Paracontact f 1/2022

Le magazine de l’Association suisse des paraplégiques I Printemps 2022

Parler

même des pensées les plus sombres

En toute franchise: Je craignais un impact sur ma vie sociale.

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ÉDITORIAL

Chères lectrices, chers lecteurs, On peut et on doit aborder chaque sujet sous des angles différents. Cela nécessite un débat controversé, et c’est précisément la vocation que nous voulons donner à la revue Paracontact, pour qu’elle soit un champ de discussions. La critique cons­tructive faisant partie de notre culture, nous avons donné la parole à l’association Parawatch avec laquelle nous avions, jusqu’à récemment, des difficultés à dialoguer en raison de nos divergences de vues. Je suis heureux que nous cher­chions désormais d’autres voies. Pour moi, l’entretien avec Josef Jakober et Peter Landis était intéressant et riche – j’espère qu’en lisant l’interview, vous serez du même avis.

Nous avons également profité d’un échange franc et constructif lors des 18 ateliers réunissant une trentaine de membres de l’ASP, de représentant·e·s des CFR ou de membres du comité.

Leur envie de participer à la construction de l’avenir de notre association était palpable. Vous trouverez un aperçu des thèmes dont ils et elles ont discuté à la page 11. À la fin de l’année dernière, nous avons pu fêter une importante victoire juridi­ que. Le Tribunal fédéral a accepté notre recours et décidé que les assurances-­ Paracontact I Printemps 2022

accidents devaient participer de manière significative aux coûts des soins de base ambulatoires, en plus de l’allocation pour impotent. Il s’agit d’un arrêt de principe qui doit être publié, ce qui souligne l’importance de sa portée. Toutes nos félicitations à l’équipe de Biel/Bienne!

«Arrêt d’une portée majeure» En 2022, nous souhaitons vous rencontrer en personne. La Fête centrale qui se tiendra à Neuchâtel le 27 août 2022 en sera l’occasion. Y seront aussi invité·e·s les sportives et sportifs du Giro Suisse, le tour inclusif en handbike, organisé pour la troisième fois.

Nous parlerons beaucoup de sport durant les prochaines semaines. Sport suisse en fauteuil roulant accompagnera les athlètes aux Jeux Paralympiques d’hiver qui au­ront lieu à Pékin du 4 au 13 mars 2022. Je souhaite à la délégation beaucoup de victoires et à vous, une lecture passionnante.

Cordialement,

Laurent Prince, Directeur 3

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Switzerland / FR

IMPRESSUM

SOMMAIRE

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Édition Association suisse des paraplégiques Kantonsstrasse 40, CH-6207 Nottwil Tél. 041 939 54 00, e-mail spv@spv.ch www.spv.ch Rédactrice en cheffe Evelyn Schmid Rédaction Laurent Prince, Gabi Bucher, Nadja Venetz, Felix Schärer, Roger Getzmann, Daniela Vozza, Michael Bütikofer, Tina Achermann Traduction Sonia Bretteville, Elvire De Tomi Coordination, graphisme, annonces Andrea Di Bilio-Waldispühl, Tina Achermann Photos ASP, FSP, Couverture FSP, Adobe Stock, CFRVR, SRF/Valeriano Di Domenico, P. Kern, Stanserhorn, Gössi Carreisen AG, Geni Bissig, Swincar, Stiftung Denk an mich, Swiss Paralympic/Goran Basic/Gaetan Bally/Gabriel Monnet/Nicolai Morawitz, Silke Pan, SEATRAC, «EnableMe», Fondation MOVE Impression Brunner Medien AG, www.bag.ch Dernier délai de rédaction du prochain numéro: Édition été 2022: close Édition automne 2022: 18.5.2022 Tirage 8100 exemplaires en allemand 4250 exemplaires en français Nous utilisons une écriture inclusive, mais devons parfois adopter la forme féminine ou masculine sans discrimination de genre, afin d’alléger le texte.

Les articles publiés sont protégés par le droit d’auteur. Toute reproduction nécessite l’accord explicite de la rédaction. L’opinion des auteurs externes ne reflète pas toujours celle de la rédaction. La rédaction n’est pas tenue de publier les articles non sollicités.

Paracontact I Printemps 2022

AVANCER ACTUALITÉS 6 SUR LE MARCHÉ DU LIVRE Quatre couvertures de livre pour la paralysie médullaire 8 ÉCLAIRAGE Ordonnance AI 9 DÉVELOPPEMENT STRATÉGIQUE Les objectifs sont fixés 11 ENGAGEMENT BÉNÉVOLE L’ASP met les bénévoles à l’honneur 12 CONSEILS VIE PENSÉES SUICIDAIRES Quand tout devient trop lourd PENSIERI SUICIDI Quando tutto diventa troppo CONSEIL ENDETTEMENT Sortir de l’endettement CONSEILS JURIDIQUES ASSURANCES SOCIALES Aspects assécurologiques d’une tentative de suicide MÉDECINE ET SCIENCES UROLOGIE Du courant pour la vessie

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CONSTRUIRE SANS OBSTACLES RÉACTIONS Nos client·e·s ont la parole 24

LOISIRS IDÉE D’EXCURSION S’évader du quotidien 26 LOISIRS EN BREF 28 EN VOYAGE AU KENYA Une étape d’un tour du monde 29 DES ÎLES SANS OBSTACLES Une parenthèse enchantée 30 TOUR EN SWINCAR Le seigneur des sentiers 32 LOISIRS POUR TOUS L’intégration par le jeu 33 SPORT EN FAUTEUIL ROULANT PARALYMPICS Beijing 2022 34 LE SPORT EN BREF 36 RETRAITES Deux athlètes quittent le sport 38 ARMÉE SUISSE Première recrue en fauteuil roulant 39 COURS POUR LES ENFANTS Le bonheur d’Aaron 40 SALLE DE SPORT DU CSP Un nouveau foyer 43 GROS PLAN DIVERS 44 L’ENTRETIEN L’association Parawatch 46 NOS ALLIÉS·E·S Rita, l’insurpassable À VOS CÔTÉS Yvonne Rölli

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RUBRIK ACTUALITÉS

L’ÉCHO DES CLUBS

CFR Valais romand

Sport et loisirs en fauteuil roulant Les départements «Culture et loisirs» et «Sport en fauteuil roulant» ont fusionné le 1er janvier pour devenir «Sport et loisirs en fauteuil roulant» (SLFR). Pour les membres, rien ne change. Ils peuvent continuer à bénéficier de nos offres en s’adressant à leurs interlocuteurs et inter­ locutrices habituel·le·s.

Le club en fauteuil roulant Valais romand a vécu un automne riche en événements.

En octobre, ses membres ont eu le privilège de visiter la réserve du Musée d’art du Valais, qui n’est normalement pas accessible au public. En novembre, le club a organisé une journée d’initiation à l’escrime en fauteuil roulant, en coopération avec la société d’escri­me de Sion, où les membres du CFR peuvent s’entraîner régulièrement depuis le début de l’année 2022. Enfin, le 11 décem­bre, le club a organisé un dîner de gala à l’occasion de son 25e (+1) anniversaire. Le spectacle de l’illusionniste et mentaliste Julien Sonjon a enchanté les convives.

ASP

Photos et vidéos www.cfrvr.ch

La fusion permet toutefois, au sein de l’organisation, d’unir les forces, d’exploiter les synergies et de rendre le travail plus efficace. Le chef du dé­partement est Roger Getzmann.

NOUVEAU PERSONNEL

Monserrat Thalmann

Valery Vangen

Bernhard Hug

Depuis 2022, Monserrat Thalmann met son savoir et son sens de l’organisation au service de l’agence de voyages de l’ASP. Elle a suivi sa formation commerciale chez ATE Voyages et a ensuite travaillé dans différentes sociétés.

Ces dernières années, elle a assumé le rôle de gestionnaire de famille dans sa propre exploitation agricole tout en présidant une commission de formation.

Depuis novembre 2021, Valery Vangen est chargée de la coordination des projets sportifs et de loisirs. Après sa formation d’employée de commerce, elle a travaillé cinq ans au service commercial de la société SFS. De retour d’un voyage de six mois aux États-Unis, elle s’investit désormais pour l’ASP.

Depuis début février, Bernhard Hug est responsable de trois disciplines sportives (ski alpin, escrime et handbike) au sein de la division Sport de compétition. Entraîneur diplômé et scientifique du sport, il a dernièrement travaillé au CAS en tant que chef du sport de compétition et entraîneur national des courses de ski-alpinisme.

Single tracks Vététiste passionnée, la Lucernoise dévale tous les sentiers étroits et les pentes raides, sans crainte des cailloux, racines ou nids de poule. Elle préfère dormir dans son van que dans un hôtel de luxe.

Sport Il dit avoir besoin du sport comme de l’air qu’il respire. Athlète de haut niveau pendant 25 ans dans différents sports d’endurance, il pratique aujourd’hui le sport pour le plaisir. Il est aussi vigneron amateur, il cultive un jardin et aime cuisiner.

Spécialiste des voyages

Envie de découverte Que ce soit lors d’une randonnée en famille ou en voyage en camping-car, Monserrat Thalmann aime faire des découvertes. Elle se détend en jardinant.

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Cheffe de projets

Manager du sport

Paracontact I Printemps 2022

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RÉACTION

Campagne FSP

Merci Paracontact!

Incontournable en Suisse alémanique, la Fondation suisse pour paraplégiques (FSP) est moins connue en Romandie. Pour augmenter sa notoriété en Romandie, la FSP a conçu une campagne dans laquelle les personnes paralysées médullaires occupent l’espace public.

Grâce à un article paru dans Paracontact, un membre de l’ASP a bénéficié d’un remboursement de la part de l’autorité fiscale.

Le message est clair et im­pactant: «Cela peut arriver à toutes et tous.» Depuis le mois d’octobre et jusqu’à fin décembre, la campagne était présente sur des affiches dans de nombreuses villes de Suisse romande ainsi que sur divers médias en ligne et sur les écrans de transports publics. Cette campagne est appelée à durer dans les années à venir.

LE CHIFFRE

10 000 L’automne dernier, 10 000 stationnements pour personnes en fauteuil roulant ont été enregistrés sur Paramap.

La plateforme numérique, qui est aussi une appli, répertorie les parkings, WC Eurokey, hôtels et distributeurs bancaires accessibles en fauteuil roulant en Suisse. S’agissant d’une production participative, les utilisateurs et utilisatrices peuvent saisir eux-mêmes des emplacements.

Vers la plateforme www.paramap.ch Paracontact I Printemps 2022 2022

VAGUE DES VICTOIRES

Marcel Hug En 2021, Marcel Hug a surfé sur la vague des victoires: il a gagné de nombreuses médailles, signé deux records du monde et reçu plusieurs distinctions.

Marcel Hug est rentré des Jeux Paralympiques de Tokyo avec quatre médailles d’or et un record du monde. Il a triomphé aux marathons de Berlin, Londres et Boston, et a remporté la série Abott World Marathon Majors. Le 21 novembre, l’athlète a réussi un autre coup de maître. Lors du marathon en fauteuil roulant d’Oita au Japon, le Thurgovien a pulvérisé le record du monde, vieux de 22 ans et détenu par Heinz Frei, avec le nouveau meilleur temps de 1:17:47.

Marcel Hug est incontestablement au top de sa forme. En récompense pour ses performances, il a reçu le titre de sportif paralympique 2021 aux «Sports Awards» et quelques jours plus tard, le Comité paralympique international l’a nommé meilleur athlète de l’année. Nous lui adressons toutes nos félicitations pour cette année de folie.

À la fin de l’année, nous avons reçu le courriel d’un lecteur qui nous exprimait sa gratitude. Dans le numéro d’automne, nous avions rendu compte de la décision du Tribunal cantonal tessinois selon laquelle les salarié·e·s ayant un handicap pouvaient dé­duire les frais de transport effectifs de leurs impôts.

Présentant notre article à son administration fiscale, notre abonné a sollicité un reversement et l’a obtenu, car un mon­ tant dépassant la déduction normale des frais de déplacement peut être déduit au titre des frais liés au handicap.

Le membre de l’ASP a ainsi reçu une somme importante.

Nous sommes ravi·e·s que notre revue soit utile.

FÊTE CENTRALE BASKET FAUTEUIL

Rester en ligue Aux CE à Madrid de la mi-décembre 2021, la Suisse a atteint son objectif minimal.

Les basketteurs en fauteuil roulant ont certes réalisé de bonnes performances, mais ils ont manqué de constance. Finalement, l’équipe a dû se contenter de la 10e place après cinq défaites et deux victoires. Ce classement lui permet toutefois de rester dans la division A, la plus haute ligue.

27 août 2022 Nous espérons vivement pouvoir célébrer avec vous notre Fête centrale le 27 août 2022.

L’événement aura probablement lieu à Neuchâtel et coïncidera avec l’arrivée du Giro Suisse qui fera partie des festivités. Le club en fauteuil roulant de Neuchâtel s’occupera de l’organisation. Réservez d’ores et déjà cette date.

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AVANCER

NOUVEAUTÉ SUR LE MARCHÉ DU LIVRE

Quatre couvertures de livre pour la paralysie médullaire Au cours de sa longue carrière au sein du Groupe suisse pour paraplégiques, Hans Georg Koch a acquis de vastes connaissances sur la paralysie médullaire qu’il explique désormais de manière compréhensible en deux tomes avec Veronika Geng.

Gabi Bucher

Beaucoup le connaissent du temps où il était médecin-chef au CSP, puis chef du transfert de connaissances appliqué à l’ASP. Si l’on avait besoin d’une information sur un diagnostic, de documents pour un travail de fin d’études ou de l’évaluation d’un certificat médical, on s’entendait dire: «va voir Hans Georg». En sa qualité de docteur, Hans répondait à toutes les questions possi­ bles sur le site «community.paraplegie.ch».

Il s’aperçut ainsi que les gens voulaient des explications compréhensibles pour leurs problèmes. Un manuel clair devait être mis à la disposition de tous ceux et celles qui désiraient en savoir plus sur la paralysie mé­dullaire: personnes concernées, proches, en­seignant·e·s, étudiant·e·s, etc.

Logiciel et matériel La fondation Manfred Sauer à Lobbach, en Allemagne, s’est chargée de l’illustration, de

la mise en page et de la fabrication. Manfred Sauer avait alors déclaré: «Monsieur Koch, vous fournissez le logiciel, je fournis le ma­ tériel.» D’une poignée de main, le projet avait été scellé. C’est ainsi que commença le travail sur l’ouvrage «Querschnittläh­ mung verständlich erklärt». Veronika Geng, spécialiste en sciences infirmières, qui travaille depuis 2006 à la fondation Manfred Sauer en tant que cheffe du Centre de con­ seil en nutrition, s’est occupée des aspects relatifs aux soins. Hans Georg Koch était ravi de la collaboration avec Veronika, car ils s’étaient beaucoup investis ensemble dans le développement initial du Centre suisse des paraplégiques.

Beaucoup d’enthousiasme «Dans mon enthousiasme, j’ai vu un peu trop grand», avoue Hans Georg Koch en riant. «J’ai commencé par décrire une cellule nerveuse, comment se forme le tissu nerveux et comment elle communique avec d’autres cellules. J’ai ensuite expliqué comment se cré­ent le cerveau et la moelle épinière et comment la paralysie médullaire sur­ vient.» Après avoir donné les 100 premières pages à lire à différentes personnes, celles-ci lui ont répondu: «Si tu veux que ce livre soit lu, il ne faut pas que tu commences par la physiologie cellulaire, mais par la paralysie médullaire.» Hans Georg Koch a donc revu l’ensemble de son concept.

Des textes ont dû être modifiés, raccourcis ou coupés, des références ont dû être ajoutées. Tout cela prit beaucoup de temps. Ensuite, Manfred Sauer eut entre les mains 8

une première ébauche, ou du moins il essaya, car il déclara à la surprise générale: «Ce livre est beaucoup trop lourd pour mes mains de tétra!» On s’efforça donc de répar­ tir le contenu sur deux volumes. Le tome 1 contient désormais les bases médicales, le tome 2 traite de la vie avec une paralysie médullaire sous toutes ses facettes.

Comme si cela ne suffisait pas, l’impression des livres fut encore retardée par la fermeture de l’imprimerie pour cause de coronavirus, puis par la pénurie de papier et, enfin, par celle du carton nécessaire à la fabrication de la couverture. Mais aujourd’hui, les deux volumes sont enfin disponibles. «Nous n’avons pas la prétention d’être exhaustifs», explique l’auteur, «il s’agit avant tout de thèmes qui ont été abordés de manière récurrente.» Il avait encore beau­coup d’idées en réserve, dit-il en souriant. On le croit volontiers: sa passion, son engagement et son plaisir à transmettre sa riche expérience sont presque palpables!

COMMANDER Les deux livres en allemand «Querschnitt­lähmung verständlich erklärt» sont en vente à l’ASP, par téléphone au 041 939 54 00, par courriel à l’adresse spv@spv.ch ou sur place.

Prix: CHF 65.–/double volume (hors frais d’envoi de CHF 10.–)

Paracontact I Printemps 2022

AVANCER

ÉCLAIRAGE

Ordonnance AI En novembre 2021, le Conseil fédéral a adopté la révision de l’Ordonnance AI. Or toutes les revendications des organisations de personnes handicapées n’ont pas été prises en compte. Petra Kern, cheffe des Assurances sociales chez Inclusion Handicap, nous explique les points critiques.

Nadja Venetz

Quels sont les aspects critiqués par Inclusion Handicap?

Nous ne sommes pas d’accord surtout sur deux points, le premier étant la procédure d’attribution d’expertises monodisciplinaires de l’AI, c’est-à-dire d’expertises basées sur une seule discipline médicale. Les expertises médicales sont décisives pour évaluer la capacité de travail des personnes handicapées et, par là RÉVISION DE L’AI Durant l’été 2020, le Parlement a adopté la révision de la Loi fédérale sur l’assurance-­ invalidité (LAI). Fin 2020, le Conseil fédéral a mis en con­ sultation les dispositions de l’ordonnance qui en découlent.

Toutes les organisations de personnes handicapées ont été invitées à soumettre leur avis sur ces dispositions d’ordonnance avant le printemps 2021. L’ASP a aussi pris position à ce sujet (voir Paracon­ tact Été 2021). Le Conseil fédéral a ensuite fait des corrections là où il le jugeait néces­saire. La loi et les ordonnances révisées sont entrées en vigueur au 1er janvier 2022.

Nous avions traité de l’une des principales nouveautés dans le Paracontact Hiver 2021, p. 16.

Paracontact I Printemps 2022

même, l’octroi d’une rente AI. C’est pourquoi il est essentiel que la procédure d’attri­ bution soit juste et que les expert·e·s travaillent de ma­ ­nière équitable et sérieu­se.

La pratique décidée par le Con­ ­seil fédéral est présentée comme une procédure de conciliation, mais ce n’en est pas véritablement une. Le second point concerne la détermination du reve­ ­nu que les assuré·e·s peuvent encore obtenir avec leur handicap, et donc le calcul de l’invalidité. Nous critiquons le fait que l’on continue à s’en tenir aux valeurs statisti­ ques existantes à ce jour, issues de l’enquête sur la structure des salaires (ESS), les fameuses échelles de salaires.

Qu’est-ce que cela signifie pour les personnes concernées?

Face à l’ordonnance d’une expertise mono­ disciplinaire de l’AI, la personne assurée ne doit pas hésiter à s’opposer activement à l’expert·e proposé·e. Si l’on désigne quel­ qu’un, l’assuré·e doit avoir son mot à dire.

Alors seulement, cela devient une procédure de conciliation. Une démarche que beaucoup n’oseront pas entreprendre.

Le problème des grilles salariales est qu’el­ les reflètent le niveau de salaire des person­ nes en bonne santé et surestiment systématiquement les possibilités de revenu des personnes handicapées. Or, dans de nombreux cas, ces barèmes sont déterminants pour calculer l’invalidité et donc pour éva­ luer les droits à une reconversion ou à une rente AI. Il en résulte souvent des degrés d’invalidité trop faibles, pour lesquels au-

cune reconversion n’est accordée, ou une rente trop basse, voire l’absence pure et simple de rente. Avec l’introduction du sys­ tème de rentes linéaire, il devient encore plus important de bien calculer le degré d’in­validité car une estimation de l’invalidité en décalage avec la réalité se répercute de manière encore plus directe qu’avant sur l’allocation des rentes.

Que demande Inclusion Handicap?

Suite à un mandat du Département fédéral de l’intérieur, un rapport a été rédigé sur les expertises médicales au sein de l’AI. Il con­ tient notamment des recommandations relatives à la procédure de conciliation.

Nous demandons à ce que ces dernières soient appliquées. Les personnes assurées doivent pouvoir choisir dès le départ parmi différent·e·s exper­t·e·s proposé·e·s.

