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GAMING IN AFRICA: FINDING HARMONY

DANS UNE INTERVIEW POUR SiGMA MAGAZINE, AMNE SUEDI, DIRECTRICE DU SHIKANA LAW GROUP, UN CABINET D'AVOCATS INTERNATIONAL BASÉ EN TANZANIE, ÉVOQUE LA COMPLEXITÉ DE LA CROISSANCE DE L'INDUSTRIE DU JEU DE HASARD EN AFRIQUE.

UELS SONT ACTUELLEMENT LES PRINCIPAUX MARCHÉS ÉMERGENTS DE JEU DE HASARD, EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE ?

Il y a plus de 30 marchés en Afrique et tous présentent des opportunités différentes qui peuvent les rendre intéressants, mais si il fallait choisir je dirais le Nigeria pour ce qui est de la région CEDEAO (Communautés économiques des États de l'Afrique de l'Ouest) et le Kenya pour la CAE (Communauté de l'Afrique de l'Est) : dans les deux cas, la population est jeune et très intéressée par le sport.

Le Nigéria est une opportunité unique en raison de la taille du marché (on considère qu’il y a plus de 150 millions de clients potentiels), de la population jeune et en croissance rapide, de la place que prend le football –d’ailleurs, un nombre croissant de joueurs nigérians rejoignent des ligues majeures à l'étranger -et de la rapidité de pénétration du marché des mobiles. Grâce aux nombreux développements technologiques au Nigeria, le pays pourrait devenir un lieu clé de l’iGaming en l'Afrique.

While East Africa is the leading region when it comes to payment gateways, especially mobile money, Kenya has seen a booming gaming industry due to the mobile money penetration; whereby recent reports show that over 70 percent of the population have mobile money accounts.

YOU’VE BEEN WORKING ON SOME MARKET RESEARCH ON TANZANIA. WHAT DID YOU FIND OUT?

Shikana Law Group has overseen a market report on the gaming industry in Tanzania to improve overall market transparency and to enable potential investors interested in the Tanzanian market to make informed decisions. We found that the expansion of internet connectivity, increased mobile penetration as well as facilitated payment methods (mobile money) has made online gaming, especially sports betting, increasingly popular in Tanzaniaparticularly amongst the youth and those aged between 25-34 years.

Previous dominant retail gaming activities in the country such as casinos and slot machines are gradually being replaced with a preference to gamble when convenient, and the emergence of gaming operators due to lower operational costs. Africa has been behind when it comes to e-commerce - primarily due to a lack of and poor internet access, illiteracy, and payment issues. However, as we have been witnessing increased prevalence of high-speed internet, proliferation of cheaper mobile smartphones and innovative payment options in the continent - Africa is slowly but surely shifting from retail to online commerce.

WHAT IS YOUR OPINION ON THE POTENTIAL OF GAMBLING TO KICK START THE ECONOMY IN TANZANIA, AND THE CONTINENT IN GENERAL?

There are still a lot of controversies and we have seen conflict with religious leaders who deem gaming to be immoral. To a large extent gaming operators and religious institutions do share the same customer base. However, if you look beyond the gambling aspect of it, online gambling has a huge technological side to it that remains largely unexplored in Tanzania, along with many parts of Africa.

There is a real opportunity for job creation and to leverage the budding technological space in Tanzania that has been producing tech entrepreneurs for the last decade. Countries like Nigeria, Kenya and South Africa have a more advanced technological ecosystem whereby software and platforms are increasingly developed from within the country, however the rest of the countries in Africa have a lot of catching up to do.

This can have a positive impact on the economy as new skills are introduced and further developed in the market and once this knowledge and experience is gained and developed, it can be exported to other countries and with the Africa Free Trade Continental Area will have an important impact in terms of participation in regional trade for Tanzania.

