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NOUVELLE-AQUITAINE
La Nouvelle-Aquitaine en route vers l’unification billettique

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Dans le courant de l’année 2021, le syndicat prévoit la généralisation du M-Ticket Modalis, sur smartphone, dont un premier lancement a été effectué pendant la crise sanitaire.
SOLUTION. La région Nouvelle-Aquitaine s’est lancée dans un projet de mobilité intégrée (MaaS), dénommé Modalis, qui prévoit dans un premier temps la généralisation du M-ticket, lancé pendant le déconfinement. Un travail de longue haleine, ne serait-ce pour éviter que chaque territoire ne lance sa propre application et que les opérateurs de transport jouent le jeu en matière d’ouverture des données. Grégoire Hamon
Renaud Lagrave, viceprésident de la région en charge des Transports, des infrastructures et des mobilités.

L’ association Calypso, une initiative des opérateurs de transport pour des solutions de paiements ouvertes, organisait, le 16 octobre un webinaire sur la réappropriation de sa billettique avec les solutions Open Source. L’occasion de faire le point sur différents projets, dont celui mené par la région Nouvelle-Aquitaine, qui entend mener une politique de transport sans couture sur son territoire. Un travail semé d’embûches et de réticences, si l’on en croit Renaud Lagrave, vice-président de la région en charge des Transports, des infrastructures et des mobilités. « Il faut faire sauter les frontières pour obtenir une mobilité sans couture au niveau régional car, pour l’instant, chaque territoire veut travailler avec sa propre application, son calculateur d’itinéraires et ses informations voyageurs. C’est un travail de fond qui permettra de gagner en lisibilité pour le voyageur et permettra d’économiser l’argent public, en évitant que chacun développe une application dans son coin », lance-t-il. La Nouvelle Aquitaine s’est lancée dans un projet de mobilité intégrée (MaaS), dénommé Modalis, comprenant dans un premier temps un calculateur d’itinéraire accessible en ligne (sur les appstores et depuis les sites des réseaux membres).
Parallèlement, le syndicat mixte Nouvelle-Aquitaine Mobilités, qui regroupe 26 collectivités sur le territoire régional, impulse et coordonne le déploiement de la carte Modalis sur les réseaux membres, afin de mettre en place progressivement un support unique de mobilité. Dans le courant de l’année 2021, le syndicat prévoit la généralisation du M-Ticket Modalis, sur smartphone, dont un premier lancement a été effectué pendant la crise sanitaire. Le déconfinement du printemps 2020, et la reprise de fréquentation du transport public a en effet permis d’accélérer le projet de vente de titres dématérialisés sur smartphone. « Il y a eu une demande forte des AOM qui souhaitaient maintenir les ventes à bord pour les cars interubains et urbains, en phase avec

26 collectivités ont rejoint le Syndicat mixte NouvelleAquitaine Mobilités, chargé de faire avancer l’intermodalité.
la Région. Nous avons travaillé rapidement, en l’espace de trois semaines, pour mettre cette offre sur l’application Modalis, en démarrant avec 6 AOM et quelques départements », témoigne Renaud Lagrave. Ce nouveau service est entréé progressivement en vigueur depuis le 15 juin 2020 sur 12 réseaux : Vitalis (Poitiers), Yélo (La Rochelle), Transcom (Cognac), STGA (Angoulême), Evalys (Marmande), Idélis (Pau) ainsi que les cars régionaux de Charente, Corrèze, Haute-Vienne, Deux Sèvres, Lot-et-Garonne et Pyrénées-Atlantiques. « Nous nous sommes rendu compte, à travers les chiffres de fréquentation, que ces ventes prenaient des proportions importantes pour certaines AOM, de l’ordre de 10 % des ventes. six AOM de plus souhaitent à leur tour basculer sur cette solution », poursuit-il.
Pour parvenir à mettre en œuvre ce type de projet, la Région accompagne ses membres vers la mutualisation de leurs données d’offre de mobilité, l’interopérabilité de leurs systèmes d’information et de billettique, et l’harmonisation de leurs politiques tarifaires. Une évolution rendue possible par l’ouverture des données. « Nous avons fait le choix de maîtriser la donnée. Tout ce qui est commandé par les autorités de transport doit être mis à disposition des usagers, les calculateurs d’itinéraires, les informations en temps réel et la vente de billets. L’ouverture des données permet de mieux cerner les attentes des voyageurs. On comprend mieux les réalités des déplacements des citoyens, beaucoup d’offres ont pu évoluer en dehors des sacro-saints voyages aux heures de pointe, beaucoup de lignes d’autocars ont pu être relancées grâce aux données de la mobilité. La maîtrise et l’interprétation de la donnée sont importantes pour les élus afin de prévoir la mobilité, d’ajouter des mobilités au sens large, qu’elles existent ou pas encore sur nos territoires, afin de les intégrer dans notre offre Modalis », ajoute Renaud Lagrave.
Cependant, tous les acteurs ne jouent pas forcément le jeu de la transparence. « Un certain nombre d’opérateurs, sous couvert de raisons techniques, ne transmettent pas les données, il va falloir qu’un juge de paix fasse respecter la loi, souligne Renaud Lagrave. L’un des enjeux du MaaS c’est l’information voyageur : savoir comment j’y vais, combien ça coûte… sans oublier des informations en temps réel en cas de perturbations. Les usagers abandonneront l’autosolisme quand ils auront confiance dans le réseau et aussi dans les outils fiables indiquant si les solutions alternatives à la voiture partent bien d’un point A et arrivent bien à un point B. Il n’y a rien de pire qu’un voyageur perdu, car il reprendra son véhicule. Certains opérateurs l’ont compris, mais d’autres avancent à une vitesse d’escargot pour lâcher leurs données. Je ne veux pas me retrouver comme en Suisse, où, dans certaines gares, il y a sept distributeurs de tickets différents, parce que les opérateurs présents n’ont pas pu interfacer leurs systèmes billettiques. » Renaud Lagrave compte bien éviter cet écueil, et mettre en place un système billettique interopérable sur toute la région. ■
Masquer la complexité Pour l’association Calypso, une bonne billettique permet de masquer la complexité pour les opérateurs de transport. « Nous devons donner des interfaces propres et faciles d’utilisation aux développeurs de MaaS et de billettique », indique Philippe Vappereau, président de Calypso Network Association. « Avec la pandémie, nous avons vérifié que les solutions qu’on apportait étaient en phase avec les nouvelles demandes, comme concilier un transport collectif de masse et la distanciation sociale, ce qui revient à éviter toute forme d’attroupement et de rendre plus rapide un certain nombre d’opérations. Le sanscontact est ce qu’on peut faire de mieux pour éviter le phénomène de file d’attente, notamment face à des solutions de type QR-code, qui sont plus faciles à mettre en œuvre, mais plus complexes pour l’utilisateur. Le sans-contact radio, utilisé par Calypso, est plus complexe à mettre

en œuvre, mais est plus sécurisé et offre de meilleures performances pour le client », précise-t-il. Calypso indique également travailler sur des solutions ouvertes pour intégrer les nouveaux acteurs de la mobilité, une nécessité face à l’engouement pour les vélos et trottinettes pendant la pandémie. Le webinaire de Calypso est disponible sur la chaîne Youtube « Calypso Networks Association » G. H.