Une étude du bureau BASS publiée début 2021 a montré que les échelles de salaires ESS étaient inadaptées pour déterminer le revenu des personnes atteintes d’un handicap. Nous demandons à ce que soient éla­borés le plus rapidement possible des ba­rèmes qui reflètent des possibilités salariales réalistes. Des propositions d’expert·e·s sont disponibles à ce sujet. Elles doivent être prises en compte.

Quelle va être la suite?

Pour la procédure de conciliation, nous mi­ sons sur une amélioration par voie légale.

Le conseiller national Benjamin Roduit a déposé une initiative parlementaire deman­ dant l’application intégrale des recomman­ dations du rapport d’experts lors d’expertises monodisciplinaires de l’AI. 9

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Paracontact I Printemps 2022

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DÉVELOPPEMENT DE LA STRATÉGIE

Les objectifs sont fixés Pendant six mois, trois groupes de travail se sont intensément penchés sur le développement de l’ASP. Les premiers résultats peuvent être communiqués.

Nadja Venetz

Quatre ateliers ont été organisés à l’autom­ne 2020 avec des représentant·e·s des clubs en fauteuil roulant (CFR). Les discus­ sions ont porté sur la manière dont la stratégie de l’ASP pouvait être mise en œuvre.

Les nombreuses idées et propositions exprimées ont ensuite été évaluées et classées par ordre de priorité. Cette classification a permis de former trois groupes de travail (GT), chacun étant chargé d’un thème prio­ ritaire. Le mandat: les GT devaient élaborer des mesures effectives d’ici la fin 2021.

Lors des 18 séances au total, les représentant·e·s des CFR, du comité central et de l’ASP se sont creusé la tête pour forger des objectifs et des projets concrets axés sur leurs souhaits et leurs visions.

GT 1: Renforcer les comités des clubs Le groupe de travail a développé des solutions qui facilitent le travail des membres des comités dans la gestion de leur club. Les CFR ont en effet sollicité une aide pour les décomptes de l’OFAS et les bases administratives (règlements, statuts, etc.) ainsi que des formations et cours adaptés aux besoins des membres des comités. Le groupe de tra­ vail a élaboré 15 mesures puis les a classées par ordre d’urgence et d’importance. Les objectifs les plus pressants et les plus cruciaux seront traités en 2022. Ainsi, les trésorières et trésoriers participeront régulièrement et activement à des cours dont le but est d’apprendre à remplir correctement les documents Excel pour les décomptes de l’OFAS. D’autres dispositions, comme le soutien dans le domaine des médias et des relations publiques ou la formation des nou­veaux membres de comité, seront réalisées au cours de l’année. Les 15 mesures définies visent toutes à permettre aux coParacontact I Printemps 2022

mités des CFR d’accomplir leurs tâches avec compétence. Il en résulte un renforcement durable des clubs.

GT 2: Développement des structures Quelles formes d’adhésion doit proposer l’ASP? Et quel est le rôle des sections? En ré­ fléchissant aux futures structures de l’as­ so­ciation, le groupe de travail a tenté de ré­ pon­dre à ces questions ainsi qu’à d’autres interrogations. Un point a fait l’unanimité: il était nécessaire d’obtenir un conseil externe pour élaborer une solution d’avenir.

Le groupe de travail s’est également penché sur la composition du comité central (CC) et propose de supprimer l’actuel éventail d’exigences pour les membres du CC. De nouvelles procédures doivent être définies afin de recruter les membres du CC davan­ tage en fonction de leurs compétences et de les préparer à leur fonction.

GT 3: Coopération entre l’ASP et les clubs Le troisième groupe de travail a élaboré des propositions visant à renforcer la structure des clubs dans les régions. De plus en plus de voix s’élèvent aux CFR pour alerter sur les difficultés à motiver des gens à travailler dans un comité. L’un des principaux ob­ jectifs du groupe de travail est de mieux communiquer sur le bénévolat pour en faire la promotion et d’aider les clubs à trou­ ver de nouvelles recrues pour leur comité.

Pour ce faire, l’ASP et les clubs doivent se rapprocher, mais le transfert réciproque des connais­san­ces doit également être organisé entre les clubs grâce à des manifestations interrégionales ou à des rencontres virtuelles.

Sur cette base, le groupe de travail a défini onze objectifs dont les plus importants seront mis en œuvre au deuxième trimestre 2022. Ainsi, l’ASP proposera à l’avenir une aide en cas de problème dans la gestion d’un club. Un échange régulier entre la direction de l’ASP et les différents comités de club offre en outre une plateforme permettant d’identifier les défis et de chercher des solutions. Deux guides intitulés «Bénévolat attrayant» et «Conseils pour le manage­ ment des personnes bénévoles» ont aussi été rédigés à l’attention des CFR. Ces deux guides peuvent être demandés au bureau de Nott­wil. Une opération commune est par ailleurs prévue avec tous les membres de comité des CFR à l’occasion de la journée mondiale du bénévolat.

Commander les guides Association suisse des paraplégiques Tél. 041 939 54 00 spv@spv.ch 11

AVANCER

ENGAGEMENT BÉNÉVOLE

Les bénévoles à l’honneur

L’Association suisse des paraplégiques a décerné pour la première fois les Benevol Awards à des personnes qui s’engagent bénévolement depuis des années dans un CFR. Gabi Bucher et Nadja Venetz

Sans le bénévolat, la vie dans les clubs en fauteuil roulant (CFR) de Suisse s’arrêterait. Souvent, c’est loin des feux de la rampe que les personnes bénévoles organisent des excursions, assurent les entraînements ou aident lors de manifestations sportives. À travers les Benevol Awards, l’ASP souhaite récompenser ce travail souvent invisible, mais néanmoins éminemment précieux.

Bénévoles nominé·e·s par les clubs en fauteuil roulant Tous les clubs en fauteuil roulant pouvaient proposer une personne méritant l’Award. Celle-ci devait être membre actif du CFR depuis de nombreuses années et s’investir bénévolement depuis au moins dix ans. Sept personnes ont reçu un prix, parmi lesquelles Adrien Corminboeuf, président et responsable sportif du CFR Fribourg. «C’est une belle reconnaissance à laquelle je ne m’attendais pas. Je fais tout ce travail pour le club par plaisir et pour permettre aux autres de faire quelque chose. J’ai moi-même beaucoup profité de la vie du club dans mes jeunes années», explique-t-il. «Le temps que je consacre au club varie entre 8 et 20 heures par semaine», estime-t-il en précisant que «sans le bénévolat, la vie associative en Suisse s’arrêterait, surtout pour les personnes handicapées, pour lesquelles il faut encore plus de bras.»

Le travail bénévole devrait être davantage mis en avant et mieux valorisé. «Le bénévolat se complexifie car il ne suffit plus de tenir la comptabilité sur une simple feuille Excel. Il faut aussi envoyer des infolettres, rédiger des rapports annuels et gérer le site 12

Internet ainsi que les réseaux sociaux. Cela demande des connaissances particulières et beaucoup de temps. C’est pourquoi nous voulons rendre hommage aux personnes qui s’engagent avec passion et compétence depuis des années», explique Laurent Prince, directeur de l’ASP, pour justifier le lancement des Awards. À l’avenir, le prix sera attribué chaque année.

Lauréates et lauréats

Jérôme Bagnoud CFR Valais Romand, Président

Membre du club depuis sa création en 1995, Jérôme Bagnoud est membre du comité depuis 2009 et président depuis 2012.

Il s’engage au niveau politique en faveur de l’égalité des droits des personnes handicapées et dirige le club avec un énorme dévouement. Il connaît mieux que quiconque les préoccupations des personnes en fauteuil roulant. Les visites dans les écoles, où il sensibilise les jeunes au thème du handicap, lui tiennent à cœur. En outre, il est essentiel à ses yeux que le club puisse proposer des activités attrayantes et adaptées aux personnes en fauteuil roulant. Il rend visite aux membres à l’hôpital et leur dispense de petites attentions. En onze ans, son engagement désintéressé ne s’est jamais démenti et, avec sa vision de l’inclusion des personnes handicapées, le Valaisan est un modèle pour beaucoup.

Adrien Corminboeuf CFR Fribourg, Président et responsable sportif

Adrien Corminboeuf est membre du CFR depuis 1986 et membre actif du comité depuis 2007. Il fut aussi vice-président du club de 2011 à 2021 et le préside depuis 2021. Ces dernières années, il a dû cumuler d’autres postes par intérim au sein du comité. Il organise et entraîne la majorité des activités sportives du club, et est toujours présent lorsqu’il y a quelque chose à faire, quand quelqu’un a besoin d’aide, de conseils ou d’astuces. Il s’occupe de l’entretien des fauteuils de sport et de l’équipement sportif (basket-ball, polysport et handbike). Le sport est très important pour lui. Il fait du polysport et surtout du handbike. En outre, il aime se retrouver le soir avec des amis et regarder des matches de hockey sur glace.

André Deville Membre fondateur RC Zentralschweiz

André Deville fut membre fondateur de l’«Invalidensportclub Luzern» en 1966. Il fut responsable sportif de 1966 à 1974 à Kriens, et en 1967, co-organisateur de la 1ère rencontre de sport en fauteuil roulant Paracontact I Printemps 2022

à Kriens. En 1968, il accompagna cinq sportifs en fauteuil roulant aux Jeux Paralympiques de Tel Aviv. En 1969, il participa à la fondation du RC Kriens (aujourd’hui RC Zentralschweiz), et en 1973, il fut l’initiateur et le conseiller technique de l’organisation du premier championnat de Suisse de sport en fauteuil roulant. André Deville tenait tant à ce que les personnes handicapées puissent faire du sport que Kriens devint alors la Mecque du sport en fauteuil roulant. En 1968, le comité Swiss Paralympic fut fondé à son initiative et il le dirigea pendant des années. André Deville fut à maintes reprises chef de délégation lors des CM officiels pour les personnes en fauteuil roulant à Stoke Mandeville (GB). Il fut moniteur à l’école de ski de Sörenberg pendant cinquante ans et dirige aujourd’hui encore les cours de gymnastique des plus de 50 ans. Depuis toujours, il s’engage sans relâche en faveur des personnes handicapées.

René Kägi Membre fondateur RC St. Gallen

René Kägi fut membre fondateur du RC St-Gall en 1980 et il dirigea le département «Culture et loisirs» pendant les cinq premières années. Par ailleurs responsable de l’entraînement «Sport en salle», il encouragea de nombreuses personnes à mobilité réduite à améliorer le maniement de leur fauteuil roulant et à accroître leur bien-être personnel. L’excursion du club de la Petite Scheidegg à Grindelwald, organisée avec sa femme, restera un souvenir inoubliable.

Entre 1986 et 1993, il présida le RC St-Gall et le fit connaître dans la région. Toujours à l’écoute des membres, il savait se rendre disponible à l’instant. En 1991, en tant que président du CO des 18e championnats de Suisse en fauteuil roulant à Wil, René Kägi participa à l’organisation d’un événement sportif qui connut un franc succès. Avec sa femme Sonja, il continue à voyager dans le monde entier. Il a présenté ses voyages dans d’impressionnants diaporamas et les a consignés dans trois livres.

Paracontact I Printemps 2022

Benevol Award: un hommage mérité pour de longues années de bénévolat

Jeannette Schühle RC Zürich, Présidente et responsable sportive a.i.

Jeannette Schühle est membre du RC Zürich depuis 1980. Longtemps co-présidente, elle en est la présidente depuis 2021. Elle s’engage avec une passion immuable pour le club, est toujours disponible et aide à chaque fois qu’elle le peut, malgré son lourd handicap physique. Elle assume avec beaucoup de naturel des activités bénévoles et fait connaître le club auprès des écoles, des paroisses et lors de manifestations. Beaucoup la connaissent aussi car elle participe régulièrement au marché de Noël de l’ASP, où elle propose ses articles artisanaux et où elle s’est déjà constitué une fidèle clientèle. Jeannette Schühle aime être entourée de gens et apprécie les manifestations culturelles et de loisirs du RC Zürich.

Myriam Vuillermet CFR Nord Vaudois, Responsable Culture et loisirs

Myriam Vuillermet est membre du club depuis sa création en 1987. Depuis 2004, elle fait partie du comité en tant que responsable de la culture et des loisirs. Très engagée dans la vie du club, elle y organise de nombreuses activités. Particulièrement fidèle au comité, éprouvé par de nombreux

changements de personnel ces dernières années, elle y siège avec constance. Elle participe régulièrement aux excursions proposées par les responsables Culture et loisirs de l’ASP afin d’y puiser de nouvelles idées pour organiser ses propres sorties pour le club. Myriam Vuillermet passe du temps à chercher et à tester de nouvelles offres accessibles en fauteuil roulant en Suisse et dans les pays voisins. Dans la région vaudoise, elle connaît beaucoup de belles randonnées et de restaurants sans obstacles.

Arthur Waldvogel RC WinterthurSchaffhausen, Trésorier

En fauteuil depuis 1965, Arthur Waldvogel est membre – et même membre d’honneur – du RC Winterthur-Schaffhausen depuis 30 ans. Trésorier depuis la création du club, il est très apprécié pour sa fiabilité et sa grande compétence. Il veille sur les finances du club comme sur la prunelle de ses yeux et s’en occupe avec beaucoup de soin et de précision. Il rédige dans un style très sûr des courriers pour les cotisations annuelles, des lettres de remerciement pour les dons ainsi que des rapports sur les manifestations et les excursions du RC. Son attitude amicale, ouverte, dynamique et pragmatique plaît à tout le monde. Bien qu’il soit à la retraite, Arthur Waldvogel travaille toujours chez lui comme horloger et voue une grande passion aux échecs auxquels il s’adonne lors de son temps libre.

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CONSEILS VIE

PENSÉES SUICIDAIRES

Quand tout devient trop lourd à porter Maurizio Coldagelli, paralysé médullaire partiellement malvoyant, raconte son difficile retour à la vie.

Gabi Bucher

C’était un lundi soir, le 6 août 2012, la journée de travail de Maurizio Coldagelli était censée être terminée, mais son employeur lui a demandé de vérifier vite fait quelque chose sur un chantier. «Et le destin a voulu que je fasse une chute de plus de dix mètres dans une cage d’ascenseur. Je me suis brisé le dos, j’ai perdu une partie de la vue, je ne peux plus marcher et je vis dans un fauteuil roulant.» Voilà comment Maurizio ré­sume son histoire, en quelques mots, presque laconiques, et en haussant les épaules, mais on sent bien qu’il en est très affecté.

Dans la fleur de l’âge L’accidenté fut tout de suite transporté à l’hôpital de Coire. Il ne se souvient plus des premiers jours passés là-bas. Après deux

mois et plusieurs grosses opérations, il était suffisamment stable pour être transféré au Centre des paraplégiques de Nottwil.

«C’est là que, soutenu par les médecins, le personnel soignant, les thérapeutes et les collaborateurs du service social, j’ai commencé à gravir la gigantesque montagne qui s’était dressée devant moi.» Il lui faudrait beaucoup de temps et de patience, lui expliquèrent les médecins qui n’étaient pas sûrs qu’il puisse un jour quitter son lit.

«Vu la gravité de mes blessures, j’ai été alité pen­dant des mois, quasiment sans bouger.

Quand j’ai pu être transféré dans le fauteuil roulant, j’ai alors seulement réalisé ce qui m’était arrivé.» Il prit conscience que les roues seraient désormais ses jambes et qu’il ne pourrait plus faire tout ce qu’il faisait

La famille de Maurizio Coldagelli l’a aidé à surmonter les épreuves

avant. «Ce fut un moment très dur», dit-il avec le recul. «J’avais alors tout juste 40 ans, j’étais dans la fleur de l’âge. Je faisais plein de choses, je vivais ma vie à fond, j’aimais aller à la pêche, à la chasse et j’adorais me promener en montagne! L’accident m’a stop­pé en plein élan.»

Le sens de la vie Il pensait qu’une fois arrivé au sommet de la montagne, tout serait plus simple. «La des­­cente fut certes plus facile, mais beaucoup de problèmes subsistaient.» Il lui avait fallu déjà tant de force, tant de patience, sans compter les multiples souffrances.

Mau­rizio est direct, il n’enjolive rien. Pendant son séjour au CSP, il avait d’ailleurs la réputation de ne pas mâcher ses mots.

«Par­fois, mes collègues en fauteuil roulant étaient gênés quand j’abordais avec eux des sujets délicats comme la gestion des intestins. Mais nous étions tous dans le même bateau. Ça ne sert à rien de tout garder pour soi, il faut en parler, ça aide.» Il y eut de nom­­breux jours sombres où il s’interroge­ ait: à quoi bon continuer? «Je ne voyais plus le sens de la vie. Tout m’épuisait et je me de­mandais pourquoi je devais infliger cela à ma merveilleuse femme et à mes deux fils, qui n’avaient alors que deux et neuf ans. Je me sentais comme un fardeau.» Car tout ce qu’on souhaite au final, c’est le bonheur de ceux qu’on aime.

Un moment de faiblesse Malgré les soins permanents, le soutien de sa famille et de ses amis, il y eut un moment

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Paracontact I Printemps 2022

Rechercher un nouveau sens à la vie Lorsqu’une personne est confrontée à une crise grave, comme une maladie ou un accident aux lourdes conséquences, des sentiments tels que la peur, la colère, le dé­sespoir, la tristesse surgissent.

associé à un sentiment de perte, peut parfois engendrer des états d’âme très sombres.

On peut en être amené à penser que la vie, telle qu’elle est maintenant, ne vaut plus la peine d’être vécue.

Elle passe alors par les différentes phases d’acceptation en se posant des questions comme: «Pourquoi cela de­vait-il arriver? Comment retourner au plus vite à mon ancienne vie? Est-ce que j’ar­ riverai un jour à retrouver mes amis, à travailler, à être une bonne mère, un bon père, un bon partenaire? Est-ce que je veux continuer à vivre ainsi?»

Même si ces instants sont très durs et qu’aucune issue n’est visible sur le moment, ils font souvent partie du processus d’assimilation après un événement marquant. De nombreuses zones d’ombre forcent la personne touchée à se poser des questions ­existentielles. Dans ces mo­ ments-là, il est utile de chercher du soutien et d’en parler avec des amis, des proches ou des spécialistes. En tant que travailleuse sociale, je prends les déclarations de ­suicide très au sérieux et dé­ termine en premier lieu s’il

La vie prend un nouveau tournant et l’avenir est encore flou. Le brassage des ancien­ nes expériences, des précédentes visions et convictions,

où Maurizio perdit tout espoir. Il n’avait plus de perspectives, plus de raison de vivre.

Le sol s’était littéralement dérobé sous ses pieds, il était à bout. «À chaque fois que j’al­ lais sur le balcon pour prendre un peu l’air, je regardais passer les trains à Nottwil et la décision de mettre fin à mes jours mûrissait lentement en moi.» Un jour, il se décida – et se dirigea vers la voie ferrée. «J’ai eu un moment de faiblesse», explique-t-il.

Il ig­nore encore ce qui l’a empêché au dernier moment de passer à l’acte. «Je pense que c’est le fait de penser à ma famille et à tous ces gens qui sont proches de moi et qui m’aiment.»

Maurizio fit ce qu’il fait toujours quand il va mal: il s’arrêta, réfléchit et décida d’aller de l’avant et de continuer. Il est persuadé que ce moment fut très important pour lui et pour la suite de ses progrès. «J’avais touché le fond et je n’avais plus que deux isParacontact I Printemps 2022

existe un risque aigu de passage à l’acte et si d’autres spécialistes doivent être consultés.

Par ailleurs, je prends con­ science du sentiment actuel de la personne de se trouver dans une impasse. Je me rends alors disponible pour creuser la question avec elle. Dans la période qui suit l’événement, le désir d’en finir est souvent lié à la re­ cherche d’un nouveau sens à la vie. Je trouve utile de passer en revue les actions con­ crètes du quotidien ou les centres d’intérêt et de partir ensemble à leur découverte: qu’est-ce qui fonctionne bien? Qu’est-ce qui peut être recouvré? Parfois, cela permet de mettre en évidence des aspects partiels du nouveau cadre de vie. Il est ainsi im-­

sues: soit en finir avec la vie, soit aller de l’avant.» Lorsqu’il avoua peu après à sa femme ce qu’il avait eu l’intention de faire, elle lui répondit: «Qu’est-ce que je ferais si tu n’étais plus là? Qui élèverait les enfants avec moi?»

Beaucoup de difficultés subsistent dans son quotidien, même s’il est désormais capa­ ble de faire beaucoup de choses qu’il n’aurait jamais crues possibles au début. «Il y a des jours où je me réveille et où rien ne va. Je me demande alors à nouveau ce que je fais ici.» Il pense ensuite à tout ce qu’il a déjà accompli et s’interroge sur ce mauvais jour. «Est-ce que je l’accepte ou est-ce que je peux y changer quelque chose, l’amé­ liorer?» Comment fait-il pour supporter tout cela? «Je ne sais pas», dit-il en riant, «je ne me serais jamais cru capable d’une telle patience et je ne sais pas non plus d’où elle vient. Peut-être se développe-t-elle à cause

portant de con­crétiser le plus de choses possible: à quoi ressembleront les prestations financières? Comment vaisje vivre? À quel point serai-je mobile et autonome? Est-ce que je peux imposer cela à mes proches? Comment les relations avec les amis peuvent-elles s’organiser?

