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PAUL NEW MAN L'ÉTOILE FILANTE

Paul Newman, géant du cinéma, a été considéré comme l’une des plus grandes stars de Hollywood pendant près de quatre décennies. Alors qu’il brillait sur les plateaux de tournage, il était tout autant flamboyant derrière un volant. Histoire d’une étoile filante.

Pour apercevoir Paul Newman, il était bien plus facile de le trouver sur un circuit automobile que sur les collines de Hollywood. L’icône, qui a longtemps fasciné le public avec sa belle gueule et ses yeux bleu lagon sur le grand écran, était un passionné de course automobile. Et c’est le cinéma qui lui a fait découvrir ce sport, à l’âge de 43 ans, lors du tournage de Virages (Winning), sorti en 1969.

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Taillé pour la course

Dès son jeune âge, Paul nourrit le rêve de devenir athlète. Après des essais infructueux dans de nombreux sports, à la boxe comme au foot américain, c’est sur le tard qu’il découvre ce à quoi son 1,75 m et ses 70 kilos le destinaient. L’acteur ne savait pas alors que la passion de son personnage de Franck Capua allait devenir sienne. Ce pilote fictif n’allait pas être son rôle le plus marquant dans sa carrière, en revanche il allait être une véritable révélation pour lui. Paul se glisse littéralement, entièrement, dans la peau de ce Franck Capua pour lequel il prend des cours de conduite professionnelle. Le tournage de Virages, immersif, se fait avec des caméras installées sur les voitures que les acteurs doivent vraiment conduire. Il rencontre les plus grands noms du sport automobile américain de l'époque, tel Andretti à Foyt, et pilote la voiture de Bobby Unser, victorieuse en 1968. Et il refuse d’être doublé pour les scènes de pilotage. C’est ainsi, pour les besoins de la fiction, qu’il découvre sa vraie et profonde passion : la course automobile. En parallèle de son métier d’acteur, Newman n’a de cesse de piloter, au point d'en faire même une seconde carrière. Cet acteur au charisme magnétique a déclaré un jour à l'Associated Press : « Je n'ai jamais été quelqu'un de très gracieux (...) Mais lorsque je suis au volant d'une voiture de course, je me sens compétent et responsable. C'est quelque chose que j'apprécie vraiment. (...) Ce sport est beaucoup plus excitant que tout ce que je fais d'autre, et personne ne se soucie que je sois un acteur. J'aimerais pouvoir passer tout mon temps sur circuit » .

Des performances notables

Quoiqu’il ait commencé ce sport à l’âge où nombre de pilotes prennent leur retraite, Paul Newman se distingue sur les circuits. Pourtant, ce n’était pas gagné pour cette star de cinéma qui signe des résultats brillants là où on ne l'attendait vraiment pas. Il faut dire que dans le métier, on soupçonnait davantage un transfert de personnalité entre son personnage de Franck Capua et lui, plutôt qu’une véritable passion. Les assureurs de films, eux, le menacent de ne pas pouvoir signer de nouveaux engagements s’il participe à une course. Quant aux autres pilotes, il en est la risée. Personne ne croyait aux talents de pilote d’une star de ciné, surtout à cet âge avancé. Malgré les préjugés et ces cartes prétendument mal distribuées, Newman porte ce sport à bras-le-corps. Il comprend que la crédibilité se gagne et que la maîtrise s’apprend. Travailleur acharné, il en écumera des courses au volant d’une Datsun 510 pour dominer le bitume. Et son obstination paie. Quatre ans après le tournage de Virages (Winning), il intègre le Bob Sharp Racing team et remporte ses premiers titres : en 1972, il participe à sa première compétition à Thompson sur une Lotus Elan. Première course et première victoire ! Puis il enchaîne d’autres titres en SCAA, un championnat américain de voitures de sport. Alors que le milieu ans, au volant d’une Porsche 935, Paul Newman va marquer l’histoire. C’est du jamais vu : une star hollywoodienne, cinquantenaire, postée sur la grille de départ de cette piste mythique. En dépit de la pluie et de plusieurs pépins, la Team de Newman termine deuxième du classement général et vainqueur de sa catégorie. Le grand public adulait déjà l’acteur, il adule désormais le pilote. Newman connaîtra encore de nombreux succès, tant au volant de bolides qu'en tant que patron d’écurie. Associé à Carl Haas, il crée en 1983 la Newman/Haas Racing, une écurie à succès qui sera l’une des plus titrées du championnat CART/ ChampCar, discipline automobile très populaire aux États-Unis. Au cours de ces décennies, plus de trois, Newman mène de front et brillamment deux carrières à la fois. Oscarisé pour son rôle dans le film La couleur de l’argent de Scorsese en 1987, à l’affiche de nombreux grands films dans lesquels il s’illustre par son jeu, il remporte en parallèle quatre championnats nationaux en tant que pilote et huit en tant que propriétaire. Sacrément prolifique. Paul Newman sera animé par la passion pour la course automobile jusqu'à sa mort en 2008, à l'âge de 83 ans.

Quelques dates clés de sa carrière de pilote salue le pilote et ses exploits, Newman brigue les circuits internationaux et souhaite se confronter aux plus grands. C’est sur l’une des plus dures et prestigieuses courses au monde, les 24h du Mans, qu’il débarque en 1979 en tant que pilote. La première et seule fois de sa carrière. Il s’est écoulé dix ans depuis la première visite sarthoise de Steve McQueen pour les repérages du film Le Mans, autre grand du grand écran. À l’âge de 54

Juin 1979 : Il participe aux 24 heures du Mans. Pour l'épreuve sarthoise, il est au volant de l’une des quatre Porsche 935 engagées par le Dick Barbour Racing et finit deuxième.

1995 : Fabuleuse victoire de la catégorie IMSA GTS aux 24 Heures de Daytona, à l’âge de 74 ans. Il devient le pilote le plus âgé à remporter une course automobile.

2005 : À plus de 80 ans, il participe aux 24 Heures de Daytona avec Sébastien Bourdais et Bruno Junqueira, ses pilotes en Champ Car.

2006 : Il prête sa voix à Doc Hudson, une vieille voiture dans le film à succès de Disney-Pixar Cars. 13 Août 2008 : Il effectue un dernier run sur le circuit de Lime Rock au volant de sa Corvette Grand AM, quelques semaines avant sa mort.