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Quand il pleut des prix d’excellence sur nos compatriotes Un Urgent Devoir
from DECEMBER 2020
Quand il pleut des prix d’excellence sur nos compatriotes
Par Max Dorismond
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Ne vous arrive-t-il pas parfois de vous réveiller un matin avec l’envie de pleurer le monde, tant les soubresauts de la vie viennent déranger votre quotidien? En ce samedi matin grisâtre, j’ai eu l’occasion, à mon réveil, de parcourir deux sujets qui sont venus me chercher. Le premier, un éloge funèbre, venu tout droit du cœur d’Eddy Cavé, pour le décès d’un populaire Jérémien, l’inoubliable Joe Bontemps, et le second se révèle être la liste des prix de haute distinction de « L’Ordre des Ingénieurs du Québec » (OIQ), pour ses 100 ans d’existence. Vous vous demandez où est le rapport. Relaxez!Vraiment, ma génération n’avait pas eu le temps et l’occasion de connaître, sous toutes leurs coutures, ces parenthèses enchan-
Pr . Samuel Pierre - Lauréat du Grand Prix d’excellence professionnelle 2020 de l’OIQ

tées. À notre époque, c’était le black-out social. Le temps semblait s’être enroulé sur son socle. Aucun poète, aucun écrivain majeur n’osait se montrer le museau. Aucun artiste d’envergure, à part notre Malou local, ne vint tenter le diable, de peur d’inciter la suspicion des tontons flingueurs. Fermées les écoles de musique! Barricadés les clubs sociaux! On écrivait dans le noir! À preuve, au cours de l’année 2012, pour illustrer cette période obscure, j’avais mis des mots sur les exactions, les crimes et les vertiges, en bariolant le surnom de ma ville dans un article inattendu : « Jérémie - Ne m’appelez plus jamais la Cité des poètes ».
À l’époque, toute forme de vedettariat devait arborer un habit de « gros bleu », un chiffon rouge autour du cou et, surtout, prêter le serment d’allégeance à Papa. Un quidam, qui n’avait pas l’intention d’obtempérer, était condamné à rester bouche cousue et à épouser la couleur des murs qu’il rasait en faisant le mort, jusqu’à son départ vers la capitale, sur la pointe des pieds, pour laisser plus tard le pays et se libérer de ces stéréotypes aliénants, dans un enchevêtrement de souffrances.
Adieu artistes, adieu poètes, adieu créateurs, adieu progressistes, adieu terre natale…. Notre génération mal née était vouée à l’errance. Ces voyages, non désirés, ont permis aux pays d’accueil de
nous découvrir, de nous apprécier et d’utiliser notre potentiel dans leur plan de développement. C’est là qu’est venue me surprendre la liste des gagnants de l’Ordre des Ingénieurs du Québec, (l’OIQ).
Des prix d’excellence pour des congénères perdus à jamais pour Haïti
Nullement surpris, pour le 1er lauréat des lauréats de la fameuse liste, notre compatriote, le Dr. Samuel Pierre, Professeur titulaire au département de génie informatique et de génie logiciel de Polytechnique Montréal, a décroché la plus haute des distinctions pour les 100 ans de l’OIQ. Mon ami Samuel est déjà honoré par tant d’institutions et tant de pays que je lui ai déjà suggéré, à la blague, « de blinder les murs de sa maison, sinon elle risque d’imploser sous la pression de ses multiples trophées accumulés dans le temps ».
Et l’Université, la fierté émoussée, s’est empressée de rapporter que : « L’Ordre des ingénieurs a souligné que le Pr . Pierre menait, depuis plus de 30 ans, des travaux novateurs qui ont permis de trouver des solutions originales à des problèmes de grande complexité, par exemple la réduction de l’impact écologique des systèmes infonuagiques. Ces travaux ont été accomplis en collaboration avec des collègues de Polytechnique Montréal et avec des entreprises, des institutions gouvernementales et des administrations municipales.
L’OIQ a mentionné également que les réalisations du Pr. Samuel Pierre lui ont valu de nombreuses distinctions, dont le « Prix Mohamed El Fasi de l’Agence universitaire de la Francophonie » qui récompense l’ensemble de l’œuvre d’une personnalité dont l’action scientifique a exercé une large influence à l’échelle internationale ».
Deux autres compatriotes, les ingénieurs Patrick Paultre, (Grand Prix d’excellence professionnelle - Université de Sherbrooke) et Suze Youance, (Progression des femmes dans la profession – École de technologie supérieure), ont été des finalistes parmi des centaines et des centaines de candidats.Entre nous, disons-le tout bas, ces congénères choyés, dorlotés par le pays d’accueil, est-ce pour leurs beaux yeux ou pour leur teint noir qui contraste avec la blancheur de sa neige. Loin de ces puériles pensées, ce qui intéresse avant tout ce dernier, c’est la supériorité de leur esprit, leur ardeur à la tâche, etc… Quitte à ce que, demain, ces nations bénéficiaires se montrent condescendantes pour nous enfumer de leur supériorité surfaite et du mépris, émanant de leur instinct colonialiste, qui reprendra le dessus, en oubliant volontairement que les enfants du « Shithole » avaient contribué à les catapulter au palmarès du progrès et de la science.
Entretemps, chez-nous, l’expression « Esprit supérieur » est banni du vocabulaire des dirigeants. C’est le népotisme à plein nez… la Familia a une patrie…, le club, les petits amis demeurent le pivot des choix. Et la formule fraternelle vient cimenter le serment du clan : « Graté dom, ma graté dow. Cé kolonn ki batt! ». D’où la fuite des cerveaux de « l’Égypte des pharaons », le corollaire de cet état de fait, qui vient confirmer la cause fondamentale de notre sous-développement chronique.
Pour les survivants, qui résistent malgré eux, il faut consentir à jouer le jeu du « pwen fè pa », dans une ambiance délétère, qui finira par faire tourner les têtes et susciter des vocations de corrompus de génie. Malgré ce sombre tableau, certains optimistes trouvent encore le courage et la force de penser à la rédemption et à l’émergence d’Haïti, un jour venu.
Allons donc, amis! Continuons de rêver, les yeux ouverts! Pendant ce temps, les pays d’accueil laissent leurs portes grandes ouvertes pour siphonner nos surdoués sans rien nous offrir en retour. Imbécil ki bay, sôtt ki pa ramassé!
Max Dorismond mx20005@yahoo.ca
Note
1 – Le texte de l’Université : https://www.polymtl.ca/carrefouractualite/nouvelles/le-professeursamuel-pierre-laureat-du-grandprix-dexcellence-professionnelle2020-de-loiq
2 – Liste des récipiendaires : https://www.oiq.qc.ca/fr/jeSuis/ membre/prixDistinctions/Pages/ soiree-excellence-prix.aspx
Un Urgent Devoir Patriotique : Refaire l’Union Sacrée des Haïtiens
Par Parnell Duverger[1]
Nous le savons tous. Le 12 janvier 2010 devra mar quer le début d’une nouvelle ère dans la manière de vivre des Haïtiens. Individuellement et collectivement, nous devons désormais tout mettre en œuvre pour réaliser dans la vie quotidienne de nos concitoyens, de notre jeunesse en particulier, le rêve Haïtien de liberté qui galvanisa toutes les énergies de nos pères et mères fondateurs, pour la création de notre patrie, sur un territoire qui est encore nôtre et qui témoigne depuis 206 ans de notre destin commun.
Nous savons tous aujourd’hui, qu’il n’existera jamais de société de libertés en Haïti, sans une croissance économique continuelle qui offre à chacun de nous des opportunités égales d’un développement humain et personnel à la mesure de nos rêves et talents individuels, sans la prospérité économique et une accumulation de richesses qui affranchissent toute la population de notre pays des terribles affres de la pauvreté généralisée, sans un aménagement harmonieux de notre territoire national qui assure la participation de toutes nos régions au développement économique national, sans la démocratie représentative et les autres institutions de la liberté qui garantissent le plein exercice des libertés individuelles, et de la liberté économique en particulier, sans l’administration impartiale de la justice qui protège les droits et l’égalité de tous nos citoyens devant la loi, et contre les abus et excès des gouvernements dictatoriaux et prédateurs, corrompus, violents et meurtriers qui ne s’appliquent qu’à assassiner nos rêves individuels de liberté dans la prospérité, sans une refondation de l’état haïtien, enfin, pour une culture de liberté et un leadership d’exécution[2], vers l’atteinte d’une efficacité toujours croissante et d’une efficience optimale dans la réalisation d’objectifs nationaux choisis librement par les hommes et femmes de notre pays, par des moyens démocratiques éprouvés et sans taches.
Nous savons tous également que cette vision d’une Haïti libre, prospère et moderne ne sera réalisable que si nous rejetons résolument les préjugés ignobles qui séparent encore nos élites des masses paysannes et périurbaines que nous condamnons à une pauvreté abjecte, qui est à la fois notre honte nationale et la honte de notre hémisphère, ainsi que cette corruption systémique qui ronge notre société et prive nos jeunes de tout espoir de meilleurs lendemains dans la pratique des valeurs transcendantales qui ennoblissent les gens de bien.