J’ai rencontré Maurizio Col­ dagelli à plusieurs reprises afin de l’aider à emboîter le plus de pièces possible du puzzle qu’était devenue sa nouvelle vie. Dans des phases aussi intenses, il est important d’avoir des personnes à qui parler pour exprimer toutes ses pensées et ses sentiments et se sentir ainsi soutenu.

Daniela Vozza, Conseils vie

de cette situation?» Et comment parvient-­il malgré tout à garder le sourire? «Cela ne sert à rien d’être en colère. Oui, il y a des dif­ ficultés, presque tous les jours, mais je ne baisse pas les bras, il ne faut jamais aban­ donner», répète-t-il avec insistance.

SOURCES D’ESPOIR Maurizio raconte son histoire dans le court-métrage «Ancrage» de la série «Sources d’espoir».

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CONSULENZA VITA

Maurizio Coldagelli parla apertamente delle fasi più difficili della sua vita

due mesi e alcune grosse operazioni era sufficientemente stabilizzato per essere trasfe­ rito nel Centro svizzero per paraplegici a Nottwil. «Lì, insieme a medici, infermieri e terapisti, come pure ai collaboratori della Consulenza sociale, ho iniziato a scalare la montagna che mi stava davanti, altissima.»

I medici gli spiegarono che ci sarebbe voluto molto tempo e tanta pazienza, e addirittura che non sapevano se mai sarebbe uscito dal letto. «Per quasi un anno sono rimasto fermo nel letto senza quasi mai muovermi a causa della grande ferita. È stato quando sono riuscito a fare il trasferimento in sedia a rotelle che mi sono reso conto di cosa mi era realmente successo.»

Le ruote erano diventate le sue gambe e tut­to ciò che faceva prima non era più in gra­do di farlo. «È stato un momento molto du­ro. Allora avevo appena 40 anni, ero nel pieno della vita. Andavo a caccia e a pesca, facevo tante cose, soprattutto mi piaceva andare in montagna. L’incidente mi ha fer­ mato completamente.»

PENSIERI SUICIDI

Quando tutto diventa troppo

Maurizio Coldagelli, paraplegico e ipovedente, racconta del suo percorso che lo ha ricondotto alla vita.

Gabi Bucher

Era un lunedì mattina, il 6 agosto 2012. La giornata di lavoro di Maurizio Coldagelli era già terminata, ma il suo datore di lavo­ro gli chiese di verificare ancora qualcosa in un cantiere. «Così il destino volle che cadessi per dieci metri nella tromba di un ascensore. Mi sono rotto la schiena e ho perso in parte la vista, non posso più camminare e vivo in carrozzina.» Con queste poche pa­ 16

role Maurizio riassume la storia del suo infortunio, con un’alzata di spalle, in modo quasi laconico. Il suo turbamento, però, lo si percepisce.

Nel pieno della vita L’infortunato venne trasportato immediatamente all’ospedale di Coira. Dei primi gior­ni del ricovero non ricorda nulla. Dopo

Il senso della vita Pensava che una volta conquistata la cima della montagna, sarebbe diventato tutto più facile. «Certo, la discesa era più facile, ma c’erano ancora molte problematiche.» C’era voluta tanta energia, una pazienza infinita, e sempre questi dolori persistenti. Mau­ rizio è molto diretto, non maschera nulla.

Durante la sua degenza in clinica era noto per dire le cose come stavano. «Talvolta i miei compagni in sedia a rotelle rimanevano imbarazzati quando intavolavo dei di­­scorsi difficili, come ad esempio quello della gestione intestinale. Ma ci trovavamo tutti sulla stessa barca. Non serve a nulla tenersi tutto dentro, bisogna parlarne, aiu­ ta molto.» Ci sono state molte giornate buie, in cui si chiedeva come andare avan­ti.

«Non riconoscevo più il senso della vita.

Tutto richiedeva talmente tanto sforzo e mi domandavo perché la mia meravigliosa mo­glie e i miei figli – all’epoca di due e nove anni – dovessero sopportare questa situazione. Mi sentivo di peso.» Quello che ci si augura più di tutto al mondo, in fon­ do, è che coloro che ami siano felici e sereni.

Paracontact I Primavera 2022

Un attimo di debolezza Nonostante le attenzioni permanenti, l’appoggio della sua famiglia e degli amici, c’è stato un periodo in cui Maurizio perse spe­ ranza. Non aveva più prospettive, nessuno scopo nella vita. Si era sentito letteralmente togliere il terreno sotto i piedi. «Quando se­ devo sul balcone per prendere una boccata d’aria fresca, vedevo passare il treno a Nott­ wil. Pian piano maturò la decisione di met­ tere fine alla mia vita.» Un giorno si sentì pronto e si diresse verso i binari. «Ho avuto un momento di debolezza», ammette. Non sa esattamente che cosa lo abbia trattenuto all’ultimo momento dal compiere l’atto.

«Credo sia stato il pensiero della mia famiglia e delle persone a me vicine e che mi amano.»

Maurizio fece quello che fa tuttora quando sta male: si fermò a riflettere, decise di andare avanti e di affrontare la scalata. È con­ vinto che questo momento sia stato molto

importante per lui e per il suo futuro percorso. «Avevo toccato il fondo e c’erano sol­ tanto due vie d’uscita: o finire la mia vita o andare avanti.» Quando poco dopo con­ fessò a sua moglie cosa aveva avuto in mente di fare, lei gli rispose: «Ma cosa farei se tu non ci fossi più? Chi mi aiuterebbe a crescere i nostri figli?»

venga. Forse è una forza che viene da sola in questa situazione?» E come riesce a sorridere sempre nonostante tutto? «Arrab­ bi­arsi non serve a niente. È vero, ci sono problematiche da affrontare quasi giornalmente, ma non mollo, semplicemente non bisogna mollare mai», ripete Maurizio con enfasi.

Oggi come oggi spiega che sono ancora molte le difficoltà da affrontare tutti i gior­ ­ni, sebbene sia capace di molte più cose di quante non ritenesse possibili all’inizio.

«Ci sono giorni in cui mi sveglio e non mi riesce nulla. In quei momenti mi chiedo che cosa ci sto a fare.» Poi pensa a tutto ciò che ha già raggiunto e si meraviglia perché questa giornata sia così com’è. «Lo voglio davvero oppure posso cambiare o migliorare qualcosa?» Alla domanda come riesca a sopportare tutto questo, risponde con un sorriso: «Non lo so, non credevo di avere tanta pazienza e non so neppure da dove

FARI DELLA SPERANZA Maurizio racconta la sua storia nel filmato «Punti di approdo», della serie «Fari della speranza».

Ridare un senso alla propria vita Quando ci si ritrova in una forte crisi come quella di una malattia o un incidente con gravi conseguenze, emergono emozioni quali paura, rabbia, disperazione o sconforto.

una sensazione di perdita si confondono tra loro, facendo sì che gli stati interiori si os­curino. Ciò può indurre a pensare che la vita non abbia più un senso così com’è adesso.

Nella persona in questione affiorano svariate domande durante le diverse fasi di ­elaborazione: «Perché doveva succedere a me? Come posso ritornare a vivere la mia vita di prima? Ce la farò mai a stare insieme ai miei amici, a lavorare, ad essere una buona madre, un buon padre, un buon partner? Voglio vivere in queste condizioni?»

Sebbene questi periodi siano molto pesanti e in quel dato momento non si intraveda una via d’uscita, fanno spesso parte del processo di elaborazione dopo un evento incisivo.

Molti aspetti sono ignoti e in qualsiasi persona in tale dif­ ficoltà insorgono domande di tipo esistenziale. In queste fasi è utile avvalersi di un sostegno e di parlarne con amici, parenti o specialisti.

In veste di assistente sociale prendo molto sul serio eventuali affermazioni che suggeriscono propositi suicidari e per prima cosa appuro se sus-

La vita cambia il suo colore abituale e il nuovo quadro deve ancora comporsi. Le esperienze vissute, vecchie visioni e convinzioni nonché Paracontact I Primavera 2022

sista un pericolo acuto di messa in atto e se sia necessario coinvolgere altri specialisti.

Importante è identificare la percezione dell’individuo al quale sembra mancare una via d’uscita. In questo caso mi metto a disposizione per cercare insieme di andare a fondo della questione.

Il desiderio di voler porre fine alla propria vita ha spesso a che vedere con la ricerca di un nuovo senso della vita.

Nella pratica constato che intraprendere insieme un viaggio d’esplorazione, analizzando le azioni concrete della vita quotidiana o gli interessi, può essere d’aiuto: quali aspetti sono già applicabili? Quali si possono ancora svelare?

Concretizzando i singoli elementi della nuova vita quotidiana, in alcuni casi si ottiene chiarezza. Quali saranno le prestazioni finanziarie? Come e dove abiterò? Quale sarà il mio grado di autonomia?

Posso pretendere tanto dai miei cari? Come potrò vivere le mie relazioni di amicizia?

Con Maurizio Coldagelli ab­ biamo avuto numerosi incontri, per portare alla luce e mettere assieme un numero possibilmente grande di pezzi del nuovo mosaico. In queste fasi intense è importante avere degli interlocutori con i quali condividere i propri pensieri e sentimenti, sentendosi ascoltati e capiti.

Daniela Vozza, Consulenza vita 17

CONSEILS VIE

CONSEIL EN MATIÈRE D’ENDETTEMENT

Sortir de l’endettement Le surendettement conduit à la pauvreté et à l’exclusion sociale. Face à l’impossibilité de payer ses factures, il faut agir vite et demander de l’aide.

Gabi Bucher

L’argent est un sujet tabou, les dettes a fortiori. C’est un point particulièrement sensible dont les collaborateurs et collaboratrices du conseil social de l’ASP font aussi l’expérience. C’est souvent par hasard qu’ils découvrent qu’une personne est endettée.

Comme la fois où une cliente a fait appel à leurs conseils car elle ne voulait plus dépendre de tiers et souhaitait vivre de manière autonome. En examinant divers documents pour déterminer s’il était possible d’organiser une assistance, ils sont tombés sur une grosse facture impayée. Quand ils lui ont demandé comment elle comptait rem­­bourser cette somme avec ses mai­ gres revenus, la personne a fondu en lar­ mes, plai­dant qu’elle s’ôterait le pain de la bouche. Il s’agissait ici d’une facture avec de nombreuses mensualités à payer. Il peut tout à fait arriver qu’une personne ne se rende même plus compte du montant de ses dettes, bien souvent parce qu’elle n’ou­ vre plus son courrier de peur de recevoir d’autres factures. C’est ainsi que tout s’accumule et que l’on navigue à vue.

Le plus tôt sera le mieux Il est donc essentiel de prendre contact le plus tôt possible avec le service social ou un organisme spécialisé avant que la situation ne devienne incontrôlable. Pour les petits montants, le service social de l’ASP est à mê­me de rechercher une solution adéqua­te.

S’il s’agit de sommes plus importantes, les personnes concernées sont orientées vers des organismes spécialisés qui ont pour objectif de stabiliser la situation financière et d’éviter de nouvelles dettes. Les spécialistes les aident à traiter avec les créanciers, les sociétés de recouvrement et les offices des poursuites. Ils dressent la liste de toutes les dettes et analysent la situation finanParacontact I Printemps 2022

cière. Un budget d’assainissement est établi et l’on vérifie si la personne dispose d’as­ sez de fonds pour rembourser ses dettes.

Les créanciers sont priés de renoncer provisoirement à des mesures de recouvrement ou à des poursuites. Les factures les plus importantes sont réglées en priorité: loyer du logement, caisse maladie, pension alimentaire, impôts. Si les revenus permet­ tent de couvrir les dépenses courantes, la spirale de l’endettement peut être brisée.

En cas de risque d’appauvrissement, les or­ ganismes spécialisés peuvent écrire aux fondations et trouver d’autres offres d’aide.

Des perspectives sont élaborées ensemble.

Il est crucial que la situation de vie et de re­venu reste stable pendant la phase dite d’as­sainissement. Si toutes les dettes ne peu­vent pas être remboursées, les créanciers doivent accepter d’en effacer une partie. C’est là que les talents de négociation des centres de conseil sont requis.

ORGANISMES DE CONSEIL Voici trois adresses importantes de services compétents qui apportent leur soutien en cas de problème d’endettement: www.caritas-schuldenberatung.ch Caritas propose des consul­ tations en ligne et dispose d’une hotline SOS Conseil. www.budgetberatung.ch Ce site permet d’établir un budget de manière autonome ou de chercher des organismes de conseil dans la région. www.plusminus.ch Sous > Info & Beratung > Tipps & Hinweise, on trouve des adresses de centres de conseil en matière d’endettement d’utilité pu­­bli­que et/ou organisés au niveau cantonal ou communal en Suisse. Les organismes mentionnés sont membres de Dettes Conseils Suisse (DCS), l’association faîtière des cen­tres suisses de conseil en ma­tière d’endettement. Les adres­ses sont classées par or­dre alphabétique des cantons.

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CONSEILS JURIDIQUES

TENTATIVE DE SUICIDE ET ASSURANCES SOCIALES

Aspects assécurologiques d’une tentative de suicide

Les répercussions assécurologiques d’une tentative de suicide varient selon la qualification qui est donnée à celle-ci (accident ou maladie). Mais dans quelle mesure les prestations versées par les assurances sociales peuvent-elles être réduites, voire supprimées?

Sandra Rodriguez, avocate

La Loi fédérale sur la partie générale du droit des assurances sociales (LPGA) s’applique à toutes les assurances sociales, à défaut de disposition spéciale contraire contenue dans les lois spécifiques à chaque assurance.¹ La norme générale qui traite d’une éventuelle réduction des prestations accordées par les assurances sociales est l’article 21 LPGA, qui prévoit que «si l’assuré·e a aggravé le risque assuré ou en a provoqué la réalisation intentionnellement ou en commettant intentionnellement un crime ou un délit, les prestations en espèces peuvent être temporairement ou définitivement réduites ou, dans les cas particulièrement graves, refusées».

Attardons-nous plus en détail sur les con­ séquences d’une tentative de suicide sur les prestations d’assurance.

Assurance-accidents La couverture assécurologique diffère selon la catégorie (accident ou maladie) dans laquelle une tentative de suicide est classée.

Les assuré·e·s ont un intérêt certain à ce que la tentative de suicide soit qualifiée d’ac­ci­ dent, car l’éventail des prestations d’assurance est plus généreux dans l’assurance-­ accidents que dans l’assurance-maladie.

Est réputé accident toute atteinte dommageable, soudaine et involontaire portée au corps humain par une cause extérieure ex20

traordinaire qui compromet la santé physique, mentale ou psychique ou qui entraine la mort.² Seule peut être qualifiée d’accident une atteinte involontaire à la santé. Si l’atteinte à la santé est considérée comme volontaire, elle sera qualifiée de maladie.³ Le Tribunal fédéral pose la présomption selon laquelle la personne as­ surée n’a pas souhaité se donner la mort, de sorte qu’en cas de doute sur la cause de l’atteinte à la santé, cette dernière doit être

qualifiée d’accident.⁴ Cette présomption découle du fait que l’être humain est généralement animé par un instinct de survie.

La loi fédérale sur l’assurance-accidents (LAA) précise expressément que sont exclues les prestations d’assurance lorsque l’at­teinte à la santé est intentionnelle.⁵ La question centrale en matière d’assurance-­ accidents est de donc savoir à quelles con­ ditions un acte peut et doit être considéré Paracontact I Printemps 2022

comme étant involontaire, ouvrant ainsi le droit aux prestations. L’article 48 de l’Ordonnance sur l’assurance-accidents (OLAA) nous donne la réponse: selon cette disposition, l’atteinte n’est pas intentionnelle si, au moment où il a agi, l’assuré·e était, sans faute de sa part, totalement incapable de se comporter raisonnablement.

En d’autres termes, il est primordial de savoir si la tentative de suicide est un acte délibéré de l’assuré·e ou si tel n’est pas le cas.

Pour ce faire, il convient de répondre à la question de savoir si la personne était, au moment où elle a commis son geste, à tout le moins en partie capable d’apprécier la nature de son acte et de diriger son comportement selon son appréciation. Dans l’affirmative, il ne s’agira pas d’un accident, mais d’une atteinte volontaire à la santé, ce qui conduira à une exclusion totale des prestations de la part de l’AA. Par contre, dans la négative, l’assuré·e aura droit à l’intégralité du catalogue de prestations de la part de l’assurance-accidents.

La capacité de discernement doit toujours être appréciée au regard d’un acte spécifi­ que. Elle ne saurait être admise ou niée de manière abstraite et est présumée exister.

Cela a pour conséquence que le Tribunal fédéral admet une incapacité totale de discernement d’une personne de manière très restrictive. Une incapacité de discernement plausible ou l’existence d’une maladie men­ tale ne suffit ainsi pas nécessairement pour admettre une incapacité totale de discerne­ ment. En effet, l’admission d’une incapa­ cité totale de discernement est assujettie à une preuve.

Dans ce contexte, les premières déclarations de l’assuré·e devant la police et l’assurance sont primordiales et considérées par le Tribunal fédéral comme spontanées et fiables.⁶ Il est donc très difficile de s’en écarter par la suite et dès lors recommandé de s’adresser à un professionnel dans le domaine des assurances pour obtenir un soutien lors de ces auditions. Il est en outre fondamental pour l’assuré·e ainsi que pour ses proches et les professionnel·le·s appelé·e·s à intervenir d’apporter autant d’indices, respectivement de preuves que possible permettant d’établir l’incapacité de Paracontact I Printemps 2022

discernement. Une expertise établie par un ou une expert·e en psychiatrie constitue sans doute l’indice le plus fiable pour amener l’assurance à admettre que l’assuré·e se trouvait, sans faute de sa part, dans un moment d’incapacité totale de discernement lors de son acte (par exemple folie, halluci­ nations, stupeur profonde, raptus, sommeil, somnambulis­me, délire fébrile, hypnose, acte soudain, imprévisible et non préparé, maladie mentale, grave trouble de la con­ science) et ainsi lui permettre de bénéficier des prestations de l’assurance-accidents.

Assurance-maladie La loi qualifie de maladie toute atteinte à la santé qui ne résulte pas d’un accident.⁷ Cela signifie que l’atteinte à la santé résultant d’une tentative de suicide qui ne répond pas aux critères permettant une prise en charge par l’assurance-accidents est automatiquement qualifiée de maladie.

Les assurances-maladie ne disposent pas du droit de réduire leurs prestations en ma­ tière d’assurance obligatoire des soins, quel­ les que soient les circonstances entourant l’atteinte à la santé. Partant, l’assuré·e a droit à l’intégralité des prestations allouées par l’assurance-maladie, même si elle ou s’il était, au moment de sa tentative de suicide, capable de discernement.

Assurance-invalidité L’AI est une assurance gé­nérale contre toute atteinte à la santé. Elle devrait dès lors en principe allouer ses prestations indépendamment de la cause de l’invalidité et un suicide manqué ne devrait pas entraîner de réduction de prestations.

Néanmoins, l’article 7 al. 1 de la loi fédérale sur l’assurance-invalidité (LAI) oblige l’assurance-invalidité à réduire, voire à sup­ primer l’octroi des prestations lorsque l’assuré·e a provoqué ou aggravé intentionnellement son invalidité. Selon le chiffre 7003 de la Circulaire sur l’invalidité et l’im­ potence dans l’assurance-invalidité (CIIAI), agit intentionnellement celle ou celui qui, en s’attendant à ce résultat, se comporte de manière à causer, aggraver ou maintenir l’atteinte à la santé. Le caractère intentionnel de l’atteinte est toutefois pratiquement exclu en cas de tentative de suicide.

Comme dans l’assurance-accidents, l’inten­ tion ne peut être retenue en cas de suicide manqué commis en état d’incapacité totale de discernement. Aucune faute ne pourra alors être reprochée à l’assuré·e dans ce cas et les prestations seront totalement versées par l’assurance-invalidité.

Il demeure toutefois une zone grise s’agissant des tentatives de suicide commises sans incapacité totale de discernement démontrée. En effet, l’assuré·e qui tente de met­tre fin à ses jours n’a en général pas la volonté de se rendre invalide. Les prestations octroyées par l’assurance-invalidité ne devraient donc idéalement pas pouvoir faire l’objet d’une réduction ou d’une suppression. Reste que la réalité juridique est différente. En effet, l’article 21 LPGA, que l’as­surance-invalidité peut appliquer, ainsi que le terme «pratiquement» figurant dans la CIIAI ouvre une brèche pour une réduction, voire une suppression des prestations en cas de tentative de suicide commise par une personne capable de discernement au moment de l’acte. À mesure que la question de l’obligation de prester de l’assurance-invalidité n’est pas claire, il est primordial de faire preuve d’une extrême prudence dans les démarches assécurologiques consécutives à une tentative de suicide et de faire appel à un·e professionnel·le (point II).

