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L’ENVELOPPE DES ÉDIFICES

Égalité des sexes : ne sera vraiment possible que le jour où les femmes décideront de violer les hommes.

Éligible : se dit indifféremment d’un citoyen susceptible de devenir un notable ou d’être infecté par un virus.

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Éloge funèbre : gratitude exprimée envers un disparu par les survivants quelques jours avant de s’approprier ses fonctions, son patrimoine et parfois sa veuve.

ENA : grande école dont est sorti le président qui l’a supprimée en souhaitant une moins bonne formation que la sienne à ses successeurs.

France insoumise : enseigne de militants ayant oublié que l’insoumission était un délit puni par la loi.

Fonds secrets : somme d’argent très importante dont on ne sait pas plus dans quelle poche elle ira que de quel coffre elle venait.

Géophysiciens : même très diplômés, ils ne savent toujours pas comment expliquer que le feu perdure au centre de la Terre malgré l’absence de renouvellement d’air.

Gifle : sanctionnée par quatre mois de prison ferme lorsqu’il s’agit d’un électeur s’en étant pris au chef de l’État ; bénéficiant du sursis quand un député a molesté son épouse.

Grèves : arrêts de travail volontairement omis dans les calculs des retraites.

Guerre : mobilise désormais beaucoup moins de militaires qu’elle n’immobilise de non-belligérants.

Habitation (taxe d’) : sa suppression totale claironnée par les autorités françaises est une promesse de Gascon valable dans toutes les régions.

Hiver : commence le 31 janvier pour s’achever le 13 février.

Hôtel Matignon : on y entre sans être élu. On en sort par la volonté d’un seul homme habitant un palais encore plus grand soit parce qu’on a tout raté ou trop réussi.

Immobilier : va de la villa du bord de mer à la chambre sous les toits. Tout le monde – ou presque – en tâte peu ou prou aujourd’hui.

Inflation : gonfle les prix et les chairs sans augmenter la qualité ni la beauté.

Intelligence artificielle : matière grise en conserve.

Internet : ses programmateurs seront un jour les seuls à faire encore des études.

Liberté : droit de protester – sans y échapper – contre des interdits ou des contraintes.

Loi : convention juridique qui encadre la vie quotidienne sans jamais la simplifier.

Longe-côte : le dernier venu des sports non olympiques consistant à déambuler au bord de la mer. Est à la brasse coulée ce que le ping-pong est au rugby.

Mandat : temps durant lequel l’exécutif ne cesse de signer des chèques sur des comptes qui n’ont pas été provisionnés.

Médias : racontent le passé alors que les médiums prévoient l’avenir.

Non-consentement : émane à 100% des dames car les messieurs, eux, sont toujours d’accord.

Pandémie : épidémie contemporaine presque anodine au regard de la peste et de la lèpre du Moyen Âge.

Parquet : plancher judiciaire n’autorisant aucune glissade.

Particules fines : petites poussières salissant la table de travail des scientifiques de haut niveau.

Percepteurs : perçoivent tout sauf la misère sociale croissante.

Poutine : plat délectable au Québec, dictateur imbuvable en Russie.

Précipitations : désignent à la fois les pluies abondantes et la fuite éperdue des bipèdes ayant peur d’être mouillés.

Préfets : créés par Napoléon Ier, bientôt supprimés par Macron II.

Préservatif : cadeau aux ados d’un président Père Noël souhaitant de moins en moins d’enfants au pied de l’arbre. Programmes : ceux de la politique n’annoncent pas, comme ceux du théâtre, la pièce qu’on joue, mais des spectacles qu’on ne verra sans doute jamais.

Promotion : facilite plus souvent la vente qu’elle ne récompense le mérite.

Publicité : activité consistant à ne dire du bien que des produits dont les fabricants ont craché au bassinet. Quinquennat : on en compte aujourd’hui en France vingt par siècle au lieu de quatorze précédemment.

Quoi qu’il en coûte : Formule macronienne plus correcte grammaticalement qu’orthodoxe économiquement. Renouvelable : énergie déployée tous les cinq ans par les éternels candidats à l’Élysée.

Retraite : échec des militaires, victoire des civils. Sigles : prolifèrent inexplicablement alors que les hommes de lettres disparaissent peu à peu.

Sismologie : la plus impuissante de toutes les sciences puisqu’elle est aussi incapable de prévoir les cataclysmes que de les endiguer.

Sobriété énergétique : les économies d’eau réjouissent les poivrots heureux de se laver bientôt au vin ou à la bière.

Souverain : qualificatif s’appliquant tantôt à un monarque solitaire, tantôt à un peuple solidaire.

Suisse : confédération ayant réussi à concilier la neutralité perpétuelle et la fourniture de mercenaires aux nations en guerre.

Transition climatique : période durant laquelle on meurt de peur avant de décéder vraiment.

Travail : plaie des classes qui boivent.

Visioconférence : télétravail à l’usage des chefs d’État et des gouvernements.

En 2021, pendant la pandémie, 48 millions d’Américains ont demandé à leur employeur une rupture de leur contrat de travail. Sachant que près de 40% d’entre eux ont quitté leur job alors qu’ils n’avaient pas de solution de rechange en vue, la nature et l’ampleur de ce mouvement ont frappé les esprits au point qu’un universitaire londonien, Anthony Klotz, a eu la bonne idée de lui donner un nom : the big quit (la grande démission), une formule qui, depuis lors, a été reprise dans le monde entier. À défaut d’abandonner leur métier, un plus grand nombre encore de salariés a choisi d’opter pour une voie plus facile, la « démission tranquille » (quiet quit) , une attitude qui consiste à garder son poste et son salaire, mais en décidant désormais d’en faire le moins possible. Une même allergie au travail salarié s’est retrouvée en France quand notre gouvernement a décidé de mettre en œuvre une réforme des retraites qui repoussait l’âge de départ à 64 ans, ce qui reste pourtant inférieur à la moyenne européenne. Bien que plutôt timide, le projet de loi a suscité un rejet massif de la part de plus de 70% des Français ! La question s’est bien sûr posée de savoir ce qui s’était passé pendant la pandémie pour que cette allergie au travail salarié émerge avec une telle force. La réponse est en fait assez claire : les confinements à répétition ont permis à de nombreuses personnes, exonérées comme par miracle de leurs obligations professionnelles alors qu’elles n’étaient pas en vacances, de s’interroger sur le sens de leur vie.