Les silos à grains en béton armé de la Drôme

Les silos à grains en béton armé de la Drôme Entre sérialité et rapport au territoire, étude d’un patrimoine en péril Lucas Lafont

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Les silos à grains en béton armé de la Drôme Entre sérialité et rapport au territoire, étude d’un patrimoine en péril

Remerciements Je remercie Sophie Paviol et Patrick Thépot ainsi que Jean-Christophe Grosso pour m’avoir accompagné dans mes recherches ainsi que dans la rédaction de ce mémoire. J’adresse également un grand merci à Morgan Pizette-Caillet pour sa visite guidée du silo à grain de Crest ainsi que pour m’avoir prêté les plans et autres coupes originales du silo qu’il a su conserver avec soin. Enfin je remercie Martial Duvert, galeriste d’art à Crest pour les nombreuses discussions enrichissantes concernant l’édifice.

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Avant propos La rédaction de ce mémoire recherche s’inscrit dans une démarche entamée en Master 1 avec la rédaction d’un premier mémoire intitulé «Edouard Arnaud et la démocratisation du béton armé”. Ce premier exercice fut l’occasion d’en découvrir davantage sur l’émergence de ce matériau et notamment sur le rôle de la société Hennebique dans cette histoire. Edouard Arnaud étant étroitement lié à cette dernière, les recherches se sont largement appuyées sur la revue de la société, intitulée Le béton armé. L’exploration de ces thématiques aboutit à un stage de recherche au sein du laboratoire AECC sur les questions liées aux comportements des bétons armés face aux catastrophes naturelles. Ce stage fut l’occasion de recherches conséquentes en archive et notamment d’un dépouillage systématique des numéros de la revue de la société Hennebique et de la revue Architecture d’Aujourd’hui. Ce mémoire mention recherche fut donc l’occasion d’approfondir davantage le sujet, en lien avec le Projet de Fin d’Étude. Voulant approfondir ma connaissance du territoire Drômois dont je suis originaire, je me suis mis en quête d’un édifice en béton armé lié à la société Hennebique sur ces terres. Mon attention s’est immédiatement tournée vers un ancien silo délabré que je croisais quotidiennement dans la commune de Crest. Après quelques recherches dans les archive de la revue Le Béton Armé il est apparu que le bureau d’étude de François Hennebique était intervenu sur cet édifice ainsi que sur quatre autres frères de béton éparpillés sur le territoire Drômois.

Au-delà des exercices passés, ce mémoire et la phase de recherche qui y est associée ont permis de nourrir le développement du projet de fin d’étude. Les différentes analyses qu’elles soient historique, géographique ou architecturale ont permis d’enrichir la lecture de l’édifice existant et de mieux en appréhender l’avenir. Les enseignements spécifiques à chaque volet du mémoire et directement en lien avec le PFE seront donc précisés succinctement à la suite de chacun d’entre eux.

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Les silos à grains en béton armé de la Drôme, Entre sérialité et rapport au territoire, étude d’un patrimoine en péril Souvent étudié en tant qu’œuvre à part entière, le silo à grain est un objet architectural qui a retenu l’attention de nombreux théoriciens. Dans son ouvrage intitulé Vers une architecture, Charles-Édouard Jeanneret dit Le Corbusier fait l’éloge de ces édifices industriels saluant leurs formes pures génératrice d’une certaine esthétique. Intrinsèquement un silo permet le stockage de grand volume de grain en les préservant de l’eau, de la lumière ainsi que des nuisibles. Indirectement il permet aux agriculteurs de regrouper leurs productions et ainsi de s’organiser en coopérative. De par leurs fonctions ces édifices entretiennent donc une relation particulièrement forte au territoire. On se propose d’étudier ces objets architecturaux selon le prisme de cette notion de territoire afin d’en saisir les enjeux à une échelle plus conséquente. Ce recul implique également d’étudier le silo non pas comme un édifice unique mais au sein d’une série d’édifices formant un cycle topologique. La notion de cycle typologique en architecture est développée pour la première fois par le théoricien italien Manfredo Tafuri dans l’ouvrage intitulé Théories et Histoire de l’architecture. Le cycle typologique est une manière de concevoir une œuvre architecture comme un ensemble de réalisations se faisant échos tout en déclinant des thématiques précises. Afin d’illustrer son propos, Manfredo Tafuri s’appuie notamment sur l’œuvre de l’architecte Andrea Palladio et sur les réalisations de Christopher Wren. Concernant les villas du célèbre architecte de la Renaissance Italienne, Manfredo Tafuri distingue deux qualités récurrentes dans chacun d’entre elles. La première réside dans la singularité de chaque villa en tant qu’édifice à part entière, la seconde est l’appartenance de chacun d’entre eux à un cycle typologique unitaire se traduisant par des thématiques récurrentes. En comparant la morphologie des édifices entre eux, leurs rapport au paysage, on en développe une lecture plus fine qu’en les étudiants séparément. Comme l’affirme Tafuri :

“Chaque architecture voit diminuer sa propre importance au profit d’une série, d’un cycle architectural, d’une conception nouvelle de la valeur des typologies”

Dans ce mémoire, l’accent sera également mis sur la notion de matérialité et plus précisément sur l’emploie du béton armé. En effet ce travail s’inscrit dans la continuation d’une étude menée sur la démocratisation du béton armé réalisée en première année de Master. Une démocratisation étroitement liée aux bureaux d’études de François Hennebique, les mêmes qui interviendront lors de la conception des cinq édifices agricoles. Enfin, ce travail intégrera une dimension patrimoniale en étudiant l’évolution de ces bâtiments singuliers au fil du temps.

Le sujet étudié implique de nombreux enjeux ainsi que plusieurs questions. Que nous donnent-ils à comprendre du territoire et de son histoire ? Quelle provenance pour les bétons ? Comment le matériau a-t-il traversé le temps ? Quelle place occupent ces objets dans l’imaginaire collectif ? S’agit-il d’un patrimoine industriel ou agricole ? Comment cet imaginaire a-t-il évolué ? En quoi les silos sont-ils liés à la modernité française et américaine ? Quel est leur état actuel, sont il encore viable pour accueillir de nouveaux usages ? Autant de questions auxquelles nous essaierons de répondre à travers la problématique suivante.

En quoi la sérialité des silos à grain des bétons armés de la Drôme faitelle patrimoine ? De quelles manières ? Qu’est ce que cette série nous donne à comprendre du territoires et de son histoire ?

Dans un premiers temps nous nous focaliserons sur leur rapport à un territoire ainsi qu’à son histoire. Cette première partie sera l’occasion d’un retour historique sur le contexte de leurs émergences, nous y verrons également l’intérêt de leurs sérialité dans la stratégie territoriale. Dans un second temps nous étudierons le lien qui unit ces édifices à la modernité. Enfin dans une dernière partie nous nous consacrerons à décrire les imaginaires liés à ces objets architecturaux d’exception.

Manfredo Tafuri, 1968, Teoria e storia dell’architettura, Rome, Latterza, p.141-142

Cette étude propose d’étudier un cycle de cinq silos à grains réalisés dans les années 30 sur le territoire Drômois par l’architecte Georges Salomon (voir fiches en annexe). Le choix du cadrage de notre territoire d’étude découle des politiques territoriales et agricoles de l’époque qui étaient appliquées à l’échelle départementale. Le territoire Drômois se caractérise par un caractère fortement rural avec une production céréalière conséquente dans la plaine du Rhône. L’ensemble des édifices de G.Salomon s’implante dans cette vallée du Rhône hormis celui de Crest qui se situe dans le val de Drôme à mis chemin entre le Rhône et le Vercors.

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Sommaire Plusieurs outils seront mobilisés dans le cadre de ce travail de mémoire: Le «dépouillement» systématique de revus archivées De par un travail de recherche préalable sur la revue Le Béton Armé, il est apparu que le société Hennebique était étroitement liée à la réalisation de ces silos. Ce nouveau travail de dépouillement permettra de sélectionner des donnés cette fois accès autour des silos.

La recherche d’archive Des documents originaux tels que les plans et élévations du silo de Crest ont été retrouvés dans le cadre de cette analyse. Ces derniers étaient en possession du manutentionnaire en charge du silo qui l’es as récupérer alors que la coopérative projeter de détruire ses archives. Après numérisation, ces derniers ont permis d’en apprendre davantage sur les systèmes constructifs employés ainsi que sur la morphologie initiale de l’édifice. Ces documents ont également servi de support dans le cadre de certains dessins d’analyse.

La cartographie A l’échelle territoriale, la production de carte permet de comprendre et transmettre certains mécanismes associés à l’édification des silos. Elle est un outil nécessaire à la compréhension de la mise en réseau de ces cinq silos Drômois.

La photographie La prise de photographie permet de distinguer des éléments de détail ou des qualités architecturales. Cet outil a été notamment mobilisé en complément du relevé à la main lors de la visite du silo de Crest. Dans un second temps l’outil a été mobilisé dans le cadre d’une analyse du travail de Hilla et Bernd Bescher Le redessin Mobilisé à toutes les échelles, le redessin permet d’extraire certaines informations et comprendre certaines logiques. Comprendre des systèmes constructifs, faire valoir un rapport au paysage, autant de potentiels liés à cet outil d’analyse.