Le message à retenir En cas de tentative de suicide, il est vivement recommandé de faire appel à un·e professionnel·le des assurances (par exem­ ple Institut de conseils juridiques de l’ASP, avocat, organisation de défense des assuré·e·s, assurance de protection juridique) au plus vite et avant d’entamer de quelconques démarches assécurologiques.

¹ Art. 2 LPGA ² Art. 4 LPGA ³ Art. 3 LPGA ⁴ Arrêt du TF 8C_663/2009 du 27 avril 2010, consid. 2.3; arrêt du TF 8C_453/2016 du 1er mai 2017, consid. 2 ⁵ Art. 37 alinéa 1er LAA ⁶ ATF 142 V 590, consid. 5.2 ⁷ Art. 3 LPGA

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MÉDECINE ET SCIENCES

UROLOGIE

Du courant pour la vessie

Les procédés de neuromodulation peuvent atténuer les troubles de la fonction vésicale et intestinale. Des impulsions électriques par électrodes agissent sur le système nerveux et améliorent le contrôle de l’organe.

Docteur Jens Wöllner, Professeur en médecine Jürgen Pannek, CSP

Une paralysie médullaire entraîne dans de nombreux cas un trouble irréversible des fonctions vésicales, intestinales et sexuel­ les. Suivant la hauteur et l’étendue de la ­lésion de la moelle épinière, il peut en résulter différents dysfonctionnements. En principe, on distingue les troubles de la phase de stockage de la vessie, avec des contractions non inhibées du muscle vé­ sical pouvant entraîner une incontinence urinaire, et les troubles de la phase de vidange, avec un manque d’activité du muscle vésical et une vidange incomplète ou in­ existante de la vessie. La fonction intes­­tinale est également altérée, ce qui peut se traduire par une constipation massive ou par des pertes involontaires de selles (incontinence fécale). Le trouble fonctionnel exact est diagnostiqué et accompagné d’une thérapie dans le cadre de la rééducation primaire. Dans la mesure du possible, on opte à ce stade pour des traitements con­ser­ vateurs. Au bout d’un an, un état chroni­ que s’installe en général; si, à ce moment-­là, les problèmes ne peuvent pas être résolus avec les méthodes traditionnelles (thérapie manuelle, urothérapie, médicaments), on a recours à des procédés peu invasifs, comme le traitement de la vessie par Botox ou la neuromodulation percutanée et invasive.

La neuromodulation Il existe deux procédés de neuromodulation. Dans le cas de la méthode percutanée, aussi appelée PTNS, l’application du courant se fait à travers la peau pendant un certain laps de temps à l’aide d’électrodes adhésives. Dans le cas de la neuromodulation sacrée, des électrodes délivrent en per­manence du courant aux fibres nerveuses dans la région du sacrum. Ces traitements peuvent être utilisés aussi bien en cas de spasticité de la vessie que de rétention urinaire chronique (incapacité à vider complè­ tement la vessie). On a aussi recours à la neuromodulation sacrée en cas de troubles de la fonction intestinale.

Les deux procédés transportent le courant appliqué via les nerfs périphériques et la moelle épinière jusqu’au cerveau, où l’impulsion est traitée, redirigée en impulsions nerveuses descendantes et transmise à l’or­ gane final concerné (vessie/intestin). Une fonction résiduelle suffisante de la moelle épinière pour transmettre les impulsions est donc nécessaire à la réussite du traitement.

Il faut d’abord établir un diagnostic détaillé afin de définir et de classifier précisé­ ment le type de dysfonctionnement. Dans certaines situations, des examens supplémentaires de la fonction nerveuse ou une

Neuromodulation sacrée Électrodes implantées pour la neuromodulation des nerfs sacrés S3 avec générateurs d’impulsion

En règle générale, cette thérapie est réa­ lisée en cascade ou en escalade car elle s’opère sur plusieurs niveaux. On commence par un traitement conservateur et, si celui-ci n’a pas l’effet escompté, on passe à la méthode thérapeutique supérieure ou invasive suivante.

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Paracontact I Printemps 2022

imagerie complémentaire (comme une IRM de la colonne vertébrale) peuvent être nécessaires.

Lorsque tous les résultats sont disponibles, les conclusions et les options thérapeutiques sont discutées conjointement. À cet égard, le type et la gravité du trouble, les caractéristiques des personnes concernées (âge, mobilité), les souhaits des patient·e·s, ainsi que les chances de succès jouent un rôle déterminant.

La thérapie par PTNS La thérapie par PTNS est généralement mise en place en raison de troubles de l’urgence et de l’incontinence d’urgence résul­ tant d’une vessie hyperactive. Si le traitement par médicaments n’est pas suffisant, ou si les médicaments ne sont pas tolérés ou souhaités, ce type de «thérapie par courant» peut être réalisé. Il est important de connaître précisément l’ampleur du dys­ fonc­tionnement de la vessie. C’est pourquoi la décision concernant la thérapie est prise sur la base de valeurs médicales objectivables en rapport avec les troubles des personnes concernées. Si cette option est médicalement utile, une demande de garantie de prise en charge est adressée aux organismes de financement, car la procédure n’est pas automatiquement remboursée par les caisses-maladie.

Le procédé par PTNS est réalisé à l’aide d’électrodes adhésives placées à l’intérieur du pied, au niveau de la cheville ou au-dessus du sacrum. Après avoir reçu des instructions détaillées de la part du personnel spécialisé, les personnes concernées suivent cette thérapie à domicile pendant trois mois, en général une fois par jour pendant 20 à 30 minutes.

Une sorte d’entraînement à long terme du système nerveux se met ainsi en place, ce qui signifie qu’il ne faut pas s’attendre à un effet direct après quelques jours. Pendant la phase de thérapie de trois mois, l’évolution est enregistrée par une documentation régulière dans un journal dédié à la vessie. Un premier examen de contrôle est effectué au bout de six semaines. À la fin de la période de stimulation de trois mois, un nouvel examen de contrôle est réalisé Paracontact I Printemps 2022

pour vérifier si une amélioration objective s’est produite. L’avantage de ce procédé sans effets secondaires réside dans sa simplicité d’utilisation à domicile.

La méthode sacrée La neuromodulation sacrée peut être utilisée aussi bien en cas de vessie hyperactive que de formation chronique d’urine ré­siduelle. Dans ce cas, les rameaux du nerf sacré S2 à S4 sont stimulés au moyen d’électrodes implantées. La mise en place des électrodes s’effectue au cours d’une petite opération sous anesthésie (40 à 60 minutes). Les électrodes sont placées sous con­trôle radiologique et électrostimulation. Ces électrodes sont reliées à des câ­bles de rallonge qui sortent de la peau. L’électrode implantée dans le corps est donc invisible. Sur les électrodes de rallonge se trouvent de petits stimulateurs de test, de la taille d’une pièce de cinq francs, que l’on porte à la ceinture. Selon la pathologie sousjacente, l’insertion des électrodes peut être unilatérale ou bilatérale. Au cours des trois à six semaines suivantes, la programmation optimale des électrodes est testée et la fonction vésicale/intestinale est documentée dans un journal. À la fin de la phase de test, on décide du succès ou de l’échec. Si les symptômes et la fonction vésicale se sont améliorés de manière satisfaisante, on procède à l’implantation définitive des générateurs d’impulsions. Ceux-ci seront pla­ ­cés sous la peau au niveau du siège, sans qu’ils soient visibles de l’extérieur. Les personnes concernées peuvent commander les appareils à l’aide d’un contrôleur externe, une sorte de télécommande, et réduire par exemple l’intensité du courant.

Des contrôles réguliers sont effectués au centre d’implantation. Les appareils sont lus, contrôlés et, si nécessaire, reprogrammés via une connexion Bluetooth. Il existe actuellement deux fournisseurs. Tous les ap­pareils, y compris les électrodes, sont com­­patibles avec l’IRM, de sorte qu’un exa­ men IRM est également possible avec un ap­pareil implanté de manière permanente.

Certains appareils fonctionnent sur batterie qui, selon la consommation électrique, doit être remplacée tous les cinq à huit ans au cours d’une petite opération. D’autres systèmes peuvent être rechargés à travers

la peau une à deux fois par semaine et ont une durée de vie de 10 à 15 ans. Le médecin discute avec les patient·e·s avant l’interven­ tion pour déterminer le système le plus approprié. Par la suite, un contrôle annuel est généralement nécessaire.

La méthode sacrée entraîne une modulation durable du système nerveux; contrairement à la thérapie par PTNS, il n’y a pas d’effet d’apprentissage à attendre. Si aucun courant ne circule, l’effet s’estompe rapidement. C’est pourquoi il s’agit d’une thé­ rapie permanente. L’avantage de cette pro­ cédure réside dans sa bonne efficacité et sa facilité d’utilisation, une fois le système réglé.

Pas de solution universelle Les procédés de neuromodulation sont des options thérapeutiques modernes des trou­ bles fonctionnels de la vessie et de l’intestin. Ils stimulent le système nerveux et s’attaquent ainsi à l’origine du problème; ils n’entraînent pas de modifications de la ves­ sie et des intestins, mais tentent d’améliorer le contrôle des systèmes organiques con­cernés. Comme le mode d’action des systèmes est très différent, si une techni­ que ne donne pas de résultats, l’autre méthode pourra s’avérer utile. Toutefois, avant de commencer un tel traitement, il est impératif d’établir un diagnostic détaillé afin de déterminer le trouble fonctionnel avec précision et de pouvoir proposer une thérapie aux personnes concernées. Car là encore, aucune solution ne convient à tout le monde.

Contact Urologie Centre suisse des paraplégiques urologie.spz@paraplegie.ch Tél. 041 939 59 22 23

CONSTRUIRE SANS OBSTACLES

RÉACTIONS

Nos client·e·s ont la parole

Depuis plus de 26 ans, notre service de Muhen planifie et construit des logements dans toute la Suisse pour les membres de l’ASP. Nous donnons maintenant la parole à nos ancien·ne·s mandataires et espérons en tirer des enseignements sur la qualité de l’habitat et de la collaboration mutuelle: les membres informent les membres!

Felix Schärer, Dominik Widmer, Marcel Strasser

Gabriela Pozzi, Ennetbaden AG, Membre de l’ASP depuis 2009, RC Aargau, 61 ans Transformation/extension en 2010 de la maison en terrasse

un nouvel ascenseur vertical et un studio pour une personne soignante, ainsi qu’un sauna pour prévenir la spasticité. Les travaux ont été très complexes, mais nous referions la même chose aujourd’hui.

Lorsque j’ai eu mon accident de vélo, nos deux enfants allaient encore à l’école. Cet accident de la route a entraîné une tétraplégie et a bouleversé ma vie et celle de toute la famille. Notre maison en terrasse de deux étages, avec une belle vue sur le coude de la Limmat, n’était pas sans obstacles. Un monte-escalier extérieur, de toute façon trop petit, ne desservait pas tous les étages. Mais nous ne voulions pas quitter cette maison. Nous avons donc opté pour une grande transformation avec

Nous avons choisi de travailler avec le CSO en raison de son immense expérience en matière d’accessibilité en fauteuil roulant.

Toutefois, ses connaissances en construction souterraine ne sont pas aussi étendues.

Pour la cage d’ascenseur, qui devait être bâtie dans le sol sur plusieurs étages, d’importantes sécurisations et reprises en sousœuvre étaient nécessaires. Grâce à une entreprise très expérimentée, ce problème a également pu être résolu de manière satisfaisante. Les transformations étant complexes, la planification et la direction des travaux étaient capitales et difficiles. En outre, les délais étaient très serrés. Aujourd’hui, onze ans après les travaux, nous sommes toujours pleinement satisfaits du résultat, qui a fait ses preuves à tous égards.

Christian Betl, Steinach SG, Membre de l’ASP depuis 1992, RC St. Gallen, 50 ans, construction d’une maison neuve 2006–2007

Maison en terrasse et nouvel ascenseur 24

En 2006, nous avons décidé de faire construire une maison. Après avoir trouvé l’endroit idéal à Steinach, il était clair pour moi que je voulais m’occuper du projet en

Maison familiale comme souhaitée

tant que maître d’ouvrage et que nous le réaliserions avec le CSO. Comme j’assurais moi-même la direction des travaux, je devais pouvoir m’appuyer sur une bonne planification. Mieux valait planifier six mois de plus, mais correctement, pensais-je alors. Et je ne me suis pas trompé. L’avantage de la collaboration avec le CSO est qu’il dispose de l’expérience et des connaissances sur l’ensemble de mes besoins en tant que pa­ ra­plégique. Malgré l’éloignement géographique, la coopération a merveilleusement fonctionné. Nous avons emménagé en 2007 et sommes chaque jour reconnaissants d’avoir une maison si confortable.

Pour moi qui suis en fauteuil roulant, l’accès sans seuil à la terrasse et au garage ainsi que le chauffage par sonde géothermique Paracontact I Printemps 2022

sont particulièrement appréciables. Si c’était à refaire, je prêterais davantage attention à l’ensoleillement de la maison et je changerais l’orientation du toit pour qu’une installation solaire soit la plus efficace possible.

Lionel Bezençon, Éclagnens VD, membre de l’ASP depuis 2005, CFR Valais romand, 43 ans Transformation et surélévation de la maison familiale en 2021

Depuis la naissance de notre fille, comme nous étions un peu à l’étroit dans l’appartement dont nous sommes propriétaires, nous nous sommes mis à la recherche d’un logement (appartement ou villa) pour notre famille de quatre personnes.

C’est à ce moment que mon père m’a proposé de me céder sa maison familiale qui se trouve dans le même village et qu’il occupait seul depuis quelques années. Avec mon épouse, nous n’avons pas eu à y réfléchir longtemps car nous connaissions parfaitement cette maison et pouvions facilement imaginer comment l’aménager pour qu’elle réponde à nos goûts et besoins. Les démarches administratives se sont alors rapidement mises en place, mon père m’a fait une donation sur la villa et je lui ai accordé un droit d’usufruit sur notre appartement. C’était une situation inespérée pour nous et bénéfique à tous.

Comme je suis paraplégique et que la villa avait besoin de plusieurs adaptations en raison des contraintes de mobilité, nous avons choisi un architecte du CSO pour nous accompagner dans notre projet. La phase d’avant-projet a été importante pour déterminer ce qui devait être adapté à ma paraplégie, décider notamment de l’installation d’un ascenseur pour accéder aux trois étages, ou organiser et créer le nouvel étage sous les toits. Nous avons aussi dû établir un budget précis et faire des demandes d’aide financière auprès de l’assurance-invalidité et de la Fondation suisse pour paraplégiques pour les adaptations.

Cette collaboration avec le CSO présentait plusieurs avantages puisqu’ils ont, d’une part l’habitude de rendre un bâtiment acParacontact I Printemps 2022

Déménagement judicieux

cessible et que d’autre part, ils facilitent les démarches avec la FSCMA, l’assurance-invalidité et la Fondation suisse pour paraplégiques. Le CSO s’est chargé des démarches administratives compliquées et très spécifiques, je ne me suis occupé de rien. Cela a été un grand soulagement qui nous a permis de consacrer davantage de temps à la réalisation du projet, à côté de nos occupations familiales et professionnelles.

Nous avons emménagé dans notre nouvelle habitation à la fin septembre 2021 et sommes très satisfaits d’avoir pu réaliser les travaux souhaités sans dépasser le budget fixé au départ. Nous sommes très heureux d’avoir opté pour une collaboration avec un architecte du CSO et referions le même choix si cela était à refaire.

Nicolas Hausammann, Schönenwerd AG, Membre de l’ASP depuis 2004, 41 ans, RC Zentralschweiz, Transformation d’une maison en 2018

En 2017, alors que je disputais le championnat d’Europe de basket à Ténériffe avec l’équipe nationale de Suisse, ma femme visita une maison Bally vieille de 100 ans à Schönenwerd. Elle m’envoya des photos

et je lui répondis: «Magnifique, mais accessible?» À l’issue d’une première consultation auprès du CSO, nous décidâmes de l’acheter. Le CSO nous a ensuite soutenus, de l’étude de faisabilité à la réalisation du projet, en passant par le calcul du budget.

Ensemble, nous avons ainsi préparé les demandes à l’AI, rempli le questionnaire de la FSCMA, établi les plans de construction et les demandes d’autorisation et, après une période de transformation «sportive» de trois mois, nous avons pu emménager dans la nouvelle maison avec nos trois enfants. Et ce, grâce à l’inépuisable expérience de l’équipe du CSO dirigée par Felix Schärer. Des plans et des photos de projets déjà réalisés nous ont permis de visualiser l’effet que rendrait une rampe moderne sur la façade d’une maison ancienne. La rapidité de réaction des responsables de la conservation des monuments historiques ainsi que la phase de planification ont également été très importantes, étant donné le peu de temps que nous avions pour la construction. La direction des travaux a été assurée par le CSO, avec lequel, sans hésiter, je collaborerais à nouveau.

Le nouvel ascenseur vertical (plateforme) à l’intérieur de la maison est des plus utiles et il a permis de conserver en l’état le bel escalier d’époque. Je suis très satisfait du résultat. Ma femme regrette un peu les anciens seuils de 2 cm de haut qui délimitaient l’accès à chaque pièce. Ils ont tous été aplanis: génial pour l’accessibilité, terrible pour le sens de l’esthétisme de mon épouse. Peu importe, nous vivons dans la maison de nos rêves et sommes très heureux.

Maison classée, défis à relever 25

LOISIRS

IDÉE D’EXCURSION

S’évader du quotidien

Le Stanserhorn est situé au cœur de la Suisse. La montée à bord d’un funiculaire d’un autre âge, suivie de l’ascension dans le CabriO ‒ une nouveauté mondiale ‒ font déjà de cette excursion un souvenir inoubliable.

Yvonne Rölli

Pour atteindre le Stanserhorn, prenez place dans le funiculaire datant de 1893, puis dans le téléphérique ultra moderne CabriO et tra­versez l’histoire des remontées mécani­ ques. Au départ de Stans, le funiculaire rétro mène tranquillement à la station intermédiaire. De là, les passagers font un bond dans le temps en entrant dans le télé­ phérique qui les conduit jusqu’au sommet.

Nommé «CabriO», car son toit est en fait 26

un pont supérieur permettant d’admirer le paysage les cheveux au vent, sa partie inférieure protège du froid et des intempéries.

C’est d’ailleurs à l’intérieur que voyagent les personnes en fauteuil rou­lant.

Panorama Le Stanserhorn offre une vue exceptionnelle sur dix lacs suisses et 100 km de chaîne alpine. Partiellement accessible aux fauteuils

roulants, un petit circuit permet de découvrir le panorama dans toute sa splendeur.

Les personnes en fauteuil roulant doivent emprunter le même chemin à l’aller et au retour pour revenir à la station supérieure.

Un ranger se déplace tous les jours entre le Stanserhorn et la station supérieure et il se fera un plaisir de vous désigner les sommets, de vous montrer les plus belles fleurs ou de vous raconter une anecdote.

Paracontact I Printemps 2022

Restaurant tournant Rondorama En 2001, le premier restaurant tournant de Suisse centrale a été inauguré sur le Stanser­ horn. Grâce à la plateforme tournante du Rondorama, les convives jouissent d’un pa­norama à 360 degrés qui défile sous leurs yeux en 43 minutes. La construction en acier et en bois offre une vue dégagée sur les montagnes.

Envie d’expérience originale?

Voici quelques suggestions: Dîner aux chandelles Du 1er mai au 12 novembre 2022, le restaurant Randorama propose tous les vendredis soir un merveilleux dîner aux chandel­ les dans une ambiance particulièrement romantique.

Petit-déjeuner Pour commencer la journée en beauté, pre­ nez un délicieux petit-déjeuner sur le Stan­ ­serhorn. Il est servi tous les jours du lundi au dimanche jusqu’à 10 h 30 au restaurant Rondorama.

Nocturne Du 2 juin au 27 octobre 2022, les remontées mécaniques circulent tous les jeudis jusque tard le soir. Profitez de l’incroyable lueur du crépuscule sur les sommets.

Journée de la paresse le 1er mai 2022 Le club des leaders de la paresse a élu le Stanserhorn mont de la paresse absolue.

Lors de la journée de la paresse, vous pour­ rez y monter gratuitement et tout ce qui res­semble de près ou de loin à du travail sera pris en charge pour vous. Rendez-vous dans la zone spéciale «farniente». Là, tout sera fait pour que vous puissiez flemmarder à votre guise. Le magnifique panorama du Stanserhorn vous sera expliqué dans un enregistrement. Vous n’avez qu’à écouter. Vous pourrez ensuite envoyer une carte postale à vos proches pour leur relater vos non-aventures. Les cartes ont déjà été pré-écrites pour vous. C’est normal le jour du poil dans la main!

