIBRES !

Iqbal est assassiné En octobre 1994, Iqbal se rend en Suède. Il parle aux enfants des écoles de la vie des enfants esclaves pour dettes, au Pakistan. Beaucoup de journaux en parlent et il participe à diverses émissions de télévision. En décembre 1994, Iqbal s’envole pour les États-Unis pour recevoir un prix décerné par Reebok pour son merveilleux combat en faveur des droits des enfants esclaves pour dettes. Iqbal Iqbal était battu avec le peigne à tapis et était enchaîné quand il essayait de se sauver, mais il a continué.

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Ce qui suit est un extrait de la bande dessinée « Iqbal le petit noueur de tapis » de Magnus Bergmar et Jan-Åke Winqvist. Tu peux lire l’intégrale sur www.worldschildrensprize.org.

Le médecin m’a dit que je dois me faire opérer mais je n’ai pas d’argent.

À l’école, en hiver, Iqbal se protège du froid à l’aide d’un châle.

est aussi la « Person of the week » (Personnalité de la semaine) et hôte d’une des plus grandes chaînes de télévision américaines. Iqbal retourne au Pakistan. Le 16 avril 1995, le matin du jour de Pâques, il prend le bus pour Muridke. Le soir il accompagne Lyaqat et Faryad Masih, des membres de sa famille. Ensemble, ils vont apporter à manger au père de Lyaqat, lequel irrigue les champs. Ils sont tous les trois sur le même vélo. Il est huit heures et il fait nuit. A mi-chemin, les garçons entendent deux coups de feu, qui tueront Iqbal. Faryad ne sait pas écrire. La nuit du meurtre, on lui demande d’apposer l’empreinte du pouce sur un page blanche. Ensuite la police écrit ce qu’elle veut et déclare que Faryad a signé que tout est vrai. Ashraf Hero, un valet de ferme pauvre est arrêté le jour après le meurtre

Dépêche-toi, Shafiq, le match va commencer!

C’est le soir… Le premier jour de travail est terminé…

Ici, vous faites ce que je dis!

Que cela vous serve aussi à tous de leçon !

Mais, maman je travaille. Ça ne suffit pas?

Non, je dois demander un peshgi à Ghullah.

Ghullah, je dois me faire opérer et acheter des médicaments. Tu me donnes un peshgi pour Iqbal?

Pendant des années, Iqbal travaillera 12 heures par jour, 6 jours par semaine…

Le peshgi est le nom du prêt qui fait que Iqbal est esclave pour dettes chez Ghullah…

Voici 6.000 roupies!

C’est vendredi, le seul jour libre pour les garçons. Deux équipes se retrouvent sur le terrain entre le canal et les maisons. Iqbal se réjouit depuis une semaine…

Chaque équipe recueille de l’argent...

Les vainqueurs gagnent tout!

Iqbal, Shafiq et Rafiq, au travail! Nous devons terminer un tapis!

Au milieu de la nuit, Ghullah vient tirer Iqbal du lit…

C’est leur jour de congé, mais les garçons ne peuvent pas refuser. Ils sont esclaves pour dettes et c’est Ghullah qui décide...

Il doit dormir!

Ça attendra! Nous avons du travail !

…mais aujourd’hui, il n’y aura pas de match…

On joue, frère? Non, Sobia, je n’en peux plus…

Iqbal, à cause du peshgi, je dois te laisser le suivre!

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Iqbal est si fatigué, qu’il s’endort en travaillant…

d’Iqbal. La police le torture. Ils le suspendent par les pieds au plafond et le battent avec des bâtons et des ceintures en cuir. – Tu vas dire que c’est toi qui as tué Iqbal et tu vas dire ce qu’on te dit de dire. Sinon on te tue, toi et toute ta famille. Tu es pauvre et tu ne vaux rien. Personne ne se préoccupera de ce qui peut t’arriver, dit la police.

Comme punition, les garçons sont enchaînés au métier à tisser...

Le lendemain, Ghullah va chercher Iqbal chez lui…

Iqbal pense tout le temps que sa vie est très dure, mais ne sait pas comment échapper au travail...