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Remerciements Page 5 Avant-Propos Page 7 Introduction Page 8 l- Des édifices évocateurs d’un territoire et de son histoire

Un territoire lié à l’agriculture Page 14 Un territoire rural en crise Page 16 Une stratégie bâtie à partir de la géographie Page 19 Une logistique multimodale Page 21

ll- Les silos et la modernité architecturale

Un outil révolutionnaire pour l’agriculture Page 26 Vers une architecture Page 32 Une esthétique reprenant les carcans modernistes Page 37 Une architecture guidée par une fonction Page 38 Les bétons aux services de l’efficience Page 40 Le silo de Crest, des bétons et des briques Page 44 Une matérialité territoriale Page 48

lll- Des édifices porteurs d’imaginaires forts

Une série de marqueurs physique contribuant à l’imaginaire territorial Page 52 Les cycles typologiques Page 56 La place du silo dans la production artistique Page 58 Les silos à grains, symptôme d’une terre de solidarité Page 64

Conclusion Page 66 Bibliographie Page 68 Annexe Page 70

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l- Des édifices évocateurs d’un territoire et de son histoire

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ETUDE GÉOLOGIQUE DES SOLS DE LA VALLÉE DU RHÔNE Ville avec silo La G

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Ville

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Sol alluvionaire Rivière Fleuve

Saint-Valliers Un territoire lié à l’agriculture

Romans sur Isère

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Valence

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Die Crest

1-Robert Xuéref, 1987, Deux siècles d’histoire des associations agricoles en terre Drômoise, Valence, p.15

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Chabeuil

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Situé au Sud de la région Rhône-Alpes, le département de la Drôme se caractérise par une diversité géographique unique. Composé du massif du Vercors à l’Est, de la Drôme des collines au Nord, de la Drôme provençale au Sud, de la plaine Valentinoise, du Diois et de la vallée de la Drôme, le département dispose de nombreux potentiels pour l’agriculture. Notre terrain d’étude s’étend sur trois de ses entités géographiques : La vallée de la Drôme, la plaine Valentinoise et la Drôme des collines. Limité à l’Ouest par le Rhône, il dispose de certaines caractéristiques propres aux territoires liés à ce fleuve. Avec un sol riche en alluvions et en sédiments (voir fig1), la plaine de Valence ainsi que les vallées de l’Isère et de la Drôme disposent de prédispositions géographiques pour la pratique de l’agriculture.

Au-delà de la qualité du sol, l’affluence massive d’eau par le biais du Rhône mais aussi des deux rivières permet d’irriguer les cultures drômoises.

Concernant l’apparition de l’agriculture sur le territoire, cette dernière remonterait à plus de IV millénaire avant notre ère. Selon le centre d’archéologie préhistorique de Valence1, la drôme fut une des premières zones géographiques à accueillir ceux que l’on appela les Chasséens. Derrière ce nom se cachent les premières sociétés à associer agriculture et élevage. Premier département agricole de la région Auvergne-Rhône-Alpes, la Drôme poursuit son histoire avec l’agriculture et contribue même à son développement à travers la filière biologique. La culture céréalière continue d’occuper une place conséquente sur le territoire (voir fig2). Dans le cas de notre étude nous nous intéresserons davantage à une période de son histoire, une période qui s’étend de 1929 à 1936.

La Drô me

Fig 1. Carte sur la géologie du terrain d’étude réalisé à partir des données du BRGM, http:// infoterre.brgm.fr/page/ cartes-geologiques

Montélimar

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10km

20km

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UN TERRITOIRE LIÉ À L’AGRICULTURE

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Ville avec silo

Un territoire rural en crise

Ville

A la sortie de la première guerre mondiale, le secteur du blé se porte particulièrement bien avec un prix record de 302,50F du quintal en 19202.

L’année 1921 marque la fin de cette prospérité avec une série de crises qui entraîne des grandes fluctuations du cours du grain. La France étant à l’époque une grande importatrice de blé, elle est impactée par le cours mondial du blé qui est fixé par la bourse de Chicago². Lorsque survient le krach de 1929 l’économie américaine est lourdement impactée et notamment le cours du blé. Côté a 320F le quintal à la sortie de la guerre le prix du blé s’effondre pour atteindre en 1935 seulement 20F le quintal².

En France les productions excédentaires du début des années 30 couplé à l’importation de la production coloniale entraîne également un effondrement des cours jusqu’à atteindre les 50F le quintal.

Champ Rivière Fleuve

Saint-Valliers

Romans sur Isère

“ Par ailleurs, nous recevons d’Afrique du nord, d’Algérie et Tunisie, des blés qui entrent librement en France et qui nous mettent dans une position excédentaire, et nous ne sommes pas maîtres de la situation du marché du blé”

I s è re

Face à l’ampleur de la crise l’état Français réagit et met en place de nombreuses mesures pour pallier cette crise. Parmi ces mesures on retrouve la limitation de la production mais surtout une réorganisation de la vente par le biais du stockage. Afin de mettre en place le regroupement des productions et leur stockage, des coopératives se mettent en place sur le territoire Drômois. Ainsi le 3 mars 1930 voit la création de la société coopérative des producteurs de céréales de la Galaure et région environnante à St-Vallier. En 1931 se forme la société coopérative agricole de la région de Romans. L’année suivante, c’est la société coopérative agricole des producteurs de céréales de Valence et région avoisinante qui voit le jour.

Enfin la société coopérative agricole des producteurs de céréales de Crest et région environnantes voit le jour en 1934. Chacune de ces nouvelles coopératives se dotent de silo à grain, ceux que nous étudions dans ce mémoire. En somme, ces mesures permettent de retrouver un cour national du grain plus stable autour de 75F le quintal.

Chabeuil

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Le R

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Valence

Robert Xuéref, 1987, Deux siècles d’histoire des associations agricoles en terre Drômoise, Valence, p170

Die Crest

2-Robert Xuéref, 1987, Deux siècles d’histoire des associations agricoles en terre Drômoise, Valence, p168

La Drô me

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Montélimar

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Fig 2. Carte de l’emprise de l’activité agricole sur le territoire, réalisée a partir d’une image satellite

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UNE IMPLANTATION LIÉE AUX ENJEUX LOGISTIQUES Ville avec silo La G

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Ville

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Ligne PLM Ligne départementale Rivière

Saint-Valliers

Une stratégie bâtie à partir de la géographie

Fleuve

Comme nous l’avons vu précédemment, l’État décide de mener une nouvelle politique avec la mise en place de coopératives. Cette politique implique l’implantation de silo à grain moderne permettant le stockage des productions des nombreux exploitants agricoles du département. Plusieurs questions se posent alors. Quel type de silo sont souhaitables pour le territoire drômois ? Qui est en mesure de les concevoir ? Comment sont-il déployés sur le territoire ? Ce mémoire propose à partir d’une analyse cartographique de décrypter les stratégies derrière l’implantation des cinq silos de Georges Salomon à Saint-Valliers, Saint-Paul-lès-Romans, Valence, Chabeuil et Crest. Deux enjeux semblent avoir largement impactés ce choix, deux dimensions étroitement liées puisqu’il s’agit de la logistique et de la géographie.

Romans sur Isère

I s è re

En effet, parmi les données géographiques, la topographie tient un rôle majeur dans le tracé des lignes de chemin de fer. Le dénivelé faible et régulier des cœurs de vallées permet l’implantation d’infrastructures ferroviaires tout en limitant les coûts liés à leurs constructions. Au-delà de la topographie, les vallées sont également liées à l’agriculture grâce aux sols fertiles et irrigables par le biais des fleuves et rivières qui les traversent.

Cette donnée permet de mieux comprendre la répartition territoriale des silos à grain de Georges Salomon. Ainsi le silo de Saint-Vallier permet de stocker la production céréalière de la vallée de la Galaure, le silo de SaintPaul lès-Romans reprend une part de la production Iséroise, le silo de Crest sert quant à lui la vallée de la Drôme. Concernant le silo de Chabeuil il permet d’emmagasiner une part de la production de la vaste plaine Valentinoise elle même bordée par le Rhône. Une autre part de cette production revient elle-même au silo de Valence dont le rôle est probablement davantage lié aux enjeux logistiques que géographiques.

