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LE DOSSIER

CONSTRUISONS L’INCLUSION 19 21 23 24

INCLUSION D’UNE PERSONNE HANDICAPÉE DANS L’ENTREPRISE : UN PARCOURS EN 5 ÉTAPES AUX CÔTÉS DE L’AGEFIPH POUR FAVORISER L’EMPLOI DES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP PLAN PETREL ET CONTRATS BOUSSOLE : L’INCLUSION AU COEUR DE L’ENTREPRISE “CROYEZ EN CETTE JEUNESSE, EN SES TALENTS, EN SA FOUGUE ET EN SA CAPACITÉ D’INNOVER”

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CONSTRUISONS L’INCLUSION

Création d’une commission « Inclusion »

« L’inclusion ne se décrète pas : elle se planifie ». C’est par cette formule « choc » qu’Eric Leung résume l’engagement de la CPME Réunion à tout mettre en œuvre pour promouvoir une meilleure inclusion des personnes les plus éloignées de l’emploi. Dans sa tribune, le président du syndicat demande explicitement « aux acteurs publics de nous permettre de faciliter les passerelles entre cet écosystème de l’insertion vers celui de l’économie marchande ».

Et comme c’est désormais de coutume, le syndicat a joint les actes à la parole. Pour l’inclusion des personnes en situation de handicap, une convention de partenariat a été signée avec l’Agefiph afin de mener « une ambitieuse politique de mobilisation de nos entreprises ». Parallèlement, et pour répondre plus spécifiquement à la problématique du chômage, « nous nous sommes mobilisés aux côtés l’OPCO-EP, et via le Plan PETREL, sur le Contrat Boussole, tout en renforçant notre partenariat avec le Régiment du Service Militaire Adapté (RSMA) de La Réunion ». Autre étape importante dans cette volonté de faire l’inclusion un moteur du développement des entreprises et donc du territoire : la création d’une commission « Inclusion ». Présidée par Willy Shock Torap, elle a vu le jour au début de l’année 2021 et va permettre de suivre la mise en œuvre opérationnelle des initiatives liées à l’inclusion. Pour son président, cela ne fait d’ailleurs aucun doute : « l’avenir de notre métier et la réussite de nos missions découleront en grande partie de la cohésion et la solidarité nécessaires entre nos structures d’insertion et ceux du secteur des TPE et PME classique ».

Une vision partagée par Eric Leung : « Nous pensons plus que jamais que l’insertion n’est pas une fin en soi mais un moyen qui passe par un dialogue renforcé entre deux mondes : celui des sansemploi et celui des entreprises ». Pour autant, « l’ensemble de nos actions exigent toutefois un changement de regard et de pratiques dans les politiques publiques pour l’insertion. On observe en effet que parmi les trop multiples dispositifs visant à favoriser l’inclusion des personnes éloignées de l’emploi, peu se préoccupent de la capacité de nos entreprises à accueillir ces personnes fragiles ».

INCLUSION D’UNE PERSONNE HANDICAPÉE DANS L’ENTREPRISE : UN PARCOURS EN 5 ÉTAPES

L’INCLUSION D’UNE PERSONNE EN SITUATION DE HANDICAP AU SEIN D’UNE ENTREPRISE DU SECTEUR MARCHAND DOIT S’ENVISAGER SOUS FORME DE PARCOURS. L’AGEFIPH RÉUNION-MAYOTTE A DÉFINI CINQ ÉTAPES CLÉS POUR UNE INCLUSION RÉUSSIE.

Étape 1 : Sourcing

Les entreprises font régulièrement remonter des difficultés à trouver des profils de personnes en situation de handicap. C’est souvent qu’elles ne savent pas où et comment chercher le bon profil. Après avoir intégré la notion de handicap dans la recherche de candidats, il faut solliciter les bons acteurs. En matière de recrutement il y a Pôle Emploi Cap Emploi et les Missions locales.

Peu y pensent, mais il est souvent pertinent de se tourner vers les entreprises adaptées qui emploient déjà des travailleurs handicapés. Le dispositif Emploi accompagné peut également être sollicité. Enfin, l’alternance, via les organismes et centres de formation, est un autre levier intéressant tout comme les organismes de formation et les écoles.

