
5 minute read
IFRECOR
UN NOUVEAU COMITÉ LOCAL IFRECOR EN GUYANE POUR LA PROTECTION DES MANGROVES
L’Initiative française pour les récifs coralliens (IFRECOR), créée en 1999, œuvre à la protection et à la gestion durable des récifs coralliens et des écosystèmes associés – mangroves, herbiers – dans les collectivités françaises d’outre-mer. Elle est constituée d’un comité national et de comités locaux, dont le 11e a vu le jour en Guyane cette année.
DES ÉCOSYSTÈMES PRÉCIEUX…
Les mangroves occupent plus de 80 % des 320 kilomètres de côtes en Guyane. Leur superficie, incluant les estuaires à mangroves, dépasse 60 000 hectares, soit plus de 65 % des mangroves ultramarines. Il s’agit de la plus grande région de mangroves en Europe.
Ces forêts pouvant atteindre 45 mètres de haut ont un rôle essentiel dans le maintien et le renouvellement de la biodiversité côtière. Véritables nurseries et nourriceries, de nombreuses espèces de poissons, oiseaux et mammifères dépendent des mangroves pour exister. Ces dernières ont un rôle clé à jouer pour la préservation et une meilleure gestion de l’environnement côtier guyanais.
… AUX DYNAMIQUES PARTICULIÈRES EN GUYANE
Les côtes guyanaises sont soumises au système de dispersion des sédiments amazoniens, qui s’agrègent en gigantesques bancs de vase dans la région du cap Orange, frontalière avec le Brésil.
L’évolution du trait de côte, étudiée depuis 1950, montre des phénomènes d’érosion et d’envasement extrêmes : le trait de côte mer-mangrove peut ainsi reculer vers la terre ou au contraire avancer vers la mer de plus de 500 mètres par an ! Cette instabilité côtière exceptionnelle a des conséquences socioéconomiques et culturelles majeures, rendant indispensable la bonne connaissance de ces phénomènes.

TÉMOIGNAGE
VIRGINIE TSILIBARIS, ANIMATRICE DU RÉSEAU D’OBSERVATION ET D’AIDE À LA GESTION DES MANGROVES (ROM), PÔLE-RELAIS ZONES HUMIDES TROPICALES, COMITÉ LOCAL DE L’UICN
Nous travaillons à la structuration du réseau “mangroves” de l’IFRECOR, à l’instar des réseaux “coraux” et “herbiers”. Nous avons pour objectif de développer des outils communs de suivi de l’état écologique des mangroves adaptés aux spécificités de chaque territoire. Le 28 mai dernier, le ROM et le centre IRD de Cayenne ont ainsi organisé un atelier pour explorer les différentes approches de suivi et discuter de leur adaptabilité dans le contexte guyanais.
INTERVIEW CROISÉE
CHRISTOPHE PROISY, DIRECTEUR DE RECHERCHE À L’INSTITUT POUR LA RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT (IRD), ET LÉA ACKERER, COORDINATRICE DE L’ATLAS DE LA BIODIVERSITÉ COMMUNALE À L’ASSOCIATION SEPANGUY


• Quels principaux projets portez-vous en cette fin d’année 2025 ?
Christophe Proisy - Au sein de l’unité mixte de recherche « botAnique et Modélisation de l’Architecture des Plantes et des végétations » (AMAP), nous cherchons à comprendre comment les plantes se développent dans le temps et dans l’espace.
En tant que physicien du signal utilisant des images satellitaires, je tente de décrire et de suivre l’évolution des mangroves. La Guyane est mon chantier principal d‘étude et nous organisons, du 4 au 6 novembre à Cayenne, trois journées consacrées aux stratégies de recherche innovantes, dont des solutions fondées sur la nature, mettant en avant le potentiel des mangroves pour aider à adapter activités et mode de vie sur le littoral guyanais.
Léa Ackerer - Je suis chargée de l’Atlas de la biodiversité communale de Montsinéry-Tonnégrande, à 36 kilomètres de Cayenne. Dans le cadre de ce programme porté par l’OFB, je travaille en partenariat avec les populations locales pour améliorer la connaissance de la biodiversité de leur quotidien. Nous essayons notamment de collaborer avec les acteurs du territoire pour recenser et encourager des pratiques respectueuses de la biodiversité, mais aussi des usages traditionnels : techniques de chasse et de pêche, saisonnalité des captures...

• Que va permettre la mise en place du comité local de l’IFRECOR en Guyane ?
Léa Ackerer - Nous avons besoin de faire passer des messages sur la mangrove guyanaise et sur ses dynamiques vraiment spécifiques. Grâce à la création de ce comité local, nos mangroves pourront avoir une véritable voix au chapitre, être valorisées dans l’Hexagone et dans les territoires ultramarins.
L’IFRECOR est, à mon sens, une passerelle incontournable pour faire prendre conscience de la richesse des écosystèmes de Guyane et garantir, in fine, une meilleure protection.
Christophe Proisy - Derrière les recherches que nous menons, nous souhaitons nous inspirer de la capacité de résilience des mangroves, ces forêts parmi les plus fascinantes du monde, pour aborder les défis socioenvironnementaux en Guyane.
La création du comité local de l’IFRECOR en Guyane va offrir une meilleure visibilité à nos travaux et permettre de partager et diffuser les résultats au-delà du territoire. Nous allons ainsi pouvoir, pour la première fois, participer à l’élaboration du prochain bilan de l’IFRECOR « État de santé des récifs coralliens, herbiers marins et mangroves des outre-mer français », pour les mangroves de Guyane !
+ d’info ici :
https://ifrecor.fr/les-comites-locaux/ https://amap.cirad.fr/fr/index.php