Nous savons tous enfin, que, pour vivre ensemble et construire ensemble, il nous faut enterrer nos divisions et refaire l’union sacrée de tous les Haïtiens, vers la reconquête de notre dignité nationale enfouie sous les décombres d’une indépendance saccagée par les séismes de nos égarements et de nos égoïsmes. Partout en Haïti et dans notre diaspora, des voix s’élèvent aujourd’hui pour dénoncer l’incompétence et la corruption qui conduisent encore à sa perte la population sinistrée de notre pays. Unissons ces voix pour l’accomplissement du plus grand devoir patriotique qui nous interpelle tous, individuellement et collectivement : refaire et chérir l’union sacrée de tous les Haïtiens, qui, comme en 1804, permettra à notre pays d’étonner encore le monde entier par sa réalisation d’un miracle économique sans précédent.
Parnell Duverger
parnell.duverger@gmail.com Chairman Omega World News Chairman & CEO Louverture Center for Freedom & Development Centre Louverture pour la Liberté et le Développement Article publié le 21 Mars 2010
NOTES
[1] An adjunct professor of economics, Parnell Duverger is also the Chairman of the Louverture Center for Freedom and Development, a Public Policy, Research, and Service Institution of the Haitian Community of South Florida, ex CEO of Omega Military Consultant Economic Division. Professor Duverger was the recipient of the 2004-2005 Professor of the Year Award for Excellence in Teaching at Broward College (formerly Broward Community College), Willis Holcombe Campus, DowntownFort Lauderdale, Florida.
[2] Durant les années 2004 – 2006, feu le Dr. Gérard Etienne, l’ingénieur et philosophe Ray Killick et le professeur économiste Parnell Duverger, ont articulé ensemble une vision progressiste d’une société haïtienne libre, prospère, inclusive, fraternelle et solidaire, à atteindre par une révolution tranquille favorisant une refondation de l’état Haïtien, une nouvelle culture de liberté et un leadership d’exécution.
Dr. Dougé Barthélémy
Dr. Barthélémy is a member of the DHA Advisory Board. DHA proudly salutes him, in the truest spirit of Jean-Baptiste Pointe DuSable, for his stance for the Haitian cause versus the CDC during the HIV-AIDS pandemic in the 1980’s. We are pleased to pay this tribute to him hereon.
DuSable Heritage Association (DHA)
The COVID-19 frenzy thrusts us back three decades when the world was confronted with the human immunodeficiency virus/Acquired immunodeficiency syndrome (HIV-AIDS) pandemic. At the onset of the disease in the early 1980’s, the Center for Disease Control (CDC) issued a highly controversial classification (dubbed 4 H), which included Haitians as one of four categories identified as carriers of HIV-AIDS. The singularity of this approach was that none of the other 3 categories (hemophiliacs, heroin addicts, homosexuals) had an ethnicity or nationality connotation. This new stereotype dealt a blow to the national psyche and ignited the ire of Haitians from all over the world.
On the medical front, the Haitian Medical Association Abroad /Association Médicale Haïtienne à l'Etranger (AMHE) launched an offensive to force the CDC to remove “Haitians” from its classification. As president of AMHE (1979-1983), Dr. Dougé Barthélémy headed a medical delegation to the CDC in Atlanta to lead the charge against the scientifically flawed identification system. Dr. Barthélémy interfaced with the director of the CDC, Dr. James Curran. He denounced the flimsy grounds of the “Haitians” category and stressed the need for an epistemologically sound identification process and pushed for epidemiological research to better apprehend the origins of the disease and its propagation patterns. From there, a channel of communication opened, and a flurry of interactions followed between the CDC and Haitian HIV-AIDS researchers and clinicians both in Haiti and the US. Ultimately, the CDC dropped “Haitians” from its classification. When Dr. Barthélémy received the call from Dr. Curran announcing the revised classification, the Haitian doctor rejoiced that the Haitian people were vindicated. Yet, the news was bittersweet, as Dr. Curran would not commit to publicly retracting the initial CDC classification via the media. Instead, the Agency decided to do so quietly through its publications.