Chabeuil

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Valence

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Fig 3. Carte du chemin de fer, réalisée a partir des plans des réseaux d’intérêt local de la Drôme et du Vaucluse en 1928

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Monts d’Ardèche Le Rhône

Plaine Valentinoise

Silo de Valence

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Silo de Chabeuil

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Coupe territoriale sur les silos de Valence et Chabeuil

Une stratégie logistique multimodale

Contreforts du Vercors

Vallée de la Drôme

Massif de Saou

Silo de Crest

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Drôme des colines

Coupe territoriale sur le silo de Crest

Vallée de l’Isère

Concernant cette dimension logistique, un rappel historique semble indispensable. En 1930 le transport routier est très peux développer et les marchandises sont acheminées essentiellement par train. Des camions mais également des bateaux assurent une part du fret dans une moindre mesure. Lorsque l’on observe le réseau ferré de 1928 (voir fig7) certaines logiques semblent se dégager à l’échelle territoriale. En effet les cinq silos sont reliés par le réseau de la compagnie des chemins de fer de la Drôme. Le silo de Saint-Vallier permet de faire la jonction entre une ligne régionale qui s’étend jusqu’à Grand Serre et une ligne plus conséquente du réseau Paris Lyon Méditerranée. Il permet également d’acheminer le grain jusqu’au Rhône (voir fig8, fig9), fleuve navigable sur lequel transite quelques bateaux à vapeur bien que l’essentiel du marché de la logistique revienne au chemin de fer. Le Silo de Saint-Paul-Lès-Romans quand à lui se trouve à la jonction de la ligne départementale qui s’étend le long de l’Isère de Tain-L’Hermitage à Pont-en-Royans et d’une autre ligne qui s’étend jusqu’à Crest en passant par Valence et Chabeuil. Le Silo de Crest qui se trouve donc au bout de cette même ligne départementale fait la jonction avec la ligne qui longe la vallée de la Drôme de Livron jusqu’au haut Diois.

Royan-Vercors

Silo de St-Paul-Lès-Romans

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5km

Coupe territoriale sur le silo de St-Paul-Lès-Romans

Fig 4. Série de coupe territoriale réalisées à partir des données topographiques du site géoportail.fr 20

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SAINT-VALLIER UN PÔLE LOGISTIQUE Port de Saint-Vallier

Gare de Saint-Vallier

Ville Infrastructure Rivière Fleuve

Ligne v e

Gare

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Port fluvial Silo à grain

Silo de Saint-Vallier

500m

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Ligne départementale

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Ligne PLM

Fig 5. Carte logistique de Saint Vallier Carté réalisé à partir des photographies aériennes de 1950, https://remonterletemps.ign.fr/

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Fig 6. Carte postale des Quais de Saint-Vallier Source: http://www.rvd.free.fr/lechemindeferdepartementaldeladrome_leslignes_stvallier_legrandserre_photosstvallier.htm

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ll- Les silos et la modernité architecturale

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Un outil révolutionnaire pour l’agriculture Entre le grenier à grain et le silo moderne de Georges Salomon nombreuses furent les innovations. Dans un premier temps c’est en Amérique que les plus grandes avancées voient le jour à commencer par l’élévateur à grain de Joseph Dart et Robert Dundar en 1842 à Buffalo3. En 1830 la ville doit faire face à l’afflux massif de céréales des états d’Ilinoa et du Michigan. Des problèmes de congestions commencent à se faire ressentir sur les quais. Pour pallier la situation les deux ingénieurs mettent en place un système de tapis roulant mécanisés fonctionnant grâce à la vapeur.

Ces tapis entraînent des sceaux qui récupèrent le grain directement dans les cales des bateaux et le transportent dans des édifices de stockage. Ce sont les premiers silo à grains (voir fig7,fig8), ils sont alors construits en bois et par conséquent très vulnérables aux risques d’incendies, c’est d’ailleurs le feu qui détruira le premier élévateur à grain en 1860. Il faudra attendre 1866 pour voir le premier silo en acier construit aux Etats-Unis, cette fois à Philadelphie. Le premier silo américain en béton armé de taille conséquente apparaît en 1899 à Minnéapolis, il est surnommé «Peavey’s Folly” en hommage à ses dimensions étonnantes et à son commanditaire (voir fig9). Si il semble avoir la primeur en tant que silo cylindrique coulé en place, il n’est pas le premier silo en béton armé de l’histoire. En effet, près d’une dizaine d’années auparavant s’était édifié dans la ville de Brăila en Roumanie, un premier silo en béton armé remarquable (voir fig10).

Ce projet d’envergure internationale fait intervenir des entreprises allemandes, hollandaises et françaises. Parmi ces entreprises, on retrouve le bureau d’étude de François Hennebique, le même qui interviendra sur les silos Drômois dans les années 30. Le silo de Brăila emploie la technique du béton préfabriqué contrairement au silo de Haglin et Peavey qui est coulé en place4.

Fig 7. Croquis d’élévateur à grains du 19e siècle - Buffalo, New York.

National Park Service - Library of Congress - File:Buffalo Grain Elevators, Buffalo, Erie County, NY 3- https://en.wikipedia.org/wiki/Dart%27s_Elevator 4- Ruth J.Heffefinger, 1960, Experiment in concrete A Pioneer Venture in Grain Storage, Minnesota, Minnesota Historical Society

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Fig 8. Photographie du silo Bennet, 1912.

Source: The Picture Book of Earlier Buffalo, Frank H. Severance, ed. Buffalo Historical Society Publications, Vol. 16, 1912, p. 38

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Fig 9. Photographie du silo de Peavey et Haglin Source: http://slphistory.org/peavyhaglinelevator/

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Fig 10. Photographie du premier silo à grain en béton armé, Braila, Roumanie, 1891 Source: http://www.worldrecordacademy.org/architecture/worlds-first-concrete-grain-silo-braila

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Vers une architecture Paru en 1923, Vers une architecture est l’un des ouvrages théoriques majeurs du XXième siècle. Dans ce dernier, Charles Edouard Jeanneret dit Le Corbusier nous livre sa vision moderne de l’architecture. Après une première ouverture sur l’esthétique de l’ingénieur, Le Corbusier développe une séquence intitulée «trois rappels à messieurs les architectes». Elle est donc divisée en trois chapitres : le volume, la surface, le plan. Lorsque l’on évoque les silos à grains, il est impossible de ne pas s’intéresser au chapitre consacré aux volumes qui développe l’intérêt architectural de ces édifices si particuliers. Ce dernier s’ouvre sur le postulat suivant:

“Nos yeux sont faits pour voir les formes sous la lumière. Les formes primaires sont les belles formes parce qu’elles se lisent clairement. Les architectes d’aujourd’hui ne réalisent plus les formes simples. Opérant par le calcul, les ingénieurs usent des formes géométriques, satisfaisant nos yeux par la géométrie et notre esprit par la mathématique ; leurs œuvres sont sur le chemin du grand art.”

Le Corbusier, 1923, Vers une architecture, Paris, Flammarion,p.13

Ce premier postulat vient faire la transition entre un premier propos sur l’esthétique des ingénieurs et donc cette notion de forme, deux enjeux étroitement liés. En effet dans un premier temps Le Corbusier fait l’éloge de l’ingénieur qu’il considère comme un sachant capable “de faire tenir, de chauffer, de ventiler, d’éclairer” et dont la méthode calculatoire et synonyme d’un “état d’esprit pur” qui lui même suscite le bon goût. Une question peut se poser alors, quelle est cette production dont Le Corbusier vend l’esthétique ? La réponse se trouve plus loin dans l’ouvrage, au moment où il développe sa théorie à partir de l’exemple du paquebot. Pour Le Corbusier tous les objets de la vie moderne allant du stylo, au paquebot sans oublier les silos sont des machines dédiées à une fonction spécifique et dont les logiques conceptuelles font la beauté. Cette notion de machine est centrale dans la théorie de Le Corbusier puisqu’elle désigne les objets dont la forme découle de la fonction tel que les silos : “Il s’agit pour l’essentiel, une fois les conditions de préservation garanties par l’enveloppe et ses matériaux propres, de remplissage, de vidage et de quelques opérations annexes : pesage, triage, nettoyage du grain. A ce titre, le silo se rapproche de la catégorie des machines en plein air”

Derrière chaque silo construit dans les années 30 et même auparavant se trouvent des bureaux d’études employant des ingénieurs. Dans le cadre des silos Drômois, c’est la société Hennebique qui assure la conception de tout l’aspect structurel du silo en déterminant lors d’étude d’avant projet la quantité de béton nécessaire, sa chimie ainsi que sa mise en œuvre.

Dans le revu Le Béton Armé produite par la société Hennebique nous en apprenons davantage sur les méthodes employées par le bureau d’étude.

On y découvre une approche très calculatoire de la conception au service d’une volonté étroitement liée aux enjeux économiques : “Lorsqu’un problème de ce genre se présente, il convient d’envisager la question sous toutes ses faces et ne pas perdre de vue le rôle important qu’y joue la réduction plus ou moins grande des frais d’entretien et de manutention, des primes d’assurance, etc. ; or, le béton armé répond victorieusement à toutes ces considérations, et il importe d’ajouter, à l’actif de ce procédé de construction, que c’est certainement celui qui réduit au minimum les dépenses de fondations” Le béton armé n°150, Novembre 1910, p.1 Cette logique purement fonctionnelle aboutit à une architecture d’ingénieur ou la performance des formes incombe davantage que toute notion esthétique. Ainsi les ingénieurs s’orientent vers de grands volumes simples aux capacités de stockage optimisées tel que les cellules cylindriques, rectangulaires ou octogonales. Ces mêmes formes dont la pureté sous la lumière font la qualité dans la vision de Le Corbusier.

