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3.2. Deux grandes formes de migration transfrontalière féminine
On retiendra, comme le note cette jeune béninoise, le sentiment largement partagé que les migrantessont conscientes des nombreux écueils qu’elles doivent surmonter durant leur séjour à l’étranger mais aussi de la responsabilité qu’elle implique :
« Tout ce qui est en rapport avec la femme [..] n’est pas facile… C’est compliqué quand tu quittes ton pays vers un pays étranger dont tu ne connais personne... Loin de ma famille,ça m’a permis de me débrouiller toute seule et d’être plus que motivée et d’être plus responsable» (entretien à Abidjan avec Francesca, 24 ans).
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Il n’est par conséquent pas étonnant de constater que le projet migratoire féminin est marqué par un désir insoupçonné d'affirmation personnelle. Nos enquêtes indiquent que la détermination à tirer profit de la migration est surtout une caractéristique des immigrées qui poursuivent des études avec l’objectif déclaré d’un retour au pays d’origine qu’elles entendentservir utilement.
La force de caractère notée dans la volonté des immigrées de s’en sortir constitue un fait notable :
« Oui, je me suis retrouvée parce que, ici j’ai appris une formation. Et aujourd’hui, par la grâce de Dieu, je me suis installée, je fais mes activités tout va bien. ….. Donc la migration m’a apporté beaucoup, ça m’a permis de me prendre en charge du fait que j’ai appris un métier et je ne compte pas sur quelqu’un pour pouvoir me défendre. J’ai appris un métier en tout cas je m’en sors. Donc la migration est une bonne chose. (Entretien réalisé à Gagnoa, Côte d’Ivoire).
C’est en d’autres termes, ce qui ressort des propos ci-dessous d’une étudiante béninoise en doctorat de médecine à université Saint Thomas d’Aquin, soutenant que la plupart des immigrées ont conscience de devoir être fortesdans la conduite de leur projet:
« En tant que migrante comme on le dit, il y a toujours des difficultés qui sont là. Bon déjà, on doit fournir beaucoup plus d’efforts que les autres je ne sais pas pourquoi parce que, vu que tu es étrangère, il y a déjà le statut d’étranger qui est collé sur toi donc quand il suffit de faire quelque chose et qui ne soit pas bien fait, on va dire que c’est normal. Tu quittes ton pays…, et tu viens faire des trucs. En fait tu te dis, il faut que tu sois bon, il faut que tu sois bon pour que les gens sachent que si tu as quitté ton pays, tu as quelque chose à offrir quand même. Donc ça pose un problème, parce que si je fais quelque chose maintenant que c’est mieux, si Burkinabè fait et c’est mauvais, ça ne sera pas avec le même œil qu’on va nous regarder». (Entretien avec Pulchérie, Ouagadougou, Burkina Faso).
3.2. Deux grandes formes de migration transfrontalière féminine
Une lecture attentive du discours des immigrées permet d’opposer, en fonction de la durée du mouvement migratoire, deux principaux types de mobilités transfrontalières: l’immigration et la circulation migratoire.
On entend par immigration, l’installation pour une période de plus de trois mois dans un pays autre que le pays de naissance. Cette forme de migration internationale également appelée émigration d’accompagnement est essentiellement le fait d’épouses qui rejoignent leurs partenaires qui ont choisi de s’installer à l’étranger. A Dakar par exemple, les Ghanéennes accompagnent leurs époux dans la transformation des produits de la pêche à laquelle ils s’adonnent, les Guinéennes servant d’écailleuses, de porteuses ou de femmes disponibles pour toutes autres tâches.
Une seconde forme de franchissement de la frontière nationale par les femmes ne donne pas nécessairement lieu à une installation durable dans le pays d’accueil. On peut la définir comme une circulation migratoire puisqu’elle correspond à un déplacement ponctuel qui dure au mieux trois, voire