Étape 2 : Recrutement

80% des travailleurs en situation de handicap ne nécessitent pas d’aménagement spécifique ou de compensation. Un chiffre qui permet de relativiser les contraintes (souvent surévaluées) liées à l’embauche d’une personne handicapée.

Il est néanmoins nécessaire d’inclure la notion de handicap dès la phase de recrutement et lors des entretiens. Cela permet d’anticiper si des aménagements sont nécessaires et de se faire au besoin accompagner ou aider en tant qu’employeur ou salarié.

Étape 3 : Intégration

Même si l’embauche du salarié en situation de handicap ne nécessite pas d’aménagement, il est important d’optimiser son intégration, notamment auprès des collaborateurs. Dans le cas d’un handicap invisible, ceux-ci doivent être informés et sensibilisés. Pour construire les conditions d’accueil d’un travailleur handicapé, il existe un panel de solutions adaptées à chaque besoin allant de l’atelier au coaching individuel au sein de l’offre de service de l’Agefiph et Cap Emploi est l’interlocuteur privilégié et, dans tous les cas, l’employeur n’est pas seul.

Étape 4 : Vie dans l’entreprise et maintien dans l’emploi

Plusieurs facteurs peuvent amener doucement ou brusquement (en cas d’accident de la vie) un salarié a basculé vers le statut de travailleur handicapé. Dans la majorité des cas, celui-ci voit son état de santé se dégrader jusqu’à ne plus être en capacité de conserver son poste de travail. Inversement, l’évolution du contexte et des conditions de travail peuvent le rendre inapte à sa fonction.

Dans ce cas, l’enjeu est l’évolution du statut du salarié, le maintien à son poste et éventuellement son reclassement au sein de l’entreprise ou en externe. L’accompagnement par une structure externe est recommandé tel que CAP Emploi pour prendre en compte l’ensemble des paramètres de la situation.

Étape 5 : Évolution et reconversion professionnelle

Parfois, l’évolution de la situation d’un salarié nécessite son reclassement dans l’entreprise ou sa reconversion et sa sortie de l’entreprise. Une situation qui doit être anticipée au maximum pour éviter d’être traitée en urgence et de créer des crispations.

L’idéal est d’ouvrir le dialogue avec le salarié concerné afin, si besoin, de lui faire prendre conscience de la situation et de l’accompagner dans son évolution. Une formation peut notamment lui être proposée (même durant un arrêt de travail) pour préparer son reclassement ou sa reconversion.

« L’EMPLOI D’UNE PERSONNE HANDICAPÉE EST UNE OPPORTUNITÉ ET UNE RICHESSE POUR L’ENTREPRISE »

TROIS QUESTIONS À LAURENCE ALSATÉ-MONTAGNE, DÉLÉGUÉE RÉGIONALE LA RÉUNION-MAYOTTE DE L’AGEFIPH.

Quelles sont les principales demandes des entreprises réunionnaises concernant l'inclusion des personnes handicapées ?

Laurence Alsaté-Montagne : La première est évidente : « comment remplir mes obligations de quotas de personnes en situation de handicap ? ». Pour rappel, celles-ci sont de 6% de l'effectif global pour toutes les entreprises d'au moins 20 salariés. Beaucoup se demandent également quelles sont les sanctions et comment, éventuellement, les réduire. Nous avons également de nombreuses entreprises qui viennent vers nous pour être accompagnées dans la reconnaissance d'un salarié comme travailleur handicapé. C'est une situation souvent complexe où il n'est pas rare que le salarié soit dans le déni.

Quelles réponses apportez-vous ?

Notre Service de mobilisation du monde économique et social répond à l'ensemble des questions et besoins des entreprises. Nous avons également un Service « Diagnostic action» qui propose un panel de solutions personnalisées pour accompagner les entreprises à élaborer leur politique Emploi-Handicap, sur leurs problématiques et notamment pour savoir comment communiquer sur le handicap auprès des collaborateurs. Pour les salariés désignés

« référents handicap » au sein des entreprises, nous avons un réseau qui organise plusieurs ateliers par an pour les informer et les accompagner dans leur mission.

Au-delà de l'aspect contraignant, qu'apporte l'emploi d'une personne en situation de handicap à l'entreprise ?

Tout d’abord, dans un monde idéal, il n’y aurait pas d’obligation. C’est d’ailleurs le cas dans de nombreux pays où le handicap n’est pas vu comme un obstacle. Car en réalité, l’emploi d’une personne handicapée est une opportunité et une richesse pour l’entreprise. De manière concrète, il n’est pas rare que les aménagements consentis pour accueillir le travailleur handicapé profite finalement à l’ensemble du collectif. Plus généralement, être dans une démarche d’inclusion fait émerger des valeurs comme la solidarité. C’est aussi positif pour l’image de l’entreprise et ses engagements RSE.

AUX CÔTÉS DE L’AGEFIPH POUR FAVORISER L’EMPLOI DES PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP

LA VOLONTÉ AFFICHÉE PAR LA CPME RÉUNION DE FAVORISER L’INCLUSION DES PERSONNES ÉLOIGNÉES DE L’EMPLOI DANS LES ENTREPRISES RÉUNIONNAISES SE MATÉRIALISE, SUR LE VOLET HANDICAP, PAR LA SIGNATURE D’UNE CONVENTION DE PARTENARIAT AVEC L’AGEFIPH LA RÉUNION-MAYOTTE ET LA CRÉATION D’UN GROUPE DE TRAVAIL DÉDIÉ.

C’était le 20 octobre dernier. Après une visite de l’entreprise adaptée Handirect Servcies, la CPME Réunion et l’Agefiph La Réunion-Mayotte concrétisaient leur partenariat naissant par la signature d’une convention. Les deux structures s’engagent ainsi à se soutenir mutuellement dans leurs actions en faveur d’une meilleure intégration des personnes en situation de handicap au sein des TPE et PME réunionnaises, et plus globalement dans notre société.

L’enjeu est important sur une île où le tissu économique est constitué à 90% de TPE-PME. Et ce d’autant que le taux d’emploi global des personnes handicapées atteint seulement 2,8 % dans les entreprises de plus de 19 salariés, celles qui sont pourtant soumises à l’obligation d’employer des personnes en situation de handicap à hauteur de 6% de leur effectif total.

« La situation de la formation et de l’emploi des Bénéficiaires de l’Obligation d’Emploi des Travailleurs Handicapés (BOETH) est préoccupante sur le territoire, en particulier au regard du contexte de crise sanitaire qui a fragilisé l’économie », assure Laurence Alsate-Montagne, directrice de l’Agefiph La Réunion-Mayotte. En septembre 2019, avant la crise, 7.300 demandeurs d’emploi bénéficiaires de l’obligation d’emploi étaient inscrits à Pôle emploi. Cela représente 4,4% des demandeurs d’emploi réunionnais.

Un Groupe de travail pour fluidifier les passerelles entre milieux protégé et ordinaire

La Convention qui lie désormais la CPME et l’Agefiph doit permettre : d’agir auprès des acteurs économiques pour que « le réflexe emploi et handicap » soit bien intégré, d’identifier les besoins des TPE PME réunionnaises, et d’accompagner les adhérents de la CPME sur l’élaboration et le déploiement d’une stratégie emploi/handicap. Il s’agit également de promouvoir les mesures incitatives et valoriser les initiatives d’entreprises favorisant l’emploi et la formation des personnes en situation de handicap. Dans cette optique, un Groupe de travail a été conjointement mis en place par la CPME et l’Agefiph. Son objectif est de doter les entreprises adhérentes de la CPME d’un processus de recrutement afin de sécuriser et fluidifier les passerelles entre les milieux protégé et ordinaire en s’adressant de manière transversale aux entreprises, aux ESAT (Établissement et service d’aide par le travail), aux entreprises adaptées et à l’emploi accompagné.

Car, comme tient à le rappeler Eric Leung, président de la CPME Réunion, en guise de conclusion : « Au-delà de la réponse à l’obligation légale, faire valoir les talents de ce public représente une opportunité de performances pour les entreprises et un potentiel professionnel à valoriser ».

DUODAY : 195 DUOS POUR UNE IMMERSION RÉUSSIE

Dans le cadre de la 24ème édition de la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées (SEEPH), qui s’est déroulée du 16 au 22 novembre, l’Agefiph Réunion Mayotte, le Cap Emploi, l’Emploi Accompagné, le Pôle Emploi et la CPME Réunion se sont mobilisés afin d’organiser la 5ème édition du DuoDay.

Le principe est de créer un duo entre un collaborateur d’une entreprise et une personne en situation de handicap afin que cette dernière puisse découvrir un métier en étant immergée une journée dans l’entreprise. Le 19 novembre 2020, se sont au total 195 duos qui ont été constitués sur toute l’île, dont sept dans des entreprises adhérentes de la CPME Réunion. Une journée riche en partage qui a permis de faire naître des vocations et de créer des opportunités de collaborations futures.

RECOURIR À DES APPRENTIS EN SITUATION DE HANDICAP : UN AVANTAGE ET UNE FORCE POUR LES TPE-PME

Depuis juillet, le gouvernement a lancé le plan « 1 jeune 1 solution ». Ce plan vise à éviter que les jeunes soient trop impactés par la crise sanitaire. Dans le cadre du plan national, 495 000 contrats d’apprentissage ont été conclus en 2020 en France. Une belle augmentation par rapport à l’année précédente, en dépit de la crise sanitaire. L’apprentissage est l’affaire de tous, aussi, l’Agefiph s’engage aux côtés de l’Etat pour poursuivre les actions menées, en particulier pour l’inclusion des personnes en situation de handicap.

Notre territoire bénéficie du Plan PETREL et plus particulièrement les mesures visant à faciliter l’insertion dans le monde économique et notamment le dispositif emplois francs est élargi aux contrats d’apprentissage pour les personnes détenant une RQTH.

Au-delà des entrées en formations dans le cadre du Pacte et des crédits pour développer l’apprentissage, les crédits du Pétrel permettent de développer des initiatives sur l’illettrisme et la FOAD auxquelles l’Agefiph contribuent avec les acteurs locaux.

L’Agefiph aux côtés des entreprises pour garantir le succès de l’apprentissage : service et aides financières

L’Agefiph soutient depuis toujours l’apprentissage au travers de son « aide financière à l’embauche en contrat d’apprentissage ». En raison de la période sanitaire, en complément du fonds étatique en faveur de l’apprentissage, l’Agefiph propose deux aides exceptionnelles. L’une de soutien au recrutement en apprentissage des personnes handicapées pour les contrats en cours. L’autre, pour encourager la conclusion de nouveaux contrats. L’Agefiph offre de nombreux services et aides relatives à l’accueil, à l’intégration et à l’évolution professionnelle des personnes handicapées, à l’embauche en contrat d’apprentissage d’une personne handicapée, les aides techniques et humaines à la compensation du handicap… Tour d’horizon : • La définition du projet de recrutement. A cette étape, l’Agefiph propose un accompagnement de proximité pouvant par exemple découler sur une prestation de

« Diagnostic action » destiné à construire un plan d’action sur mesure ; • Le sourcing peut se faire via les interlocuteurs naturels de service public de l’emploi (missions locales, Cap Emploi,

Pôle Emploi), le dispositif « Emploi Accompagné ».

Contrairement aux idées reçues, le web est de plus en plus utilisé pour les personnes en situation de handicap dans le cadre de leur recherche d’emploi. Ainsi, l’Espace emploi du site Agefiph (https://espace-emploi.agefiph.fr/) permet un matching entre les offres et les candidatures ; • En prévision de l’entretien d’embauche, et en cas de besoin, le service public de l’emploi se charge de mobiliser les services de l’Agefiph visant à compenser le handicap ; • Lors de l’entretien du recrutement un conseiller Cap

Emploi ou référent « Emploi Accompagné » peut participer à l’entretien afin de permettre un échange sans tabou ; • Après le recrutement, un accompagnement est possible pour mener à bien le projet d’intégration de l’apprenti, par exemple pour identifier les aménagements à effectuer. • Pour favoriser l’intégration de l’alternant, une aide financière peut être attribuée ; • Durant l’apprentissage au sein de l’entreprise, en plus des services de l’Agefiph, de nombreux acteurs peuvent être mobilisés (Cap emploi, référent Emploi Accompagné, le service ressources handicap formation, Prestataires d’appui Spécifiques, référent TH du CFA).

Un apprenti en situation de handicap, c’est d’abord des compétences

L’apprentissage facilite le recrutement des personnes en situation de handicap, notamment dans certains secteurs d’activité qui requièrent des compétences spécifiques. Grâce aux contrats d’apprentissage, c’est du « gagnant-gagnant » : • les entreprises forment des salariés dont les savoir-faire répondent directement à leurs besoins ; • les plus jeunes, souvent suite à une prépa apprentissage,

« mettent un pied » dans l’entreprise dans les meilleures conditions et acquièrent une expérience professionnelle ; • les plus âgés – souvent réticents à l’idée de « retourner sur les bancs de l’école » – se mobilisent, dans le cadre d’une transition professionnelle, autour d’un nouveau projet professionnel qui leur tient à cœur. En effet, le statut BOETH (Bénéficiaire de l’Obligation d’Emploi des

Travailleurs Handicapés) permet d’accéder au contrat en alternance quel que soit l’âge de l’alternant.

De nombreuses études et sondages auprès d’employeurs révèlent que la présence d’apprentis et en particulier de ceux en situation de handicap a des effets positifs sur le collectif de travail : tuteurs et maîtres d’apprentissage sont valorisés, la solidarité se développe dans l’équipe et le regard porté sur le handicap change puisque les salariés handicapés sont considérés comme plus consciencieux, avec un fort volontarisme et une très forte motivation. Faisons tomber les idées préconçues : 80% de personnes en situation de handicap en emplois, n’ont aucun besoin de compensation !

Pour toutes informations sur les aides et services de l’Agefiph La Réunion-Mayotte, contactez le 0262 20 98 11 ou envoyez un mail à

dr974@agefiph.asso.fr

PLAN PETREL ET CONTRATS BOUSSOLE : L’INCLUSION AU CŒUR DE L’ENTREPRISE

DANS LE CADRE DU PLAN PETREL, L’ÉTAT ACCOMPAGNE LES PROJETS DE CONTRATS « BOUSSOLE » ET « GADIAMB » PORTÉS RESPECTIVEMENT PAR LA CPME RÉUNION ET LE MEDEF RÉUNION. L’OBJECTIF EST DE SENSIBILISER LES ENTREPRISES À L’INSERTION PAR L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE ET DE LES ACCOMPAGNER AU TRAVERS DE CONTRATS PERMETTANT L’INCLUSION DES PERSONNES LES PLUS ÉLOIGNÉES DE L’EMPLOI. INSERTION ET ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE NE SONT PAS INCOMPATIBLES. ELLES PEUVENT MÊME ÊTRE COMPLÉMENTAIRES.

« Le contrat Boussole, c’est un sas entre l’entreprise et les personnes les plus éloignées de l’emploi ». L’image employée par Jean-Philippe Payet a le mérite d’être particulièrement parlante. Le Délégué Général de la CPME Réunion croit beaucoup dans le dispositif de contrats Boussole imaginé par la CPME Réunion et que l’État s’est engagé à accompagner dans le cadre de la mesure 13 du Plan PETREL (voir encadré). Au total, 300 000 € par an durant trois ans seront consacrés au déploiement accéléré des contrats Boussole et Gadiamb (le dispositif du MEDEF Réunion). L’objectif est de signer 1000 contrats, 500 Boussole et 500 Gadiamb, d’ici au 31 décembre 2022.

Concrètement, le contrat Boussole est un contrat de professionnalisation en alternance d’une durée de six mois. Il autorise une formation à partir du moment où celle-ci est liée aux compétences recherchées pour le poste à pourvoir. L’objectif du contrat Boussole est d’offrir une porte d’intégration à la vie active au public dit « éloigné de l’emploi » et en difficulté (voir encadré).

« Inciter les entreprises à jouer le jeu »

Outre une insertion en entreprise, le dispositif repose sur une formation aux savoir-être et savoir-vivre professionnels pour permettre au titulaire du contrat d’acquérir des compétences professionnelles mais aussi, pour ne pas dire surtout, comportementales. « Les «soft skills», c’est souvent ce qui fait défaut aux personnes les plus éloignées de l’emploi, précise Jean-Philippe Payet. L’inclusion dans l’entreprise permet d’identifier ces difficultés pour mieux les corriger ». Le principe même de l’insertion par l’activité économique.

« L’enjeu n’est donc pas seulement de prendre en charge le coût d’un contrat mais d’inciter les entreprises à jouer le jeu en prenant le risque d’intégrer un profil comme celui-ci, insiste le Délégué Général. C’est un acte militant ». L’avantage du contrat « Boussole », c’est qu’il est par ailleurs assorti à une formation dans un centre de formation pour

QUI PEUT BÉNÉFICIER D’UN CONTRAT BOUSSOLE ?

- Les jeunes de 16 à 25 révolus, non titulaire d’un diplôme technologique ou professionnel et n’ayant pas validé un second cycle de l’enseignement secondaire. - Les demandeurs d’emploi de 54 ans et plus. - Les demandeurs d’emploi inscrits depuis plus d’un an consécutif à Pôle Emploi. - Les bénéficiaires des minimas sociaux RSA, ASS, AAH. - Les personnes ayant bénéficié d’un Contrat Unique d’Insertion. - Les bénéficiaires de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (BOETH). permettre d’acquérir également les compétences professionnelles en lien direct avec le métier exercé. Un vrai plus dans l’optique de décrocher ensuite un emploi pérenne.

Le contrat Boussole cumulable avec le dispositif emplois francs

« Dans le cadre du plan PETREL nous avons par ailleurs obtenu l’élargissement du dispositif d’emplois francs à l’ensemble du territoire », ajoute Jean-Philippe Payet. Déployé à La Réunion en 2019, le dispositif a largement dépassé l’objectif de 557 emplois francs la première année puisque 814 avaient été signés au 31 décembre. « Comme ce dispositif est désormais cumulable avec le contrat Boussole, l’embauche ne coûte quasiment rien au chef d’entreprise », tient à préciser le Délégué Général. L’aide au salaire qui accompagne le contrat Boussole est versée par l’OPCO et s’accompagne d’une aide à la fonction tutorale.

Le titulaire du contrat Boussole bénéficie quant à lui d’un parcours totalement fléché avec : un positionnement en début de parcours, une formation en alternance, un accompagnement en cours de contrat, un tutorat renforcé dans l’entreprise et pour finir un accompagnement post-parcours. « Nous pensons plus que jamais que l’insertion n’est pas une fin en soi mais un moyen qui passe par un dialogue renforcé entre deux mondes : celui des sans-emploi et celui des entreprises », conclut Eric Leung, le président de la CPME Réunion.

PLAN PETREL : 20 MESURES POUR L’EMPLOI

Lors de son déplacement à La Réunion en octobre 2019, le Président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé un plan de 20 mesures pour l’emploi intitulé Priorités et rassemblement pour l’emploi local à La Réunion (PETREL). Ce plan a pour ambition de mettre en place un écosystème favorable au développement économique et social de La Réunion afin de provoquer un choc d’emploi.

Sous l’égide du préfet, la direction des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi et l’ensemble des partenaires sont mobilisés dans la déclinaison de ce plan organisé autour de 6 grandes thématiques : - le renforcement des aides à l’emploi et à l’insertion ; - le renforcement de l’accompagnement des bénéficiaires du RSA ; - le développement des entreprises ; - la formation professionnelle des demandeurs d’emploi ; - l’apprentissage ;

« CROYEZ EN CETTE JEUNESSE, EN SES TALENTS, EN SA FOUGUE ET EN SA CAPACITÉ D’INNOVER »

LA CONVENTION DE PARTENARIAT SIGNÉE ENTRE LA CPME RÉUNION ET LE RÉGIMENT DU SERVICE MILITAIRE ADAPTÉ DE LA RÉUNION (RSMA-R), DOIT SERVIR DE TREMPLIN POUR L’INCLUSION DES JEUNES FORMÉS AU RSMA-R DANS LES ENTREPRISES DU SECTEUR MARCHAND. LE COLONEL JULIEN MAUREL EN EST PERSUADÉ : LES ENTREPRENEURS RÉUNIONNAIS ONT TOUT À Y GAGNER. ET IL EST TRÈS CONVAINCANT. INTERVIEW.

Quel est l’objectif de la Convention signée avec la CPME Réunion ?

