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1. La divine nécessité de la croix

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Introduction

Introduction

N’y avait-il pas d’autre possibilité ?

C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Ephésiens 2.8

Souvent, lorsque nous pensons à l’horreur de la croix et à cette terrible injustice commise à l’égard de Jésus, le Fils de Dieu, par‑ faitement saint et irréprochable, une question surgit dans notre cœur : Pourquoi ? N’y avait-il pas un autre moyen ? N’y avait-il pas une autre façon de nous sauver du péché ? Si vous ne l’avez pas encore fait, je vous suggère vivement de venir à Dieu et de lui de‑ mander : « Pourquoi Jésus a-t-il dû mourir ? » Puis, persévérez dans la prière jusqu’à ce qu’il vous donne sa réponse. Toutes les Ecritures affirment clairement la divine nécessité de la croix. Cela devait se produire ; c’était le plan de Dieu, et il n’y avait pas d’autre possibilité. Et s’il y en avait eu une, nous pouvons être absolument certains que le Tout‑Puissant y aurait pourvu. En tant que chrétiens vivant au sein d’un monde multi‑religieux,

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nous pouvons donc confesser sans honte que seul Jésus est « le chemin, la vérité et la vie » et que personne ne peut venir au Père et parvenir à la vie éternelle sans passer par lui (Jean 14.6). Si la croix a été le seul et unique moyen d’accomplir le salut de l’homme, Christ est assurément le seul Sauveur qui existe pour l’humanité.

L’éternité telle que Dieu la voit

Si nous avons de la peine à saisir cette divine nécessité de la croix, c’est parce que nous ne considérons pas l’éternité du point de vue de Dieu. Mais quelle est cette perspective qui si souvent nous échappe ? Rappelons-nous les paroles de Jean 3.16, ce verset si connu : « En effet, Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éter‑ nelle. » Si nous devions choisir dans ce texte un mot qui en résume le message central, lequel serait-ce ? « aimé » ? « donné » ? ou, peutêtre, « vie éternelle » ? En réalité, l’expression qui est au cœur de ce verset est « ne périsse pas ». En effet, la mort éternelle, telle est bien la destinée à laquelle nul ne peut échapper par ses propres efforts. En Ephésiens 2.12, Paul nous exhorte à nous rappeler quelque chose que nous oublions souvent : « A ce moment-là vous étiez sans Messie, (…) sans espérance et sans Dieu dans le monde. » Humainement parlant, personne ne possède une quelconque es‑ pérance éternelle… si ce n’est celle de la perdition. Mais face à cette réalité inéluctable, Dieu nous apporte une réponse qui vient

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directement de son cœur, une réponse qui, lorsque nous y réflé‑ chissons vraiment, nous conduit à nous courber devant lui, dans l’adoration et la crainte respectueuse : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse pas » ! Si nous ne parvenons pas à voir l’éternité comme Dieu la voit, c’est parce que nous omettons de considérer le péché comme il le considère. Notre perdition a rendu la croix infiniment nécessaire. Il a fallu que Dieu livre son Fils unique ; il n’y avait aucune autre solution, aucun autre chemin pour accomplir le salut. Ce verbe « périr » évoque un aspect de l’éternité auquel nous ne pensons pas sou‑ vent. Et si nous ne parvenons pas à voir l’éternité comme Dieu la voit, c’est parce que nous omettons de considérer le péché comme il le considère.

La gravité du péché

Percevons-nous la gravité du péché ? Sommes-nous conscients que, pour y remédier, le Père a décidé de livrer à la mort son Fils bien-aimé ? Et, comme nous le verrons plus loin, il ne s’agissait pas seulement d’une mort physique ; la croix, c’était bien plus que cela. Le Fils de Dieu « saint, irréprochable, sans souillure, séparé des pécheurs et plus élevé que le ciel » (Hébreux 7.26), « agneau sans défaut et sans tache » (1 Pierre 1.19), en qui « il y avait la vie », vie qui « était la lumière des êtres humains » (Jean 1.4), ce Fils unique du Père a dû mourir à cause de mon péché et du vôtre. Comprenons-nous, par conséquent, que, plus que toutes

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les guerres, plus que toutes les atrocités et que tous les actes de cruauté commis par les hommes à travers l’Histoire, la croix révèle la gravité du péché ? Et si le péché est si grave aux yeux de Dieu, c’est parce que chaque péché est une offense personnelle contre lui, le Créateur. En ce sens, il n’y a pas de « petits péchés » ; toute transgression, quelle qu’elle soit, fait de nous des ennemis de Dieu. Cependant, souvent, les hommes ne se considèrent pas comme tels. Même les croyants ont tendance à résister à cette façon de voir les choses. Certains diront, en toute sincérité, à propos de leur passé : « Bon, je n’étais pas vraiment opposé à Dieu ; je ne marchais pas avec lui, c’est tout. » Mais ils se trompent sincèrement. Ce qui importe, c’est de voir les choses comme Dieu les voit. Et il nous dit dans sa Parole que nous étions ses ennemis : « Vous qui étiez autrefois étrangers et ennemis de Dieu par vos pensées et par vos œuvres mauvaises, il vous a maintenant réconciliés » (Colossiens 1.21). De même Jésus disait aux pharisiens : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi » (Matthieu 12.30).