En Afrique de l'Est –une plaque tournante des passerelles de paiement, en particulier en ce qui concerne l’argent mobile -l’industrie du jeu est en plein essor au Kenya. Des rapports récents montrent que plus de 70% de la population possède un compte d'argent mobile.

VOUS AVEZ RÉALISÉ DES ÉTUDES DE MARCHÉ EN TANZANIE. QU'AVEZ-VOUS DÉCOUVERT ?

Shikana Law Group a supervisé un rapport de marché sur l'industrie du jeu en Tanzanie, pour améliorer sa transparence globale et permettre aux investisseurs potentiels intéressés par le marché tanzanien de pouvoir prendre des décisions éclairées. Ce que nous avons constaté, c’est que l'expansion de l'accès à Internet, la présence accrue des mobiles et des méthodes de paiement simplifiés (en argent mobile) ont rendu les jeux d’argent en ligne de plus en plus populaires en Tanzanie. Cela est particulièrement vrai pour les paris sportifs, qui intéressent beaucoup les personnes de moins de 34 ans.

Les casinos et les machines à sous -des jeux populaires dans le pays -sont progressivement remplacés par les jeux en ligne, qui offrent l‘avantage d’être accessibles quand le joueur le souhaite. De nombreux opérateurs de jeux sont attirés par les coûts d'exploitation moindres qu’offrent ce marché. L'Afrique avait pris du retard en matière de commerce électronique : le manque d’accès à Internet, l'analphabétisme et des problèmes de paiement en étaient la cause. Cependant, aujourd’hui, l'Internet haut débit se développe, des smartphones moins chers sont accessibles et des options de paiement innovantes sont proposées sur le continent, ce qui laisse à penser que l'Afrique passe lentement mais sûrement du commerce de détail au commerce en ligne.

CROYEZ-VOUS AU POTENTIEL DU JEU D’ARGENT POUR RELANCER L'ÉCONOMIE DE LA TANZANIE ET CELLE DU CONTINENT EN GÉNÉRAL ?

Il y a encore beaucoup de controverses... cela a même créé des conflits avec des autorités religieuses, qui considèrent le jeu d’argent comme étant immoral. Dans une large mesure, les opérateurs de jeux et les institutions religieuses ont la même clientèle. Cependant, au-delà du jeu, l'aspect technologique reste largement inexploré en Tanzanie ainsi que dans de nombreuses régions d'Afrique.

Les opportunités existent : pour la création d'emplois par exemple, et pour tirer parti de cet espace tech qui se développe en Tanzanie. Au cours de la dernière décennie, on a pu assister à la naissance d’un entreprenariat technologique. Des pays comme le Nigeria, le Kenya et l'Afrique du Sud ont une longueur d’avance : les logiciels et les plates-formes sont de plus en plus développés à l'intérieur du pays... en comparaison, les autres pays d'Afrique ont beaucoup de retard à rattraper !

There is also an opportunity for creating fruitful collaboration with sport betting operators and sports development as well.

FROM YOUR PERSPECTIVE, HOW IS MOBILE GAMING DEVELOPING ACROSS THE AFRICAN MARKET AND WHAT ARE YOUR THOUGHTS ON THIS FROM A REGULATORY POINT OF VIEW?

Mobile gaming is growing at unprecedented rates across the region of Africa for several reasons. Currently, in Africa there are more mobile phones than there are in North America or Europe. Increasing competition between MNOs is driving prices down to more affordable levels and an emerging middle class in Africa is driving the demand and expanding the size of the market. Other reasons for an increase in mobile gaming is improvement in financial inclusion and increasing internet penetration.

From a regulatory point of view, different markets present different sets of challenges reflected and addressed in regulatory frameworks. For the most part, in the East Africa region most countries regulate online gaming although there is more that can be done in terms of legislating on responsible gaming, to bring more accountability to the industry and improve the experience as well so that gaming can be an entertainment and not a health hazard.

SEEING AS THERE IS A BIG DIFFERENCE IN EUROPEAN AND AFRICAN REGULATION AND ITS PRACTICAL APPLICATION, HOW WILL AFRICA SMOOTHEN THE TRANSITION FOR POTENTIAL FOREIGN INCOMING OPERATORS?

The lack of regulation does not necessarily act as a barrier for investors. Equally, even in Europe and North America - regions that generally have sound regulations, regulators do not always act fast enough or keep pace with the evolution of technology. It is not an African problem.

From the African regulation perspective, I think that forums like GRAF allow regulators to discuss these issues and see how to improve regulatory frameworks in gaming. With the Africa Continental Free Trade Agreement we will see significant harmonization of laws allowing for smooth integration between markets. This along with centralized due diligence systems will allow investors to quickly enter several markets in Africa a lot faster and cheaper.

Au fur et à mesure que de nouvelles compétences apparaissent et sont développées sur le marché, cela peut avoir un impact positif sur l'économie. Une fois que ces connaissances et expériences sont acquises et développées, elles peuvent être exportées vers d'autres pays. Grâce à la zone continentale de libreéchange africaine, elles auront un impact certain ; la Tanzanie aura à terme une place importante dans la participation au commerce régional.

On peut aussi évoquer l’opportunité de créer une collaboration fructueuse avec les opérateurs de paris sportifs et le développement du sport.

COMMENT SE DÉVELOPPE LE JEU MOBILE SUR LE MARCHÉ AFRICAIN ? QU'EN PENSEZ-VOUS, ET QUEL EST VOTRE REGARD DU POINT DE VUE DE LA RÉGLEMENTATION ?

La croissance du jeu mobile est sans précédent dans toute la région de l'Afrique, et ce pour plusieurs raisons. La première est qu’il y a plus de téléphones mobiles qu'en Amérique du Nord ou en Europe sur ce continent. La concurrence croissante entre les opérateurs téléphoniques entraîne une baisse des prix, qui les rendent abordables. En parallèle, la classe moyenne émergente en Afrique stimule la demande et permet au marché de grandir. L'amélioration de l'inclusion financière et l'augmentation du taux de pénétration d'Internet sont d'autres raisons qui expliquent la présence en augmentation des jeux sur mobiles.

Du point de vue de la régulation, les différents marchés sont confrontés à différents défis : cela se reflète dans les cadres réglementaires, qui permettent d’y faire face. Dans la région de l'Afrique de l'Est, la plupart des pays réglementent les jeux en ligne, mais il reste beaucoup à faire en terme de législation pour le jeu responsable. Il faut impliquer davantage l'industrie et améliorer l'expérience afin que le jeu puisse rester un divertissement et ne pas devenir un danger pour la santé des clients.

ETANT DONNÉ L’ÉCART QUI EXISTE ENTRE LA RÉGLEMENTATION EUROPÉENNE ET AFRICAINE (ET DANS LEUR APPLICATION) COMMENT

L'AFRIQUE PEUT-ELLE RENDRE LA TRANSITION PLUS FACILE POUR LES OPÉRATEURS ÉTRANGERS QUI SOUHAITERAIENT REJOINDRE LE MARCHÉ ?

L'absence de réglementation ne constitue pas nécessairement un obstacle pour les investisseurs. Même en Europe et en Amérique du Nord -des régions qui ont généralement une législation solide -les régulateurs n'agissent pas toujours assez rapidement ou ne suivent pas le rythme de l'évolution de la technologie. Ce n'est pas un problème propre à l’Afrique.

En ce qui concerne la réglementation africaine, des forums comme le GRAF permettent aux régulateurs d'échanger sur ces questions et d’améliorer les cadres réglementaires des jeux d’argent. Grâce à l'Accord de libre-échange continental africain, nous assisterons à une harmonisation significative des lois, et donc des marchés. Ceci, associé à des systèmes de diligence raisonnable centralisés, permettra aux investisseurs d'entrer rapidement sur plusieurs marchés en Afrique, et à moindre coût.

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