9782873869830

Ivo Pauwels

compostez

et recyclez !

Préface de Luc Noël

préface

Quarante francs, soit un euro d’aujourd’hui. Adolescent, c’est la somme que je gagnais à l’heure en travaillant dans les jardins du voisinage. J’étais à mille lieues d’imaginer que je jardinerais un jour devant les caméras et que ces samedis en quête d’argent de poche pour l’achat de livres sur la nature feraient partie de mon expérience pratique. Les tontes de gazon constituaient des tas nauséabonds de plus en plus vastes à l’arrière des haies de thuyas. J’alignais aussi sur les trottoirs des quantités de sacs de plastique remplis d’herbe pour le ramassage des immondices. Les branches taillées étaient brûlées en de vastes bûchers. On trouvait dans tout jardin une zone à la terre carbonisée où les déchets ligneux étaient accumulés en attente d’une allumette.

Un jour, quelqu’un m’a parlé de Jean Pain, un jardinier français qui avait réalisé des expériences de culture étonnantes en étendant des déchets végétaux entre les plantes pour conserver ainsi l’humidité et réduire l’arrosage. Quelle fut ma surprise de découvrir lors d’une exposition écologique une machine pour hacher les branches dans le sens des fibres afin d’obtenir une décomposition rapide.

Dans la revue française Les Quatre Saisons du Jardinage biologique, quasiment aucun article n’était écrit sans employer le mot « compost ». Par contagion au départ des milieux verts, le jardinage a évolué, lentement mais sûrement.

Aujourd’hui, surtout depuis que les pouvoirs publics l’ont favorisé dans le cadre des politiques de réduction du volume des déchets, le compostage est la norme. Si elles ne sont pas recyclées dans l’enceinte du jardin, les matières végétales prennent, via les parcs à conteneurs, la direction de centres de compostage industriel. Mais si un tas de compost est présent, il faut encore bien réussir cette fabuleuse transformation des tontes de gazon, tailles de haies, herbes indésirables et déchets de la cuisine en un véritable humus, de l’or noir pour toute zone du jardin. Ce livre d’Ivo Pauwels est bourré de conseils pour pratiquer avec succès le recyclage de la matière organique.

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Mais Ivo nous emmène encore plus loin. Avec lui, le compostage n’est plus une simple manière de gérer les déchets du jardin. Il fait partie intégrante du jardinage, transformant notre vision du gazon, du potager, des haies, des sentiers, des bordures et des parterres. Nous entrons véritablement dans une nouvelle dimension. Les jardins du xxie siècle sont vivants. Des microorganismes du sol aux oiseaux en passant par les vers de terre et les papillons, les parcelles bourdonnent de vie. Naturels et autosuffisants en amendements, les jardins se passent des engrais et traitements. Ils économisent l’énergie et l’eau d’arrosage. La notion même de « beau jardin » évolue. Qu’il est loin maintenant le temps des tas de tontes de gazon dont on ne savait que faire !

Luc Noël concepteur et présentateur des émissions de jardinage à la RTBF

SOMMAIRE

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INTRODUCTION

21 CHAPITRE 1. Les tontes de pelouse 37 CHAPITRE 2. Le bois taillé 61 CHAPITRE 3. Feuilles et aiguilles 71 CHAPITRE 4. Les déchets végétaux du jardin et du potager 107 CHAPITRE 5. Les déchets de fruits et légumes de la cuisine 119 CHAPITRE 6. Les gravats et déchets de pierres

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INTRODUCTION

Un jardin pousse — Un jardin change. Il pousse. Souvent plus abondamment et plus rapidement que vous ne le supposiez. Ce petit arbre grêle que vous aviez planté une dizaine d’années plus tôt déploie aujourd’hui une ramure prometteuse fournissant déjà une ombre bienfaisante pendant les chaudes journées d’été. Mais les arbres ne sont pas les seuls à pousser. Les enfants qui jouaient dans le bac à sable observent maintenant la vie aquatique au bord de l’étang ou jouent au foot sur la pelouse. À propos de gazon, avez-vous déjà calculé la hauteur qu’aurait l’herbe au bout d’un an si vous ne la tondiez jamais ? Il y a pourtant des jardiniers qui ne tondent qu’une fois par an pour transformer une partie du jardin en prairie de fauche dans laquelle apparaîtront des fleurs des prés après quelque temps. Dans un jardin tendance, par contre, une pelouse soigneusement tondue est et reste un must.

Un jardin recyclé est un biotope riche.

Exemple : la haie de troènes — Tout le monde remarque qu’un jardin pousse.

Prenons cette agréable journée de juin où vous

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Ce sont surtout les points végétatifs d’une haie qui contiennent beaucoup d’éléments nutritifs. Le bois taillé de haie est de ce fait un matériau très précieux à composter.

taillez votre haie de troènes. Vous ramassez des brouettes de branches coupées. Vous balancez peut-être ce matériau facile à composter dans le composteur. Il se transforme sans peine en un compost à l’odeur délicieuse qui, à son tour, éparpillé sur les couches du potager ou dans les parterres, enrichit le sol d’un humus inestimable et stimule la vie souterraine utile. Les plantes resplendissent de santé et fleurissent sans compter. Ou vous broyez ce bois pour en faire un tapis élastique tendre à étaler entre les vivaces.

Ce n’est que quand vous le faites ramasser dans les sacs, duo-bacs ou doubles conteneurs pour déchets compostables ou quand vous l’apportez au parc à conteneurs que le bois taillé devient un déchet. Si vous le compostez, le broyez ou le réutilisez d’une autre manière, vous évitez d’en faire des déchets et vous recyclez votre jardin.

Dans un jardin recyclé, les déchets verts sont

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réintroduits dans l’écosystème du jardin. Le choix de techniques et de produits naturels est aussi une façon plus écologique de jardiner.

Tout ce qui pousse a de la valeur. L’énergie solaire est le moteur du processus de croissance et les pièces viennent du sol, de l’air et de l’eau.

L’arbre qui pousse, forme des feuilles et donne des fleurs et des fruits devient du bois résistant aux tempêtes. Faire un usage créatif de ce matériau organique et des éléments nutritifs qui le composent, c’est créer un jardin recyclé.

Déchets de jardin ou matériau passionnant ?

— En fait, il ne faudrait pas appeler « déchets » les produits résultant de l’entretien des jardins.

Au contraire, ils ont une valeur inestimable et ajoutent un plus au jardin. Ils peuvent être réutilisés et sont utiles dans un jardin recyclé bien géré. Ils embellissent en outre le jardin et le rendent parfois ludique. Dans cet ouvrage, nous vous proposerons des techniques destinées à améliorer ce matériau et son emploi. Nous vous indiquerons aussi comment transformer ces « déchets » en matières premières. Désormais, les termes « déchets de jardin » ne seront plus utilisés que rarement. Nous vous donnerons des trucs et astuces efficaces pour réaliser un jardin recyclé économique dès son aménagement. Il est impossible de retoucher la nature. Si vous respectez les cycles dans votre jardin, vous jardinez avec elle. Vous rendrez votre jardin plus séduisant, plus passionnant et plus sain. Autrement dit, votre environnement immédiat

La simplicité est décorative : une balancelle fabriquée avec de grosses branches et de petits troncs d’une haie vive.

deviendra un cadre pur dans lequel vous vous sentirez délicieusement bien.

Les nombreux avantages du jardin recyclé — Un jardin recyclé permet donc d’éviter les déchets. Et si vous n’apportez rien au parc à conteneurs ou que vous ne mettez rien dans les poubelles sélectives, vous ne dépensez rien. Par conséquent, avec un jardin recyclé, vous faites des économies.

Vous gagnez aussi en achetant moins. Vous vous servez en effet de la production du jardin comme engrais, couverture de sol et matériaux de construction. Vous avez peu ou pas de pertes.

Avec des branches, vous tressez des clôtures magiques et vous obtenez des supports pour les pois ou, si elles sont solides et longues, des rames pour les haricots. Elles servent de tuteurs pour les plantes grimpantes et celles des parterres. Si vous avez des dons, vous fabriquerez même des ornements enchanteurs. C’est vrai que ceux-ci seront temporaires, mais pendant trois, quatre ans, ils resteront fascinants et ne se dégraderont que lentement. Votre jardin recyclé sera vraiment magnifique.

La vie foisonnante du jardin recyclé — Si vous voulez attirer des hérissons et d’autres animaux utiles, formez avec le bois taillé des tas de branchages où ces insectivores notoires passeront l’hiver. La biodiversité de votre jardin sera géniale.