Alors, évadez-vous du quotidien et découvrez le charme du Stanserhorn. La saison 2022 débute le 9 avril et se termine le 13 novembre.

Paracontact I Printemps 2022

Maison natale de Saint Nicolas de Flue

Flüeli-Ranft Puisque vous êtes dans la région, profitez-­ ­en pour visiter le village du célèbre ermite.

Il appartient à la commune de Sachseln, surplombe le lac de Sarnen et les gens y trouvent depuis des siècles le calme et le recueillement. Flüeli était le lieu de résidence et d’activité de Nicolas de Flue, qui y vivait avec sa femme Dorothee Wyss et ses enfants avant de les quitter pour se retirer dans les gorges de la Ranft, non loin de sa maison, où il a prié et est devenu un conseiller et un médiateur très sollicité.

Unique saint de Suisse, il a été canonisé en 1947. L’énergie et la force qui se dégagent de ce lieu de pèlerinage touchent et émeu­vent de nombreuses personnes, aujourd’hui encore.

Une association privée facilite la visite de Flüeli-Ranft aux personnes à mobilité réduite. Le «Ranft-Mobil» vous permet en effet d’aller sur les chemins escarpés dont l’inclinaison peut atteindre 23% et un membre de l’association vous accompagne. Il suffit de s’inscrire sur le site Web de l’association.

À Flüeli-Ranft, l’hôtel Paxmontana de style Art nouveau, situé entre l’ermitage et la maison natale du Frère Nicolas, propose un hébergement entièrement accessible ain­si que des animations et événements ré­ guliers.

Informations pour se rendre au Stanserhorn Montagne emblématique de Stans, cheflieu du canton de Nidwald, le Stanserhorn se trouve à 13 mn en train ou à 15 mn en voiture de Lucerne. Depuis la gare de Stans, le funiculaire n’est qu’à cinq minutes de marche. La montée jusqu’au Stanserhorn via la station intermédiaire dure 24 minutes.

Flüeli-Ranft Flüeli-Ranft se trouve à quatre kilomètres au-dessus de Sachseln et on peut s’y rendre en 15 minutes en car postal. On prend le car postal à la gare et au musée Frère Nicolas de Sachseln.

Informations www.stanserhorn.ch www.ranft-mobil.ch 27

RUBRIK LOISIRS

CULTURE

LOCATION

Retour sur le Marché de Noël

Partir à l’aventure!

Le deuxième week-end de l’Avent, la magie de Noël soufflait déjà sur Nottwil.

Plusieurs exposant·e·s de la région participaient à ce premier marché de Noël du GSP et vendaient leurs produits dans des tentes joliment décorées.

L’ambiance était assurée par le groupe Feldmusik Nottwil qui se produisit deux fois.

La visite de Saint-Nicolas et de son cortège, qui émerveilla petits et grands, fut un autre temps fort. En outre, une chasse au trésor organisée au Para-Forum attirait un large public, tandis que le service gastronomique du CSP régalait les visiteurs et les visiteuses avec des plats typiques comme les tartines de raclette, la tarte flambée et l’incontournable vin chaud.

Nous sommes ravis que le marché ait été si bien accueilli et planifions déjà la prochaine édition.

COURS POUR LES MEMBRES

Swiss-Trac Vous possédez un Swiss-Trac mais manquez de pratique? Ou vous souhaitez découvrir ce dispositif de traction et l’essayer? Alors venez suivre ce cours.

Découvrez ce que signifie être mobile et autonome avec le Swiss-Trac. Nous roulerons ensemble et apprendrons à atteler et à dételer, à surmonter les obstacles et à faire du tout-terrain.

On vous donnera de précieux conseils sur le transport, sur l’entretien et les batteries de cet engin de traction. Des pros vous diront également quelles adaptations individuelles permettraient de mieux répondre à vos besoins.

Pour les voyages en avion qui auront lieu au premier semestre (Algarve, Madrid et sud de la Turquie), nous avons prévu un voyage alternatif en car.

Si un vol ne peut avoir lieu en raison de la pandémie, l’ensemble du groupe effectuera le voyage de remplacement.

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VOYAGES

Les cars ASP font peau neuve

Date/Inscriptions 14.5.2022, 10 h 00 – 16 h 30 Küssnacht am Rigi www.spv.ch

CULTURE

Chant libre

NOTE SUR LES VOYAGES

Nous sommes paré·e·s

On peut louer le fauteuil roulant électrique «Mountain Drive» au Madrisa-Alp près de Klosters pour des randonnées en montagne. Il a été spécialement conçu pour les chemins naturels et pour gravir des marches de 10 cm de haut.

Grâce à son châssis intelligent et à sa propulsion électrique, il offre toutes les caractéristiques nécessaires pour progresser en toute sécurité sur un terrain accidenté. La double roue arrière confère à la fois flexibilité et stabilité.

Deux fois par mois, un groupe hétéroclite se réunit pour chanter. Rosa Zaugg, elle-même en fauteuil, dirige le chant et l’accompagne à la guitare. Le répertoire est composé de chansons de diverses cultures, de la pop à la musique du monde en passant par le folk. Il n’est pas rare que des badauds se joignent spontanément au chœur.

Car le groupe est réellement «ouvert»: sans connaissances préalables ni inscription, et accessible à tous et toutes.

Dates 7/21.5., 4/11/18.6.2022,10 h 30 – 12 h 00 Salle du silence, CSP

Depuis le 1er janvier 2022, Gössi Carreisen AG est notre partenaire. Les deux cars de l’ASP en Suisse alémanique arborent fièrement un nouveau look moderne. Nico Eigenmann attend vos réservations et ses conducteurs et conductrices sont prêt·e·s à vous faire parcourir l’Europe en toute sécurité.

Gössi Carreisen AG Nico Eigenmann Buhölzli 2, 6048 Horw Tél. 041 340 30 55 nico@goessi-carreisen.ch www.goessi-carreisen.ch Paracontact I Printemps 2022

LOISIRS

EN VOYAGE

Le Kenya – une étape d’un tour du monde Un entretien ne se déroule pas toujours de manière linéaire et prévisible, c’est ce qui m’est arrivé avec le globe-trotter Eugen Bissig, surnommé Geni.

Gabi Bucher

Lorsque j’ai demandé un rendez-vous à Geni Bissig afin qu’il me raconte son voya­ ­ge au Kenya, il m’a répondu qu’il serait au CSP le jour même pour faire ajuster son fau­teuil roulant. «À quinze heures au res­ tau­rant. Je serai le type en fauteuil roulant», m’a-t-dit en plaisantant.

La boutade n’était pas si vaseuse que cela, vu que le restaurant est relativement désert en cet après-midi d’entre les fêtes. J’ai juste du mal à croire que l’homme qui fonce à

Geni Bissig en visite au CSP …

toute vitesse dans le restaurant avec son fau­ teuil électrique tape-à-l’œil est mon voyageur du Kenya. Mais c’est bien lui et oui, il est allé explorer le Kenya, «en septembre Paracontact I Printemps 2022

dernier, j’avais encore des vacances à prendre, alors j’ai réservé quatre semaines de safari.»

Voyager: un plaisir sans cesse renouvelé Depuis un accident de parapente il y a 28 ans, Geni Bissig se déplace en fauteuil roulant ‒ manuel au début et désormais prin­ cipalement électrique. Il part souvent en voyage, parfois cinq à six jours, parfois jus­ qu’à trois mois. Il a choisi le Kenya après avoir lu l’article de Roland Bigler, lui-même tétraplégique, sur le site Web de Globetrotter. Il a également visité la Nouvelle-­ Zélande à bord d’un énorme car et, au Canada, il a parcouru toute l’île de Vancouver.

Généralement, il se fait accompagner par la même personne et n’utilise pas son fauteuil électrique. «Je voyage toujours avec mon fauteuil roulant manuel équipé d’un moteur.» Celui-ci est logé à l’avant, à droite; il reconnaît que ce n’est pas vraiment un modèle de série, il l’a lui-même bricolé avec le technicien pour être plus autonome. Et puis il me parle de ses séjours au Sri Lanka, en Italie, à Berlin. Il est aussi déjà allé au Maroc, à Istanbul, au Cap Nord et dans plu­ sieurs capitales européennes. Si cela pose problème? Non, tout est accessible en fau-

teuil roulant, si tant est qu’on organise tout soi-même et qu’on est accompagné par la bonne personne. On le croit sur parole, il n’évoque jamais le fauteuil roulant dans ses récits. Ah si, en y réfléchissant bien, il a eu un jour des soucis avec la manette de son fauteuil au Kenya. «Le soir, j’ai contacté mon technicien, je lui ai envoyé des photos par Whatsapp. Il m’a renvoyé des photos, j’ai pu ainsi reprogrammer le joystick.» Et une fois, à l’aéroport de Berlin, on lui a apporté son fauteuil roulant, avec tous les câ­ bles débranchés à l’arrière. «Heureusement que je suis électricien», dit-il en riant.

Pique-nique en pleine nature Mais c’est du Kenya que nous voulions par­ ler! Ils ont visité les parcs et ont vu toutes sortes d’animaux, c’était magnifique! Ils avaient le même guide que Roland Bigler.

«Il connaissait son affaire, d’autant qu’il fait ce travail depuis 20 ans.» Le dernier jour du voyage, il a exceptionnellement autorisé les passagers à descendre, «nous avons ainsi pu pique-niquer dehors, c’était génial, mais il vérifiait en permanence qu’aucune bête ne rôdait dans les parages, j’aurais eu du mal à m’enfuir.» Les trajets sur les pistes cahoteuses ont certes mis son dos à rude

… et en voyage sur les pistes du Kenya

épreuve et ils ont eu une petite frayeur à l’aéroport – les résultats du test PCR tardant à arriver. Mais dans l’ensemble, il n’a pas de problème pour voyager. D’ailleurs, il paraît que Dubaï aussi est formidable …

Il faut maintenant qu’il attrape son train, explique-t-il en mettant son béret et je l’ai à peine quitté que je l’aperçois déjà filer à toute allure vers la gare derrière le CSP. Le Kenya est devenu un petit tour du monde en accéléré.

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LOISIRS

DES ÎLES SANS OBSTACLES

Une parenthèse enchantée Le printemps est de retour et invite à explorer de nouveaux horizons. Pour marquer l’ouverture de la saison, nous avons répertorié ici des îles qui méritent une visite.

Yvonne Rölli

Vous connaissez sûrement les Îles de Brissago ou l’Île de Mainau. Or nous vous dévoilons ici des lieux moins connus comme l’Île de Schwanau, qui ravira notamment les amateurs et amatrices d’aventure. Ac­ cor­dez-vous une journée de liberté et goûtez aux joies des îles.

Les Îles de Brissago Situées sur le lac Majeur au Tessin, près d’Ascona, les Îles de Brissago abritent un jardin botanique. Véritables perles du lac, elles sont l’endroit idéal pour toutes celles et ceux qui aiment se ressourcer dans une nature enchanteresse. Car si ces deux îles sont évidemment recouvertes d’une vé­géta­ tion indigène, des espèces exotiques d’ori­ gine subtropicale y ont aussi été plantées.

et de formation, tant pour les spécialistes que pour les amoureuses et amoureux de la nature. La plus petite île, Saint-Apollinaire, est interdite au public et sert à des fins de recherche.

Période d’ouverture: d’avril à novembre Restaurant et hôtel: Hôtel Villa Emden Région: Tessin Comment s’y rendre: en bateau depuis Locarno, Brissago ou Ascona

L’île est en grande partie accessible aux per­ sonnes en fauteuil roulant. Il est conseillé de s’y rendre avec un·e accompagnant·e qui pourra apporter son aide si nécessaire.

Des visites guidées publiques et gratuites ont lieu chaque jour dans toutes les langues nationales.

L’Île Saint-Pierre Depuis le charmant port de Cerlier, le chemin de randonnée 445 vous mènera à l’Île Saint-Pierre. Entouré par le lac de Bienne, on se promène sur un agréable sentier à travers une réserve naturelle qui regorge de plan­tes de toutes espèces. L’i­­tiné­ raire est principalement cons­titué de chemins de campagne plats et il traverse un paysage varié.

L’Île Saint-Pierre est interdite aux voitures, ce qui est d’autant plus appréciable quand on souhaite se détendre et profiter du cadre lacustre exceptionnel pour recharger ses batteries.

L’hôtel Villa Emden, qui se trouve sur Saint-Pancrace, dispose d’une chambre ac­ ces­sible en fauteuil roulant.

Sur cette île interdite aux voiFondé en 1885 par la baronne Antoinette tures, vous admirerez non seude Saint-Léger, le jardin botanique de Saint-­ lement la flore des cinq con­tinents, Pancrace, la plus grande île, est unique en mais aussi la vue exceptionnelle sur les Suisse. Avec plus de 2000 espèces de plan­ montagnes: l’endroit idéal pour s’of­f rir une tes subtropicales, il sert à des fins d’étude petite parenthèse!

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Paracontact I Printemps 2022

En empruntant une langue de terre plate, vous vous retrouverez volontairement cou­ pé de la civilisation, au cœur d’une flore encore intacte à explorer sur toute la pres­ qu’île. Les promenades à travers les forêts clairsemées, les vastes champs et les rives sauvages du lac vous donneront une sensation de dépaysement total. Les forêts et le chemin des Landes, particulièrement riche en espèces, sont des sites naturels protégés.

De nombreuses aires de re­ pos in­vitent à s’attarder. Les points de grillade au bord de l’eau sont tout spécialement appréciés. L’hôtel et le restaurant du monastère, d’un grand intérêt historique, of­frent aussi une ambiance unique, mais seule la terrasse spacieuse est sans obstacles.

Période d’ouverture: toute l’année Restaurant: Klosterhotel St. Petersinsel Région: Seeland bernois Comment s’y rendre: accès en bateau (BSG), avec les transports publics (jusqu’à l’arrêt Cerlier, Poste) ou en voiture (parking public à Cerlier) Île de Schwanau: Un bon plan pour les touristes en quête d’aventure L’Île de Schwanau, qui se trouve sur le Lac de Lauerz dans le canton de Schwyz, n’est accessible que par ferry. Elle abrite un imposant château fort, composé de ruines et d’une chapelle. L’équipe du restaurant de

l’île veille au bien-être culinaire de ses hôtes. Peuplée depuis des siècles, l’île a fait l’objet de moult contes et légendes populaires. Aujourd’hui, elle est avant tout un lieu de plaisir, à un jet de pierre du continent, et néanmoins bien loin du quotidien.

Les personnes en fauteuil roulant accèdent à l’île avec le «Seefax», un bateau spécial qui est le seul à pouvoir être hissé hors de l’eau à l’aide du lève-bateaux situé sur le ponton cô­té continent, afin de leur permettre d’embarquer.

La partie inférieure de l’île, où se trouvent la chapelle et la terrasse, est accessible en fauteuil roulant, mais ni la cour du château, ni la tour ne peuvent être visitées en fauteuil roulant.

Période d’ouverture: à partir de la mi-mars 2022 Restaurant: Restaurant Insel Schwanau Région: Suisse centrale Comment s’y rendre: par bateau «Seefax» (pour les personnes en fauteuil roulant) Île de Mainau L’Île de Mainau, située sur le lac de Cons­ tance, fait sans doute partie des îles les plus connues. Des parterres colorés de plus d’un million de tulipes, de plus d’un millier de roses dans la roseraie italienne, ainsi de que plus de 12 000 magnifiques dah­lias enchantent les yeux et les narines: l’Île de Mainau est un véritable paradis floral.

À quelques exceptions près, les chemins du Mainau Park sont adaptés aux personnes en fauteuil roulant. Beaucoup sont goudron­ nés, d’autres sont à l’état naturel ou recouverts de gravier. La serre aux papillons, la serre tropicale, l’église du château ainsi que les salles d’exposition au rez-de-chaussée du château sont accessibles en fauteuil rou­ lant. Les restaurants sont aussi sans obstacles. Dans le café du château, un petit ascen­ seur peut être utilisé avec les Eurokeys habituelles.

Les personnes en fauteuil roulant accèdent à la serre aux papillons par la boutique de souvenirs et non par l’entrée en forme de chenille avec tourniquet. Elles sont priées de se présenter au personnel de la boutique.

Admirez la beauté de la nature 365 jours par an et passez une journée extraordinaire en famille ou entre amis. Découvrez une faune et une flore bigarrées en utilisant vos cinq sens. Les restaurants, cafés et snacks de l’île se chargeront de votre bienêtre.

Période d’ouverture: toute l’année Restaurant: divers cafés et restaurants Région: lac de Constance Comment s’y rendre: en train, en bus, en bateau par le lac de Constance (consulter impérativement les horaires des bateaux, car tous ne peuvent pas transporter des personnes en fauteuil roulant) ou avec son propre véhicule

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LOISIRS

TOUR EN SWINCAR

Le seigneur des sentiers de montagnes Le véhicule électrique Swincar peut emprunter tous les types de chemins, même en montagne, et offre ainsi une toute nouvelle expérience aux personnes à mobilité réduite. Nous l’avons testé dans le Bas-Valais.

Claude Siegenthaler

Coussin recommandé Le siège baquet étant assez dur, pour éviter les complications, il est conseillé d’utiliser un coussin d’assise. Attaché par des bre­telles, on veillera cependant à ne pas être assis trop haut car on pourrait perdre l’équilibre. Un coussin fin est donc préférable.

Le véhicule Swincar, également appelé arai­ gnée électrique, est un véhicule électrique entièrement dans l’air du temps et vraiment fun. Véhicule pendulaire, il n’est soumis ni à la force de gravité ni à la force centrifuge et permet d’obtenir un équilibre naturel et une sensation de conduite tranquille. De cette manière, il s’incline dans les virages et reste droit lorsqu’il est penché. Le véhicule est motorisé et suspendu sur chaque essieu, ce qui lui permet de rouler par monts et par vaux. Les fortes pentes peu­ vent être surmontées en montant ou en descendant le véhicule.

roulant d’accéder au siège du conducteur.

En outre, le siège peut pivoter afin de faciliter le transfert du fauteuil roulant sur le Swincar.

Ces véhicules étant équipés de différents systèmes d’accélération, toutes les person­ nes à mobilité réduite peuvent les conduire.

Tous les éléments de commande se trouvent sur le volant. Pour les tétraplégiques, il existe un système push-pull. En appuyant sur le volant, le Swincar accélère et lorsque le volant est relâché, il s’arrête immédiatement. Doté de clignotants et de plaques d’im­matriculation jaunes, il peut circuler Détails techniques sur les routes. Chaque roue dispose d’un En voyant cet engin, on se demande com- moteur électrique qui se recharge en desment une personne en fauteuil roulant peut cente. Un support a été installé sur le Swin­ s’y asseoir. Ce qui est unique dans cette car afin de pouvoir transporter le fauteuil construction, c’est que les essieux avant roulant pour s’arrêter dans les restaurants et arrière peuvent être ouverts sur le côté de montagne et profiter des merveilleux gauche du véhicule. Cela permet au fauteuil panoramas.

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De plus, il est important de ne pas être as­ sis trop loin du volant. Tout se fait au volant, c’est pourquoi les bras doivent être pliés pour pouvoir prendre de grands vira­ ges. Sur les routes plates, on roule à plein gaz, à 30 km/h, sur les chemins cahoteux, un peu moins vite. Au début, on teste l’engin en bas, sur le parking pour voir comment se comporte le véhicule, mais une fois dans les montagnes, il faut s’habituer aux positions dans le véhicule et commencer l’aventure en douceur. Après tout, on n’est pas sur un circuit de course et il faut pouvoir profiter de la vue, des sensations et de l’air frais. Un plaisir à tous points de vue.

Cette activité est accessible à toute personne titulaire d’un permis de conduire de catégo­ rie B avec assurance responsabilité civile, ainsi qu’aux passagers ou passagères de plus de trois ans pour le véhicule tandem.

Envie d’essayer?

Venez nous rejoindre à l’occasion du tour en Swincar dans le Val d’Illiez. Davantage d’informations sur spv.ch.

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LOISIRS

LOISIRS POUR TOUS ET TOUTES

L’intégration par le jeu Les enfants porteurs de handicap veulent jouer comme tous les enfants et les parents en fauteuil roulant veulent accompagner leurs bambins au parc comme les autres parents. Les «Aires de jeux pour tous» sont les bienvenues.

