3 minute read

L’univers animalier de « Cœur »

« CŒUR »,

la griffe artistique de la Chaume

Advertisement

Pendant un an, Thibault Jandot, alias Cœur, a vécu dans l’antre de la bête. Gorilles, chimpanzés et singes par centaines sur les murs de son atelier ont vu accoucher une jeune et singulière signature artistique. Comme une petite révolution vivifiante dans le milieu de la peinture animalière.

Un nouvel animal au milieu d’un vaste bestiaire artistique. Un peintre retournant « régulièrement à l’état sauvage », dixit la galeriste nantaise Albane Lucazeau, qui défend son protégé depuis cinq ans déjà.

À 26 ans, un jour de janvier 2013, Thibault Jandot a quitté sa tanière de la Chaume pour une bonne raison : l’exposition événement « L’art au carré. » 35 artistes rassemblés pendant six semaines dans une caserne militaire désaffectée de Nantes.

« Sur la proposition d’Albane, j’ai investi une salle complète avec des œuvres 100% singes. Dans le public, personne ne se doutait que j’étais l’auteur. J’entendais deux jeunes filles s’amuser à identifier des connaissances au milieu des portraits de singes : un chirurgien, un prof de maths... J’étais heureux car c’était en adéquation totale avec ce que je recherchais : l’humanisation. »

Traquer l’humain chez l’animal, voici la quête que Thibault poursuit depuis cinq ans. « J’ai toujours été sensible aux animaux, à leur regard : un gorille dans la jungle, une vache dans un pré... Chaque rencontre est un point d’interrogation. » Le jeune ado qui graffait dans les friches industrielles, ou qui cherchait à reproduire des tableaux de maître, a été rattrapé par son instinct. Comprendre les animaux pour mieux comprendre les hommes ? « Je n’ai jamais voulu intellectualiser mon travail, je veux rester dans une approche simple. Avec le temps, j’ai souhaité affûter ma technique, lui donner un côté contemporain. C’est comme ça que les cols blancs sont apparus, comme un élément de personnifi cation. » Un détail, certes, mais salutaire. Sous son pinceau, l’art animalier renaît, dépoussiéré. Depuis un an, le jeune artiste vit à la Chaume. Sur les murs de son appartement, les portraits de singes ont peu à peu laissé la place à des vaches, des coqs, des oiseaux.

« J’avais envie de m’extirper de la jungle pour travailler sur des animaux plus proches. » Les dunes des Sables et la campagne alentours sont la nouvelle forêt vierge de l’artiste, en quête d’un atelier pour travailler plus au large et échanger avec le public. Et alors que ses toiles sont présentées régulièrement à Nantes et La Rochelle, sa peinture sera au cœur d’une exposition présentée à Marseille en octobre prochain. Qui a dit que l’art animalier était désuet ? À la fois vivante et colorée, la jeune signature de Thibault en est en tous cas une expression contemporaine remarquable, qui n’a pas fini de montrer ses griffes.

« Je travaille très vite mais sur un temps long ! Avec beaucoup de prises de recul, de questionnement. J’aime que l’on voie les traces de peinture, les coups de pinceaux. C’est une manière de dévoiler le processus de création tout en attirant l’œil sur les couleurs : bleu vert, jaune, terre de sienne ou ocre. Une palette que j’utilise à l’identique pour chacune de mes séries. Cela donne de la force au regard et permet de faire vibrer la toile. »

This article is from: