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Un regard en arrière

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Éditorial

Éditorial

Engagement à long terme avec la SIM Un regard en arrière

ELISABETH & ERNST WALDER I LAURENCE

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Il arrive que, de temps en temps et pour diverses raisons, des collaborateurs à long terme de la SIM mettent fin à leur engagement à l‘étranger et reviennent en Suisse. Nous avons posé quelques questions à trois de ces personnes sur leurs expériences. Nous aimerions tout d’abord les présenter brièvement :

Laurence est partie en août 2008 au Niger pour la formation d’adultes dans le domaine de l’éducation de base, prioritairement les enseignants d’écoles privées dirigées par des organismes chrétiens. En 2018, elle décide de passer une année sabbatique en Suisse et enseigne dans une école chrétienne. Sans le savoir, cette année aura été une préparation pour sa réintégration, après avoir pris la décision, fin 2019, de mettre un terme à son engagement à long terme dans la mission outre-mer. Elisabeth et Ernst Walder ont consacré plus de 30 ans de leur vie professionnelle active à l’œuvre de Dieu parmi les peuples d‘Amérique du Sud. Le temps des adieux est venu après de nombreuses années d‘engagement dans l’éducation théologique et la relation d’aide. Pour leur retraite bien méritée, ils sont revenus en Suisse, leur pays d‘origine auquel ils doivent d‘abord se réhabituer.

SIM Actualités (SA) : Qu’est-ce qui vous a motivé à abandonner votre travail en Suisse et à vous engager pour l‘œuvre de Dieu à l‘étranger ?

Ernst : Déjà à l’âge de sept ans, je voulais aller en mission. Les réunions missionnaires mensuelles dans notre église et une certaine joie de découvrir de nouvelles choses ont joué un rôle. En général, je pense que des missionnaires ne viennent pas seulement pour remplir et exercer un ministère, mais qu‘ils doivent s‘intéresser à d‘autres personnes et aux circonstances.

Laurence : Je suis née sur le sol africain dans un contexte missionnaire et j’y ai vécu mes pre

mières années. S’engager dans l’œuvre de Dieu à l’étranger était quelque chose de connu pour notre famille. Depuis que j’ai commencé à réfléchir à mon avenir professionnel en tant qu’adolescente, Dieu a travaillé mon cœur pour me préparer à répondre « oui » à un appel précis le 31 décembre 1998, lors d’un congrès mission rassemblant des milliers de jeunes. Cet appel était de m’engager à long terme et outre-mer pour servir Dieu. J’ai été convaincue que je devais me lever et dire oui.

(SA) : Avant votre premier départ, vous vous étiez certainement déjà fait des idées sur votre ministère. Comment se sontelles réalisées, et où avez-vous dû les adapter?

Laurence : Je m’étais préparée pour la formation d’adultes pour le travail parmi les enfants prioritairement en milieu scolaire. C’est le travail dans lequel j’ai été impliquée. Avant de partir, je n’avais pas l’idée d’enseigner dans une classe d’école. Mais durant ma première année sur place, j’ai eu ce souhait afin de bien connaître ce que les enseignants vivent pendant une année scolaire. J’ai eu le privilège de le faire lors de ma deuxième année. Cette année d’enseignement a été la plus difficile de ma carrière, mais ce fut un tremplin très utile pour la suite. Plus les années passaient, plus je réalisais combien il était important de partir sur la base de ce que les gens connaissaient et vivaient, d’y ajouter des nouveautés réalisables et par petites touches, dans une atmosphère de relations de confiance.

Elisabeth : Je pense que la plus grande et la plus douloureuse correction a été celle de l‘image des missionnaires. La nouvelle culture, avec sa population, ses coutumes et ses valeurs, était passionnante, mais la façon dont les missionnaires vivaient ensemble laissait beaucoup à désirer.

(SA) : Pourriez-vous donner un exemple où Dieu a pu vous utiliser dans la vie de personnes issues de la culture du pays dans lequel vous travailliez et où vous pouvez dire : « Oui, cela en valait la peine » ?

Ernst : Il y a quelques jours, j’ai définitivement dit au revoir à mes amis au Pérou et j‘en ai donc rencontré certains. Ce qui m’a le plus touché, c’est que beaucoup d‘entre eux me voyaient comme une figure paternelle, soit un père qu’ils n’ont jamais eu, soit un modèle de paternité. Je pense que c’est un grand cadeau de Dieu, parce que par ma personnalité, je ne suis pas nécessairement une « figure paternelle ».

