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FLEURIA ANDRIANIRINA Mannequin Influençeuse
from Piquante 00
Rencontre
Propos recueillis par Tania Pierrina - Photos Franco Di Sangro
Elle a 25 ans, bien dans ses baskets. Attachante, belle, souriante, avec un caractère bien trempé. Depuis quelques années elle grimpe mora mora les marches de la reconnaissance. Influenceuse reconnue avec des vidéos qui ont plusieurs centaines de milliers de vues, des dizaines de milliers de followers sur ses réseaux sociaux (TikTok et Facebook). Community manager, modèle photo, mannequin : une femme de son temps une femme multitâche...

Cela fait combien d’années que vous êtes mannequin ?
Je suis mannequin depuis 2020, mais j’en rêvais depuis mon adolescence et un jour j’ai tenté ma chance, saisi une opportunité.
Vos débuts en tant que mannequin et modèle photo, c’était comment ? Qu’est-ce qui vous a motivé ?
Vers 2018/2019 je me souviens plus très bien (rire) j’ai postulé dans une agence de mannequinat qui ne m’a jamais répondu... En 2019 je me suis présenté à l’élection Miss Sofia que j’ai gagné. Ça m’a permis d’être contactée dès le lendemain indirectement, via une amie, à qui on a dit « j’ai besoin d’elle » par l’agence qui ne m’avait pas répondu quelques temps plus tôt. J’ai refusé par principe, je suis assez têtue.
Ça m’a donné envie de créer ma première page Facebook « Miss Sofia 2020 ».
J’ai cherché et investi par mes propres moyens sur de bons photographes pour alimenter cette page. Tout s’est enchaîné, plusieurs photographes m’ont contactée, et j’ai choisi de travailler avec seulement deux d’entre eux.
J’ai eu des propositions pour poser pour des boutiques. J’ai été contacté par une entreprise malgache qui s’appelle Woll Franck pour devenir l’égérie de leurs produits, j’ai accepté et surtout par rapport à mes premiers contrats j’ai été très bien rémunérée...
À cette occasion j’ai fait moi-même mes propres tarifs en fonction des demandes. Je me suis retrouvée dans des books de photographes qui me cherchaient des contrats en afro, curly, tresses, et pour mon sourire, (rires) également pour la teinte un peu foncée de ma peau.
À partir de 2021/2022 et jusqu’à ce jour, j’ai travaillé pour de grandes entreprises comme Telma, BFV, Aigle d’or, des calendriers, également pour une marque malgache d’artisanat IBELIV qui est basée en Europe et de grands salons de coiffure sur Tana. J’ai fait des campagnes de prévention sur les violences faites aux femmes et pour la Covid. Mes photos ont aussi servi à illustrer des articles sur les discriminations capillaires. J’ai également fait des spots TV pour BFV et surtout pour les jeux des îles 2023 organisés chez moi à Madagascar. J’y tenais vraiment, représenter son pays est très important pour moi, je suis Malagasy et fier de l’être.
Peut-on vivre de ce métier à Madagascar ?
C’est très difficile . Beaucoup de filles et garçons qui arrivent sur le marché sont prêts à poser gratuitement juste pour leur visibilité et dénigrent involontairement le métier, c’est dommage et ça devient pour le coup impossible d’en vivre totalement.
A part le fait d’être mannequin et modèle photo, vous faites quoi dans la vie ?

Je suis en formation jusqu’au mois d’avril pour des projets que j’ai en tête. Je pense à mon avenir. Faire modèle ne dure qu’un temps, ça pousse derrière (éclats de rire).
A Madagascar (et ailleurs) être mannequin est toujours associé à une image « pas très catholique » Comment gérezvous cette image ?
Personnellement, j’e n’ai jamais eu de soucis, je ne suis jamais allée dans une agence (en étant indépendante, je suis libre de mes choix, et surtout je suis en direct avec les demandeurs et pas de commissions à verser), je travaille avec des photographes avec lesquels tout est clair, carré et en qui j’ai une totale confiance et surtout on discute des tarifs avant la signature de contrat, je sais où je vais et pas de mauvaise surprise. J’ai eu des propositions un peu louches, des pseudos agents pour de la lingerie ou boudoir, j’ai toujours refusé, chacun ses fantasmes, ce ne sont pas les miens.
Selon vous quels sont les conditions pour devenir mannequin ?
Bien se connaître, avoir de la personnalité, les axes que l’on souhaite pour ne pas tomber sur des traquenards. Être à l’aise et le plus naturelle possible. Surtout se respecter soi-même (les gens parlent vite). Ne pas se laisser faire, il y a beaucoup de profiteurs. Être sociable, mais pas naïve. Ne pas lâcher sa voie, c’est dur, voire très dur, mais avec de la volonté tout est possible.
L’expérience de miss Wakawaka, pouvez-vous nous la partager ?
