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La Tunisie à la croisée des chemins

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L’insoutenable lourdeur de la situation économique

La Tunisie à la croisée des chemins

Par : Nasreddine Ben Hadid

Une chose est indiscutable en Tunisie : Le pays est entre deux choix :Trouver une solution, ou du moins annoncer un accord ou une entente, concernant la nécessité de prendre conscience de la gravité de la situation, ou le pire, sombrer dans les abimes d’une décadence que personne n’oserait imaginer…. Trop, c’est trop….

Qu’il soit sur le plan purement économique, facilement quantifiable, la situation frôle ou presque la catastrophe. Les indicateurs sont au rouge. Qu’il s’agisse de l’inflation galopante, rendant la vie, beaucoup plus chère, surtout pour une frange de la population, qualifiée dans le passé de «couche moyenne»,

Malades atteints du Covid-19 à l’hôpital de la ville de Kairouan sombre actuellement dans la pauvreté. Et même la pauvreté extrême.

Le chômage concerne plutôt une proportion plus large. Aussi bien la jeunesse qui n’arrive pas à décrocher un premier travail, que les licenciés des usines et autres entreprises qui ferment. Sans oublier les «victimes de la pandémie», qui ne retrouvent plus leurs occupations.

Le sous-emploi concerne désormais un nombre incalculable, essentiellement des postes déjà précaires. A l’exemple des garçons de cafés, qui ne travaillent qu’une journée sur deux, et en plus une demi-journée. Un salaire de misère qui se réduit comme une peau de chagrin.

Une chose est plus que certaine, personne au pouvoir ne défend une quelconque prouesse économique. Tout au plus, une certaine manière de dire que la situation aurait pu être pire. Colmater les brèches, réduire les dégâts, mais personne, vraiment personne n’ose crier victoire.

Trouver une solution, ou le pire, sombrer dans les abimes d’une décadence que personne n’oserait imaginer

Un handicap chronique

Dans le but de minimiser la gravité de la situation, les tenants du pouvoir, essentiellement le chef du gouvernement, essayent de placer l’équation sous un angle purement quantitatif. A savoir, qu’une «transfusion» en argent frais, peut suffire à endiguer la crise, et en conséquence faire éviter au pays une noyade bien dans les règles. Docteur Ali Abdallah, enseignantchercheur au Centre d›études et de recherches économiques et sociales, de Tunis, dans une déclaration à «Majalla»

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voit le contraire. Il considère que tout apport financier est certes bénéfique mais ne peut «constituer cette bouée de sauvetage pour l’économie tunisienne, qui l’aiderait à s’en sortir».

Ce Docteur ajoute que «la crise est certes économique, mais pas uniquement économique», avant d’ajouter que «toute approche purement économique, ne peut constituer ni une approche, ni une solution à ce genre de crise». D’un point de vue populaire, la crise se voit, ou plutôt se sent à travers ses effets directes et même indirectes, sur la vie courante et quotidienne. Une augmentation de presque %30 du prix du kilogramme du sucre moulu. Un produit dit «subventionné». Les boulangeries viennent de clore une grève de 3 jours, sur fond de conflit avec le ministère des Finances. Les boulangeries réclament des sommes que ce ministère leur doit.

Tout apport financier est certes bénéfique mais ne peut «constituer cette bouée de sauvetage pour l’économie tunisienne

La pandémie étrangle le pays

La ville antique de Kairouan r assemble plutôt à une ville du moyen-âge, frappée par la peste. Certains amènent même, un parent ou un voisin, sur une charrette tirée par un mule. Les services de santé sont plus que submergés, les malades ne trouvent plus de lits dans l’hôpital de la ville. Le président vient d’ordonner à l’Armée d’installer un hôpital de campagne. L’acte n’a pas permis de résorber qu’un nombre infime, tant le nombre de malades est tellement grand. Comme cette situation ne peut suffire.

Docteur Ali Abdallah, enseignant-chercheur au Centre d›études et de recherches économiques et sociales, de Tunis.

Docteur Ali Abdallah, enseignant-chercheur au Centre d›études et de recherches économiques et sociales, de Tunis. Unr coupure électrique de 17 minutes, a touché, dans la journée du 20 juin dernier toute cette ville, entrainant la mort d’une bonne vingtaine de malades sous oxygène.

Ce scénario de ville de désolation, va se copier et surtout se coller dans pas mal d’autres villes du pays. Jendouba (nord-ouest) commence à connaitre ce même parcourt. Avec une absence bien remarquée de l’Etat, ou du moins, une incapacité à anticiper des scénarii qui semblent tel un feu dans la paille sèche, trouver une grande facilité à se propager.

Toute cette propagation verticale ou/ et horizontale, s’accompagne d’une campagne de vaccination pas aussi rapide, ou du moins, pas à la rapidité qui peut damner le pion à ce virus. Pour une population de 12 millions d’habitants, uniquement, à la date du 21 juin 2021, le nombre des inscrits est de 2.589.936. Ceux qui ont bénéficié de la première dose ne dépassent pas 1.181.714, pour environ 428.016 qui ont pu recevoir la deuxième dose. Des chiffres, loin de constituer «l’arme fatale» contre le virus.

Une chose est plus que certaine, personne au pouvoir ne défend une quelconque prouesse économique.

Le peuple aux abois

L’absence d’un horizon politique, semble avoir plus d’effets sur une population meurtrie, plus que la situation même. Il semble pour tout visiteur, que la classe politique d’une part, et la population, ne vivent pas sur la même planète. Même deux galaxies séparées par des annéeslumière.

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