“Si l’on considère, par exemple, un groupe de réservoirs ou de silos juxtaposés, il sera tout naturel de les constituer au moyen de cloisons cylindriques tangentes les unes aux autres, ou mieux de cloisons planes dessinant une série d’alvéoles hexagonales ou rectangulaires ne laissant entre elles aucun espace inutilisé.”

Le béton armé n°150, Novembre 1910, p.1

Louis BERGERON, 1996, Les États-Unis, berceau de l’architecture des silos à céréales, L’Archéologie industrielle en France n° 28

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En somme il est intéressant de noter l’importance des ces édifices dans le développement de la pensée de Le Corbusier. Bien que celle-ci soit fondée sur des postulats qui lui sont propres, les silos ont contribué à l’émergence de la pensée moderne Française mais également internationale. Si Le Corbusier s’est largement approprié les photos de silo en les retouchant afin d’en retirer tous les éléments décoratifs, il n’en est pas pour autant l’auteur.

Ces photos sont issues de la collection de Walter Gropius5, fondateur de l’école Bahaus est précurseur du mouvement moderne (voir fig11). Cette image du silo américain a profondément marqué son époque tant elle fut reproduite et médiatisée à travers les ouvrages théoriques d’architecture ainsi que les revues spécialisées tel que l’Esprit Nouveau dans laquelle Le Corbusier publia pour la première fois cette image. L’omniprésence de ces photos nous témoignent de l’importance du silo dans la construction de la pensée moderne mais aussi du médium qui l’a mis en valeur, la photographie.

Fig 11. Vers une architecture, Le Corbusier 1923, p12

5- source:Le béton en représentation - La mémoire photographique de l’entreprise Hennebique 1890-1930, p77),

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Une esthétique reprenant les carcans modernistes

Au-delà de leurs formes pures et de leurs modes de conception, les silos présentent l’ensemble des caractéristiques concrètes de l’architecture moderne. Pour cette analyse on se propose de s’appuyer sur les cinq points de l’architecture moderne définit par Le Corbusier en 1927. Prenons le cas du silo de Crest (voir fig12), les cellules de stockage reposent sur des pilotis laissant ainsi le rez -de -chaussée libre bien que celui-ci ne soit pas ouvert sur l’extérieur pour des raisons évidentes de conservation du grain. Par ailleurs, il est intéressant de noter que le terme de “cellule” est le même employé par Le Corbusier pour qualifier ses logements. Les toitures terasses au-dessus des différentes composantes du silo répondent également à l’un des piliers de la modernité corbuséenne. La structure en poteau dalles particulièrement bien lisible sur les documents d’archives cicontre permet de dégager des plans libres aménager selon les usages spécifiques de chaque partie. Cette structure reprenant la plupart des charges elle permet la mise en place de nombreuses fenêtres bandeau selon un plan libre particulièrement lisible sur l’élévation Est du silo. Ce plan libre se retrouve également en façade avec cette immense fentes vitrée dont la finesse évoque l’élévation comme le souligne Hélène Vésian dans un article dédié.

“Sur la façade sud de la tour, deux verticales de béton en ressaut, désaxées, créent une sorte de faille dynamique qui accentue l’impression d’élévation vers le ciel.”

Hélène Vesian, L’Archéologie industrielle en France n° 28, 1996, p.28 En sommes le silo de Crest est sans doute le premier bâtiment à représenter la modernité dans ce milieu rural particulier. Il est intéressant de noter la présence d’un petit ensemble moderne de piètre qualité a proximité du silo créant un rapport de filiation entre la modernité originale et ses dérives plus tardives.

Fig 12. Photo appartenant au fond Le Corbusier de Paris

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Une architecture guidée par une fonction Comme nous l’avons vu précédemment, les techniques de stockage de grain ont largement évoluées au fil du temps. Pourtant du grenier à grain traditionnel au silo moderne il ne s’est écoulé que très peu de temps, une seule étape ; l’industrialisation. Comment une machine peut-elle remplacer une tâche jusque-là si fastidieuse et nécessitant énormément de main d’œuvre ? C’est ce que l’on propose d’expliquer à travers la description technique du silo de Crest à partir des plans originaux de l’édifice.

Paradoxalement le stockage de manière statique du grain implique énormément de mouvement. Que ce soit pour l’élever jusqu’à la cellule de stockage, pour stopper les réactions chimiques ou encore l’expédier vers un camion, le grain est amené à bouger perpétuellement. On se propose de détailler chacune des étapes de la vie du grain de sa livraison jusqu’à son expédition. Dans un premier temps l’agriculteur achemine son grain dans une remorque jusqu’au quai abrité par un grand auvent en béton armé, il décharge dans une trémie le fruit de son labeur. Le grain est directement acheminé par gravité vers le premier dispositif mécanisé du silo, l’élévateur à godets (voir fig13). Il permet ainsi une première élévation de la matière avant de la refaire descendre par la gravité à travers un système de nettoyage/triage mécanisé. Ce dernier permet d’obtenir un grain parfaitement propre permettant de rassembler dans les cellules de stockages les productions des différents agriculteurs membres de la coopérative. Ce procédé est également gage d’une certaine qualité pour les futurs acquéreurs de la ressource. Après cette étape, le grain connaît une nouvelle ascension par le biais d’un élévateur à godet qui le mène cette fois vers un système de déplacement horizontal. Il s’agit d’une large courroie mécanisée qui permet d’acheminer le grain vers les immenses cellules de stockage en béton. Une fois le silo rempli, il faut veiller à préserver le grain dans les meilleures conditions en maintenant sa température et son humidité. En effet, en étant stockés de manière statique, le grain a tendance à fermenter et donc chauffer ce qui accélère le processus de fermentation. Pour y couper court il suffit de remettre en mouvement le grain. C’est encore une fois la gravité qui permet d’acheminer le grain vers un nouveau transporteur à courroie qui réachemine lui-même le grain vers l’élévateur à godet et donc les cellules de stockage. Cette boucle permet ainsi de maintenir le grain dans les meilleures conditions dans la durée. Enfin vient l’ultime étape, l’expédition du grain. Le grain est à nouveau versé par gravité avant d’emprunter à nouveau l’élévateur avant d’être cette fois stocké dans deux cellules plus hautes dédiées à l’exportation. Elles sont ensuite déversées par gravité directement dans les remorques des clients et cela grâce aux positionnements plus en hauteur de ces cellules spécifiques à l’exportation.

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Schéma technique du Silo à grain de Crest

Transporteur à courois Elevateur à godet Sens de circulation du grain Grain

1

1

2

2

2

2

2

2

Trieuse/Nettoyeuse

1

Cellule pour expedition

2

Cellule de stockage

0

2

5

10m

Fig 13. Schéma fonctionnel du silo de Crest réalisé à partir des coupes originales de G.Salomon

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Les bétons aux services de l’efficience Bien qu’ils soient ingénieux, les procédés développés dans la partie précédente n’ont d’intérêt que par la présence des immenses cellules de stockages permettant d’accueillir d’énormes volumes de céréales. Ces dernières sont permises par un nouveau matériau aux performances inédites, le béton armé. De par ses propriétés mécaniques exceptionnelles l’emploie du béton armé permet de dégager des espaces complètement libres et sur de grandes hauteurs. Plus que ces grands volumes, le béton armé assume également la pression exercée par le poids du grain une fois la cellule remplie. On remarque par ailleurs sur les coupes de Georges Salomon que la quantité de matière employé en partie basse de la cellule est plus conséquente, sans doute pour assumer la pression plus forte du contenant à cet endroit précis. Si l’on se fie à ces documents, l’épaisseur de la paroi de la cellule varie de 50cm en partie basse à seulement 20 cm en partie haute là où la pression est faible voire nulle. Une question se pose alors: ces choix de mise en œuvre sont-ils imputables à l’architecte Georges Salomon ou aux ingénieurs de la société Hennebique intervenus dans la conception des parties en béton armé ? Il est fort probable que les décennies d’expérience de la société aient largement contribué à ces choix bien que l’architecte eut l’habitude de collaborer avec l’entreprise bien avant la réalisation de cet édifice. Outre les performances mécaniques du béton armé, il est intéressant de noter les différences de finition au sein même de l’édifice et d’en comprendre les logiques. On se propose de classer ces bétons en trois catégories distinctes, le béton du passant, le béton de l’ouvrier et enfin le béton du grain.

Fig 14. Le béton du passant, photographie Lucas Lafont

Le béton du passant (voir fig14) n’en n’est pas réellement puisque qu’il se cache derrière une couche d’enduit elle-même peinte. Ainsi le passant ne lit en façade que l’aspect lisse et coloré conférant au silo des allures de monolithe géant. Il dissimule également les principes constructifs qui se cachent derrière la construction du silo. En effet, il est impossible depuis l’extérieur de lire la structure en béton et les remplissages en brique qui composent la majeure partie des éléments du silo hormis les cellules qui sont faites uniquement de béton armé. Au delà des enjeux esthétiques rendu indéniable par l’usage de couleur en façade, les enduits permettent également de préserver d’avantage les bétons armée de l’eau et ainsi d’améliorer leur étanchéité.

