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UNE SYNDICALISATION FORTE
CONTRE L’AUGMENTATION DES INÉGALITÉS

1. Introduction
Le présent Etat de la question de l’IEV propose un examen de l’évolution du taux de syndicalisation en Belgique, en Europe et dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Cet État de la question apporte également un regard sur les conséquences du repli des affiliations constaté de manière générale dans le monde.
Tout d’abord, la note aborde l’évolution du taux de syndicalisation en Belgique, en y traitant de la période de l’entre-deux-guerres, qui a vu une croissance du taux de syndicalisation, des influences de la crise financière de 1929 ainsi que de la période de l’après Deuxième Guerre mondiale jusqu’à nos jours.
Ensuite, l’évolution du taux de syndicalisation à travers l’Europe et les pays composant l’OCDE est traitée par le biais d’une analyse du recul syndical, d’un constat des types de syndicalismes en Europe et des divers niveaux de syndicalisation selon les pays.
Enfin, un parallèle est réalisé entre le coefficient de Gini1 et le taux de syndicalisation d’un pays.
2. Évolution du taux de syndicalisation en Belgique
Le développement du syndicalisme durant la période de l’entre-deux-guerres est marqué par une forte croissance du nombre d’affiliés à la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB) et à la Confédération des syndicats chrétiens (CSC). Les affiliés de la FGTB passent de 129.177 en 1914 à 687.610 en 1920, tandis que ceux de la CSC connaissent une croissance plus lente de 123.000 membres en 1914 à 156.613 en 19202
Ce phénomène est entre autres dû à l’attrait donné à l’affiliation à une caisse syndicale, la différence entre un chômeur assuré et non assuré étant très marquée. En effet, l’ouvrier chômeur non affilié ne recevait aucune indemnité3. En 1921, le président de la CSC déclare d’ailleurs que « l’assurance-chômage confiée aux syndicats est le meilleur propagandiste que l’on ait jamais rencontré » car cette assurance établit une protection collective4.
1 Le coefficient de Gini est une mesure statistique indiquant le niveau de la distribution des revenus dans une population donnée. Ce coefficient varie de 0 à 1 (0 signifie l’égalité parfaite et 1 signifie l’inégalité totale). Il est utilisé pour mesurer l’inégalité des revenus dans un pays.
2 ARCQ, E., BLAISE, P., Les organisations syndicales en Belgique, Bruxelles, CRISP, 1986, p. 4.
3 VANTHEMSCHE, G., Le chômage en Belgique de 1929 à 1940 : son histoire, son actualité, pp. 37-38.
4 GERARD, E., L’épanouissement du mouvement ouvrier chrétien (1904-1921), pp. 161-162.
Il paraît indéniable que la consécration du lien entre affiliation syndicale et protection contre le chômage explique pour une part importante cette croissance spectaculaire. Une fois éloignée la récession du début des années 1920, le nombre d’affiliés diminue d’ailleurs, avant de connaître une nouvelle augmentation lorsque se produit la grande crise des années 1929.
Après 1945, les syndicats ont vu leur nombre d’affiliés progresser de manière significative. Le nombre de cotisants à la FGTB a doublé entre 1945 et 1985 (de 553.072 à 1.097.594 membres). Pour la CSC, la croissance fut fulgurante puisque son effectif a quadruplé au cours de la même période (342.500 membres en 1945 et 1.367.589 en 1985). Quant à la Centrale générale des syndicats libéraux de Belgique (CGSLB), dont la création date de 1891, elle compte en 1985 210.936 membres5. Pour l’année 2012, les affiliés de la CSC se chiffraient à 1.661.800 ; 1.503.700 membres pour la FGTB et 289.700 membres pour la CGSLB6
3. Évolution du taux de syndicalisation en Europe et dans les pays de l’OCDE
3.1. La diversité des taux de syndicalisation
En Europe, l’affiliation syndicale est, en général, plus importante dans les petits pays que dans les grands (à l’exception de la Suisse et des Pays-Bas).
L’histoire, l’organisation politique de la société, les réalités économiques, qui sont propres à chaque pays, jouent un rôle sur la structuration, le fonctionnement, le rôle des organisations syndicales7 et influencent les différenciations de taux de syndicalisation en Europe.
Le graphique ci-dessous montre cette diversité en présentant les taux de syndicalisation par pays de l’Union européenne (UE), de l’Association européenne de libre-échange (l’AELE, à l’exception du Lichtenstein) et des autres pays de l’OCDE.
5 Idem, p. 6.
7 BLAISE, P.,
Au sein de l’Europe, il existe plusieurs confédérations syndicales concurrentes, dont l’opposition repose souvent sur un clivage politique. Prenons le cas de la Belgique, où les mouvements sont regroupés dans trois confédérations, chacune incarnant une tendance idéologique différente qui existe également en politique: la Confédération des syndicats chrétiens (CSC) qui est de tendance chrétienne, la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB) a une idéologie socialiste et la Centrale générale des syndicats libéraux de Belgique (CGSLB) qui est une confédération libérale. Des fusions de syndicats existent et continuent de remodeler le paysage syndical, même si cela se déroule au sein des confédérations elles-mêmes. Malgré ces changements qui sont bien souvent d’ordre mineur cela n’entrave en rien les divers objectifs des syndicats8.

Source : Eurostat.

On remarque que l’Espagne (15%) et la France (8%) ont un taux extrêmement bas de syndicalisation.
Les trois États baltes (Estonie, Lituanie, Lettonie) se distinguent aussi par leurs taux très bas. Cela s’explique par le fait que le syndicalisme reste associé dans l’esprit des populations à celui du régime totalitariste qui existait du temps de l’Union soviétique9
3.2. Le taux de syndicalisation dans les pays scandinaves
Les pays scandinaves ont un taux de syndicalisation très élevé, avec plus de la moitié des travailleurs qui sont affiliés à un syndicat. L’une des raisons du haut taux de syndicalisation dans ces pays vient du fait que les syndicats jouent un rôle dans la distribution des prestations de chômage et autres prestations sociales, comme c’est le cas également en Belgique. L’adhésion à un syndicat est perçue comme une composante naturelle de l’emploi dans les pays nordiques. La Norvège fait figure de cas particulier : 52,1%10 des travailleurs y sont syndiqués (chiffres 2013) alors que les syndicats ne jouent pas de
9 ORCIER, P., Le syndicalisme en Europe, publié le lundi 5 décembre 2011, http://www.nouvelle-europe.eu/ node/1331.
10 Voir http://stats.oecd.org/Index.aspx?DataSetCode=UN_DEN&Lang=fr.
R Le Dans La Distribution Des Prestations De Ch Mage11
Toutefois, un phénomène d’érosion est observé depuis une décennie dans ces pays. La Suède est ainsi passée d’un taux de syndicalisation de 80% en 1999 à 68% en 2010.
3.3. L’évolution du taux de syndicalisation
L’appartenance à un syndicat est en baisse dans la plupart des pays européens depuis les années 70.
Dans les pays de l’OCDE, le taux de syndicalisation est passé de 37% en 1975 à 28% en 198812 à 16,7%13 en 2014.
Une tendance à la baisse s’est ressentie dans la majorité des pays occidentaux durant les années 80. Les diminutions les plus conséquentes ont eu lieu dans les pays où la syndicalisation était déjà faible, comme aux États-Unis, au Royaume-Uni et en France. Cela ne signifie pas nécessairement une perte d’influence des organisations représentatives des travailleurs. Au contraire, dans certains pays, le phénomène inverse est apparu : les syndicats ont accru leur impact alors même qu’ils ont connu une diminution de leurs membres. En général, les années de crise sont synonymes d’une perte d’influence de la part des syndicats14
Au début des années 90, le taux de syndicalisation s’est stabilisé dans la plupart des pays, sauf aux Pays-Bas et en Allemagne, où une augmentation a été constatée. Les pays comportant le taux le plus important de syndicalisation sont quatre pays nordiques (Suède, Islande, Danemark et Finlande), qui enregistrent des taux compris entre 70% et 85%.
11 Worker-participation, Les systèmes nationaux : les syndicats, http://fr.worker-participation.eu/Systemes-nationaux/En-Europe/Syndicats.
12 Il s’agit en fait de moyennes pondérées. Les chiffres fournis par J. Visser pour les mêmes pays, mais en moyennes non pondérées, sont respectivement de 47% en 1975 et 43% pour 1988.
