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LES PANIERS qui font la DIFFÉRENCE
Liesbeth Snoeys (58 ans) de Herentals, est l’initiatrice de Lolo Deco, une asbl qui produit des sacs faits main à Madagascar, pour soutenir les entrepreneuses du pays ainsi que des médecins belges sur place.

Vicky Nolf (61 ans) de Morkhoven, est co-initiatrice de l’asbl.
COMMENT AVEZ-VOUS EU L’IDÉE DE FAIRE RÉALISER DES SACS À MADAGASCAR POUR LA BONNE CAUSE ?
Liesbeth : « Mon mari est médecin et il est bénévole lors de missions médicales à Madagascar pour y opérer des enfants atteints de bec-de-lièvre. Je l’ai souvent accompagné pour l’aider et j’étais impressionnée par la grande pauvreté je voulais faire quelque chose pour aider la population. »
Vicky : « Elle m’a emmenée en 2015. Nous avons remarqué que les femmes là-bas étaient très créatives. C’est ce qui nous a donné l’idée de trouver un projet qui nous permettrait de donner du travail aux gens tout en soutenant financièrement les médecins. »
PAR OÙ COMMENCE-T-ON UN PLAN AUSSI AMBITIEUX ?
Liesbeth : « Par le bouche à oreille, nous sommes entrées en contact avec une dame qui avait un atelier de couture. Nous adorions ses magnifiques produits faits main. Comme elle n’avait pas assez de travail pour ses quarante couturières, nous avons acheté des dizaines de paniers en raphia, que nous avons ramenés en Belgique dans nos valises. »
Vicky : « Les amies qui ont vu les paniers se sont montrées très enthousiastes. Depuis, nous avons vendu dix mille produits et nous travaillons avec huit petits ateliers. »
QUE RETIREZ-VOUS DE CETTE ENTREPRISE ?
Vicky : « Elle nous donne une grande satisfaction. La joie des femmes, quand vous placez une commande, est énorme, malgré leur pauvreté et les circonstances très rudes. Quelques années passées, par exemple, il y avait la peste. »
Liesbeth : « C’est une véritable aventure, c’est excitant. Faire du business en Afrique comporte toujours son lot de situations surprenantes. Un jour, alors que nous cherchions à rencontrer un homme qui produisait de beaux produits en corne, nous avons appris qu’il venait d’être assassiné… »
Vicky : « Souvent, il n’y a pas d’adresse on vous indique juste que vous devez aller derrière telle montagne et prendre la troisième piste à gauche… »
IL FAUT AVOIR DE LA FORCE POUR S’ENGAGER DANS UNE TELLE AVENTURE, QUAND ON EST UNE FEMME…
Vicky : « Ma devise est qu’il ne faut jamais abandonner trop vite quand on s’engage. Même en cas d’adversité ou si une grande vente n’a finalement pas lieu. »
Liesbeth : « Il faut écouter son coeur. Vivre avec son coeur. Je n’ai pas réfléchi avant de me lancer. Ces femmes pauvres, ces enfants qui n’ont rien… Cela me touche profondément à chaque fois. Je veux faire la différence avec mon coeur. »
Vicky : « C’est une histoire de rires et de larmes : nous rions beaucoup de nos aventures, et nous pleurons devant la misère que nous constatons. »
ADMIREZ-VOUS LES GENS LÀ- BAS, LES FEMMES SURTOUT ?
Vicky : « Enormément ! »
Liesbeth : « Les femmes sont incroyablement courageuses et persévérantes. Dès l’âge de quinze, seize ans, les filles tombent enceinte mais, elles continuent de se battre et de prendre soin de tout le monde, même si les hommes les laissent tomber et qu’elles assument seules. »
Vicky : « Les ateliers avec lesquels nous travaillons sont tous gérés par des femmes. On peut compter sur elles, elles n’ont qu’une parole. »
ET VOUS ? QUELLE EST VOTRE FORCE EN TANT QUE FEMMES ?
Vicky : « Liesbeth ose tout, elle est tellement courageuse ! Quand elle m’a parlé de son projet avec ces femmes et ces ateliers, je n’ai jamais imaginé qu’elle irait jusqu’au bout. Elle a un élan dingue pour Madagascar. »
Liesbeth : « Mais je ne maîtrise pas mes émotions (elle écrase une larme) quand je vois la pauvreté là-bas… J’ai ces gens dans la peau et c’est ce qui me donne la force de continuer. Mais j’ai besoin de Vicky pour ça. Avec elle, je sais que je peux gagner toutes les guerres. »