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CONCLUSION

L’architecture cinétique adaptative est un nouveau domaine d’exploration, dont le développement a été rendu possible par l’impulsion de la révolution informatique. En effet, les quelques réalisations du XXème siècle se voulaient simples, principalement des projets de bâtiments construits sur une dalle rotative, mise en mouvement par l’homme ou un système mécanique, et toujours actionné manuellement. La naissance de l’informatique a permis dans les années 60, l’arrivée d’une architecture cinétique autonome avec l’effervescence des restaurants sur plateau tournant. La gestion intelligente d’une façade complexe s’adaptant à son environnement n’est pas possible sans un système informatique performant, c’est pour cela que ces façades ne sont apparues qu’à partir du XXIème siècle.

La mise en place d’un système intelligent en architecture cinétique adaptative n’est pas obligatoire. Pour une adaptation spatiale, c’est encore l’homme qui a le pouvoir de décision. L’informatique est en revanche bien plus efficace que l’homme quand il s’agit de décider l’action d’un mouvement dans le cadre d’une réponse à un changement climatique. Elle permet de prendre la décision optimale pour chaque composant d’une façade cinétique, pour accroître ses performances énergétiques. Cependant, malgré une efficacité prouvée de ce système dans le cadre de la réduction de la consommation énergétique, ces systèmes complexes revêtent d’autres problématiques, tel que le rapport investissement/ rendement, ainsi que celle de l’entretien des pièces. Par exemple, j’ai dû exclure l’analyse de l’Institut du Monde Arabe de Jean Nouvel, puisque ses composants sont tellement nombreux et leur assemblage tellement complexe, que la plupart des pièces de sa façade ne sont plus en état de fonctionner. Le coût étant tellement élevé pour les remplacées, l’institut a décidé d’éteindre le système. 92 La question des coûts et de la durabilité des pièces est un problème qui pourrait être partiellement résolu par la standardisation de l’emploi de façades cinétiques. Des systèmes cinétiques simplifiés pourraient être installés sur des façades standards de

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92 HAIDARI H., Decisive design aspects for designing a kinetic façade, Eindhoven University of Technology, p.15

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bureaux, bien que les projets les plus complexes nécessitent la création d’une façade cinétique unique,

Outre les bénéfices qu’apporteraient la standardisation, une autre voie prometteuse est possible, celle du biomimétisme. Par exemple, le matériau employé dans le Yeosu Pavillon, le Flectofin, est un système de brise-soleil capable de pivoter à 90 degrés par déformation93, sans l’utilisation de charnières, des pièces qui seraient amené à être changées et donc un entretien potentiellement coûteux selon leur nombre. La nature expérimente sans cesse depuis des milliards d’années et la prise de conscience de son efficacité entraine de plus en plus de réalisations s’inspirant d’elle. Ainsi, des façades cinétiques adaptatives s’inspirent du comportement de certaines espèces pour accroitre leurs performances. Au-delà du mimétisme d’une qualité naturelle « visible », c’est également un mimétisme à l’échelle « microscopique » des propriétés chimiques et physiques d’un matériau naturel, qui inspirent de nouveaux matériaux innovants (tel que le Flectofin) appelés « Matériaux Intelligents ». Le mouvement est induit par une réaction chimique provoquée par un changement de son environnement. Le système n’est pas informatisé, ni mécanisé et pourtant, il réagit intelligemment aux changements de conditions climatiques. Achim Menges a créé un matériau en bois composite se calquant sur le fonctionnement d’une pomme de pin, qui se referme par temps chaud pour garder son humidité. Doris Sung, elle, explore les propriétés du thermo-bimétal, matériau à mémoire de forme qui se transforme par le dépassement d’un seuil de chaleur. Ces matériaux offrent de multiples avantages tels qu’un coût de maintenance réduit, ainsi qu’une consommation d’énergie nulle pour actionner le mouvement. La seule source d’énergie de ce mouvement est l’environnement.

Enfin, au-delà du concept « cinétique adaptatif » à l’échelle du bâtiment, nous pouvons réfléchir quelle pourrait être sa place à l’échelle d’un quartier, d’une ville. Nous pouvons faire écho aux courants de pensée de la deuxième partie du XXème siècle. Archigram a imaginé des « villes machines »94 en mouvement mais dont les composants seraient statiques. Une autre approche est proposée à travers les travaux de réflexion de Yona

93 https://asknature.org/idea/flectofin-hingeless-louver-system/ 94 https://indexgrafik.fr/archigram/

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Friedman, proposant un « urbanisme spatial »95 où la ville serait composée de structures flexibles, modifiées selon les besoins.

Le développement de l’intelligence artificielle ainsi que la mise en réseau des différents composants de la ville, amèneront peut-être de nouvelles conceptions, incluant le mouvement comme une part essentielle de leur programme. L’intelligence artificielle apportera une certaine flexibilité à ce mouvement et sera capable de proposer des solutions rapides, prédictives, issues d’une réflexion intelligente qui s’est construite par l’analyse de précédentes expériences. 96

95 http://www.frac-centre.fr/collection-art-architecture/friedman-yona-58.html?authID=72 96 CHAILLOU Stanislas, Conférence IA & Architecture, Pavillon de l’Arsenal, 2020, URL : https://www.facebook.com/PavillonArsenal/videos/889535584839133

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