Pour la gloire de son grand nom

En Ezéchiel 36, chapitre qui annonce le rétablissement d’Israël mais aussi la nouvelle alliance en Christ, Dieu dit, par la bouche de son prophète :

Je vous purifierai de toutes vos impuretés et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un esprit nouveau. Je retirerai de votre corps le cœur

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de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. C’est mon Esprit que je mettrai en vous. Ainsi, je vous ferai suivre mes prescriptions, garder et respecter mes règles. Ezéchiel 36.25‑27

Cependant, avant d’adresser à son peuple ces magnifiques pa‑ roles, il leur dit :

Ce n’est pas à cause de vous que j’interviens, communauté d’Israël, mais c’est pour mon saint nom, puisque vous l’avez déshonoré dans les nations où vous vous êtes rendus. Je démontrerai la sainteté de mon grand nom qui a été dés‑ honoré parmi les nations, puisque vous l’avez déshonoré au milieu d’elles.

Ezéchiel 36.22‑23

Et comment Dieu a-t-il démontré la sainteté de son grand nom envers le peuple de l’alliance ? En les envoyant en captivité à Babylone et en détruisant Jérusalem et son temple. Il a agi ainsi pour restaurer la sainteté de son nom qu’ils avaient, par leur péché, profané parmi les nations. Il a dû sévèrement les châtier aux yeux des pays voisins. Ceux-ci ont pu le voir à l’œuvre et commencer à comprendre que le Dieu d’Israël était un Dieu saint. Telle était la gravité du péché de son peuple à ses yeux.

Ce chapitre d’Ezéchiel 36 est un passage que le Seigneur a par‑ ticulièrement utilisé pour parler à mon cœur et pour agir en moi. Et je suis souvent remué par ce qu’il implique. Il montre en effet que si, aujourd’hui, les chrétiens tolèrent constamment le péché dans leur vie, ils donnent au monde une mauvaise perception de Dieu. En fait, ils profanent son nom par leur péché.

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Qu’attendons-nous de Dieu face à cet état de fait ? Notre monde n’a‑t‑il pas besoin de voir et de savoir que le Tout‑Puissant est saint ? Si donc il châtiait ses enfants sévèrement pour manifes‑ ter aux non-croyants sa sainteté, n’agirait-il pas de façon parfaite‑ ment juste ? Ne prenons pas ce passage à la légère. Cela m’anéantit lorsque j’y pense, et je suis conduit à prier : « Mon Dieu, y a-t-il quelque chose dans ma vie, dans mes paroles ou dans mes actes, qui donne à ceux qui me voient ou m’écoutent une fausse image de toi et qui les empêche de t’entendre ? S’il en est ainsi, Seigneur, je te prie d’agir en moi selon ce qui est nécessaire afin qu’ils comprennent que tu prends le péché au sérieux. »

Une pleine victoire

Dieu connaît dans sa pleine mesure (ce dont nous ne serons ja‑ mais capables) le caractère effroyablement destructeur du péché. Il sait ce que le péché nous a fait. Il sait combien il continue à nous faire souffrir et combien il nous affaiblit. Il sait exactement quelles conséquences il a dans la vie des autres et dans la nôtre. Il sait aussi quelle terrible offense il représente envers lui, le Dieu trois fois saint. Voilà pourquoi, à la croix, il a tout donné pour manifester la victoire sur le péché et ses effets dans la vie des hommes. Comme nous le verrons plus loin, grâce à cette œuvre parfaite, rien, dans notre vie, ne peut désormais nous empêcher d’être et de devenir ce qu’il désire que nous soyons et devenions. En Christ et par son sacrifice expiatoire, Dieu nous a déjà donné tout ce dont nous avons besoin pour remporter la victoire sur ce qui s’attaque à

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notre cœur. Par la mort de son Fils, le Tout‑Puissant a voulu régler de façon radicale la question du péché : non seulement la question des péchés (pluriel), mais aussi celle de notre nature pécheresse, celle de la présence globale du péché (singulier) en nous, qui est à l’origine de tous nos péchés.

