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NANNI MORETTI

Pour sa huitième venue en compétition à Cannes avec une comédie très autobiographique, le grand Nanni Moretti vise une seconde Palme d’Or avec VERS UN AVENIR RADIEUX.

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“Je ne veux pas sauver le cinéma italien, dit Nanni Moretti. Je veux sauver le cinéma tout court.” Équitablement répartie entre générosité enthousiaste, intransigeance, engagement politique, humanisme et pure mégalomanie, son ambition d’artiste citoyen s’est forgée au contact de la réalité. “Je n’ai pas eu une jeunesse de cinéphile, j’allais voir des films en famille ou alors quand je m’ennuyais lorsque je n’avais pas cours, un peu comme tout le monde, sans pour autant développer d’obsession.”

La Règle du «je»

Né en 1953 à Brunico, il n’a pas vraiment suivi l’exemple de ses parents enseignants : “Je n’étais pas très bon à l’école. J’ai même redoublé ma première.” Il envisage d’abord de devenir joueur de water-polo professionnel, jusqu’au jour où il s’entend répondre à un ami qui lui demandait ce qu’il comptait faire de son avenir : “‘Je veux faire du cinéma’. Ça m’est sorti à la façon d’un spasme, comme si mon inconscient s’était exprimé à ma place.” En 1973, il vend ainsi la superbe collection de timbres qu’il s’est confectionnée depuis l’enfance pour s’acheter une caméra Super 8 avec laquelle il tourne ses premiers courts métrages, puis entame trois ans plus tard le cycle le plus autobiographique de son œuvre. “Je suis un autarcique”, “Ecce Bombo”, “Sogni d’Oro”, “Bianca”, “Palombella rossa”… Autant de films où il incarne jusqu’en 1989 un même personnage nommé Michele Apicella, entre satire du cinéma qui lui sort par les yeux, état des lieux du marasme politique ambiant et ironie masochiste sur le caractère foncièrement hésitant qui l’empêche de s’engager à 100% “aussi bien dans les histoires d’amour que dans la défense de mes idées”.

Festival Moretti

Accueilli à Cannes dès “Ecce Bombo”, il ne cessera d’y revenir : “Journal intime”, premier volet d’un diptyque de pure autofiction que complètera “Aprile” lui aussi sélectionné sur la Croisette, remporte en 1994 le Prix de la mise en scène, prélude à la Palme d’Or que lui vaudra en 2001 “La Chambre du fils”, sa toute première incursion dans le romanesque émotionnel où il observe de façon déchirante le deuil d’un couple après la noyade accidentelle de son fils adolescent. Suivront “Le Caïman” (sur les années Berlusconi), “Habemus Papam” (où le Souverain pontife nouvellement élu décide de renoncer à sa charge), le mélodrame “Mia Madre” et la chronique chorale “Tre Piani”, tous appréciés mais absents des palmarès. Dans la veine de “Journal intime” et “Aprile”, son nouveau film “Vers un avenir radieux”, où il incarne un cinéaste confronté à toutes sortes de problèmes, saura-t-il à nouveau séduire le jury ? Vous aurez la réponse quand vous lirez ces lignes.

VERS UN AVENIR RADIEUX

En salle le 28 Juin

NIFFF, NEUCHÂTEL

Créé en 2000, le Festival International du Film Fantastique de Neuchâtel (NIFFF) est devenu en un temps record un rendezvous cinématographique incontournable, bénéficiant d’une aura nationale et internationale, grâce à une programmation prestigieuse. Cet événement est consacré principalement à un genre cinématographique spécifique : le fantastique. Cet axe principal est complété par deux autres thématiques complémentaires : la création digitale et le cinéma asiatique. www.nifff.ch