Je n’ai pas trop envie d’en parler. Il me semble que tout n’est pas très clair. Question suivante.
Si vous deviez vous définir avec une phrase, quelle serait-elle ?
Gentille, serviable mais également consciente, dur et parfois pénible.
Votre style vestimentaire ?
Votre tenue préférée ?
Je n’ai pas vraiment de style vestimentaire, tout dépend des moments de l’ambiance de mon état d’esprit. J’ai horreur des jupes, j’en possède une seule offerte par mon mari, il attend toujours que je la mette (éclats de rire) ...
Ma tenue préférée, gros tee-shirt over size et baskets, j’adore je me sens à l’aise.
Votre routine capillaire ? Comment entretenez-vous vos cheveux ? Les produits que vous utilisez ?
Le budget que vous leur allouez ?
Je n’ai pas vraiment de routine capillaire, tout dépend du reste de la journée. Si je dois rester en afro je lave seulement et laisse sécher à l’air libre.
Pour l’entretien afro, avant de les laver je fais des bains d’huile, puis je les lave et surtout pas d’appareil chauffant, et pour les curly j’utilise des produits de marques reconnues, lavage et entretien.
J’utilise beaucoup d’huile de coco pure, tresses ou pas, c’est important pour mes cheveux qu’ils soient bien nourris et surtout qu’ils ne soient jamais secs.
Pour le budget (voir avec mon mari) (rires) je plaisante. Il varie entre 250000 à 400000 ariary en gros un tiers pour les produits, et le reste si je tresse ou pas...
Votre rituelle beauté ?
Je n’en ai pas, à part le maquillage si besoin.
Quel est votre péché mignon ?
Je vais vous surprendre, mais je raffole de tous les yeux d’animaux qui se mangent sauf le zébu, ça me rend dingue je ne peux pas résister (rires).
La plus grande folie que vous avez faite en matière de shopping ?
Dans une boutique, j’ai eu un challenge. J’avais cinq minutes et pas une de plus pour dépenser un million d’ariary. Je peux vous dire que ce n’est pas si simple que ça, surtout quand vous n’êtes pas du tout préparé et qu’on vous l’annonce juste devant la porte de la boutique. Je ne devais pas dépasser la somme, sinon j’étais obligée de déposer un article. J’étais dans tous mes états à fond je ne savais plus où regarder. J’en garde un très bon souvenir, et j’attends le prochain de pied ferme (rires).
Quelle est votre plus grande motivation dans la vie ?
Je ne dirais pas « quelle est » mais je dirais plutôt « quelles sont ». Mes motivations sont ma mère et mes deux petites sœurs.
Quel est votre plus grand rêve ? Dans les domaines personnel et professionnel
Mon rêve personnel, c’est ma famille au sens large, ma mère, ma bellemère, mon mari, mon beau-fils, mes proches, mes futurs enfants, être ensemble, partir ensemble en voyage tous réunis, c’est quelque chose qui me tient vraiment à cœur. Être heureuse.
Professionnellement, réussir mes projets, être indépendante, je sais que je dois être patiente, mais je réussirai à atteindre mes buts.
Quel est votre plus grand échec ? Et comment avez-vous fait pour vous relever ?
Je dirais plutôt erreur qu’échec. Perdre confiance en une amie, être trahie, se sentir très mal, mais c’est du passé, je regarde devant, le passé est passé. Je ne remercierai jamais assez ma mère qui m’a aidé à me relever.
Vous vous êtes récemment fiancée, comment gérez-vous votre vie en tant que personnalité publique et votre vie personnelle ?
Un grand moment de ma vie, un magnifique souvenir gravé à jamais. J’ai un mari compréhensif et à l’écoute, il est curieux de ce que je fais, il s’intéresse beaucoup, il m’aide et me conseille quand j’en ai besoin et même si parfois ça ne lui plaît pas, il m’encourage toujours. Je ne me sens pas du tout bridée et de mon côté je le soutiens également et le conseille aussi dans ses activités. Nous travaillons tous les deux à la maison, donc il est, et je suis au courant de tout. Pas de souci entre privé et professionnel.
Quelle est la journée parfaite pour vous ? Elle se passe comment ?
Me lever et savoir que tous mes proches vont bien et sont en bonne santé. Une bonne douche, un bon petit-déjeuner malgache et je suis prête pour une journée chargée en projets.
Si vous aviez une baguette magique, qu’est-ce que vous changeriez dans votre vie personnelle, dans votre pays et dans le monde ?
Si j’avais une baguette magique j’effacerais les mauvaises choses de mon passé. Dans mon pays et dans le monde je supprimerais la pauvreté et l’insécurité.
Un message pour nos lectrices ?
J’espère que cette interview dans « Piquante » vous a permis de mieux me connaître, et ceux qui aimeraient être mannequin auront trouvé quelques inspirations.

