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Autriche
Après un recul, l’activité économique devrait se redresser lentement, le PIB progressant de 0.2 % en 2023 et de 1.6 % en 2024, tiré par la hausse de la demande intérieure. L’inflation globale refluera progressivement et l’augmentation des salaires réels soutiendra les revenus des ménages à partir du second semestre de 2023. Les tensions sur le marché du travail s’atténueront légèrement au cours de la période de projection, provoquant une légère augmentation du chômage. L’investissement des entreprises sera freiné par les taux d’intérêt et les coûts de main-d’œuvre élevés.
L’orientation budgétaire se durcira au cours de la période considérée, du fait de l’expiration progressive des aides liées à la pandémie en 2023 et des mesures de lutte contre l’inflation en 2024. À certaines de ces mesures se substitueront des réformes structurelles judicieuses destinées à soutenir la croissance en réduisant les coûts de main-d’œuvre. D’autres mesures temporaires visant à atténuer les effets de la hausse des prix de l’énergie, qui resteront en vigueur au cours des deux prochaines années, doivent faire l’objet d’un meilleur ciblage pour éviter d’affaiblir les signaux-prix et pour réduire les tensions inflationnistes. Mobiliser les réservoirs de main-d’œuvre existants contribuerait à remédier aux pénuries de main-d’œuvre persistantes.
Autriche
1. Indice des prix à la consommation harmonisé, hors produits alimentaires, énergie, alcool et tabac.
2 Le taux de vacance d’emploi est égal au nombre d’emplois vacants divisé par le nombre d’emplois occupés plus le nombre d’emplois vacants. Source : Base de données des Principaux indicateurs économiques de l’OCDE ; et Eurostat.
StatLink2 https://stat.link/1jmwk9
Autriche : Demande, production et prix
Pourcentage de variation, en volume (prix de 2015)
StatLink2 https://stat.link/4ha1kd
*Basésur desdonnées trimestriellescorrigées des variationssaisonnières etdes joursouvrés; peut différer desdonnées annuelles officielles qui n’incluent pas de corrections pour les jours ouvrés
La croissance économique a marqué le pas
1 Contributions aux variations du PIB en volume, montant effectif pour la première colonne
2 Indice des prix à la consommation harmonisé, hors produits alimentaires, énergie, alcool et tabac
3. Selon la définition de Maastricht, la dette des administrationspubliquescomprenduniquementlescrédits,lestitres de créance et les numéraires et dépôts, la dette étant exprimée en valeur nominale et non à sa valeur de marché
Source: Base de données des Perspectives économiques de l'OCDE, n° 113
La contraction de 0.1 % au quatrième trimestre de 2022 s’est inversée au premier trimestre de 2023. Les indicateurs à haute fréquence donnent à penser que la croissance de la production restera atone jusqu’au deuxième semestre de 2023. L’inflation élevée pèse sur la consommation privée. En outre, la forte incertitude et le durcissement des conditions financières ont ralenti l’investissement privé. L’inflation globale a reculé au cours du premier trimestre 2023 pour s’établir à 9.5 % en avril. Toutefois, l’inflation sous-jacente a continué de s’accélérer, alimentée principalement par le secteur des services. Les tensions persistent sur le marché du travail, mais elles commencent à s’atténuer, le taux de chômage augmentant légèrement mais restant faible, et le taux de vacance d’emploi fléchissant depuis le troisième trimestre de 2022.
L’économie autrichienne est vulnérable à un durcissement accru des conditions financières. Les relèvements de taux d’intérêt se répercutent rapidement sur les entreprises et les ménages en raison de la prévalence des prêts à taux variable. Cette évolution est particulièrement visible dans le secteur de l’immobilier résidentiel, où les nouveaux prêts se sont réduits de moitié au second semestre de 2022 et les prix des logements ont amorcé leur décrue. L’Autriche reste vulnérable à de nouvelles perturbations de l’approvisionnement en gaz, même si elle a diminué sa dépendance à l’égard des importations de gaz russe et que ses réserves de gaz s’élevaient à 72 % de la consommation annuelle moyenne au début du mois de mai 2023.
Le soutien budgétaire va diminuer progressivement
Le déficit budgétaire devrait se résorber au cours de la période considérée, passant de 3.2 % à 1.6 % du PIB. Les aides liées aux crises, dont la plupart des postes de dépenses qui ont représenté 3.9 % du PIB en 2022, seront en grande partie éliminées progressivement. Parallèlement, l’imposition des revenus sera allégée et les paiements d’intérêts devraient augmenter. Les dépenses restantes engagées pendant la pandémie, qui se sont élevées à environ 1.7 % du PIB en 2022, vont continuer d’être progressivement réduites au cours des deux prochaines années. Les mesures de soutien budgétaire discrétionnaires destinées à atténuer les effets de la forte inflation ont représenté quelque 1.5 % du PIB en 2022. La majorité d’entre elles seront maintenues en 2023 et en partie en 2024, notamment sous la forme d’un frein au prix de l’électricité. À leur incidence sur les finances publiques se substituera en partie celle de mesures structurelles, notamment l’indexation à l’inflation des tranches du barème de l’impôt sur le revenu et la réforme fiscale éco-sociale. Cette dernière mesure creusera le déficit de 0.5 point de pourcentage de PIB annuel entre 2022 et 2024. L’augmentation des recettes tirées de la tarification du carbone permettra d’abaisser les impôts sur le revenu et d’accorder des aides au revenu via le bonus climatique régional en faveur des ménages. Les aides au titre de la Facilité de l’UE pour la reprise et la résilience financeront l’investissement dans les énergies renouvelables et la transformation numérique à hauteur de 0.2 % du PIB par an de 2022 à 2024.
L’activité économique va s’accélérer progressivement
La production se redressera peu à peu et progressera de 0.2 % en 2023 et de 1.6 % en 2024. L’inflation élevée, le durcissement des conditions financières et le retrait des aides liées à la pandémie pénaliseront la demande intérieure en 2023, tandis qu’un ralentissement de la croissance chez les partenaires commerciaux freinera les exportations. Les tensions sur le marché du travail ne s’atténueront que graduellement et le chômage augmentera légèrement. La hausse des salaires nominaux et le reflux de l’inflation soutiendront la consommation privée en 2024. Les relèvements des taux d’intérêt pèseront sur l’investissement en 2023, qui renouera avec la croissance en 2024. L’inflation a culminé et va refluer progressivement, mais elle restera élevée au cours de la période considérée, car elle ne fléchira guère dans les services. Les risques de divergence par rapport aux projections sont orientés à la baisse. L’Autriche étant une petite économie ouverte, elle est particulièrement sensible à un affaiblissement de la demande mondiale ou à de nouvelles perturbations des chaînes d’approvisionnement.
Des réformes structurelles pourraient contribuer à une croissance durable et inclusive
La réduction des obstacles réglementaires dans certains secteurs de service, qui sont protégés de la concurrence, et la poursuite du développement de la numérisation pourraient augmenter la productivité. L’élargissement de l’accès au marché du travail et la réduction des pénuries de qualifications favoriseraient aussi une croissance inclusive. L’amélioration de l’offre et de la qualité des services d’accueil des jeunes enfants et des services de soins aux personnes âgées, ainsi que l’incitation à un partage plus équilibré des congés parentaux, contribueraient à remédier au faible niveau de l’emploi à plein temps des femmes. Proposer de meilleures incitations à continuer de travailler à un âge avancé et assurer de bonnes conditions de travail aux travailleurs les plus âgés favoriseraient le maintien en emploi de cette catégorie d’actifs. La poursuite de la réduction des coins fiscaux sur le travail présents dans les mesures d’aide destinées à lutter contre l’inflation élevée et dans la réforme fiscale éco-sociale contribuerait à augmenter l’emploi des travailleurs peu qualifiés. Il serait également souhaitable de mieux cibler les mesures d’aide visant à atténuer l’incidence de la forte hausse des prix afin de préserver les incitations à réduire la consommation d’énergie et d’assurer la viabilité budgétaire face à la montée des futures tensions sur les dépenses à long terme dues au vieillissement démographique et au changement climatique.
PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES DE L'OCDE, VOLUME 2023
NUMÉRO 1 © OCDE 2023