In the years that followed, discrimination against Haitians went unabated. In March 1990, the Food and Drug Administration (FDA) issued a ban on Haitian blood donation. This ultimate insult sparked the outrage of the Haitian community and led to protests in large US cities. This movement reached its apex in New York City on April 20, 1990: at the behest of community leaders, youth organizations, physicians and healthcare professionals, 100,000+ Haitians from all walks of life marched across Brooklyn Bridge to the FDA office in downtown Manhattan to demand that the ban be lifted. This tour de force led the FDA to drop the requirement in short order (May 1990). We felt a necessity to mark this somber
Disparition d’une grande étoile haïtienne

Isaacson Buteau, ce talentueux virtuose, ce chanteur d’opéra classique international, dont la terre entière s’était amourachée, vous dit-il quelque chose ? Ah-Ha, je ne suis nullement étonné. Mais vous connaissez très bien les « yayades1 » de Martelly, par exemple? « Ah, voilà ! J’comprends », pour imiter Maurice Sixto2, avec son accent nasillard.
Chers lecteurs, c’était tout un personnage. Une voix très recherchée de par le monde. Isaacson Buteau a sillonné l’Amérique pour le bonheur de plusieurs admirateurs. Il s’est produit à Miami, Atlanta, Boston, New Jersey et New York. En Floride, il a également remporté plusieurs concours télévisés. Quelques villes européennes tombèrent en pâmoison au son de sa voix.
En décembre 2011, il a été le second ténor haïtien, après Guy Durosier, à fouler les planches du célèbre Carnegie Hall, à New York, dans le cadre des « 120 ans d'Histoire du Centre des Arts de la Scène ». Il a litté-
Isaacson Buteau, ce talentueux chanteur d'opéra haïtien que la Covid-19 nous a ravi
Adios compadre ! Haïti, malgré son insouciance, se souviendra longtemps de toi. Adios compadre ! Haïti, malgré son insouciance, se souviendra longtemps de toi.
ralement incendié les vide. Les titulaires choisis ignorent Max Dorismond Mx20005@yahoo.cacœurs et les esprits jusqu’à la vocation de leur boîte et ne de ceux et de celles voient pas la nécessité de pousser nos qui l’ont vu et en- vedettes au firmament de la scène intendu, aussi bien ternationale, pour porter certains idiots dans ses interpréta- à jeter un coup d’œil autour d’eux tions des œu-vres de avant de nous traiter de pays de merde. Verdi et de Puccini. Il Isaacson est parti, en nous léguant était habité par un une discographie assez singulière. Vous amour absolu de la musique. pouvez retrouver facilement certains
Né aux Cayes en février 1973, il a émigré aux de ces échantillons sur DVD. Je vous USA en 1993, où il a poursuivi des études en conseille de l’écouter dans « Nessun musique (le chant), à Miami Music Works et à Dorma » (Que nul ne dorme), un air l'Université de Miami. Jouant aisément du piano pour ténor, tiré de l’opéra Turandot de et de la guitare, polyglotte, il s’exprimait couram- Puccini, et vous m’en direz tant. ment en anglais, français, espagnol, portugais et Pour un dernier hommage à ce comen italien, à part sa langue maternelle, le créole patriote hors du commun, qui vient de haïtien. tirer sa révérence au mois d’octobre
Atteint par le fatal coronavirus, il n’a pas pu 2020, écoutons l’adieu de l’animateur résister et est parti doucement, laissant, de sa voix Valerio Saint-Louis, sur les ondes de mélodieuse, simplement, l’écho d’un silence de ca- Tele Image, à Miami, en cliquant sur thédrale noyé dans le chagrin de ses proches et la vidéo suivante. Pour ceux qui de ses fans. n’avaient jamais entendu Isaacson,
C’est une réalité indéniable, nous ne faisons vous aurez l’occasion de faire la conque passer. Mais, il est de ces pertes qui nous fra- naissance de cette voix chaleureuse et cassent le cœur et l’âme au point de se demander: enivrante, qui lui survit grâce à la pourquoi lui ! C’est une question absurde, inhu- magie de l’électronique. maine et irréfléchie. Mais à la perte d’un être cher, il nous arrive souvent de déblatérer, malgré nous, Note loin de toute rationalité, tant l’affliction et la dou- 1 – Yayade : expression créole désignant des leur s’avèrent incommensurables. déhanchements lascifs à connotation sexuelle
Haïti n’avait pas eu la chance d’entendre sou- 2 – Maurice Sixto : Célèbre humoriste haïtien vent le phénomène qu’était Isaacson Buteau, parce que, dans ce pays, la culture est aux vaches. Le Max Dorismond ministère éponyme n’est en fait qu’une coquille Mx20005@yahoo.ca