Des rappels salutaires

Lorsque nous ne prenons pas le péché au sérieux, nous mani‑ festons une bien mauvaise perception de la réalité qui nous en‑ toure quotidiennement. En effet, en Genèse 3, nous voyons que les jugements prononcés par Dieu suite à la chute perdurent encore aujourd’hui, nous rappelant sans cesse la gravité du péché. Lorsque j’étais pasteur d’une église dans les Prairies du Canada, dans la province de la Saskatchewan, j’ai dû présider de nombreux enterrements. Et quand ils avaient lieu en plein hiver, il fallait creu‑ ser la tombe sur plusieurs mètres, dans un sol gelé et dur comme le roc. Cela me faisait penser à ce jugement prononcé par Dieu contre Adam : « Le sol est maudit à cause de toi » (Genèse 3.17). Depuis la chute, le sol est sous la malédiction. Voilà pourquoi il est si dur, pourquoi il produit naturellement de mauvais fruits, comme « des ronces et des chardons » (v. 18), et pourquoi celui qui le travaille n’obtient de la nourriture qu’au prix d’un pénible labeur. Lorsqu’on réfléchit à cela, on peut se demander pour quelle raison Dieu maintient ce jugement. Mais n’est-ce pas pour nous rappeler constamment à quel point le péché est grave à ses yeux ? Pensons aussi au jugement prononcé contre Eve et contre toute femme qui, depuis lors, enfante : « C’est dans la douleur que tu

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mettras des enfants au monde » (v. 16). Qui dit, aujourd’hui, quand une femme souffre les douleurs intenses de l’accouchement : « Merci Seigneur de me rappeler la gravité du péché » ? Si Dieu, dans sa bonté, permet que nous expérimentions aujourd’hui en‑ core de tels jugements, c’est pour nous rappeler que le péché est véritablement quelque chose de tragique, que le mal fait de nous ses ennemis et qu’il a dû payer le prix fort pour y remédier. Mais, et c’est une incroyable bonne nouvelle, « nous avons été réconciliés avec Dieu grâce à la mort de son Fils lorsque nous étions ses ennemis » (Romains 5.10). Notre péché et notre inimitié contre Dieu n’ont pas nécessité moins que la croix. Là, par son sa‑ crifice suprême, Christ a tout accompli !

L’acceptation du Fils

Jésus était lui aussi conscient de cette divine nécessité de la croix. Et il était pleinement d’accord pour ce chemin. Cela nous apparaît particulièrement clairement au moment où, pour la pre‑ mière fois, il parle de la croix à ses disciples :

Dès ce moment, Jésus commença à montrer à ses disciples qu’il devait aller à Jérusalem, beaucoup souffrir de la part des anciens, des chefs des prêtres et des spécialistes de la loi, être mis à mort et ressusciter le troisième jour. Matthieu 16.21

Jésus ne leur a pas fait comprendre que ces choses allaient peut-être arriver ; il n’a pas non plus annoncé qu’elles allaient

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arriver. Non, il a expliqué qu’elles devaient arriver. Il ne pouvait y avoir d’autre moyen. Impossible ! Et quand, une fois ressuscité, il a enseigné à nouveau ses disciples, c’est encore cette vérité fonda‑ mentale qu’il leur a rappelée :

« Hommes sans intelligence, dont le cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Messie souffre ces choses et qu’il entre dans sa gloire ? » Luc 24.25‑26

Puis, pour qu’ils comprennent pleinement cette nécessité de la croix, il les a ramenés à l’Ecriture :

« C’est ce que je vous disais lorsque j’étais encore avec vous : il fallait que s’accomplisse tout ce qui est écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les psaumes. » Alors il leur ouvrit l’intelligence afin qu’ils com‑ prennent les Ecritures et il leur dit : « Ainsi, il était écrit – et il fallait que cela arrive – que le Messie souffrirait et qu’il res‑ susciterait le troisième jour. »

Luc 24.44‑46

En d’autres termes, Jésus leur a dit : « Tout ceci devait se pas‑ ser ; c’était écrit. » Puisque c’était écrit, c’était donc nécessaire, ainsi que Paul l’a confirmé plus tard : « Je vous ai transmis avant tout le message que j’avais moi aussi reçu : Christ est mort pour nos péchés, conformément aux Ecritures » (1 Corinthiens 15.3). La croix, prévue par le Père dès le commencement et pleinement révélée à ses enfants par sa Parole, était inévitable, indispensable, inéluctable.

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Ainsi, chaque fois que nous nous approchons de Dieu pour lui demander : « Pourquoi Jésus devait-il mourir ? N’y avait-il pas un autre moyen ? » laissons-le nous montrer, à partir des Ecritures, cette incontestable nécessité de la croix… pour le salut du monde entier. Puis, laissons-le appliquer cette vérité à notre cœur. Permettonslui de la graver profondément en nous. En effet, tout cela était pour nous… C’était exactement ce dont nous avions besoin.

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