13 Voir http://stats.oecd.org/Index.aspx?DataSetCode=UN_DEN&Lang=fr.
14 BLAISE, P., Les syndicats en Europe, CRISP, n°37, 1992, p. 4.
Source : Clés du social, Les relations professionnelles en Europe en 2014, http://www.clesdusocial.com/les-relations-professionnelles-en-europe-en-2014-donnees-significatives.
3.4. Le taux de syndicalisation au cours des quinze dernières années
L’une des causes du repli du taux de syndicalisation est la crise économique que nous avons connue. Sur 25 pays européens recensés, 22 sont en baisse et 3 en augmentation entre 1999 et 2013 comme démontre le tableau suivant15

15 Clés du social, Syndicalisation et conflits en Europe, paru le 14 décembre 2013, consulté le 9 février 2016.

Source : OCDE16
Ces dix dernières années, le taux global de syndicalisation en Europe a chuté de 28 à 23%. Les causes les plus flagrantes sont la crise économique et la mondialisation qui ont entraîné la restructuration de nombreux secteurs industriels traditionnellement plus syndiqués17.
3.5. L’évolution du taux de syndicalisation dans les pays de l’OCDE
Si les taux de syndicalisation sont très variés au sein des pays de l’OCDE, leur évolution l’est en revanche beaucoup moins. Comme l’indique le tableau ci-dessus, seuls quatre pays (Belgique, Chili, Espagne et Italie) ont vu le nombre de syndiqués augmenter au cours des quatorze dernières années. Une précision est à pointer concernant l’Italie où cette hausse est inférieure à la croissance globale de l’emploi, ce qui implique, de facto, une diminution du taux de syndicalisation18

3.6. Les facteurs qui ont un impact sur la vitalité des syndicats
Les facteurs qui jouent un rôle sur l’impact et la vitalité des syndicats sont nombreux. Jelle Visser, qui étudie les taux de syndicalisation dans les pays de l’OCDE, a relevé cinq explications des différences de niveaux observées selon les pays :
- Les caractéristiques structurelles des économies nationales : par exemple, la taille du secteur agricole ou industriel, la dimension du marché du travail et du taux de chômage, la concentration de l’emploi et le rôle des entreprises de petite et moyenne dimension, les prises de participation étrangères dans les entreprises locales et la concurrence internationale ;
- Les dimensions institutionnelles et politiques : antagonisme ou soutien public à l’égard des syndicats, développement du secteur public, législation sociale et code du travail, mesure de dérégulation, accès des syndicats aux partis et aux instances gouvernementales ;
16 http://stats.oecd.org/Index.aspx?DataSetCode=UN_DEN&Lang=fr, consulté le 4 mars 2016
17 Clés du social, Le dialogue social au plan européen, paru en juin 2013.
18 Worker-participation, Les systèmes nationaux : les syndicats, http://fr.worker-participation.eu/Systemes-nationaux/En-Europe/Syndicats.
- L’organisation des employeurs et leurs politiques ;
- Le système de valeurs de la société, comme les valeurs auxquelles les travailleurs adhèrent en matière d’organisation et d’action collectives ;
- Les capacités d’organisation des syndicats19
La notion de syndicat n’est pas identique entre les pays en raison de la signification même des termes : « ce qu’on appelle un syndicaliste en France se rapproche plutôt du représentant ou du délégué syndical bénévole au Royaume-Uni. Inversement, l’équivalent français du syndicaliste britannique serait le travailleur qui vote pour le syndicat lors de l’élection des comités d’entreprise »20
A l’échelle européenne, on constate également des variations de la présence syndicale au sein des divers secteurs. La présence syndicale est ainsi plus importante dans les secteurs industriels, les transports ou les services publics que dans le secteur primaire (agriculture), le commerce ou les secteurs financiers. Un autre facteur de différenciation est la dimension des entreprises. En effet, le taux de syndicalisation est plus faible dans les petites et moyennes entreprises que dans les grandes entreprises. Les ouvriers s’affilient davantage que les employés et les hommes que les femmes21
3.7. Les différents types de syndicalisation en Europe
Jean Auger a tenté de déceler les différents types de syndicalisation au sein de l’Europe. Il a tenu compte de la diversité des structures (dominance du niveau interprofessionnel ou du niveau sectoriel), du poids des adhérents ou des militants (syndicalisme d’adhérents comme en Allemagne ou de militants comme en France)22. Il distingue ainsi :
- Un syndicalisme de type latin (France, Espagne, Italie) caractérisé par des similitudes en termes d’orientations générales, de pratique de l’action et de types d’organisations syndicales ;
- Un syndicalisme de type anglo-saxon (Trades Union Congress (le TUC) de la Grande-Bretagne et la majorité du syndicalisme scandinave) caractérisé par des rapports particuliers entre le syndicat et les partis (le syndicat forme la base du parti travailliste) ;
- Un syndicalisme de type germanique (Allemagne, Autriche, Suisse), de tendance social-démocrate, caractérisé par un nombre d’affiliés très élevé et dont les services sont nombreux.