Pour tondre la pelouse, employez une tondeuse mulcheuse qui vous évitera l’évacuation ou le traitement de l’herbe coupée. Dès lors, avec un jardin recyclé, vous gagnez du temps. Si vous ramassez tout de même l’herbe, elle peut servir

Plus le jardin est varié, plus il contient de matériaux à utiliser de manière créative, suivant différentes techniques de recyclage.

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de mulch pour couvrir le sol et le tenir au chaud.

Cette couche améliore l’humidité et la structure du sol. Elle tempère l’influence des averses et des fluctuations de température de sorte que la vie invisible souterraine maintient la terre dans des conditions optimales. Les plantes vous en seront reconnaissantes.

Et ce qui vaut pour les tontes s’applique encore plus au bois broyé et au compost qui font de votre jardin recyclé un jardin supersain.

Peu de déchets, peu de travail, beaucoup de vie Dans un jardin recyclé, il n’y a presque pas de déchets à éliminer dans les poubelles sélectives ou au parc à conteneurs.

Nous vous fournirons en outre des tas de techniques pour réduire votre travail.

La verdure enlaidie et toute celle qui reste sous forme de branches coupées sont absorbées dans le cycle et transformées en énergie vitale pour les arbres, les arbustes, les vivaces et les herbacées.

Jardiner avec la nature — Un jardinier intelligent tente de tenir compte des processus naturels dans son jardin et de les anticiper. Mais il essaie aussi de faire travailler pour lui les innombrables organismes chargés des processus de destruction et de construction. Le jardinage est une science empirique et personne ne peut en acquérir tout le savoir. Il existe cependant une série de règles de base simples. Ainsi, le jardinier cherche à donner à ses plantes un endroit qui leur plaît, où elles se sentiront chez elles. Ceci exige des connaissances, une certaine expérience et de l’intuition. Les plantes satisfaites proliféreront. En général, elles arrivent Les libellules et les demoiselles savent où trouver des mares et des petits étangs.

Pas de recyclage plus évident que les feuilles mortes qui se décomposent sur place et améliorent le sol tout en le nourrissant.

Nostalgie et prairie fleurie : une jolie association.

même à maîtriser les mauvaises herbes et les maladies. Une collaboration entre jardin et jardinier s’établit spontanément. Le jardinier cède une partie de sa prétendue souveraineté. Il ne peut ni ne veut tout contrôler. Le jardin devient ludique. Des plantes se ressèment et s’enracinent à des endroits où, parfois, contrairement à ce qui est dit dans la littérature, elles se plaisent.

Participation au cycle — Le jardin – le vôtre aussi – est un monde miniature, un paysage dans une coquille de noix, un morceau de nature confié au jardinier, un mini-écosystème. Des oiseaux y attrapent des insectes et y dégustent des graines. Une libellule rase l’étang et un moineau se rafraîchit dans le bain pour oiseaux. Une mésange charbonnière fait des acrobaties pour capturer des pucerons et un rouge-gorge défend son territoire. Une chenille râpe une feuille d’hosta et devient à son tour la proie d’un crapaud glouton ayant établi son terrain de chasse dans le jardin. Dans la nature ET dans le jardin, toutes les créatures vivantes sont liées entre elles par des processus naturels.

La nature, c’est manger et être mangé. Quand, à l’automne, les feuilles tombent des arbres, des dizaines d’organismes sont prêts à les consommer sur place et à les transformer en humus et en nouveaux éléments nutritifs pour les plantes.

Chaque petite bête, chaque organisme se nourrit de matières végétales ou animales et est englouti à son tour par un autre, avant ou après sa mort. Comme le paysage qui s’étend loin derrière l’horizon, chaque coin du jardin possède un équilibre propre où des particules du sol, des minéraux, des plantes et des animaux jouent un rôle significatif. L’homme aussi fait partie de ce monde. Avec son intelligence et sa culture, il est un participant puissant mais fragile.

