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La Paroles Des Concerne.e.s : Yasser

La Paroles Des Concerne.e.s : Yasser

Un jour, alors que j’étais chez moi, en Syrie avec ma famille, des bombardements massifs se sont produits. On était terrifié, une bombe est tombée dans la cuisine et n’ont avait pas le temps de bouger par peur qu’une autre nous atteigne. On habitait dans un haut immeuble et au dernier étage, tous les bruits, les missiles et les bombes faisaient très peur. Puis nous en sommes sortis sain et sauf. Sur le coup, on croyait que c’était la fin et on se regardait les uns les autres comme si on allait se dire au revoir.

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Un café en Syrie que Yasser fréquentais beaucoup avec ses amis.

J’ai quitté la Syrie alors que j’avais 21 ans, j’étudiais en génie mécanique sauf que c’était plus possible de continuer à cause des conditions dramatiques dans lesquelles était le pays. Alors j’ai dû quitter la Syrie pour poursuivre mes études. Je suis partie pour la Turquie j’y suis restée un mois pour ensuite rejoindre la Grèce, là-bas des personnes rattachés à l’ONU nous ont aidé, ils nous ont livré un papier qui nous donne le droit de passer les frontières sans soucis. Je suis passé par la Slovaquie, la Hongrie, l’Allemagne pour arriver en France, tout ceci en 5 jours. Le plus difficile c’est de laisser sa famille, ses amis et tout laisser derrière toi, juste prendre sa valise à la main et partir… tu ne sais pas exactement vers où mais tu te lance. Et puis tu te retrouves à parcourir des kilomètres, tu ne sais pas quand est ce que tout cela s’arrête.

Arrivé en France, je suis venu en fin d’année, toutes les administrations publiques étaient fermées. Puis je suis partie prendre rendez-vous au sein d’une organisation qui m’en a donné un après 3 mois d’attente. C’était 3 mois de clandestinité, sans aucun papier pour pouvoir se défendre si on me fouille, aucune situation stable, pas d’habitat stable, malnutrition et mauvaise santé mentale. J’étais au bord du rouleau, j’ai eu du mal à m’intégrer, je ne savais pas parler le français, je ne dialoguais avec personne et j’ai fait une grande dépression. Un an après j’ai obtenu le droit d’asile, je me suis inscrit en BTS électrotechnique et c’était différent du niveau d’étude en Syrie. Je ne maîtrisais pas la langue française et j’ai eu des remarques racistes. Puis un professeur bienveillant m’a traduit un devoir sur table en arabe et j’ai réussi à y répondre. J’ai obtenu 9/10 et le professeur a décidé de réunir tous les professeurs et le proviseur pour voir comment ils allaient procéder avec moi.

La Felicità, Paris. Un endroit que Yasser aime en France.

Alors on m’a proposé de continuer l’année mais si je le souhaitais je pourrais refaire l’année pour renforcer mon français. Finalement, j’ai eu la moyenne et je n’ai pas voulu refaire l’année mais plutôt passer en seconde et si j’échoue la refaire. J’ai fait d'énormes efforts, je me suis donné à fond et j’ai réussi à obtenir mon BTS sans redoubler. Puis j’ai voulu approfondir mes connaissances et maîtriser mieux le français, alors je me suis inscrit dans une licence d’arabe et français. Je l’effectue actuellement mais j’ai en parallèle postuler pour une alternance en maîtrise d'énergie électrique et durable. Je travaille en CVC (climatisation, ventilation et chauffage) en tant que chargé d'affaires de travaux. Je suis content d’être arrivé là et d’avoir réussi à faire ce que je voulais malgré toutes les difficultés que j’ai rencontrées et notamment le français en premier lieu. J’ambitionne plus tard d’ouvrir ma société et travailler dans le domaine.

Ce qui me manque le plus aujourd’hui, c’est ma famille, cela fait un moment que je ne les ai pas vu et c’est terrible de se dire qu’ils sont là-bas, qu'ils vivent mal et que je ne peux rien faire.

Yasser dans un parc à Paris.

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