
5 minute read
Retour à la maison
UNE FAMILLE SOUDÉE
Après des mois de rééducation au CSP, Nico Schmid revient s’installer dans la maison parentale grâce à d’ambitieux travaux de transformation.
Nadja Venetz
Un jour, Nico Schmid a piqué une tête dans le lac. C’était en été 2020, alors que ce charpentier de formation caressait l’idée de quitter la maison. Ce plongeon en eau peu profonde lui a coûté onze mois de rééducation au Centre suisse des paraplégiques. Le jeune tétraplégique et sa famille, soudain confrontés à des défis radicalement différents, ont dû revoir leurs plans: il fallait que le jeune homme de 23 ans puisse revenir vivre chez ses parents.
La maison du bonheur
La maison familiale de Weggis LU, qui surplombe le lac des Quatre-Cantons, a toujours été le centre névralgique de la famille Schmid. «Nous avons acheté la propriété il y a 30 ans et l’avons rénovée à plusieurs reprises en fonction de nos besoins. Nos trois enfants ont grandi ici et même si nos deux filles ont à présent déménagé, elles viennent souvent nous voir. C’est ici que la famille se réunit pour Noël, les anniversaires ou d’autres occasions», confie la mère Elisabeth Schmid qui souligne l’importance de leur foyer.
À aucun moment il n’a été question de déménager. En concertation avec ses parents, Nico Schmid a pris la décision de vivre dans le cadre rassurant de la maison familiale. «Mon entourage m’a aidé à surmonter cette période difficile. Tant de choses ont changé dans ma vie suite à l’accident. Je me suis rendu compte que je me raccrochais à des aspects qui restaient immuables, comme la maison parentale.» Et même si Nico Schmid devait déménager, tout le monde tenait à ce qu’il puisse y venir en visite sans problème.
Des marches à n’en plus finir
La famille a donc décidé d’effectuer des travaux de transformation complexes et de faire appel au Centre construire sans obstacles (CSO). La première prise de contact a eu lieu alors que Nico était encore en rééducation. Une inspection du logement a été organisée avec son ergothérapeute et les architectes du CSO. La situation initiale n’était pas simple. La maison est située sur un terrain en pente dans un quartier qui surplombe légèrement le lac. Un escalier de 25 mètres mène à la maison de trois étages, qui ne dispose d’aucune place de stationnement et recèle elle-même de
Un garage souterrain est construit sous la maison

nombreux escaliers et seuils. Le défi consistait à trouver une solution pour accéder depuis la rue jusqu’au dernier étage de la maison. Un ascenseur unique devait rendre la chose possible.
Après l’inspection, les architectes du CSO ont élaboré un avant-projet qui prévoyait de dégager la pente devant la maison. Un garage souterrain serait construit sous le bâtiment et de là, un ascenseur desservirait tous les étages. «Normalement, un ascenseur permet d’accéder à une propriété dans une extension. Mais à Weggis, la solution nous est apparue sous la forme d’un garage souterrain qui serait relié aux différentes pièces de l’intérieur», explique l’architecte Philipp Pfäffli. Le projet était bien ficelé, mais le financement restait obscur et problématique. L’AI finance «uniquement» les monte-escaliers. Celui-ci aurait été installé à l’extérieur, or cette option ne semblait convenir ni aux architectes ni à la famille. Un monte-escaliers sur un accès aussi long n’est pas une solution confortable, car la personne est exposée au vent et aux intempéries. «Nous ne voulions pas faire ça à Nico», explique son père, Markus Schmid. Et cela n’aurait pas non plus résolu le problème du stationnement.
Financement
Pour pouvoir démarrer les travaux, il fallait obtenir un financement. La famille Schmid a donc déposé une demande auprès de la Fondation suisse pour paraplégiques, le CSO préparant à cette fin de solides bases de décision. La réponse positive pour un préfinancement partiel est arrivée en décembre 2020. Sans ce soutien, le projet n’aurait pu voir le jour. Dans l’intervalle, l’AI a elle aussi rendu sa décision en acceptant de participer aux frais d’installation d’un monte-escaliers. Une fois la question des coûts clarifiée, l’équipe du CSO a pu entamer la planification et obtenir le permis de construire. Une partie de la direction des travaux a été assurée par la famille elle-même, forte d’une grande expérience accumulée au cours des précédentes rénovations. «Pour mon plus grand plaisir», reconnaît Markus Schmid. Les travaux de la maison ont commencé début avril. Sous la maison, un garage souterrain de trois places a été construit de plain-pied
Emménagement
Nico Schmid vit enfin à nouveau chez sa famille



sur la rue. De là, un ascenseur dessert tous les étages. Une lucarne de toit a été posée pour permettre son installation. La salle de bains est accessible en fauteuil roulant et le coin terrasse à l’extérieur est lui aussi sans obstacles. Les nombreux seuils ont tous été supprimés.
«J’ai mon propre étage à moi, avec une salle de bain spacieuse et mon propre salon où je peux passer du temps avec mes amis. Ainsi, je suis autonome, même si je vis chez mes parents», résume Nico, impatient d’emménager. «Notre colocation à trois se passait déjà très bien avant l’accident de Nico», fait remarquer Markus Schmid. La vie au quotidien sera toutefois différente. Bien que l’ASD prenne en charge une partie des soins, Nico Schmid dépendra du soutien de ses parents.
S’entraîner à vivre
Entre sa rééducation au CSP et son emménagement à la maison, Nico Schmid a vécu un temps à la para-colocation de Schenkon LU. Il occupait un appartement sans obstacles avec trois autres jeunes en fauteuil roulant. Il recevait de l’aide à chaque fois qu’il en avait besoin. Chacun contribuait au ménage en fonction de ses capacités. Emménager dans la colocation a été un grand pas. Pour la première fois depuis l’accident, il n’était plus pris en charge 24 h sur 24, se souvient le jeune tétraplégique. Il est convaincu qu’il y a beaucoup appris pour vivre de manière autonome. Il prenait régulièrement le bus de Schenkon à Nottwil pour se rendre à la physiothérapie ou à la musculation, ou encore chez ParaWork, où il s’occupait de son avenir professionnel. «C’est chouette de découvrir ce qui est encore possible de faire.» En septembre, lors de notre rencontre, autant Nico que sa famille se faisait une grande joie de ce retour à la maison. «Nous avons vraiment hâte que Nico puisse à nouveau vivre ici, qu’il retrouve ses amis et son environnement familier», se réjouit Markus Schmid, résolument tourné vers l’avenir.
Fin des travaux
À la fin de l’automne, tous les travaux seront terminés. Markus Schmid a trouvé la collaboration avec l’équipe du CSO très positive. «Le conseil et l’accompagnement ont été intensifs et créatifs, d’une grande compétence professionnelle.» Il est persuadé que tout le monde tirera profit des travaux de transformation et ajoute en riant: «Nous non plus, nous ne rajeunissons pas.»
Découvrez dans nos courts-métrages les travaux de transformation et l’emménagement de Nico Schmid dans sa nouvelle maison.