Tous les garçons à la fabrique sont esclaves pour dettes. Personne n’a un peshgi (dette) qui a diminué depuis qu’il a commencé à travailler chez Ghullah. Après 5 ans dans la fabrique de tapis, c’est encore pire pour Iqbal... Un jour un homme passe et leur dit... Je m’appelle Yousuf! Le peshgi, la dette qui fait de vous des esclaves est illégale. Venez demain à la réunion du BLLF, le front de libération des esclaves pour dettes et vous en saurez plus !

Attention! Le proprié­ taire!

Vous savez ce qui arrive si vous quittez le travail!

Iqbal brave l’interdiction et va à la réunion... Salut! On ne s’est pas vus hier?

Si...

Quand Iqbal retourne au village, il parle aux enfants des fabriques! Beaucoup osent maintenant quitter leur propriétaire...

Arshad Ghullah va chez Iqbal… Tu dois travailler, sinon les autres ne travaillent pas non plus!

Je n’ai pas le temps de te parler!

Prends garde! Tu as fait de Arshad ton ennemi! Je n’ai plus peur de lui. C’est lui qui devrait avoir peur de moi!

Le mensonge se répand La commission des droits de la personne du Pakistan atteste que le rapport de la police est exact et que l’innocent Hero est le meurtrier. Ce qui fait que le mensonge se répand dans le monde entier par ambassadeurs et journalistes interposés, sans aucune remise en question de leur part. La commission des droits de la personne soutient même, sans aucune preuve, que le meurtre n’a rien à voir avec le fait qu’Iqbal ait défié le pouvoir des fabricants de tapis. Hero est isolé, personne n’a le droit de le rencontrer. Mais, à la suite du procès, il est déclaré non-coupable. La police écrit, entre autres, que Hero, qui n’a jamais tenu un fusil entre les mains, a touché Iqbal par hasard, quand il a tiré sur les garçons. En vérité, Iqbal a été touché au dos, par 120 éclats de plomb, alors que les deux autres garçons ont été touchés par deux éclats. C’était bien Iqbal la cible du meurtrier et on lui a tiré dans le dos, quand il essayait de s’enfuir. – Iqbal m’a dit qu’il voulait devenir un grand avocat, se souvient Sobia, qui avait dix ans quand son grand frère a été assassiné. Il voulait libérer les enfants des fabriques de tapis et leur donner une éducation pour que les enfants des pauvres se construisent un avenir meilleur »  19

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Iqbal parle aux réunions du BLLF où se retrouvent les esclaves pour dettes...

Nous sommes…

…LIBRES!!!

Esclavage moderne Il y a environ 240 millions d’enfants travailleurs entre 5 et 14 ans, dans le monde. Trois enfants sur quatre exécutent un travail nuisible, un travail qui les empêche d’aller à l’école et détériore leur santé et leur développement. Plus de huit millions d’enfants sont obligés de faire la pire forme de travail qui soit comme esclaves pour dettes, soldats ou prostitués. Chaque année, au moins 1,2 millions d’enfants sont victimes de « trafficking » véritable esclavage de notre temps. Iqbal était un « esclave moderne » Il existe des enfants esclaves modernes au Pakistan, en Inde, au Népal, au Cambodge, au Soudan, mais aussi en Europe. On désigne ainsi surtout les esclaves pour dettes, mais aussi les filles d’Afrique occidentale qui sont « esclaves domestiques » On est esclave si l’employeur a un tel pouvoir sur vous qu’on est obligé de travailler pour lui ou pour elle. Le Pakistan a, comme la plupart des pays, des lois qui interdisent aussi bien l’esclavage pour dettes que le travail des enfants. Mais, ces lois ne sont pas toujours appliquées. Tous les pays qui ont des enfants esclaves ont ratifié la Convention sur les Droits de l’Enfant de l’ONU et se doivent donc de protéger les enfants de leur pays contre le travail qui peut leur être nuisible.

Un peu plus tard, le même jour. Iqbal rencontre Faryad et Lyaqat, des parents...

On prend le vélo et on apporte à manger à Amanat, aux champs!

IQBAL!

Soudain…

Ainsi mourut Iqbal Masih, le garçon qui est devenu le symbole du combat contre le travail enfantin nuisible.

«Iqbal Masih, l’ex enfant esclave, qui s’est battu pour les droits des enfants au Pakistan est mort!»

À la station de police, la nuit du meurtre…

Faryad doit laisser l’empreinte du pouce sur une feuille blanche. Puis la police écrit ce qu’elle prétend s’être passé…

La nouvelle fait le tour du monde.

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