Gabi Bucher

Longtemps, le concept d’aires de jeux sans obstacles a fait figure d’OVNI en Suisse, jus­ ­qu’à ce qu’en 2011, la fondation zurichoise «Denk an mich» pour les personnes attein­ tes de déficiences et de handicaps, s’associe à diverses organisations afin de construire des espaces ludo-sportifs sans obstacles dans toute la Suisse. Dans le cadre du projet «Aire de jeux pour tous», un premier terrain de jeux de ce type fut inauguré le 18 mai 2011 à Unterwasser. Beaucoup d’au­ tres allaient suivre au fil des années.

avec des personnes handicapées, plus leur manière d’appréhender les choses par la suite sera naturelle et plus ils se montreront compréhensifs.»

handicapés ou non. Il existe désormais cin­ quante aires de jeux sans obstacles en Suisse, répertoriées sur une carte disponible sur le site Internet de «Denk an mich». Nous vous en présentons ici une petite sélection.

Parc Rodter, Lucerne L’aire de jeux de la fondation Rodtegg pour les personnes souffrant d’un handicap phy­ sique existe depuis septembre 2014. Elle est entièrement adaptée aux fauteuils roulants et dotée d’installations de jeux inclusives, comme une piste de course pour fau­ teuils roulants et un manège accessible en fauteuil roulant. On y accède facilement en voiture ou avec les transports publics.

Aire de jeux au bord du lac, Erlach L’aire de jeux ouverte en 2016 fait partie du parc public avec camping de la commune De nombreuses exigences d’Erlach, au bord du lac de Bienne, dans Pour qu’une aire de jeux soit accessible à le canton de Berne. La proximité des instal­ tous, de nombreuses exigences doivent être lations de jeux avec la nature et l’eau offre remplies: situation sur un terrain à faible une formidable expérience sensorielle à pente, zones ombragées en nombre suffi- tous les enfants. Des places de stationnesant, réseaux de chemins praticables et re- ment et des WC pour personnes handicavêtements anti-chocs avec passages aplanis, pées sont aussi disponibles. dispositifs de retenue ainsi qu’équipements Il n’est jamais trop tôt de jeux adaptés aux enfants malvoyants, Aire de jeux Dählhölzli, Berne «Il ne s’agit pas d’aires de jeux thérapeuti­ malentendants ou à mobilité réduite. Les L’aire de jeux du parc animalier bernois ques», explique la cheffe de projet Sandra toboggans doivent être équipés de plates- Dählhölzli, vieille de 30 ans, a été totaleRemund, «ce sont des espaces ludo-sportifs formes d’entrée et de sortie et de tapis de ment rénovée. De nouvelles installations tout à fait normaux qui peuvent être utili- réception amortissants. Il doit y avoir des telles que balançoires, fontai­nes et bacs à sés par des enfants ou des parents handica­ bacs à sable et à eau surélevés qui offrent sable ont été construites spécialement pour pés.» L’inclusion et la sensibilisation se font suffisamment d’espace en dessous pour les les usagers et usagères ayant un handile plus facilement chez les enfants, elle en jambes. Et les équipements de jeux doivent cap physique. Actuellement, la meilleure est convaincue. «Plus tôt ils sont en contact pouvoir être utilisés par tous les enfants, façon d’accéder à l’aire de jeux est en voiture; la ville travaille toutefois à l’ aménagement d’arrêts de TP sans obstacles près du zoo, qui devraient être achevés en 2023.

Spielaue, parc animalier Lange Erlen, Bâle Inaugurée en mai 2018, Spielaue est la première aire de jeux accessible à Bâle. En plus des jeux d’eau et de sable, elle propose des toboggans et d’autres installations sensorielles comme la «fourmilière», toutes ac­ cessibles en fauteuil roulant. Elle est située devant le parc animalier et est ouverte au public gratuitement et toute la journée.

Accessible aussi en fauteuil roulant Paracontact I Printemps 2022

Fondation Denk an mich denkanmich.ch/ spielplaetze-fuer-alle 33

SPORT EN FAUTEUIL ROULANT

PARALYMPICS

Beijing 2022

Après les Jeux d’été de 2008, Pékin accueillera le monde pour la seconde fois du 4 au 13 mars 2022, à l’occasion des Jeux Paralympiques.

Nicolas Hausammann

La capitale chinoise sera ainsi la première ville à organiser à la fois les Jeux Paralympiques d’été et les Jeux Paralympiques d’hi­ ver. Mais si la métropole est connue dans le monde entier, elle ne fait pas vraiment figure de station de sports d’hiver. C’est pourquoi trois «villages» sont prévus pour ces Jeux.

Les compétitions de curling et de para-­ hockey sur glace se dérouleront à Pékin même. L’équipe de curling dirigée par le coach Stephan Pfister s’est déjà qualifiée pour les Jeux Paralympiques (JP) grâce à ses performances. Le deuxième village se trouve à environ 90 km du centre-ville de Pékin. Les compétitions de ski alpin seront organisées à Yanqing, où le Swiss Paralympic Ski Team dévalera les pentes. Enfin, à 200 km de Pékin, les athlètes de snowboard et de ski nordique prendront leurs quartiers dans la région de Zhangjiakou.

Un défi organisationnel Même si un nouveau train à grande vitesse doit relier les trois zones de compétition, les JP seront un sacré défi organisationnel pour Swiss Paralympic et le chef de mission, Roger Getzmann, de Sport suisse en fauteuil roulant. Après les Jeux de Tokyo en septembre 2021, le Lucernois mènera sa se­ ­conde mission paralympique en l’espace de six mois. Il envisage ces JP avec con­fian­ce: «Il est clair que les Jeux représen­tent un grand défi pour toute l’équipe de Swiss Paralympic, mais aussi pour les deux fédérations sportives PluSport et Sport suisse en fauteuil roulant, qui doivent à nouveau four­nir des ressources humaines consi­ dérables pour un événement de grande 34

envergure. Nous sommes néanmoins con­ fiants dans notre capacité à relever ce défi et à créer des conditions-cadres optimales pour notre équipe.»

Conscients de ce surcroît de travail, le comité d’organisation local accordera aux nations une personne soignante supplémentaire par site.

Au maximum, 736 para-athlètes s’affronteront dans 78 épreuves de médailles. Ces compétitions sont réparties en 39 épreuves de médailles pour les hommes, 35 épreuves pour les femmes et quatre événements mix­ tes, comme par exemple en curling. Avec le para ski alpin, le ski de fond, le biathlon, le snowboard, le curling en fauteuil roulant et le para-hockey sur glace, six disciplines paralympiques seront au programme.

Manœuvres politiques Fin 2021, le président américain Joe Biden a mis le feu aux poudres en annonçant le boycott politique des Jeux Olympiques par les États-Unis. L’Australie et la Grande-Bretagne l’ont suivi et n’enverront pas non plus de représentant·e·s politiques à Beijing. À l’heure où nous bouclons ce nu-

Pascal Christen Visite méticuleuse du parcours des CM Paracontact I Printemps 2022

En pleine action Murat Pelit au slalom géant des CM

méro, le nouveau chancelier allemand Olaf Scholz ne s’est toujours pas prononcé, bien que des voix s’élèvent aussi en Europe pour pousser au boycott en raison de la situation précaire des droits humains en Chine.

Il s’agit toutefois de manœuvres purement politiques. Un boycott sportif, réclamé par les défenseurs des droits humains, toucherait sans doute durement la propagande déployée par la Chine. Mais une telle action pénaliserait surtout ceux et celles qui se préparent depuis des années à ce moment fort du sport et qui n’auront peutêtre que cette unique chance de participer aux Jeux Paralympiques: les athlètes.

Stratégie Zéro Covid La Chine est connue pour sa gestion radicale de la pandémie de Covid-19. Des villes entières, voire des provinces, sont immédiatement bouclées dès qu’un nombre infime de cas apparaît. Pour les JP aussi, le concept de protection est encore plus strict que celui de Tokyo et, lors d’événements tests comme les CM de curling en 2021, de sévères consignes concernant la bulle saParacontact I Printemps 2022

nitaire étaient déjà imposées. Pour les personnes non vaccinées, le manuel publié prévoit une mise en quarantaine préalable de 21 jours. Dans les faits, ce n’est pas ré­ alisable pour les athlètes suisses, car la saison des sports d’hiver n’a véritablement démarré que fin décembre avec la Coupe du monde à Saint-Moritz. La date de sélec­ tion de Swiss Paralympic se situe donc déjà dans la période de quarantaine, ce qui signifie que seuls les athlètes vacciné·e·s ou guéri·e·s pourront participer à ces Jeux.

Chances de médailles pour la Suisse La délégation suisse se rendra probablement aux JP avec environ 14 para-athlètes dans quatre disciplines sportives. Outre l’é­quipe de curling, les skieurs et skieuses font traditionnellement partie des meilleurs atouts du camp helvétique. Par ailleurs, des athlètes de snowboard et de ski nordique pourraient se qualifier pour les JP. Le chef de la délégation Roger Getzmann estime en revanche qu’il est extrêmement difficile d’évaluer les chances de médailles: «C’est en ski alpin que nous avons certaine­ ment les plus grandes chances. Theo Gmür a dominé les derniers Jeux avec trois vic-

toires en trois départs. Cependant, en paraski, il faut toujours avoir la chance nécessaire en compétition.»

Les Coupes du monde de Saint-Moritz et d’Åre ainsi que les CM de Lillehammer ont pu avoir lieu. Néanmoins, en raison de la fragilité des événements sportifs en temps de pandémie, il est presque impossible de faire des prévisions. C’est ce qui en fait tout l’intérêt et, en tant que fans de sport, c’est exactement ce que nous voulons: des compétitions équitables et captivantes, avec bien sûr, des exploits de notre équipe suisse.

ROAD TO BEIJING Suivez le Swiss Paralympic Ski Team, en pleine préparation pour les Jeux Paralympiques.

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SPORT EN FAUTEUIL ROULANT

KIDS CAMP

… is where we’re going Comme le dit la chanson, au Kids Camp on reprend en cœur: «Jedes Johr im Juni get’s vell Spass in Nottwil; Chaque année en juin on s’éclate à Nottwil; A giugno tanto divertimento a Nottwil» Cette année encore, il y aura foison de sports, de jeux et de rigolades au Kids Camp. Viens avec ta famille et passe un super week-end avec tes frères et sœurs et d’autres enfants en fauteuil roulant.

Nous espérons vous accueillir en nombre au Kids Camp 2022 les 18/19 juin, voir spv.ch (Sport pour tous).

CFR

Coordination dans les CFR Les clubs en fauteuil roulant ont réalisé un travail formidable. Les directives du comité et des présidents sont appliquées avec brio par les entraîneurs et entraîneuses.

Des activités sportives hebdomadaires sont organisées dans le gymnase, à la piscine ou sur la piste d’athlétisme, le tout sur la base du bénévolat.

De nouvelles idées émergent constamment. Les coordinateurs et coordinatrices des sports de l’ASP développent de nouvelles activités physiques et veillent à soutenir les clubs le mieux possible.

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SWISS PARALYMPIC

Révélations 2021 Pour la toute première fois, deux handiathlètes se sont vu décerner la distinction Allianz Newcomer Award 2021. Il s’agit du handbikeur Fabian Recher et de l’athlète Elena Kratter.

Exceptionnellement, l’Award a été décerné deux fois cette année car il n’avait pas pu être remis en 2020. Les performances exceptionnelles de ces jeunes talents aux Jeux Paralympiques, aux championnats du monde et aux championnats d’Europe

sont très prometteuses pour leur future carrière sportive. Elena Kratter et Fabian Recher ont été les premiers handi-athlètes à intégrer l’ER pour sportifs et sportives d’élite début novembre. Cela leur permet de s’entraîner de manière encore plus ciblée et professionnelle.

Informations Pour en savoir plus sur ces deux athlètes de la relève, consultez www.swissparalympic.ch/fr/sportifs

GROS PLAN

CT Ski alpin Planifier, budgétiser, coordonner et évaluer, toutes ces tâches font partie du travail du groupe de conduite Ski Alpin, qui est le pendant des commissions techniques de Sport suisse en fauteuil roulant.

Le groupe de conduite comprend un représentant de PluSport, un représentant de Sport suisse en fauteuil roulant ainsi que les deux entraîneurs-chefs, Greg Chambaz (élite) et Kevin Caduff (relève) du Swiss Paralympic Ski Team (SPST).

Après les Jeux Paralympiques de 2010, la création du groupe de conduite Ski Alpin et du SPST a marqué le début d’une nouvelle ère de collaboration dans le domaine du ski alpin. Une équipe commune de ski a été mise en place afin, notamment, d’exploiter les synergies. Des entraîneurs-chefs ont ainsi pu être engagés, ce qui profite aux deux fédérations. Entité à part entière, la CT Ski alpin est dirigée par Björn Bruhin et les athlètes y sont représenté·e·s par Murat Pelit.

Paracontact I Printemps 2022

PARA TOP POTENTIAL

COMPÉTITIONS À TITRE À VENIR

Pascal Christen, ski alpin

L’Europe s’active

Pascal, 30 ans, domicilié à Kriens (LU) fait partie du nouveau vivier de promotion des athlètes «Para Top Potential» de Sport suisse en fauteuil roulant.

Quel est ton plat préféré?

Les plats thaïlandais au curry.

Ta bande-son pendant l’entraînement?

Souvent le son du vent, parfois aussi le rap suisse ou l’EDM. Tes autres loisirs, hormis le ski?

En dehors des pistes, j’aime faire du handbike ou du VTT. Étant graphiste de formation, je m’intéresse aussi à la numérisation ou au design.

Pour le tir sportif et le rugby, 2022 commence avec d’importantes rencontres européennes. Après avoir accédé à la division A l’an dernier, l’équipe nationale de rugby joue maintenant sa qualification pour le CM lors du CE. En tir sportif, il s’agit de reprendre le calendrier des compétitions internationales après deux annulations du CE pour cause de pandémie.

AGENDA

Giro Suisse

Netflix ou SRF? Clairement les podcasts SRF.

Pour les photos: smartphone ou appareil photo reflex?

Le meilleur appareil photo est celui que l’on a sur soi.

Paracontact I Printemps 2022

Tir sportif en Norvège Après deux annulations, tout semble réuni pour que le championnat d’Europe de tir sportif à courte distance (10 m) puisse enfin avoir lieu. Pour s’assurer une qualification aux épreuves finales qui se tiendront à Hamar, les tireurs et tireuses devront rester concentré·e·s du 13 au 19 mars et maîtriser leur souffle, leur main et leur regard.

CE de rugby à Paris Outre la Suisse, l’Allemagne, le Danemark, la France, la Grande-Bretagne, les PaysBas, la Pologne ainsi que la Russie se disputeront le titre européen du 19 au 27 février. Alors que les quatre premiers pays seront automatiquement qualifiés pour le championnat du monde d’octobre 2022, les deux équipes classées en dernière position seront reléguées en division B. La La sélection de la délégation suisse a eu Suisse considère que son groupe, composé lieu le 9 février.

Ce que les gens doivent absolument savoir sur toi.

Je le dévoile sur mon blog: pascalchristen.ski/blog

Insta ou Whatsapp?

Je suis actif sur Instagram (@pascalchristen.ski).

de la France, du Danemark et de la Russie, représente un défi, mais estime qu’elle a des chances de s’imposer lors de la phase de poule. La Suède, qui jouit d’une longue tradition en rugby, ne participe pas à l’événement à sa demande. La Russie a hérité de sa place de départ.

Le Giro Suisse 2022 traversera la Suisse romande. Le départ sera donné le mardi 23 août 2022 à Bienne et cinq jours après, sportifs et sportives franchiront la ligne d’arrivée à Delémont.

CLUBS EN FR

Les portes sont grandes ouvertes L’ASP annonce diverses manifestations des CFR pour 2022.

Afin d’offrir aux personnes en fauteuil roulant encore plus d’activités sportives et de loisirs, les événements de divers clubs et organisations seront publiés ici. Toutes les informations figureront également sur notre site Internet. Les organisateurs espèrent recevoir beaucoup d’inscriptions.

Les inscriptions sont ouvertes dès le printemps: www.spv.ch (Sport pour tous, Giro Suisse) 37

SPORT EN FAUTEUIL ROULANT

RETRAITES

Deux pointures du handbike quittent le sport de compétition Après les JP de Tokyo, Tobias Fankhauser et Silke Pan mettent un terme à leur carrière en paracyclisme. Nous leur souhaitons beaucoup de succès pour la suite de leur parcours.

Nadja Venetz

Tobias Fankhauser

originaire de Hölstein BL 9.11.1989

Tobias Fankhauser était l’un des handbikeurs suisses les plus performants de ces der­ niè­res années. Médaillé d’argent aux Jeux Paralympiques de Londres en 2012, puis médaillé de bronze en 2016 à Rio, il aurait aimé triompher à Tokyo, mais n’a que partiellement réussi en obtenant des diplômes en course sur route et en relais.

Il s’agit néanmoins d’un exploit remarqua­ ble, si l’on considère que l’athlète était encore hospitalisé pour une infection peu avant les Jeux. C’étaient les derniers Jeux Paralympiques du Bâlois qui souhaite désormais se consacrer à ses études et à son avenir professionnel. À 32 ans, il a commen­cé en septembre dernier un master en administration des affaires. «Le sport m’a énormément apporté et tout au long de ces années, j’ai pu partager de nombreux moments merveilleux avec l’équipe de handbike», explique l’athlète qui prend sa retraite sportive.

L’amour du vélo Enfant déjà, Tobias Fankhauser aimait faire du vélo, mais juste pour le plaisir et sans aucune ambition sportive. À l’âge de 13 ans, une chute de vélo l’a rendu tétraplégique.

Pendant sa rééducation, l’adolescent a découvert par lui-même le handbike. Deux mois seulement après s’être assis pour la première fois dans un handbike, Tobias Fankhauser participait à une course junior.

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Il faudra cependant attendre encore quelques années avant que les compétitions internationales ne suivent.

En 2010, il a disputé son premier championnat du monde et, deux ans plus tard, il a remporté la médaille d’ar­ gent dans la course sur route aux Jeux Paralympiques de Londres. Tobias Fank­hauser était enfin arrivé au sommet international et il montait régulièrement sur les podiums. Au fil des ans, sa préférence pour les courses sur route par rapport au contre-la-montre s’est confirmée.

Il puisait son énergie et sa motivation dans l’épreuve de force qui l’opposait aux autres athlètes et allait jusqu’au bout.

Le handbike reste la passion de Tobias Fank­hausers. «Je continuerai certainement à rouler régulièrement en handbike, à faire des tours avec des copains et peut-être à participer à une ou deux petites courses, mais toujours pour le plaisir.»

Silke Pan

originaire d’Aigle VD 11.1.1973

Depuis 2012, Silke Pan a participé à de nombreuses coupes du monde et d’Europe et est régulièrement montée sur le podium avec son handbike.

En 2015, alors encore sous les couleurs de l’Allemagne, elle est devenue vice-championne du monde de paracyclisme. Ayant grandi en Suisse romande, elle a demandé

la nationalité suisse qu’elle a obtenue en 2018 et depuis 2020, elle fait partie de l’é­quipe suisse de paracyclisme. Lors des championnats du monde de 2021 à Cascais, au Portugal, elle a remporté la médaille de bronze dans la course sur route.

Malgré sa 2e place au classement mondial, elle n’a pas pu atteindre son objectif: se qualifier pour les JP de Tokyo 2020. «Le sport de haut niveau a tou­jours fait partie de ma vie, mais il y a un an, j’ai redécouvert une ancienne passion qui s’est ravivée. J’ai trouvé de manière tout à fait inattendue comment me tenir en équilibre sur les mains et depuis, la porte des arts acrobatiques s’est à nouveau ouverte pour moi.

Je ne veux pas manquer l’opportunité de vivre ce qui m’épanouit le plus en ce moment», explique cette artiste de cirque de formation qui s’est retirée du sport de compétition à l’automne 2021.

Retour sur scène Cette artiste, désormais âgée de 49 ans, a fait une chute de trapèze en 2007 qui l’a rendue paraplégique. Outre le sport de com­pétition, Silke Pan a toujours poursuivi ses pro­ pres projets. Elle a ainsi franchi 80 cols alpins au to­ tal en handbike et a régulièrement fait des apparitions sur scène. Le sport restera important, mais les compétitions ne seront plus là que «pour le plaisir». Elle est probablement la première paraplégique au monde à se consacrer à la techni­que du poirier.

Paracontact I Printemps 2022

SPORT EN FAUTEUIL ROULANT ROLLSTUHLSPORT

roulement des journées. Les débuts étaient donc assez difficiles – j’ai dû me faire violence.

As-tu finalement pu en tirer profit sur le plan sportif?

C’est encore difficile à évaluer, car je m’entraîne à mi-temps pendant l’ER et je dois en plus suivre les cours et les formations militaires. La qualité de l’entraîne­ment en a peut-être même un peu pâti, car je manquais parfois d’énergie pour me don­ner à fond pendant l’entraînement. Je pense que le principal bénéfice viendra après l’ER, lorsque je pourrai profiter des 130 jours de CR.