Julien Maurel : Cette convention, qui a été signée il y a un peu plus d’un an avec Éric Leung, le président de la CPME Réunion, a pour objectif de faciliter à la fois l’intégration des volontaires du RSMA-R au sein des entreprises locales et d’encourager ces dernières à recruter les jeunes formés au régiment au sein de leurs équipes. Pour les entrepreneurs de l’île, il s’agit aussi de favoriser la détection et le recrutement de jeunes collaborateurs qualifiés et motivés, notamment dans les métiers en tension. L’enjeu d’une pleine collaboration entre nos deux organisations est donc à la fois social et économique.

« Notre bureau insertion a souvent été sollicité par des entreprises souhaitant recruter des jeunes du RSMA-R »

Comment cela se matérialise-t-il concrètement ?

Nous avons clairement mesuré les bénéfices de ce partenariat à plusieurs égards. La CPME s’est notamment engagée à faire la promotion de nos actions auprès de ses adhérents. A cet effet, notre bureau en charge de l’insertion diffuse régulièrement des informations relatives aux différentes aides proposées aux employeurs (circuit de recrutement, contacts, aides à l’embauche, foire aux questions…). L’ensemble de vos réseaux en bénéficie désormais. Fort de cette collaboration, nous avons également commencé à réaliser des immersions de formateurs du RSMA-R au sein d’entreprises en lien avec leur domaine d’activité. A ce titre, le chef de la filière électricien du bâtiment a été inséré au sein d’une entreprise d’électricité en décembre dernier. Il s’est rendu sur les chantiers, a participé à différentes réunions, a échangé avec le personnel. Cela lui a permis de mieux d’appréhender la réalité du monde de l’entreprise et ainsi de le rendre plus performant dans sa tâche de formateur. Nous avons également été sollicités à plusieurs reprises par la CPME pour participer aux commissions et à différents sujets de réflexion en faveur de la jeunesse. Nous avons accueilli dans nos murs le 25 août dernier, les membres de la commission entrepreneurs jeunesse. Cette journée a constitué une opportunité de faire découvrir notre structure à vos collaborateurs. Enfin, la CPME nous ouvre l’accès à son réseau de TPE-PME et nous y donne de la visibilité. Depuis un an, notre bureau insertion a été souvent sollicité par des entreprises adhérentes souhaitant recruter des jeunes du RSMA-R. à nos jeunes une formation humaine, citoyenne et professionnelle basée sur des valeurs telles que le travail, le respect, la discipline et le goût de l’effort. Il s’agit ici de leur redonner confiance en eux, en leurs capacités et de développer leur estime de soi. On leur démontre qu’ils peuvent réussir ! Pour réaliser cette mission qui nécessite un investissement sans faille, 168 militaires issus des régiments des forces, ont fait le choix de servir autrement en faisant de l’insertion de ces jeunes leur champ de bataille. En 2020, 80% des 1400 jeunes passés par le RSMA ont été insérés en emploi ou en reprise de formation en dépit du contexte sanitaire. Cette performance est aussi liée à la confiance que vous nous portez. Pour autant, nous ne pouvons pas nous contenter de ces résultats. Notre mission nous impose de nous adapter en permanence aux évolutions liées au marché de l’emploi et d’être toujours plus inventifs et innovants.

« Osez l’aventure en recrutant un de nos jeunes ! »

Quelles valeurs sont partagées avec la CPME et plus largement les chefs d’entreprises réunionnais ?

Nos regards sont tournés dans la même direction, vers l’avenir. Et l’avenir de La Réunion, c’est sa jeunesse. Nous croyons profondément en cette jeunesse et nous souhaitons œuvrer ensemble pour lui donner les moyens d’exprimer ses talents. L’intégration des jeunes formés au régiment dans le monde du travail est un enjeu majeur pour le développement socio-économique du territoire et pour l’expression du potentiel de la jeunesse réunionnaise. Nous en avons pleinement conscience.

« On leur démontre qu’ils peuvent réussir»

Quel rôle joue le RSMA dans l’inclusion des jeunes réunionnais ? Quel message souhaiteriez-vous faire passer aux chefs d’entreprises réunionnais ?

Pour ceux qui n’ont pas encore franchi le pas, je leur dirais : « osez l’aventure en recrutant un de nos jeunes ! » Croyez en cette jeunesse, en ses talents, en sa fougue et en sa capacité d’innover ! Bâtissons ensemble et avec eux La Réunion de demain ! Nos jeunes apprennent à réussir et ça dépend de nous tous !