Bien que plus compliqué à observer puisqu’en intérieur, le béton armé de l’ouvrier se dévoile plus volontiers à celui qui l’observe. Il est nommé ainsi puisque seul le personnel du silo est amené à le côtoyer. Sculpté par les banches de bois qui composaient le coffrage, il nous en raconte davantage quant à sa mise en œuvre (voir fig15). L’absence de coulure au niveau des joints entre les banches ainsi que l’orientation systématique du bois témoignent d’une certaine finesse d’exécution. Bien que cette mise en œuvre confère de grandes qualités esthétiques à ce béton, il est fort probable que ce soit l’argument économique qui soit à l’origine de la préservation de la surface brute de décoffrage. Il est tout de même intéressant de noter que le béton armé est employé dans ces parties de manière relativement analogue au bois avec des assemblages poteaux poutres et du remplissage en brique entre les éléments structurels. Il n’est pas à exclure que le maintient du motif des banches en bois s’inscrive dans le cadre de cette analogie.

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Fig 15. Le béton de l’ouvrier, photographie Lucas Lafont 41

Enfin le béton armé du grain est sans doute le plus secret des trois puisque très difficile d’accès. Cependant une photographie prise à l’occasion d’une visite (voir fig16) et grâce à l’aide du technicien responsable du silo nous permet d’en apprendre un peu plus sur ce mystérieux béton. A la lumière de la lampe on distingue très clairement un calepinage plutôt resserré sur les parois intérieures de la cellule de stockage. Ce calepinage se lit en grande partie grâce aux joints apparents entre les banches donnant à penser qu’ici également le béton est brut de décoffrage. Par ailleurs la surface du béton ici semble relativement lisse et n’imprime en aucun cas la texture bois évoquée précédemment. Comment expliquer alors cette différence de mise en œuvre. Premièrement, dans le cas de la cellule de stockage, le béton est très fortement sollicité au niveau mécanique au vu de la poussée du grain qu’il détient en son sein. Comme dit précédemment cette poussée induit dans la conception des épaisseurs de béton assez conséquentes, de l’ordre de 50cm si l’on se fie aux coupes de Georges Salomon. Il est probable que ces épaisseurs soient à l’origine de l’emploie d’une mise en œuvre différenciée. En effet il est probable que les banchages en bois ne soient pas en mesure d’assumer la pression exercée par le poids du béton fraîchement coulé. Il est donc probable que ces pressions aient amenées à l’emploie de ce coffrage métallique plus performant. En outre on observe à travers les joints horizontaux le découpage des nombreuses strates qui sont autant d’étapes de coulage, à la manière du premier silo américain : “Round forms braced with steel hoops were built, and concrete poured into them. As the concrete dried, the forms were pulled up, braced, and another layer poured; it was like building a giant layer cake.”

Ruth J.Heffefinger, 1960, Experiment in concrete A Pioneer Venture in Grain Storage, Minnesota, Minnesota Historical Society,p.15

La forme complexe des cellules implique un coffrage relativement coûteux et donc a favorisé l’emploie de banches métalliques réutilisables. D’autre part ces dernières confèrent un aspect particulièrement lisse à la surface du béton contrairement au bois dont les aspérités se lisent sur le béton une fois décoffré. Cette caractéristique de finition était sans doute souhaitable pour favoriser d’une part l’écoulement du grain dans la cellule et d’autre part pour en assurer l’étanchéité. Enfin un dernier détail nous pose question concernant le béton du grain. Sur la figure ci-dessous apparaît une différenciation de finition entre la partie basse du silo et la partie supérieure. On retrouve en partie basse un aspect brillant sur la surface du béton alors qu’en partie haute la surface est d’avantage mat. Il est probable que cette différence soit imputable à l’usage du silo et notamment à l’écoulement du grain sur la paroi du béton. La partie basse étant soumise au passage de l’ensemble du grain du silo, cette dernière est probablement polie par près de 90 années de bons et loyaux services. Si c’est le cas, cette patine nous témoigne de l’histoire de l’édifice et il paraît pertinent de lui accorder un intérêt.

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Fig 16. Le béton du grain photographie Lucas Lafont

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Le silo de Crest, des bétons et des briques

Construit en 1934, le silo à grain de Crest est le dernier des silos Drômois de Georges Salomon à voir le jour (voir photo en annexe). Comme nous l’avons vu précédemment il est constitué de différents bétons proposant eux même différentes caractéristiques. Cependant ces bétons ont tous un trait commun, ils sont coulés en place. Cette caractéristique, il ne la partage pas avec les quatre autres silo Drômois qui semblent employer des éléments en béton armé préfabriqué. Outre les différences concernant les bétons armés, le silo de Crest propose également une autre originalité, sa structure en ossature. Comme nous pouvons l’observer (voir fig17,18,19) le silo de Crest propose une tram de poteau/poutre complété par des cloisons en brique. Cette différenciation constructive est majeure avec les silos quatre autres silo préfabriqués qui eux emploie de manière quasiment exclusive du béton armé. Comment expliquer alors cette différenciation constructive ?

Pour y répondre il est intéressant de questionner l’emploie du remplissage en brique qui à priori sur le plan structurel ne procure pas de plus valus (au sens mécanique). En revanche, les affleurements dus au temps (voir fig20) nous laisse entrevoir une caractéristique notable dans les briques elles-mêmes, elles sont alvéolaires. Ce détail nous procure une piste intéressante pour expliquer l’emploie de ces briques, la piste de la thermique. En effet la fonction première de ces alvéoles est de contenir des fines couches d’air qui contribue grandement à améliorer l’isolation thermique de l’édifice. Quelles hypothèses alors peuvent justifier ce gain thermique ?

Comme nous l’avons vu précédemment, le principal risque dans la conservation du grain est la fermentation induite par deux facteurs: l’humidité et la chaleur. A l’évidence les briques n’ont pas une grand incidence sur les cellules en elles-mêmes puisque ces dernières sont intégralement en béton armé et exposées en grande partie à l’air libre. En revanche, le refroidissement du grain se fait par sa circulation hors des cellules et c’est à ce moment-là que les briques ont potentiellement un impact. Que ce soit sous les cellules, dans les élévateurs ou au-dessus des cellules, les parois en briques alvéolaires contribuent sûrement à maintenir une température convenable en été et donc à optimiser le circuit de refroidissement du grain.

Autre hypothèse, les cloisons en briques sont facilement montables et permettent d’organiser l’espace comme on le souhaite, elles sont également facilement modifiables ce qui permet une certaine liberté d’appropriation.

Au vu de la diversité programmatique originale (bureau, magasin, logement) il n’est pas impossible que le confort d’usage ait motivé l’emploie de la brique.

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Fig 17. Plans originaux du silo de Crest de Georges Salomon, 1934

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Fig 18. Coupes originales du silo de Crest de Georges Salomon, 1934

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Fig 19. Élévations originales du silo de Crest de Georges Salomon, 1934

Fig 20. Affleurement de brique alvéolaire sur le silo de Crest, photographie Lucas Lafont

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Les bétons, des matérialités territoriales

Les silos à grain ne sont pas des édifices anodins et leurs constructions sont jalonnés de nombreux enjeux qui ont guidé les choix de conception de l’architecte. Parmi les principales contraintes liées à ce type de programmes se trouve les aspects sanitaires mais aussi quantitatifs de tels dispositifs. Le grain doit être préservé à l’abri de la lumière et l’eau pour en limiter la dégradation. Autre enjeu, les nuisibles qui ont longtemps étaient problématiques dans le conservation de ces ressources précieuses.

Ces contraintes qui nous paraissent désuètes aujourd’hui étaient pourtant de réelles problématiques à l’époque, à travers ses choix de conception, Georges Salomon a su relever le défi qui lui était proposé. En effet, à travers le choix du béton, l’architecte écarte de nombreuses problématiques qui jusque là limitent les possibilités de conservation du blé. Le monolithisme permis par le béton assure une forme d’étanchéité d’une part aux éléments (eau+lumière) et d’autre part aux nuisibles qui ne peuvent accéder à la ressource entreposée. Au-delà des conditions de conservation, le béton armé a également permis une évolution sur l’aspect quantitatif de ce stockage. Les performances structurelles de ce nouveau matériau ont permis d’élever des édifices plus grands et par conséquent plus volumineux. Ce sont ces nouveaux volumes jusque là impossibles qui ont permis le regroupement des productions de plusieurs agriculteurs et d’ainsi permettre la formation de coopérative. Enfin dernier point non négligeable, le béton permet un entretien simple et peu coûteux du bâtiment assurant par conséquent son fonctionnement pour de nombreuses années.