PROMOTION DU SPORT D’ÉLITE DANS L’ARMÉE SUISSE

Première recrue en fauteuil roulant Le handbikeur Fabian Recher est le premier athlète en fauteuil roulant de l’école de recrues pour sportifs et spor­tives d’élite. Il tire un bilan mitigé de son ER à Macolin.

Nicolas Hausammann

Elena Kratter, sprinteuse debout avec une prothèse de cuisse, et Fabian Recher, hand­ bikeur se déplaçant en permanence en fau­ teuil roulant, sont les deux premiers athlè­ tes atteints d’un handicap ayant incorporé l’ER pour sportifs d’élite. Les 18 semaines étant écoulées, ils profiteront bientôt des journées de CR de la promotion du sport d’élite de l’armée. C’est le moment de faire le point sur l’inclusion des sportifs et sportives d’élite dans l’ER. Peu avant de l’intégrer, Fabian Recher a participé à ses premiers Jeux Paralympiques à Tokyo, puis il

a dû refaire ses valises et rejoindre les rangs de l’armée. Le jeune homme de 22 ans originaire de l’Oberland bernois répond à nos questions sur sa première ER. Comment s’est passée l’ER, as-tu mis du temps à t’acclimater et à trouver tes repères?

Au début, j’ai dû lutter. Je suis plutôt du genre à avoir des habitudes et je pense que c’est important en tant qu’athlète de s’entraîner de manière constante pour réaliser de bonnes performances. Après les moments forts des Jeux Paralympiques et la pause de la saison qui a suivi, j’ai aussitôt pris mes quartiers à Macolin et adopté le régime militaire. Cette rupture avec mes chères routines m’a obligé à repenser le dé-

Comment est l’encadrement des entraîneurs?

Ils ont bien sûr aussi dû s’adapter. Ici, à Macolin, je suis normalement encadré par l’entraîneur national Michael Würmli, avec lequel les relations se sont certainement intensifiées. Par contre, c’est toujours mon entraîneur personnel, Pirmin Christen, de Zurich, qui planifie mon entraînement.

Avec lui, mes relations n’ont pas beaucoup changé.

Comment s’est passé ton entraînement d’hiver à Macolin?

Vu l’altitude et la configuration vallonnée des lieux, il était difficile de s’entraîner à l’extérieur. On me voyait surtout sur le rou­ leau. D’ailleurs, le vélodrome de Swiss Cycling à Granges, où je m’entraîne de temps en temps, est un peu plus proche. Le weekend, j’étais aussi souvent sur les pistes de ski de fond à Kandersteg. C’est une super compensation et un changement bienvenu.

Quelles expériences tires-tu de Macolin en dehors du sport?

Pour moi, il a été extrêmement enrichissant de voir plus loin que le sport en fauteuil roulant et la scène paralympique. J’ai ainsi pu observer d’autres disciplines sportives, apprendre à en connaître les métho­ des et formes d’entraînement. J’étais souvent en compagnie des lutteurs, par exem­ple. Je pense que ces relations et le respect mutuel de la performance resteront. En outre, les cours de planification de carrière étaient très intéressants et ils ont aiguisé ma vision pour le long terme.

Paracontact I Printemps 2022 39

SPORT EN FAUTEUIL ROULANT

COURS POUR LES ENFANTS

Le bonheur d’Aaron

Humeur au beau fixe, malgré le mauvais temps: Aaron Brönnimann, élève du secondaire, profite à fond de sa journée de ski à Sörenberg. Coup d’œil.

Peter Birrer

Aaron se réjouit de passer des heures sur la neige et d’inaugurer la première journée de ski de cet hiver. Elle est prévue à Sörenberg dans le cadre des cours pour enfants que l’Association suisse des paraplégiques (ASP) organise régulièrement et qui sont ouverts aux moins de 20 ans. Le jeune homme de bientôt 14 ans, originaire de Niederlenz (AG), adore faire de l’uniski.

La vitesse le grise et il aime aussi l’échange avec le moniteur de ski.

Aaron sait déjà ce qui l’attend et comment l’engin fonctionne. Il a toutefois un peu d’appréhension, car l’an dernier, il n’a participé à aucune journée de ski. Les jours

pré­cédents, il s’est donc posé des questions: vais-je encore savoir comment faire? Vais-­ ­je réussir à dévaler les pistes sans aide exté­ rieure?

Au petit matin, Aaron n’est pas très loquace.

La tension est palpable, mais elle disparaît très vite. Franz Schöpfer s’occupe de lui, en vieil habitué de l’équipe des moniteurs et monitrices de ski qui donnent des cours aux élèves sur mandat de l’ASP – tout en partageant leur plaisir.

Le matériel adéquat est vite trouvé Avant la première descente, il se rend dans le local à skis de l’ASP à la station de Ross­

weid. Aaron a beaucoup grandi depuis son dernier cours de ski, ce qui signifie qu’il a besoin d’un uniski plus grand. Grâce à l’œil aiguisé des spécialistes, le matériel adéquat est trouvé en quelques minutes: une coque qui garantit une position assise compacte, ainsi que le bon ski. Et maintenant, place au plaisir!

Toujours prêt à aider Aaron Brönnimann est né le 15 mars 2008 avec un spina bifida. Il subit une première opération du dos à Zurich juste après sa naissance. Mais ce handicap n’empêche pas le garçon de mener une vie bien remplie.

Il peut certes faire quelques pas, mais seu-

Plaisir partagé Aaron Brönnimann et son moniteur de ski Franz Schöpfer

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Paracontact I Printemps 2022

lement au prix de gros efforts. Il s’habitue au fauteuil roulant avec lequel il se déplace rapidement avec aisance. Il joue du piano, lit beaucoup et aime dessiner, surtout les visages. Il va à l’école secondaire, préfère les maths au français et fait partie des meil­ leurs de sa classe.

Sa fibre sociale est très développée. Si un camarade a un ennui avec son vélo sur le chemin de l’école, il ne l’abandonne pas mais s’efforce de lui venir en aide. Il fait preuve d’une grande écoute quand quel­ qu’un vient lui confier un souci. Et en sport, il a du mal à doubler un concurrent en prise avec un problème technique lors d’une compétition. Il n’y a qu’une seule chose qu’Aaron refuse: qu’on ait pitié de lui.

«J’aime avoir des élèves comme ça» C’est dans cet état d’esprit qu’il entame cette journée de décembre à Sörenberg, sous des conditions météorologiques épou­ vantables. Le ciel est couvert de nuages, la pluie exige une bonne dose de persévérance. Mais pas question de se laisser décourager par ces circonstances défavora­ bles. Dès les premières minutes, il n’a plus besoin d’aide: sur l’uniski, Aaron retrouve vite ses marques et maîtrise les pentes avec autant d’assurance que d’élégance.

Son moniteur Franz Schöpfer l’accompagne à chaque descente et lui donne de précieux conseils pour l’aider à affiner sa technique.

Tous deux aiment alterner les vannes et les discussions sérieuses. C’est ce qui plaît à Aaron: «Nous pouvons parler de tout et de n’importe quoi.» Franz Schöpfer renchérit: «J’aime avoir des élèves comme ça. Aaron n’est pas le seul à en profiter, moi aussi. Car grâce à lui, mon travail me procure toujours un immense plaisir, même après tant d’années.»

L’activité principale de Franz Schöpfer – comme la plupart des membres de l’équipe des monos – est agriculteur dans la région.

Et comme toutes celles et ceux qui donnent des leçons de ski dans le cadre des cours de l’ASP, il a suivi une formation spéciale, qui comprend notamment une partie pratique. Il doit lui-même être en mesure de faire de l’uniski ou du dualski et de prendre le téléski; enfin, il doit suivre un cours praParacontact I Printemps 2022

Le matérial est adapté

Aaron heureux malgré la pluie

tique de cinq jours à l’issue duquel il passe un examen. Par ailleurs, les enseignant·e·s doivent aussi acquérir des connaissances théoriques et connaître les différents degrés de paralysie.

L’ASP accorde une grande importance à la qualité Le ski est extrêmement prisé, «c’est le sport numéro 1», dit Thomas Hurni, Chef Sport pour tous et manager du sport de l’ASP, «les personnes en fauteuil roulant peuvent ainsi faire du sport en plein air, même en hiver.» La forte demande vient attester de cette immense popularité. Rien qu’à Sören­ berg, près de 50 jours de cours ont lieu chaque hiver, auxquels s’ajoutent 10 jours à Villars-sur-Ollon, et un week-end est organisé à Airolo. «Il est essentiel à nos yeux de pouvoir offrir de la qualité», souligne Thomas Hurni, «c’est pourquoi nous misons délibérément sur un encadrement à 1 pour 1: chaque moniteur est en charge d’un seul élève.»

Moment convivial au repas de midi

et monitrices, très doué·e·s en bricolage, peuvent piocher parmi pas moins de 40 coques différentes – celles-ci étant aux personnes han­dicapées ce que les chaussures de ski sont aux piétons. Un équipement complet d’uni­ski et de dualski coûte environ 8000 francs. «Il faut parfois de sacrés talents d’improvi­sation», reconnaît Thomas Hurni, «et nous savons qu’à Sörenberg, nous pouvons com­pter sur un groupe de moniteurs et mo­ni­trices parfaitement rodé».

À Sörenberg, tout se fait de manière simple et dans une excellente ambiance. La bonne humeur fait oublier la pluie incessante et à midi, on reprend des forces pour la seconde partie de la journée. Aaron s’est installé avec ses amis Adrian et Dario au restaurant de montagne, devant l’incontournable assiette de nuggets de poulet/frites, servie par les moniteurs. «Il y a pire que le mauvais temps», déclare Aaron. Ses deux camarades attablés avec lui acquiescent.

Pour eux non plus, pas question d’écourter la journée.

Retour à Sörenberg dès février Après une brève éclaircie à Sörenberg, la pluie reprend. Mais les jeunes sportifs sem­ ­b­lent n’en n’avoir jamais assez. Pourtant, à 14 h 30, c’est bien fini. «Je suis surpris de voir à quel point ça s’est bien passé», commente Aaron Brönnimann d’un air ravi, «je n’aurais rien eu contre le fait de continuer.»

Franz Schöpfer tape sur l’épaule de son élève avec satisfaction. Cela a été un plaisir pour lui aussi.

C’est cette positivité des jeunes skieurs qui incite d’ailleurs Thomas Hurni à continuer à s’engager sans relâche. Cet ex-prof de sport raconte l’histoire d’un participant qui, les yeux humides, lui a un jour avoué dans le local à skis: «Je n’aurais jamais cru que je pourrais à nouveau skier.» On s’efforce de faire l’impossible; les moniteurs

Sabine Brönnimann sent à quel point son fils est heureux. Sur le chemin du retour, il ne tarit pas d’éloges sur sa journée de ski et demande à sa mère de le réinscrire tout de suite. Elle s’empresse d’exaucer son vœu: Aaron skiera de nouveau à Sörenberg début février. Cette fois-ci pendant quatre jours et, espérons-le, par beau temps.

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Paracontact I Printemps 2022

SPORT EN FAUTEUIL ROULANT

SALLE DE SPORT DU CSP NOTT WIL

Un nouveau foyer La salle de sport du Centre suisse des paraplégiques est désormais resplendissante. Avec elle, les sports d’intérieur ont enfin trouvé un nouveau foyer.

Nicolas Hausammann

Salle de sport CSP Temple de l’événement et lieu d’entraînement

C’est un jeudi soir d’automne, une agréable odeur de bois frais et de vernis du nouveau parquet flotte encore dans l’air de manière idyllique. Mais sur le terrain, l’idylle s’arrête là: un grand choc retentit quand, dans la halle 2, deux joueurs de rugby se percutent de plein fouet avec leurs bolides de combat. Au fond, dans le local du matériel, les basketteurs et basketteuses de la relève s’extirpent de leurs engins de sport pour faire une pause. Les nouvelles portes offrent enfin suffisamment d’espace pour ranger les fauteuils de sport, et l’ouverture et la fermeture peuvent s’effectuer automatique­ ment pour les personnes en fauteuil roulant sur simple pression d’un bouton.

Dans la halle 1, un groupe de patient·e·s en dernière phase de rééducation s’essaye déjà au basket-ball, tandis qu’à l’extérieur, dans Paracontact I Printemps 2022

les vestiaires, l’équipe des Pilatus Dragons et du BSV Sursee se préparent pour l’entraînement. Le par­quet du CSP doit pouvoir tenir le choc.

Grincements, craquements et bruissements Les vis qui maintenaient les lattes de l’ancien parquet ont disparu, la surface de jeu est à nouveau lisse. Après six mois de travaux, de nouveaux écrans LED ont été installés juste avant Noël. Car la salle de sport n’est pas seulement un lieu d’entraînement très fréquenté. De grands événements comme les CE de basket-ball, les tournois de qualification paralympique de rugby ou les championnats de Suisse et les finales de coupe se tiennent régulièrement au lac de Sempach. Les bruissements, grin­ cements et autres craquements s’effacent

alors des haut-parleurs, cédant la place à la musique et à la voix du speaker qui résonne dans les tribunes.

Vivre le match depuis chez soi Sous le toit de la halle, Swisscom a installé des caméras pour la transmission en direct depuis la salle de sport ainsi que pour les analyses tactiques des équipes nationales.

La plate-forme ouvre aux disciplines sportives de nouvelles possibilités commercia­ les. En effet, lors des matches qui ont lieu sans public à cause des restrictions liées à la pandémie, il est désormais possible de partager les performances avec les famil­ les, les ami·e·s et les fans.

Une salle pour tous La salle de sport du CSP a un défaut majeur: elle ne s’est pas décuplée pendant la phase des travaux. Car outre les équipes de rugby et de basket-ball ou les handballeuses de Spono Nottwil, les joueurs et joueuses de tennis de table, de badminton, de Powerchair hockey ainsi que les personnes en physio du CSP en usent régulièrement le par­quet. Sans oublier les nombreux cours de formation de Sport suisse en fauteuil rou­lant qui se déroulent chaque année à Nottwil. À cela s’ajoutent la Fête du per­son­nel et d’autres grandes manifestations, comme en athlétisme, où la halle est alors reconvertie en salle à manger pour 700 ath­lètes. La course aux si convoités créneaux d’entraînement et de compétition va donc se poursuivre et à la foire de la coordination des événements, les choses se pas­ sent comme dans un bazar marocain: «Tu peux avoir la salle le premier dimanche d’avril, pour la peine nous pourrons encore jouer la finale des play-off le week-end pré­ cédent, pendant que l’équipe nationale en stage de formation fera sa pause de midi», crie-t-on d’un côté de la table. «Vendu!», répond-on de l’autre côté.

La métamorphose Trois mois dans une vidéo de 45 secondes 43

DIVERS

RECHERCHE

Nouveau laboratoire À LA PLAGE

SEATRAC vous met à l’eau SEATRAC est un dispositif gratuit et facile à utiliser qui permet aux personnes handicapées ou à mobilité réduite de se baigner dans la mer sans l’aide d’un tiers.

Une liste de toutes les plages équipées de SEATRAC figure sur le site Web (en anglais) des développeurs grecs.

On peut également y voir quelles autres installations (parkings accessibles, toilettes, etc.) sont disponibles sur chaque lieu de baignade.

La plupart des plages dotées de SEATRAC se trouvent en Grèce.

Vers le répertoire www.seatrac.gr

La Haute école spécialisée bernoise met en place un laboratoire SCI-Mobility (SCI: spinal cord injury) qui étudie et développe des solutions pour les personnes à mobilité réduite.

L’objectif est d’améliorer leurs conditions de déplacement quotidiennes. Les spécialistes du laboratoire testent des produits déjà disponibles pour les usagers et usagères ainsi que pour l’industrie. Les nouveaux véhicules et les prototypes qu’ils et elles conçoivent sont autant de contributions innovantes permettant d’accroître la sécurité, le confort et l’autonomie des per-

Du 26 au 28 mai 2022, l’élite mondiale se retrouvera à Nottwil pour disputer les épreuves des «ParAthletics 2022» et tenter de monter sur le podium.

Les championnats de Suisse se dérouleront aussi dans le cadre de cette rencontre. Le Mémorial Daniela Jutzeler se tiendra juste après, le 29 mai.

44

En ce moment, l’équipe travaille sur des projets visant à optimiser la rééducation, le sport et la liberté de mouvement pour les personnes qui utilisent des aides à la mobilité. Lier l’humain et la machine fait intégralement partie des plans de recherche du laboratoire.

Plus d’informations www.bfh.ch

PORTAIL EN LIGNE

Community «EnableMe» La fondation MyHandicap a lancé sous le nom «EnableMe» son nouveau portail international en ligne dont l’objectif est de fournir des connaissances et des possibili-

ÉVÈNEMENT

ParAthletics 2022

sonnes concernées. Grâce aux nombreux partenariats qu’il entretient, le laboratoire est un centre de recherche ouvert sur l’extérieur.

«Quelles aides peuvent me soutenir?»

Philippe A.

Trouve des réponses - discute des solutions.

Découvre EnableMe.ch1

tés d’échange sur les questions du handicap ou des maladies chroniques. EnableMe est un réseau en pleine expansion qui est destiné aux personnes touchées et à leurs proches. Les utilisateurs et les utilisatrices répondent à des centaines de questions par an et partagent leurs expériences.

Chaque handicap, chaque maladie, chaque situation de vie d’un individu est unique, et pourtant il y a des questions et des thèmes communs que les personnes concernées et leur entourage se posent sur divers handicaps et pathologies. Comment trouver un emploi avec mon handicap? Quel type de logement est fait pour moi? Où trouver des activités sportives adaptées? Partager son vécu peut faciliter le quotidien de ses pairs, mais aussi leur permettre de prendre des décisions éclairées ou d’emprunter de nouvelles voies.

Vers la plateforme www.enableme.ch Paracontact I Printemps 2022

VACANCES

Voyages adaptés Le site Carigami consacre une rubrique aux «Voyages adaptés: conseils pour de belles vacances», qui a pour thème l’accessibilité des voyageurs et des voyageuses en situation de handicap. Diverses informations permettent de mieux planifier ses vacances.

ACCESSIBILITÉ

Bienne récompensée

Vers les articles www.carigami.fr

SPORT

Portail fiable La fondation Antidoping Suisse est devenue au 1er janvier 2022 Swiss Sport Integrity. Désormais, elle gère aussi les problèmes d’éthique.

Avec Swiss Sport Integrity, le sport dispose d’un portail fiable pour que les cas de dopage, les manquements à l’éthique et les irrégularités soient détectés et éliminés rapidement. Les services de signalement de Swiss Olympic et des fédérations nationales sont ainsi remplacés. L’indépendance de la nouvelle fondation garantit une gestion et un traitement confidentiels des cas. La plateforme numérique répond aux normes de sécurité les plus élevées et permet une interaction avec la personne qui fait le signalement, en respectant son anonymat. Swiss Sport Integrity est ouvert à toutes celles et ceux qui souhaitent signaler d’éventuels abus ou dérives.

Vers la plateforme www.sportintegrity.ch Paracontact I Printemps 2022

Depuis 2020, la fondation MOVE décerne le MOVE-AWARD aux communes et aux villes qui promeuvent de manière exemplaire l’égalité des personnes handicapées et l’appliquent concrètement.

Le 22 octobre 2021, la ville de Bienne a reçu le MOVE-AWARD 2021 en signe de récompense pour ses efforts en matière d’accessibilité des informations et des infrastructures urbaines. La fondation a salué

la réflexion globale et le remarquable engagement de la cité seelandaise. Outre ses nombreux bâtiments sans obstacles, son espace public facilement utilisable par les personnes ayant un handicap et ses TP adaptés aux usagers et usagères à mobilité réduite − pour lesquels la ville s’engage depuis longtemps – Biel/Bienne s’est distinguée par la qualité des informations disponibles sur son site www.biel-bienne.ch qui a été jugée exemplaire.

INCLUSION

Un pas de plus Le canton de Lucerne, qui encourage la pratique commune du sport des personnes avec et sans handicap, a créé le service de coordination «Inclusion dans le sport». Faire du sport ensemble favorise l’acceptation et la compréhension mutuelles ainsi qu’un contact naturel et respectueux.

Pour mettre en place cette inclusion dans le domaine sportif, le service Santé et sport collabore étroitement avec «Special Olympics Switzerland».

Plus d’informations (en allemand) www.sport.lu.ch/inklusion 45

GROS PLAN

L’ENTRETIEN

L’ASP doit changer

Josef Jakober et Peter Landis, président et vice-président de Parawatch réclament des réformes. Olga Manfredi, présidente de l’ASP, et Laurent Prince, directeur, entrent dans le débat avec Parawatch.

Evelyn Schmid et Nadja Venetz

PARAWATCH Depuis 2009, l’association Parawatch suit d’un œil critique l’utilisation de la fortune de la Fondation suisse pour paraplégiques et se considère comme un observateur indépendant du Groupe suisse pour paraplégiques. L’organi­ sation, fondée en tant que communauté d’intérêts avec près de 25 membres, met au jour les dysfonctionnements et propose des solutions.

Parawatch s’engage notamment pour que la fortune de la fondation soit utilisée selon les vœux des donateurs et donatrices, pour que les re­quêtes des personnes en fauteuil roulant soient traitées anonymement vis-à-vis de la Fondation suisse pour para­ plégiques, de l’Association suisse des paraplégiques et de l’Association des bienfaiteurs, et pour que les valeurs éthiques et morales soient respectées.

Partant des critiques adressées à l’AD, une discussion s’est engagée sur les changements au sein de l’ASP. Evelyn Schmid et Nadja Venetz ont mené les débats.

Peter Landis: Nous vous remercions de cet entretien. Pendant trois ans, nous nous sommes battus pour obtenir une plateforme. Pourquoi est-ce si difficile de permettre aux membres d’exprimer leur opinion? Qu’est-ce qui ne va pas à l’ASP? Laurent Prince: «Paracontact» est un organe de l’association dans lequel nous rapportons ce que nous faisons. Depuis toujours, nous y dressons le portrait de nos membres ou les interviewons. Mais à l’avenir, nous voulons clairement intensifier l’échange avec les voix critiques. Cela fait

partie intégrante de notre stratégie. Je ne suis pas là pour commenter le passé, mais pour façonner le présent et aller de l’avant.

Je ne peux donc vous répondre qu’en disant que nous voulons refléter davantage cette diversité d’opinions. Notre discussion est un pas dans cette direction.

Vous qualifiez l’assemblée des délégué·e·s de modèle dépassé. Qu’est-ce qui vous fait dire cela?

Josef Jakober: L’AD est la seule occasion pour les membres de s’exprimer sur ce qui manque, ce qui doit être corrigé ou développé. Or il ressort clairement des procès-verbaux que cet aspect est relégué au second plan. Souvent, on dit juste oui ou non.

Dans un courrier rédigé en 2018, Parawatch a émis des critiques envers l’assemblée des délégués (AD), exigeant un changement du système.

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Paracontact I Printemps 2022

Peter Landis: Ces dernières années, il y a eu des dysfonctionnements et il aurait alors été du devoir des délégué·e·s d’agir.

Mais cela n’a pas été fait. Les délégué·e·s ont une grande responsabilité vis-à-vis des bailleurs de fonds et des membres. Or ils ou elles se contentent d’approuver sans se poser de questions.

Josef Jakober: Cela commence déjà dans les clubs. Selon les statuts, les délégué·e·s doivent représenter leur club à l’AD. Certains et certaines sont parfois contraint·e·s à endosser ce rôle alors que les tâches inhérentes au comité leur sont étrangères.

Ce n’est pas grave en soi, mais cela nécessite une instruction précise. Si, lors de l’assemblée générale du club, on n’a aucune idée de qui participe à l’AD ni des thèmes qui y sont abordés, l’intérêt des membres se perd. Même après l’AD, j’attends en tant que membre un retour sur ce qui a été discuté. C’est une question de communication. Le fait que les documents destinés aux délégué·e·s soient envoyés sous forme de cahier à spirale d’une centaine de pages n’y contribue pas vraiment. Ce n’est tout bonnement plus adapté à notre époque.

Olga Manfredi: Lors de la rencontre des présidentes et des présidents en janvier, nous communiquons l’ordre du jour complet de l’AD, hormis les comptes annuels.

Les présidentes et présidents en sont informé·e·s avant l’AD et peuvent transmettre ces données. Cela relève de la responsabi-

lité des clubs. Je ne veux pas noircir le tableau à ce point. Dans certains clubs, cela marche bien, dans d’autres, non. Je suis sûre que celles et ceux qui veulent s’informer peuvent le faire.

Quel modèle proposez-vous?

Peter Landis: Nous souhaitons que chaque membre de l’ASP ait le droit de vote. Les clubs doivent toutefois continuer à envoyer leurs délégué·e·s. Les questions des clubs ne sont qu’une partie des tâches de l’ASP. Les prestations dont bénéficient les membres ne sont actuellement pas suffisamment traitées lors de l’AD. Cela nécessite une ouverture. Il faut que des personnes engagées et bien préparées y participent. Nous aurions alors une assemblée de bonne qualité.

Josef Jakober: Certain·e·s délégué·e·s sont en poste depuis 20 ans. Les têtes grises ne doivent pas être les seules à pouvoir s’exprimer. Nous voulons y intégrer la jeune génération. Et pour cela, il faut d’autres moyens.

Laurent Prince: Le droit de parole nous tient aussi à cœur. Concernant l’avenir, nous voulons nous demander à quoi ressemblerait dans l’idéal l’organisation de l’ASP? Quel poids aurait le club? Quel serait le poids de chacun et chacune?

Olga Manfredi: Et à la fin, nous devons parvenir à une solution que nous pourrons présenter à l’AD. Cette dernière décidera de ce que nous mettrons en œuvre. Il

ne sera pas facile de trouver des majorités en faveur du changement et de faire avancer l’association.

Nous parlons de la voix de chacun et chacune. Actuellement, chaque membre de l’ASP est membre d’un club en fauteuil roulant (CFR). Faut-il envisager de nouvelles formes d’adhésion?

Laurent Prince: Nous voulons être une association moderne dans laquelle nos membres prennent une part active. Depuis juin, nous planchons sur l’avenir de l’ASP dans trois groupes de travail. L’assemblée des délégué·e·s y a été abordée, tout comme les différentes formes d’adhésion. Les avis étaient très divergents.

Olga Manfredi: Les formes d’adhésion sont une question très forte en émotions. Pour certains CFR, l’affiliation individuelle directement auprès de l’ASP est totalement inconcevable. Ils se sentent attaqués dans leur travail de longue haleine. Et pour d’autres, c’est la seule vraie solution. Avec l’aide de spécialistes externes, nous voulons élaborer de nouvelles idées et structures.

Peter Landis: Notre position est claire à ce sujet. La suppression de l’affiliation individuelle en 2009 était une erreur. L’ASP est une organisation qui devrait s’efforcer de supprimer les barrières et non en créer de nouvelles. Si l’on veut profiter sans restriction de l’offre de services de l’ASP, il faut être membre d’un CFR, même si l’on n’y trouve

Le changement comme objectif commun Olga Manfredi, Laurent Prince, Josef Jakober, Peter Landis (d. g. à. d.)

Paracontact I Printemps 2022 47

peut-être aucun intérêt. C’est absurde et sûrement pas dans l’esprit des donateurs et donatrices qui veulent que nous, les personnes concernées, puissions disposer de prestations complètes sans bureaucratie.

Les clubs en fauteuil roulant ne sont-ils pas importants pour échanger ensemble?

Josef Jakober: La situation a radicalement changé. Les informations que je ne recevais il y a 30 ans qu’au club sont aujourd’hui un bien commun. Le problème est que tous les membres ne souhaitent pas participer à l’ensemble du programme, mais ont juste besoin d’un soutien ponctuel de la part de l’association. Pourquoi leur refuser cela?

Peter Landis: L’ASP devrait réunir l’ensemble des paralysé·e·s médullaires de Suisse, indépendamment de leur appartenance à un CFR. Nous devons à présent reconquérir les personnes que nous avons perdues avec la suppression de l’affiliation individuelle.

Laurent Prince: Nous avons fortement intensifié l’échange avec les membres, les clubs, les partenaires et les représentants d’intérêts. C’est ainsi que naissent les idées et les solutions axées sur l’avenir. Nous devons agir sur tous les fronts. La communauté régionale est également importante en 2022. Beaucoup de membres nous le disent et nous en sommes nous-mêmes convaincus à l’ASP. Par ailleurs, nous devons trouver de nouveaux moyens de soutenir les personnes touchées qui ne sont en fait intéressées que par les prestations de l’association et ne souhaitent pas s’impliquer dans une organisation locale.

Quelle sera à l’avenir l’importance des clubs en fauteuil roulant?

Peter Landis: La vie associative connaît une grande mutation. Ce n’est pas seulement le cas de l’ASP. De nombreux clubs doivent aujourd’hui lutter contre le modèle qui était autrefois attrayant. Il est difficile de trouver des membres et de proposer un programme intéressant. Je trouve que l’association est toujours un modèle d’avenir, mais les plus jeunes vivent probablement d’autres formes d’échange. C’est à nous de faire preuve d’imagination et d’engagement.

Laurent Prince: D’une part, nous avons le paysage des CFR qui est important pour les offres locales dans toutes les régions.

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Je pense que nous en convenons tous et toutes: il s’agit de la principale tâche des CFR. Nous voulons soutenir les clubs dans leurs défis et permettre aux gens d’exercer une fonction bénévole. D’autre part, l’ASP fournit des prestations à chaque membre en termes de participation et d’accompagnement à vie. Et ce, en dehors de la structure du club. Pour l’instant, nous avons une organisation qui ne reflète pas tout à fait cela. Notre tâche est de trouver un système qui renforce les CFR dans leurs activités, tout en impliquant chacun et chacune et en l’incitant à participer.

L’ASP est en pleine mutation.

Cela vous rend-il confiant?

Peter Landis: Depuis 2019, nous avons un comité central presque entièrement renouvelé et une nouvelle direction. Mais des réformes sont également nécessaires au sein du comité central. Et nous les attendons toujours.

Olga Manfredi: Le comité central (CC) a été le sujet des groupes de travail. Actuellement, le profil d’exigences pour les membres du CC est en pleine révision. À l’avenir, la sélection doit se faire de manière plus professionnelle et être axée sur des compétences définies.

Josef Jakober: Nous sommes ravis de l’apprendre. Le CC doit fonctionner comme un conseil d’administration, où chacun et chacune apporte son savoir-faire et contribue ainsi à renforcer l’ensemble de l’organisation.

Peter Landis: En même temps, le CC a pour mission de se remettre en question en se demandant s’il réunit les bonnes personnes.

Il se peut que quelqu’un doive céder sa place. Cela n’a malheureusement pas été le cas par le passé. Et nous devons recruter les meilleurs éléments, à la fois au comité central et dans d’autres organisations, afin que la voix des personnes concernées soit entendue par le public et les politiques.

Une organisation ne peut connaître le succès que si elle s’entoure des meilleur·e·s. Et nous en sommes encore loin. Occuper un poste à titre honorifique; cette époque est définitivement révolue!

Josef Jakober: La loi sur l’égalité des personnes handicapées en est un exemple.

Pourquoi tout le monde se réveille-t-il maintenant en constatant qu’elle doit être

appliquée d’ici fin 2023? Pour moi, c’est clairement l’échec des organisations de personnes handicapées, qui n’ont manifestement pas su se faire entendre.

Olga Manfredi: Nous sommes conscients de la problématique, mais nous ne pouvons pas faire apparaître d’un claquement de doigts, des personnes qui représentent l’ASP dans les principales organisations. Je remarque par exemple à travers mon travail chez Inclusion Handicap que l’ASP s’est souvent trop peu engagée par le passé.

Il faut renouer les liens.

Josef Jakober: Il est crucial que nous ayons notre mot à dire. L’ASP ne peut pas lutter seule. En fin de compte, nous avons aussi besoin d’un réseau en politique. J’espère que nous parviendrons à l’avenir à inciter davantage de personnes à s’y exprimer.

Nous sommes en décembre, juste avant Noël. Quel souhait formulez-vous à l’intention de votre interlocuteur ou interlocutrice?

Josef Jakober: Je souhaite une organisation qui soit davantage perçue par le public. Et que les changements dont nous venons de parler ne restent pas des vœux pieux, mais soient réalisés.

Peter Landis: Je souhaite que l’ASP soit là pour nous, les paralysé·e·s médullaires, et non l’inverse.

Olga Manfredi: Je souhaite une collaboration constructive, basée sur la confiance et la transparence.

Laurent Prince: Je suis en fonction depuis 16 mois déjà et nous cultivons un dialogue que je salue. Mais il est aussi essentiel pour moi d’avoir un large échange avec les représentants des clubs et les membres, comme ce fut le cas dans les groupes de travail sur des questions opérationnelles et stratégiques. Nous avons désormais des propositions concrètes de mise en œuvre et nous prenons un nouveau cap pour l’avenir. Mon souhait est que nous abordions cet avenir prometteur de manière unie, conjointe et constructive, afin d’atteindre les objectifs ambitieux que nous nous sommes fixés.

Paracontact I Printemps 2022

GROS PLAN

NOS ALLIÉ·E·S

Rita, l’insurpassable La bénévole Rita Codeluppi est devenue une figure incontournable du club en fauteuil roulant des InSuperAbili au Tessin.

Gabi Bucher

Quand Davide Bogiani, coordinateur du sport de l’ASP, demande à Rita Codeluppi si elle participera à nouveau au prochain «move on» au Tessin, la question est plutôt rhétorique, car Rita est toujours là dès qu’il se passe quelque chose au club des InSuperAbili (en français «les Insurpassables») et dès qu’elle le peut.

ainsi que tout a commencé.»

Depuis, Rita est toujours fidèle au poste à chaque fois que le club a besoin d’un coup de main, en­core plus depuis qu’elle a pris sa retraite en septembre 2020. «Être de service me donne une structure, une tâche utile, et en plus, c’est bon pour la tête», dit-elle en riant.

L’engagement social de Rita Codeluppi a commencé il y a bien longtemps. «À 15 ans, j’ai accompagné pour la première fois un camp pour personnes âgées atteintes de han­­dicaps physiques», se souvient-elle.

«Cela m’a ouvert un nouvel horizon et j’ai continué pendant 20 ans.» Après la naissance de son fils, elle a laissé sa place, mais elle rêve à présent, presque 30 ans plus tard, de refaire un camp de ce genre.

Rita est d’astreinte le mardi et le jeudi ma­ tin pour l’entraînement de tennis. Le mercredi soir, elle aide à «Sport per tutti», elle accompagne les handbikeurs et handbik­ euses lors de leurs sorties et de leurs cour­ ses. «J’aide à charger et à décharger, je les suis en voiture, je suis là quand ils ont besoin de quelque chose.» Elle donne un coup de main aux manifestations, comme à la journée des montgolfières. Lors des vols en parapente, elle transporte les fauteuils roulants des participant·e·s. Au camp «move on», elle était au barbecue et au Giro Suisse 2021, elle a accompagné les Tessinois·e·s.

Combien d’heures elle y consacre par semaine? «C’est impossible à calculer», explique-t-elle, «souvent, je suis aux événe-

Bon pour la tête Elle est arrivée au club des InSuperAbili par le biais de Gian Pietro Bergomi, un ami de longue date et ancien collaborateur du ser­ vice extérieur de l’ASP. «Il m’a demandé si je pouvais aider de temps en temps, et c’est

ments et entraînements avant les sportifs, puis on traîne encore ensemble». «Rita tra­ vaille presque plus aujourd’hui que du temps où elle était dans la vie active», plaisante Gian Paolo Donghi. Mais ce ne sont pas les heures qui comptent. «Ce sont des gens formidables dont j’adore la compagnie, et pas que les athlètes, tous les mem­ bres du club! Ils me donnent tellement en retour.» Elle a donc rejoint le comité comme bras droit du responsable Sport en fauteuil roulant. «Et elle nous accompagne aussi à nos camps d’entraînement à Cesenatico ou à Majorque», ajoute Gian Paolo, lui-même handbikeur. Sont-ce des vacances pour elle aussi? Elle hausse les épaules avec un petit rire gêné. Si, elle peut parfois aller se promener une heure ou deux. «Ce n’est pas si fa­cile», intervint Gian Paolo, «il ne reste pas beaucoup de temps entre les va-et-vient incessants.»

La patience est de mise Lorsque Rita raconte ce qu’elle fait, on sent avec quelle passion et quel plaisir elle s’engage. «Sans des bénévoles comme elle, no­ tre vie de club ne serait pas possible», insiste Gian Paolo. «Elle m’accompagne aussi quand je vais dans les écoles pour expliquer aux élèves ce que cela fait d’être en fauteuil roulant et quand je leur fais une démonstration de handbike. C’est assez fatigant de répéter sans cesse la même chose, ce n’est pas à la portée de tout le monde.»

Mais si, c’est tout à fait normal et en réa­li­té, elle ne tient pas à se mettre en avant, ajoute encore Rita. Et avant que nous prenions congé, elle attrape la note et entreprend de régler nos consommations, malgré nos protestations. Ça aussi, c’est Rita, l’insurpassable!

Rita, la reine du barbecue au «move on» – et engagée corps et âme dans la vie du club des InSuperAbili

Paracontact I Printemps 2022

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À VOS CÔTÉS

Le bon cap Yvonne Rölli s’occupe depuis deux ans des cours et des manifestations proposés par la division Loisirs de l’ASP. Gabi Bucher

Être coordinatrice des cours et des manifestations n’a pas été une mince affaire ces deux dernières années, comme nous le con­firme Yvonne Rölli qui occupe cette fonction à l’ASP depuis novembre 2019. Pas question de se laisser décourager pour autant, car elle adore son travail et le vit à fond.

Dans ses emplois précédents, elle était déjà responsable des cours et des événements au CAMPUS SURSEE ou à l’Association des établissements cantonaux d’as­surance incendie à Berne. «N’ayant pas d’affinités par­ ­ticulières pour la protection incendie, j’ai été ravie de pouvoir commencer à Nottwil.»

Une enquête au lieu du jeu de piste Ce qui plaît surtout à Yvonne Rölli, c’est de pouvoir souvent être présente lorsque se déroulent les différentes offres qu’elle organise. «Nous recevons des retours directs et savons si nous avons visé juste.» C’est par­ ticulièrement le cas lors du cours de mobilité de deux jours. «Les participant·e·s apprécient beaucoup d’être conseillé·e·s et 50

de pouvoir s’entraîner ou mettre en pratique leurs acquis à Lucerne dès le deuxième jour de cours.» Contrairement aux années précédentes, où le jeu de piste faisait partie de l’entraînement, ils ont cette fois dû jouer les détectives. «L’an dernier, les organisateurs du parcours avaient testé avec nous son accessibilité en fauteuil roulant. Il était donc logique de partir à l’explo­ ration de Lucerne.» Les cours de sensibilisation pour les piéton·ne·s suscitent aus­si de vives émotions. «L’histoire personnelle des instructeurs et instructrices en fauteuil roulant, et le fait de s’asseoir soi-même dans un fauteuil touchent un grand nombre de gens.»

Carte blanche Chaque année au printemps, elle retrouve Claude Siegenthaler, son confrère de Suisse romande, pour un brainstorming sur les nouvelles offres. «Nous avons carte blanche pour choisir les cours et les manifestations, ce qui n’est pas évident», estime-t-elle. Les

suggestions de leurs collègues sont d’ailleurs les bienvenues. C’est ainsi qu’est né le cours de premiers secours destiné aux personnes en fauteuil roulant, qui sera proposé pour la première fois cette année en collaboration avec l’Institut suisse de Médecine d’Urgence (Sirmed). «La demande est venue d’une collaboratrice en fauteuil roulant qui ne s’était pas sentie rassurée lors d’une situation d’urgence. Ce genre de remarque est très précieux». À la recherche de nouvelles idées À situation exceptionnelle, solutions excep­ tionnelles, décrète Yvonne, qui a organisé fin 2020 la vente en ligne de certains produits artisanaux du traditionnel marché de Noël, ce dernier n’ayant pas pu avoir lieu.

Malgré un bilan mitigé, «cela valait la peine d’essayer», dit-elle en haussant les épaules.

En revanche, la séance virtuelle avec les responsables de la culture et des loisirs des clubs en fauteuil roulant, qui se tient désor­ mais tous les trimestres, a fait ses preuves.

«C’est une bonne alternative que nous con­ servons. Nous pouvons ainsi leur donner des informations de l’ASP en temps réel et de manière plus directe qu’avant, lors de la sortie annuelle de CL.» Mais hélas, on ne peut pas tout proposer en ligne. «Ce qui m’a fait le plus de peine, c’est l’annulation de la Fête centrale. Quel dommage pour ce temps fort!», regrette Yvonne Rölli. Pour l’heure, elle a hâte d’entamer une nouvelle année, marquée par de nombreuses et belles rencontres.

Paracontact I Printemps 2022

GESTION DES TROUBLES VÉSICAUX

Liquick X-treme et Liquick X-treme Plus Systèmes de sondage intermittent pré-activés et prêts à l'emploi

Profitez de votre indépendance - rapidement et facilement Chez Teleflex, nous comprenons combien il est important d’aider les gens à mener une vie aussi simple et confortable que possible, tout en les aidant à conserver leur indépendance et leur dignité. C’est dans cet esprit que nous avons mis au point un système de sondage intermittent innovant : le système de sondage Liquick X-treme se compose d’une sonde prête à l’emploi pour le sondage intermittent, aussi intuitive que facile à utiliser où que vous soyez, pour une indépendance et un confort X-treme.

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