2 minute read

LE MONDE SELON FANCHON

« Je suis photographe. » C’est une évidence. Son métier, sa passion, sa vie. « Je fais de la photo comme je vis, elle m’accompagne partout. » Fanchon Bilbille est annécienne, 43 ans, 3 enfants et une approche au feeling de la photographie, dans laquelle elle tombe jeune. « Mon père avait un labo. Il y a toujours eu des photos à la maison. Premier appareil ? Un vieil Hasselblad, ce gros appareil très lourd, tellement lourd et physique que les gens prennent la pose. Autre souvenir : l’odeur des produits chimiques, le révélateur, le bain d’arrêt… »

Fanchon aurait pu, aurait dû, être comédienne – elle a fait plusieurs écoles, dont le Conservatoire national de Bruxelles –, mais devenue mère plus vite que prévu, elle abandonne les feux de la rampe pour se cacher derrière son boitier. « Quand j’étais comédienne, "Disparaître" est un mot que j’ai prononcé maintes fois silencieusement, comme une prière. Photographe est peut-être la meilleure solution que j’ai trouvée pour y arriver. » Aujourd’hui, elle shoote et capture – presque au sens bouddhique du terme – des mains, des pieds, des regards intenses, des silhouettes en pointillés, des paysages, des bouts de spectacles, des éclats de vie et surtout des instants de quotidien saisis sur le vif. « Je fais de la photo comme je vis », sourit-elle, cherchant la beauté dans tout ce que je regarde. » Des clichés en noir et blanc, beaucoup, ou couleur, mais avec quelque chose de dark, peut-être cette tonalité sombre qui habite nombre de ses images. Elle avoue avoir des milliers de photos et il suffit d’aller surfer sur sa page Facebook pour voir que tout est photo pour elle. « Je veux faire de la photo populaire qui n’exclue personne et qui parle à tout le monde », tel est son mantra. Les manifs, les clowns, la scène (elle a démarré avec des photos de scène, sa « base » comme elle dit), les paysages, les ruelles d’Annecy (« Le confinement : un moment de grâce pour moi. J’ai adoré redécouvrir les détails, les lumières de la ville, vide. »), le catch, la nature, les petits, les gros, les gueules… Il y a quelque chose d’impalpable dans sa photo, le style Fanchon Bilbille. Et pourtant, la photographe a du mal à analyser son esthétique, sa manière de travailler. Très artisanal, c’est sûr, et à l’arraché. Elle shoote souvent rapidement et sans beaucoup de préparation. Elle reconnait qu’elle adore l’accident. Elle aime aussi expérimenter. Et prendre son temps lorsqu’elle traite ses images (pas avec Photoshop mais avec un logiciel de développement). « Je développe les photos comme on suit une odeur. C’est une histoire entre moi et la matière. » Elle tâtonne longtemps, « salopant parfois une photo ratée à fond, jusqu’à ce qu’il se passe quelque chose ». Onirique, baroque, poétique, étrange, voilà autant d’adjectifs qui collent à son monde habité. Quelque part « entre l’endroit et l’envers du décor. Comme un témoin des deux versants... » Belle invitation à s’échapper de la réalité. À découvrir en avril à la Croix-Rousse.

Advertisement

Elle Aime

fanchonbilbille.photodeck.com fanchon_bilbille fanchonbilbillephotographies

This article is from: