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Sowing love in the land

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The space to bloom

The space to bloom

BY ANACHAR BASBOUS

I WAS BORN IN A FIELD OF SCULPTURES, IN RACHANA, THE NATIVE VILLAGE OF MY FATHER MICHEL BASBOUS, MYSELF, AND MY CHILDREN, SHANA AND MICHEL. WITH MY WIFE ELMA, WE LIVE IN THIS VILLAGE WHERE NATURE AND SCULPTURES MARRY IN TOTAL HARMONY.

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My first visual contact with sculpting occurred, therefore, in my earliest days.

I made my first sculpture in my father’s studio when I was ten years old: an aluminium sculpture that I have treasured all these years. It was a premonitory sculpture, a deconstructed then reconstructed cube which became a seed that germinated 30 years later to inspire me during my first major exhibition in downtown Beirut.

My interest in architecture led me to enrol at the University of ALBA, where I did a preparatory year. Then afterwards, my destination was Paris, for the ENSAAMA school, where I studied mural decoration.

Once back in Lebanon, I began to express myself through modern mosaic before devoting myself after four years entirely to sculpting. My first sculptures were not very far from those of the first generation of Basbous artists, but with time and work I began to find my own way and originality, which felt closer to my ten-year-old sculpture than to any other influence. I was interested in the great world sculptors like Richard Serra, Bernar Venet, Anish Kapoor, Anselm Kiefer, Arnaldo Pomodoro, César Baldaccini, Antony Gormley, Tony Cragg and others.

With work and time, Rachana became more and more populated with sculptures, as mine were added to those of my father and my uncles. The spaces became saturated, and I felt it was essential to create a new exhibition space.

I had bought a plot of land in front of my house in Rachana, overlooking the sea and with two very characteristic elements of the villages of our region. The first element is the “baydar”, a site, chosen very carefully by the villagers for its flatness and openness to the wind, where wheat seeds were separated from oats after harvesting. The second element, the “rejmeh”, constitutes a large embankment of small stones that the villagers would group together while clearing their land.

The decision to build a new space, MAB, “Mohtaraf Anachar Basbous” (Atelier Anachar Basbous), on this land was taken quite quickly. My architect, Jawdat Arnouk, and I decided to create a monolithic raw concrete building, embedded on the east side in the ground, and extending to the west in a cantilever in a flight towards the sea. The building consists of three sections for exhibitions:

- The roof, designed as a continuation of the village road, is accessible with a few steps from the east side.

- The main room, with its large bay windows on the north and west sides, is for large sculptures. This room overlooks the stone garden, the “baydar” and the “rejmeh”.

- The small room, below the large one, is for medium and small sized sculptures. A large glass door opens onto a covered outdoor area. A raw concrete staircase connects this floor to the upper garden space.

I sculpted the “rejmeh” to make “land art”, playing with the stones, their colours, sizes and textures, creating exhibition platforms, and sometimes keeping part of a wall built by the village ancestors. The top of the “rejmeh” received the “baydar”, a space whose shape I kept intact, as its proportion and location were so perfect. The large bay windows of the main room overlook the “baydar”, which has become an exhibition space.

Thanks to this project, the sculptures of

Michel Basbous have found their original space, and mine have found a minimalist, made-to-measure space.

From now on, a dialogue will take place between two generations and two eras which complement one another with both their resemblance and their opposition, thus each enhancing the other.

This project took two years to execute; two years marked by Covid and the financial crisis. This was an act of resistance armed with the love of art.

We wanted to create a site full of beauty, authenticity, hope, and love.

Je suis né dans un champ de sculptures, à Rachana, village natal de mon père Michel Basbous, du mien, et de mes enfants Shana et Michel. Avec ma femme Elma, nous vivons dans ce village où nature et sculptures se marient dans une harmonie totale.

Mon premier contact visuel avec la sculpture fut donc dès mes premiers jours. J’ai réalisé ma première sculpture dans l’atelier de mon père à l’âge de dix ans. Une sculpture en aluminium que j’ai gardé précieusement toutes ces années. Une sculpture prémonitoire, un cube décomposé puis recomposé qui était une graine qui a germé trente ans plus tard pour m’inspirer lors de ma première grande exposition au centre-ville de Beyrouth.

Mon intérêt pour l’architecture me mena à m’inscrire à l’ALBA, où j’ai fait une année préparatoire. Puis après, direction Paris, pour l’école ENSAAMA, où j’ai étudié le décor mural.

De retour au Liban, je commence à m’exprimer à travers la mosaïque moderne, et cela pendant quatre ans, pour qu’ensuite je me consacre entièrement à la sculpture.

Mes premières sculptures n’étaient pas très loin de la sculpture de la première génération des Basbous, mais avec le temps et le travail, je commençais à trouver ma propre voie, mon originalité qui étaient plus proches de ma sculpture de dix ans que de toute autre influence.

Je m’intéressais aux grands sculpteurs mondiaux comme Serra, Venet, Kapoor, Kiefer, Pomodoro, César, Gormley, Craig et autres.

Avec le travail et le temps, Rachana se peuplaient de plus en plus de sculptures, les miennes venaient s’ajouter à celles de mon père et mes oncles. Les espaces se saturaient et je sentais qu’il était primordial de créer un nouvel espace d’exposition.

J’avais acheter un terrain en face de ma maison à Rachana, qui surplombe la mer et surtout avec deux éléments très caractéristiques des villages de notre région : le premier c’est le « baydar », un espace plat qui se situe dans un endroit très venté. Sur ce site très bien choisi par les villageois, on séparait les graines de blé de l’avoine après la moisson. Le deuxième, une « rejmeh », c’est un grand talus de petites pierres que les villageois regroupent en nettoyant leur terre.

La décision de construire MAB “Mohtaraf Anachar Basbous” sur ce terrain fut prise assez vite. Mon architecte Jawdat Arnouk et moi avons décidé de créer un bâtiment monolithique en béton brute, incrusté du côté Est dans le sol, et se prolongeant vers l’Ouest en porte-à-faux dans un envol vers la mer. Ce bâtiment comprend trois parties d’expositions

- Le toit, conçu comme continuité de la route du village, est accessible par quelques marches du côté Est.

- La grande salle avec ses grandes bais vitrées des côtés Nord et Ouest, reçoit les grandes sculptures. Cette salle donne sur le jardin de pierres, le « baydar » et la « rejmeh ».

- La petite salle, en dessous de la grande, reçoit les sculptures de taille moyennes et petites. Une grande porte vitrée s’ouvre sur un espace extérieur couvert. Un escalier en béton brute joint cet étage à l’espace supérieur du jardin.

J’ai sculpté la « rejmeh » pour en faire du « Land Art », jouant avec les pierres, leurs couleurs, leurs tailles, et leurs textures, créant des plateformes d’expositions, et tantôt gardant une partie d’un mur bâti par les ancêtres. Le haut de la « rejmeh » recevait le « baydar », un espace dont j’ai gardé la forme intacte, tellement sa proportion et sa localisation étaient parfaites. Les grandes bais vitrées de la salle principale donnaient sur le « baydar », devenu espace d’expositions.

Grâce à ce projet, les sculptures de Michel Basbous ont retrouvé leur espace originel, et les miennes ont retrouvé un espace minimaliste créé sur mesure.

Désormais un dialogue se tiendra entre deux générations, deux époques, qui se complètent avec leur ressemblance et leur opposition, se mettant en valeur réciproquement.

Ce projet a pris deux ans d’exécution, les deux années du Covid et de la crise financière. Un acte de résistance avec comme arme l’amour de l’art.

Nous avons voulu créer un site chargé de beauté, d’authenticité, d’espoir, et d’amour.

A SITE FULL OF BEAUTY, AUTHENTICITY, HOPE, AND LOVE.

THIS PROJECT TOOK TWO YEARS TO EXECUTE; TWO YEARS MARKED BY COVID AND THE FINANCIAL CRISIS.

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