La nature est le meilleur professeur — Un jardin recyclé n’est pas limité par un style particulier ni par un aspect déterminé. Rigide ou léger, grand ou petit, strict ou nonchalant, à la française ou à la japonaise... Les techniques de recyclage s’appliquent partout. Recycler est une façon de penser et de travailler. Dans chaque jardin, des organismes vivants convertissent tout ce qui est mort et meurt en briques pour construire une vie nouvelle. Celui qui collabore aura moins de soucis et y prospérera. J’ai souvent écrit que, pour beaucoup de gens, le jardinage permet de se libérer dans la terre des tensions et des émotions quotidiennes. Instinctivement, ils sentent que le sol possède une énergie vitale. Les jardiniers du recyclage regardent la nature. Ils se rendent compte que c’est elle leur

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Un simple chemin d’herbe. S’il est fréquemment utilisé, il vaut mieux le remplacer par un sentier de bois broyé qui ne change pas et n’a pas besoin d’être tondu.

meilleur professeur. Ils savent que les plantes à grandes feuilles aiment l’ombre mais que celles à feuilles grises demandent presque toujours du soleil. Les jardiniers expérimentés plantent des haies d’essences locales et veillent à ce que leur jardin se fonde dans le paysage sans soudure.

Le résultat d’un processus palpitant — Dans la nature, tout tend vers l’entropie : les rochers se décomposent en grains de sable et le matériau organique retourne à l’état de CO2, le dioxyde de carbone. L’entropie, c’est le chaos, et ce n’est pas par hasard que le mot « gaz » est dérivé de ce mot latin. Les molécules de substances organiques comme la cellulose et la lignine ont une structure complexe. Ce sont des

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molécules à haute valeur ajoutée. La photosynthèse et d’autres efforts fournis par la plante génèrent cet état. La combustion d’un matériau organique, comme le bois contenant principalement ces deux substances, décompose ces molécules à un rythme effréné. L’énergie est libérée sous forme de chaleur et la matière utile se dégrade en gaz et en cendres. Ensuite, le gaz et les cendres sont rapidement et irrévocablement engloutis dans le chaos. C’est une honte !

Au lieu de brûler le bois et les résidus, ceux-ci peuvent être gérés de façon durable. Nous reportons ainsi la transformation des matériaux organiques le plus longtemps possible. Nous laissons ainsi des organismes participer à la décomposition tout en les laissant profiter de l’énergie (solaire) et des éléments nutritifs stockés.

Aperçu des matériaux et des techniques de recyclage Nous partons ici des matériaux du jardin encore trop souvent considérés comme des déchets.

Grâce à diverses techniques, ils peuvent être parfaitement réutilisés et inspirer les esprits créatifs. Les chiffres renvoient aux pages où un chapitre commence ou à celles où vous trouverez des infos spécifiques.

TECHNIQUES DE RECYCLAGE

MATÉRIAUX compost

mulch

tonte 21

29 71

28 62

bois taillé 37

38 42 44 46 71

46 58 62

feuilles et aiguilles 61

61 71

62

déchets végétaux du jardin et du potager 71

71 62 71

78 93 99

déchets de fruits et légumes de la cuisine 107

71 107

gravats 119

bois broyé

poules

traitement créatif

entretien adapté

projet de jardin adapté

choix des plantes adapté

tondeuse mulcheuse 26

prairie fleurie 31 - 35 pré de fauche 31 - 35 couvre-sol 22 larges bordures 30, 67

herbe à croissance lente 24

mur de branches 54 paroi de bois broyé 54 ornements 51 chemin de rondins 57 pas japonais 57 écran tressé 52 support pour grimpantes 49 tuteur 49

autre taille 41

distance de plantation 39

bonne plante au bon endroit

69 111

paroi de feuilles 68

couverture pour l’hiver 69

feuilles se décomposant lentement 61

92 111

pièces pour décors

pour les oiseaux

bonne plante au bon endroit

30 111

46

80

arbres et arbustes restant petits 39 haies à croissance lente 40, 42 haies sauvages 42

111

hôtel pour petits animaux 125

rocaille 119, 121 spirale d'herbes

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> Le sol vit

nismes apportent des enzymes ramollissant le matériau pour que les vers puissent l’engloutir et

Des trillions d’organismes effectuent des travaux

creuser des galeries. Les grands transportent les

de terrassement en permanence. Sur et dans

petits. Des carabes mangent des mille-pattes qui

le sol, règne un affairement ordonné que nous

avaient dévoré des collemboles qui avaient dé-

connaissons bien et en même temps peu. Tout

gusté des moisissures décomposant le bois. C’est

jardinier dispose d’un nombre infini d’ouvriers.

un monde à part.