Historiquement, la production du ciment nécessaire à la mise en œuvre du béton armé est davantage attribuée à la région de Grenoble (Saint-Laurent-du-Pont, Voreppe, Saint-Egrève). En effet, c’est en Isère que les principaux cimentiers ont fait leur apparition bien avant la construction des silos de Salomon. Il est compliqué d’affirmer la provenance des ciments employés dans le cadre de ces silos cependant il paraît évident pour des questions de logistique que le choix de la proximité à prévalu sur tout autres paramètres. Bien que les cimentiers Grenoblois ne soient pas très éloignés, à moins de 100km, il est probable que les silos aient utilisé du ciment Drômois (voir fig21). En effet, plusieurs cimenteries jalonnent l’ensemble du territoire Drômois assurant ainsi un approvisionnement en circuit court pour la construction de ces édifices. Dans le cas du silo situé à Crest, il est probable que le ciment soit fournis par la cimenterie d’Auguste Chenu d’Aouste-sur-Sye située à moins de 5Km du site retenu pour le silo. Les autres silos étant situés dans la vallée du Rhône, ce sont certainement les cimenterie de Cruas et Le Teil qui ont fourni le ciment nécessaire à l’édification de ces géants de béton armé.

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Fig 21. Cartographie des cimenteries à proximité du territoire Drômois

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lll- Des édifices porteurs d’imaginaires forts

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Une série de marqueurs physique contribuant à l’imaginaire territorial Dans cette partie, on se propose de développer la place occupée par les silos dans le paysage Drômois. A travers la notion de paysage on se propose donc d’exposer les enjeux esthétiques liés d’une part à ses édifices remarquables et d’autre part à leurs rapport aux qualités esthétiques d’un territoire. Comment définir alors le paysage Drômois ? Comme nous l’avons vu précédemment, le paysage Drômois est particulièrement varié. Entre la plaine Valentinoise, les massifs du Vercors, le climat méditerranéen de la Drôme provençale et le bas relief de la Drôme des collines, il est compliqué de dégager une esthétique simple et unitaire au moment d’évoquer un paysage Drômois. Cependant, les cinq silos ont comme point commun d’être positionnés stratégiquement à proximité des cultures céréalières qui elles-mêmes prennent part généralement dans les plaines irriguées. Ainsi bien que les paysages servant de cadre à l’implantation des cinq ne soient pas exactement les mêmes, ils ont en commun de s’inscrire dans une horizontalité marquée. Matérialisée par les champs à perte de vue, cette horizontalité végétale et donc organique est fortement évolutive au fil du temps et plus particulièrement des saisons.

A présent, développons les caractéristiques esthétiques des silos à grain de Georges Salomon. Tout comme les paysages Drômois sont variés, les silos ont chacun une esthétique propre cependant deux composantes majeures sont communes à l’esthétique de chacun d’entre eux. La première est la verticalité de ces édifices. Étant tous haut de plus de 20 mètres, les silos émergent très largement de l’horizontalité de plaine dans laquelle ils prennent place (voir fig22). Ce rapport au paysage leur confère une forme de monumentalité qui les rend indissociables des paysages ruraux ainsi que de leurs imaginaires. Le second trait commun de leur esthétique est leur monolithisme. Étant tous construits en béton armé préfabriqués hormis celui de Crest, les silos offrent en façade d’immense plan lisse d’aspect minéral. Il également intéressant de noter l’aspect gris initial de ces bétons les préservant en partie des stigmates du temps. En effet le béton gris est peu empreint à marquer les différents symptômes du vieillissement de ce dernier (ce qui par ailleurs conduit à l’absence d’entretien et à des dégradations plus conséquentes/ irréversibles de la matière).

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Fig 22.1. Skyline du silo de Saint-Paul-Lès-Romans

St-Vallier

Fig 22.2. Skyline du silo de Crest

Crest

Fig 22.3. Skyline du silo de Chabeuil

Chabeuil

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En somme si l’on met en exergues l’esthétique de l’édifice et du paysage dans lequel il s’implante, nous obtenons un contraste particulièrement marqué. D’une part la plaine végétale horizontale évoluant au fil des saisons et d’autre part des d’immenses monolithes verticaux, inertes et peu enclin aux stigmates du temps. Ce contraste rend donc ces édifices particulièrement remarquables voire inévitables dans ces paysages ruraux dont ils sont les principaux monuments. Ainsi ces édifices ont une part importante dans l’imaginaire, une place par ailleurs exacerbée par le positionnement des silos vis à vis des flux de circulation.

Leur proximité avec les infrastructures de transports pour des raisons logistiques confère à ces géants de béton un caractère “inévitable” lorsque l’on sillonne les routes départementales ou les chemins de fer (voir fig23). Ils appartiennent d’une part au paysage quotidien des habitants qui croisent régulièrement ces monuments agricoles sur leurs routes. Ils sont les marqueurs de l’histoire de la Drôme, de son passé agricole, de la solidarité d’un peuple face à une crise. D’autre part, ils sont également une composante majeure de l’identité de la Drôme dans le regard de celui qui est de passage. Ces grands repères viennent ponctuer les itinéraires majeurs du département contribuant à l’identité du territoire dans l’œil de celui qui le découvre.

En tant que composante majeure de l’imaginaire et de l’identité des paysages Drômois depuis près d’un siècle, les silos ont une certaine valeur patrimoniale et il paraît intéressant de préserver ces édifices pour leurs esthétiques en plus de leurs valeurs historiques.

Fig 23. Plan des principaux axes routiers sillonant le territoire Drômois

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Des édifices appartenant à un cycle typologique unitaire La conception de l’analyse architecturale par le cycle typologique semble adéquate dans le cadre de notre analyse sur les silos à grain de Georges Salomon. Par soucis de temps et de moyen nous limiterons notre cycles à cinq des huit silos de sa production. Ces aller-retour permettent de faire ressortir les spécificités de chacun dans leur architecture mais également dans leurs rapports au territoire Drômois. Après avoir schématisé les plans de chacun des édifices (voir fig24) nous pouvons faire ressortir des traits communs à chacun d’entre eux contribuant à la mise en place d’un imaginaire commun. Premièrement l’ensemble des édifices s’inscrivent dans une forme de linéarité. On retrouve systématiquement en retrait les cellules de stockages directement accolé à la tour dans laquelle se trouve l’élévateur. Enfin on retrouve des locaux qui accueillent des bureaux ainsi que les magasins, hormis dans le cas de Chabeuil. L’absence de cet élément et la taille des cellules du silo de Chabeuil nous confirme son rôle de complémentarité avec le silo de Valence. En effet contrairement aux quatre autres silo il ne correspond à aucune entité géographique propre si ce n’est la plaine valentinoise elle même déjà desservie par le silo de Valence qui lui est à proximité du Rhône. On suppose donc que le silo de Chabeuil agit en complémentarité avec le silo de Valence qui lui permet d’exporter davantage de grain via la ligne ferroviaire Paris Lyon Méditerranée. On remarque une singularité concernant le silo de Crest, la forme arrondie. Étant chronologiquement le dernier silo construit, il est sans doute le seul à avoir bénéficié des aides de l’Office National Interprofessionnel du Blé. La réalisation de ces formes arrondis nécessitant une mise en œuvre in situ, il est probable que leurs coûts soient bien plus élevés que les cellules rectangulaires en panneau de béton armé préfabriqué. L’hypothèse la plus probable concernant le choix de cette forme et celle de la performance. En effet, l’arrondi permet un meilleur écoulement du grain dû à l’absence d’angle net. Au-delà des enseignements permis par la réalisation de ces plans schématiques nous verrons par la suite l’intérêt de la mise en comparaison des édifices et notamment dans leurs rapport au paysage.

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CREST

CHABEUIL

ST-PAUL-LÈS ROMANS

VALENCE

ST-VALLIER

0

10

20m

Fig 24. Série de plans schématiques des cinq silos à grain Drômois

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La place du silo dans la production artistique L’enjeu de cette partie est de montrer l’intérêt patrimonial des silos à travers une analyse de la production artistique qui elle-même développe certaines qualités esthétiques de ces édifices. Pour se faire on se propose de s’appuyer sur le travail de deux photographes allemands, Hilla et Bernd Becher. En 1957 ils entreprennent une démarche artistique visant à photographier les édifices industriels des 19ième et 20ième siècle en Europe ainsi qu’en Amérique du Nord, avant pour certains, qu’ils soient détruits.

Parmi les édifices industriels documentés par les deux photographes allemands figurent les silos à grain ou à charbon (voir fig25,26). Avant de s’intéresser à la méthodologie on se propose de revenir sur l’intérêt de leurs démarches artistiques à travers la citation suivante: “Nous voulons offrir au public un point de vue, ou plutôt une grammaire, pour comprendre et comparer les différentes structures. Grâce à la photographie, nous essayons d’organiser ces formes et les rendre comparables.

Pour ce faire, les sujets doivent être isolés de leur contexte et libérés de toute association.”

Bernd Becher, Hilla Becher, 2004, Basic Forms of Industrial Building, Schirmer/Mosel

Deux notions paraissent particulièrement intéressantes dans cette déclaration, la comparaison et la forme. La comparaison implique de traiter ces édifices en tant que série et non pas seulement en tant qu’objets uniques.

Cette volonté de comparaison les a guidé vers une production photographique en série. A la manière des cycles typologiques de Manfredo Tafuri, il propose de comparer les édifices similaires entre eux afin d’en faire ressortir les spécificités, et plus particulièrement les spécificités formelles. En effet les deux artistes abordent ces architectures en tant que “sculptures anonymes”6 et choisissent de mettre en exergue les volumes qui les composent. Cette vision formelle du Silo semble rejoindre celle de Le Corbusier qui fait l’éloge de ces “grandes formes primaires”7 et de leurs images sous la lumière. Par ailleurs, il n’est pas étonnant de retrouver certaines caractéristiques similaires entre les photos de silo à grain de Le Corbusier dans l’ouvrage Vers une architecture et le travail des époux Becher. Cette même lumière qui les fascine a une importance toute particulière dans l’approche de Hilla et Bernd qui l’intègre pleinement dans leur méthodologie.

Fig 25.1. Silo Fere Champenoise Fig 25.2. Grain elevator berneval le grand dieppe Fig 25.3. Silo Iansilk

6- Bernd & Hilla Becher,Basic Forms of industrial buildings Shirmer-Mosel, 2004 7- Le Corbusier, 1923, Vers une architecture, Paris, Flammarion, p16,l.14 58

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L’ensemble de leurs photographies ont en commun un détail notable; un ciel unis gris clair voir blanc. Ce détail résulte d’une méthodologie stricte dont l’enjeu est une neutralité favorisant la comparaison objective. Les deux artistes font le choix d’une lumière diffuse qui permet de lire les volumes sans être influencé par les ombres portées qui sont difficilement reproductibles d’une photographie à l’autre. Cette lumière diffuse ils l’obtiennent en photographiant les édifices par temps couvert. Au-delà de la comparaison, cette lumière permet de détacher les édifices de leurs contextes donnant la sensation d’un découpage du contexte. Les formes sont ainsi valorisées. Elles le sont également par l’angle et le cadrage retenu par les deux artistes qui veillent à conserver ses paramètres d’un édifice à l’autre, toujours dans l’optique de permettre leurs comparaisons.

Les édifices sont généralement pris de face, permettant de produire des élévations dont la lecture est relativement simple. Afin de faciliter la lecture des volumes, les artistes complètent les élévations avec des photos de biais toujours selon le même angle, généralement de trois quarts. Enfin l’usage du noir et blanc permet de faire ressortir d’avatange la lumière qui souligne les édifices ainsi que de conserver une certaine neutralité. Il est également intéressant de noter le cadrage particulièrement resserré qui limite fortement l’impact du contexte dans lequel les silos s’implantent. Ils font également le choix de ne photographier aucun homme et éviter ainsi de mettre en scène les bâtiments industriels. Leurs méthodologie “scientifique” permet donc de produire des séries de photographies présentant particulièrement bien les édifices sous leurs aspects formels et d’en faire ressortir la spécificité par la comparaison. Mais au delà d’une certaine esthétique cette démarche si particulière est le fruit d’une volonté spécifique définie dans la citation suivante : “Nous étions persuadés que, d’une manière très particulière, ces constructions étaient des témoins de leur époque, que cette architecture était complètement liée à l’économie, disons à la pensée de l’économie industrielle.

Et puis est arrivé le moment où je me suis rendu compte que ces objets allaient disparaître. Et j’ai pensé qu’il s’agissait d’une architecture qui avait la même importance que celle des sites d’extraction calcaire datant du Moyen-Age qui, eux, nous transmettent la manière de penser d’autrefois.”

Fig 26. Silos à grain, 1986, Hilla et Bernd Becher

Bernd & Hilla Becher, https://www.pepsgroup.be/quotes/HBBecher.html

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Au-delà de la dimension esthétique, les deux artistes nous interrogent sur la dimension temporelle de ces édifices. Étant pour la plupart à l’abandon, leur avenir est bien souvent incertain au regret des artistes qui considère qu’ils sont les marqueurs d’une époque, au même titre que le patrimoine plus ancien. Leur travail met également en évidence le caractère économique à l’origine de la construction de ces édifices. Si l’on s’en tient strictement à cet aspect alors effectivement, ces édifices n’ont plus lieu d’être. Mais ce que les photographies des époux Becher nous montrent, c’est qu’au-delà de leur simple fonctionnalité ces édifices dégagent une esthétique ainsi qu’une histoire qui leur est propre et qui à ce titre justifie leur conservation.

Fig 27. Serie de photo sur les silos de Crest et Chabeuil à la façon des Becher, photographie Lucas Lafont

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Les silos à grains, symptôme d’une terre de solidarité Encore particulièrement présentes sous le regroupement intitulé “Drômoise de céréales”, les coopératives agricoles Drômoises continuent d’écrire une histoire entamé il y a déjà plus d’un siècle. Bien que des prémices aient vu le jour en Savoie dès le début du XIXe siècle, il aura fallu attendre la loi du 21 mars 1884 pour que les coopératives agricoles soient reconnues légalement sous la forme syndicale. Les premières structures pionnières voient alors le jour. Ces dernières apparaissent dans un premier temps dans la quart Sud Est de le France et plus précisément dans le département de la Drôme.

“Au lendemain de la loi de 1884, le syndicalisme agricole débute dans le Sud-Est sous l’impulsion de grands propriétaires souvent nobles. Les premières initiatives partent du département de la Drôme où, dès le Second Empire, la Société d’Agriculture de Valence avait fait preuve d’une grande activité.”

Sceau Richard, 1972, La coopération dans la région Rhône-Alpes in Revue de géographie de Lyon, vol.47, n°3

Après ceux Valence ce sont les agriculteurs du Diois qui se regroupent également en coopératives puis vient le tour des départements voisins, l’Isère, la Loire ou encore Le Rhône. Les syndicats assument alors plusieurs responsabilités allant de la négociation avec les fournisseurs de produits nécessaires à l’activité agricole (engrais) à la mise en place de caisse de crédit ou encore de mutuelles d’assurance. Cependant on note que les syndicats ne parviennent pas à mutualiser la vente et ce en partie à cause de l’individualisme persistant des différents producteurs. Comme nous l’avons vu précédemment, l’effondrement des cours céréaliers suite à la crise de 1929 et la mise en place en 1936 de l’Office Nationale Interprofessionnel du Blé par le gouvernement de Léon Blum poussent les agriculteurs à se tourner vers la mutualisation puis la vente des productions.

Cependant il est intéressant de noter que dans la Drôme la mise en place des silos de stockage est antérieure à la mise en place de l’O.N.IB. Les premiers silos étant construits dès 1932 à St-Paul-lès-Romans, Saint-Valliers et Valence en 1933 à Chabeuil, et un an plus tard à Crest. Comment expliquer alors la présence antérieure de ces édifices dans le département ? Les coopératives céréalières Drômoises ont émergées dès la fin des années 20 et donc à l’aube du grand krach de 1929. Présente en nombre et revendiquant des politiques différenciées, les coopératives agricoles se font peu à peu une concurrence qui nuit à leurs intérêts économiques et mettent en péril l’existence de certaines d’entre elles.

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Face à cette situation le Directeur des Services Agricoles de la Drôme évoque la mise en place d’une coopération “au second degré” visant à fédérer les différentes coopératives dans la construction d’une stratégie commune. Parmi les enjeux communs, le stockage du blé pour en échelonner la vente. Deux visions s’opposent quant à la réponse à cet enjeux crucial, d’une part celle de l’Union des Producteurs de Céréales de la Vallée de la Drôme fondée à Crest en 1929 et d’autre part la Société des agriculteurs de la Drôme8. Là où l’UPCVD s’oppose à la création de silo coopératif au profit de magasins loués, la SAD quant à elle encourage les démarches de construction de silo et appuie notamment la construction du silo de Saint-Paul lès Romans. En outre, la SAD contribue également à la création de cinq associations de producteurs, celle de la Valloire et de la Galaure, de Montélimar, de la région Valence, du Diois et de la région de Crest entre 1930 et 1934. L’ensemble des silos coopératifs de notre analyse étant construit dans ces mêmes périodes, il est fort probable que ces derniers soient étroitement liés à ces nouvelles APC et plus indirectement à la SAD. Malgré leurs oppositions sur le plan idéologique les différentes coopératives Drômoises parviennent dès le début de l’année 1936 à s’organiser dans un projet commun de Fédération Drômoise des coopératives céréalières et à se mettre d’accord sur des politiques communes de stockage, de vente, de gestion des capitaux et de normes de production préparant ainsi le terrain à la mise en place de l’ONIB dès l’été suivant. Ainsi les édifices de Salomon sont symptomatiques de cette union qui à permis à la campagne Drômoise de se relever des crises successives, ils sont porteur de la solidarité de tout un territoire.

8- Alain Chatriot, Edgar leblanc, Edouard Lynch, 2012, Organiser les marchés agricoles le temps des fondateurs, Paris, Armand Colin,p.167

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Conclusion Après avoir analysé le territoire dans lequel les silos s’implantent ainsi que les stratégies sous-jacentes à leurs répartitions, après avoir resitués ces édifices dans leurs contextes territorial, historique, théorique et artistique, il est temps de tirer les conclusions de ce mémoire.

Nous l’aurons donc vue, la Drôme est un territoire dont l’histoire est étroitement lié à l’agriculture de part sa géographie et son climat. La Drôme, l’Isère, La Galaure, le Rhône et les massifs drômois sont autant d’entités géographiques qui ont structuré l’agriculture dans un premier temps puis les stratégies logistiques dans un second temps. Stratégie logistique rendue possible par ailleurs par l’émergence de nouveaux outils de stockage dans les 1930 ; les silos à grain. Nos analyses ont par la suite mis en évidence la relation entre les cinq silos Drômois et le chemin de fer, principal mode de transport de marchandises de l’époque. Nous avons également montré l’étroite relation entre la mise en place de ces édifices et les structures coopératives Drômoises à l’avant-garde de la solidarité paysanne.

Après avoir développé l’intérêt historique de ces édifices ainsi que leurs relations au territoire drômois, nous nous sommes consacrés à développer l’intérêt architectural de ces derniers. En nous appuyant sur l’ouvrage majeur intitulé Vers une architecture de Le Corbusier, nous avons analysé les qualités intrinsèques de ces édifices. Nous avons développé la notion «d’esthétique de l’ingénieur” et montré en quoi ces édifices Drômois en sont l’illustration la plus concrète qu’il soit. Pour y parvenir nous avons également convoqués dès extrait de la revue Le Béton Armé produite par la société Hennebique elle-même impliquée dans la conception des silos de Georges Salomon. Nous avons également développé les différentes qualités des bétons employés dans le silo et avons théorisé les différents choix de mise en œuvre de ces derniers. Nous avons également mis en avant l’aspect territorial de ces bétons dont la provenance semble être relativement locale. Enfin nous avons décrypté le silo de Crest comme étant une composition architecturale résolument moderne et porteuse de ce nouveau courant architectural en milieu rural.

En somme à travers ce développement nous avons démontré la dimension territoriale dissimulée derrière ces édifices. Nous avons également mis en évidence leur richesse architecturale inhérente à leur valeurs historiques tant sur plan social que sur des aspects esthétiques. Ces édifices nous racontent énormément sur la modernisation de nos territoires ruraux et il paraît primordiale de les préserver d’une destruction qui semble pourtant inévitable à l’heure actuelle. Leurs destructions semblent d’autant plus regrettable que leurs structures en béton armé conçu pour résister à d’énormes poussées mécaniques sont propices à la réhabilitation et la mise en place d’une seconde vie. Sur un plan personnel, la réalisation de ce mémoire a permis d’avoir une compréhension plus affinée de ces édifices et à grandement nourri les réflexions liées à la réalisation du Projet de Fin d’Étude. Des choix programmatiques à leurs répartition dans l’édifice le tout en conscience des différentes qualités architecturales initiales, ce mémoire à contribuer à construire le projet à chacune de ses étapes.

Enfin dans un derniers temps nous avons développé davantage la place des silos Drômois dans l’imaginaire collectif. Nous avons montré l’impact de ces colosses de béton dans l’esthétique territoriale ou plus communément leurs rapports aux paysages. Nous avons montré en quoi leurs omniprésence les rendent indissociable de l’imaginaire du quotidien mais également de celui du voyageur. Nous avons étayé cette analyse a travers une analogie avec les cycles typologiques de Manfredo Taffuri sur les villas de Palladio. Enfin nous avons complété notre réflexion sur l’esthétique de ces édifices en décryptant la production photographique des époux Becher. Nous avons décrypté leur méthodologie et montré en quoi elle permettait de faire ressortir les qualités esthétiques de ces édifices et notamment leurs rapports à la lumière.

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Bibliographie

Sitographie

Le Corbusier, 1923, Vers une architecture, Paris, Flammarion

René Borruey, Le silo d’Arenc à Marseilles, http://www.lessilosmodernes. fr/

Manfredo Tafuri, 1968, Teoria e storia dell’architettura, Rome, Latterza

http://www.rvd.free.fr/lechemindeferdepartementaldeladrome.htm

Alain Chatriot, Edgar leblanc, Edouard Lynch, 2012, Organiser les marchés agricoles le temps des fondateurs, Paris, Armand Colin

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chemins_de_fer_d%C3%A9partementaux_ de_la_Dr%C3%B4me

Robert Xuéref, 1987, Deux siècles d’histoire des associations agricoles en terre Drômoise, Valence

http://infoterre.brgm.fr/page/cartes-geologiques

Claude Parent, Jacques Gubler, Gwenaël Delhumeau, Cyrille Simmonet, Réjean Legault, 1993, Le Béton en représentation, la mémoire photographique de l’entreprise Hennebique 1890-1930, Paris, Hazan Sceau Richard, 1972, La coopération dans la région Rhône-Alpes in Revue de géographie de Lyon, vol.47, n°3

Lecture complémentaire Pierre-Antoine Landel, 2017, Jacques Liotard, Etre paysans ensemble, 1960-1990 : une page de l’histoire du syndicalisme paysan dans la drôme, Sainte-Jalle, éditions des Lisières Maxime Parra, Le Krach Boursier de 1929 : résumé, explications et conséquences, in New Trading, 2020

Ruth J.Heffefinger, 1960, Experiment in concrete A Pioneer Venture in Grain Storage, Minnesota, Minnesota Historical Society Louis Bergeron, 1996, L’Archéologie industrielle en France n°28, Vannes, Le CILAC Comité de rédaction de la société Hennebique, Novembre 1906, Le béton armé n°98, Paris, Organe des Concessionnaires et Agents du Système Hennebique Comité de rédaction de la société Hennebique, Novembre 1910, Le béton armé n°150, Paris, Organe des Concessionnaires et Agents du Système Hennebique Comité de rédaction de la société Hennebique, Novembre 1913, Le béton armé n°178, Paris, Organe des Concessionnaires et Agents du Système Hennebique Bernd Becher, Hilla Becher, 2005, Basic Forms of Industrial Building, Schirmer/Mosel Thomas Michel, Kimpe-Geeraert Francine. Les aspects agricoles de la crise économique de 1929 dans le Nord. In: Revue du Nord, tome 52, n°205, Avril-juin 1970. pp. 251-253 Maxime Parra, Le Krach Boursier de 1929 : résumé, explications et conséquences, in New Trading, 2020

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Partie a Fiche d’identité des silos a.1 Fiche a.2 Fiche a.3 Fiche a.4 Fiche a.5 Fiche

Annexe

indenté indenté indenté indenté indenté

silo silo silo silo silo

de de de de de

Saint-Valliers Saint-Paul-Lès-Romans Valence Chabeuil Crest

Partie b Série de photographies réalisées lors de la visite du silo à grain de Crest b.1 Photographie d’une photo de l’édifice original b.2 Intérieur de l’extension la plus récente b.3 Photo de l’intérieur de la tour d’élévation b.4 Salle sous les cellules de stockage b.5 Salle au dessus des cellules de stockage b.6 Intérieur d’une cellule de stockage b.7 Cage d’escalier de l’édifice b.8 Intérieur de l’extension de 1960 b.9 Salle sous les cellules de stockage b.10 Vue des cellules depuis le toit terrasse

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Fig a.1 72

Silo à grain de Saint-Valliers

Silo à grain de St-Paul-LèsRomans

Architecte : Georges Salomon Année de construction : 1932 Etat : En fonctionnement Adresse : 6 Rue de Picpus 26240 Saint-Vallier Contenance : 50 000 quintaux

Architecte : Georges Salomon Année de construction : 1932 Statut : En fonctionnement Adresse : D92N 26750 Saint-Paul-lèsRomans Contenance : 10 000 quintaux

Fig a.2

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Fig a.3 74

Silo à grain de Valence

Silo à grain de Chabeuil

Architecte : Georges Salomon Année de construction : 1932 Statut : En fonctionnement Adresse : 76 Avenue de la Libération 26000 Valence Contenance : 42 000 quintaux

Architecte : Georges Salomon Année de construction : 1933 Statut : Désaffecté Adresse :n° 37 rue Louis Masson 26120 Chabeuil Contenance : 10 000 quintaux

Fig a.4

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Silo à grain de Crest Architecte : Georges Salomon Année de construction : 1934 Statut : En fonctionnement Adresse : n°30 Avenue Des 3 Becs, 26400 Crest Contenance : 26 000 quintaux

Fig b.1

Fig a.5 76

Fig b.2

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Fig b.4

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Fig b.3

Fig b.5 79

Fig b.6

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Fig b.7

Fig b.8

Fig b.9 81

Fig b.10 82

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