À propos du syndicalisme belge, Jean Auger remarque que ses traditions et ses orientations (principalement en Wallonie) le rapprochent du type latin alors que son organisation s’apparente plutôt au type germanique.
René Mouriaux pour sa part, estime que « cinq sous-ensembles sont à distinguer. Les syndicats scandinaves regroupés dans l’Organisation syndicale nordique (NSF) forment un premier bloc caractérisé par une affiliation distincte pour les cols bleus et les cols blancs. La France, l’Italie, l’Espagne sont les exemples types du pluralisme syndical auxquels on peut associer la Belgique, les Pays-Bas, la Suisse, avec la concurrence entre syndicalisme chrétien et syndicalisme socialiste, aggravé parfois par la présence d’un courant communiste. Le TUC de la Grande-Bretagne conserve une particularité forte. Enfin, la DGB de l’Allemagne et l’OGB d’Autriche illustrent un cinquième état du syndicalisme, unitaire, œcuménique dans leur recrutement professionnel, fortement charpenté, à la différence de l’enchevêtrement britannique »23.
4. Lien entre syndicalisation et égalité des revenus
Florence Jaumotte et Carolina Osorio Buitron ont révélé « l’existence d’un lien entre la baisse du taux de syndicalisation et l’augmentation de la part des revenus les plus élevés dans les pays avancés durant la période 1980-2010 ».
« En réduisant l’influence des salariés sur les décisions des entreprises », l’affaiblissement des syndicats a permis d’« augmenter la part des revenus constitués par les rémunérations de la haute direction et des actionnaires »24
Le graphique ci-dessous traite des pays de l’OCDE et leurs taux de syndicalisation (en %) en corrélation avec le coefficient de Gini. Ce tableau démontre que plus le taux de syndicalisation est faible dans un pays (axe vertical de gauche), plus le coefficient de Gini (axe vertical de droite) tend à être élevé, indiquant une distribution plus inégale des revenus25
23 BLAISE, P., Les syndicats en Europe, CRISP, n°37, 1992, p. 4.
24 JAUMOTTE, F., OSORIO BUITRON, C., Inequality and Labor Market Institutions, F.M.I., 1er juillet 2015, p.10.
25 HURTEAU, P., Plus de syndicats, plus d’égalité, http://www.journaldemontreal.com /2014/10/15/plus-de-syndicats-plus-degalite.
Source : OECD Statistics
D’après l’Organisation internationale du travail (OIT), une présence syndicale solide participe à la mise en place d’un cadre institutionnel et réglementaire qui est propice à un meilleur partage des richesses. En effet, les syndicats négocient pour de meilleures conditions de travail et contribuent également à réduire les écarts de revenus internes aux entreprises et à la promotion de politiques sociales redistributives.
On peut d’ailleurs le constater puisqu’au sein des pays de l’OCDE, la diminution de la présence syndicale s’accompagne de l’élargissement des écarts de richesse26

Ceci est confirmé par l’OIT dans un récent rapport intitulé «Tendances de long terme dans le monde du travail : quels effets sur les inégalités et les classes moyennes27». Ce rapport montre le lien direct entre l’augmentation des inégalités et l’érosion de la classe moyenne dans certains pays de l’UE.
Selon les auteurs de ce rapport, les pays de l’Union européenne ont subi, durant la dernière décennie, une importante érosion de leur classe moyenne. Cette érosion est due à des changements dans la structure de l’emploi (multiplication des temps partiels involontaires par exemple) mais aussi à des fac- teurs liés à la crise économique et financière de 2008. Ainsi, l’augmentation du chômage, particulièrement du chômage des jeunes, la modération salariale ou la baisse des salaires, les réformes du dialogue social et les coupes dans l’emploi et les salaires du secteur public, ont contribué à cette érosion.
26 HURTEAU, P., Plus de syndicats, plus d’égalité, http://www.journaldemontreal.com /2014/10/15/plus-de-syndicats-plus-degalite.
27 Trends in the world of work: what effects on inequalities and middle-income groups, OIT, 29 février 2016.
Certains pays ont, malgré tout, pu endiguer le recul de la classe moyenne. Selon l’OIT, ils y sont parvenus car ils ont développé des relations industrielles élastiques, c’est-à-dire, entre autres, un bon dialogue social. A contrario, l’affaiblissement du dialogue social dans les pays tels que la Grèce, l’Espagne et l’Irlande a certainement contribué à accroître les inégalités.
La Belgique a préservé sa classe moyenne grâce à son système social. Notre pays dispose d’une classe moyenne « stable et prospère ». D’après l’OIT, la classe moyenne représente en Belgique encore 35% de la population, nettement plus que les 23% de la Lettonie, 25% de la Grèce ou encore 26% du Royaume-Uni28.
Le niveau de vie et la consommation des revenus intermédiaires belges ont, en effet, été peu touchés par la crise de 2008, grâce notamment à la sécurité sociale, au chômage partiel et à l’indexation des salaires, qui ont permis de préserver les conditions de vie malgré le contexte économique difficile. Cette situation est également liée au modèle de concertation sociale. « Les partenaires sociaux jouent un rôle important et stabilisateur »29 constatent les auteurs du rapport de l’OIT.
Les mécanismes de fixation des salaires et la négociation salariale jouent également un rôle. La survie du système d’indexation, en Belgique par exemple, semble avoir participé à endiguer les inégalités.
Il est donc évident, à la lecture de ces enquêtes, que notre taux de syndicalisation élevé est un élément déterminant pour maintenir notre classe moyenne, pour limiter les inégalités et pour redistribuer au mieux les richesses.
Par ailleurs, il faut aussi noter que, lorsque le syndicalisme se fait moins présent, la tendance pousse à une dégradation générale, ce qui alimente l’appétit des détenteurs du capital30.
28 Le Vif, La classe moyenne s’érode en Europe... sauf en Belgique, http://trends.levif.be/economie/politique-economique/la-classe-moyenne-s-erode-en-europe-sauf-en-belgique/article-normal-473251.html?utm_ source=Newsletter-01/03/2016&utm_medium=Email&utm_campaign=Newsletter-RNBDAGLV.
29 Le Vif, La classe moyenne s’érode en Europe... sauf en Belgique, http://trends.levif.be/economie/politique-economique/la-classe-moyenne-s-erode-en-europe-sauf-en-belgique/article-normal-473251.html?utm_ source=Newsletter-01/03/2016&utm_medium=Email&utm_campaign=Newsletter-RNBDAGLV.
30 HALIMI, S., Eloge des syndicats, http://www.monde-diplomatique.fr/2015/04/ HALIMI/52834.
5. Conclusion
Ces dix dernières années, le taux global de syndicalisation en Europe a chuté de 28 à 23%. Sur 25 pays européens recensés, 22 sont en baisse et 3 en augmentation entre 1999 et 2013.
Les causes les plus flagrantes sont la crise économique et la mondialisation qui ont entraîné la restructuration de nombreux secteurs industriels traditionnellement plus syndiqués.
D’après l’Organisation internationale du travail (OIT), une présence syndicale solide participe à la mise en place d’un cadre institutionnel et réglementaire qui est propice à un meilleur partage des richesses. En effet, les syndicats négocient pour de meilleures conditions de travail. Ils contribuent également à réduire les écarts de revenus internes aux entreprises et à la promotion de politiques sociales redistributives. On le voit d’ailleurs lorsque l’on examine la corrélation entre le taux de syndicalisation dans les pays de l’OCDE et le coefficient de Gini (qui mesure le niveau de la distribution des revenus) : les pays où le taux de syndicalisation est élevé montrent une moins grande inégalité entre les revenus.
Il est donc essentiel de maintenir un taux élevé de syndicalisation en Belgique, afin de limiter les inégalités et de mieux redistribuer les revenus.
A l’heure où certains partis souhaitent affaiblir par tous les moyens les syndicats dans notre pays, nous devons au contraire nous rappeler de leur rôle déterminant dans le système social belge et dans la lutte pour plus d’égalité.