Dans chaque cuiller à café de sol fertile, ceux-ci fourmillent par millions. Ils sont petits et laids,

Dans le monde des décomposeurs, les animaux

et pourtant ce sont eux qui assurent la beauté de

microscopiques, les moisissures, les bactéries et

l’écosystème. Les particules du sol sont grigno-

autres créatures fourmillantes antipathiques ne

tées puis d’autres passent à l’attaque et libèrent

sont pas ou fort peu visibles à l’œil nu. Ils sont

des nitrates et des phosphates. Des mucilages

aussi silencieux. Ils décomposent des plantes et

bactériens, des filaments mycéliens et du mucus

d’autres matériaux organiques pour en faire des

intestinal de vers et d’autres créatures s’occupent

briques pour la construction d’un monde sain.

de la cohésion des particules. Des micro-orga-

En fait, nous pourrions les appeler « organismes

Dans un coin ombragé, des clavaires décoratives se nichent spontanément dans un petit lit de fragments de bois.

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recycleurs » car ils détruisent des feuilles, des

ne sont pas plus sympathiques. Il nous faut de

fragments de bois et des déchets végétaux pour

l’imagination pour apprendre à les aimer. Nous

créer une nouvelle vie.

pourrions les décrire comme des bêcheurs et

Tous entretiennent les processus naturels qui

des goinfres insatiables ou des mineurs creu-

rendent la peau extrafine de la terre si attrayante

sant des galeries pour atteindre leur nourriture

pour les humains. Pas de champs, de prairies

préférée. Chacun de nous peut compléter ou

ni de bois onduleux, pas de broussailles surpre-

élargir ce monde de fantaisie pour en faire une

nantes ni de pentes impétueuses sans leur tra-

histoire d’épouvante. Ou le couvrir du manteau

vail inestimable. Et ces processus restent encore

de l’amour. Les créatures du sol, les moisissures

souvent incompris. Nous avons des outils comme

et les bactéries font partie de notre existence.

des microscopes et des techniques scientifiques.

Elles aussi veillent à ce que notre monde soit ce

Ceux qui étudient ce monde de lilliputiens et

qu’il est : un monde vert fabuleux qui tire du sol

découvrent peu à peu leur aspect, leurs tâches

fertile des dizaines de milliers d’espèces d’arbres,

spécifiques et leurs liens nous transmettent leurs

arbustes et herbes. Elles offrent aussi aux cham-

connaissances. Il s’agit souvent de devinettes ou

pignons et aux mousses une chance de vivre.

d’empirisme sans connaître ou comprendre les

Elles sont à leur tour de la nourriture, un milieu

processus sous-jacents et les acteurs. Quand nos

et un refuge pour un nombre infini d’insectes, de

yeux nous lâchent, il nous reste l’imagination et

poissons et d’animaux supérieurs.

quand notre savoir est insuffisant, nous sommes sauvés par une ultime bouée de sauvetage : la fantaisie. Très fréquemment, c’est elle qui a mis les savants sur une nouvelle voie étonnante leur

Les cloportes et les vers de terre font partie des plus grands organismes fouisseurs de notre sol. Dans la couche d’humus, ils grignotent et aspirent des restes végétaux déjà partiellement décomposés par les enzymes de bactéries et de moisissures.

permettant de résoudre une autre énigme. Les mystères sont comme les bactéries : ils se multiplient à une vitesse ahurissante pour en créer de nouveaux. Il est probable que, selon nos normes, le monde de ces petites bêtes est loin d’être attrayant. Les plus grands comme les cloportes et les vers de terre participant à la décomposition

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Avec tous nos remerciements à Vincent Gobbe, coprésident du Comité Jean Pain ASBL.

www.racine.be Ce livre a été réalisé avec le soutien de l’asbl Comité Jean Pain.

Texte : Ivo Pauwels et VLACO vzw Photographies : Ivo Pauwels, Lobke Peers, VLACO vzw Photographies de couverture : avant : Thinkstock – arrière : Ivo Pauwels Traduction du néerlandais : Nicole Halleux Toutes reproductions ou adaptations d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit réservées pour tous pays. © Éditions Racine, 2016 Tour et Taxis, Entrepôt royal 86C, avenue du Port, BP 104A − ­­ B - 1000 Bruxelles D. 2016, 6852. 12 Dépôt légal : juin 2016 ISBN 978-2-87386-983-0