Laurence : En 2009, j’ai fait la connaissance d’une adolescente ayant de la difficulté à suivre son parcours scolaire au collège. Comme j’étais dans la période d’apprentissage de la langue haoussa, elle

a été une personne parmi d’autres à m’aider. Nous nous sommes ainsi vues durant quelques mois avant que je ne déménage. Depuis, nous avons eu de rares échanges et, en 2015, elle m’a reconnue alors que nous assistions à une même cérémonie. Nous avons repris contact, elle avait bien progressé en français et suivait une formation dans le domaine de la santé. En août 2019, j’ai eu l’occasion de la revoir, dans son contexte professionnel et privé. Une femme de foi pleine d’initiatives et un pilier pour sa famille. Récemment, j’ai reçu la photo du document témoignant de son excellence au travail. Être un maillon dans la chaîne pour encourager cette jeune femme et être témoin de son développement : oui, ça en vaut la peine.

(SA) : Vous avez terminé votre mission à l‘étranger et êtes revenus en Suisse. Quelles pensées vous viennent à l‘esprit lorsque vous réalisez que votre séjour dans le pays d‘engagement est terminé ?

Laurence : Est-ce réel ?!? Même si je sais qu’il y a un début et une fin, qu’il y a des étapes, ça reste difficile à réaliser pleinement. J’expérimente que Dieu convainc pour le début et Dieu convainc pour la fin.

Elisabeth : Je suis reconnaissante à Dieu pour la richesse qu’il nous a donnée pendant 31 ans en apprenant à connaître une autre culture. Cela a inconsciemment élargi nos horizons et nous a rendus plus tolérants dans le sens où nous réfléchissons constamment à ce qui est vraiment important dans une culture. Est-ce la ponctualité et l’efficacité des Suisses ou plutôt la capacité des Péruviens à vivre le moment présent et à rester optimistes même dans les circonstances les plus défavorables ?

(SA) : Vous avez suivi la situation dans votre pays d‘engagement pendant longtemps. Selon vous, de quelles manières des collaborateurs venant d’autres pays peuvent-ils contribuer à l’œuvre de Dieu dans « votre » pays ?

Elisabeth : À mon avis, ce dont on a le plus besoin, ce sont des collaborateurs délibérément humbles, c’est-à-dire qui veulent intentionnellement faire route avec des personnes d‘une autre culture et qui ne pensent pas seulement à « leur appel » et « leur projet ». Cela inclut la volonté de poser des questions par curiosité et de ne pas cacher aux autres ses propres faiblesses.

Ernst : Et je pense qu’il serait logique d‘envoyer de plus en plus de collaborateurs qui excellent dans leur métier et qui sont prêts à exercer cette profession dans une autre culture. De cette façon, en tant que missionnaire, on perd beaucoup moins rapidement le contact avec la réalité.

Laurence : Lorsqu’un collaborateur travaille à l’étranger, il y a une confrontation et un échange de cultures, de modes de vie, de façons de penser, etc. qui en valent la peine : chacun apprend de l’autre. C’est une vraie richesse.

Dieu œuvre à travers cette interculturalité. Et maintenant, comment contribuer à cette œuvre en rentrant de l’étranger ? - La vie dans une autre culture interroge et bouscule. Il est important de bien connaître notre identité et l’appel que le Seigneur a mis dans nos cœurs. - De multiples choix sont à faire. Prenons des décisions qui respectent Dieu et les personnes qui nous accueillent (ce qui nécessite de l’humilité, beaucoup d’observation, du temps pour tisser des relations, la collaboration avec les autorités, …). - Dieu nous équipe de talents. Offrons-les pour un travail de qualité marqué par le fruit du SaintEsprit.

(SA) : Que conseilleriez-vous à une personne qui se demande depuis un certain temps ce que Dieu a l‘intention de faire de sa vie ?

Laurence : Faire des pas concrets dans la direction que Dieu ouvre, ce qui nécessite d’être à Son écoute. S’entourer de sages conseillers et intercesseurs. Accepter le pardon que Dieu nous offre.

Ernst : La personne doit être au clair sur ses motivations et se demander si elle souhaite partir en mission à cause des personnes ou à cause d‘un « projet ». La question de savoir si « l’appel à la mission » était réellement un appel de Dieu ou pas, ne peut généralement être déterminée que sur le terrain missionnaire, lorsque l’on est ouvert, persévérant même dans les situations difficiles et lorsque l’on s‘implique dans la culture étrangère.

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