6 minute read

Carey Mulligan

En 2005 sortOrgueil et préjugés de Joe Wright, vivier de jeunes actrices anglaises devenues aujourd’hui incontournables. Parmi elles, Rosamund Pike, Keira Knightley et Carey Mulligan, qui vont devenir très proches et se retrouver cinq ans plus tard dans Auprès de moi toujours, de Mark Romanek. Mais, au lieu de suivre une ascension fulgurante comme celle de son amie Keira, la fausse ingénue Carey trace son chemin doucement, mais sûrement, passant avec autant de tact que d’aplomb de rôles de muses et d’amoureuses à ceux de frondeuses, chez Michael Mann, Baz Luhrmann et les frères Coen. Volant la vedette à Leonardo DiCaprio dans Gatsby le magnifique, à Ryan Gosling dans Drive, à Michael Fassbender dansShame… Jusqu’à ce rôle étourdissant de justicière dans Promising Young Woman, d’Emerald Fennell, pour lequel, malgré sa performance choc et sa robe Valentino d’un jaune éclatant le jour de la cérémonie, elle n’a pas décroché l’Oscar. Et c’est peut-être tant mieux ! Car c’est son mélange de fraîcheur et d’indépendance, son côté nomade qui nous séduit tant chez Carey Mulligan, 35ans, maman de deux jeunes enfants et épouse du musicien Marcus Mumford. D’autant que tous ses prochains films lui assurent un avenir en or. Gros plan sur celle qui est déjà, pour nous, l’une des actrices gagnantes de l’année.

Votre carrière s’accélère… On vous a revue dernière-

Advertisement

ment sur Netflix avec Ralph Fiennes dans TheDig… CAREY MULLIGAN. Les projets viennent plus vite à moi. Des films originaux comme TheDig ne se refusent pas. J’en ai plusieurs sur le feu, dont Spaceman, avec Adam Driver, Fingernails, produit par Cate Blanchett, un de mes modèles. Et je tourne à New York dans Maestro, de et avec Bradley Cooper, qui tient le rôle du compositeur et chef d’orchestre Leonard Bernstein: je joue sa femme. Le film demande beaucoup de préparation et de recherches… De quoi tenir occupée la mère de deux enfants de moins de 5ans que je suis.Donc, actuellement, je ne cherche rien, je laisse venir… «J’adore faire partie de ce courant qui renvoie au cinéma hollywoodien des années 1930, quand les femmes en remontraient aux hommes devant et derrière la caméra»

«Ces nouvelles séries, faites par des femmes sur des femmes rebelles, sont ce qu’il y a de plus novateur, excitant et inspirant»

Promising Young Womanaété un virage ?

Oui. Nous avons tourné le film en avril 2019, puis il y a eu l’arrêt du monde, mais je savais que nous avions réussi quelque chose de très fort: un personnage féminin vraiment riche et surprenant; un film qui marchait sur la corde raide, à mi-chemin entre comédie et tragédie, humour noir et ce petit côté surréaliste qui vous accompagne durant tout le film. Pas de l’horreur, mais presque, comme un truc magique à découvrir. Au début, je ne savais même pas comment aborder le scénario.

Vous étiez amie avec Emerald Fenell, à qui

on doit la série Killing Eve, n’est-ce pas ? Nous avions tourné ensemble dans un épisode de télévision anglaise sur Agatha Christie, puisque Emerald est aussi actrice (c’est la Camilla de The Crown), et j’adore le festival jubilatoire qu’est Killing Eve. Ces nouvelles séries, Fleabag, Killing Eve, IMay Destroy You, faites entièrement par des femmes sur des femmes rebelles, sont vraiment ce qu’il y a de plus novateur, excitant et inspirant ces dernières années. J’adore faire partie de ce courant qui renvoie au cinéma hollywoodien des années 1930, quand les femmes en remontraient aux hommes devant et derrière la caméra.

Carey Mulligan en infirmière strip-teaseuse dans «Promising Young Woman», d’Emerald Fennell.

Promising Young Womanmet en scène une femme,

Cassie, qui venge méthodiquement sa meilleure amie en remontant la filière des hommes qui ont abusé d’elle.

Votre père était directeur d’hôtel. Quel souvenir gardez-vous de votre vie nomade ?

