4 minute read

Eugène Durif: "rêver encore à un autre monde"

Des Montreuillois à Avignon cette année

Le Montreuillois Eugène Durif est auteur, poète, romancier, dramaturge et quelquefois comédien. La plupart de ses textes sont édités et mis en scène (par Éric Elmosnino, Patrick Pineau, Alain Françon, Karelle Prugnaud…). Sa dernière création, Mister Tambourine Man, est programmée dans le « in » du Festival d’Avignon.

Advertisement

Que ressentez-vous alors que vous êtes programmé à Avignon après cette pause imposée ?

Ce n’est pas la première fois que je participe au «in» et que l’une de mes œuvres y est programmée. En 1991, Éric Elmosnino a mis en scène et présenté mon texte Le Petit Bois, créé au TNP à Villeurbanne. Dans le cadre de l’édition 2004 du festival, j’assurais la dramaturgie de Peer Gynt d’Henrik Ibsen avec… Éric Elmosnino. Et puis, j’ai fait aussi plusieurs «off». Le dernier, c’était avec Le Cercle des utopistes anonymes, un spectacle musical cabaret sur la possibilité de rêver encore à un autre monde. Alors oui, c’est un plaisir de retrouver Avignon, même si cette année risque d’être plus compliquée, concrètement, avec les mesures sanitaires à respecter.

Eugène Durif écrit pour le théâtre, la radio, la télévision et le cinéma.

Mister Tambourine Man, Carnivale, Au bord du cirque… vous aimez utiliser le cirque comme médium. Pourquoi ?

Avec le cirque, on sort du théâtre pour s’ouvrir à autre chose, à d’autres publics. D’ailleurs, à Avignon, on joue dans le «in» mais en décentralisé, comme à Saint-Rémy-de-Provence ou dans un hôpital. On a 18soirs de jeu et, chaque jour, on change de lieu. Parfois, on joue sous chapiteau. Et puis, j’ai écrit Mister Tambourine Man en relation et complicité avec la metteure en scène Karelle Prugnaud, pour Denis Lavant et Nikolaus Holz, directeur artistique de la compagnie Pré-O-Coupé, également clown, musicien, jongleur virtuose. Dans cette pièce très physique, tout se joue sur les effets d’accidents avec des jeux clownesques, des objets qui se rebellent… et avec cette idée de la perturbation des choses, inspirée notamment de Buster Keaton.

Après Avignon, la pièce partira en tournée. Passera-t-elle par Montreuil?

Initialement, cette pièce devait se créer en avril/mai et nous voulions la jouer à Berthelot pour l’ouverture de saison, mais Denis Lavant est engagé sur d’autres projets à ces dates. Mais nous espérons pouvoir la jouer un jour prochain à Montreuil…

Vous êtes membre du jury de la bourse Jean-Guerrin dont les résultats seront proclamés durant le festival. En quoi consiste-t-elle ?

Cette bourse est une aide à l’écriture d’une œuvre dramatique. Elle a vocation à accompagner l’émergence de nouvelles écritures. Elle est attribuée à un auteur montreuillois dont l’œuvre sera présentée lors de l’ouverture de saison au Théâtre municipal Berthelot – Jean-Guerrin. C’est important que la municipalité s’intéresse à l’écriture contemporaine et la soutienne. Car il est plus difficile de faire écouter les voix des écrivains contemporains que celles des «classiques», plus simples à monter.

Montreuil compte trois théâtres municipaux et un centre dramatique national. Est-ce la raison pour laquelle vous y avez élu domicile ?

En fait, je me suis installé par hasard à Montreuil il y a 15ans. Bien entendu, je fréquente ses théâtres, parce que j’aime aller voir des spectacles différents, et que l’offre est riche et diversifiée. J’ai moi-même joué à la Girandole, LeCercle des utopistes anonymes et LeDésir de l’humain. Ici, j’ai fait aussi beaucoup de rencontres. Elles ont abouti à des collaborations, comme celles avec Mona El Yafi à Comme vous émoi, Luciano Travaglino de la Girandole ou l’ancien directeur du conservatoire, John Cohen. J’ai d’ailleurs écrit des chansons pour une classe à horaires aménagés du conservatoire (CHAM), qui ont été jouées dans les Murs à pêches. n Anne Locqueneaux

VÉRONIQUE GUILLIEN VÉRONIQUE GUILLIEN

Mona El Yafi. « Poétique ensemble », compagnie Diptyque théâtre

L’auteure et comédienne, première lauréate de la bourse Jean-Guerrin pour sa pièce Aveux (vote auquel Eugène Durif n’avait pas pris part) jouée à Berthelot en 2019, est dans le «off». Associée à Eugène Durif, sa compagnie porte sa poésie en musique. Le comédien y fait parfois des interventions pour des lectures de textes en cours d’écriture, offrant aux deux comédiens, musiciens et chanteurs, ainsi qu’au violoniste Mathias Gault, les motifs et les couleurs d’une improvisation joyeuse.

Natascha Rudolf. « La Ronde », compagnie Ligne 9 théâtre

La compagnie Ligne 9 théâtre développe un axe de création autour de projets de théâtre professionnel, et un autre d’investigation collective: le théâtre populaire contemporain. Pour le «off», Natascha Rudolf met en scène La Ronde, d’Arthur Schnitzler. Dix personnages, dix tableaux. À chaque tableau, un couple se livre à un jeu de séduction. Qu’est-ce que cette attirance des corps?

PAUL FOOS

Véronique Bellegarde. « Une bête ordinaire », compagnie Le Zéphir

Centrée sur la découverte d’auteurs internationaux contemporains tout en élaborant un langage scénique enrichi d’autres arts (image filmée, photo, dessin, musique et cirque), Véronique Bellegarde présente dans le «off» Une bête ordinaire, pièce de Stéphanie Marchais, dont voici le pitch: «Elle a 7 ans, des seins comme des mandarines et ne va plus en classe. Elle manipule un petit de maternelle. C’est une petite fille ordinaire qui fait commerce de sa puberté précoce avec la froideur méthodique d’un homme d’affaires…»