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Musique

Grande musique pour petites oreilles

La violoniste Margo Lathuraz vient de lancer une série de concerts pour bébés à Neuchâtel. Pour cette jeune maman bouillonnante d’idées, il est important d’éduquer les tout-petits à la musique.

Texte: Patricia Brambilla Photos: Mathieu Rod

Concert matinal à Neuchâtel. L’ambiance est inhabituelle. Pas de chichis ni de redingote. Les gens sont assis par terre, certains ont même enlevé leurs chaussures et les poussettes sont garées sur le côté. Ça rigole, ça rampe, ça gigote. Il faut dire que le public est particulier: les spectateurs, accompagnés de leurs parents ou grands-parents, ont entre 1 mois et 5 ans. Nouveau trend? À Zurich et à Lausanne, entre autres, les orchestres de chambre donnent occasionnellement des concerts pour les bébés.

Mais pas assez souvent au goût de Margo Lathuraz, violoniste et jeune maman. Elle vient donc de lancer une série de mini-concerts décontractés et tous publics, au rythme d’une fois tous les quinze jours jusqu’au 23 décembre, à la chapelle de la Maladière à Neuchâtel. Margo Lathuraz trouve encore le temps d’enseigner le violon au Conservatoire des Régions et de jouer avec Les Variations musicales, un ensemble à géométrie variable qu’elle a créé cette année. Et dont les musiciens (quinze en tout) viennent tour à tour la seconder dans le projet concerts pour bébés.

Les vertus de la musique Alors que les notes joyeuses de Boccherini s’envolent dans la petite salle de paroisse, un ange passe. La magie de la musique opère. Les pleurs s’arrêtent, les parents soupirent d’aise, tandis que, sur les couvertures molletonnées, ça continue de gigoter. Mais en silence.

Parenthèse du matin

«J’ai imaginé des concerts de petit format. Trente minutes, c’est la durée maximum pour l’attention des petits. C’est même déjà énorme pour ceux qui ne le vivent jamais. Et le matin me semblait une bonne tranche horaire. Contrairement au week-end où il y a plein d’offres culturelles, il n’y a pas grandchose en semaine. Cela permet de compléter la promenade par une petite parenthèse musicale.»

Musique et table à langer

«Pendant mon congé maternité, j’ai voulu emmener ma fille au concert. Je restais à côté de la porte d’entrée pour pouvoir sortir vite au cas où… C’était le stress total! D’où l’idée de créer des concerts sur mesure, où les gens soient à l’aise avec leurs enfants. Où les mamans puissent allaiter, changer une couche, se lever sans se gêner ni avoir peur de déranger. J’ai d’ailleurs installé une table à langer au fond de la salle.»

L’idée de Margo Lathuraz était de créer des concerts sur mesure, où les parents puissent être à l’aise avec leurs enfants.

«On fait attention au volume sonore pour ne pas détruire les oreilles des bébés»

Variation de styles

«Je ne choisis pas une musique spéciale pour enfants. Avec les musiciens invités, nous cherchons des morceaux qui nous plaisent, que nous aimons jouer et surtout nous varions les styles. Baroque, romantique et pourquoi pas du contemporain? Pièces courtes ou mouvement de sonates, il n’y a pas de compositeurs plus appropriés que d’autres. On sait que Bach et Mozart marchent avec les enfants, mais il y a tellement d’autres compositeurs sublimes que j’aimerais leur faire découvrir. Boccherini, Vivaldi, mais aussi Dvořák, Schönberg…»

Forte ma non troppo

«Nous ne jouons pas que des berceuses et pas question de changer le tempo! Par contre, je privilégie les petites formations. On fait attention au volume sonore pour ne pas détruire les oreilles des bébés. Nous varions les instruments, mais il n’y a jamais plus de trois musiciens en scène. Il ne faut pas non plus que les parents se sentent agressés parce que c’est trop fort. Le quatuor à cordes, ce sera pour plus tard!»

Éveiller les oreilles

«Attirer un nouveau public? Je ne me pose pas la question comme ça. Le plus important pour moi est d’éveiller les oreilles des tout-petits. Il y a une vraie éducation à faire à la musique, pour leur apprendre à écouter. Enfant, j’ai eu la chance de pouvoir accompagner ma maman, qui était costumière à l’Opéra de Lyon. Elle m’emmenait souvent et j’entendais l’opéra… J’ai grandi dans un cadre fantastique, je mesure ma chance et j’aimerais la partager aujourd’hui.» MM