C’est un personnage à la limite de l’antipathique, mais terriblement libérateur à jouer. A la fois complètement outré et sincère, placé dans un décor pastel et néon, pour mieux faire ressortir la noirceur de son projet, et de toutes ces attitudes abusives contre les femmes vulnérables, cette sinistre culture du viol, tellement normalisée, voire glorifiée parfois.

Un personnage qui demande une maturité d’actrice.

Lorsque j’ai tourné Wildlifesous la direction de Paul Dano, je faisais parfois arrêter une scène, au bord des larmes, car je n’y arrivais pas. Paul Dano a encouragé ce bafouillage artistique : «Trouve juste la vérité du moment», disait-il. Ne pas chercher à plaire, mais trouver ce qui fait l’essence d’un personnage à travers ses émotions les plus secrètes. Sur Promising Young Woman, encouragée par Emerald, je me suis enfin laissée aller, j’ai tout essayé sans honte, sans chercher à m’excuser. L’humain n’est ni lisse ni parfait. Mais le rôle n’incite pas à la vengeance contre les hommes. C’est un questionnement sur nos comportements.

Le mouvement #MeeToo a-t-il changé la qualité des rôles pour les femmes à Hollywood ?

J’ai été souvent découragée lorsque j’avais le sentiment d’avoir révélé tous les aspects d’un personnage, d’en avoir révélé les zones «sombres», qui sont les plus intéressantes, et de voir qu’il ne restait rien au montage. Je me suis souvent sentie trahie par les réalisateurs. Mais je vois une différence depuis quelques années dans l’écriture des rôles féminins. Les gens ont compris qu’il y avait une demande pour les films qui explorent différentes facettes de la féminité, sans se contenter de rabâcher les traditionnels archétypes. Pour le reste, je pense avoir toujours été rémunérée de façon juste, je n’ai pas connu de fossé de salaire par rapport à mes partenaires masculins. Je suis pour les codes de conduite qui précisent ce qui est approprié ou non par rapport au harcèlement sexuel. Les abuseurs ne pourront plus dire qu’ils n’étaient pas au courant.

Si je me penche sur mon enfance et revois tous ces hôtels où nous avons vécu, notamment en Allemagne, je m’en souviens comme d’un conte de fées. Cela m’a donné le goût de vivre entourée de plein de gens: le personnel des hôtels faisait partie de ma vie, les femmes de ménage me mettaient dans les chariots de linge pour me balader de chambre en chambre… Dès l’enfance, un élément magique «Ne pas chercher à plaire, mais trouver ce qui faitl’essence d’un personnage à travers ses a ensoleillé ma vie. Votre playlist personnelle ? Tout ce qui est comédie musicale. C’est en allant voir une représentation duRoi et moi, toute gosse, à Londres, que j’ai voulu devenir actrice. Propos recueillis par JULIETTE MICHAUD émotions les plus secrètes. Sur Promising Young Woman, Since her debut in Joe Wright’s Pride and Prejudicein 2005, Carey Mulliganhas stolen the screen from some of the industry’s biggest names –Leonardo di Caprio in je me suis enfin The Great Gatsby, Ryan Gosling in Drive, Ralph Fiennes in laissée aller, The Dig– with a sort of unassuming panache and quiet j’ai tout essayé, authority. Indeed, her recent Oscar-nominated role in sans chercher Emerald Fennell’s startling Promising Young Woman à m’excuser» might appear a departure, one that required all her experience: “When I was directed by Paul Dano in Wildlife, I would sometimes have to stop a scene, because I couldn’t get it right. Paul would say, ‘Just find your moment of truth.’ It was about not trying to please anyone, just finding the essence of the character through my inner feelings. In Promising Young Woman, Emerald encouraged me, and I finally just let go – I tried everything without feeling ashamed or trying to apologize. Cassie was such a joy to play; she’s both completely out there and sincere, in the film’s pastel and neon environment that contrasts with its darkness. But the character isn’t inciting vengeance against men; the film is about questioning behavior.” Mulligan says that the #MeToo has affected the roles being written for women in TV and film: “Series like Fleabag, Killing Eve and I Will Destroy You, made by women, about rebellious women, are the most innovative and inspiring projects of the past few years. People have understood that there’s a demand for projects that explore different facets of femininity, without falling back on stereotypes.”

This article is from: