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QUESTIONS À UN poseur d’affiches
Paulo Ribeiro colle des publicités et des portraits de politiciens en campagne électorale dans les rues de Lausanne. Un métier qu’il fait avec passion – au point d’être parfois le premier client des annonces qu’il pose.
Texte: Pierre Wuthrich
1. Comment devient-on poseur d’affiches?
Il n’existe pas d’apprentissage ou de formation spécifique. On apprend simplement sur le tas. Comme je fais ce métier depuis vingt-trois ans, j’ai pas mal d’expérience et forme régulièrement les nouveaux collègues. Cela prend généralement quelques semaines.
2. Est-ce compliqué de coller des affiches?
Tout dépend des conditions météo. S’il y a du vent, cela complique bien sûr le travail. Et en hiver, il arrive que la colle gèle. Pour y remédier, il faut ajouter de l’antigel. J’en ai d’ailleurs toujours avec moi. Mais dans l’ensemble, on maîtrise assez vite le métier. Et chacun a sa technique pour être le plus précis possible. C’est important afin que les affiches qui se composent de trois ou six parties s’assemblent parfaitement comme les pièces d’un puzzle géant.
3. Concrètement, comment travaillez-vous?
Photo: Jeremy Bierer
Il faut tout d’abord faire tremper le papier durant vingt-quatre heures dans de l’eau afin que l’on puisse le travailler plus facilement le jour de la pose. Je transvase ensuite les affiches dans des caisses que j’emporte afin que le papier reste humide. Sur place, s’il y a plus de trois couches d’anciennes publicités sur les panneaux, je dois les enlever avec une spatule. Puis je dispose de la colle de patate – autrefois nous utilisions de la colle de poisson – avec un rouleau et déplie la nouvelle affiche. Comme celle-ci est encore mouillée, je peux facilement la lisser et enlever les petites rides avec une brosse.
4. Que faites-vous à part poser des affiches?
Je dois photographier avec une tablette chaque affiche que j’ai posée. La photo est ensuite envoyée au client. Comme c’est lui qui décide d’acheter tel ou tel réseau, soit un ensemble de panneaux dont le prix varie en fonction des emplacements, nous devons lui prouver que
Bio express
Paulo Ribeiro, 47 ans, travaille depuis 2000 à 100% pour la société APG SGA ses annonces ont été placées le bon jour au bon endroit. Par ailleurs, je dois aussi réparer les cadres endommagés, notamment si la tôle est froissée. En cas de dégradations des publicités –ce qui est selon moi toujours plus fréquent – nous repassons avec des affiches dites d’entretien que nous avons toujours en stock et en posons de nouvelles.
Domicilié à Lausanne, il pose des affiches essentiellement dans les rues du chef-lieu ainsi que dans les communes voisines comme Prilly ou Renens. Marié et père de deux enfants, il aime la nature et les balades à moto.
7 Combien d’affiches posez-vous par jour?
Entre 50 et 200, cela dépend des ventes. J’aime bien commencer à 5 heures, quand il n’y a pas encore de circulation. C’est très agréable. Sur ma tablette, j’ai le nom, la photo et la localisation précise de chaque emplacement. Impossible de se tromper, même si on ne connaît pas la ville. D’autant plus que chaque site a un numéro auquel correspond l’affiche.
5. Les panneaux lumineux et les affiches numériques vontils tuer le métier?
Vous savez, il faut de tout pour faire un monde. Certains clients vont préférer une affiche numérique, d’autres une version classique. Je ne me fais pas de souci.
6. N’est-ce pas ennuyeux de travailler seul?

Non, cela ne me dérange pas. Et j’ai quand même beaucoup de contacts avec les passants dans la rue. Il y a pas mal de seniors qui viennent me demander comment je travaille. Et puis parfois, nous sommes en équipe de deux, lorsque l’emplacement est difficile d’accès. L’un d’entre nous monte sur une échelle, que le second maintient.
8. Vous arrive-t-il d’acheter des produits que vous avez vus sur une affiche que vous venez de poser?
Oui, un jour, après avoir discuté de raquettes à neige avec ma femme, j’ai justement posé une affiche avec des modèles en action – que je suis allé acheter par la suite. MM