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MAYOTTE SOMBRE DANS L’HYPERVIOLENCE, L’AUTRE ÉCHEC DE GÉRALD DARMANIN
Publié le 12/12/2023 sur Boulevard Voltaire par Marie d’Armagnac Souvenez-vous de l’opération Wuambushu au printemps dernier à Mayotte : lancée le 24 avril à grand renfort médiatique, elle devait durer deux mois, elle a en réalité été prolongée d’un mois. L’objectif était d’interpeller 10.000 sanspapiers, de lutter contre violence et délinquance et d’abattre au moins 1.000 logements insalubres, rappelait récemment le quotidien Ouest-France. Résultat ? Un échec, un de plus à mettre sur le compte du ministre de l’Intérieur.
Une urgence chasse l’autre
En effet, dès la fin du mois de juin, une partie des 510 policiers et gendarmes sont repartis en métropole pour se rendre sur le front des émeutes. Dans une France ultra-violente, outremer compris, une urgence chasse l’autre. La destruction des cases de fortune, bien moindre que promise, ne s’est pas accompagnée de solutions de relogement : elles ont donc été souvent reconstruites ailleurs. Sur le front de l’immigration clandestine en provenance des Comores qui s’est développée de façon exponentielle, il faut le rappeler que Mayotte est le 101ème département français depuis 2011. Pour une population de 310.000 habitants qui a doublé en 20 ans, 50 % n’a pas la nationalité française mais un tiers est né à Mayotte.
Presque la totalité de ces étrangers viennent des Comores voisines et vivent dans la clandestinité. Lors du lancement de Wuambushu, Gérald Darmanin annonçait l’objectif de 300 expulsions par jour. « Les expulsions ont atteint un rythme de soixante-dix étrangers en situation irrégulière par jour, principalement renvoyés vers les Comores voisines » , expliquait-il deux mois plus tard dans les colonnes du Monde. Et la plupart reviennent à Mayotte… Hasard ou coïncidence, Marine Le Pen a obtenu 59,1 % des voix mahoraises au second tour de l’élection présidentielle de 2022.
Des trafics de packs d’eau
À Mayotte, département français, l’accès à l’eau potable est devenu le luxe ultime. À tel point que depuis le 20 novembre les autorités procèdent à la distribution d’un litre d’eau par jour à toute la population, contre deux litres par jour aux plus vulnérables auparavant. Le 5 décembre dernier, l’Ars et la préfecture ont énoncé une interdiction de l’usage de l’eau car les autorités y avaient relevé la présence de métaux lourds, un incident renforçant la criticité de la situation sanitaire.
Élisabeth Borne, en visite éclair à Mayotte le 8 décembre s’est félicitée de la distribution de 300.000 litres d’eau par jour pour une population de 310.000 habitants. C’est sans compter les trafics de packs d’eau ainsi récupérés et revendus une fortune aux sans-papiers ou à ceux qui dans les faits n’y ont pas eu accès. Interviewée sur la chaine publique Mayotte la Première, Élisabeth Borne a proposé notamment « de refaire des opérations coup de poing sur ces questions de violences, mais aussi sur la question de l'habitat illégal et de la lutte contre l'immigration illégale. » « Si je suis là, c'est pour dire aux Mahorais qu'ils sont une priorité pour mon gouvernement. […] On doit être plus efficace sur la lutte contre l'immigration illégale » . Est-il besoin de commenter ?
Un mineur tué par balle
En réalité, même si quelques maigres renforts de policiers et gendarmes sont revenus à Mayotte à la rentrée, la situation est très tendue, les forces de l’ordre fatiguées sont autant mobilisées pour du maintien de l’ordre que pour des opérations de sécurisation, tant la vie quotidienne des mahorais se déroule sous le signe de l’extrême violence. Depuis plusieurs semaines des émeutes éclatent dans le centre et l’est de l’île, « d’une violence extrême » rapporte Moudjibou Saidi, maire LR de Dembeni.
En attendant, le meurtre par balles d’un jeune de 17 ans le 10 décembre lors d’un affrontement entre bandes rivales n’en finit plus de déclencher l’ire des élus locaux. Estelle Youssouffa, députée Liot, s’alarme sur X : « Mayotte bascule » écrit-elle. Tandis que Mansour
Kamardine, député LR de la deuxième circonscription de Mayotte avertit : « Les Mahorais n’en peuvent plus ! Des mesures drastiques pour rétablir la sécurité et éradiquer les bandes criminelles qui sévissent autour des bidonvilles sont à prendre avec un bras qui ne tremble pas ! » Une allusion à peine masquée à la toute récente visite et aux promesses d’Élisabeth Borne. Il poursuit : « À Mayotte nous nous rapprochons de la guerre civile ! L’État et les familles doivent se ressaisir pour endiguer cette spirale infernale. Un couvre-feu s’impose sur la zone Kaweni Majikavo »
Une immigration galopante, un manque criant de services publics de base, un laxisme judiciaire et l’instauration de la loi des gangs et de la rue : le quotidien des Mahorais préfigure-t-il celui des métropolitains, abreuvés de rodomontades darmaniennes ?